Note de l'auteur : Chapitre bien conséquent et à l'heure ! Comme toujours, les passages en gras sont tirés de l'anime directement et ne m'appartiennent pas. Bonne lecture !
Pairing : Katsuki.B x OC.
Rating : T
Disclaimer : L'univers de BNHA ne m'appartient pas, seuls mes personnages et mon histoire sont miens. Ô grand désespoir.
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Revenge lurks in the sky
Chapitre XIII :
Rest and fever
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Le jour du départ, la jeune femme se tenait sur le parking du lycée, une valise à ses pieds. Il était convenu que Shota Aizawa l'emmène sur le lieu de son stage qui était en vérité assez excentré, puis qu'il rejoigne seul les deux bus qui amèneraient les élèves au Camp. Kagame avait décliné la veille une sortie au centre-commercial, arguant qu'elle avait ses affaires à préparer mais en vérité, l'idée de devoir confier sa phobie lui avait tant retourné la tête qu'elle n'avait pas trouvé la motivation de sortir de sa chambre.
D'autant plus quand ce matin là, elle était passé entre ses camarades de classe tous excités et qu'elle s'était rendue compte qu'à part peut-être Ochaco, elle ne sentait pas prête à partager une aussi intime histoire. Son passé avait été retourné, observé de la façon la plus froide lors de son procès et c'est en prenant conscience qu'elle n'avait aucune idée de l'endroit où ses parents étaient enterrés, ni de leur visage qu'elle s'était figée dans son lit.
La brune avait appris assez tôt à ne plus les considérer autrement que comme des fantômes. Mais avec sa vie qui avait changé du tout au tout, sa récente remise en question au sujet de son entraînement et les effets de ses alters, revenir à la source de ce qu'elle était lui semblait judicieux. En effet, elle avait assimilé énormément de coups, de stratagèmes et d'attaques défensives, cependant son combat contre All Might l'avait mise face à ses plus basses faiblesses.
Kagame s'était alors rendue compte qu'elle appuyait toute sa puissance sur ses alters et que par conséquent, elle en ignorait le travail en équipe ou bien même les situations où elle ne pourrait pas les utiliser. De plus, elle se fatiguait assez vite et elle sentait bien qu'elle avait encore beaucoup de choses à découvrir sur ses facultés. Ne serait-ce qu'en prenant le temps de chercher des informations sur les alters de ses parents et d'étudier davantage les siens.
Il était étrange pour elle de voir à quel point son corps, son esprit et ses pouvoirs se différenciaient. Comme trois entités bien distinctes qui servaient chacune une cause. Pour son corps, il était le reflet de son passé et de ce qu'elle reniait par peur de souffrir. Son esprit était quant à lui coincé par ses agissements et sa culpabilité, mais aussi un désir inavouable d'être l'adolescente normale qu'elle ne serait jamais. Et, c'est aussi là qu'elle comprenait de plus en plus à quel point tous ses entraînements n'étaient qu'une illusion, c'est qu'elle sentait au plus profond d'elle-même que ses alters ne lui avaient jamais appartenu. On les avait développés pour une utilisation égoïste, mauvaise. Elle n'avait jamais appris à les contrôler pour faire le bien mais pour créer le chaos autour d'elle.
En fait, elle ne les connaissait pas tant que ça. D'où venaient-ils ? Quels étaient les plus simples mouvements ? Pouvait-elle pallier leurs faiblesses ? Avait-on seulement pris le temps de travailler sur sa peur profonde d'utiliser ses alters dans l'eau alors même qu'elle était possiblement en état de contrôler ses éclairs ? Foudre et vent. Les seuls mots qui définissaient un large éventail qu'elle n'avait pas pris le temps d'explorer seule. Après tout, Re-Destro lui avait toujours demandé des comptes sur son travail, même personnel.
«Tu es toujours là,» fit une voix à ses côtés et elle revint doucement à elle en se tournant vers Shoto. Ce dernier affichait un visage impassible et elle se rendit compte qu'elle attendait le professeur Aizawa depuis un petit moment. Assez pour que deux classes soient finalement présentes avec elle sur le parking. Peut-être avait-elle mal compris son tuteur.
«Oui, le professeur Aizawa est censé m'accompagner jusqu'au lieu de mon stage avant de vous rejoindre pour le voyage. Mais, je ne le vois nulle part.»
Le garçon fronça ses sourcils, l'air de réfléchir. Plus loin, la classe de la seconde A bavardaient ensemble, se confrontant quelques fois au caractère compétiteur du même blond qui les avait cherché à la cafétéria. Depuis les épreuves, Kagame avait repris son habituelle routine de solitaire mais elle appréciait la présence de Todoroki. Ils n'étaient pas régulièrement amenés à se côtoyer mais encore une fois, elle songeait à quel point il avait beaucoup de choses à lui apporter en termes d'utilisation de double-alters. Lui aussi se réappropriait une part de ce dernier, son côté flamboyant, et la brune y voyait une image inspirante.
«Tu n'as aucune idée d'où se déroule ton stage ?» la questionna-t-il en plissant ses yeux. On ne lui avait pas donné de lieu, seulement quelques informations.
«Dans la montagne, loin de la ville. C'est un stage basé sur le sauvetage.»
L'adolescent hocha la tête, retournant dans son silence. Il semblait pensif, ses mains enfoncées dans ses poches de la même manière que Kagame se tenait droite, ses doigts agrippant sa valise.
«Ça ne m'étonnerait pas qu'il ait prévu ce retard. Le professeur Aizawa-» commença Todoroki avant de se faire couper par la présence soudaine du concerné dans leur dos.
«-...est là,» termina l'homme, crispant l'amputée dans un sursaut fébrile. Tous deux se retournèrent vivement vers le super-héros, remarquant qu'il avait toujours sa masse de cheveux filasse et sombre autour de son visage cerné, ainsi que son écharpe de bandages.
«Je croyais que vous deviez m'emmener pour mon stage ?» lui fit-elle, interrogative, après avoir repris ses esprits. Il la fixa un instant avant d'acquiescer.
«C'est toujours le cas,» répondit-il d'un timbre de voix qui n'appelait pas à la question mais qui, ironiquement, en soulevait davantage. Devant le froncement de sourcil de Kagame, Shota jeta un coup d'œil à son homologue de la seconde B plus loin qui affichait un visage tendu et des traits crispés. C'était un euphémisme que de dire que leur petite discussion n'avait pas aidé à resserrer les liens inter-collègues. «En fait, ton stage se déroule avec les Wild Wild Pussycats et il se trouve justement qu'elles sont les propriétaires de la zone abritant le camp d'entraînement où se rendent tes camarades,» expliqua-t-il avec un air d'ennui. Devant lui, la jeune femme ouvrit plusieurs fois la bouche avant de froncer ses sourcils.
«Vous aviez tout prévu depuis le début, n'est-ce pas ?» souffla-t-elle alors en reprenant des couleurs. À ses côtés, Shoto affichait un petit sourire en coin. Il ne pensait pas leur professeur si sentimental.
«Ne songe même pas à te réjouir trop vite. J'ai demandé à ce que tu ne sois pas ménagée et tu ne seras pas en vacances,» débita-t-il avec sérieux et flegme, cachant qu'il était en vérité assez fier de son effet et de l'avoir trompée sur le programme de ses vacances. Il n'y avait que comme ça qu'elle apprendrait aussi à respecter l'autorité et à conserver un semblant de contrôle sur ses émotions. La frustration était un bon remède à ses déboires, tout comme elle s'habituerait à se fier à ses camarades de classe. Shota avait trouvé cela complètement contre-productif de la tenir à l'écart, d'autant qu'elle était une gamine qui avait besoin de faire ses preuves et d'être intégrée.
Mais, force était de constater qu'il n'avait pas le dernier mot et que le directeur Nezu n'avait rien pu faire face à l'argument de poids de Sekijiro. La plupart des professeurs avaient reconnu qu'elle était, certes, une élève sérieuse et très intelligente mais ça ne l'empêchait pas de se montrer distante et secrète, n'intervenant que rarement en classe. Seul Aizawa avait réellement pu constater ses efforts et son évolution, que ce soit son amitié naturelle avec Uraraka ou bien encore sa prestation aux côtés de Bakugo à la fin de l'examen de fin de trimestre. Les deux avaient ainsi cessés de se vouer une haine sans borne, particulièrement du côté du blond qu'il avait senti reprendre sa compétition en incluant la jeune femme, de la même manière qu'il le faisait avec chacun de ses camarades.
Pour autant, elle restait une ancienne vilaine et avec la montée en puissance de leur groupe, il subsistait la crainte qu'elle se retourne contre eux. La sécurité des élèves primait, d'autant plus lorsqu'il était question d'un camp isolé. Il avait déjà fallu faire face aux multiples plaintes des parents d'élèves choqués d'apprendre que Yuei récupérait l'amputée sous sa tutelle, la faisant intégrer l'école au milieu de leurs enfants. L'intervention du capitaine de police avait permis de rétablir quelque peu la crainte mais ça n'avait en aucun cas apaisé la rancœur. Une décision incontestable était-elle pour autant juste ? C'était aussi durant cette période que Kagame n'avait pas mis un pied en dehors de sa chambre pour autre chose qu'un cours ou un rendez-vous.
Une sombre affaire qui pourtant semblait bien loin en avisant les yeux brillants de l'adolescente quand elle ne put s'empêcher d'esquisser un sourire en coin alors qu'il tournait les talons en secouant la tête, fatigué de gérer une adolescente. Elle irait au camp. Ce n'était pas exactement dans les mêmes conditions que les deux classes de seconde, mais la perspective de ne pas être totalement mise à l'écart lui avait redonné le moral. Elle répondit au bref sourire d'Ochaco.
«Tu seras finalement parmi nous,» lui fit remarquer Shoto, à sa droite, muni de son habituelle réserve qui dénotait pourtant d'un certain engouement à cette idée. Elle se tourna vers lui, accrochant son regard vairon durant quelques secondes avant de détourner ses yeux dorés sur la silhouette légèrement trapue d'un blond à l'air renfrogné plus loin. Elle se sentait détendue et satisfaite.
«Il semblerait bien,» acquiesça-t-elle en conservant son air calme et serein. Après tout, elle était en droit de savourer la nouvelle et tous deux s'adressèrent un sourire en coin. Ce n'était pas le synonyme même de l'expressivité mais elle se sentit soutenue.
Ainsi, après les dernières informations délivrées par leur professeur principal, la classe de la seconde A avait embarqué dans leur bus sous les directives appliquées d'Iida. Le trajet s'était déroulé dans le calme pour la jeune femme, davantage encore quand elle avait écourté les élans heureux du groupe de filles, mal à l'aise, et s'était installée à la droite d'Aizawa, du côté fenêtre.
Midoriya était même venu lui exprimer sa joie de la voir finalement partir avec eux et leur professeur avait expliqué à toute la classe que son stage se déroulait dans le même endroit que leur camp d'entraînement, raison de sa présence. Puis elle avait décliné la proposition de Denki quand il avait émis l'idée de s'asseoir à ses côtés, signalant qu'un certain garçon grappe ne méritait pas de se faire abandonner lâchement. Si le jaune avait paru déçu de sa réponse, il s'était contenté de jeter un regard peu amène à son ami et elle avait secoué la tête avant de se caler à côté de son tuteur. Son amitié était précieuse à ses yeux et elle se refusait de l'encourager dans ses élans futiles.
«Tu as réfléchi à ce dont nous avons parlé ?» lui avait alors demandé Shota tandis que Kagame avait acquiescé brièvement en se détournant du paysage qui défilait sous ses yeux, insensible aux discussions bruyantes des élèves.
«Je ne veux pas me précipiter,» avait-elle finalement répondu en fermant ses yeux, coupant court à la discussion. Elle n'avait pas encore songé à la manière dont elle le formulerait, hésitante entre simplement énoncer sa phobie ou expliquer son origine. Après tout, sa jambe amputée n'était plus un secret et sa cicatrice en forme d'éclair sur sa pommette n'était pas des plus discrètes. Mais parler de son passé le rendait réel, comme si elle ne pouvait plus s'en détourner.
Puis elle s'était assoupie, laissant tomber sa tête contre la vitre aux secousses désagréables. Peut-être aurait-elle été gênée de demander éveillée à son professeur si elle pouvait simplement utiliser son épaule pour se caler. Le tout était de constater qu'à son réveil, elle se trouvait dans une telle position et qu'il n'avait pas bronché, se contentant de croiser ses bras sur son torse et de lui-même enfoncer son visage dans ses bandages. C'est donc d'une meilleure forme qu'ils s'étaient arrêtés le long d'une aire en bord de route, cette dernière surplombant un immense massif montagneux. La forêt s'étendait à perte de vue, rendant le paysage splendide.
Kagame se fraya un passage, profitant de l'espace pour se dégourdir les jambes. Il n'y avait aucune trace de la classe B et à part Mineta qui courait dans tous les sens pour se soulager, la plupart commençaient à comprendre qu'ils ne s'étaient pas arrêtés par hasard. De plus, une voiture noire était garée un peu plus loin. La brune fronça ses sourcils en lorgnant en sa direction.
Pour autant, leur professeur ne fit pas durer le suspens plus longtemps et alors que le garçon grappe se rétrécissait sur lui-même, les portières s'ouvrirent en grandes trombes.
«Salut Eraser !» retentit une voix féminine pleine d'entrain. Tous braquèrent leur regard sur la silhouette impassible du concerné qui s'inclina légèrement.
«Ça faisait longtemps,» se contenta-t-il de répondre avec respect tandis que deux femmes s'extrayaient de leur véhicule avec synchronisation, offrant à leur classe une jolie entrée en guise de présentation. Leurs costumes étaient colorés, à l'effigie des chats et leur chorégraphie avait l'air plus que répétée. C'est à peine si elle s'étonna de voir le visage sous le charme de Denki et Minoru qui fixaient les héroïnes comme si elles étaient des déesses tombées sur terre.
Kagame fit donc le lien avec ses maîtres de stage quand elles firent savoir leur nom. Ainsi les Wild Wild Pussycats ressemblaient à ça ? Leur univers n'avait rien à voir avec celui de la jeune femme mais elle avait appris à se méfier du plus petit super-héros, qu'il s'apparente à un bonbon rose ou qu'il produise des bulles de savon en guise d'alter.
«Voici les Pussycats qui vont vous prendre en charge,» rajouta Aizawa à ses élèves avant de se retourner vers l'amputée à ses côtés. «Elles s'occuperont du plus gros de ton stage.»
Kagame hocha brièvement sa tête, ne s'étonnant pas de voir Midoriya débiter toutes ses connaissances sur leur groupe avec des yeux exacerbés et pleins d'étoiles. Cependant il dépassa les limites jusqu'à en être maladroit car la blonde au costume bleu le stoppa dans sa tirade, n'appréciant pas qu'il dévoile ce qui était leur âge. Ça commence bien, songea avec ironie l'ancienne vilaine en contemplant la frénésie de cette dernière.
Aussi, elle coula un regard curieux vers le gamin à la casquette, voyant à son regard sombre qu'il n'avait pas l'air heureux de se trouver ici. Tandis qu'elle saluait les deux héroïnes avec respect, en cœur avec ses camarades, elle décrocha son attention de leurs explications pour contempler le petit garçon. Son expression du visage lui rappelait un certain blond constamment renfrogné. Mais, en surprenant son attention sur elle, le gamin la fusilla du regard. Peu impressionnée, Kagame se contenta de continuer à la fixer avec une attention impolie jusqu'à ce que l'agitation de la classe ne lui parvienne et qu'elle ne se résoud à abandonner son inspection.
«Je crois que j'ai peur de comprendre,» coassa Tsuyu alors que Sero faisait déjà quelques pas en arrière. Elle n'avait pas suivi, peut-être aurait-elle dû faire plus attention à leurs explications.
«Il est actuellement 9h30... En se dépêchant, nous pourrons sûrement arriver avant 12h,» susurra la brune en costume rouge tandis qu'un sourire effrayant s'imprimait sur son visage. Et, il sembla à l'adolescente qu'elle compris plus ou moins la suite des événements alors que Mina, Denki, Kirishima et une bonne poignée d'élèves fuyaient en direction du bus. Aux côtés de la silhouette immobile d'Aizawa, elle se tourna vers ce dernier.
«Le camp d'entraînement... a déjà commencé,» ajouta-t-il d'une voix maîtrisée mais qui appelait à une scandaleuse satisfaction devant les visages effrayés de ses élèves. Ce fut de cette manière que la terre se souleva sous la patte de la blonde, projetant la seconde A dans les airs dans un bruit d'éboulement et de multiples cris tandis que Kagame faisait un pas en arrière, peu désireuse de tomber à son tour. Après tout, cette activité ne la concernait pas. «Tu ne veux pas les rejoindre ?» la questionna alors son tuteur d'une voix mielleuse et elle fronça ses sourcils bruns.
«Je suis ici pour mon stage,» argua-t-elle, heureuse de ne finalement pas avoir besoin de suivre les mêmes activités que ses camarades qui devaient marcher jusqu'au camp et affronter des bêtes "démoniaques" dans la forêt. Mais, devant l'air sérieux d'Aizawa, elle se méfia. «N'est-ce pas ?»
Et, alors qu'elle pensait qu'il allait se contenter de hocher la tête et de tourner les talons pour la laisser en compagnie des deux femmes et de l'étrange petit garçon, il parut sourire derrière son écharpe de bandage.
«Tout le monde loge au même endroit. Il me semble nécessaire que tu ne te perdes pas en retrouvant la pension,» souffla-t-il avant de lui donner un indolore mais assez puissant coup dans sa jambe droite pour qu'elle perde l'équilibre et dégringole la conséquente butte, ne devant un atterrissage en douceur que par ses réflexes quand elle étendit ses bras en avant, contrôlant son vent pour qu'il la retienne à quelques centimètres du sol.
Ses cheveux étaient de part et d'autre de son visage, cachant ses yeux écarquillés et elle se posa doucement en prenant appui sur ses jambes alors qu'Ochaco, Momo et Kyoka s'approchaient d'elle.
«J'en ai vraiment marre des méthodes de l'UA,» gromela la jeune femme aux lobes en forme de port jack, secouant son uniforme tâché. «Tu es de la partie aussi, Misoga ?»
«Visiblement,» fit-elle en lançant un regard noir plus haut. Elle ne savait plus quoi penser de l'homme. Se détournait-il délibérément des ordres pour la laisser crapahuter avec les autres ? Ou profitait-il de l'absence de la classe de la seconde B pour la laisser en compagnie de ses camarades ? Kagame avait l'impression d'être une enfant punie injustement, prise entre deux feux. Il aurait au moins pu la prévenir qu'elle suivrait certains entraînements en compagnie des autres élèves.
Mais un grondement sourd retentit soudainement, la coupant dans ses maugréations et tous se tournèrent en direction de la forêt ombragée. S'ils ne voyaient pas encore ce qu'elle contenait, ils pouvaient nettement l'entendre. Les plus proches, Kaminari et Kirishima, se tendirent alors d'un seul homme en faisant brutalement face à un gigantesque monstre fait de pierre et de roche.
«UNE BÊTE DÉMONIAQUE !» glapirent-ils d'horreur alors que tous se mettaient en position de combat.
À ce moment là, les évènements s'enchainèrent très vite et Mineta ne dû son salut qu'à l'intervention de Midoriya lorsqu'il le saisit, lui faisant échapper à un coup fatal. L'alter de Koda ne fonctionnant pas, ils durent se résoudre à combattre. Sans crier gare, Todoroki, Bakugo, Tenya et Izuku prirent pour cible la créature, utilisant leurs alters pour le détruire d'une rapidité exemplaire. Kagame se tourna alors vers Ochaco, laquelle avait déjà rejoint Tsuyu et s'approcha finalement du reste de la classe, légèrement en retrait.
Le premier monstre à terre, Kirishima félicita le blond de sa démonstration de force mais devant le froncement de sourcil de ce dernier et les bruits qui continuaient de courir au milieu des arbres, l'adolescente fit quelques pas en direction du rouge, ne préférant pas trop s'écarter.
«Ce n'est pas fini,» grinça Katsuki en armant de nouveaux ses bras tandis que Mina, plus loin, s'inquiétait de leur nombre et proposait une solution de fuite, refusée par Momo qui à son tour motivait les troupes.
Chacun avait sa place dans la classe, se rendit-elle compte en ne trouvant personne vers qui se tourner. Elle n'avait pas la faculté de socialiser instinctivement, ni de prendre la situation sous contrôle quand elle n'y était pas amenée. Ce premier sentiment était apparu lors de l'examen de fin de trimestre aux côtés de Bakugo et Midoriya mais s'intensifiait en présence de toute la classe. En combat, aucun ne cherchait à discuter ou bien même à s'inclure, ils se contentaient de se rassembler spontanément et de se défendre chacun ensemble comme ils le pouvaient.
En arrivant en milieu d'année, munie d'un passif peu reluctant et d'une tendance à rester dans son coin, la brune faisait face à sa première difficulté. C'est aussi de cette manière qu'elle songea à Aizawa et de ce qu'il lui avait demandé de faire. Il ne voulait pas seulement la protéger en cas d'attaque près d'une source d'eau, mais aussi la pousser à compter sur ses amis et ne plus ressentir ce sentiment d'illégitimité.
La jeune femme prit alors la décision de s'élever dans les airs, surplombant Todoroki et Bakugo qui couraient en direction d'un monstre. Elle attira à ce moment là l'attention d'une espèce d'immense oiseau de terre et récupéra l'énergie perdue de Kaminari qu'elle transforma en éclair, foudroyant la créature avant de provoquer une puissante bourrasque qui l'envoya s'écraser au sol d'où elle ne pourrait plus se relever.
Cependant, quand elle perdit doucement de l'altitude au milieu de la forêt, elle faillit percuter le blond qui venait d'envoyer une explosion sur un monstre de pierre, Shoto l'achevant avec sa glace. Le cadavre de terre qu'elle avait anéanti plus tôt reposait à quelques mètres d'eux.
«T'es stupide ou quoi ? Dégages de là et fais gaffe où tu balances ta merde !» lui cria Katsuki avant de reprendre leur immersion dans la gigantesque forêt. Elle le suivit du regard, paralysée. Elle ne savait pas si c'était parce qu'elle était aux côtés du garçon qu'il avait réagit comme ça mais elle se sentit perdre le peu de confiance qu'il lui restait.
Heureusement, le fils du numéro un la héla.
«Ne fais pas attention et continue de courir. On doit ouvrir le chemin. Est-ce que tu en vois d'autres ?» il la questionna, sentant qu'elle avait besoin de directives. Il fronça ses sourcils quand elle reprit ses mouvements. Agissait-elle toujours de cette manière, comme un soldat qui aurait besoin d'un plan précis qui expliquerait en détail ce qu'elle devait faire ? Il la vit prendre de la hauteur avec son alter vent puis redescendre quelques secondes plus tard en hochant la tête.
«Trois qui arrivent sur les côtés et ils sont assez imposants pour faire trembler les arbres.»
Shoto soupira et Kagame remarqua qu'il avait quelques égratignures sur ses bras ainsi que les cheveux en bataille. Elle-même n'avait pour le moment pas encore lancé d'attaque puissante et se tenait à l'écart, la laissant indemne. Puis une bruyante déflagration retentit devant eux, signe que Bakugo était tombé sur l'un d'entre eux et se battait pour le moment seul, le reste de la classe s'étant aventuré sur les côtés dans l'espoir de trouver un chemin et d'éviter une surcharge en monstre au centre du sentier. C'est du moins ce qu'elle en avait déduit en analysant leur manière d'agir mais elle se rendait compte qu'ils étaient en vérité une simple classe de seconde.
Ça n'avait plus rien à voir avec les missions de l'Armée et des directives auxquelles elle était habituée. Ce qu'elle prenait pour une immersion en équipe semblait plutôt désordonnée maintenant qu'elle y songeait et d'autant plus quand Kaminari sortit des buissons en agitant ses pouces en l'air, le visage idiot.
Todoroki et Misoga se jetèrent un regard en coin.
«Je vais le prendre sur mes épaules,» décida-t-elle spontanément en s'approchant de lui, le hissant dans son dos alors qu'elle forçait sur ses muscles. Elle ne pourrait pas se battre efficacement mais elle pourrait fuir dans le pire des cas. Il fallait seulement que Denki s'accroche à elle. Et, étrangement, il le fit instinctivement, enroulant ses bras autours de son cou et lâchant un geignement stupide.
«Tu es certaine que tu vas réussir à courir ?» s'inquiéta son camarade en voyant l'électrique enfouir sa tête dans les cheveux de la jeune femme qui se mit à rougir. Elle détourna rageusement son regard, plaçant ses mains autour de ses jambes et hocha la tête sans s'épancher davantage. Shoto esquissa un sourire en coin qu'il cacha en reprenant leur course. Kagame était sur ses talons, lui tentant de ne pas la semer tout en devant avouer qu'elle tenait assez bien le rythme. Ils tombèrent alors sur un premier cadavre de monstre avant d'entendre une nouvelle explosion et les deux adolescents accélérèrent le pas en voyant que Katsuki faisait front tout seul face à deux créatures et que malgré sa puissance, il ne pouvait être efficace en évitant leurs coups.
De cette manière, la brune s'accroupit pour pouvoir tenir Kaminari en équilibre sur son dos et utiliser son alter vent en même temps. Il n'était même pas nécessaire qu'elle songe à sa foudre, il n'y avait aucune source d'énergie et elle ne pouvait prendre celle du garçon qui reprenait doucement ses forces. Ainsi quand elle vit la queue géante d'un démon de pierre balayer le sol en direction de Katsuki, elle provoqua une puissante bourrasque qui l'arracha, l'envoyant plus loin entre deux arbres.
Surpris, le blond se tourna vers elle et ne fit aucun commentaire en la voyant les mains tendues en sa direction, leur camarade au cerveau cuit accroché à son cou. Puis, sans s'arrêter, elle fit un mouvement de rotation qui emprisonna la nuque du golem et la compressa jusqu'à ce que la tête saute et s'explose au sol, son corps retombant comme une poupée de chiffon, vaincu.
Le deuxième monstre déjà bien amoché par l'explosif fut achevé par un pic de glace et Kagame se releva avec difficultés, sentant son souffle pâtir de l'effort et son cœur ralentir. Ce n'était pas encore critique mais elle avait intérêt à faire attention. Une main apparut alors devant ses yeux et elle l'a pris, remerciant Shoto du regard tandis qu'il hochait humblement la tête. Katsuki, plus loin, les lorgnait et lâcha un "tch" dédaigneux.
«Manquait plus qu'on se tape un poids mort. Elle est où la grappe qui sert à rien ?» balança le blond en avisant Denki qui babillait en frottant sa joue sur l'épaule de la jeune femme. À force, elle avait décidé d'ignorer son comportement et de se concentrer sur leur ascension.
«On a été séparés, la dernière personne que j'ai croisée était Kirishima.»
Le nom de son ami fit réagir Bakugo mais il se tourna vers Todoroki.
«Hé double-face,» l'apostropha-t-il avec brutalité. «va chercher l'autre tête d'ortie et chope le pote de ce guignol au passage,» ordonna-t-il en pointant du doigt Kaminari. En effet, s'ils se perdaient, ils ne pourraient pas se reposer dans la pension. Kagame fut surprise de voir le garçon aux double-alters capituler aussi rapidement sans même chercher à reprendre Katsuki et s'enfoncer dans l'épaisse forêt à sa droite. Elle se rendit alors compte qu'ils se retrouvaient tous les deux tous seuls.
«Tu-...» commença-t-elle mais il pivota en sa direction et la coupa.
«Soit tu me refiles cet abruti, soit tu m'retardes pas. Fais ton choix maintenant parce que je te le demanderai plus ensuite,» grogna-t-il alors qu'elle réfléchissait rapidement. La brune secoua la tête.
«C'est bon. Je te couvre si tu as besoin d'aide,» lui assura-t-elle en voyant son visage se tordre sous la colère.
«J'AI PAS BESOIN D'AIDE !» aboya-t-il avec agressivité. «Maintenant bouge ton cul, j'ai envie de casser du monstre,» grogna-t-il en se remettant à courir alors qu'elle reprenait doucement pied, interloquée par sa réaction. Finalement, elle n'avait peut-être pas tant de soucis à se faire sur son retard dans la coopération. Secouant la tête, Kagame le rattrapa en plusieurs enjambées qu'elle rendit moins fatiguantes en se propulsant dans les airs grâce à son alter vent. Elle fut à son niveau assez rapidement, remarquant qu'il avait toujours cette attitude compétitive même quand ils étaient supposément alliés.
De cette façon, ils avancèrent durant près de quatre heures, Katsuki lui prouvant à chaque monstre croisés qu'il n'avait en effet pas besoin d'elle. C'est à peine s'il prenait le temps de se retourner pour vérifier si elle le suivait, se contentant d'exploser chacun de leur ennemi et libérant le passage pour elle et Denki. Il ne prenait pas de pause, ne montrait aucun signe de fatigue. Ce n'est qu'en le voyant respirer un peu plus bruyamment et ses bras de plus en plus trembler à force d'utilisation de son alter qu'elle comprit qu'il était en vérité plus exténué qu'il ne le laissait paraître. Et, ce fut de cette manière qu'il dû se résoudre à ce qu'elle utilise son propre alter, l'aidant à détruire le monstre suivant en le maintenant au sol.
À l'issue du combat, Kagame se releva et ils reprirent leur interminable course contre la montre pour arriver au camp sans échanger une seule parole. Ils avaient largement dépassé le temps imparti.
Pour autant, à peine quelques secondes plus tard, elle ne parvint pas à éviter la créature de terre qui sortit soudainement d'entre les arbres et les propulsa dans les airs, Kaminari et elle, d'un violent coup de poing. La brune s'écrasa alors au sol avec dureté, son bras tendu en direction du jaune pour amortir sa chute à lui. Mais, de cette façon, elle ne put protéger efficacement le long de son corps et sentit une côte se briser alors qu'elle atterrissait dessus de tout son long, retenant un cri de souffrance. Une explosion se faisait déjà entendre et la jeune femme grogna en tentant de se relever, la douleur l'irradiant jusque dans sa respiration. Elle s'appuya sur ses mains, inspirant difficilement puis après encore quelques déflagrations, le silence revint sur la forêt.
«J't'avais dis de pas me retarder,» grogna le blond en s'approchant de Kagame. Elle s'était remise debout mais son corps était tordu en raison de sa blessure et seul Kaminari qui avait repris petit à petit ses esprits les regardait étrangement.
«Dites les gars... On en est où exactement ?» demanda-t-il en frottant sa nuque, mal à l'aise. La brune ne put s'empêcher de le fusiller du regard.
«Tu aurais pu me dire que tu avais repris tes esprits,» siffla-t-elle avant de plaquer sa main contre sa côte, grimaçant sous la douleur aigüe.
«C'est assez soudain, j'me croyais sur un bateau,» s'expliqua-t-il avec une sincérité naïve, ce qui fit soupirer Kagame alors que Katsuki s'énervait.
«Bande d'abrutis, t'as intérêt à ce qu'on soit proche du camp ou tu vas regretter d'être né !» menaça-t-il le jaune en se remettant à avancer. Denki se tourna alors vers la brune qui avait la respiration sifflante et qui cette fois-ci avait ses mains contre ce qu'il supposa être sa prothèse. Il comprit qu'elle avait un problème avec qui l'empêchait de marcher correctement car elle grimaça en faisant un pas en avant. De douleur ou de contrariété, il ne savait pas encore. Alors qu'il ouvrait la bouche pour lui proposer de la porter à son tour, la voix de Katsuki se fit entendre plus loin. «Vous allez bouger votre cul ?! J'vais pas venir te chercher, jambe-de-bois.»
«J'peux plus marcher,» grommela-t-elle alors qu'il s'arrêtait, se retournant vers sa silhouette pliée à moitié en deux. Elle n'était pas certaine d'avoir brisé qu'une seule côte, finalement. Ou alors c'était une côte tellement grande qu'elle arrivait à paralyser de moitié son côté gauche. Elle s'attendait donc à ce qu'il la provoque ou s'énerve mais il la surprit quand il se contenta de faire demi-tour et de lui tourner le dos en arrivant devant elle. Kagame fronça ses sourcils. Il grogna devant son incompréhension. Ce qu'elle pouvait être lente...
«Bouge toi, j'ai pas envie d'arriver au camp dans cent ans.»
Elle hésita, mais devant la faible carrure de Kaminari dont l'alter ne l'aiderait pas à la supporter jusqu'à l'arrivée et la douleur à chaque pas qu'elle faisait, le choix était vite fait. Elle enroula alors son bras droit autours du cou du blond, veillant à ne pas l'étrangler -elle avait compris qu'il n'appréciait pas vraiment- et se hissa avec difficulté, ne songeant même pas à rougir en sentant ses mains glisser sous ses cuisses pour la maintenir contre lui. Sa prothèse était tordue et pendait minablement mais la brûlure dans son corps était telle qu'elle n'accorda plus aucune importance aux détails comme à la situation en elle-même.
Katsuki Bakugo qui portait Kagame Misoga sur son dos, c'était certainement du jamais vu. Aussi, il se remirent en route et elle se concentra à retenir ses plaintes à chaque secousse, redoutant la rencontre avec un monstre de terre. Mais, heureusement, seule la longueur du chemin pesait et faiblissait petit à petit les muscles de l'explosif qu'elle sentait se relâcher parfois autour de ses jambes.
Ils progressèrent tous les trois durant encore deux heures avant qu'ils ne tombent une nouvelle fois sur un golem mais Kaminari l'élimina en retenant cette fois-ci sa puissance, ce qui leur permit de continuer. Malgré sa difficulté, pas une seule fois l'explosif ne demanda de pause, continuant d'avancer même si cela signifiait marcher. Et puis, il aurait été complètement idiot de continuer de courir. En dépit des recommandations de Mandalay, l'heure du midi avait été dépassée et de loin. La plupart de la classe s'était dispersée et même si l'apparition des monstres se faisait plus rare, elle restait assez violente.
Le suivant qui leur fit face après une nouvelle heure à arpenter la forêt, ce fut Kagame qui l'élimina. Son front était transpirant, au moins autant que les paumes du blond étaient moites sur son pantalon d'uniforme. Il avait défait sa cravate et ouvert le col de sa chemise, ses muscles contractés sous l'effort. Aussi, au mépris de la douleur qui l'écrasait et de sa pâleur excessive, la brune avait simplement écrasé la tête du monstre avec son vent, ce qui lui avait plus coûté qu'elle le pensait car elle avait ensuite dû puiser dans le jaune pour se lancer une décharge en direction de son coeur.
Lorsque sa mèche s'illumina, Denki tourna un regard curieux vers elle. Il avait relevé les manches de sa chemise et avait la tête rentrée entre ses épaules. L'ennui était certainement le pire pour lui après l'effort contre les golems.
«Je t'ai senti prendre de l'électricité,» l'informa-t-il, sous-entendant qu'il n'en comprenait pas la raison alors qu'il n'y avait aucune créature à l'horizon. Elle hocha faiblement la tête, n'hésitant plus à simplement se poser contre l'épaule du blond. Au point où elle en était, autant choisir une position qui ne lui donnerait pas envie de hurler de douleur. Et, malgré tous ses grommellements, ce-dernier n'avait pas bronché en la sentant se détendre légèrement. C'était plus simple pour eux deux de mettre de côté leur mésentente pour le moment.
«C'est pour mon coeur,» expliqua-t-elle avec difficulté. «Il ralentit trop quand j'utilise mon alter.»
Elle sentit la tête de Katsuki légèrement se pencher, comme s'il réagissait à sa déclaration. Mais il était au courant, n'est-ce pas ? Il savait tout depuis qu'elle avait atterri dans l'infirmerie, son corps brisé. Denki lui lança un regard choqué.
«Mais ça déconne pas en fait,» siffla-t-il alors que le blond ricanait en dessous d'elle.
«Ça t'rassure, tocard ?» lança-t-il alors que le soleil déclinait derrière eux, ignorant les grommellements de l'électrique. Pour autant, il se stoppa en sentant la prise de la brune faiblir. Ce n'était pas le moment de crever, il n'avait pas assez de connaissance pour la ramener si elle claquait entre leurs doigts. «Si tu t'mets à pioncer, j'te balance au sol, jambe-de-bois,» cracha-t-il alors que Kaminari jetait un coup d'oeil inquiet à la jeune femme. Ses yeux semblaient rouler dans leurs orbites et elle était aussi transpirante que si elle se portait deux fois. De son côté, c'était comme si à chaque moment où elle reprenait conscience, un haut le cœur la prenait.
C'était aussi, et sans conteste, la première fois qu'ils mettaient autant de temps à la soigner et elle le sentait bien passer.
«Misoga ?» l'appela le jaune et elle s'inquiéta de l'entendre en écho alors qu'elle ne sentait plus sa prise sur Bakugo. «Je crois qu'elle a de la fièvre» crut-elle entendre marmonner Denki lorsqu'il posa sa main moite contre sa joue mutilée. C'est à peine si elle eut la force de le repousser, n'appréciant pas qu'on la touche à cet endroit.
Du reste, l'adolescente n'arrivait plus à faire la distinction entre les secondes, les minutes et les heures, inspirant parfois à grande goulée, sortant d'apnée puis se mettant à tousser bruyamment. Elle marmonnait, sifflait, posant son front bouillonnant contre le dos du blond en imaginant qu'il était Naifu. Son corps entier était en sueur et elle continua de s'adresser d'une façon incompréhensible à un fantôme, délirant sous le regard soucieux de Denki et le visage crispé de Katsuki. Il devenait urgent qu'ils arrivent au camp.
Aussi, après encore une demi heure de marche, Kaminari laissa exploser son soulagement en voyant le soleil couchant éclairer une immense clairière occupée par un grand bâtiment de béton et deux petits chalets. Ils sortirent tous les trois d'entre les arbres, plus ou moins au même moment que le reste de la seconde A et si Kagame et Bakugo passèrent au début inaperçus, Ochaco ne tarda pas à s'approcher d'eux, suivie de Mandalay et de Pixie-Bob.
Elles avaient toutes les trois des airs particulièrement inquiets, comprenant au visage des deux garçons qu'il était arrivé quelque chose de grave. Le blond se sentit pour autant libérer d'un poids quand la brune se décrocha avec l'aide des deux femmes, s'écroulant à moitié alors qu'elle gémissait de douleur. La scène attira de plus en plus d'élèves qui s'amassèrent et l'ancienne vilaine fut allongée sur le sol, sa respiration se faisant sifflante.
«Pixie, va chercher le brancard et prépare le lit d'infirmerie,» somma la brune en posant sa main sur le front de la jeune femme tandis que sa comparse détallait en direction d'un petit bâtiment fait de rondins de bois. Ce qu'elle en déduit la fit soupirer. «Dans la nature, vous n'aurez pas forcément toutes les ressources à disposition pour gérer ce genre de problèmes,» commença-t-elle à voix haute, défaisant la chemise blanche de Kagame en passant sa main le long de ses côtes. Elle grimaça et en compta au moins deux cassées. La troisième, avec un peu de chance, était simplement fêlée. «C'est aussi pour ça qu'il est important de prévoir du matériel de soin. Votre camarade a eu la chance de pouvoir compter sur ses coéquipiers,» termina-t-elle en se tournant vers Denki et Katsuki, reconnaissante. Ce dernier détourna son regard carmin, sa mâchoire serrée. Ils n'auraient pas été félicités de la laisser crever, il fallait bien que quelqu'un s'y colle pour la ramener.
«Est-ce que son état est grave ?» s'inquiéta Ochaco alors qu'Izuku observait avec appréhension le visage pâle de leur camarade se tordre sous la douleur.
Mandalay la rassura.
«Nous avons des onguents très efficaces. Après une bonne nuit de sommeil tout ira mieux.»
Et, en même temps qu'elle disait cela, Pixie revint avec un brancard qui avait bien servi mais qui était toujours aussi solide et elles firent glisser le corps de l'adolescente dessus. Ses yeux s'entrouvrirent, dévoilant une lueur bleutée au fond de ses pupilles dorées et Izuku se figea en voyant sa mèche s'illuminer au milieu de sa masse de cheveux sombres.
«Attention !» prévint-il de justesse car à moitié consciente, Kagame relâcha instinctivement un éclair, persuadée de devoir se protéger en ayant senti la pression des mains des deux femmes sur elle.
«Il faut appeler le professeur Aizawa,» intervint Shoto alors que Momo hochait la tête en courant auprès de l'homme. Tous deux revinrent de justesse pour avorter un nouvel éclair dangereux malgré sa puissance diminuée.
«Éloignez-vous, surtout toi Kaminari,» lui ordonna-t-il, ce dernier étant trop proche et son énergie trop facilement absorbable. Les élèves suivirent ses directives, perturbés de l'état de la jeune femme. Seule Ochaco se risqua à rester, proposant son aide.
«Elle délire, il faudrait soigner sa fièvre. On aura besoin de ton alter, Eraser-Head,» fit Mandalay en acceptant l'aide de la petite brune qui les accompagna en soulevant le brancard.
«Je ne t'avais pas demandé de les casser en deux, Pixie-Bob,» maugréa le super-héros, gardant son attention sur la blessée. Ses réflexes de survie étaient toujours aussi efficaces, songea-t-il en se rappelant du récit du vert lorsqu'elle s'était réveillée la première fois après les événements de la base militaire.
«Il n'y a que ça pour les forger !» s'exclama le chat bleu en ouvrant la porte du petit chalet. Un lit était déjà préparé pour accueillir la brune et une courte table en bois était surplombée de multiples pots renfermant des onguents. «Mais ne t'inquiète pas, ta protégée sera sur pied demain à la première heure !»
Shota grogna dans ses bandages, sûrement au sujet de la dernière phrase de la blonde mais les deux membres des Wild Wild Pussycats ne firent plus attention à lui, déboutonnant la chemise de la jeune femme et révélant des zones violettes foncées sur tout son côté gauche. Elle était en brassière, ce qui n'empêcha pas à l'homme de remonter pudiquement son regard sanglant sur le visage transpirant de celle dont il avait la garde. Il avait du mal à imaginer comment All Might avait supporté de s'occuper d'un enfant turbulent et toujours dans les problèmes. Lui-même doutait de sa capacité à la supporter jusqu'à ses dix-huit ans. Ou, et il fallait s'y résoudre, jusqu'à ce qu'elle soit diplômée de Yuei.
«Uraraka, c'est ça ? Tiens, étale cette pâte là où il y a des marques. Je t'apprendrais comment bander un torse ensuite,» la guida Mandalay alors que Pixie épongeait le front de leur stagiaire. Voilà qui commençait bien, heureusement qu'elles avaient prévu qu'il y aurait des blessés. L'adolescente suivit les consignes données par la brune et s'occupa de son amie avec attention.
Quand elle termina de nouer précautionneusement les bandes, Mandalay la félicita chaleureusement. Apaisée grâce à un antalgique, Kagame avait sombré, privée de ses alters par Shota. Ce dernier décida aussi de retourner auprès de la classe dont il était le professeur principal et leur donner les directives à suivre pour la soirée. Eux aussi avaient le droit de se reposer, après tout, surtout s'ils voulaient pouvoir tenir le jour suivant, pensa-t-il avec une satisfaction perverse.
«C'est du très bon travail,» complimenta une nouvelle fois Pixie à l'adolescente. «Et, c'est une très bonne réaction que tu as eu. Te proposer pour nous aider à soigner ta camarade est louable, surtout avec votre fatigue.»
Flattée, Ochaco rougit légèrement. Elle n'avait pas fait cela pour les louanges, plutôt préoccupée par l'état de la jeune femme, mais elle avait aimé se sentir utile.
«Tu peux te rendre au réfectoire pour manger puis prendre un bain avec le reste de tes camarades féminines. Vous l'avez bien mérité.»
La petite brune jeta un dernier regard au visage détendu de Kagame et acquiesça, se promettant de venir prendre des nouvelles avant d'aller dormir. Et puis, avec tous les événements survenus, elle ne doutait pas que dès ce soir, Mina leur parlerait de l'étrange vision qu'ils avaient tous eus en voyant Kagame Misoga sur le dos de Katsuki Bakugo. Peut-être cela suffirait-il à leur faire oublier que dès demain, ils devraient recommencer à s'entraîner et garder un bon niveau. Et, les potins étaient la source de distraction parfaite.
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Note de l'auteur : Petit rapprochement avec Bakugo, c'est encore pas l'amour fou mais il faut bien commencer quelque part, non ? J'espère que ce chapitre vous aura plu, pensez à vous hydrater et à me donner vos retours !
Karanese
