Note de l'auteur : Un retard d'une semaine qui sera pardonné avec un deuxième chapitre. J'espère qu'ils vous plairont ! On arrive vers la fin de la première partie, petit à petit. Il ne reste plus vraiment d'avance non plus. Je vous tiens au courant !

Pairing : Katsuki.B x OC.

Rating : T

Disclaimer : L'univers de BNHA ne m'appartient pas, seuls mes personnages et mon histoire sont miens. Ô grand désespoir.

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Revenge lurks in the sky

Chapitre XV :

Fear and confession

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«Il le mange vraiment,» souffla la brune, stupéfaite en observant l'explosif mordre à pleines dents dans le curry et l'avaler sans grimacer, reprenant une bouchée comme si elle était la dernière et qu'il risquait à tout moment de la perdre.

À ses côtés, Kyoka se pencha vers elle.

«Tu en doutais ?» se moqua-t-elle en observant son air interloqué. La brune continua d'observer Katsuki durant quelques secondes avant de hausser les épaules en secouant la tête.

«À tort,» se contenta-t-elle de répondre, prenant à son tour la dernière bouchée de son assiette. Elle n'avait pas prit grand chose, du moins pas autant que le reste de la classe, son ventre noué à l'idée d'aller prendre une douche dans ce qui était d'assez grands bains thermal japonais, bien évidement communs. Les filles y allaient d'abord, de toute façon, mais ça ne cessait de la tourmenter depuis qu'Aizawa lui avait demandé de confier sa phobie.

Ainsi, elle décida de se lever de table, croisant Midoriya alors qu'elle allait déposer sa vaisselle dans un seau rempli d'eau chaude. Il lui accorda un sourire qu'elle lui rendit avec légèrement moins d'expressivité.

«Tu n'aurais pas vu Kota ?» lui fit-il soudainement alors qu'elle le dépassait, ce qui la fit se retourner vers lui. Elle lui répondit à la négative, ce qui eut l'air de le décevoir.

«Mais je vais dans les dortoirs. Je te préviendrai si je le croise,» lui assura-t-elle, voyant qu'Izuku n'était pas rassuré. Pour autant, le petit garçon n'avait pas eu l'air de l'apprécier et elle ne comprenait pas pourquoi il était donc à sa recherche. Seul son esprit bienveillant et amical possédait la réponse, très certainement.

Ainsi, elle remonta le long de la forêt, ignorant la peur qui la prenait en observant les ténèbres. Les craquements de branche, les ombres mouvantes qu'elle croyait voir... C'était comme si la carapace qu'elle avait érigée pour être une vilaine puissante s'était fissurée à son entrée chez les super-héros.

Et, comme si elle avait besoin de se prouver le contraire, qu'elle n'était pas devenu une loque qu'un simple bruit effraierait, la jeune femme fit quelques pas en évitant souplement les arbres, s'enfonçant dans la noirceur épaisse.

Les cris de joie de sa classe s'étaient fait moins forts, comme absorbés par les troncs massifs et le feuillage dense. Elle voyait la lumière plus loin, pouvait encore sentir le curry épicé dans ses narines, mais c'était comme si des mains puissantes étaient venues la saisir et l'avaler, l'enfonçant sous un épais voilage.

Est-ce que tu as peur parce que tu es du côté des proies ?

Dans son monde, il n'y avait eu que deux camps. Celui des vilains, lesquels ne pouvaient avoir peur en vivant au-dessus de tout. Que pouvait-on contre elle quand elle n'avait ni culpabilité, ni sentiments qui la feraient douter au dernier moment ? Elle n'était pas quelqu'un comme Izuku. Elle ne se serait jamais sauvée. Car lui faisait partie de l'autre camp. Celui des gentils, des super-héros que l'on admirait avec des yeux brillants. Mais la responsabilité était accablante, le moindre faux-pas coûtait. Peu importait combien de personnes avaient été sauvées, l'attention se portait sur les quelques victimes. C'est ce qu'on attendait des héros : leur irréprochabilité.

Mais elle, qui était-elle ? Son futur était paré d'un tissu tâché de sang et de boue contre lequel elle ne pourrait jamais rien. Elle se demandait parfois si sa volonté et ses remords suffiraient, mais elle en doutait. On ne blanchissait pas des années à croire en sa légitime suprématie.

«Qu'est-ce que tu fais ici ?» fit alors une voix derrière elle et Kagame sentit son cœur rater un battement alors qu'elle se tournait fébrilement en direction de la silhouette cachée entre les arbres. Elle soupira légèrement en reconnaissant Shoto, enfonçant ses mains dans ses poches et haussant ses épaules.

«Et toi ?» lui fit-elle en retour, cachant qu'elle ne l'avait à aucun moment entendu. Elle qui était toujours aux aguets voyait ses instincts décliner.

«Je t'ai vue,» répondit-il d'une voix neutre mais sincère. C'était aussi simple que ça. «Alors ?»

«Je voulais me balader,» lança-t-elle sans parler de son challenge puéril, lequel ne servait qu'à la rassurer sur sa peur de l'obscurité. Elle remarqua alors qu'il ne plissa pas les yeux, ne déforma pas son visage grignoté par une cicatrice rougeoyante, mais elle sentit qu'il était méfiant. De quoi ? Cela restait un mystère. La brune changea de sujet. «Je ne t'ai jamais remercié, pour le centre-commercial.»

À ses mots, il fronça ses sourcils, l'air de ne pas comprendre où elle voulait en venir.

«Tu sais, face aux deux vilains. Je n'aurais jamais pu me défendre seule et protéger Uraraka,» précisa-t-elle mais il comprit en cours de route. Elle l'avait déduit en le voyant s'approcher d'elle pour se poser à ses côtés et adopter la même posture. Quelque chose à mi-chemin entre la nonchalance et la réflexion. «Alors merci. Et puis, pour tout le reste aussi. Je n'ai jamais rencontré quelqu'un avec deux alters comme moi.»

Shoto lui lança un regard en coin avant de hausser les épaules.

«Tu as fais le plus gros en nous indiquant votre position et que quelque chose se passait. Ce n'était pas la meilleure des stratégies pour ensuite te défendre, cependant,» lui indiqua-t-il alors qu'elle plissait son nez. La jeune femme le savait mieux que quiconque et ce n'était pas agréable de l'entendre d'un tiers.

«Comment est-ce que tu fais ?» lui demanda-t-elle alors, faisant face à son visage calme. «Je veux dire, pour te battre avec tes deux alters en même temps ? Pour arriver à tout contrôler, tout maîtriser sans...»

«... sans blesser ?» termina-t-il sa phrase alors qu'elle cherchait la meilleure manière d'exprimer sa pensée. Mais il avait compris. Plus vite qu'elle. Kagame hocha faiblement la tête.

«Parce qu'il faut penser à défendre les civils. On ne peut pas toujours tout lâcher et faire le plus de dégâts possibles. J'envisage simplement le futur, quand je défendrai la population. Ce seront eux la priorité.»

«Je vois,» souffla-t-elle en observant ses paumes. Elles étaient rosées, marquées par les plis mais aucune cicatrice n'y figurait. Rien qui ne témoignait de sa foudre meurtrière, du chaos qu'elle provoquait. Tout finissait par s'effacer, sans laisser de trace.

Mais sa mémoire était marquée, ses gestes, sa façon de penser étaient la conséquence directe de son enseignement. Elle qui se pensait si forte, si entrainée... Elle n'était qu'un pantin désarticulé attendant désespérément que quelqu'un reprenne ses ficelles. Pour qui vivait-elle ? Pour quoi ?

Le vent souffla entre les arbres, libérant une apaisante odeur de sève et d'humus.

«J'aimerais apprendre,» glissa-t-elle en posant ses deux orbes dorées sur son visage. Il la regardait, lui aussi. «Je ne sais pas faire dans la finesse et je m'appuie toujours sur la puissance de mes alters. C'est ce que m'a dit le professeur Aizawa. Et, il a raison.»

Les sourcils du garçon se froncèrent et il coula un regard en direction des éclats de voix plus loin.

«Tu ne sais pas prendre d'initiatives non plus. Et, au corps à corps, tu ne prévois pas assez les coups de ton adversaire. C'est comme ça que Bakugo t'a mis au tapis sur la plateforme.»

Kagame se figea en le voyant débiter le reste de ses faiblesses. Mais il n'avait pas fini car il plissa ses yeux.

«Tu ne sais pas amortir tes chutes avec ton corps, tu le fais toujours avec ton alter. Tu hésites, tu te retiens quand il est question d'attaques plus précises et plus efficaces. Et,» il s'arrêta, hésitant, avant de hausser les épaules après un dialogue intérieur. Après tout, même s'il n'était pas le mieux placé pour lui dire, force était de constater que c'était vrai. «... tu n'utilises jamais tes deux alters en même temps. Est-ce que tu sais que tu peux le faire ?»

La brune ne répondit pas tout de suite, trop paralysée pour aligner quelques mots. Toutes ses failles étaient-elles si visibles ? Il les énonçait avec tant de flegme, de désintérêt qu'elle crut un instant qu'il donnait le dernier bulletin météo. Mais ce n'était pas ça, n'est-ce pas ? Elle avait bien entendu.

«Pourquoi tu me dis tout ça ?» le questionna-t-elle, ses yeux écarquillés. Il la jaugea du regard avant de hausser les épaules une nouvelle fois. Ce n'était pas la première à tomber de son piédestal.

«Parce que tu m'as demandé comment je suis arrivée à ce niveau-là. J'ai travaillé mes faiblesses. Il faut accepter que chaque nouvelle épreuve te fait régresser.»

Kagame serra ses poings, impuissante. Il avait raison. Son entraînement sportif, la puissance de ses pouvoirs, les cours. Elle continuait de pousser la barre plus haut sans penser à tout le reste qui mériterait qu'elle se dépasse. Parce que ça lui faisait peur d'être de nouveau au plus bas de l'échelle. Pour autant, elle avait senti qu'elle perdait de l'avance comparé aux autres élèves. Il était plus facile de monter en niveau quand on partait de loin et ses maigres réussites semblaient bien dépassées.

«Tu devrais retourner avec les autres,» lui fit-elle en initiant le premier pas en direction de la pension. Avec tout cela, elle avait oublié qu'elle devait encore aller se laver. Les filles devaient déjà y être mais elle ne comptait pas les rejoindre. Shoto acquiesça et ils sortirent tous deux de la forêt dans un silence pensif. «Je travaillerais mes faiblesses,» lui rajouta-t-elle avec conviction alors qu'il se tournait doucement vers elle, lui lançant un regard en coin avant d'incliner la tête en signe d'assentiment. Il n'y avait rien à rajouter et elle suivit sa silhouette jusqu'à ce qu'elle disparaisse en direction des bains thermaux.

Ça ne va pas être simple, songea-t-elle en soupirant, les épaules basses. Le lendemain serait un jour où elle pourrait mettre en application les conseils de Todoroki. Peu importe l'entraînement qu'on lui avait organisé, elle ferait en sorte de sortir de sa zone de confort. Elle n'aurait pas le choix, de toute façon. Avec sa prothèse et ses problèmes de santé, elle se demandait ce qu'ils pouvaient bien lui avoir préparé.

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Aussi quand, plus tard dans la soirée, elle entendit les rires des filles retentir derrière la porte de leur chambre, Kagame se releva de sa petite couchette et prit ses affaires. Elles étaient revenues de leur bain et la jeune femme pouvait enfin s'y rendre. La première à lui faire face fut Momo.

«Oh, Misoga, tu attendais ?» lui fit-elle, soucieuse qu'elles aient été longues mais la jeune femme lui adressa un petit sourire en coin.

«Non, non, ne t'en fais pas,» lui assura-t-elle en serrant ses affaires contre elle. Un jogging gris et un débardeur noir, en plus d'une serviette douce qui sentait la lessive. Rien qui ne laisserait penser qu'elle préférait mourir que rentrer dans une étendue d'eau aussi chaude. Ne pouvaient-ils pas avoir des douches comme tout le monde ?

Ses camarades lui souhaitèrent un bon moment, ce à quoi elle inclina légèrement la tête, crispée. Seul le regard d'Ochaco resta gravé sur sa nuque jusqu'à ce que la porte ne se referme derrière elle. Par ailleurs, quand elle s'approcha des bains après avoir marché quelques mètres, elle se stoppa. En vue des rires graves, il restait encore quelques garçons dans les bains mais après une seconde d'hésitation, elle ne s'y attarda pas, concentrée à ne pas trembler. Peut-être pourrait-elle se contenter de tremper un gant ? Après tout, elle devait pouvoir se poser quelque part sans devoir s'immerger ?

Aussi, lorsqu'elle ouvrit la porte, l'ancienne vilaine fut acculée par la vapeur qui se dégageait du bain et dû se retenir de fuir. La chaleur la prenait à la gorge et rendait ses pas moins sûrs, comme si dans le brouillard elle pouvait à tout moment tomber dans l'eau. Bien vite, cependant, elle repéra un rebord et après avoir verrouillé derrière elle, Kagame consentit à se déshabiller en se tenant loin de l'étendue. Son cœur avait du mal à réagir en écho à sa panique et elle se sentit vite fatiguée alors qu'elle défaisait sa prothèse.

Sentant la présence de Kaminari derrière l'immense mur de bois, elle aspira très légèrement de son électricité, à peine ce qu'il fallait pour une décharge et se l'envoya directement au cœur. Le brouhaha des voix se stoppa un instant.

«Misoga ?» entendit-elle derrière la cloison, ce à quoi elle répondit d'un "mh ?" maîtrisé. Elle n'arrivait pas à reconnaître qui était avec Kaminari. «Tout va bien ?» lui demanda-t-il et elle se rendit compte qu'il savait les raisons pour lesquelles elle avait besoin de s'envoyer une décharge. Sa gorge s'assécha et la jeune femme se maudit.

«Oui, oui,» grinça-t-elle en jetant un regard dégoûté à son moignon. Cette absence, ce trou, elle ne pouvait pas le regarder plus longtemps. Ainsi, malgré son temps d'hésitation, les voix reprirent doucement de l'autre côté et elle soupira en récupérant un gant. C'était le moment où elle devait s'approcher et ce n'était pas pire que la piscine, de toute façon. Elle se le répétait.

Au-dessus de sa tête, la voûte étoilée était masquée par les volutes blanches du bain qui formaient comme un nuage fumeux. Kagame sentait déjà ses cheveux s'affaisser et ses pointes se recouvrir d'une fine pellicule d'humidité, lui donnant l'impression désagréable d'être dans l'eau. Même lorsqu'elle chercherait à s'en dérober, cette dernière venait tout de même la narguer, lui faisant ressentir comme un étau invisible dans lequel on l'aurait enfoncée.

Les rires et la bonne humeur de Kaminari l'avait préservée de la panique à la piscine, rendant le moment agréable et surtout maîtrisé. Mais, sa solitude actuelle la poussait à faire front seule et ce n'est qu'après avoir soupiré plusieurs fois qu'elle trouva la force de se pencher en avant, avisant l'étendue trouble comme si des mains pouvaient en sortir et l'attraper, pour fébrilement tremper son gant.

Ce dernier se mit à gonfler, absorbant l'eau chaude et le parfum agréable mais Kagame l'essora presque aussitôt pour frotter par la suite un savon à la fleur d'oranger, imprégnant le tissu d'une odeur entêtante.

Elle passa lentement le linge sur son épiderme, avec plus de précaution sur ses cicatrices violines qui se perdaient au milieu de la blancheur de sa peau et qu'elle trouvait douloureuses dans ces moments de pleine vulnérabilité. Par ailleurs, son corps continuait de réagir à l'environnement trop humide et hostile, de la même manière qu'un danger la guetterai pour l'attaquer derrière son dos. Son esprit ne cessait de la faire s'imaginer tomber dans l'étendue en ne pouvant rien faire d'autre que se sentir couler, impuissante. Mais il y avait aussi le souvenir bien réel de ses os brisés à la surface de l'océan, la brûlure infernale du liquide salé dans ses poumons alors qu'elle se retrouvait paralysée puis la noirceur qui l'avait petit à petit entourée.

La brune inspira soudainement, sortant d'apnée. Il y avait bien le remous du bain qui lui parvenait à l'oreille, mais derrière la cloison, il n'y avait plus aucune discussion. Elle était définitivement seule et cette simple pensée suffit à la plonger dans un nouveau stade d'angoisse. Si sa raison lui indiquait très clairement l'immobilité de son corps nu et posé sur un rebord de pierre lisse, sa vue, en revanche, rendait les formes imaginaires qui se mouvaient dans la vapeur menaçantes. Kagame enserra son gant devenu rèche en tremblant.

Tout ça n'est que le fruit de mon imagination, rien n'est réel, tout va bien, se répéta-t-elle pendant de longues secondes comme un mantra. Mais comment pouvait-elle en être certaine ? Comment ne pas croire en ce qu'elle voyait quand tout lui semblait si.. vrai ?

Un gémissement plaintif sortit de sa gorge et la brune se crispa. Elle ne pouvait pas, ce n'était pas possible. Elle avait beau en avoir eu l'espoir, force était de constater qu'une fois encore, la panique s'était emparée d'elle. De cette même manière, la jeune femme se releva avec peine, s'appuyant sur ses bras. Sa tête lui tournait, la chaleur montait à son visage comme on aurait pu l'enfermer dans un four et sa respiration se fit chaotique. En quelques secondes à peine, le contrôle qu'elle avait réussi à développer venait de s'évanouir, sa raison avec.

Aussi, quand elle se mit sur sa seule jambe et perdit l'équilibre, elle craignit si fort de tomber qu'elle utilisa son alter vent avec beaucoup trop de force, se propulsant contre la cloison, laquelle absorba le choc avant qu'elle ne s'écroule par terre, pitoyable et tremblotante.

C'est à peine si elle arrivait à retenir ses tremblements, lesquels agitaient son corps en de puissants soubresauts. Il n'y avait plus de notion du temps, ni de son environnement, juste le besoin irréfutable de fuir loin et d'inspirer l'air frais de la nuit. Ses doigts fripés lui donnaient envie de s'arracher les mains et elle se saisit d'une serviette épaisse comme on se saisirait avec désespoir d'une main tendue lors d'une chute, s'enroulant dedans avant de provoquer une puissante rafale qui souffla la vapeur en direction du ciel, faisant se perdre les étoiles dans le brouillard.

C'était vital, sortir de là avant qu'elle ne finisse vraiment par étouffer.

Kagame se jeta sur la poignée, poussant contre la porte de toutes ses forces sans se rendre compte qu'elle avait simplement volé jusque là. Elle enfonça son épaule une première fois, voyant que cette dernière la retenait prisonnière dans l'étau infernal et donna un deuxième coup de poing sans jamais songer une seule seconde au fait qu'elle l'avait simplement verrouillée en arrivant.

«Bon sang...» fit-elle alors que sa voix se cassait en un sanglot meurtri. Elle imaginait un poids maintenu contre la porte, l'empêchant de partir. Puis son souffle se coupa en entendant un déclic se faire et elle ne perdit pas de temps, donnant une puissante bourrasque en arrachant presque les gonds et faisant face à une obscurité fragmentée par la lueur chaude des multiples torches bordant le sentier. Sans pouvoir se retenir, l'ancienne vilaine s'écroula à terre, serrant son corps tremblant dans sa serviette en prenant de grandes goulées. Elle était saine et sauve, elle était sai-...

«Mais qu'est-ce que tu fous ?» fit alors une voix qui la figea alors qu'elle levait sa tête et croisait le regard rouge carmin de Bakugo. Il portait un jogging gris et un débardeur noir orné d'une tête de mort. Kagame ouvrit plusieurs fois sa bouche, à l'opposé du soulagement qu'elle venait de ressentir juste avant. Il la fixait, interloqué, et elle frissonna en sentant ses mèches humides frôler ses épaules. Nues.

«Qu-...» commença-t-elle avant de comprendre dans quelle situation elle se trouvait. Ses joues virèrent au cramoisi et elle remarqua à peine que le blond, derrière son air renfrogné, avait lui aussi une rougeur sur ses pommettes. Il avait pudiquement détourné sa tête mais le mal était fait, c'était à peine si elle arrivait à penser correctement. «Mes affaires. Elles sont là-bas,» réussit-elle à communiquer pour rompre la chaîne de malaise qui s'installait entre eux. Pour autant, à ses mots, il enfonça ses mains dans ses poches et grogna.

«Qu'est-ce que ça peut me foutre ? Tu peux pas aller te les chercher toi-même au lieu de te balader à moitié à poil ?»

Il ne la regardait pas mais elle pouvait sentir sa gêne dans la tension de ses épaules. Elle, elle n'arrivait pas à se détourner de lui, trop effrayée à l'idée qu'il regarde en direction de sa jambe, laquelle était à peine cachée par un bout de serviette. Au bout de quelques secondes, elle consentit cependant à baisser ses yeux, son égo au fond d'une benne.

«S'il te plaît,» souffla Kagame en ayant l'irrépressible envie de pleurer. Fatigue, trop plein, contrecoup de ses blessures elle ne savait pas mais elle était arrivée au point de non-retour où elle voulait simplement fuir et ne jamais revenir. Cependant, face à sa détresse et n'ayant aucune intention de coucher sur place, Katsuki lâcha un "tss" et la dépassa en rentrant dans les bains réservés aux femmes. Il trouva un tas de vêtements sales dans un petit sac de tissu, un autre soigneusement plié qu'il identifia comme ses affaires de pyjama et qu'il récupéra sans s'attarder sur ses sous-vêtements puis, à côté, une prothèse de carbone qui le figea.

Cette idiote était-elle aussi mal pour ce simple détail ? Il bougonna en secouant la tête, revenant vers sa silhouette toujours dans la même position. Sa serviette était assez grande pour recouvrir son torse et ses cuisses mais il voyait à quel point elle était crispée, sa main enserrant avec force ce qui était le haut de sa jambe gauche.

«T'as vraiment un grain,» lâcha-t-il en lui posant ses affaires qu'elle s'empressa de maintenir contre sa poitrine, soupirant de soulagement. Cependant, il croisa son regard perdu et ne prit même pas la peine de cacher sa prothèse qu'il tenait dans sa main. Elle était plutôt bien calibrée, ce qui rendait l'expérience étrange. On aurait dit un vrai tibia. «C'est ça que tu veux, jambe-de-bois ?»

Le surnom ne la fit même pas réagir, elle était simplement tremblante par terre, sûrement bonne pour se doucher une seconde fois.

«Ne joue pas à ça, Bakugo,» articula-t-elle avec menace mais il voyait à quel point elle se sentait impuissante. Il en ressentit même une once de satisfaction, la voyant aussi faible face à lui. Elle ne pouvait plus se cacher, elle ne pouvait plus le regarder avec sa flegme insupportable, elle était juste insignifiante.

«Sinon quoi ?» lui demanda-t-il avec méchanceté en écho aux paroles qu'elle avait prononcé contre lui durant la soirée. Face à sa réaction puérile et méchante, elle esquissa un sourire jaune en baissant ses yeux sur ses poings serrés. À quel point avait-elle pu se tromper sur les intentions de ce que la société appelait les futurs super-héros ? Ce n'était même pas le tiers de ce qu'elle avait vécu à l'Armée.

«Rien, c'est vrai,» murmura-t-elle, la gorge nouée, encore sous le choc de sa manière d'agir. Elle était à terre, humiliée et dans la pire des positions mais il trouvait encore le moyen de la rabaisser.

Mais face à sa seule réponse, le blond tiqua. Il n'aimait pas ça. Il n'aimait pas être un bourreau de cette façon, surtout dans un moment où elle ne pourrait se défendre. Si c'était pour la cueillir parce qu'elle n'était pas foutue de se relever et de le remballer, alors il n'y avait aucun plaisir. Il renifla avec mépris en la contemplant dans sa médiocrité.

«C'est bon. J'vais rien en foutre de toute façon,» grinça-t-il en lui rendant son précieux, se détournant pour la laisser se rhabiller sans savoir pourquoi il ne partait tout simplement pas. Ce n'était pas comme s'il se souciait d'elle.

Aussi, à peine lui afficha-t-il son dos qu'il pu entendre le bruit d'un tissu tomber au sol et des frottements rapides. Puis quand il vit au bout de quelques minutes, dans le coin de son œil, sa silhouette de nouveau debout il se retourna et la fixa, sa mâchoire crispée. Comme il s'y attendait, elle avait reprit son visage neutre et seules ses épaules rentrées témoignaient de l'épisode qu'ils venaient de vivre. Les deux se regardaient en silence jusqu'à ce que la brune décide de s'en aller comme un animal meurtri mais fier. Il était hors de question que Kagame reste une seconde plus sous son air dédaigneux et elle le dépassa avec l'envie de vomir.

«C'est quoi ton problème ?» lui lança-t-il alors soudainement avec agressivité tandis qu'elle se stoppait. Elle l'entendit se tourner vers elle. «C'est quoi ton putain de problème ?!» répéta-t-il face à son mutisme. L'ancienne vilaine était paralysée. Pour autant, alors qu'elle le sentait s'énerver, elle serra sa mâchoire.

«J'ai la phobie de l'eau,» lâcha-t-elle soudainement, ce qui avorta tout mouvement de rage de la part de l'explosif. C'était ce que voulait Aizawa, n'est-ce pas ? Le blond la lorgnait, interloqué. Il ne la croyait pas, il ne pouvait pas le croire.

«Tu te fous de ma gueule ?» répondit-il avec agacement après un léger temps d'arrêt en pensant qu'elle se moquait complètement de lui mais Katsuki abandonna son expression plissée quand il comprit qu'elle ne mentait pas. Ses yeux dorés et légèrement humides étaient posés sur lui, sa frange brune plaquée anarchiquement sur son front et sa cicatrice qui gâchait son visage. Il avait toujours trouvé que cette balafre lui donnait un sale air, cassant ses traits arrondis et ses grands yeux expressifs. Et pourtant, il n'aurait pas su dire pourquoi à ce moment-là, elle la rendait simplement plus humaine. Il enfonça ses poings dans ses poches et détourna le visage, renfrogné. Il déraillait complètement. «Tu vas me dire qu'en plus d'être handicapée, t'es pas foutue de te doucher sans taper une crise ?» finit-il par rétorquer, enfouissant ses pensées au fin fond de son cerveau.

Et face à la violence de ses mots, il vit le visage de la jeune femme se décomposer avant de s'assombrir progressivement alors qu'elle serrait la mâchoire et se détournait de lui pour emprunter le sentier sans répondre, les muscles de son dos roulant au fil de ses pas alors que son débardeur laissait voir quelques bouts d'une peau laiteuse.

«Oï ! T'as paumé ta répartie, jambe-de-bois ?» lui lança-t-il sans vraiment réfléchir.

«Qu'est-ce qui te fait penser que c'est un jeu ?» articula-t-elle en revenant finalement sur ses pas, figée. Elle lui fit rapidement face, s'approchant comme si elle s'apprêtait à le frapper. Il fronça ses sourcils et serra ses dents, se mettant en position de combat. Kagame eut un rire sarcastique en le voyant faire. «C'est ça que tu veux ? Que je m'abaisse à te frapper la première et te donner une bonne raison de me le rendre au centuple ? Tu en as envie, hein ? Tu veux me mettre à terre ?» siffla-t-elle, hors d'elle. Il contracta un peu plus ses poings.

«J'en ai rien à carrer, j'ai pas besoin d'autorisation pour casser du vilain,» gronda-t-il avec provocation, ce qui la fit bouillonner à son tour.

«Alors t'as rien compris hein,» débita-t-elle en tremblant de colère. «J'ai essayé, vraiment. J'ai fais tout ce qu'il fallait pour qu'à défaut d'être amis, on puisse au moins être camarades, mais même ça c'est trop compliqué. Alors qu'est-ce que tu veux ?! Je partirai pas d'ici, je partirai pas de cette classe et tu devras supporter ma présence jusqu'à la fin de tes études, tu comprends ?! Je ne vais certainement pas m'excuser d'exister en sachant très bien ce qui m'attend par la suite. En fait, je devrais te remercier pour toutes tes provocations. Elles ne feront que m'endurcir et me préparer au reste.»

Kagame termina sa tirade, légèrement essoufflée mais soulagée d'avoir pu sortir tout ce qu'elle pensait. Elle n'en avait pas bavé pour simplement s'abaisser aux réflexions haineuses du blond. Ce dernier la fusillait du regard.

«Si tu veux de la pitié, fallait tomber sur l'autre tâche. Tout ce que je vois, c'est une putain d'hypocrite qui chiale. Le jour où t'arrêteras de faire semblant, tu pourras la ramener, jambe-de-bois,» cracha-t-il en sa direction, vif et blessant. La brune recula d'un pas.

«Parce que je fais semblant, selon toi ?» souffla-t-elle, estomaquée. Il lâcha un "tch".

«Faudrait être aveugle pour pas le piger.»

Alors c'était ça ? Il voulait savoir qui elle était ? Non, mieux, il voulait voir qui elle était vraiment ? Sans prévenir, elle lui retourna un coup de poing qu'il ne put parer, lui faisant tourner la tête avec violence. Mais il ne perdit pas de temps et s'enflamma presque immédiatement. Kagame bouillonnait.

«PUTAIN DE CONNE ! CRÈVE !» gronda-t-il en préparant une explosion qu'elle souffla en lui lançant une puissante bourrasque. Ses yeux étaient deux armes prêtes à la descendre sur place mais elle ne dérida pas son visage fermé. Elle se contentait de le fixer, insensible à sa haine. Il envoya une première explosion qu'elle évita, assez loin pour ne pas souffrir de ses faiblesses. Sans hésiter, alors qu'il préparait une détonation, la jeune femme enserra sa gorge avec son vent, augmentant la pression. Il suffoqua.

Elle le prenait en traître, du début à la fin. Du moment où son poing s'était écrasé contre sa pommette jusqu'à la dernière seconde, tout s'était enchaîné sans qu'elle ne fasse autre chose que contrôler son alter. Au bout d'un petit temps, ses pupilles étaient si rétrécies qu'elle songea un instant à ce qui lui ferait endurer quand elle le relâcherait. Mais elle n'avait pas fini et même si elle restait à distance pour ne pas se prendre une explosion, Kagame desserra sa prise, ses traits crispés.

«C'est ce que tu voulais voir ?» commença-t-elle, essouflée par l'émotion et ce qu'elle venait d'oser faire. Elle n'en revenait pas. «Si tu réponds, tu ne vaudras pas mieux que ceux que tu combats.»

Et, sur ces mots, elle laissa petit à petit tomber son alter, se contentant de rester immobile, attendant sa revanche en le voyant reprendre sa respiration, ses yeux sombres posés sur elle.

Il avait l'air d'un loup affamé prêt à se jeter sur sa gorge pour la déchiqueter. Sa respiration était profonde, secouant son torse et ses cheveux étaient encore plus en bataille que d'habitude. Il allait la démolir, c'était certain, mais elle tiendrait parole. Ce qu'il attendait d'elle n'arriverait plus parce qu'ils faisaient désormais partie du même camp. Pouvait-il comprendre que la donne avait changé et qu'elle n'avait plus les mêmes intentions qu'auparavant ? Chaque vie était précieuse, Todoroki le lui avait encore rappelé. Quelle différence entre elle et son ancienne famille, sinon ? Elle n'avait pas fait tous ces efforts, souffert autant, pour que l'on continue à la voir comme une vilaine.

Aussi, alors qu'elle se préparait à se prendre un coup, il ne bougea pas. Pire, elle voyait avec clarté le dilemme en lui, sa colère qui lui dictait une revanche quand l'autre... Qu'est-ce qui le faisait hésiter, d'ailleurs ? S'était-elle trompé sur son impulsivité ? C'est à peine si elle fit un geste en le voyant finalement approcher d'elle puis la dépasser sans lui accorder un seul regard, scellant ce moment de la manière la plus étrange possible.

Ainsi, durant les secondes qui suivirent, l'adolescente se contenta de fixer, interloquée, la porte légèrement tordue du bain thermal, les branches des sapins qui s'agitaient et les flammes se mouvant dans leur socle sans trouver de raison à ce qu'elle venait de vivre ce soir.

Et, sans conteste, avec l'impression que c'était toujours le cas avec Katsuki Bakugo.

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Note de l'auteur : Et la confrontation tant attendue ! Ça va, ça ne va plus, mais ils parlent !