Jour Un

James ouvrit les yeux avec difficulté, et la première sensation qu'il enregistra fut la douleur. Son corps lui faisait mal de partout, voulait trembler et frémir d'épuisement. La deuxième chose qu'il sentit fut les ténèbres et le désespoir humide et froid d'Azkaban. Son âme hurla immédiatement de terreur, répondant par un désespoir instinctif d'Auror, mais son intellect combattit ce sentiment, et se réjouit. Il devait le faire. Il était peut-être Chef de la Division des Aurors et membre du Cercle Intérieur de l'Ordre, mais il devait le faire. Il avait infiltré avec succès la prison des sorciers, était entré dans la forteresse de Voldemort et avait amené ses armes à l'intérieur. Beaucoup auraient traité son plan risqué d'impossible de téméraire, ils l'avaient tous considéré ainsi. Mais envers et contre tous, il avait réussit.

D'une profonde respiration, il tenta de bannir ses peurs insistantes. Mais cela ne marcha pas comme prévu. Il avait si froid.

James cligna des yeux, essayant de détailler son environnement. C'était dur, et très sombre ; de nouveau, il frissonna, plus frigorifié qu'il ne l'avait été dans tous ses souvenirs. Son esprit en savait assez pour attribuer cette sensation aux effets des Détraqueurs, mais même ainsi, il n'y avait pas moyen de combattre ou d'oublier le froid. James n'avait encore jamais été en présence de Détraqueurs sans sa baguette, et c'était effrayant. Il avait si froid.

Finalement, sa vision se clarifia, et il estima rapidement la situation. Il avait une semaine à survivre avant de pouvoir agir, et il savait que ça ne serait pas facile. Peut-être Arabella avait eut raison en pensant que c'était prendre trop de risques, mais encore une fois, James savait qu'il était un excellent appât. Voldemort le haïssait avec une passion que seul son dégoût pour Dumbledore pouvait (peut-être) surpasser. Leur inimitié était personnelle, maintenant, après que James ait dirigé les efforts des Aurors contre le Seigneur des Ténèbres depuis si longtemps. Et peut-être était-ce naturel, aussi : était-ce autre chose que normal pour l'Héritier de Gryffondor de combattre l'Héritier de Serpentard ?

Il chassa ces pensées pour mesurer sa position. Regardant autour sa petite cellule (elle ne pouvait pas faire plus de six pieds sur six de côté) et à travers les barreaux de la porte, James réalisa rapidement qu'il était dans une des cellules de plus haute sécurité de la prison. En fait, si ses souvenirs étaient exacts, il était l'occupant actuel de la Cellule Numéro 2, qui était la deuxième cellule la mieux protégée de toute la prison. Autrefois, elle avait été la demeure de Bellatrix Lestrange après sa capture n 1981. Désormais, apparemment, c'était la sienne. Temporairement, se rappela James. Il essaya de sourire, mais échoua lamentablement tandis qu'il frissonnait de nouveau.

Lentement, il se remit sur ses pieds, trébuchant et se réprimandant lui-même pour être si téméraire. Comme s'il ne savait pas qu'il ne devait pas se lever aussi vite. Les effets consécutifs au Sortilège Doloris ajoutaient faiblesse et vertige à la douleur. Il ne pouvait pas se souvenir exactement combien de fois il avait été frappé avant de finalement s'évanouir, et il ne se rappelait pas non plus combien de temps il était resté évanoui. Mais James savait que cela devait être mauvais. Ca prendrait des heures avant que les effets ne disparaissent—en présumant, bien sûr, qu'il n'affronte pas quelque chose de pire durant ce temps.

Cette pensée ramena le froid, et alors que James frissonnait, il recula instinctivement de l'énorme porte d'acier qui fermait sa cellule. Des ombres bougèrent à l'extérieur, et il entendit un souffle rauque. C'était le son de la mort qui approchait.

Rassembler ses forces ne l'aida pas.

"C'est fini pour Sirius, James—"

"Quoi?" La question explosa d'elle-même, mais il savait déjà ce que cela voulait dire.

Chaque mot semblait causer une immense douleur à Remus, et ses yeux hantés, effrayés, étaient un affront au calme habituel de Remus. "Il y avait des signes de lutte—c'était des Mangemorts, ça devait être ça—J'ai prévenu Dumbledore, et j'ai essayé de—"

"Non!" Son cœur se brisa. Tranché en deux. Déchiré. Il avait envoyé son meilleur ami à la mort.

Des mains froides l'agrippèrent, et son esprit chancela. Les souvenirs l'assaillirent, submergeant sa conscience et lui retirant la capacité de se rappeler où il était, qui il était, ou même ce pour quoi il luttait. Lily.

Inconsciente. Sanglante et presque morte. Des Mangemorts avaient essayé de la capturer, avaient presque réussit, bien qu'elle se soit défendue. Ils la voulaient parce que Voldemort la voulait, avait besoin de Lily pour l'avoir lui. Elle avait voulu servir d'appât, et était presque morte à cause de ça… Ceux de St Mangouste ne savaient toujours pas si elle vivrait. James sentit son monde s'écrouler alors qu'il tenait un Harry de trois ans dans ses bras, en larmes  parce qu'il ne comprenait pas pourquoi sa maman ne pouvait pas répondre.

Et dans le lit à côté, il y avait Remus, avec qui elle était aller déjeuner, et qui était presque mort pour la sauver.

Dans les cauchemars de James, Remus mourait toujours. Dans ses cauchemars, il les perdait tous les deux.

Tout comme il avait perdu Sirius.

Avait-il crié? Une voix froide lui fit presque reprendre conscience pendant un moment. Mais il faisait trop froid. Des mains froides glacées le soulevèrent — un souffle bruyant résonnait à ses oreilles, et James lutta pour se concentrer. Alors que les Détraqueurs le traînaient en avant, il entendit Voldemort rire.

Le trajet jusqu'à la salle d'interrogation fut confus. Ténèbres, douleur, froid et souvenirs l'assaillirent. A chaque pas, James tentait de reprendre le contrôle de lui-même, sachant qu'il aurait besoin de chaque morceau de conscience et de courage qu'il pourrait trouver pour faire face au Seigneur des Ténèbres. Voldemort entendait le faire craquer, le briser, mais il ne pouvait se le permettre. Il devait être fort, pour protéger les secrets de l'Ordre… sans mentionner tous les braves sorciers et sorcières qui travaillaient pour lui dans la Division des Aurors. Il ne pouvait les trahir. Il devait être fort.

Il lutta pour reprendre le contrôle de sa respiration quand les Détraqueurs le forcèrent à s'asseoir dans un fauteuil d'interrogation, et avant que James puisse même penser à se battre, des chaînes brûlantes s'enroulèrent autour de ses jambes, de ses bras, de sa poitrine et de son cou. Il s'étrangla une fois, essayant de respirer malgré la soudaine étreinte de sa poitrine, mais le rire haut-perché venant de devant lui rappela à James qu'il avait de plus gros problèmes.

Il se força à ouvrir les yeux.

"James Potter," murmura Voldemort. "L'invincible, incorruptible, et indomptable James Potter. Bienvenue à Azkaban, Gryffondor."

Affronter ces yeux rouges était difficile, mais il le fit de la façon la plus provocante possible. Qu'il soit maudit s'il craquait. Pas maintenant ; ni jamais.

"Rien à dire, Potter?" se moqua le Seigneur des Ténèbres.

"Non."

Un rire fila à travers la pièce, et il réalisa qu'ils n'étaient pas seuls. Debouts à l'angle opposé, se tenaient Bellatrix et Rodolphus Lestrange, les deux plus cinglés et plus loyaux supporters de Voldemort. Leur présence, il le savait, était un très mauvais signe, surtout quand sa future santé était concernée. Voldemort sourit, toutefois. "Je suspecte que cela changera bientôt."

"Je suis sûr que c'est ce que vous aimez vous dire," répliqua James avant qu'il puisse penser mieux. Bien qu'il aime se rendre provoquant et brave, il savait que cela ne pouvait que rendre cette semaine la plus longue et la plus douloureuse de sa vie—

"Endoloris!"

James hurla alors que son corps se convulsait, se tordant de souffrance, solidement tenu par les chaînes et avec nul part où aller. Immédiatement, un voile rouge tomba devant ses yeux et il eut l'impression que chaque nerf de son corps allait exploser. Il savait que ceci durait, mais il n'y prêtait plus attention. Tout ce qui comptait était la douleur. Il ne pouvait penser à rien d'autre. James avait été soumis au Sortilège Doloris auparavant, mais ça n'avait jamais été si dur ; ça n'avait jamais duré si longtemps. Son corps se convulsa en un effort désespéré pour échapper à l'agonie, mais les chaînes le retinrent. Tout ce qui existait n'était que douleur brûlante.

Finalement, cela finit, et il s'effondra d'épuisement, tremblant. Avant que sa vision ne se reprécise, pourtant, Voldemort parla. D'une certaine façon, on aurait dit que la voix sifflante du Seigneur des Ténèbres parlait directement dans sa tête.

"Je sais que tu n'es pas prêt à céder maintenant, Potter," chuchota Voldemort. "C'était juste une leçon de politesse." Le ricanement virulent ressemblait encore plus à un sifflement. "Souviens-toi, toutefois, que tout le monde cède. C'est seulement une question de temps et de méthode."

James se força à ouvrir les yeux et se retrouva à regarder directement dans les yeux du monstre. Le visage de Voldemort était seulement à quelques centimètres du sien, et malgré lui, James recula. Pourtant, il essaya de projeter de la force dans sa voix. "Je me moque de ce que vous me ferez," répliqua t-il. "Je ne trahirai pas mes amis."

"J'ai déjà entendu ça avant," ricana Voldemort. Soudain, une main froide frotta gentiment sa joue gauche, faisant lutter James pour reculer même en sachant que les chaînes le retiendraient. "Et à la fin, James, je pense que tu les trahiras. En fait, tu feras tout ce que je te demanderai, y compris me servir."

"Jamais." Mais la peur lui tordit les boyaux. Il lui avait déjà offert ce pouvoir, une fois, et il avait refusé—qu'est-ce qui pouvait bien faire penser Voldemort qu'il accepterait cette fois? Qu'est-ce qu'il avait manqué?

"Jamais est un très, très long moment…" Un souffle froid et vicié souffla sur son visage.

"Pas assez long," grogna t-il. Mais quelque chose n'allait pas, et James se sentait vraiment effrayé à présent

Voldemort sourit. "Peut-être." Il fit un pas en arrière, se tournant face à la porte. "Mais peut-être pas. Amenez-le."

James cligna des yeux de confusion alors que deux Détraqueurs entraient dans la pièce, sachant que les effets secondaires du sortilège de torture ralentissaient son cerveau. Entre eux, les Détraqueurs traînait et tiraient à demi un sorcier avachi, dont la robe était en lambeaux et dont la forme émaciée était couverte de sang. Quand il le jetèrent au sol, James aperçut des cheveux noirs, enchevêtrés et crasseux qui encadraient un visage émacié et meurtri—mais il aurait reconnu les traits crispés et douloureux n'importe où. Même si son esprit pouvait difficilement le croire, son cœur hurla la vérité.

"Sirius !"

De pâles yeux bleus battirent pour s'ouvrir, et James vit les lèvres craquelées et en sang commencer à se mouvoir, mais il ne lui fut même pas donné une chance.

"Endoloris !"

Sirius hurla d'une voix enrouée et son corps sursauta de douleur sur le sol, tombant durement sur le béton avec un craquement écœurant. James aussi était en train de crier, hurlant désespérément à Voldemort d'arrêter, hurlant obscénités et insultes contre le Seigneur des Ténèbres dans le vain espoir que Voldemort s'occupe de lui à la place—mais le Sortilège de Silence de Bellatrix Lestrange le frappa, et même si sa bougea s'évertuait férocement, aucun son n'en sortait. Après un moment, James cessa d'essayer, et put seulement regarder, impuissant, alors que son meilleur ami hurla de souffrance.

Voldemort le tint sous le sortilège durant un long moment. Quand il en termina finalement, James n'avait d'yeux que pour Sirius, qui était étendu à terre, tremblant de façon maladive, sa respiration pénible et saccadée. L'esprit de James n'en croyait toujours pas ses yeux, mais il savait que ce n'était pas un mensonge. Sirius n'était presque pas reconnaissable: il était aussi maigre qu'un squelette, meurtri, martyrisé et ensanglanté au-delà de ce que tout ce que James n'avait jamais vu avant. Ses bras étaient attachés derrière lui, mais le droit formait un angle bizarre, de toute évidence brisé. Tout comme sa jambe droite, que James pouvait voir enflée de façon bizarre, et saigner salement au-dessus du genou. Une profonde coupure couvrait l'arrière de cette jambe, et James pensa apercevoir l'os qui sortait.

"Espèce de salaud," murmura t-il.

A un moment, le Sortilège de Silence devait avoir été levé, parce que Voldemort se tourna vers lui avec un sourire, ayant clairement entendu l'angoisse dans sa voix. "Est-ce 'jamais' est assez longtemps pour voir ton meilleur ami souffrir encore plus?"

Sur le sol, Sirius toussa faiblement, gémissant doucement de douleur. James se sentit si impuissant, attaché sur le fauteuil et incapable de bouger, d'agir—et c'était son meilleur ami allongé sur le sol dans cette flaque de sang, le meilleur ami qu'il avait envoyé à la mort dix ans auparavant… Oh, Seigneur… Je ne peux pas faire ça! Sirius… Il regarda son ami, à peine capable de croire qu'il était même là, que Sirius avait survécut pendant si longtemps… Voldemort l'a gardé en vie et, pendant dix ans, il a souffert. Des larmes brouillèrent la vue de James, mais il était incapable de s'en préoccuper. Comment avons-nous pu ne pas savoir ? Comment aie-je pu l'abandonner à cet enfer ?

"Veux-tu vraiment qu'il en ait davantage?" demanda doucement Voldemort, se tenant de nouveau tout prêt de lui.

"Vous savez que non," murmura douloureusement James.

"Alors accepte de me servir." Ca avait l'air si simple, et James sentit son cœur se rétracter sous l'attaque du choix.

Il cligna des yeux et une larme roula le long de sa joue. "Je ne peux pas…"

"Endoloris."

De nouveau, cela ne lui fut pas destiné à lui, mais à Sirius, qui hurlait faiblement dans l'agonie. James vit rouge, et le mélange de l'inquiétude, de la souffrance, et de la colère fit craquer ses nerfs. Il lutta aveuglément contre ses chaînes, sans se soucier de la douleur, seulement qu'il devait faire quelque chose, n'importe quoi, pour aider Sirius.

"Soyez[i1] maudit!" hurla t-il furieusement. "Laissez-le! Qu'est-ce que vous voulez de moi de toute façon, bon sang? Laissez-le!"

Sur un hochement de tête de Voldemort, Bellatrix Lestrange leva sa baguette et parla d'une voix froide. "Endoloris!"

Son sort frappa également Sirius, et James n'avait jamais entendu un homme crier comme son ami criait à présent. Son corps tressauta sur le sol quand le second sort le frappa, le projetant en l'air et le laissant retomber sur son visage. L'instinct premier de James le poussait à injurier davantage le Seigneur des Ténèbres, mais le désespoir le stoppa à temps. Le corps de Sirius était déjà tourmenté et secoué sous l'influence de deux Sortilèges Doloris ; James était terrifié de ce qui lui arriverait si Voldemort indiquait à Rodolphus Lestrange d'en lancer un troisième. Il en savait assez pour savoir qu'un peu plus ou un peu plus longtemps tuerait n'importe quel homme, surtout un dans la condition de faiblesse de Sirius.

Des heures semblèrent passer avant que cela ne finisse, mais James savait que ça n'avait pas été aussi long. Des larmes humides brûlèrent ses joues comme il regardait son meilleur ami être torturé. Il écoutait les hurlements de Sirius diminuer, de faiblesse, jusqu'à ce qu'ils ne soient plus que de faibles cris issus de sa forme convulsée. Finalement, pourtant, Voldemort échangea un regard avec Bellatrix, et tous deux baissèrent leurs baguettes. Au sol, Sirius respirait à peine, et James pouvait entendre l'agonie que causait chaque respiration pour une goulée d'air.

"Ne faites pas ça," supplia James.

"Ah, mais je peux faire tout ce qui me plait," répondit Voldemort, marchant nonchalamment vers lui. "Tu as sûrement réaliser ça, maintenant?"

James garda le silence, luttant pour retenir ses larmes. Il n'avait d'yeux que pour Sirius, qui était toujours étendu, sur le côté à présent de part les soubresauts erratiques de son corps, respirant en de douloureux hoquets. Voldemort s'arrêta immédiatement devant lui, de façon à ce qu'ils soient face à face encore une fois.

"Il y a une mince ligne entre la torture et la folie," dit-il doucement. "Toutefois, nous avons tout le temps de la pratiquer sur ton ami. Je l'ai gardé en vie, Potter, en préparation de ce jour. Il vivra aussi longtemps que je le désirerais, et souffrira pour chaque moment où tu me défieras." Le seigneur des Ténèbres sourit. "Je sais que tu ne te préoccupes pas de ta propre douleur. Mais pour quelque qu'un qui est plus important pour toi que ta propre vie? Tes principes survivront-ils à le voir torturer?"

James ne put regarder Voldemort il laissa son regard aller vers la forme tremblante de Sirius. Tellement de questions luttaient pour la prééminence dans son esprit, qui tournoyait follement sous la pression. Une partie de lui ne pouvait toujours pas croire que Sirius était vivant ; cela avait pris des années à James pour accepter la mort de son meilleur ami, et toute une vie avait semblé passer avant qu'il puisse accepter le fait que Sirius était parti. Mais maintenant son monde était sens dessus-dessous. Sirius n'était pas mort—Voldemort l'avait gardé en vie. Mais était-il vraiment vivant? Etait-il entier? Un homme pouvait-il survivre une décennie dans les mains du Seigneur des Ténèbres sans voler en éclats, complètement brisé dans son cœur et dans son âme?

Mais s'il est brisé, pourquoi ne l'avons-nous pas su avant ? Demanda une petite voix dans sa tête. Sûrement, Voldemort l'aurait utilisé s'il en avait été capable… y'avait-il quelqu'un, même Sirius, qui puisse être si fort? Il avait toujours su que Sirius serait mort sans céder, qu'il ne les aurait jamais trahi—mais il y avait quelque chose d'autre. Quelque chose d'épouvantable.

"Prend ta décision rapidement ou regarde-le souffrir davantage."

James cilla. Il regardait Sirius, cherchant quelque signe de vie, quelque preuve que son ami restait plus que physiquement en vie. Mais même si Sirius était complètement broyé, James pourrait-il supporter de le voir encore blessé? Il déglutit difficilement. "Mais pourquoi vous me voulez tellement?"

"Tu connais la réponse à ça, Potter," siffla Voldemort. "N'essaie pas de gagner du temps."

Et il le savait. L'argument d'Arabella lui revint rapidement en mémoire, et James savait qu'elle avait raison. Même s'il n'avait jamais désiré en être un, il était un héro pour le Monde Magique. Lui, et quelques autres figures-clefs—comme Dumbledore, Arabella, et Remus—étaient des symboles autant qu'ils étaient humains. Ils étaient regardés comme un exemple. Ils dirigeaient non seulement par le pouvoir mais également par l'exemple… et s'il se détournait pour servir le Seigneur des Ténèbres (publiquement, sans aucun doute), toute confiance s'écroulerait et tout espoir serait détruit.

Il n'y avait pas que cela. Il savait presque tout ce qu'il y avait à savoir sur l'Ordre du Phénix. D'un seul geste de la main, il pouvait presque détruire la seule chance du côté de la Lumière dans cette guerre sanglante, qui durait depuis plus de vingt ans.

Mais Sirius… Voldemort avait raison. Il ne pouvait supporter de le voir souffrir, et la respiration de Sirius devenait de plus en plus pénible.

Le Seigneur des Ténèbres commença sourire. "Je…" murmura James, avalant avec difficulté sa salive. Il se haïssait pour ce qu'il allait faire, mais Sirius était plus que son frère, et il l'avait déjà abandonné une fois. "Je—"

"James…" Le murmure rauque fit tourner toutes les têtes dans la pièce vers Sirius qui crachait du sang. "Fais pas ça…"

"Endoloris!" hurla Bellatrix alors même que James rugissait en protestation.

"Non!"

Sirius cria faiblement, et le cœur de James martelait dans sa poitrine. Sirius était là, quelque part, survivant contre toute attente. D'une manière ou d'une autre, il était toujours assez sain d'esprit pour comprendre l'enjeu—et le refuser. Une part irrationnelle de James voulait crier avec fureur à son ami, voulait lui dire qu'il ne méritait pas tout ça et que James ne se souciait pas de ce que cela lui coûterait pour le libérer… mais il ne pouvait pas. Sirius avait toujours lutté pour la même cause que lui, et James savait qu'ils étaient tous deux prêts à mourir pour ces convictions. Désormais, Sirius avait retiré le choix des mains de James.

Et c'était suffisant.

Il était trop faible pour tenir longtemps, maintenant. Mais après trente secondesSirius défaillit. James commença à soupirer de soulagement, mais alors Voldemort lança à Bellatrix par-dessus son épaule, tandis que ses yeux rouges restaient fixés sur James. "Ranime-le."

"Soyez maudit," murmura t-il.

Le Seigneur des Ténèbres sourit. "Il y a de nombreux moyens de le faire souffrir," dit doucement le monstre. "Avec moins de risque de folie que le Sortilège Doloris et autant de douleur. Il les connaît tous… et si tu penses que tu n'a jamais vu ton ami avoir peur, je te prouverai que tu as tort."

James ferma les yeux. Bellatrix en était à sa troisième tentative pour ranimer Sirius, et ça ne marchait toujours pas. Toujours, pourtant, un coin son esprit se rebellait. Tu as tort, pensa t-il avec distance. Je l'ai vu avoir peur. Une fois. Mais c'était il y a longtemps, et jamais à cause de la douleur. Il ne voulait pas y croire, mais aucun homme, après dix ans—dix ans comme ça—il déglutit avec difficulté.

"Veux-tu qu'il souffre encore plus?"

Son cœur voulait renoncer. Il y avait son ami étendu sur le sol, un compagnon Maraudeur, son frère. Sirius reprenait lentement conscience et gémissait de douleur… James pouvait déjà le voir trembler de souffrance, et il vit Sirius tressaillir quand Bellatrix lui donna un coup de pied dans le dos. Il voulait tellement renoncer… mais il ne pouvait trahir Sirius de cette façon. Pas après qu'il ait combattu tant de temps contre tout ça.

James se mordit la lèvre, mais garda le silence.

La fureur déforma le visage de Voldemort, et une main froide s'étendit pour agripper son menton. "Tu le regretteras," siffla le Seigneur des Ténèbres. Sa poigne se resserra jusqu'à ce que la douleur embrase la mâchoire de James et qu'elle le gêne pour respirer. Soudainement, pourtant, Voldemort et les chaînes le relâchèrent, mais avant que James puisse régir, deux Détraqueurs saisirent ses bras et le redressèrent. Son univers tournoya et James se sentit glacé, entendant des cris et les souvenirs résonner à ses oreilles. De nouveau, il put entendre l'ordre sifflant. "Mettez-le dans sa cellule. Qu'il puisse entendre son ami crier."

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Il n'y avait pas moyen d'estimer combine de temps avait passé, mais cette fois c'était des heures. Pendant tout ce temps,  James resta assis dans le coin sombre de sa cellule,ses genoux recroquevillés sur sa poitrine et ses bras enroulés autour. Sa propre douleur persistante passait inaperçue. Il ne pouvait même pas remarquer la froideur distante des Détraqueurs. Tout ce que la conscience de James enregistrait, c'était les cris de Sirius.

Il souhaita presque être toujours là pour au moins savoir ce qui arrivait. Etre assis seul et sans aucune indication sur ce qui se passait, dans le noir était une pure torture ; savoir que Sirius était en train d'être torturé et ne même pas être capable d'être là pour son ami était le pire sentiment qu'il avait jamais expérimenté. James ne s'était jamais sentit aussi impuissant dans sa vie. Il ne s'était jamais sentit aussi désespéré ou coupable, non plus.

Après une éternité, les cris s'estompèrent, et moururent finalement. James frissonna et déglutit, se demandant si Sirius s'était évanoui et s'ils allaient simplement le ranimer pour lui causer encore plus de douleur. Mais il n'y eut rien pendant un long moment, et il commença à espérer qu'ils avaient terminé. Une partie de lui voulait craindre le pire, mais il savait que si Sirius était mort, il aurait été le premier à savoir. Voldemort savait combien cela lui briserait le cœur… James ferma les yeux. Juste une semaine, Sirius, pensa t-il désespérément. Tiens encore une seule semaine. Son cœur commença à résonner à ses oreilles. Sirius pouvait sûrement tenir une semaine. Il avait tenu dix ans, après tout… Mais James avait peur. Il ne savait pas encore combien de temps Voldemort garderait son ami en vie.

La porte de la cellule grinça bruyamment sur ses gonds, lui faisant ouvrir les yeux et redresser la tête. Immédiatement, une sensation de froid commença à s'infiltrer en lui comme deux Détraqueurs entraient dans sa cellule—mais cela disparut presque sous l'émotion et le choc quand ils jetèrent leur fardeau au sol. Sirius cogna avec un craquement sinistre, respirant à peine, tremblant façon incontrôlable. Il se pelotonna douloureusement sur le côté, et ses traits étaient tendus et tirés. Tout comme précédemment, il respirait difficilement, et James le vit tressaillir quand un des Détraqueurs sembla s'attarder plus prêt pendant un instant. James retint son souffle, attendant et s'interrogeant, essayant de comprendre pourquoi Voldemort lui aurait amené Sirius ici—

Et puis les Détraqueurs partirent, et James cessa de s'interroger sur les motivations du Seigneur des Ténèbres. Tout ce qui importait, c'était Sirius, et James s'avança rapidement pour s'agenouiller aux côtés de son ami.

"Sirius ?" murmura t-il, posant précautionneusement une main sur le bras gauche de son ami. Mais Sirius frémit et se tendit, tressaillit en s'écartant du contact amical.

Pendant un moment, James le regarda, horrifié et sans comprendre. Il s'arrêta pour se demander ce qui n'allait pas, pourtant, avant de réaliser ce que devait être le problème. Son cœur se serra douloureusement. Combien de temps a passé depuis qu'il n'a pas eut de contact humain sans souffrance ? pensa James en ayant envie de vomir. Il a été seul pendant si longtemps. Pas besoin de s'étonner qu'il s'imagine être blessé.

"C'est bon, Sirius," murmura t-il à travers la boule dans sa gorge, désespérant de passer outre dix ans passés en enfer. "C'est moi. C'est James."

Un long moment passa durant lequel il commença à craindre que Sirius ne puisse répondre. Finalement, pourtant, son ami cracha en toussant faiblement. "Ja…"

"N'essaie pas de parler, mon vieux," murmura t-il rapidement alors que Sirius clignait des yeux. Parler clairement le faisait souffrir.

"James…" De nouveau, il toussa avec douleur. Sa voix sonnait comme s'il ne l'avait pas utilisé depuis longtemps, aussi—Dix ans. Oh, Seigneur…dix ans—"Ne… lui donne pas ce qu'il veut…"

James dut déglutir. "Je ne lui donnerai pas," murmura t-il.

"Promets-moi." Les yeux bleus de Sirius s'ouvrir d'un seul coup et transmirent aux siens quelque chose proche du désespoir. "Je n'ai pas tenu tant de temps… pour te voir tout abandonner."

"Je ne vais pas te laisser mourir," chuchota t-il, puis il avala à nouveau sa salive. "Mais je promets."

Sirius toussa encore, et frissonna de douleur.

"Je peux faire quelque chose pour toi ?" demanda doucement James.

"Non…" La souffrance se grava sur ses traits, et James n'avait jamais vu des yeux si hantés. "Mais c'est bon de ne plus être seul."

"Tu n'es pas seul." James souhaitait pouvoir dire ou faire quelque chose de plus, même serrer la main de son ami, mais les bras de Sirius étaient toujours liés avec cruauté derrière son dos. Il se mordit la lèvre inférieure quand il parla à nouveau, les mots sortants comme un torrent. "Sirius… Je suis tellement désolé. Je n'avais jamais imaginé que cela t'arriverait. J'aurai été plus heureux de mourir si cela t'avait épargné cette souffrance."

"Fais pas ça." frissonna Sirius. Sa respiration venait par souffles difficiles et bruyants.

"Mais—"

"Je t'en prie," le coupa le murmure rauque. "J'ai fait mon choix. Je ne te… hais pas pour ça."

"Tu devrais," répondit-il sombrement.

"Je peux pas." Sirius cracha en toussant. "Je le ferai pas."

"Je suis tellement désolé que nous ne t'ayons pas retrouvé plus tôt, que nous n'ayons pas su…" La voix de James se brisa. "Je pensais que tu étais mort."

"Pas…encore."

Et il n'y avait rien à quoi il puisse penser pour répondre à ça. Rien du tout. Perdu, James se mit en position assise et attira gentiment la tête de Sirius sur ses genoux. Il devait faire quelque chose—et bien que son ami se tende au début, apparemment peu habitué, après un moment, Sirius se relâcha. "Pas encore," murmura férocement James. "Ni jamais."

Son regard rencontra celui de Sirius et leurs yeux s'accrochèrent; James essaya de transmettre tous ses sentiments d'urgence, et essaya de planter son projet dans les yeux de Sirius de façon à ce qu'ils puissent se comprendre sans parler. Une semaine. Juste une semaine…

"Promet-moi que tu vas tenir, Sirius," demanda t-il désespérément. "Juste un peu plus longtemps."

Son meilleur ami le regarda avec des yeux douloureux et hantés. Finalement il répondit, "Je survivrai…"

James ouvrit la bouche pour réclamer une promesse, mais l'angoisse dans la voix de Sirius l'arrêta.

"Je l'ai toujours fait."

Il se sentit vide. Il n'y avait pas de mots pour, décrire le désespoir douloureux et total qu'il entendait, rien qu'il puisse faire pour atténuer la souffrance de son ami. Il ne s'était jamais senti si désespéré, si coupable. D'amers auto-reproches montèrent en lui. "Tout est ma faute."

"Non, ça ne l'est pas." Il ne s'était pas rendu compte qu'il avait parlé à voix haute avant que Sirius ne lui réponde. "Ne te fais pas de reproches."

"Alors qui devrais-je blâmer?" demanda amèrement James.

"S'il te plait, James…" sa voix devenait plus faible et il y avait quelque chose de purement et simplement  terrifié dans ses yeux. "Je n'ai pas… la force de discuter avec toi… maintenant."

Ses yeux eurent raison de lui., et James y vit le besoin désespéré de compagnie de Sirius. Il y reconnut la solitude avec laquelle il vivait depuis si longtemps. Ils n'avaient pas besoin d'avoir cette discussion. Il ne devrait rien y avoir entre eux. Ce dont Sirius avait besoin maintenant, ce n'était pas de quelqu'un à blâmer ; il avait besoin de quelqu'un pour l'aider à survivre. "Je suis désolé," s'excusa t-il, se sentant stupide. "Je vais me taire."

"Merci." Autrefois, Sirius aurait sourit. Désormais, il y avait seulement de la souffrance dans ses yeux.

"Tiens bon pour moi, Patmol," répondit-il doucement. Le vieux surnom, cependant, n'eut pas l'effet positif qu'il escomptait, et une ombre profonde se creusa sur le visage de son ami. Soudain, Sirius se mit à trembler.

"Non…"

"Qu'y a-t-il ?" James toucha l'épaule de Sirius avec inquiétude quand il n'eut pas de réponse immédiate ; le corps de Sirius tremblait de façon incontrôlable, et ses yeux étaient de nouveaux fermés avec force. "Sirius ?"

"Détraqueurs…" marmonna t-il.

"Tu peux déjà les sentir ?" James savait que Sirius avait toujours possédé une affinité pour la Magie Noire, mais il n'avait jamais entendu parler de quelqu'un qui soit devenu plus habitué à la présence des Détraqueurs avec le temps... il ne ressentait encore rien, mais James pouvait sentir Sirius devenir plus froid.

"Non…"

Sirius frémit encore, et James chercha désespérément un moyen de l'aider. Il ne pouvait rien faire mais pria pour que son ami ait tort, mais il savait dans son cœur que ce n'était pas le cas, et qu'il devait faire quelque chose. N'importe quoi. Finalement, alors qu'il commençait à ressentir l'approche du froid à son tour, James prit le risque [i2] . Soulevant son ami avec précaution, il entoura ses bras autour de Sirius par derrière, l'attirant contre sa poitrine tandis que Sirius luttait avec une décennie de ses pires cauchemars.

"Reste avec moi, mon vieux," murmura t-il.

Le corps de Sirius tremblait si fort que c'en était presque des convulsions. "Non…" répéta t-il, déjà pris dans ses souvenirs. "Pas ça…"

"Je suis là, Sirius. Tu n'es pas seul." Désespérément, James affronta ses propres démons. Les cris et les voix résonnaient dans son esprit, mais il ne pouvait leur faire face maintenant. Sirius avait besoin de lui. "Tu peux m'entendre, Sirius ? Tu n'es pas seul."

Il y eut un moment d'hésitation avant que Sirius ne semble reconnaître sa présence. "James ?" hoqueta t-il.

"C'est moi, mon vieux. Je suis là." Il resserra ses bras autour de son ami. Le froid se glissait en eux. Il put entendre la respiration comme un râle, et c'était si proche—

"Oh, Seigneur…" Sirius hurla contre lui alors que la porte s'ouvrait et que trois Détraqueurs pénétraient dans la cellule. James resserra son étreinte alors que son ami tremblait de plus en plus fort ; Sirius était perdu maintenant, prisonnier des souvenirs enfermés dans son âme tourmentée. James n'avait jamais vu quelqu'un réagir si mal aux Détraqueurs, mais d'un autre côté, il n'avait jamais connu personne y survivre si longtemps… surtout avec sa santé mentale intacte. Mais tout solide que fut Sirius, les créatures l'effrayaient de toute évidence profondément.

James entendit des cris tandis que Sirius se convulsait, et il était certain que certains étaient les siens. Mais il ne le laisserait pas partir, et il vida toute sa force et sa conscience dans son meilleur ami. Sirius était trop faible pour les combattre ; il tremblait et frissonnait contre James, réagissant inutilement avec peur et douleur. Il devait être fort pour tous les deux, il le savait, et James se cramponna à Sirius, déterminé à ne pas le laisser partir.

Ils supportèrent la tempête ensemble.

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James reprit pleinement conscience quand les Détraqueurs se retirèrent finalement, vaincus quelque part par les liens que lui et Sirius partageaient toujours, après tant d'années de séparation. Il pouvait sentir son ami trembler et frissonner contre sa poitrine, luttant pour respirer, et James relâcha son étreinte sur Sirius avec un effort de volonté. Il avait presque peur de le faire ; il était terrifié à l'idée que les Détraqueurs reviennent et emmènent Sirius alors qu'ils seraient tout deux trop faibles pour résister une deuxième fois. Un regard à l'homme tremblant dans ses bras révéla à James que son ami était toujours perdu dans l'enfer de son propre esprit, et un petit coin effrayé de son esprit se demanda comment Sirius avait survécu si longtemps. Mais il mis cette pensée de côté, sachant qu'ils n'avaient pas beaucoup de temps. Doucement, il ramena en arrière une mèche de cheveux noirs, sales et emmêlés du front couvert de sueur de son ami.

"Sirius ?" murmura t-il. "Tu peux m'entendre ? Sirius ?"

Silence.

"Sirius?" James déglutit avec inquiétude. "Patmol?"

Son ami se secoua contre lui, cherchant de l'air dans le silence. Avec précaution, James resserra sa prise sur Sirius, le secouant aussi doucement qu'il osa. Finalement, une voix fantomatique chuchota, "Fais pas…"

"Les Détraqueurs sont partis, Patmol," dit James avec soulagement.

"Mal," grinça son ami.

Abruptement, James réalisa que Sirius parlait de lui en train de le secouer, pas des effroyables créatures de Voldemort. "Pardon."

"S'bon…" murmura Sirius d'une voix rauque. La peur et de vieux doutes transparurent dans sa voix. "Ils sont partis…?"

"Ouais," le rassura James. "Est-ce que ça va aller ?"

C'était une question stupide à poser, et le hochement de tête tremblant de Sirius était également stupide. Mais pourtant tous deux étaient complètement fidèles et bien intentionnés. " Ils sont partis, Sirius," murmura t-il comme les tremblements de son ami commençaient à se calmer. " Ils sont partis."

L'émotion prit James à la gorge tandis qu'il parlait, tenant toujours son ami seul et tourmenté. Quelle sorte d'enfer vivait dans l'esprit de Sirius ? Comment pouvait-il le supporter depuis tant d'année et ne pas mourir à l'intérieur ? Le simple fait de le regarder faisait que James voulait s'effondrer, et il savait profondément que tout était sa faute. Qui d'autre que lui pouvait être tenu responsable de la maigreur squelettique de Sirius et du sang souillant sa robe tachée ?Il n'en faisait pas mention parce que Sirius lui avait demandé de ne pas le faire, mais James connaissait la vérité. C'était sa faute, et le seul moyen de se racheter était de sauver son ami une fois pour toutes—en finir avec cet enfer pour toujours.

Le seul problème était qu'il ne pouvait espérer faire quoi que ce soit avant une autre semaine. "Peux-tu tenir encore un peu plus longtemps?" demanda t-il sans y penser.

"James…" Sirius se raidit. "Je survis à ça… tous les jours."

Il déglutit. "Je suis désolé. Je sais."

"Je ne pense pas," répliqua durement son ami, mais James put entendre la peur sous ses mots. "Ils vont revenir, James… et tu ne peux pas les combattre tout le temps."

"Quoi? Je—"

Sirius tremblait de nouveau, et il put sentir la terreur qui luttait avec la force naturelle de son ami. "Tu dois choisir tes batailles…" Sirius toussa. "Garder ta résistance… pour quand ça en vaut la peine."

James le regarda. Pendant un moment, il ne comprit pas ce qu'il entendait, et puis il ne pouvait croire qu'il entendait ces mots de défaite venant de Sirius. Sirius, qui avait toujours été celui qui provoquait, celui qui s'était toujours battu, quel qu'en soit le prix. Il avait toujours flirté avec l'insouciance plutôt que la prudence, et l'entendre parler de façon si hésitante était étrange aux oreilles de James. "Ca en vaut la peine, Sirius."

"Pas assez." L'autre devait avoir entendu sa stupéfaction et continua de la même voix douce et hantée. "Tu ne peux pas gagner cette fois, et perdre…" il cligna des yeux. "Perdre coûte beaucoup."

"Qu'est-ce qui t'es arrivé?" James tendit le cou de côté pour regarder son ami, vraiment inquiet pour la santé mentale de Sirius pour la première fois. Il ne pouvait pas croire, ne voulait pas croire, ne croirait pas… mais ce n'était pas la bonne question à poser, et il le réalisa très vite quand son ami se tendit de nouveau. Sirius n'avait pas besoin d'être jugé. Ni maintenant, ni jamais. Il était seul depuis trop longtemps dans les ténèbres et la douleur. Après un long moment d'un silence inconfortable, James commença à s'excuser, mais le murmure épuisé de Sirius le coupa.

"Après un temps ici, tu apprends… tu apprend à conserver la résistance à l'intérieur pour qu'ils ne puissent te la sucer jusqu'à la moelle." Il frissonna. "Si tu ne le fais pas… tu meurs." Sirius ferma les yeux, et soudain, James pensa voir miroiter des larmes. "Je ne peux pas combattre tout le temps, James… Je ne peux simplement pas …"

"Je suis désolé," répondit-il rapidement, sachant que les mots ne seraient jamais assez, et se haïssant lui-même pour être aussi à côté de la plaque. Dix ans, se rappela t-il furieusement. Comment est-ce que je peux présumer comprendre ce qu'il a traversé, ce à quoi il a résisté? "Je ne m'attends pas à ce que—Seigneur, Sirius, je suis juste heureux que tu sois vivant. Mais je m'angoisse… Je ne veux pas te perdre de nouveau."

Les yeux de Sirius s'ouvrirent lentement. "Tu ne me perdras pas," dit-il doucement. "Je ne peux pas te promettre beaucoup, mais je peux te promettre ça."

Avant que James ne puisse répondre, ils sentirent tous deux l'approche du froid, et un rire haut-perché résonna à leurs oreilles. La tête de James se tourna si vivement que son cou craqua, mais il savait déjà ce qu'il verrait.

"Les promesses, Black, sont faites pour être brisées," déclara Voldemort, se tenant à l'entrée de la cellule.

James resserra ses bras de façon protectrice autour de son ami alors que Sirius se tendait. Le Seigneur des Ténèbres, toutefois, devait avoir vu leurs réactions, parce qu'il se remit à rire, pas du tout affecté par les Détraqueurs qui rôdaient dans son dos. D'un autre côté, toute fois, les tremblements de Sirius empiraient tandis que les créatures sans âme s'avançaient plus près. Ravalant sa propre terreur, James attira son ami plus prêt de lui. "Je suis là, mon vieux."

"Pas ça…" murmura Sirius de façon presque inaudible.

"Quoi ?" La peur le saisit à la gorge; il osa décoller ses yeux de Voldemort assez longtemps pour regarder son ami avec inquiétude.

Sirius était presque en train de convulser sous l'influence des Détraqueurs, et il était évident qu'il luttait pour reprendre le contrôle. "Laisse-le, James," murmura t-il d'une voix tremblante. "Ca ne vaut pas le coup—"

"Non," siffla t-il férocement. "Certaines choses valent la peine de se battre."

"Cornedrue…" C'était la première fois que Sirius utilisait le vieux surnom, et James n'en manqua pas la portée. Mais une voix froide interrompit Sirius avant qu'il puisse rassembler la force de continuer.

"Tu ferais mieux d'écouter ton ami, Potter," ricana Voldemort. "Tu ne sais jamais ce que ça pourrait te coûter."

Les Détraqueurs s'approchèrent plus prêt, jusqu'à ce qu'ils s'arrêtent sur un signe du Seigneur des Ténèbres. Sentant Sirius trembler de terreur, James leva la tête pour regarder avec défi les yeux de Voldemort.

"Je n'abandonne pas mes amis," grogna t-il.

"Peut-être que tu devrais." Le sourire dans la réponse froide fit passer un frisson dans l'échine de James. "Endoloris!"

"Non !"

Sirius hurla, et alors que les débris du sortilège frappaient James, le corps de son ami se recroquevilla et sursauta dans ses bras. Sa propre douleur était terne en comparaison tandis que Sirius hurla faiblement dans son agonie—et tout ce que James put faire fut de le tenir. Désespérément, il essaya d'interposer son corps entre Sirius et le sort, mais la masse de Sirius s'appuyait trop contre lui, et il ne pouvait bouger. Froid. Soudain, les Détraqueurs furent là et l'horreur monta dans l'esprit de James en entendant les hurlements de son ami. Avant qu'il puisse résister, ils lui arrachèrent Sirius.

"Non !" hurla encore James, essayant de se mettre debout. Les bords de sa vision s'effaçaient et il était sur le point de s'évanouir, mais James pouvait voir le corps de Sirius se convulser tandis que les Détraqueurs l'entraînaient en même temps que Voldemort le tenait sous le maléfice. Sans y penser, il se porta en avant, sans baguette mais désespérant de faire quelque chose pour aider son ami. Une seconde suffit aux Détraqueurs pour le saisir, pourtant, et leurs mains froides remplirent son esprit avec des cauchemars, dérobant sa vision et menaçant sa conscience—mais durant tout ce temps, les cris de Sirius résonnèrent en arrière-fond.

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Il se réveilla et se retrouva de nouveau attaché à la Chaise d'Interrogation. Le corps de James tremblait de façon incontrôlable—les Détraqueurs étaient proches, si proches. Il était presque impossible de respirer, et avec chaque respiration il sentait l'air vicié que les Détraqueurs exhalaient et leur immonde puanteur de décomposition. James frissonna.

"Pas mes parents, non—"

"James, c'est Lily et Remus. Ils pourraient ne pas survivre…il a essayé de la sauver, mais—"

"Papa, je ne comprends pas—"

"C'est Sirius, James. C'est fini pour lui—"

Sirius.

Des cris d'agonie haut-perchés et tourmentés. Une voix froide ordonna aux Détraqueurs : "Reculez. Je veux qu'il voie."

Sirius. Hurlant et maintenu sur une table par trois Détraqueurs, son corps sursautait sauvagement et James pouvait voir la terreur et la souffrance gravées dans ses traits émaciés. Pas très loin, Rodolphus Lestrange souriait de façon maniaque et le tenait sous le Sortilège Doloris. Voldemort se contentait de sourire.

"Comme tu peux le voir, James, la résistance est inutile."

Il ne pouvait même pas trouver les mots pour exprimer sa colère et son dégoût. James pouvait seulement regarder tandis que l'un des Détraqueurs cramponna ses mains grises autour du visage de Sirius, obtenant un vagissement d'agonie et de peur mêlées. Malgré l'étroite étreinte des immondes créatures, le sorcier squelettique se tordait de douleur, mais James pouvait le voir s'affaiblir rapidement. La combinaison du sort de torture et des Détraqueurs drainait le peu de forces que possédait Sirius, et sa respiration devenait de plus en plus difficile au fur et à mesure que le temps passait.

Finalement, Lestrange retira le sortilège, et le long silence fut seulement troublé par de doux gémissements de douleur de Sirius alors que les Détraqueurs continuaient de le tenir. Pendant ce qui sembla une éternité, James ne put détourner les yeux de la forme tremblant de façon maladive de son ami—il ne pouvait s'empêche de se rappeler que c'était sa faute. Sirius l'avait prévenu, mais James avait imaginé pouvoir supporter les conséquences de ses propres actions. Pas Sirius. Il pouvait résister à n'importe quelle douleur qui lui serait infligée, mais James ne pouvait supporter de voir son ami être blessé davantage. Pas après si longtemps, et pas quand il était responsable. Par-delà la respiration saccadée de Sirius, le Seigneur des Ténèbres commenta froidement:

"Je vois que tu commence à comprendre ce que la résistance peut te coûter."

Lentement, James leva les yeux pour rencontrer ceux de son ennemi. "Je vois que avez seulement le courage de vous en prendre à ceux qui ne peuvent pas se défendre."

"Oh, bien joué." Voldemort rit inopinément. "Tu es plus intelligent que tu ne le parais, Potter, essayer de diverger ma colère sur toi à la place de ton ami." Soudainement, pourtant, il fit quelques pas en avant, se tenant prêt de James. "Mais je vais te confier un petit secret, jeune homme. Je sais que tu l'aimes comme un frère.

"Et je sais aussi que tu ferais n'importe quoi pour lui sauver la vie." Les yeux rouges flambèrent. "Alors résiste tant que tu veux. Je puis attendre. A la fin, tu cèderas."


[i1]Parce que faut décider soit il le tutoie soit il le vouvoie…

[i2]Chance est un faux ami… plutôt dans le sens d'occasion voire comme ici de risque