Note de l'auteur : Petit jour de retard, j'espère que ce chapitre vous plaira.

Pairing : Katsuki.B x OC.

Rating : T

Disclaimer : L'univers de BNHA ne m'appartient pas, seuls mes personnages et mon histoire sont miens. Ô grand désespoir.

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Revenge lurks in the sky

Chapitre XIV :

First aid and campfire

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Dans la nuit, Kagame se réveilla avec une douleur diffuse dans son torse. Elle sentait du froid et du chaud se répartir le long de son côté gauche, mais aussi la dureté de la couchette et grimaça en sentant sa transpiration poisser sa couverture. Elle avait cauchemardé, s'éveillant de moitié avant de replonger et n'avait plus aucune notion du temps qui s'était écoulé. Ce furent le bruit d'un linge que l'on essore à ses côtés et la sensation de bien-être qui se diffusa en elle au contact de ce dernier sur son front qui la firent papillonner des yeux.

Elle croisa le regard bienveillant de Mandalay.

«Tu ne t'es pas ménagée, petite stagiaire,» chuchota-t-elle, ce que la brune apprécia car un mal de crâne la guettait. «Tu veux peut-être de l'eau ?» lui proposa-t-elle avant de porter un verre d'eau fraîche à ses lèvres quand elle acquiesça. Le liquide s'écoula dans sa gorge sèche et elle déglutit.

«V-V-..» elle toussota, essayant de se relever, ce que l'adulte lui laissa faire en lui précisant d'aller doucement. Ce n'était pas nécessaire car elle n'aurait pu effectuer de mouvements brusques dans tous les cas. En effet, elle avait beau être impressionnée par les effets des onguents, Kagame sentait que ses os étaient encore fragiles. «Pardon,» put-elle prononcer en s'éclaircissant la voix et la femme la regarda avec interrogation. «Ce n'est pas sérieux de me blesser le premier jour de mon stage. J'apprécie que vous ayez accepté de me prendre sous votre aile.»

Les Wild Wild Pussycats étaient les seuls. Quoiqu'à bien y songer...

«Oh, ne t'en fais pas. Eraser Head avait tout prévu depuis le début. Ce pauvre Aizawa,» sourit alors la super-héroïne avec amusement. L'adolescente se cala contre un épais coussin, ses paumes posées sur le couverture en espérant qu'elles ne restent pas moites. Non, même sans l'intervention de Shota, il n'y aurait pas eu foule derrière la porte pour lui enseigner les rudiments du métier.

«Je vous en suis tout de même reconnaissante,» se contenta-t-elle de répondre, se sentant tout d'un coup prise d'un regain d'énergie. «Je n'ai presque plus mal,» informa-t-elle la femme qui hocha la tête, confirmant la normalité de la situation.

«Ces onguents sont très puissants et nous en avons toujours en stock. Nous avons plutôt intérêt comme nous sommes loin des grandes villes et qu'il n'y a pas d'hôpitaux à chaque recoins. Il n'est que six heures du matin, d'ici la fin de soirée tu devrais être totalement rétablie. En attendant, je te montrerais comment faire des pansements et plusieurs activités peu physiques,» expliqua Mandalay alors que Kagame touchait l'épais bandage qui entourait son torse. Elle rougit en se rendant compte qu'elle n'avait qu'un fin t-shirt à l'effigie de Yuei et qu'on lui avait retiré sa prothèse. La femme sembla suivre son raisonnement car elle se pencha et prit cette dernière entre ses mains. «Je te l'ai retirée pour que tu sois plus à l'aise en dormant. Elle est tordue et malheureusement, nous n'avons pas trouvé comment la réparer.»

Kagae hocha la tête, peu inquiète.

«Dans mon sac, j'ai ce qu'il me faut. Je ne l'avais pas dans la forêt,» lança-t-elle avec un fond de reproche. Peut-être aurait-elle pu éviter l'humiliation de devoir se faire porter par Bakugo si elle avait pu réparer sa prothèse seule. Pas longtemps, bien entendu, mais au moins assez pour ne pas se sentir aussi redevable. Elle détestait ce sentiment, il lui rappelait trop qu'elle le ressentait toujours vis à vis de l'Armée.

Le silence lui répondit avant de voir que la brune avait fermé ses yeux et semblait communiquer autrement. L'étudiante comprit qu'elle utilisait son alter quand Pixie-Bob arriva quelques secondes plus tard avec un petit sac gris. Il contenait le minimum dont elle avait besoin au cas où il lui arriverait quelque chose qu'elle ne pourrait pallier avec ses alters. Généralement quand cela concernait sa prothèse.

«Tu devrais encore te reposer. Je reviendrais vers 9h avec un petit-déjeuner si tu es réveillée.»

La bienveillance de Mandalay la fit simplement acquiescer alors qu'elle se glissait sous une couette moins humide. Ce n'était pas le luxe mais elle s'en contenterait largement. Aussi, elle profita du soleil qui se levait doucement pour somnoler, songeant à ce qu'elle avait enduré depuis son changement de camp.

Il y avait les entraînements tous les soirs, les cours qu'elle s'efforçait de suivre du mieux qu'elle pouvait, mais il y avait aussi ses nouvelles relations, l'impression de ne plus seulement être seule contre le reste du monde. Ochaco, Denki, mais aussi Midoriya, Todoroki et même Kyoka. Tous gravitaient autours d'elle avec sympathie, l'intégrant petit à petit sans jamais la brusquer.

Pour autant, tous ces moments ne la préservaient jamais longtemps de ses pensées. Des murmures qui la hantaient, la faisaient redouter ce jour où elle ferait de nouveau face à Re-Destro, où elle devrait cette fois-ci le combattre. Mais aussi celui où elle devrait embrasser pleinement sa vie de super-héroïne, reniant celle qu'elle était et renouant avec un passé qu'elle avait dès lors oublié : ses parents qui reposaient sous terre et leur image médiatique qui l'avait aidée dans sa deuxième chance.

Comment pouvait-elle seulement se regarder dans la glace quand elle n'avait ni souvenirs, ni émotions en songeant à eux ? Pire, elle n'avait que ce moment en tête où la voiture avait petit à petit sombré dans le lac, l'eau engloutissant sa carcasse en s'insinuant par les fenêtres. Le visage ensanglanté de sa mère dont la tête reposait mollement sur son torse et la peur panique dans le regard de son père alors qu'il tentait en vain de les extraire d'une mort certaine.

Et cette sensation désagréable de chaussettes mouillées alors qu'il n'était plus possible de distinguer le plancher. Les cris, les pleurs, sûrement les siens, quand elle avait compris qu'ils ne s'en sortiraient pas tous. Les mains fermes de son père qui s'agitaient autour de sa ceinture pour la détacher et cette angoisse qui l'avait frappée en voyant le liquide carmin ne cesser de couler sur les joues pâles de sa mère.

Puis ce fourmillement qui s'était intensifié, jusqu'à devenir douloureux alors que les clignotements de la voiture se taisaient. La surprise dans les yeux dorés de l'homme qui lui faisait face et un hurlement déchirant. Le sien quand elle avait relâché l'éclair en elle par peur de cette sensation nouvelle. Un cri de souffrance en sentant la brûlure la traverser en diagonale, marquant son corps à vie. Les tremblements, les paroles lointaines et graves de son père qu'elle ne comprendrait jamais. Le noir.

C'était la dernière image qui lui restait de ses parents avant le blanc de l'hôpital. La dernière imprimée sur ses rétines alors qu'elle reposait dans un lit, une partie de sa jambe en moins et son cœur brisé en mille morceaux. Ce cœur qu'elle avait blessé, qui avait tant souffert qu'à un si jeune âge, elle songea à la signification de la mort et fit face à l'abandon. Orpheline. C'était ainsi qu'on la caractérisait. Orpheline et handicapée. Faible.

Pourrait-elle se pardonner un jour d'avoir bafoué leur image ? Pourrait-elle seulement s'en vouloir de l'avoir fait de la même manière qu'elle n'avait pensé qu'à sa survie dans un monde cruel ? Elle avait fui, s'était laissé tomber comme on ne croirait plus en l'avenir. Et l'Armée était arrivée, la tirant de la noirceur et de l'apathie. Ils lui avaient donné une raison de se battre, celle de le faire pour eux, avec colère et dévouement. Et elle avait parfaitement rempli son rôle. Jusqu'à la fin. Jusque dans les profondeurs de l'océan, elle n'avait songé qu'à cette mission et malgré la terreur, c'était aussi le sentiment d'avoir accompli son devoir quand bien même elle y laissait sa vie.

Mais le destin en avait décidé autrement et tout cela était décidément bien ironique.

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Le soleil avait déjà bien percé les carreaux quand elle se réveilla d'une longue sieste. La bouche de Kagame était pâteuse, son ventre criait famine mais elle ne sentait presque plus sa blessure, à part peut-être un tiraillement quand elle bougeait. Aussi, elle récupéra sa prothèse en ignorant le moignon dénudé qui perçait sous la couette alors qu'elle s'asseyait au bord du matelas, fouillant dans le sac gris pour en extraire quelques outils. Pendant une trentaine de minute, elle dévissa et ajusta la prothèse de carbone, la remettant droite avec une attention pleinement dirigée sur son ouvrage. Elle ne pouvait se permettre une déconcentration au risque de l'abîmer.

Aussi, elle ne fit pas gaffe aux coups portés contre la porte, ni à Ochaco qui après quelques secondes sans réponse, décida d'entrer en pensant que la jeune femme dormait. Mais, ce n'était pas le cas et Kagame se figea en relevant son regard sur la brunette, saisissant brusquement la couette pour recouvrir son genou mutilé, soustrayant sa vision aux yeux noisettes d'Uraraka. Un silence pesant s'installa entre les deux filles alors que l'ancienne vilaine serrait son tournevis si fort qu'il aurait pu se briser entre ses doigts.

«Misoga...» commença l'adolescente mais elle ne put continuer sa phrase.

«Sors,» souffla sombrement la brune, son visage baissé pour ne pas avoir à affronter l'expression de dégoût de sa camarade. «S'il-te plaît,» ajouta-t-elle avec plus de pudeur, ne voyant pas l'immense peine qui s'était imprimée sur le visage d'Ochaco. Pour autant, cette dernière fit un pas en arrière et referma la porte, s'en voulant d'avoir brusqué la jeune femme alors que ce n'était en rien son intention.

Elle avait déjà remarqué à quel point Kagame avait du mal à afficher sa blessure, préférant toujours la cacher. Mais, après ces semaines à se rapprocher, elle ne pensait pas que cette dernière réagirait d'une telle façon. Sûrement qu'Ochaco avait mal jugé d'à quel point sa camarade était pudique et renfermée. Et, si elle était persuadée que le temps comptait pour que la brune se dévoile sans crainte à eux, elle était aussi persuadée qu'un peu d'aide ne ferait pas de mal. Il lui fallait en discuter avec Deku, lui qui prenait toujours plaisir à aider les gens et qui était toujours plein de bonnes idées.

De son côté, Kagame reprit le contrôle de sa respiration et se dépêcha de terminer son travail, ne voulant plus qu'une telle situation se reproduise. Elle arrivait à gérer le fait que l'on voit son moignon alors qu'elle était inconsciente, ne serait-ce qu'avec toutes les fois où elle s'était blessée et qu'elle avait eu besoin de repos. Mais, en revanche, elle ne pouvait supporter l'idée de le montrer alors qu'elle était en pleine possession de ses moyens, soumise au jugement ou au dégoût des autres. Elle ne pouvait tout simplement pas l'endurer.

Après avoir enfilé proprement sa prothèse, songeant qu'elle devrait le soir-même se laver car la transpiration qui lui collait à la peau lui donnait des hauts le coeur, l'adolescente s'habilla rapidement avec des vêtements propres qu'elle tira de sa valise et sortit du petit chalet en avisant l'heure. Il était midi et demi et le réfectoire improvisé plus loin grouillait d'élèves des deux classes. Elle contourna les bancs d'élèves de la seconde B jusqu'à s'asseoir silencieusement à côté de Todoroki, en face de Midoriya, Tenya et Uraraka. Ils avaient tous l'air exténués.

Alors qu'elle se saisissait d'un sandwich en répondant au hochement de tête d'Aizawa, Iida l'interpella. Ses yeux cernés et son teint pâle avait de quoi inquiéter mais elle se sentait bien mieux qu'elle le pensait et Kagame mâchonna son morceau de pain en indiquant au délégué qu'elle l'écoutait.

«En tant que délégué, je t'informe que la classe s'est inquiétée de ton état. Je te demanderai donc un compte-rendu court et précis de tes symptômes que je pourrais transmettre à nos camarades.»

Interloquée, la brune reposa doucement le triangle qu'elle avait entre ses mains et se tourna vers Midoriya qui avait le visage baissé et les épaules tremblantes, mais aussi vers Ochaco qui avait plaqué sa main contre sa bouche, ses traits déformés ainsi que Todoroki qui affichait un petit sourire. Devant son silence, les deux amoureux explosèrent de rire, Shoto s'esclaffant avec plus de retenue devant l'incompréhension de Tenya.

«Je ne vois pas ce qui est drôle,» fit-il, contrarié. Kagame secoua la tête, amusée malgré elle.

«Je vais bien, mes côtes sont de nouveau comme neuves et j'ai pu me reposer. Je vais juste y aller doucement jusqu'à demain,» lui répondit-elle simplement.

Iida acquiesça avec raideur avant de se lever de table, enjambant le banc et se dirigeant vers chacune des places occupées par la seconde A pour répéter ce qu'elle venait de lui dire. La mâchoire de la jeune femme tomba légèrement, bouche bée par le comportement du garçon qui, une fois arrivé près de Kirishima et Bakugo, se fit violemment remballer à coup de "Qu'est-ce que j'en ai à foutre, moi, hein ?!» alors qu'Eijiro faisait un signe de la main amical à l'ancienne vilaine.

De cette manière, le groupe de fille vint rapidement l'entourer pour savoir ce qu'il s'était passé dans la forêt, Katsuki et Denki n'ayant pas le goût des longs récits. Quoique pour le blond, c'était davantage l'idée de "se faire chier" à "raconter de la merde" qui l'empêcherait de faire des choses plus importantes comme "se décrasser et dormir pour mieux casser des gueules" qui les avait refroidies. Seul Kaminari avait alors brièvement expliqué qu'ils avaient été projetés tous les deux par un golem et qu'elle avait amorti sa chute à lui en négligeant la sienne. Du reste, il n'avait de toute façon pas assisté à grand-chose, son cerveau ayant court-circuité la plupart du temps passé dans la forêt.

Le groupe de filles avait alors espéré tirer davantage de la principale concernée, ayant élaboré toutes sortes d'hypothèses durant le bain, coupées par l'intervention de Mineta et ensuite de Kota venu les protéger du regard pervers du garçon grappe.

«Euh,» bafouilla la brune en n'ayant personne vers qui se tourner pour demander de l'aide, voyant même que Todoroki et Midoriya se montraient intéressés. «Je suis tombée sur le côté en amortissant la chute de Kaminari. Et ma prothèse était tordue. Alors Bakugo m'a portée jusqu'au camp pour ne pas qu'on traîne trop. C'est tout, je crois.»

Mina fit la moue, déçue.

«Je pensais que tu donnerais plus de détails croustillants que les garçons,» bouda-t-elle.

«Peut-être qu'il n'y en a juste pas,» répondit platement la jeune femme, ne se sentant pas désolée de ne pas avoir de quoi fournir leurs esprits tordus. Elle n'appréciait pas vraiment les rumeurs, surtout en sachant qu'elle en serait la victime. Tsuyu intervint à son tour d'un bruit rappelant celui du crapaud.

«Côah. Ou que tu ne veux pas nous les dire.»

En se rappelant de la proximité avec Katsuki et des gestes de Kaminari quand elle l'avait porté, Kagame détourna son regard, une légère rougeur sur les pommettes. La rose s'exclama de joie en la pointant de son doigt, victorieuse. Elle avait fini par trouver sa faille, il ne fallait plus qu'elle l'exploite...

«Ah !» fit-elle avec un entrain exagéré. «Je le savais ! Tu dois tout nous dire,» ordonna-t-elle en s'agitant bruyamment, attirant l'attention.

Mais elle ne gesticula pas plus longtemps quand une silhouette se glissa derrière elle.

«Dépêchez-vous de manger, et toi aussi Misoga, Mandalay t'attend,» somma alors Aizawa à la brune en apparaissant derrière Mina, laquelle se tourna vers leur professeur principal, contrariée. Il lui jeta un regard ennuyé. «L'entraînement ne vous a pas encore assez fatigués, de ce que je vois.»

À ses paroles, cependant, tout le groupe d'adolescents rentrèrent leurs têtes entre leurs épaules, dépités. Elle ne savait pas de quel entraînement l'homme parlait mais ça n'avait visiblement pas été une partie de plaisir. Ou tout du moins rien d'aussi reposant que son activité matinale à elle.

«Et n'en profite pas pour te jeter d'un arbre, ton stage est censé t'entraîner,» rajouta-t-il alors qu'elle s'était levée pour rejoindre au plus vite la femme, roulant des yeux devant son sérieux qui cachait en vérité beaucoup de sarcasme.

«Heureusement que vous êtes là pour me le dire alors, je ne l'aurais jamais su autrement,» marmonna-t-elle en réponse, ce qui provoqua un tic moqueur chez son tuteur.

«C'est donc pour ça, le comportement stupide.»

Elle lui lança un regard peu amène sans pour autant répondre, ne voulant dépasser les limites professeur/élève. Après tout, il avait beau être son tuteur, il n'en était pas plus un substitut de père ou elle ne savait quoi encore. Bien entendu, son attention était un peu plus concentrée sur elle mais ils n'allaient pas manger des glaces au centre-commercial pour autant. Et puis, face à la classe, il aurait été malvenu de se montrer insolente, ne serait-ce que pour l'image de l'homme.

Aussi quand elle rejoignit Mandalay, rassurée d'échapper à l'interrogatoire de Mina, cette dernière lui demanda comment elle se sentait.

«Bien mieux, je vous remercie,» répondit Kagame en suivant la femme jusqu'au petit cabanon d'infirmerie dans lequel elle avait précédement dormi. Elles déplacèrent ses affaires, les mettant dans le dortoir des filles de la seconde A en arguant qu'elles n'avaient de toutes manières pas d'autre endroit où la faire dormir malgré ses activités différentes puis la brune lui expliqua le programme de l'après-midi.

«Les deux classes vont utiliser tout le terrain pour entraîner leurs alters. Eraser-Head m'a expliqué la situation vis à vis de Vlad King et des restrictions qu'on t'a imposées. Dès demain, tu suivras les mêmes exercices que ta classe mais avec un jour de décalé. Tu ne pourras pas être avec eux mais j'ai cru comprendre que tu avais aussi besoin de t'exercer. Aujourd'hui, tu seras avec Kota et nous verrons les multiples moyens de faire des bandages et de soigner les blessures.»

Kagame fronça ses sourcils. Kota ? Était-ce l'homme massif qui faisait partie de leur groupe ? Elle avait cru comprendre qu'il se chargerait d'entraîner les alters de type activation.

«Sors donc de ta cachette, Kota, si tu ne veux pas être puni de dessert,» sermonna Mandalay après quelques secondes où aucune silhouette ne fit son apparition. D'abord interloquée, l'adolescente finit par faire le lien avec le petit garçon présent à leur arrivée et ne fut pas étonnée de le voir se soustraire de la protection d'un arbre à l'épais tronc, le visage contrarié. «Te voilà, tu te souviens de ce que nous avons dit hier soir ? Misoga est notre stagiaire, tu pourras donc lui apprendre comment soigner les blessures avec le mannequin.»

«Pas envie,» grimaça-t-il alors que les sourcils de sa tante se fronçaient.

«Ce n'est pas ce dont nous avions convenu,» répondit-elle avec contrariété devant le caprice de son neveu. Ce dernier se mit à réfléchir et secoua la tête.

«J'ai pas envie de dessert, je peux partir ?»

«Il est au courant ?» questionna alors soudainement Kagame, pensant que le petit garçon ne voulait pas être avec elle à cause de son passé, mais Mandalay secoua la tête et celui-ci la foudroya du regard.

«Au courant de quoi ?» grogna-t-il comme s'il venait de se faire agresser par de telles paroles. Elle ne voyait pas la raison d'un pareil comportement sur la défensive, agressif et sûrement très malheureux. En fait... il lui rappelait un peu son propre comportement à elle, après avoir perdu ses parents. «Vous êtes trop débiles, de toute façon. Et toi, tu es nulle en super-héroïne. Tu fais peur,» se mit-il à débiter avec une méchanceté qu'elle supposa faite pour la déstabiliser. Mais, à l'instar de sa tante qui s'offusqua d'un tel comportement, Kagame lui fit un sourire.

«C'est parce que je veux pas être une super-héroïne,» lâcha-t-elle simplement, prenant plaisir à le voir surprit. «Moi, je veux juste savoir faire des bandages. Donc toi tu sais faire, tu m'apprends et comme ça tu auras ton dessert ce soir. Deal ?» lui proposa-t-elle en proposant son poing serré. Il hésita.

«Pourquoi t'es là, alors ?» lui demanda-t-il, suspicieusement. Il n'était pas un idiot qui tomberait dans n'importe quel panneau. Elle haussa les épaules, comme si elle ne savait pas vraiment plus que lui.

«Pas le choix, ils veulent me forcer à être une super-héroïne. Mais je les laisserai pas faire,» répondit-elle en lançant un regard en coin à Mandalay, comme si elle faisait partie du "ils" contre qui elle devait se liguer. Le petit garçon plissa ses yeux avant de grogner un "mh" qui signifiait qu'il acceptait, cognant le poing de la jeune femme avec mauvaise foi.

Alors qu'elle le suivait, la rouge l'arrêta.

«Tu n'étais pas obligée de lui dire tout ça. Il a un rapport compliqué avec les super-héros,» lui expliqua-t-elle sans rentrer dans les détails, mais Kagame balaya sa remarque d'un coup de main.

«Je lui ai dis la vérité, vous savez,» fit-elle avec un petit sourire. Bien entendu, toute cette histoire était plus compliquée que cela, mais ne cherchaient-ils pas tous à la transformer en super-héroïne ? Comme si lui donner rapidement une nouvelle image suffirait à effacer les horreurs qu'elle avait commises juste avant. La conscience ne suivait pas toujours aussi franchement les convictions et elle avait encore du chemin à faire avant de pouvoir se considérer comme tel. Ne serait-ce que dans sa propre tête. Dans son esprit, c'était comme si elle n'avait jamais quitté le QG, toujours au milieu de la tempête, en témoignait son instinct d'attaque quand elle avait déliré sous la fièvre.

Sans répondre, toutes deux reprirent leur chemin et elle sentit que la femme méditait sur ses paroles. Cherchait-elle à percer leur sens ? Le pouvait-elle seulement ? À part quelques adultes impliqués dans sa tutelle, personne ne savait les circonstances de son intégration à l'Armée. Non, il y avait certaines choses qui devaient rester secrètes, quand bien même elles étaient un frein à son intégration. Parce que Kagame ne voulait pas les révéler avant d'avoir elle-même retracé son passé. Il lui appartenait. Ou tout du moins elle voulait se l'approprier avant que quelqu'un d'autre ne le fasse.

Ainsi, l'après-midi se déroula de cette façon : Kota lui expliquait les bases des premiers soins, supervisé par sa tante qui l'admirait prendre plaisir à enseigner ce qu'il savait du haut de ses six ans, puis l'adolescente reproduisait ses gestes, acceptant sans broncher qu'il la réprimande comme si elle était une enfant. Malgré tout ce qu'il pouvait penser des super-héros, il en avait l'âme et la carrure, montrant dans ses mouvements délicats même sur le mannequin qu'il aimait venir en aide aux autres. Il était précis, patient et Kagame apprit tout ce dont elle avait besoin grâce à lui.

Mandalay ne fit que préciser quelques gestuelles plus techniques mais au final, ils passèrent le plus gros de leur après-midi tous les deux.

Ainsi, quand ils retournèrent au réfectoire aux alentours de dix-huit heures trente, l'ancienne vilaine eut le plaisir de sentir une bonne odeur de fumée émaner de ce dernier alors que les élèves s'étaient mis en mouvement pour cuisiner un repas. Cependant, quand elle se retourna vers le petit garçon, il avait disparu. D'un froncement de sourcil, elle guetta le paysage mais dû rapidement abandonner quand Ochaco lui fit de grands signes. Elle lui répondit, s'approchant d'abord d'Aizawa.

«Tu en as profité, j'espère,» lui fit-il sans lui accorder un seul regard. Elle roula des yeux avant de hocher la tête, ferme.

«J'ai appris beaucoup de choses. Je serais prête, demain,» affirma-t-elle sans répondre à la provocation de l'homme. Elle n'avait jamais cherché à se blesser de cette manière mais elle reconnaissait que depuis son entrée à Yuei, elle avait beaucoup perdu en puissance. Ne serait-ce qu'en utilisant moins ses alters ou en se réfrénant sur leur utilisation. Elle tenait moins longtemps, manquait de techniques et de confiance en elle. En fait, elle avait complètement régressé.

«Bien,» se contenta-t-il d'acquiescer avant de s'éloigner, la laissant une nouvelle fois seule alors qu'elle suivait sa silhouette de son regard doré. Il ne restait jamais longtemps auprès d'elle, ce qui était parfois perturbant. Elle interprêtait son comportement comme un désintérêt pur et dur et Kagame fit disparaître l'étincelle de déception qu'elle sentit la serrer douloureusement. Il ne lui devait rien, après tout. C'était même elle qui lui devait tout, encore une fois.

Aussi, quand elle s'approcha de sa classe, elle remarqua que chacun était occupé à allumer un feu dans l'immense âtre central. Des poêles étaient alignées en cercle et évidemment, l'alter de Shoto était bien utile pour enflammer les brindilles.

«C'est vraiment super pratique avec ton alter, Todoroki !» s'exclama vivement Mina alors qu'Uraraka approuvait. Un petit sourire naquit sur son visage, ce que sembla aussi remarquer Midoriya.

De l'autre côté, Sero charriait Bakugo et son incapacité de produire un feu même avec ses explosions, brûlant tout au passage. Elle hésita alors, remarquant qu'il avait l'air vexé et en colère de ne pouvoir impressionner ses camarades comme l'avait fait plus tôt le fils d'Endeavor. Puis, elle se décida et finit par récupérer quelques branches sèches alentour en s'approchant, Kirishima la remarquant en premier.

«Ça va mieux, Misoga ?» la questionna-t-il gentiment alors qu'elle hochait brièvement la tête. À l'entente de son nom de famille, Katsuki releva la tête en sa direction et la fusilla du regard.

«Qu'est-ce que tu veux, toi ?» l'agressa-t-il en premier, encore agacé par son précédent échec. Kagame fit un pas en avant et donna un coup de tête en direction du foyer détruit précédemment par l'explosion sans réagir à sa brutalité.

«J'ai apporté quelques branches,» expliqua-t-elle en les déposant dans ce qui restait de l'âtre. Puis, sans lui laisser le temps de répondre, elle s'accroupit à ses côtés. «Essayes de produire des explosions mais juste un peu plus loin,» lui indiqua-t-elle simplement.

«Et puis quoi encore ?! J'ai pas besoin d'ton aide,» grogna-t-il sans chercher à suivre ce qu'elle disait. Mais elle se contenta de secouer la tête, dépitée par un tel caractère.

«Fais juste ce que je te dis,» s'agaça-t-elle alors, fronçant ses sourcils avec mauvaise humeur. Evidemment, au lieu de calmer le garçon, ça ne fit qu'empirer sa hargne.

«TU ME DONNES PAS D'ORDRES, JAMBE-DE-BOIS !» aboya-t-il avec fureur, se tournant vers elle d'une posture menaçante alors que les autres s'étaient stoppés dans leur activité pour les fixer, interloqués. À quoi pouvaient-ils bien jouer pour se crier dessus de cette manière ?

«Sinon quoi ?» grogna-t-elle en plissant son nez, ses yeux lançant des éclairs. Elle vit alors avec satisfaction que ses paumes commençaient à produire des bruits de pétards et alors qu'il armait son bras pour la toucher avec l'une d'entre elle, la jeune femme fit un mouvement de la main qui activa son alter vent, donnant une bourrasque précise à l'étincelle de l'explosion qui venait de se former, l'envoyant directement sur les branchages morts.

Elle se désintéressa alors presque immédiatement du garçon fulminant, maintenant ses doigts au niveau du petit noyau rougeoyant qui s'étendait doucement pour lui faire prendre de l'ampleur grâce à son vent jusqu'à ce qu'un crépitement retentisse et qu'une flamme apparaisse, la faisant s'exclamer de joie comme une enfant en se retournant vers Kirishima et Bakugo. Elle avait abandonné toute émotion négative pour laisser place à un regard pétillant.

Aussi, quand elle leur fit face, Eijiro arborait un air surpris sur son visage, observant le manège de la jeune femme et comprenant qu'elle avait simplement manipulé Katsuki pour arriver à ses fins. Un fin sourire étira ses lèvres quand il avisa l'expression sidérée du blond.

«Bien joué, Misoga !» l'encouragea-t-il alors qu'elle se relevait en époussetant son pantalon fin, lui adressant un hochement de tête humble en guise de remerciement.

Mais un grognement les interrompit et ils se tournèrent tous deux en direction de l'explosif qui avait la mâchoire serrée et ses poings contractés.

«Tu pouvais pas t'occuper d'tes affaires, hein ?» râla-t-il avec mauvaise foi, ne voulant pas reconnaître qu'elle avait eu une bonne idée. Et puis quoi encore ? S'il fallait qu'il félicite chacun des imbéciles de la classe quand ils se montraient un peu moins stupides que la moyenne, il n'aurait pas fini à la fin de l'année.

«De rien,» rétorqua-elle avec insolence en roulant des yeux, s'éloignant finalement sans demander son reste. Elle ne préférait pas tenter le diable et avec Bakugo dans les parages, c'était presque inévitable. Aussi, elle esquissa un sourire en coin en entendant Kirishima prendre sa défense alors que le blond n'émettait qu'un "tch" dédaigneux pour toute réponse.

Elle rejoignit ensuite Tsuyu et Ochaco qui commençaient à préparer le repas, observant leurs gestes et se détendant grâce à leur bonne humeur. Toutes trois se mirent alors à discuter autour de l'aptitude de la fille grenouille à absorber des objets pour ensuite les recracher, arguant que malgré le côté peu ragoûtant, c'était une tactique maline et inattendue.

Puis Kagame qui gardait le plus souvent le silence au milieu des deux filles fit un geste de trop et laissa tomber le couvercle du piment dans le plat, déversant les épices dedans sans modération, ce qui fit rire à gorge déployée Uraraka.

Dépitée et plus maladroite qu'elle ne le pensait, la brune tenta de rattraper sa bêtise mais n'arriva qu'à l'empirer en se tâchant de rouge, attirant l'attention de Kaminari et Sero sur elles.

«Mieux vaudrait surveiller le plat des filles, je ne préfère pas être celui qui tombera dessus,» ricanna le premier alors que son ami acquiesçait vivement.

«Hé ! Si vous n'êtes pas contents, vous n'avez qu'à vous en charger !» s'indigna la petite brunette en tirant la langue, apportant une serviette à sa camarade en détresse.

«Certains aiment quand c'est épicé,» fit alors remarquer Tsuyu en posant son doigt contre sa lèvre, pensive. Un petit silence accueillit sa réflexion et Denki se mit à râler.

«Fallait le dire plus tôt que ce plat était pour Bakugo,» maugréa le jaune tandis que Kagame roulait des yeux. Ils pouvaient être si puérils parfois... Elle trempa alors un doigt dans la marinade avant de le porter à sa bouche, goûtant pour leur montrer que ça n'était pas si horrible qu'ils le prétendaient. Cependant, à peine quelques secondes suivant le moment où les quelques gouttes eurent touché sa langue, une vive brûlure emplit tout son palais et elle se mit à tousser sans pouvoir s'arrêter.

«Ah ! Elle essayait de nous empoisonner mais nous avons déjoué son plan !» s'exclama Sero avec drame sous les rougissements de la brune qui remercia Izuku quand il lui apporta gentiment un verre d'eau, ayant suivi l'affaire de loin. Elle ne savait même plus si elle était rouge après avoir ingéré autant de piment concentré ou si le moment en lui même la mettait mal à l'aise.

Cependant, Ochaco n'eut pas le temps de les prévenir que l'eau ne ferait qu'empirer les choses que l'ancienne vilaine sentit le feu dans sa bouche s'amplifier sous les dizaines d'excuses dépitées du vert. Son visage était devenu presque violet.

«Je suis vraiment désolée, pardon, pardon, pardonne-moi Misoga, je ne savais pas,» couina Deku alors qu'elle continuait de tousser, essayant de lui répondre entre deux crises que ce n'était pas grave. Puis, voyant le premier aliment traîner, elle récupéra alors un morceau de carotte qu'elle croqua à pleine dent, machonnant comme elle le pouvait pour faire disparaître la brûlure du piment.

Quelques longues secondes après, cette dernière s'était atténuée dans un profond soulagement et elle se rendit pleinement compte du fait que Denki s'appuyait sur Sero pour rire à gorge déployée, que Tsuyu penchait sa tête sur le côté avec l'air de l'observer étrangement tandis qu'Ochaco réconfortait la mine défaite d'Izuku avec amusement.

«Ça m'apprendra à faire confiance à un brocoli,» grommela-t-elle avec un humour décalé qui figea le petit groupe. «Quoi ? C'était trop limite ?» s'inquiéta-t-elle alors en voyant les yeux d'Uraraka s'ouvrir en grand alors qu'elle tournait les talons en direction de Mina, un grand sourire calculateur sur son visage rond. Kagame la suivit du regard, interloquée. De son côté, Midoriya secoua la tête, l'air d'en savoir plus qu'elle.

«Non, pas du tout,» lui fit-il avec joie, ce qu'elle trouva étrange dans ce contexte où elle venait de se moquer de lui, mais particulièrement rassurant car elle n'aurait pas voulu créer de malaise. Sans chercher plus loin, la jeune femme haussa alors les épaules, jetant un regard à son plat en se demandant s'il fallait le jeter. Elle n'en avait pas vraiment envie mais il fallait se rendre à l'évidence, c'était inmangeable. Kaminari s'approcha d'elle.

«Je ne pense pas que ce soit la peine de s'empoisonner,» souffla-t-elle, déconfite. Mais le garçon la rassura bien vite.

«C'était du sérieux, tout à l'heure. Bakugo et Kirishima aiment bien ce qui est épicé.»

«Je ne crois pas que tu comprennes vraiment,» protesta la brune en secouant la tête mais le jaune ricanna.

«Tu verras,» lui assura-t-il avant de récupérer une planche et de l'aider à terminer le découpage des légumes en laissant la viande tremper dans le jus. Kagame renifla, peu convaincue.

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Note de l'auteur : N'hésitez pas à me donner vos impressions sur ce chapitre même s'il ne s'y passe pas grand chose. Un peu d'intéraction avec tout le monde, cependant.

Karanese