Note de l'auteur : Bonjour ! Ca fait un bail, non ? Je ne dirais pas que j'ai les meilleures excuses du monde, surtout en considérant que ce chapitre était écrit depuis belle lurette. Simplement, entre le travail, la préparation de mon déménagement, le temps passé à profiter des personnes que j'aime et une légère -très légère kof- baisse de motivation sur cette histoire m'ont amené à ne plus toucher mon précieux google doc. Mon regard est très critique et je fais maintenant l'autruche sur les premiers chapitres que j'ai écris pour ne pas être touchée par une fièvre qui me ferait les supprimer. Et, comme par hasard, ce sont vos mots qui m'ont aussi redonné l'envie de raconter les aventures de Kagame qui arrivent presque à leur fin (ce serait bête de m'arrêter maintenant). Je vous remercie donc ici, ça fait chaud au coeur et j'espère que la suite vous plaira tout autant !
Pairing : Katsuki.B x OC.
Rating : T
Disclaimer : L'univers de BNHA ne m'appartient pas, seuls mes personnages et mon histoire sont miens. Ô grand désespoir.
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Revenge lurks in the sky
Chapitre XVII :
Arrest and roommate
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D'une puissante bourrasque, Kagame se propulsa dans les airs, requinquée par l'énergie qu'elle avait en elle. C'était douloureux et chaque mouvement lui donnait l'impression d'une boule d'énergie brûlante frôlant les parois de son abdomen, mais l'espoir de rattraper le brainless et de sauver Ragdoll la faisait tenir. L'idée même qu'elle soit déjà morte ou trop loin pour être rattrapée n'existait pas dans son esprit. En vérité, elle ne pensait plus à rien d'autre qu'à son objectif.
Les conséquences, les menaces ou même le reste de ses camarades n'atteignaient plus ses pensées. Elle était comme un pilote en automatique qui ne songeait qu'aux enchaînements qu'elle devrait effectuer pour récupérer la femme. Cette dernière était blessée, ce qui rendait les secousses du voyage dangereuses, le tout étant de la mettre à l'abri le temps qu'elle anéantisse le monstre qui lui avait fait du mal.
Était-elle si proche de Ragdoll pour risquer à ce point sa vie ? Certainement pas. Elle était une super-héroïne honorable, bien entendu, mais toutes deux ne savaient rien l'une de l'autre alors qu'elles n'avaient passé qu'une heure ensemble. Pour autant, assister à son enlèvement sans n'avoir rien pu faire d'autre que fuir à la recherche d'adultes étaient restés stoïques l'avait mise face au mur. Ils n'étaient pas invincibles.
Pire que ça, ces mêmes professeurs préféraient laisser tomber l'une d'entre eux qu'agir. Mais elle ne pensait pas comme cela. Elle avait un passif de vilain, des pensées anarchiques qui la faisaient agir sans réfléchir, mais elle n'avait jamais abandonné ses alliés, qu'importe le camp. C'était certainement le principal point d'honneur qui la faisait voler au secours, seule, d'une adulte face à un super vilain très résistant. La peur qui l'avait saisie n'existait plus, remplacée par une puissante adrénaline pulsant dans ses veines. C'était fulgurant et elle continuait de papillonner des yeux sans pouvoir retrouver une vue décente alors que l'énergie guettait toujours le moment où elle ressortirait en foudre.
Quelque chose qui ferait davantage de dégâts que son vent, c'était certain.
Aussi, après quelques minutes de vol, elle retrouva le dernier endroit où elle avait perdu la trace de la femme, observant le sol et la flaque de sang dans laquelle trempait son casque jaune. Cette vision ne fit que renforcer sa colère et elle la contourna en reprenant de l'altitude. Il y avait forcément un détail qui l'échappait et qui la mènerait à leur lieu de regroupement. Le problème étant qu'elle n'avait aucune idée du nombre de vilains qu'ils étaient et si tous étaient dans le cercle de feu ou si d'autres comme le brainless arpentaient la forêt.
Ses cheveux bruns voltigeaient autour de son visage tendu, ses paumes braquées vers le sol pour se maintenir dans les airs, soufflant les branches sous ses pieds. Elle était aux aguets, prête à bondir au moindre signe, et pourtant cela ne suffit pas à prévoir le mouvement du monstre qui, à quelques mètres et les mains vides de tout corps, se déplaça dans un bruit sourd avant de foncer dans les airs quand il l'aperçut.
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Un bruit de sirène couvrit le dernier grondement de tonnerre qui retentit dans toute la vallée. Ils avaient été au nombre de trois, assourdissant avant qu'une vive lumière ne perce le feuillage. D'un regard sombre, Eraser Head fixait son homologue tandis qu'une bonne partie des élèves avaient réussi à rentrer au camp.
Sauf une.
«Tu l'as laissé partir,» gronda-t-il en direction de Vlad King alors qu'il contemplait d'une œillade dégoûtée l'état des adolescents dont ils avaient la garde. Ça n'aurait pas dû se passer de cette manière. Les blessures, la peur incrustée sur leurs visages, l'effroi jusque dans leur trait. Ils avaient passé une sacré nuit d'horreur, il n'en doutait pas, mais tout leur avait échappé.
Et, plus particulièrement, c'était l'état de la gamine impulsive et idiote dont il avait la garde qui le préoccupait. Mais il n'était pas fou au point de douter de la compétence de son collègue, ça non. Il savait pourquoi ce dernier l'avait laissé repartir, comme il comprenait petit à petit le cheminement d'action qui allait suivre.
«Si elle n'est pas revenue dans cinq minutes, je vais la chercher,» déclara-t-il d'une voix sombre alors que l'homme en face de lui n'avait toujours rien lâché. Et pourtant, alors qu'il tournait les talons, sa voix grave parvint à ses oreilles.
«Tu te voiles la face.»
Serrant sa mâchoire, Aizawa ne se retourna pas et continua d'avancer en direction de l'ambulance qui émettait de vives lumières alors que la sirène s'était tue. Dans les brancards, plusieurs élèves étaient encore évanouis quand d'autres souffraient de blessures allant du léger au plus grave. Midoriya, Todoroki, tous avaient l'air défaits quand les répliques sourdes de colère de Kirishima emplissaient le camp. Il avait voulu aller aider, mais on l'en avait empêché. Peut-être que tout cela aurait pu être évité, peut-être, oui.
Il n'y avait pas de pleurs, seulement des silences consternés. À quel point n'avaient-ils rien prévu et comment expliquer la nuit d'épouvante qu'ils venaient de passer ? Pour autant, au bout de quelques minutes, une silhouette émergea lentement des arbres denses. Sa démarche était vacillante, comme choquée, mais elle n'avait aucune plaie visible. Alors qu'il faisait un pas en sa direction, une lumière blanche se pointa sur elle et Kagame mit son bras en travers de ses yeux, éblouie.
Les policiers qui le dépassèrent le figea alors qu'il se tournait vers son collègue. Ce dernier secoua la tête, comme fataliste.
«Qu'est-ce que vous faites ?» demanda le super-héros en suivant leurs pas. Un officier se dégagea du groupe pour venir à sa rencontre, il arborait un visage grave.
«Cette élève est soupçonnée d'appartenir au groupuscule de vilains et d'avoir donné les coordonnées du camp,» déclara-t-il sans une once d'hésitation. À ces mots, pourtant, Shota grogna.
«Elle n'a rien à voir avec tout ça et elle est sûrement blessée,» protesta-t-il en tentant de se frayer un passage mais le policier le retint et il assista, impuissant, à une scène dont tous se seraient bien passés. La principale concernée étant la première. Alors qu'un homme brun au regard gris sortait des menottes, il lui ordonna de lever les mains en l'air. Le visage de l'adolescente se décomposa.
«Qu'est-ce que vous faites ?» souffla-t-elle d'une voix hachée en ouvrant plus grand ses yeux alors que les élèves des deux classes voyaient leur camarade se faire arrêter.
«Misoga Kagame, vous êtes soupçonnée de complicité avec le Front de Libération du Paranormal, d'avoir indiqué le lieu du camp à l'escadron Genesis et d'avoir participé à l'enlèvement d'un élève et d'une super-héroïne,» prononça-t-il durement alors qu'elle sentait son souffle se couper et croisait les regards choqués des autres adolescents. En apercevant la silhouette de Vlad King, elle se défendit plus vivement.
«C'est faux ! Dites leur, vous ! Ragdoll a été enlevée, il fallait la sauver ! Je n'y suis pour rien !» plaida-t-elle sans pour autant lever les mains. Elle n'avait jamais rien communiqué aux vilains, elle n'avait plus aucun lien avec eux. Comment pouvaient-ils le croire ? Pourquoi personne ne la défendait ? Mais, alors qu'elle comptait sur la voix du professeur principal de la seconde B, ce dernier secoua la tête.
«Personne ne t'a vue tout ce temps dans la forêt, nous ne pouvons prendre aucun risque. Le professeur Aizawa le savait.»
Elle repéra la silhouette sombre d'Aizawa qui se tournait vers son collègue. Il était en colère, peut-être se sentait-il trahi, comme elle-même voyait les super-héros lui tourner le dos. Leur échange fut court, le policier réitéra sa demande pour qu'elle mette en évidence ses mains avec cette fois-ci la menace d'être inculpée de refus d'obtempérer aux ordres d'un agent. Devant son hésitation, son tuteur lui fit face et secoua la tête. Elle devait coopérer, aussi bien croulait-elle sous la peur d'aller en prison pour des actes qu'elle n'avait pas commis, elle devait croire en lui. C'était bien la seule personne qui possédait ce privilège. Il la sortirait de là, comme il l'avait aidé dans tout malgré son comportement distant.
Ses bras égratignés furent bientôt mis en évidence alors que le policier se jetait presque sur ses poignets pour les menotter. Pensait-il qu'elle allait tous les tuer alors même qu'elle était trop paralysée pour parler ? Kagame n'avait pas vraiment prit la peine de regarder dans la foule mais elle regretta immédiatement après l'avoir fait. Ochaco enserrait le bras de Mina, les yeux remplis de larmes face à cette scène. Puis elle croisa le regard figé de Todoroki, Midoriya s'étant évanoui de douleur après la redescente d'adrénaline. Elle même se sentait cotonneuse après son combat. Un combat sans fin où elle n'avait eu de cesse l'impression de combattre le vide. Le brainless ne l'avait pas attaquée, tout juste bloquée sous ses bras coupants comme une dernière menace si elle tentait de le suivre et ses éclairs avaient sonnés comme des éclats de frustration alors que sa peau verte tressautait sous leur assaut sans jamais le perturber outre mesure. Elle avait alors eu la sensation amère de s'être défoulée contre un mur qui avait une nouvelle fois fui sans qu'elle n'ait la foi de le rattraper, les paroles de Vlad King lui martellant le crâne.
Sa faiblesse était humiliante, son héroïsme teinté d'égoïsme aussi. Elle se demanda un instant si elle survivrait à cette arrestation.
Et ce, pour une seule raison : elle avait tout risqué pour au final être arrêtée comme une vulgaire criminelle. Denki protestait, au loin, et elle se sentit un instant rassurée qu'il lui fasse confiance. Mais le doute habitait certains visages. Qui d'autre qu'elle qui n'aurait pas dû venir et qui était la moins blessée malgré ses combats aurait pu les trahir ? Qui d'autre qu'une ancienne vilaine encore en marge de leur société de super-héros ? Et Kagame savait avant même que la situation ne s'éclaircisse qu'elle avait pour de bon perdu son passe droit. Les parents d'élèves ne laisseraient jamais passer cela et l'occasion était trop belle pour ne pas la renvoyer définitivement de Yuei. Sûrement qu'Eraser Head le savait lui aussi, car il n'aurait autrement pas insisté pour l'accompagner, étant son tuteur. Qu'adviendrait-il d'elle ?
Et quand elle se mit en route, en dernier lieu, ce furent les yeux écarquillés de Kota qui la brisèrent. Il tenait dans sa petite paume sa veste tâchée qu'elle avait roulé en boule pour lui faire un coussin alors que la lumière des gyrophares alternait le bleu et le rouge sur son visage mutilé. Les paumes moites et chaudes de l'agent de police étaient posées sur ses poignets et son dos, la tenant en respect alors qu'elle ne pouvait faire autrement qu'avancer avec humiliation. L'adolescente se détourna du petit garçon comme si elle avançait jusqu'à l'échafaud, ne voyant pas Mandalay poser une main sur son épaule et le tirer en arrière pour lui éviter un traumatisme de plus.
Que devrait-elle encore subir pour qu'on la délivre de ses peines ? Était-ce mérité ? Plus tôt, elle l'aurait affirmé sans hésitation, mais maintenant, c'était l'amertume qui l'emplissait davantage.
Et, au milieu de ce chaos assourdissant tandis qu'on accompagnait le mouvement de sa nuque pour qu'elle rentre dans le véhicule de police, elle songea à son camarade. Alors il avait été enlevé ? Avait-elle le droit de s'inquiéter pour lui ? Ils n'étaient pas proches et après tout, ils avaient eu un moment dur un jour avant. Pour autant, Katsuki restait un élève de sa classe et elle ne pouvait s'empêcher de se demander ce que les vilains lui voulaient. Pas encore du mal, il n'aurait pas été enlevé mais tué, autrement. Mais, connaissant un peu son caractère, ce n'était pas tant leurs intentions de départ qui l'inquiétait, mais plutôt ce qu'elles deviendraient face à son rejet.
Quelques secondes plus tard, le siège à ses côtés se plissa sous le poids d'Aizawa. Ils étaient tous les deux dans le véhicule, attendant d'être conduits jusqu'au poste de police de la ville la plus proche. À la seule différence que lui ne possédait pas de menottes et qu'il était un super-héros reconnu en qui tous avaient confiance. Ses lèvres sèches restèrent scellées quand il ouvrit la bouche pour lui parler.
«Ce ne sont que des soupçons, ils ne pourront pas te condamner pour ça. Tu vas seulement répondre à leurs questions et ils verront que tu es innocente.»
Ses yeux dorés étaient fixés sur l'éclat métallique qui encerclait rudement ses poignets. Kagame sentait petit à petit la brûlure des éraflures dans son dos, sur ses bras et ses genoux. Elle était dans un état lamentable, sale et aux vêtements déchirés. Mais personne n'avait été témoin de ses agissements à part Ragdoll, personne ne pouvait témoigner en sa faveur. Il n'y avait qu'elle et le doute.
«Je sais à quel point tu dois-...» commença Shota mais la jeune femme le coupa.
«Non, vous ne savez pas,» articula-t-elle avec peine, se retenant de lâcher un sanglot avec toute la pression qui redescendait et tous les regards de la foule qui s'imprégnaient sur sa rétine. C'était un nouveau jugement, une nouvelle humiliation. Sauf que cette fois, elle n'y était pour rien. «C'est fini et vous le savez. Je ne vais pas retourner à Yuei. Même votre voix ne comptera plus, ils prennent trop de risques et la réputation de l'école en pâtira déjà avec l'enlèvement de Bakugo sans que vous ne deviez en plus en rajouter avec ma présence.»
Aizawa ne répondit rien. Parce qu'il n'y avait aucune réponse, aucune parole qui aurait pu la réconforter. Elle avait entièrement raison. Lui octroyer une place dans la prestigieuse école avait déjà posé quelques problèmes qu'ils avaient résolus avec diplomatie et patience, mais face à l'urgence et le désespoir de la situation, ils ne pouvaient supporter un poids de plus. Et, malheureusement pour Kagame, elle était l'élément sacrifiable.
«Je ne vous en veux pas, vous avez fait tout ce que vous pouviez pour me laisser une seconde chance, comme pour me permettre de m'intégrer au mieux. Je regrette seulement de ne pas vous avoir plus écouté,» fit-elle en relevant son visage en direction de son tuteur. Ses yeux sombres étaient posés sur elle et bien que son visage n'exprimait pas d'émotion profonde, elle interpréta du regret chez lui aussi. Du regret et de l'amertume.
«Ils auraient trouvé un moyen de te faire porter le chapeau même sans ta présence,» articula-t-il en enfonçant ses paumes dans sa veste sombre. «Mais n'oublie pas que je reste ton tuteur,» termina-t-il alors que la portière avant, dont l'espace était séparé par une grille, s'ouvrait et laissait passer l'agent de police. Kagame n'eut alors plus l'occasion de le questionner sur ses dernières paroles tandis qu'ils se mettaient en route dans un silence seulement rompu par le poste radio.
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Le cliquetis qui résonna à ses oreilles la soulagea et Kagame frotta doucement ses poignets meurtris. Le soir qu'elle avait passé en cellule, l'odeur d'urine et les bancs froids comme seul réconfort avait été sûrement le plus difficile depuis bien longtemps. Ce n'était ni ses blessures superficielles qui tiraillaient dans son dos, ni le temps qui semblait avancer à reculons mais la solitude et la honte qui l'avaient étreinte, lui donnant envie de vomir alors qu'elle frissonnait.
Avec les courants d'air, les beuglements animaux de ceux ramassés saoul sur la voie publique et le dédain des policiers, la jeune femme aurait tout fait pour simplement revenir en arrière. Elle n'était pas condamnée, non, mais la suspecter suffisait à la traiter comme si elle avait été une criminelle en fuite. Sa vessie était pleine, n'ayant pas eu le droit de sortir pour ses besoins les plus primaires -d'autres n'avaient pas attendus pour se soulager- et, en faisant enfin face à son tuteur qui était venue la chercher pour la ramener à Tokyo après son interrogatoire puis son relâchement -faute de preuves réelles puisqu'elle n'avait pas commis ce qu'on lui reprochait-, la brune se sentit défaillir.
«Je crois que je pourrais vous faire un câlin,» souffla-t-elle d'une voix pitoyable en le rejoignant, toujours dans ses habits sales et froissés de la veille alors que son ventre gargouillait affreusement. Face à elle, l'homme aux cheveux sombres secoua la tête.
«Ce n'est pas encore terminé,» lui indiqua-t-il alors qu'elle sentait le regard perçant du policier qui l'avait gardée en observation toute la nuit sur sa nuque. Bien entendu, elle était relâchée mais ça ne voulait en aucun cas dire qu'elle était complètement innocentée. Plus que ça, les choses n'auraient jamais pu être pires et c'était seulement car elle se doutait depuis le début de la finalité de tout cela que Kagame trouva la force de rester passive quand il lui annonça qu'elle ne pourrait retourner à Yuei. «Je ne pouvais pas insister, les ordres venaient de plus haut. Les parents d'élèves récupèrent leurs enfants, nous sommes à deux doigts du procès, ce n'était pas la peine d'insister pour toi au risque d'empirer la situation.»
Vidée, la brune se contenta d'acquiescer. Elle avait eu le temps de ruminer, mais les choses ne lui parvenaient plus clairement. C'était ainsi que tout cela s'achevait ? Ses promesses, sa détermination, cette chambre à son image... Tout était balayé parce qu'on avait douté d'elle un seul instant ? S'ils savaient. Elle songea à Bakugo, aux autres élèves qu'elle n'avait plus revu. La jeune femme avait été privée de toute information, qu'étaient-ils devenus ? La pensaient-ils coupable ? C'était impensable. Ou peut-être se faisait-elle de faux espoirs. Après tout, il était tellement plus facile de l'accuser elle au lieu de chercher le véritable traître.
«Où sont les autres ?» questionna-t-elle en remerciant l'homme du bout des lèvres quand il lui tendit un sweat bleu foncé qu'elle revêtit avant d'enfiler la capuche sur sa tête pour cacher le plus possible son état et sa silhouette jusqu'à ce qu'ils parviennent à sa voiture. Elle avait franchement honte de son état et de l'odeur qu'elle sentait sur sa peau.
«Ils ont été rapatriés dans un hôpital de Tokyo. Tous sont hors de danger bien qu'il reste des élèves inconscients,» répondit Aizawa en démarrant le moteur alors qu'elle s'asseyait sur le siège passager, enfonçant sa tête dans son torse en luttant contre le sommeil.
«Je veux aller les voir,» marmonna Kagame, à moitié ensommeillée maintenant qu'elle se sentait en sécurité. Elle avait seulement besoin de quelques heures, quelques jours qui lui permettraient d'oublier que sa vie était un véritable échec. C'était à peine si elle avait encore conscience de la situation. À quel point était-elle si merdique pour que son esprit préfère l'occulter ? Ça ne lui était pas arrivé depuis qu'elle avait été retenue prisonnière dans un lycée. Durant cette période, c'était comme si se focaliser sur son sauvetage par l'Armée lui permettait de ne pas craquer dans un repère de super-héros. Du reste, c'était surtout beaucoup de drogue et beaucoup de flou.
«Tu ne tiens pas debout, tu ferais mieux de te reposer,» contre argumenta Shota en montrant clairement son désaccord. Mais, à ses mots, elle fit l'effort de se redresser et de prendre un visage moins amorphe. S'il y avait bien une chose qu'elle savait avoir besoin pour faire passer la pilule, c'était aller voir ses anciens camarades. À quel point devaient-ils être perturbés par l'enlèvement de Katsuki ? Ce n'était en rien anodin et pour une fois, elle ressenti de l'inquiétude pour le garçon. Combien de temps était passé depuis les évènements du camp ? Un peu moins de 24h, ce qui avait laissé tout le temps aux policiers de l'interroger avant qu'ils se rendent à l'évidence : elle avait beau être la coupable parfaite, rien ne la reliait à l'attaque si ce n'est son passé. Pour autant, elle avait interdiction de quitter la ville jusqu'à ce qu'ils aient éclaircis la situation et envoyé un rapport au commandant des forces de police de Tokyo.
Une paperasse administrative qui n'avait pas forcément intéressé la jeune femme qui faisait déjà face à ses propres traumatismes.
«Je vais bien, je suis juste fatiguée,» râla-t-elle mais il appuya sa paume contre son bras sans quitter la route des yeux et elle eut un mouvement de recul face à la douleur engendrée. Bon, il était possible qu'elle soit légèrement plus amochée que prévu, mais il lui fallait seulement une douche et des bandages. Le reste importait peu. Elle croisa son regard sombre qui la fixait, blasé. «J'ai compris,» grommela-t-elle. «Mais je ne vois pas où est-ce que je pourrais me reposer. Je vous rappelle que je n'ai plus accès à ma chambre. Ils l'ont fouillé ?»
Face au silence de son ancien professeur, elle soupira en enfonçant ses mains dans son sweat. C'était reparti pour ne plus avoir aucune intimité. Kagame aurait dû se douter qu'ils ne la laisseraient pas s'en tirer avec trois questions et une barquette de jus de fruit. Au yeux de la justice, elle ne valait plus que ce qu'on lui accordait. Et, en ces temps critiques, son confort ou même son besoin d'un jardin secret n'avaient aucune importance. Si elle n'avait aucune menottes physiques, il était certain qu'elle était liée d'une façon ou d'une autre à la justice.
«Ils ont trouvé ton carnet,» fit Aizawa sans hausser le ton et elle se renfrogna davantage s'il était possible. Forcément, elle aurait dû le prévoir... «Tu aurais dû m'en parler, j'aurais pu t'aider,» continua-t-il mais elle secoua la tête.
«C'est le principe. Je ne voulais rien demander à personne, ça ne regarde que moi,» répliqua-t-elle en ayant l'impression qu'on lui avait tout pris. L'homme tiqua face à sa mauvaise humeur, agacé qu'elle soit autant sur la défensive. Il tolérait bien des choses parce qu'elle n'avait pas eu une nuit facile et qu'il devait reconnaître que le sort s'était salement acharné sur elle. Mais, en revanche, il avait accepté de prendre sa garde malgré l'opinion publique et les risques qu'elle lui file entre les pattes pour rejoindre les vilains, lui accordant quelque chose qu'il était rare d'obtenir de sa part, surtout avec un passif aussi peu reluisant : sa confiance. Le fait est qu'elle ne la lui rendait pas avait de quoi l'excéder.
«Et tu espérais quoi ? Toquer à leur porte et leur proposer des mochis en guise d'excuse ?» siffla-t-il, ce qui suffit à ce qu'elle se fige et qu'elle détourne ses yeux dorés au dehors, blessée. Il soupira. Il ne savait vraiment pas gérer les crises d'adolescence, c'était de plus en plus flagrant. Qu'est-ce qu'une gamine comme elle avait besoin d'entendre ? Il n'en avait aucune foutue idée. «Je n'ai aucun doute quant à tes intentions et découvrir toutes tes recherches n'a fait que me conforter davantage dans cette idée. Mais tu es encore une enfant, malgré tout ce que tu peux penser, ce que tu peux croire ou de la manière dont les autres te traitent, tu restes une enfant.»
Kagame fit l'effort de retenir ses larmes alors qu'elle sentait la fatigue prendre le pas sur les évènements et son contrôle. Elle avait l'impression de ne faire que ça, retenir ses larmes. Jusqu'à ce qu'elles finissent par se tarir, que ses yeux s'assèchent et qu'elle s'endorme avec l'impression que le ciel était au-dessus de sa tête, prêt à l'engloutir. Mais le ciel était un lieu qui lui appartenait. Les cieux étaient sa maison, de la même manière qu'elle craignait les profondeurs de l'océan ou que la terre ferme lui était hostile. Elle n'aurait pas dû craindre ou désapprécier ce qui lui était familier. Car, inévitablement, c'était dans les airs qu'elle avait un sentiment de liberté où le poids de sa prothèse, de ses problèmes ou du regard des autres n'existait pas. Pourtant, à ce moment-là, elle se sentait davantage comme Atlas, supportant le poids de l'univers tout entier sur ses épaules. Ou alors s'était-elle trop approchée du soleil comme Icare ? L'enseigne de lycée des super-héros brillait au sommet de Tokyo comme un phare, mais elle s'en était brûlée les ailes.
«Et qu'est-ce que vous comptez faire maintenant que j'ai été virée de Yuei ? Je ne sais pas qui acceptera de prendre une "enfant" avec un casier judiciaire aussi long que votre bras.»
Shota eut au moins le mérite de ne pas esquisser de rictus moqueur face à l'ironie de la situation. Non, il n'avait rien prévu de tout cela, ni que la situation dégénère au point qu'elle perde son droit d'étudier dans le prestigieux lycée. Pas avec ses notes, pas avec la protection de la justice -bien qu'elle considérait cette dernière comme une malédiction-, et le soutien évident de personnalités fortes telles que les professeurs, le directeur Nezu ou même encore l'ancien et le nouveau numéro un. Mais ils en étaient là, dans une voiture silencieuse alors que pour l'adolescente, c'était tous ses espoirs qui s'effondraient. Il était son tuteur, il en était de sa responsabilité de la couvrir et la protéger jusqu'à ses dix-huit ans.
Et peut-être aurait-il dû réfléchir à deux fois aux risques qu'il prenait car il était évident qu'il ne s'attendait pas à se retrouver avec une jeune femme à la rue et détestée de tous sur les bras. Il était temps de songer à faire de la place dans son appartement.
«Tu vas venir habiter chez moi, déjà,» commença-t-il alors qu'elle se tournait vers lui pour le fixer avec des yeux ronds. Elle avait beau avoir de jolies économies, il fallait à tout prix les conserver maintenant qu'ils n'avaient plus de plan B. Qui savait ce dont elle aurait besoin quand il ne pourrait plus être derrière elle. «Ne me regarde pas comme ça, je t'ai dis que j'avais accepté d'être ton tuteur. Je connaissais les risques, je ne les avais seulement pas entièrement envisagés. Mais le fait est que tu as besoin d'un toit et d'une stabilité et que tu es sous ma responsabilité,» continua-t-il d'un ton neutre qui contrastait avec ce qu'il lui annonçait. Kagame s'en retrouvait bouche-bée.
«Je ne veux pas être un poids pour vous,» marmonna-t-elle, gênée, mais il balaya sa remarque en tiquant.
«Tu ne l'es pas,» se contenta-t-il de répondre sans s'épancher alors qu'elle sentait une douceur se répandre en elle. La brune avait toujours douté de cela, le voyant garder une certaine distance qui l'avait plus blessée qu'elle ne le pensait. Elle ne voulait pas en attendre plus de lui, mais ses responsabilités avaient empiété sur sa manière de le voir et sans l'affection de Re-Destro ou des autres, elle s'était sentie seule. Terriblement. Il reprenait un peu ce rôle qui lui avait tant manqué en quittant l'Armée. «Et même si j'imagine à quel point tu te sens délaissée, ce n'est pas le cas. Je ne vais pas te mentir en te disant que ce sera facile, surtout en cette période trouble. Mais des gens croient en toi, tes anciens camarades par exemple. Tu es loin d'être seule. Et...» il se stoppa alors qu'elle croisait ses doigts en songeant à Ochaco, mais aussi Izuku, Shoto ou encore Denki. «... et pour ma part je ne me suis jamais trompé sur mes élèves.»
Emue, la jeune femme hocha la tête alors qu'elle se sentait rassurée. Ce n'était peut-être pas la fin, après tout. Ne pas être une super-héroïne n'était pas une finalité en soi, elle aurait dû le savoir après tout ce temps.
«Dites,» fit-elle alors qu'il lui lançait un regard en coin pour l'enjoindre à continuer. «Je peux vous tutoyer maintenant que vous n'êtes plus mon professeur ?»
«Non.» termina-t-il sans hésitation alors qu'elle esquissait un sourire en le voyant se recentrer sur la route, le bas de son visage caché dans ses bandages se soulevant à son tour, rendant l'atmosphère moins lourde et triste. Et, en jetant un coup d'œil sur l'adresse du GPS, elle se permit enfin une sieste. Ils se rendaient finalement à l'hôpital de Tokyo, où elle pourrait voir ses amis.
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«Je reste persuadé que tu aurais dû aller dormir. Tu fais peur à voir,» lâcha Aizawa en poussant les portes de l'hôpital suivit de Kagame. Cette dernière lui jeta un regard ennuyé. Il savait aussi bien qu'elle qu'il lui était impossible de même songer à dormir alors que ses amis étaient blessés, d'autres inconscients tandis que Bakugo avait été enlevé. Et puis, il était bien le seul à pouvoir se poser de partout avec son sac de couchage moutarde. Non, elle s'était contentée de prendre une douche rapide et de se changer avec ce qu'elle avait trouvé dans le placard de son tuteur, récupérant une chemise à manche courte noire trop grande pour elle et un bas de pantalon -sûrement de costume- qu'elle avait resserré avec une ceinture marron. Elle était peut-être ridicule, mais au moins était-elle propre. Pour les sous-vêtements, il s'était contenté de lui tendre un sac plastique avec une paire de chaussettes grises et un caleçon d'homme. Elle avait rougit sans désir de s'épancher sur cela.
«Vous êtes bien placé pour dire ça. Je n'ai jamais vu autant de cernes sur un seul homme,» répondit-elle dans un marmonnement assez audible puisqu'Eraser Head lui assena un coup sur la tête qui la fit râler.
«Un peu de respect, gamine,» lui fit-il et elle plissa ses yeux dorés.
«Vous n'êtes plus mon professeur, je ne risque pas grand-chose.»
Il haussa un sourcil, comme s'il doutait de cette dernière déclaration et la jeune femme soupira en s'avouant vaincue. Il faudrait peut-être qu'elle ne tente pas trop le diable au risque d'être privée du peu de liberté et de pouvoir qu'elle possédait. Tandis qu'ils marchaient en direction de l'accueil, un éclat lui parvint et avant même qu'elle ne fasse un pas de plus, elle sentit un poids se jeter sur elle et des bras l'entourer avec force.
«J'ai eu tellement peur qu'ils ne te relâchent pas ! Je suis vraiment heureuse que tu sois là, Kagame,» souffla Ochaco alors que ses cheveux chatouillaient le bas du visage de l'ancienne vilaine. Et, contre toute attente, alors que la jeune femme allait se détacher de sa camarade pour ne pas la gêner davantage avec des contacts physiques qui ne la mettaient pas à l'aise, la brunette sentit des bras la retenir et Kagame lui rendit son étreinte avec un soulagement irrépressible face à son affection.
«Moi aussi je suis heureuse de te voir,» articula l'amputée, la gorge nouée par l'émotion. Ils avaient tous vécu un moment particulièrement compliqué et le contact qu'elle fuyait habituellement l'apaisait plus qu'elle ne le pensait, d'autant plus en sentant l'odeur naturellement sucrée et les rondeurs affectueuses de son amie contre son propre corps rigide et froid. «Comment vont les autres ?» demanda-t-elle en s'écartant assez pour rencontrer les yeux noisettes de l'adolescente. Cette dernière lui adressa un sourire réconfortant.
«Ça va, Kyoka est encore inconsciente et Momo s'est réveillée ce matin. Des policiers sont venus l'interroger, elle avait des informations pour eux.»
«Midoriya ?» questionna alors Kagame et Ochaco soupira.
«Il a pu être guérit en urgence par Recovery Girl. Mais il ne va pas très bien, l'enlèvement de Bakugo l'a secoué et ton arrestation a été la goutte de trop,» expliqua cette dernière et la jeune femme hocha la tête en songeant au blond. Que faisaient les super-héros ? Aizawa s'était par ailleurs éclipsé en direction d'une machine à café et revint rapidement avec deux chocolats chauds qu'il tendit aux deux filles sans un mot. Elles le remercièrent du bout des lèvres. «Je pense que ça lui ferait plaisir de te voir. Il s'est inquiété pour toi et il pensait que c'était de sa faute si tu avais été arrêté.»
La brune fronça ses sourcils. Sa faute à lui ? Comment en était-il venu à un tel raisonnement ? L'homme à ses côtés renifla et Kagame frissonna quand une goutte d'eau coula le long de sa nuque. Ses cheveux encore humides de la douche tombaient des deux côtés de son visage creusé et elle avait attaché avec deux pinces sa frange qui était maintenant trop longue pour ne pas lui arriver dans les yeux
«Impressionnant. Il va de plus en plus loin dans l'auto-flagellation,» fit-il remarquer ironiquement alors qu'Ochaco ne pouvait qu'approuver en rougissant. Elle ne voulait pas critiquer son petit ami mais il avait la sale habitude de remettre toute la faute sur lui. Sûrement une variante du syndrome du super-héros, celui de vouloir toujours sauver la veuve et l'orphelin.
«J'aimerais surtout comprendre pourquoi il pensait ça,» interrogea Kagame mais deux silhouettes côte à côte firent leur irruption dans son champ de vision et elle vit le visage de Denki s'éclairer tandis que Kirishima paraissait surpris de la voir. L'électrique s'approcha à grand pas d'elle et posa ses deux paumes sur ses épaules alors qu'elle retenait un mouvement brusque pour ne pas renverser son gobelet.
«Eh, fais gaffe,» souffla-t-elle doucement mais elle fut paralysée de voir ses yeux briller alors que le jaune soupirait comme s'il avait retenu sa respiration pendant des heures. Ce n'était pas comme si elle avait soudainement pu les rejoindre à l'hôpital. Elle avait été arrêtée. Sous leurs yeux, sous les cris de Kaminari qui plaidait son innocence, en vain. Mais elle était désormais là, assez libre pour être avec eux. Le garçon en était plus qu'heureux. Et même si du côté d'Eijiro, ça n'enlevait en rien sa culpabilité de ne pas avoir pu sauver son meilleur ami, ni le traumatisme de cette soirée qui s'était imprégnée chez chacun d'entre eux, ça restait une étincelle de lumière au milieu d'un champ de noirceur.
«J'étais certain que tu étais innocente,» lui fit-il et elle posa sa main gauche sur la sienne pour la serrer, le remerciant de son soutien. À ses côtés, le rouge hocha la tête.
«Ouai, on en doutait pas, Misoga. Pas notre classe en tous cas,» précisa-t-il par souci d'honnêteté bien qu'elle doutait tout de même que certains des élèves de la seconde-A n'aient pas pu penser à un moment qu'elle pourrait être la traîtresse. Et elle ne leur en voudrait pas, après tout c'était le raisonnement le plus évident.
Et cette fois-ci, quand elle voulu se tourner vers son tuteur pour voir son regard sombre luire de la même manière qu'un "je te l'avais dis", elle se rendit compte qu'il n'était plus là. Sûrement éclipsé quelque part pour se reposer ou reprendre son rôle d'adulte et de super-héros qui réapparaîtrait au moment même où ils devraient partir. Aussi, elle suivit le petit groupe en direction de la chambre d'Izuku, lequel fut surpris mais heureux et soulagé à son tour de la voir. Et tout cela sonnait amer malgré l'émotion. Parce qu'il manquait quelqu'un. Parce qu'elle ne retournerait pas au lycée. Parce qu'elle était haï et soupçonnée de toute la population.
Et à ce moment-ci, elle n'aurait sûrement pas imaginé qu'écouter aux portes changerait tout.
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«Je viens avec vous,» fit une voix derrière eux et leur groupe se tourna d'un seul mouvement en direction de la silhouette de Kagame qui tenait plusieurs briquettes de jus de fruit dans ses bras. Elle était allée en chercher dans la supérette du coin après avoir tenu compagnie à Midoriya une bonne partie de la matinée et du début d'après-midi, saluant et prenant des nouvelles de ses anciens camarades qui arrivaient tous au compte goutte. Pour autant, quand elle était revenue, elle ne s'était pas attendue à les entendre exposer leur plan pour sauver Bakugo. Cachée derrière la porte, elle avait attendu que les trois garçons terminent, ne voulant pas risquer de les interrompre et de perdre de précieuses informations.
Mais le regard gêné de Kirishima sur elle et le visage fermé de Todoroki lui firent alors comprendre que son absence durant l'exposition de leur plan n'était pas dû au hasard et elle déposa ce qu'elle tenait dans ses mains aux pieds d'Izuku, lequel avait ses lèvres légèrement entrouvertes et des pommettes rougissantes. Il ne savait pas quoi dire. Shoto prit la parole en premier.
«C'est trop risqué, la police t'a déjà dans leur viseur,» articula-t-il et elle fronça ses sourcils.
«Depuis quand cela a-t-il une importance ?» le questionna-t-elle, ne comprenant pas. Elle avait toujours été dans le viseur de la police. Mais elle ne tolèrerait pas de rester sans rien faire alors qu'il était possible pour elle de participer au sauvetage de Katsuki et peut-être Ragdoll. Au-delà du fait qu'elle était la seule à pouvoir témoigner en sa faveur et ainsi apaiser la méfiance générale à son encontre, elle refusait d'abandonner ses coéquipiers.
«Depuis que même les plus puissants super-héros ne peuvent te protéger des accusations,» répondit-il d'une voix égale alors qu'elle détournait son regard. Il avait raison, bien sûr, elle trouvait cela particulièrement rageant.
«Alors c'est vrai ? Tu ne vas plus revenir à Yuei ?» intervint alors Tsuyu et Kagame hocha faiblement la tête. Elle n'y était plus admise, de la même manière qu'elle n'obtiendrait aucun diplôme. C'était un sentiment étrange de se rendre compte que tous ses efforts n'avaient au final mené à rien d'autre que le mépris. Elle ne regrettait pas tout ce qu'elle avait appris, l'accompagnement des professeurs et bien sûr, les liens qu'elle avait tissés avec ses camarades. Non, elle ne regrettait rien. C'est aussi pour cela qu'elle se rendait à présent compte qu'elle n'avait plus rien à perdre.
«Tu ne peux pas venir, Misoga, c'est trop risqué,» trancha Kirishima et elle secoua négativement la tête. Sa façon de procéder n'allait certainement pas aider, mais elle savait ce qui comptait le plus. Croire en un avenir bourré de noirceur et d'échec ou suivre son instinct en espérant pouvoir sauver le plus de monde possible ?
«C'est simple. Si vous m'empêchez de venir, je vous dénonce.»
Face à sa déclaration, Deku ouvrit grand ses yeux alors que Todoroki la fixait, son visage fermé. À leurs côtés, Kirishima avait les poings serrés et la brune ne préféra pas se tourner vers le reste de la classe qui gardait le silence. Elle n'avait jamais été ouvertement hostile envers eux, allant jusqu'à les menacer. Mais ils en étaient là. Et avant même qu'ils ne puissent rétorquer quoi que ce soit, le médecin généraliste fit son entrée pour annoncer qu'Izuku devait encore procéder à quelques examens complémentaires.
Sans un mot, elle lança un regard entendu à Todoroki qui se contenta de céder à sa menace d'un mouvement de la tête et quitta la chambre du vert en ignorant la déception chez certains de ses camarades. Ils ne comprenaient pas, bien entendu. Ils ne comprenaient pas qu'elle ne le faisait pas parce qu'elle était une future super-héroïne, pas même parce que le blond était un ami proche. Elle le faisait parce que c'était sa seule chance de prouver qu'elle n'avait aucune mauvaise intention en s'attaquant à la racine du problème.
Parce qu'elle se le promit en parcourant seule le couloir de l'hôpital. Elle se promit qu'elle ne retiendrait aucun de ses coups, aucune de ses attaques. Et une fois qu'ils auraient récupéré Katsuki, une fois qu'elle serait certaine que plus aucun ne risquerait d'être touché, elle arrêterait de penser, de contenir sa rage et son désir de vengeance. Elle irait jusqu'au bout.
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Note de l'auteur : Et voilà ! Comme la dernière fois, n'hésitez pas à laisser vos impressions. Elles sont toujours particulièrement agréables à lire. Quant à Katsuki, on ne le voit pas du chapitre, mais le prochain devrait davantage le montrer. Je vous laisse sur ces belles paroles, passez un bon week end !
Karanese
