Note de l'auteur : Deuxième chapitre, le double du précédent. Je n'en dis pas plus, j'espère qu'il vous plaira.

Pairing : Katsuki.B x OC.

Rating : T

Disclaimer : L'univers de BNHA ne m'appartient pas, seuls mes personnages et mon histoire sont miens. Ô grand désespoir.

...

..

Revenge lurks in the sky

Chapitre XVI :

Limits and test of courage

.

Le lendemain, la journée fut consacrée pour la seconde A à des entraînements sportifs intensifs, les laissant pantelants. De son côté, Kagame passait le plus clair de son temps avec Mandalay, laquelle lui avait aménagé un endroit pour l'utilisation de ses alters. Comme promis, la jeune femme suivait les mêmes enseignements, toutefois avec un jour d'écart qui lui permettait de respecter en surface la part du marché passé entre Aizawa et Vlad King.

«Vous voulez dire que je dois rester dans les airs le plus longtemps possible ?» questionna la brune en avisant le cercle tracé tout autour d'elle. La femme approuva et l'ancienne vilaine inspira profondément, ses bras dénudés laissant apparaître une chaire de poule peu commune compte tenu de la chaleur d'été. Elle avait un pantalon de sport et un débardeur noir encore sec, ce qui ne l'empêchait pas d'appréhender. Après tout, elle devrait tout donner pour continuer à progresser sur la puissance. Cependant, un détail l'interpellait. «Mais alors à quoi servent ces quatre batteries ?»

D'un sourire mutin, sa maître de stage recula d'un pas, sortant du cercle tracé au sol.

«Parce que tu vas voler et lancer des éclairs en même temps. Je veux que tu contrôles les deux. Ton alter vent pour te déplacer le plus longtemps possible et parallèlement la formation de ta foudre. Le plus fort possible.»

La jeune femme haussa un sourcil avant de croiser ses bras sur son torse, peu convaincue.

«Je ne peux pas lancer des éclairs si j'ai les mains prises avec mon vent.»

«Mais qui te dit que tu vas utiliser tes mains pour voler ?» s'amusa Mandalay en pointant ses deux pieds dont un n'était que le prolongement de sa prothèse. Kagame se sentit pâlir.

«Je n'ai jamais fait ça,» protesta-t-elle sans conviction, ce qui lui permit de comprendre qu'à part son malaise, elle n'avait rien qui allait contre les plans de la brune et qu'ainsi, elle ne pourrait pas longtemps refuser.

«Et il n'y a que nous deux. Tu vas travailler ton équilibre, avec une seule jambe je pense que les choses seront plus compliquées. Mais que ce soit pour voler les mains libres ou même lancer des attaques avec ton pied, il y a beaucoup de choses que tu te restreins. Et tu es ici pour dépasser cela n'est-ce pas ?»

À contre-coeur, la jeune femme hocha la tête, donnant raison à la super-héroïne. Il n'était pas possible pour elle de songer à utiliser ses jambes pour voler, considérant qu'il n'y en avait qu'une sur les deux qui pourrait lui servir et qu'ainsi, sans équilibre, elle était beaucoup plus faible. Mais il était vrai qu'elle s'appuyait énormément sur ses mains alors que chacune de ses extrémités réagissait à son alter.

Après s'être attachée les cheveux, Kagame commença doucement à s'envoler, conservant une once de tenue alors qu'elle contractait ses muscles pour ne pas basculer. La sensation était différente d'avec ses mains, comme si elle tenait en équilibre sur un fil. Naturellement, elle plia le genou, lui permettant de répartir sa masse corporelle et ainsi pouvoir se déplacer plus librement. En effet, c'était loin d'être aussi intuitif mais elle sentait qu'elle pourrait y arriver.

«Bien !» l'encouragea Mandalay avant d'approcher les batteries aux quatre points culminants du cercle. De ce fait, l'adolescente sentit plus qu'elle ne vit l'énergie l'entourer grossièrement. C'était intrusif, dérangeant alors que son corps cherchait à l'absorber quand son esprit tentait de se concentrer sur son vol. Mais, force était de constater que la jeune femme n'avait pas vraiment le choix de débuter son entraînement car en la voyant résister, l'héroïne augmenta la puissance des appareils.

Relâchant doucement son attention sur sa première tâche pour tenter d'ingérer l'énergie à petite dose et envoyer des éclairs de plus en plus puissants, Kagame ne s'attendait pas à se retrouver surmenée alors qu'elle glapissait en sentant l'électricité la traverser et se former au creux de son ventre dans un chatouillement imperceptible, ressortant inévitablement de ses paumes en produisant un grondement modéré. Pour autant, ce simple mouvement la déconcentra et elle atterrit sur ses deux pieds, n'arrivant pas à culminer ses deux alters. C'était un premier échec. Elle croisa le regard de Mandalay, laquelle la fixait en réfléchissant.

«Recommence, vas-y,» l'encouragea-t-elle d'un geste

Incertaine mais ne voulant pas aller contre sa requête, l'ancienne vilaine reprit le chemin des airs en inspirant pour garder l'équilibre sans utiliser ses mains. Malheureusement, dès que la brune remit en marche les appareils électriques, l'adolescente perdit de nouveau le peu d'harmonie qu'elle possédait et le ciel fut frappé d'un éclair alors qu'elle retombait sur ses fesses. Aussi, au bout d'une heure, l'excuse du début s'effrita légèrement alors que sa maître de stage s'était assise au sol, tendant son bras quand il fallait couper ou réactiver les batteries, n'ayant pas la foi de rester debout.

«Je vois que tes méthodes fonctionnent à merveille,» intervint alors le professeur Aizawa en sortant d'entre les arbres après un énième grondement retentissant de la part de son élève qui s'échoua pitoyablement sur le sol. Mandalay fit la moue, ne fonctionnant pas avec les remarques désagréables.

«Elle va y arriver, nous avons le temps,» protesta-t-elle alors que Shota haussait les épaules et se tournait vers Kagame, avisant le cercle dont elle était le centre. Elle n'était pas fatiguée, le problème étant plutôt que son incapacité à rester dans les airs sur une jambe commençait à lui peser.

«Recommence,» lui ordonna-t-il en enfonçant ses mains dans ses poches. La jeune femme hocha la tête et reprit sa posture initiale en s'envolant dans la même rengaine, peu emballée. Pour autant, elle ne s'attendait pas à ce que l'homme envoie d'un geste vif plusieurs chausse-trappes sur toute la surface du cercle, la dissuadant de retomber. Elle serra la mâchoire. «Je préfère largement le bâton que la carotte. C'est bien plus efficace,» déclara-t-il avec flegme alors que Kagame jetait un coup d'œil à Mandalay qui hésitait à allumer les batteries, redoutant ce qu'il pouvait arriver ensuite en vue du peu de résultat qu'elles avaient obtenu. «Allume les batteries,» somma le professeur sans une once de pitié en observant les sourcils de l'étudiante se froncer de concentration.

Aussi, quand elle sentit l'énergie forcer le passage, ou tout du moins son corps réclamer son absorption, elle ferma les yeux, séparant mentalement ses deux alters. C'était comme le chemin progressif de deux énergies en elle qui se croisaient. Mais il lui fallait tendre les bras et supporter la secousse de sa foudre tout en conservant sa posture droite, ce qui n'était en rien facile. Elle était comme une mauvaise funambule sur un fil tendu, dans un équilibre bien trop précaire pour être menacé par des pics sous ses pieds.

Pour autant, Kagame se rendit compte trop tard que sa déconcentration l'avait fait absorber bien trop d'énergie et elle tendit précipitamment une main en l'air pour en relâcher une partie sans être trop ébranlée, son coeur faisant un raté quand le premier éclair traversa sa paume et atteignit le ciel. Elle glapit, son genou se pliant pour retenir sa chute alors qu'un vide du côté de sa jambe droite lui rappelait difficilement qu'elle ne pouvait l'utiliser pour son alter. Sa silhouette se renversa, sa main gauche fonçant dangereusement en direction des pointes et elle se propulsa une nouvelle fois dans les airs avec force, s'élevant de plusieurs mètres en envoyant le reste de sa foudre s'échouer contre le flanc de la montagne.

Un bloc de roche se brisa violemment sous l'impact, roulant le long de la pente dans un tonnerre d'entrechoquement assez fort pour stopper les cris de Koda. Elle croisa à peine son regard effrayé avant que la gravité ne la rappelle, tombant en pic au centre du cercle blanc. Sans s'importer de l'exercice, elle tendit ses deux paumes et s'écarta des chausse-trappes dans un mouvement souple, atterrissant de justesse à côté du cercle en amortissant sa chute maladroitement.

C'était moins une, songea-t-elle avec soulagement devant la précision de ce qu'on lui demandait et son échec certain. Elle avait au moins la chance de ne pas être blessée. Mais ce sentiment ne fut que de courte durée quand elle vit qu'Aizawa n'avait pas l'air satisfait, loin de là. Ses lèvres étaient tordues derrière ses bandages.

«Tu ne fais pas ce qu'on te demande. Laisse tomber les pirouettes et concentre toi sur l'utilisation de tes deux alters,» s'agaça-t-il avec assez de fermeté pour que la jeune femme comprenne qu'il voulait voir de l'effort chez elle et pas des parades qui lui permettraient d'éviter l'exercice indéfiniment.

«Heureusement que vous me le dites, vous ne me prêteriez pas votre jambe droite par hasard ?» lança la jeune femme avec humeur. Depuis qu'elle portait une prothèse parfaitement équilibrée et conçue avec un talent indéniable, elle ne sentait plus son handicap. Il restait le regard des autres, bien sûr. Son propre regard également. Mais, dans sa vie de tous les jours, elle palliait avec habileté toutes les difficultés qui lui faisaient face, que ce soit sa démarche ou même l'utilisation de ses alters.

Cependant, c'était la première fois qu'elle sentait avec ses pouvoirs qu'il y avait une absence profonde. Seule la plante de son pied gauche réagissait et la portait, laissant la droite dans un vide effrayant. C'était comme une connexion interrompue, la véritable signification de l'amputation. En vivant avec depuis ses quatre ans, elle s'était habituée à la sensation, à l'aménagement des exercices. Mais tout ça était complètement nouveau. La maîtrise de deux entités qui se disputaient leur place en elle était bien trop compliqué et même en pliant son genoux, elle n'arrivait pas à supporter la secousse des éclairs qu'elle sentait se décupler.

Sans appui, une simple brise pouvait la souffler au sol. Pour autant, elle comprenait la nécessité de pouvoir utiliser tout son corps, auquel cas elle serait facilement abattue face à des vilains. Ses faiblesses étant dévoilées au grand jour, elle ne pouvait plus s'appuyer sur l'effet de surprise ou la puissance de ses alters. En vérité, elle était aussi atteignable qu'un enfant en plein apprentissage car le peu de stratégie qu'elle aurait pu développer, elle l'avait sacrifié dans la puissance de ses pouvoirs. Mais à quoi cela lui servait quand elle ne pouvait les utiliser avec intelligence ?

Avant, l'impression de grandeur n'existait qu'avec des ambitions de destruction. Dorénavant, les paramètres à prendre en compte étaient bien plus importants que cela.

Devant son insolence, l'homme aux cheveux sombres tiqua et elle soupira en baissant la tête, ne voulant pas lui manquer de respect. Elle lui devait beaucoup.

«Pardonnez-moi, je vais réessayer,» fit-elle finalement alors qu'il hochait brièvement la tête pour lui indiquer qu'elle pouvait y aller et qu'il ne lui tenait pas rigueur de son moment de tension. Kagame inspira longuement, adoptant une nouvelle stratégie en se mettant au centre du cercle tracé.

Elle avait toujours fait en sorte de limiter son vent pour éviter de prendre de la hauteur, de peur de la chute, mais peut-être qu'augmenter sa force lui permettrait de s'enfermer comme dans un couloir d'air qui la maintiendrait de toute part. Si elle ne pouvait bouger de cette manière, elle pouvait en revanche se protéger et envoyer ses éclairs. Il lui suffisait simplement d'imaginer une plateforme souple sous ses pieds, comme une barque.

Elle était maintenant persuadée que de cette manière, elle pourrait s'habituer à utiliser son pied gauche et amortir le reste de ses membres pour petit à petit réduire son vent.

De cette façon, elle commença des cercles avec ses mains, courts et précis qu'elle sentit à deux doigts de faire protester Mandalay mais elle vit du coin de l'œil Aizawa la retenir pour la laisser continuer. Aussi, quand elle sentit le début d'une tornade se former et la pression maintenir ses hanches, elle éleva la force du vent sous ses jambes en la faisant se mêler à celle qui tourbillonnait autours de son corps, la maintenant active même sans le mouvement de ses mains, emportés par la puissance du souffle.

Puis l'énergie des batteries lui parvint alors qu'elle surplombait dorénavant les arbres et elle prit le temps de l'absorber sans mal, tirant sur sa résistance tout en forçant sur sa jambe pour maintenir son vent. Elle pouvait sentir sa vue se troubler sous l'électricité comme des centaines de faisceaux lumineux qui glisseraient sur son iris, ses cheveux s'électrifier jusqu'au plus fin capillaire et son ventre remuer en formant activement sa foudre.

Puis, quand elle se sentit aux abords d'une souffrance plus grande qui lui ferait perdre le contrôle, elle étendit ses deux bras et relâcha toute la puissance en direction du ciel, électrifiant les nuages dans deux puissants éclairs incandescents. La voix de Mandalay retentit dans son crâne un court instant alors qu'elle sentait un changement de la pression atmosphérique.

Continue !

Et la jeune femme recommença à absorber l'énergie des batteries qui la lui délivraient dans un flot continu, faisant trembler les montagnes à chaque délivrance et noircissant la voûte alors que de puissants grondements retentissaient dans toute la forêt. Des craquements se faisaient entendre, de la même manière qu'une main crochue viendrait empoigner l'éden et le déchirer comme une feuille de papier. Cependant, petit à petit, l'étroite tornade qui la maintenait se mit à grossir à mesure que l'atmosphère diminuait de sorte à ce que sans s'en rendre compte, Kagame avait largement dépassé le cercle tracé et faisait s'agiter les branches des arbres avec force sous les assauts du vent.

Une pluie fine commença doucement à tomber, l'électrisant légèrement à chaque goutte qui tombait sur sa peau nue et laissait derrière elle une fine trace de brûlure sous cutanée. C'était au début imperceptible mais la douleur se fit de plus en plus désagréable et la jeune femme qui s'envoyait de faibles décharges au coeur de temps à autre sentait également que son souffle patissait de plus en plus de la puissance à maintenir. Pour autant, elle était cette fois-ci au-dessus de la tornade et non plus au milieu, ce qui lui enlevait son sentiment de protection.

Les minutes passaient et bientôt, elle craignit de perdre le contrôle à force d'envoyer des éclairs bien que l'espacement de la délivrance empêchait ses paumes de noircir et de brûler.

Kagame ne savait dire combien de temps elle répétait les mêmes gestes en sentant l'intensité croître fortement mais vint le moment fatidique où elle devait inévitablement prendre une pause. Ignorant le mouvement du vent qui avait prit de l'ampleur de sorte à ce que le contrôler devenait plus difficile, elle relâcha une dernière salve d'éclairs qui illuminèrent un ciel presque noir et récupéra petit à petit la pleine possession sur le tourbillon qui s'agitait et maintenait son corps. Ce n'était pas encore ce que lui avait demandé précisément Mandalay car elle restait sur une utilisation massive et non pas précise de ses alters, mais elle le renforçait et savoir qu'elle pouvait utiliser les deux était une fierté.

Petit à petit, elle apprendrait à tenir en équilibre comme si elle se propulsait avec sa jambe, mais aujourd'hui ne serait pas ce jour. Aussi, quand elle atterrit doucement, les chausse-trappes avaient été envoyés plus loin par le souffle et elle pu voir l'étendue des dégâts. Ils étaient moins nombreux qu'avec une véritable tornade et les deux super-héros avaient pu rester à proximité sans être emportés mais ce n'était pas la manière la plus discrète d'user de son alter vent. Au-dessus de leur tête, les nuages grondaient d'un tonnerre naturel et la pluie se faisait de plus en plus forte, trempant leurs vêtements dans une courte mais intense averse.

Elle fit alors face au visage neutre d'Aizawa et son air décontracté bien que ses cheveux soient complètement emmêlés. L'image de l'homme se faisant décoiffer par son vent était assez plaisante à visualiser et dans une autre situation, elle en aurait ri. Mais pour le moment, elle savait qu'il aurait encore des critiques à émettre à son encontre et qu'elle devait conserver son sérieux.

«Tu as fais ce que Mandalay t'a demandé. Mais je crois que tu devrais revoir la notion de subtilité,» fit-il alors qu'elle détournait le regard sur ses mains tremblantes. Son corps vidé de son adrénaline se faisait lourd et elle accepta avec soulagement la bouteille d'eau que lui tendit sa maître de stage sous le "tch" moqueur de l'homme.

«Elle est en stage, n'est-ce pas ? Alors je peux lui donner ce que je veux,» argumenta la brune alors qu'Aizawa roulait des yeux en enfonçant ses mains dans son pantalon sombre.

«Ce n'est pas en la couvant qu'elle apprendra,» grogna ce dernier et Kagame se retint de leur rappeler qu'elle était toujours là. «Laisse tomber les alters, tu vas t'entraîner à garder l'équilibre sur une corde,» l'informa son tuteur alors que la super-héroïne acquiesçait vivement à l'idée. Ils avaient brûlé les étapes, le plus simple étant de peut-être l'aider à tout d'abord se tenir sur une jambe.

Pour autant, l'adolescente ne s'attendait pas à ce que Mandalay l'escorte jusqu'en au haut d'une des nombreuses collines escarpées demeurant sur la propriété. Alors qu'elles marchaient tranquillement l'une à côté de l'autre et que l'ancienne vilaine voyait le sol s'éloigner petit à petit, elle se tourna en direction de la femme qui avait un visage à l'expression tranquille, bien loin de ses propres inquiétudes. Le ciel était toujours sombre mais la pluie avait cessé de tomber tandis que le tonnerre s'était éloigné du campement, comme passant de nuages noirs en nuages noirs.

«Est-ce que vous comptez me jeter discrètement du haut d'une montagne et ensuite cacher mon corps ?» fit l'amputée en observant l'étendue verte qui s'amassait sous ses yeux. La pension était bien cachée entre le feuillage mais le haut du bâtiment perçait à travers la masse verdoyante. Elle pouvait apercevoir de temps à autre la glace de Todoroki émerger d'entre les arbres avant de disparaître brutalement sous ses flammes. Ou encore les explosions de Bakugo et ses cris qui portaient loin tandis que Koda s'arrêtait d'utiliser sa voix d'un seul coup en les apercevant, intimidé. Kagame lui fit un sourire qui ressemblait davantage à une grimace car il se détourna d'elle sans demander son reste. À ses côtés, la brune cacha un rire derrière sa main gantée en forme de patte de chat.

«Ce ne serait pas très malin, Eraser Head n'est pas du genre à oublier de compter ses élèves.»

Son humour partagé, l'adolescente esquissa un rictus et ne répondit rien, marchant encore quelques minutes avant qu'elles n'arrivent à destination, ce qui ressemblait à une plateforme affleurant la montagne, reliée à une autre montagne par une corde plate d'une épaisseur qui semblait ridiculement petite à la jeune femme.

«J'ai peur de comprendre,» avoua-t-elle en avisant la hauteur qui la séparait du sol. Elle ne savait pas pourquoi elle se sentait si fébrile à l'idée de tester son équilibre. Après tout, elle avait passé un temps incommensurable dans les airs. Pour autant, sa fatigue la rendait incertaine quant à l'utilisation de son alter. Et si elle n'arrivait pas à se rattraper à temps ? Et si quelque chose l'empêchait d'utiliser son alter ? Tant de questionnement que Mandalay balaya en quelques mots.

«Ce ne sera pas différent de toutes les fois où tu as volé. Sauf que cette fois-ci, tu iras au centre et je veux que tu tiennes le plus longtemps sur ta jambe droite sans utiliser ton alter. Tu recommenceras encore et encore jusqu'à ce que tu tiennes au moins huit minutes. Si tu tombes, tu te rattraperas et tu reviendras ici. Compris ?»

Kagame déglutit difficilement. Peut-être que cet exercice était pire que le premier finalement. Elle commençait à comprendre les raisons de la fatigue de ses camarades. Ce n'était pas tant ce qu'ils faisaient qui leur coûtait, mais surtout car ils travaillaient leurs faiblesses. Elle finit par hocher la tête et enlever sa veste aux couleurs de Yuei, révélant un débardeur noir simple. Mieux valait sentir l'air de toute part si elle voulait optimiser ses chances de réussite.

De cette façon, elle avança doucement sur la corde, inspirant en conservant son calme. La hauteur ne lui faisait pas peur, elle était plutôt intimidée par l'équilibre que lui demanderait l'exercice de tenir huit minutes sur sa jambe gauche. Bien entendu, elle ne pouvait reposer sa jambe pourvue d'une prothèse car il n'y aurait alors aucun avantage à tout cela. C'était à se demander si elle y parviendrait avant la fin de la journée.

.

Mais, au bout de plusieurs heures et de vertigineuses chutes dont elle s'était préservée grâce à ses réflexes, Kagame pouvait affirmer sans mal qu'elle arrivait à tenir. Ses abdominaux étaient contractés à l'extrême, son genou droit légèrement relevé alors qu'elle sentait une fine goutte de sueur glisser le long de son dos, se mêlant à la pellicule déjà présente sur son épiderme.

Le vent qui s'agitait ne la faisait pas broncher, elle se contentait de garder la tête haute, au milieu du vide et d'inspirer et d'expirer calmement alors que Mandalay lui indiquait le temps qu'il lui restait à tenir.

Trois minutes, Misoga, l'informa l'héroïne d'une voix douce pour éviter de la déconcentrer.

Le plus important était de garder à l'esprit que si elle parvenait à la fin de cet exercice, elle pourrait réellement espérer réussir ce qu'on lui demandait car il était plus difficile de se maintenir sans alter, sur une corde avec l'interdiction d'utiliser son vent et après plusieurs heures d'entraînement qu'avec son pouvoir. Ici, elle pouvait ressentir les tremblements de son corps qui secouaient le câble, les éléments naturels qu'elle ne pouvait qu'accompagner dans un balai d'équilibre et sa silhouette qui se penchait dangereusement de gauche à droite.

Tout était une question de confiance, laquelle avait mit du temps à arriver mais lui permettait maintenant d'apprécier le courant d'air soulevant ses mèches, la stature de ses membres tendus et ses muscles travaillant activement.

Plus qu'une minute, tiens encore un peu !

Kagame retint un élan précoce de joie, restant focalisée sur son exercice qu'elle avait mit beaucoup de temps à réaliser. Malgré la bienveillance de Mandalay, elle n'avait jamais pu obtenir gain de cause quand, plus tôt, elle avait réussi à tenir sept minutes et trente-six secondes. L'excitation l'avait déconcentrée et elle avait bêtement basculé sur le côté. "Huit minutes ou l'échec de ton exercice, tu choisis" avait déclaré intransigeante la femme alors que l'ancienne vilaine se pliait à sa volonté en grommelant.

Mais là, elle était si proche de toucher son but, d'autant que le soleil se couchait et que son maigre sandwich ne lui avait pas suffit à tenir sans entendre son ventre gronder. Alors qu'elle inspirait lentement une énième fois, contrôlant le flux d'air qui passait dans ses poumons tout en gardant ses muscles contractés, elle s'agita au cri de joie de la brune.

«TU AS RÉUSSI !» s'exclama cette dernière alors que Kagame expirait de soulagement, utilisant son alter vent pour se rendre plus vite jusqu'à la plateforme où elle prit plusieurs secondes pour laisser s'évacuer la pression hors de son corps. Elle n'en revenait pas. Face à elle, l'héroïne au costume de chat arborait un air malicieux. «Et, point bonus, tu as tenu dix minutes. Comme tu avais l'air bien partie, je n'ai pas voulu t'interrompre,» s'amusa-t-elle alors que l'adolescente relevait son regard doré sur elle, interloquée.

«J'ai vraiment tenu dix minutes ?» répéta-t-elle, stupéfaite et n'osant le croire. Mais face au sourire de sa maître de stage, les lèvres de la jeune femme s'étirèrent à son tour, plissant sa cicatrice sur la pommette. Elle était soulagée d'avoir gardé son équilibre quand bien même plusieurs longues heures avaient été nécessaires. Il n'empêche qu'à présent, alors qu'il était presque dix-huit heures, elle était exténuée.

«Tu vas pouvoir rentrer à la pension et préparer le dîner. Ce soir tes camarades de la seconde A et B vont avoir le droit à une petite surprise. Comme tu le sais, je ne peux pas te faire participer mais Ragdoll que tu as dû rapidement rencontrer sera avec toi et même si tu ne seras pas avec ta classe, nous avons fait en sorte que tu ne sois pas laissée de côté. Enfin, elle t'expliquera tout. Je vais voir où est Kota et faire le tour de la propriété, tu sauras retrouver le chemin ?» s'enquit-elle alors que la brune tâchait d'enregistrer toutes les informations. Elle hocha la tête.

«Je vais voler,» lui indiqua l'adolescente alors que Mandalay lui accordait un sourire satisfait. En théorie, la jeune femme devrait quitter le camp dès la fin de la semaine, n'ayant plus aucune raison d'y rester malgré la présence de ses camarades mais c'était déjà une petite victoire d'avoir pu la garder et la super-héroïne discutait de l'aménagement d'un stage plus long pour son élève qui, finalement, n'avait pas vu grand-chose de leur métier. À savoir s'ils obtiendraient gain de cause, tout cela était encore à définir, mais les Wild Wild Pussycats avaient bon espoir.

Après un dernier salut poli, Kagame s'éleva au-dessus des sapins, tendant ses bras pour garder l'équilibre. Ses cheveux étaient détachés et voletaient en arrière alors qu'elle surplombait l'immense propriété. L'impression de liberté était bien la chose qu'elle appréciait le plus, voyant derrière les nuages quelques éclaircies timides venir lui chatouiller les bras. La tempête était passée, ne laissant qu'une végétation humide. Du coin de l'oeil, la jeune femme aperçut Ochaco qui se tenait contre un tronc, pliée en deux et, inquiète, elle perdit de l'altitude pour venir à sa rencontre.

Quand elle posa sa jambe gauche sur le sol et amortit le reste de son corps en courbant son genoux, l'ancienne vilaine se rendit compte que sa camarade était en train de vomir et détourna pudiquement le regard. Ce n'était jamais une expérience agréable d'être en position de faiblesse face à quelqu'un, elle en savait quelque chose. Après encore quelques secondes à l'entendre dégobiller, elle se racla la gorge et surprit la brunette qui se releva en essuyant hâtivement le coin de ses lèvres.

«Tout va bien ?» s'enquit-elle en s'approchant finalement, regrettant de ne pas avoir de mouchoir à lui proposer. Les joues rondes de son amie étaient pâles mais son cou rougissait, signe de son malaise.

«Oui, oui, j'ai seulement trop forcé. Mais je n'ai pas le choix de m'habituer à ces effets si je veux pouvoir renforcer mon alter,» expliqua la brune en restant à distance. Dans son état, elle espérait ne pas rencontrer Deku avant d'avoir pu faire un brin de toilette. Kagame à ses côtés hocha la tête, lui donnant raison. Elle avait l'air fatiguée, en témoignait son calme. Ochaco commençait à comprendre comment fonctionnait la jeune femme.

Elles firent alors le chemin ensemble, papotant au sujet de ce que lui avait dit Mandalay, à savoir une certaine épreuve de courage qui aurait lieu après le dîner. Uraraka était déjà au courant mais était déçue que son amie ne participe pas. Après tout, même si les choses étaient ce qu'elles étaient, l'impression que l'amputée faisait elle aussi partie du séjour était bien ancrée et à part quand elle s'entraînait la journée, la classe de seconde A était entièrement réunie.

«Je ne sais pas exactement ce que je vais faire, mais je crois que je vais plutôt être avec les enseignants,» supposa l'ancienne vilaine en remettant sa veste alors qu'elles approchaient du camp.

«La chance,» bouda l'adolescente. «J'espère qu'ils n'ont pas trouvé quelque chose de trop tordu. J'ai l'impression qu'ils n'ont aucune limite.»

«Ne m'en parle pas,» soupira-t-elle en repensant aux chausse-trappes de son professeur et les heures qu'elle avait passé à tenter de rester en équilibre. Elle sentit le regard d'Ochaco sur elle.

«Ils ne t'ont pas ménagée non plus, de ce que j'en ai entendu,» sourit cette dernière et Kagame lui rendit son rictus.

«J'ai fais de mon mieux,» déclara-t-elle finalement en rejoignant leurs camarades qui étaient pour la plupart en train d'apporter des caisses remplies de légumes. Il fallait cuisiner pour beaucoup après tout et les deux filles se mirent rapidement aux fourneaux.

.

Le soir, alors qu'une lune ronde et pleine éclairait le camp d'une lueur bleuté, les deux classes de seconde A et B se retrouvaient face à la forêt obscure et angoissante. Kagame pouvait sentir le regard de Vlad King sur sa nuque, féroce et méfiant, mais elle ne se laissa pas impressionner. Il pouvait douter tant qu'il voulait, il se rendrait compte qu'elle n'avait plus rien à voir avec la réputation qu'on lui accordait.

Aussi, il dû de toutes manières partir en direction du bâtiment principal car les élèves ayant échoué à leur test de fin de trimestre devaient passer la soirée à réviser. Elle ne savait pas quelle était la meilleure situation entre rester avec une super-héroïne inconnue pour marcher toute la nuit dans la forêt et effrayer ou ramener les élèves, ou encore être assise sur une chaise à faire des devoirs. Pour la brune qui appréciait les cours, la seconde option lui paraissait moins déstabilisante.

«Tu devras être aussi silencieuse qu'un chat si on veut réussir à les effrayer,» lui chuchota l'héroïne professionnelle et l'adolescente hocha fermement la tête, faisant de cette sommation la qualité principale de sa mission. Elle ferait de son mieux, c'était certain. «Mais, n'oublie pas que nous devons surtout nous assurer qu'aucun ne se perde. Avec mon alter, ça ne devrait pas être compliqué. Tu as appris les premiers secours avec Mandalay, c'est ça ?»

Kagame acquiesça sans répondre. Sa troisième maître de stage lui offrit un sourire.

«Parfait, tu t'occuperas des blessés.»

«Il peut ne pas y en avoir,» fit-elle remarquer mais le visage de l'adulte se tordit et elle secoua la tête.

«J'en doute. La peur nous fait agir anarchiquement, c'est aussi à cela que sert cette épreuve,» expliqua-t-elle patiemment et l'amputée fit un signe d'assentiment.

«Je vois oui.»

Aussi, elle ne vit pas les groupes qui se formaient, Ragdoll et elle s'engageant dans la forêt en avance pour ne pas prendre de retard sur l'avancée de la seconde A. Il n'y avait pas de raison qu'elles croisent d'élèves et se fassent repérer, l'alter de l'héroïne servant aussi à cela, mais elles ne savaient jamais sur quoi elles pourraient tomber. Ainsi, elles coupèrent le trajet en s'éloignant du sentier, s'engageant entre les arbres parmi l'abondante végétation. Plusieurs fois la femme lui indiqua la présence d'élèves de la seconde B cachés pour effrayer leurs camarades et ainsi, elles continuèrent leur ronde en les contournant, s'enquiérant que tout allait bien au passage.

«S'il n'y a pas d'élève à terre, ou en train de crier de douleur, alors nous pouvons continuer,» énonça tranquillement la super-héroïne qui ne semblait pas inquiète outre mesure de l'obscurité, des bruits de la forêt ou encore de leur solitude depuis plusieurs longues minutes. Elle avançait sans hésitation, d'un pas souple et silencieux qui lui rappelait... les chats. Kagame avait l'impression d'être un éléphant à côté d'elle et pourtant elle n'était pas du genre bruyante, se déplaçant souvent avec discretion. Mais à côté de Ragdoll, elle était ridiculement balourde alors même qu'elle avait des vêtements moins épais et bouffis. «Le plus important est de toujours rester aux ag-...»

Face au mutisme soudain de sa maître de stage, Kagame qui avait son regard doré fixé sur ses pieds pour éviter de tomber bêtement se tourna vers elle et appréhenda son expression tendue alors qu'elle avait plié ses genoux pour se rapprocher du sol. Elle avait peut-être repéré un élève blessé ? Aussi tôt, c'était plutôt étonnant, mais les accidents arrivaient. Pour autant, la jeune femme se figea en aperçevant des flammes d'un bleu hypnotique lécher le ciel d'un souffle si brûlant qu'elle pouvait presque le sentir sur son épiderme. Tout cela faisait-il partie de l'exercice ? C'était difficile à croire, elle n'arrivait pas à imaginer leurs professeurs les mettre d'une telle façon en danger.

«Ragdoll, je crois qu'il se passe quelque chose d'anormal là-bas,» souffla l'étudiante mais c'était vain car cette dernière se releva avec un air paniqué sur le visage. Ses yeux orangés étaient écarquillés.

«Les élèves sont en danger,» haleta-t-elle et le cœur de l'adolescente rata un battement. Au même moment, un message mental de la part de Mandalay leur parvint à tous et Kagame se pétrifia. Ils étaient attaqués par des vilains ? Comment cela pouvait-il être seulement possible alors même qu'ils n'avaient rien communiqué sur l'endroit du camp ?

«Je vais regarder ce qu'il se passe,» déclara la brune en s'élevant dans les airs, se rendant compte que le cercle de flammes s'étendait sur une bonne partie de la propriété mais qu'elles étaient en-dehors en ayant contourné les groupes d'élèves et les chemins tracés. De plus, une brume étrange et rosée semblait se déployer sur toute la surface bloquée. Quand elle fut de nouveau aux côtés de l'adulte, elle lui délivra ce qu'elle avait vu et à son expression, l'étudiante comprit que ce n'était en rien une bonne nouvelle. «Je peux nous faire voler au-dessus des flammes mais nous serons en contact avec cet étrange gaz et je ne connais pas ses propriétés,» proposa-t-elle un peu en dernier recours. Qui savait l'état des élèves à l'intérieur de ces murs de flammes ? Kagame ne préférait pas l'imaginer.

Pour autant, elles n'eurent pas besoin de tergiverser davantage qu'un hurlement bestial résonna non loin d'elles, les figeant. Ce n'était pas la première fois qu'elle entendait un tel son mais l'amputée ne savait dire d'où provenait ses souvenirs. L'Armée, certainement, mais elle n'était plus certaine de rien.

«Qu'est-ce que c'était ?» haleta-t-elle en tentant de prévoir d'où viendrait le monstre parmi l'obscurité qui les enfermait dans un étau paralysant. Elle songea à Ochaco, au reste de ses camarades et déglutit difficilement. Ils étaient forts, ils sauraient se défendre, elle en était certaine.

«Rien de bien humain,» souffla l'héroïne avant d'esquiver précipitamment quand une forme épaisse et mouvante sortit d'un seul coup d'entre les sapins et fonça sur leur duo. De son côté, Kagame s'était envolée avec la maîtrise de son alter et pu pleinement voir le physique recomposé de ce qui leur faisait face à la lueur de la lune. Son cerveau découvert, ses muscles saillants et ses yeux exorbités étaient abominables, laissant entrevoir sa nature de monstre. Ses longs bras étaient bien trop nombreux et se terminaient par de dangereuses tronçonneuses. Ce qui était certain, c'est que cette créature n'était plus capable de sentiments et qu'il ne cherchait qu'une chose : les tuer. Sans tergiverser, elles se mirent à éviter ses coups.

Durant le combat qui commença, Ragdoll se défendait plus qu'elle attaquait, sa rapidité et son agilité l'empêchant de recevoir des coups de poing qui auraient pu lui être fatals. Et, dans tout cela, Kagame ne pouvait s'empêcher de se sentir lâche à observer l'affrontement sans pouvoir agir. Aussi, elle se tendit en voyant la femme esquiver de justesse une attaque en faisant un bond sur le côté. Elles ne pouvaient commencer une bataille d'usure car le brainless n'avait aucunement l'air fatigué de combattre, se contentant d'assener sans s'arrêter ses membres de l'épaisseur d'une tête humaine.

«Permission d'utiliser mes alters ?!» fit-elle précipitamment en voyant la situation déborder quand ce dernier se saisit d'un rocher comme d'un ballon de foot à l'aide de deux de ses mains libres, laissant celles pourvues de lames dans les airs. Elle s'approcha de la zone de combat.

«Permission accordée !» s'exclama sa maître de stage qui malgré son désir de la défendre ne pouvait aller contre le fait qu'elle n'avait pas le niveau de combattre seule. Aussi, à ces mots, Kagame utilisa ses deux bras pour propulser une puissante bourrasque en direction du vilain qui, s'il ne s'envola pas comme elle l'avait espéré, fut au moins retenu assez longtemps pour permettre à Ragdoll de s'échapper de sa poigne. Il poussa un nouveau cri effrayant en laissant retomber son projectile.

Il était impossible pour l'adolescente d'utiliser son alter foudre, ne trouvant aucune source d'électricité à proximité. Elles s'étaient trop éloignées de la pension et même l'énergie de Kaminari ne lui parvenait plus. Tout était complètement plat et elle n'avait que son vent qu'elle avait tout juste appris à utiliser différemment. Aussi, sans ses mains, la jeune femme atteri souplement au sol en continuant de retenir le brainless, sentant sa cage thoracique se compresser douloureusement. Elle ne pourrait tenir éternellement, surtout avec une telle force mise à disposition.

«Vous avez une solution ?!» cria-t-elle en forçant encore sur son vent, sentant le brainless s'agiter alors qu'elle voyait le flot de ses pouvoirs devenir douloureux pour elle.

«Il faut l'attirer plus loin !» s'exclama Ragdoll alors que Kagame hochait la tête et stoppait d'un seul coup ses rafales pour rouler sur le côté, évitant une puissante collision avec le monstre qui fonçait déjà droit sur elle en lâchant un gémissement sinistre.

Commença alors une course poursuite entre les arbres, l'adolescente prenant de la hauteur en gardant un œil sur la super-héroïne qui courait le plus vite possible, évitant habilement les troncs et autres obstacles se dressant sur son chemin. Les ombres des feuilles, le frottement à mesure qu'elles prenaient de la vitesse et le souffle du monstre qui s'éloignait suffit à leur faire croire qu'elles l'avaient semé. Mais, alors qu'elles arrivaient au pied d'une falaise et que l'ancienne vilaine s'approchait pour porter la femme et ainsi les éloigner du monstre, elle ne vit pas l'ombre qui lui fonçait dessus et la propulsa à quelques mètres plus loin, une douleur enflammant son abdomen alors qu'elle glissait le long du sol en se blessant superficiellement les bras.

Le brainless avait fait une pointe bien plus rapide que les autres et l'avait frappée, l'éloignant intentionnellement de la super-héroïne qui se retrouva alors seule contre lui et acculée au mur. Impuissante, Kagame tenta tant bien que mal de se remettre le plus vite sur ses pieds et d'encercler le corps massif du vilain grâce à son vent mais il était trop tard et avant même que sa voix ne forme un cri d'horreur, elle vit le poing de ce dernier s'abattre d'une violence inouïe sur le crâne de Ragdoll et son membre tronçonneuse la toucher au bras, retournant sa tête dans un crac macabre en projetant son casque jaune et teinté de sang sur l'herbe verte.

L'adolescente retint un haut le cœur en voyant sa maître de stage s'écrouler comme une poupée sans vie et se faire ramasser avec désinvolture de la même manière qu'elle aurait été un déchet sur le sol. Elles s'étaient éloignées dans l'espoir d'attirer le brainless loin de la pension, mais il était certain qu'elle ne parviendrait jamais à utiliser sa foudre. Il ne lui restait plus que son vent et la maigre électricité dans sa prothèse qui lui servait pour son cœur. Elle se sentait complètement désemparée et tendit sa paume en direction de la gorge épaisse et bovine du brainless, espérant le faire suffoquer quitte à lui exploser sa tête.

Mais alors même qu'elle renforçait la pression sur des parois invisibles, usant de toute sa force, le monstre se contenta de marcher en suivant une ligne qu'il semblait connaître par cœur, ne réagissant pas quand il fut privé d'oxygène. C'était même à se demander s'il ressentait une seule once de son pouvoir ou s'il se contentait d'avancer, indifférent. Il ne l'attaquait même plus, ne faisait pas attention à elle et Kagame, impuissante, décida en dernier recours de le suivre. Elle ne pourrait jamais s'attaquer à lui toute seule, de toute façon, et il devait forcément se rendre quelque part.

Ainsi, avisant les gouttes de sang que semait la femme à moitié morte, l'adolescente ne préféra pas affronter cette vision cauchemardesque et continua de pister le monstre. Il n'y aurait personne qui leur viendrait en aide, elle le savait mais elle ne cessait de le croire. Elle ne pouvait rien faire, rien tenter, seulement espérer trouver une solution en chemin.

Son souffle se fit plus erratique durant les minutes pesantes qu'elle passa à se déplacer souplement entre les arbres, ne comprenant pas ce qu'ils voulaient. Quel était leur but, celui qui les poussait à venir attaquer un camp d'été ? Puis, soudainement, un message vocal lui parvint et Kagame se retint d'abandonner sa course en entendant que les vilains étaient venus pour Katsuki. Pourquoi lui ? Il était puissant, sans conteste, mais qu'espéraient-ils tirer de lui ? Elle ne comprenait plus et l'angoisse qu'elle ressentait ne faisait qu'accentuer son incapacité à réfléchir correctement. Faisait-elle seulement les bonnes choses ou tout cela ne servirait à rien d'autre que lui donner l'impression d'être utile ? Mais bientôt, les choses prirent un nouveau tournant et le brainless face à elle se stoppa puis se tourna vivement en sa direction. Ses yeux écarquillés et humides étaient posés sur sa silhouette immobile, comme s'il jaugeait précisément où elle se trouvait et Kagame eut à peine le temps de prévoir son mouvement qu'il plia légèrement le genou avant de foncer droit sur elle.

D'une propulsion, elle s'envola dans les airs comme un oiseau après un coup de feu et glapit en le sentant tout de même saisir sa cheville gauche et l'aplatir violemment sur le sol. Elle ne dû sa survie qu'à un réflexe qui l'avait fait amortir sa chute, la seule chose qu'elle pouvait faire dans son état mais elle était indubitablement sonnée quand elle roula pour la troisième fois sur l'herbe grasse et sentit les racines des arbres écorcher son dos.

Le temps pour elle qu'elle reprenne ses esprits et relève sa tête, Kagame remarqua avec désespoir que ce dernier avait disparu et qu'il lui était impossible de suivre sa trace. Comment une bête aussi grosse qu'un buffle avait pu la semer ? Et pourquoi se contenter de l'arrêter sans chercher particulièrement à la tuer quand il n'avait pas hésité une seule seconde à écraser la tête de Ragdoll ? Aux souvenirs de ce moment d'horreur, la jeune femme sentit un haut le coeur la prendre et elle aplatit sa paume sur ses lèvres, retenant une suite bien assez désagréable en déglutissant. Elle devait garder la tête froide, elle ne pouvait faire autrement.

Aussi, voyant à quel point elle serait inutile aussi loin de la pension, seule et acculée, l'ancienne vilaine demanda mentalement pardon à l'héroïne qu'elle abandonnait -si elle était seulement encore en vie- et prit de la hauteur pour avancer plus vite et retrouver le reste des adultes. Dans les airs, c'est à peine si elle se rendit compte des larmes qui coulaient sur son visage, incontrôlables et accablantes alors qu'elle était frappée de plein fouet par sa faiblesse. Qu'aurait fait un autre de ses camarades ? Qu'aurait fait Midoriya, Todoroki, ou même Bakugo ? Dans quel état étaient ses amis, ses professeurs ? Tant de questions que le silence rendaient plus atroces à mesure qu'elle s'approchait de l'issue finale.

Les murs de flammes bleues étaient toujours aussi hauts, peut-être même davantage alors que leur lueur et leur souffle chaud offraient un moyen de repérage pour Kagame. Elle n'était plus très loin et alors qu'elle voyait le bâtiment de la pension, un hurlement déchaîné lui parvint. Les branches à l'intérieur du cercle de feu s'agitaient, donnant l'impression que quelqu'un -ou quelque chose- les balayait de son chemin. Des ombres qui grandissaient, menaçantes, et noircissaient les quelques rayons qui arrivaient encore à percer les nuages. C'était comme une masse informe qui prenait de l'ampleur à mesure que l'obscurité grandissait elle aussi.

L'adolescente dû alors faire un choix, celui de retrouver ses camarades à l'intérieur du cercle de flammes, ou tenter de trouver de l'aide vers la source de lumière qu'elle distinguait percer les fenêtres de la pension. C'était un dilemme cornélien, l'impression d'être une nouvelle fois aussi lâche qu'elle aurait pu l'être avant. Que dirait-on d'elle, elle qui ne tentait même pas et préférait s'en tenir aux adultes ? Elle était pitoyable. Pitoyable et faible quand elle finit par pousser la porte du bâtiment après avoir atterri sur le sol, cavalant dans un couloir vide en direction de Kaminari dont l'énergie lui parvenait enfin.

Mais, quand elle ouvrit la porte, ce n'est pas une présence rassurante qui l'accueillit mais bien une pression douloureuse sur sa gorge alors qu'elle était violemment placardée contre le mur, l'épaisse paume de Vlad King enserrant son cou et ses yeux fous posés sur elle. Il était à cran, et même après l'avoir reconnu, il ne baissa pas sa garde jusqu'à ce qu'elle grimace et tente de s'extirper avec souffrance. Le super-héros était loin d'être doux, ses muscles tendus lui indiquant qu'il aurait peut-être aimé qu'elle ne soit pas une élève mais bien quelqu'un d'autre qui lui aurait permis de relâcher la pression.

Elle croisa les visages apeurés de ses camarades et amis, lesquels étaient figés devant la scène. Finalement, après de longues secondes, il finit par écarter ses doigts et la relâcher alors qu'elle toussait, la respiration sifflante.

«Tu n'es pas blessée ?» lui demanda-t-il abruptement, d'un tact pire encore que celui d'Aizawa et elle se contenta de secouer négativement la tête. À part ses bras et son dos écorchés, elle ne ressentait rien d'autre. Pour une fois.

«J'étais avec Ragdoll, un vilain l'a enlevée,» articula-t-elle, essoufflée par les événements qui s'enchaînaient. «Il était inhumain, il y avait du sang et je n'ai rien pu faire.»

La peine enserrait sa gorge alors qu'elle se mettait à trembler avec l'irrépressible envie de pleurer et de vomir en même temps. Elle avait été la spectatrice silencieuse de l'enlèvement violent de sa maître de stage et avait dû se résoudre à abandonner la seule piste qu'ils avaient pour la retrouver à cause de son incompétence. Voyant son désarroi, Kaminari s'approcha doucement d'elle et posa une main réconfortante sur son bras. Elle releva ses yeux dorés sur lui. À ses côtés, Mina avait les larmes aux yeux alors que Kirishima ne cessait de jeter des regards en direction de la porte avec le désir de courir aider son meilleur ami. Ils n'étaient pas au cœur de l'action mais tous arboraient des visages défaits et inquiets.

«Qu'est-ce qu'il se passe, dehors ?» fit alors la voix de Sero qui maîtrisait davantage ses émotions. Mais Kagame ne répondit jamais car à peine ouvrit-elle ses lèvres qu'une ombre se profila derrière la porte. Ce n'était pas Aizawa, la jeune femme le reconnut tout de suite. À partir de ce moment-là, tout se déroula très vite.

«Quelqu'un arrive,» intervint à haute voix Rikido mais ils eurent à peine le temps de se protéger qu'un épais souffle de feu incandescents explosa le mur et les propulsa en arrière, les brûlant aux endroits découverts. Les quelques tables leurs permirent cependant de s'abriter avant qu'ils ne soient grièvement blessés et, bien vite, ils firent face à l'identité du vilain en question, lequel était aussi à l'origine du cercle de flammes qu'avait aperçu Kagame. Son corps était à moitié calciné et plusieurs parties apparaissent violettes, comme si la chair avait nécrosé. Des agrafes tenaient les pans entre eux et ses pupilles froides brillaient d'un éclat vengeur sous ses mèches de cheveux noires.

Avant même que ce dernier ne puisse de nouveau utiliser son alter, Vlad King le plaqua à son tour contre le mur et cristallisa son sang autour de lui, le tenant hors de portée des élèves. La brune se tourna alors vers Denki. Elle ne l'aurait jamais avoué à voix haute mais sentir de nouveau son énergie près d'elle était rassurant, comme l'assurance qu'elle pourrait aussi se défendre plus violemment que son vent qu'elle utilisait surtout pour se protéger. Il était temps qu'elle abandonne ses entraînements d'autrefois.

Pour autant, ils n'avaient pas le dessus car le super-vilain se mit alors à les provoquer. Il était confiant, dédaigneux et Kagame voyait en lui les mêmes paroles qu'elle avait tenues quelques mois plus tôt à Eraser Head. Son regard avait changé, certes, mais elle arrivait à comprendre que l'on ne puisse pas aimer les super-héros. Qu'avait-il subit pour penser ainsi ? Cela méritait-il pour autant qu'ils fassent souffrir des personnes innocentes ? Elle était maintenant certaine de la réponse. Rien ne pardonnait la violence.

«... Pour une raison qui m'échappe, vous laissez la porte grande ouverte aux attaques ennemies. À tel point que vous donnez même la chance à une bande de criminels d'enlever des adolescents.»

Kagame se figea alors qu'à ses côtés, Eijiro, Iida et Denki s'enflammaient. Il parlait de Bakugo. Il parlait de Katsuki Bakugo. Avaient-ils réussi leur mission ? Que se passait-il à l'intérieur de ces parois brûlantes dont ils étaient coupés ? Des questions qui restaient inévitablement sans réponse. Par ailleurs, le vilain se tourna un instant vers elle, la reconnaissant à sa cicatrice et ses yeux dorés. Il eut un sourire railleur pour elle. Ils ne se connaissaient pas, mais il savait qui elle était et ce qu'elle représentait. La faiblesse, la traitrise. Il ne prit pas la peine de s'adresser à son encontre, l'amputée avait comprit son expression alors qu'il se remettait à les provoquer, sans peur.

Ne sentait-il pas l'aura menaçante de Vlad King ? Ses poings qui auraient écrasé son corps en un milliers de morceaux tandis qu'il ne pouvait plus bouger ? Le super-héros perdit alors patience sous l'expression perverse du vilain qui n'attendait que ça, mais un coup de pied d'Aizawa qui venait d'arriver le coupa vivement dans son élan.

Sous leurs expressions ébahies, sa silhouette se transforma en une boue informe qui glissa sur le sol et ne se releva plus alors que l'homme s'acharnait en leur révélant le stratagème. Un leurre. Kagame en aurait pleuré de soulagement de voir son professeur principal. Ce dernier se tourna vers elle.

«Ragdoll ?» la questionna-t-il sans attendre. Elle secoua négativement la tête devant son visage défait et remarqua Kota qui ne bougeait plus à l'entrée de la salle. Il avait l'air traumatisé. «Je dois y retourner, occupez-vous de Kota.»

Mais, c'était sans compter sur ses camarades qui ne voulaient pas rester sans rien faire. La brune connaissait déjà la réponse à tout cela. Il refuserait, bien entendu. Il était trop risqué de perdre la trace d'encore plusieurs élèves. Aussi, elle ne perdit pas de temps à insister ou moyenner. Une part d'elle ne voulait pas y retourner. En fait, une part d'elle lui soufflait que retourner là bas ne provoquerait rien de plus. Qui allait l'aider ? Qui prendrait le temps de lui dicter ce qu'elle devait faire dans une situation d'urgence ? Tous étaient occupés, avaient un rôle. Elle avait échoué au sien.

Alors que les pas de Shota s'éloignaient pour retourner se battre, elle s'approcha du petit garçon. Il coula un regard en sa direction, son visage exprimant le choc et elle s'accroupit devant lui.

«Qu'est-ce que tu as vu ?» souffla-t-elle en essayant de capter son attention. Ils avaient passé du temps ensemble, un après-midi. C'était peu mais elle était peut-être la seule personne qu'il connaissait ici. Ce n'était pas grand-chose mais elle avait ainsi l'impression d'aider. De l'aider, lui, aussi bien qu'elle aurait aimé qu'on l'aide, elle.

«Il m'a défendu,» chuchota le petit garçon, comme s'il avait honte de le dire. Kagame n'osa pas lui demander qui, elle avait sa petite idée et n'imaginait pas son état pour que cela ait à ce point choqué Kota. Aussi, elle ne tenta pas non plus de le prendre dans ses bras, comme elle, il n'était pas du genre à aimer cela, en témoignait ses réactions de recul habituelles.

«Mina, apporte moi une chaise s'il te plaît,» fit-elle à sa camarade qui suivit ses directives sans discuter. Kirishima continuait d'insister pour partir auprès du professeur principal de la seconde B, sans succès. Elle sentit aussi Kaminari s'approcher d'elle alors qu'elle posait sa main sur l'épaule du neveu de Mandalay et l'enjoignait à s'asseoir. «Tu as soif ? Regarde moi, Kota. Les professeurs vont nous sortir de là, Midoriya est un garçon très puissant. Il t'a sauvé, n'est-ce pas ? Tu n'as rien à craindre.»

«T'es pas une super-héroïne, toi,» souffla-t-il en la regardant droit dans les yeux. La brune se figea. «Tu es comme eux ? Pourquoi tu m'as dit que tu voulais pas être une super-héroïne ? Il m'a sauvé,» répéta-t-il.

L'adolescente hocha la tête, saisissant la première opportunité qu'elle avait de se sortir du pétrin de ses propres mots. Ce gamin était bien trop intelligent pour son bien.

«Parce que je ne suis pas courageuse. Mais toi tu l'es. Tu as aidé les filles, tu as échappé à un vilain et tu m'as appris plein de choses. Tu peux être fier de toi, Kota. Midoriya aussi serait super fier. Il te le dira, tu verras,» lui assura-t-elle en portant doucement sa main sur son poignet et effectuant une légère pression. «Rappelle-moi comment on doit secourir une personne qui a l'air inconsciente. Elle est allongée et il faut la mettre sur le côté ?»

«Non, il faut regarder si elle respire d'abord,» corrigea le garçon en fronçant ses sourcils, la trouvant idiote d'avoir déjà oublié. Ce n'était pas si compliqué, pourtant.

«Oui, on regarde si elle respire, et ensuite ? Il faut prendre son poul, explique moi,» continua Kagame sous le regard attentif de Mina et Denki qui ne voyaient pas ce qu'elle faisait. Plus loin, les autres élèves avaient baissé leur voix en discutant.

«On doit vérifier si elle réagit en lui demandant de serrer notre main. Ensuite on doit lever sa tête un peu pour qu'elle puisse respirer et la mettre en position latérale de sécurité. Shino dit que j'ai besoin d'aide pour faire ça car je suis trop petit. Elle raconte n'importe quoi..» marmonna le gamin avec mauvaise foi, ses yeux se fermant petit à petit alors que la pression en lui redescendait. Le massage de l'ancienne vilaine faisait effet, le soulageant sans qu'il ne s'en aperçoive réellement.

C'était une technique assez courante pour se relaxer et en le voyant papillonner des paupières, la brune enleva sa veste qui, bien que déchirée et tachée, était suffisante pour faire une boule sur laquelle il pouvait poser sa tête.

«Tu devrais te reposer,» fit-elle en l'accompagnant doucement pour qu'il s'allonge en travers sur deux chaises collées l'une à l'autre. S'il opposa une maigre résistance, Kagame provoqua un léger souffle sur son visage rouge, le faisant soupirer alors qu'il cédait à son sommeil. Malgré les épreuves de la vie, il n'était qu'un petit garçon de sept ans, pas un adolescent plein d'hormones et d'idéaux. Face à la voix douce de la jeune femme, il finit par fermer les yeux et se laisser aller à la brise qui passait entre ses mèches de cheveux. Il avait perdu sa casquette à corne remarqua alors l'étudiante en ne cessant son alter que lorsqu'elle fut certaine qu'il s'était assoupi.

Quand elle se releva, c'était le groupe d'adolescents qui la fixait avec attention. Vlad King conservait une certaine méfiance envers elle, bien entendu, mais du reste, elle vit le léger sourire qui trônait sur les visages des élèves de sa classe. Ce n'était pas grand chose et s'ils savaient de quelle façon elle avait abandonné Ragdoll ils ne seraient pas aussi conciliant, mais elle profita de leur soutien et s'approcha d'eux.

«Je ne savais pas que tu étais si douée avec les enfants,» intervint discrètement Mina avant d'approcher sa main des éraflures sanguinolentes de ses bras. Kagame grimaça en la laissant faire bien qu'elle n'appréciait pas de la voir s'en occuper. Ce n'était rien. Rien du tout comparé au crâne explosé de l'héroïne.

«Il avait l'air traumatisé. Ce n'était pas difficile de faire mieux que son état actuel,» répondit-elle en avisant l'expression fermée de Kirishima. Elle se sentait mal pour lui. Elle aussi s'inquiétait pour Ochaco, mais aussi tous les autres. Elle ne pouvait même pas les rassurer sur ce qu'il s'était passé, ayant fait face à un vilain qui les avait écrasées en moins de dix minutes. Par ailleurs, elle fut gênée quand Eijiro l'interpella.

«Qu'est-ce qu'il s'est passé, dehors ?» fit-il avec une inquiétude enragée. Comme tous il se sentait démuni.

L'attention du professeur revint sur elle, aussi perçante qu'à son arrivée. Il ne lui faisait pas confiance, elle le sentait. La brune inspira.

«Nous faisions le tour des équipes avec Ragdoll pour surveiller le périmètre. Mais nous avons reçu le message mental de Mandalay et il nous a été impossible de rejoindre les élèves pris au piège à l'intérieur du cercle de flammes. Quand nous avons fait demi-tour, nous nous sommes faites attaquer par un monstre. On ne pouvait rien faire d'autre que l'éloigner de la pension mais il résistait à toutes mes attaques et il... » Kagame se stoppa, ne voulant pas révéler l'état de l'héroïne. Même passer les détails ne les préserverait pas de l'inquiétude et elle-même se sentait de plus en plus mal à mesure qu'elle relatait le récit de leur combat, voyant à quel point elle avait réellement fui. N'était-elle pas venue ici exprès pour alerter les professeurs et se lancer directement à la recherche de Ragdoll ? Alors que faisait-elle encore ici, à attendre tranquillement leur retour ?

«"il" quoi ?» demanda Ojiro qui avait les sourcils froncés. Elle eut une illumination.

«Je peux encore la sauver,» souffla-t-elle. Elle ne s'était pas battue, pas assez. Qui la cherchait actuellement ? Tant que les vilains n'étaient pas mis hors d'état de nuire, elle ne pouvait pas être si loin.

«Personne ne quitte cette pièce,» intervint alors brutalement l'adulte, la coupant de ses pensées. Elle fronça ses sourcils, mécontente. Qui était-il pour lui dicter cela alors même qu'il n'avait jamais montré une seule once d'amabilité à son égard ?

«On peut encore retrouver sa trace,» argumenta-t-elle contre sa décision. Tout le monde était occupé mais elle, elle savait plus ou moins le périmètre emprunté par le monstre. Il devait bien y avoir un lieu, un point de rassemblement. Il ne pouvait en être autrement et cela valait la peine d'essayer.

«Ce n'est pas ton rôle,» refusa une nouvelle fois Vlad King, ses canines du bas lui donnant un air de chien enragé. Elle serra ses poings.

«Vous ne comprenez pas, elle risque de mourir si personne ne vient la chercher,» siffla-t-elle d'agacement. Ils perdaient du temps. Elle avait perdu trop de temps.

«Tu n'as pas réussi à l'aider la première fois, tu ne réussiras pas mieux la deuxième,» continua-t-il et ces paroles l'assommèrent sous la honte. Il avait tort, elle avait perdu le contrôle la première fois, mais celle-ci serait différente et elle ramènerait Ragdoll. Kagame joua la dernière carte qu'elle possédait.

«Je ne suis pas sous votre responsabilité mais sous celle des Wild Wild Pussycats. Je suis en stage, vous vous en souvenez ?» le provoqua-t-elle sous le silence tendu des autres. Sans attendre, elle se tourna vers Kaminari. Elle lui avait pourtant dit qu'elle ne recommençerait plus, mais elle ne savait décidement pas tenir sa parole. «Je suis désolée, mais je ne peux pas rester là sans rien faire.»

Sur ces mots, elle absorba une bonne quantité d'électricité, ce qu'il fallait pour qu'elle se sente presque exploser alors que la silhouette de Vlad King devenait menaçante et se gonflait de colère. Il était prêt à l'arrêter et elle sentit sa vue s'altérer, devenant plus claire après avoir emmagasiné de l'énergie. Denki n'avait pas perdu le fil de ses pensées, mais il la fixait avec des yeux ronds.

«Si tu pars, tu auras de sacrés ennuis,» la menaça l'adulte mais loin de la faire hésiter, elle plissa ses yeux. Que risquait-elle de plus ? Elle n'avait jamais renoncé aux appels de sa conscience.

«Je prends le risque,» fit-elle dans un souffle avant de reculer et de courir sans s'arrêter hors de la salle explosée, retrouvant l'air frais de la nuit et ses bruits de combat glaçants.

Plus loin, dans la classe, Monoma se tourna vers son professeur principal, indigné. Pas qu'il serait allé là-bas volontairement, mais il n'appréciait pas les passe-droit. L'avait-elle obtenu parce qu'elle était une élève de la seconde A ? Une protégée des professeurs ? Une ancienne vilaine qu'ils avaient intégrée pour d'obscures raisons ? Il ne pouvait le tolérer.

«Pourquoi vous ne l'avez pas arrêtée ?!»

L'homme grogna dans sa barbe sans répondre distinctement. Justifier ses agissements reviendrait à avouer qu'il avait des doutes concernant sa réhabilitation et qu'il savait que les agissements de l'adolescente lui coûteraient très certainement sa place à Yuei. Qui d'autre qu'elle aurait pu prévenir une bande de supers vilains de l'emplacement du camp alors même qu'Aizawa avait contourné les ordres de l'école en la faisant venir ? Il n'y avait qu'une seule explication possible pour lui et ce soir, elle le prouvait. Kagame Misoga était une traîtresse et elle payerait pour ses actes.

.

Note de l'auteur : Un chapitre de 10000 mots, tout chaud. N'hésitez pas à laisser une review, ça fait toujours chaud au coeur et c'est bien ma seule rémunération.

Karanese