Jour Six
La solitude l'aurait tué si James n'avait pas su que Sirius était en train de souffrir un peu plus loin. Les heures avaient passé, pourtant il n'avait pas moyen de savoir combien—mais les cris qu'il entendait était plus faibles et depuis un moment à présent, il n'entendait rien. Le silence n'en n'était plus que démoralisant ; cela le déchirait en deux de l'intérieur.
Un coin logique de l'esprit de James lui disait qu'il devrait au moins essayer de dormir. Entre les cauchemars de son esprit et ceux que son meilleur ami était en train de vivre, le repos devenait extrêmement difficile. James n'était pas sûr de la dernière fois qu'il avait dormi, mais il était sûr que cela faisait au moins deux jours. Ses paupières étaient alourdies par l'épuisement, mais il n'avait aucun désir de se reposer—pas maintenant, pas avec Sirius souffrant par des moyens inconnus. James avait appris à la dure qu'ils ne laisseraient pas son ami se reposer en paix. Il y avait des moments, cependant, où il sentait qu'il était impossible de garder les yeux ouverts…
James se réveilla en sursaut. Il devait avoir dormi, bien qu'il ne puisse dire combien de temps. Il avait perdu toute notion du temps à Azkaban, et la seule chose qu'il pouvait dire avec certitude de sa cellule sans fenêtre, c'était que les jours passaient. Ce que la petite routine qui existait en prison lui laissait savoir, c'était que le prochain jour serait le sixième—où était-ce déjà le sixième? L'horloge intérieure de son corps disait à James que cela devait être le milieu de la nuit, mais il ne pouvait plus faire confiance à ses sens -ils avaient peu de chance d'être fiables. Autant qu'il se soit préparé pour cette mission, rien ne pouvait vous rendre prêt pour Azkaban. Surtout maintenant.
Ca devait déjà faire six jours. Plissant des yeux dans la faible lumière—l'obscurité ne changeait jamais—James estima que ce devait être presque le matin. Peut-être. Il n'avait pas moyen de savoir, mais son corps le lui disait, à moins qu'il n'ait seulement dormi que quelques minutes ou secondes, en quel cas il n'y avait pas moyen de savoir. Il espérait que l'aube était proche, pourtant. Si ça l'était, il ne resterait plus qu'un seul jour. Un jour encore. James résista au besoin de hurler son soulagement ou même de pleurer. Un jour. Dans moins de vingt-quatre heures à partir de maintenant, cela serait fini. Et Sirius serait libre.
Adossé contre le mur, James enroula ses bras autour de ses genoux et attendit. Il s'était habitué à attendre, bien que tous ses instincts s'y opposent. Plus très longtemps, se promit l'Auror. Sous peu, il pourrait enfin agir— mais plus tôt encore, les hurlements commenceraient. Il sentit le froid, mais c'était vrai. Quoi qu'il arrive, cela arriverait bientôt.
"Tu as réfléchi, Jimmy?" lui demanda une voix moqueuse, faisant bondir James. Quoi que son manque de facultés mentales puisse indiquer, Bellatrix Lestrange pouvait toujours se mouvoir comme un chat, contrairement à ses collègues gauches et bruyants.
Il leva les yeux pour la regarder. Seul Voldemort avait plus de ce feu que l'autrefois si belle cousine de Sirius. Elle avait facilement prouvé qu'elle était la personne la plus malade que James ait jamais rencontrée.
"Non," grinça t-il, refoulant le désir de lui dire exactement ce qu'elle pourrait faire avec ses 'réflexions.' Encore un jour, se consola-t-il. Juste un.
"Très bien."
Bellatrix haussa passivement les épaules, et elle fut partie. James fronça les sourcils, essayant de comprendre ses actions sans rapport—puis il réalisa qu'elle avait quitté sa cellule en laissant la porte non verrouillée. Immédiatement, il fut sur ses pieds. Si c'était un meilleur moyen, un moyen plus rapide, bon sang il le saisirait—et puis la porte s'ouvrit brutalement avec un crash et de l'air froid se rua à l'interieur.
"Ca vous avancera à quoi si votre otage meurt ?"
"A quoi ça t'avancera si ce sont tes actions qui le tuent ? On ne pourra pas le ranimer quel que soit le vainqueur à la fin, n'est-ce pas?"
Des frissons de froid.
"James…arrête…"
Des Détraqueurs. Au moins trois, mais James s'écrasa au sol, et la résistance, alors si facile, fut complètement impossible.
"Ne faites pas ça."
"Ah, mais je peux faire tout ce qui me plait," répondit Voldemort, marchant nonchalamment vers lui. "Tu as sûrement réalisé ça, maintenant?"
Des mains froides le saisirent, et une centaine de cauchemars se battirent pour la préséance dans l'esprit de James. Les Détraqueurs le tiraient, entraînant le corps tremblant de James avec facilité. Toutes les décisions qu'il avait prises revenaient le hanter. Sirius…Oh, Sirius… il avait si froid. L'espoir, qu'il avait ressentit si brièvement, était mort en lui, avait été aspiré. Même le plus petit coin de son esprit qui conservait de l'intelligence désespérait. Il savait où les Détraqueurs l'emmenaient. James savait que le cycle allait encore recommencer.
"Tu crois qu'il n'a pas peur? Il le cache bien, mais pas assez bien. Et peu importe combien il soit fort, il cèdera à la longue. Viendra un moment où il ne voudra plus tenir, où il voudra juste mourir…"
Sirius hurla alors que Rodolphus lança le sortilège sur son épaule droite déjà brisée. Bellatrix rigola doucement.
Une porte s'ouvrit, et soudain James fut relâché. Ses jambes inéficaces s'écroulèrent sous lui immédiatement, et il frappa le sol avec un bruit sourd douloureux. A ses côtés, les Détraqueurs commencèrent à reculer, éclaircissant un peu son esprit. Il avait toujours froid, si froid…
Sirius.
James fut sur ses pieds sans comprendre comment il avait fait. Il était dans la cellule de Sirius, réalisa t-il d'un coup, et toutes ses angoisses précédentes furent instantanément oubliées. Sirius était écroulé au sol, sur le côté, et se convulsait de douleur. Il faisait difficilement quelque bruit que ce soit, mais sa respiration était malaisée et de temps à autre Sirius gémissait doucement de souffrance. Il tremblait follement, et James pouvait entendre l'agonie provoquée par chaque respiration. Les yeux de Sirius étaient fermés, mais même cela ne pouvait cacher la douleur.
"Douze heures, Jimmy."
La voix de Bellatrix Lestrange fit se retourner James. Elle se tenait encadrée à la porte, avec un sourire qui aurait put être un doux sourire s'il n'était tellement fou. Immédiatement, les mots de Voldemort lui vinrent en mémoire—"Qu'est-ce que ce sera, James? Le plus longtemps qu'il ait été sous Poenatoxicum est de treize heures. Oseras-tu voir combien de temps il peut réellement tenir?" - il déglutit et repoussa une réplique coléreuse afin d'éviter d'ajouter la vindcite de Bellatrix au scénario. Il avait appris à la dure qu'elle ne demandait qu'à faire du mal à Sirius s'il la laissait l'appâter, et James n'allait pas lui donner cette satisfaction.
"Garde à l'esprit que c'est toi qui le fait souffrir."
"Je—"
La porte se referma avec fracas avant que James puisse finir de protester, le rendant malade. Ca lui faisait mal au coeur de le nier, mais il savait que c'était sa faute. C'était sa faute si Sirius avait mal, s'il souffrait tellement… James avait fait son choix sachant ce que cela coûterait, mais il haïssait toujours le prix qu'il était forcé de payer. Encore un jour, se rappela t-il désespérément, mais cette pensée rassurante ne le fut pas longtemps. Un seul jour, réalisa finalement James, pourrait durer une vie entière.
Sirius gémit.
Sa colère oubliée, James se rua aux côtés de son ami. Les yeux de Sirius s'ouvraient et se fermaient périodiquement, brouillés et emplis de douleur. Il était allongé comme s'il avait été largué sur le sol et n'avait pas été capable de bouger de puis. Même quand James s'agenouilla près de lui, cependant, Sirius ne réagit pas. Il continua seulement à trembler à gémir de souffrance. Ce fut seulement là que James réalisa que Sirius ne savait même pas qu'il était là. Il souffrait trop pour remarquer quoique ce soit. Il était trop emprisonné dans son enfer.
"Sirius?"
Les yeux bleus de son ami luttèrent pour s'ouvrir, et puis se fermèrent de nouveau. James tendit une main tremblante pour toucher le front moite de Sirius. Il devenait difficile de respirer avec la boule dans sa gorge.
"Patmol?" murmura James avec inquiétude. Il ne savait même pas si son ami pouvait parler, ou pouvait enregistrer quoi que ce soit autour de lui—mais il devait essayer et atteindre Sirius. Il n'avait pas été capable de vraiment parler à son ami depuis le premier jour, et James ne pouvait supporter la pensée que Sirius imagine qu'il n'osait pas, qu'il n'essayait pas d'en finir avec ceci—
Sirius toussa.
"Ja…" Il se coupa dans un gémissement. Les yeux à demi-ouverts de Sirius roulèrent de douleur. Son corps sursauta plus fort.
"Je suis tellement désolé," murmura James. Il l'avait dit avant, et le dirait indubitablement encore un millier de fois avant que ce la soit finit—mais il le pensait. Oh, il le pensait, depuis les profondeurs de son cœur qui menaçait de rompre. "Je suis tellement désolé qu'il continue à te faire ça alors que sa vraie cible c'est moi—"
"Ne…Je—" un doux cri coupa ses mots, même alors que James pouvait dire que Sirius avait vaillamment essayé de le retenir. Sirius se mordit les lèvres comme un autre cri plaintif émergeait, luttant pour garder le contrôle, mais James pouvait voir l'agonie sur son visage.
"Il n'y a rien que je peux faire?" demanda t-il rapidement.
"N-on…"
Sirius frémit, et échoua à retenir un autre cri. Il ne pouvait hurler, réalisa soudain James. Il était bien trop faible, à présent, et il souffrait trop. Cela, pourtant, ne signifiait pas qu'il ne voulait pas. Cette maudite potion le retenait dans l'agonie, le faisant souffrir encore et encore… et ça faisait déjà douze heures. Douze heures. James ne pouvait même imaginer la souffrance de Sirius, pouvait difficilement commencer à comprendre, mais il savait que Sirius faisait face à l'enfer sous ses yeux. Respirer était clairement une agonie, et la façon dont il tremblait montrait combien de tension son corps endurait. Les yeux de Sirius papillonnèrent encore une fois, et James supposa que son ami ne le réalisait même pas. Il avait fait face à tellement de choses et était déjà si fort, mais James se demandait combien de temps cela durerait encore. Tout le monde avait ses limites—il frissonna. "Tout le monde craque. C'est seulement un problème de temps et de méthode."
Non. Il repoussa au loin cette pensée. Pas Sirius. Jamais.
Sirius toussa encore, et puis hoqueta douloureusement. Sa respiration était en train de devenir encore plus pénible alors que la potion continuait de faire son travail, mais James pouvait le voir essayer de retenir la douleur, de cacher tout ce qu'il pouvait. Il combattait avec tout ce qu'il avait pour enfouir cela profondément où James ne pourrait pas le voir. Un autre homme aurait pu demander pourquoi, mais James connaissait la réponse.
"Tu n'as pas à cacher ça, Patmol," murmura t-il doucement, dégageant des cheveux emmêlés des yeux de son ami. "Tu ne dois pas être si fort. Pas maintenant."
Sirius le regarda, clignant plusieurs fois de yeux avant de pouvoir le distinguer. Pendant un long moment, James put seulement regarder dans les yeux de son ami, voyant l'agonie, la douleur et la pression qu'il supportait. Ces yeux bleus avaient jadis été si pleins de vie, mais, maintenant ils étaient presque morts ; il n'y avait que de la douleur. Et il n'y avait nul espoir—seulement de l'épuisement qu'il ne pouvait espérer soulager. Un instant, James pensa voir la peur briller dans les yeux de son ami, mais il devait l'avoir imaginer, parce que cela disparut en une seconde.
"Je…" Sirius frissonna encore, et quelque chose de très désorientée dansa à travers ses yeux avant qu'il les détourne, les clignant de nouveau.
"Sirius? Est-ce que ça va?"
Les yeux de son ami se fermèrent. "Je vais…" il toussa, et trembla plus fort. "…bien."
Non, tu ne vas pas bien, réalisa abruptement James, et cette constatation l'effraya. Il avait seulement vu Sirius avoir peur une seule fois, et ça n'avait rien eut à voir avec ça… Peut-être qu'il avait imaginé cette peur auparavant. Ou peut-être qu'il y avait autre chose. D'un autre côté, il devait faire quelque chose. N'importe quoi. Il ne pouvait laisser Sirius souffrir seul, même s'il ne pouvait alléger la douleur. James parla gentiment. "Tu ne vas pas bien."
"J'vais… bi..." le corps de Sirius tressauta et il cria faiblement. James déglutit difficilement, regardant son ami essayer de nier l'enfer qu'il vivait à l'intérieur de son être. Il était tellement fort, presque trop fort—mais ça devait s'arrêter quelque part.
"Sirius…" murmura t-il.
Son ami essaya de discuter encore une fois, mais gémit faiblement de douleur à la place. Sirius força encore ses yeux à s'ouvrir, pourtant, et James ne put supporter de voir la solitude derrière l'agonie. Il hésita un bref instant, et puis attira son meilleur ami dans ses bras.
Un autre que Remus ou Peter n'auraient pas compris. Aucun autre homme n'aurait compris comment une simple amitié pouvait unir quatre sorciers aussi étroitement qu'ils étaient en effet frères. Peu d'autres homes auraient tendu la main vers un ami comme James, et encore moins reconnaîtraient ce que cela signifiait. Le frère de James avait besoin d'aide, et c'était tout ce qui importait. Sirius tremblait de douleur sur la poitrine de James, et il pleurnicha doucement, de toute évidence incapable de retenir ses réactions. James le serra plus fort.
"Tu n'es pas seul, Sirius," dit-il doucement. "Et tu n'as pas caché ça… pas à moi."
Il y eut un long moment de silence, uniquement brisé par les plaintes que James savait que Sirius ne pouvait contenir. Le corps de Sirius se convulsa violemment, et James vit ses yeux se fermer avec force encore une fois. Mais il pouvait dire que Sirius luttait toujours pour enfermer la douleur à l'intérieur, et pour la repousser elle et les dommages émotionnels qu'il essayait d'enfouir si profondément. Il connaissait Sirius depuis des années, et la seule façon dont il n'avait jamais, jamais, été capable de le désigner était faible. On est parfois trop fort, voulut-il dire, mais il ne le fit pas. Comment aurait-il pu ?
Sirius frémit et cria sans raison apparente, et James se demanda si les effets du poison ne s'amplifiaient pas avec le temps. Finalement, pour remplir le terrible silence, il dut demander, "Ca empire, n'est-ce pas?"
Il sentit un hochement de tête tremblant contre sa poitrine, mais Sirius ne parla pas. James commençait à se demander s'il le pouvait toujours ou si la douleur était trop grande. Mais il tint juste son ami, souhaitant pouvoir faire plus, même s'il savait que c'était impossible. Des larmes jaillirent de ses yeux tandis qu'il écoutait son ami lutter pour respirer et pousser de faibles sons de souffrance, mais il n'y avait rien qu'il puisse faire. James haïssait se sentir inutile ; il haïssait être inactif. Il n'était rien de plus qu'un spectateur, vraiment : forcé de regarder par Voldemort et enfermé en-dehors des peurs de Sirius. Il était condamné à regarder et à attendre, et sans être capable de rien faire. Il ne pouvait même pas vraiment aider son ami.
De longues minutes passèrent pendant lesquelles aucun ne parla ; James continua seulement à tenir son ami, qui, il avait noté, ne protestait pas. Il ne savait pas si c'était la bonne chose à faire, mais il devait faire quelque chose, et Sirius ne l'avait pas repoussé. Il s'appuyait fortement contre James, mais il était toujours très tendu. C'était comme si Sirius croyait qu'il pouvait retenir l'agonie à l'intérieur de toute la force de sa volonté. Mais les petits cris plaintifs devenaient plus nombreux, et James pouvait sentir les forces de son ami décliner rapidement.
Il souhaita savoir quoi dire ou quoi faire, mais les mots manquaient à James. Ils devaient approcher de cette fameuse treizième heure, et James se trouva Presque à souhaiter que Voldemort se pointe et donne l'antidote à Sirius. Il n'oserait certainement pas pousser ça si loin… pas maintenant. Ils n'avaient jamais fait dépasser les treize heures à Sirius auparavant, et regardant son ami, James n'était pas sûr que Sirius puisse tenir si longtemps. Il était déjà incapable de hurler et presque incapable de parler. Bientôt, ils devraient arrêter ça. Sirius gémit faiblement.
"Ca ne sera plus long," le rassura James.
"Ja…" Sirius s'étouffa dans un gémissement, et puis prit une inspiration difficile, semblant regrouper ses forces. "Il… a dit…" Il toussa et frémit. "Vingt… quatre…"
Un autre gémissement emporta les mots de Sirius, mais James se sentit déjà glacé. Non. Il voulut hurler. Non. Non. Non. Non! "Vingt-quatre heures?"
Sirius gémit faiblement et hocha la tête contre sa poitrine.
L'estomac de James se tordit sous le coup de la douleur. "Sirius, je suis tellement désolé," murmura t-il, se sentant vide. "Seigneur, je suis tellement désolé …"
"Je—" gémit Sirius, et il n'y eut rien que James puisse faire excepter le serrer plus fort. Il avala sa salive.
"Peux-tu le faire?" demanda t-il avec angoisse.
"Le… dois…" murmura t-il.
"Je suis là pour toi," ajouta doucement James, se sentant idiot de supposer que les choses iraient mieux. Azkaban n'est pas un endroit pour faire des suppositions. "Quoi qu'il arrive, je suis là. Tu n'as pas à faire face seul."
Sirius essaya de répondre et échoua, puis hocha finalement la tête. Après un long moment, cependant, sa voix fantomatique troubla le silence. Il était évident qu'il peinait pour prononcer chaque mot, mais James put entendre le désespoir dans sa voix.
"Je ne…" Sirius convulsa. "… sais… pas…"
"Ne sais pas quoi?" James frémit.
"…comment."
James ravala ses larmes. Encore onze heures. Pourra t-il survivre à ça? Il se sentit malade. James savait que Sirius essayerait, qu'il continuerait à lutter jusqu'à l'amère fin, mais et si ce n'était pas assez? "Comment affronter ça?"
Tremblant, Sirius hocha la tête, et James réalisa avec un choc que son meilleur ami retenait ses larmes.
"Sirius?" murmura t-il.
De nouveau, la réponse fut perdue entre les gémissements de douleur.
"Ne pars pas," supplia James.
"Je…v—" Brusquement, Sirius hurla d'agonie, et son corps se courba dans les bras de James.
"Qu'est-ce que c'est?"
"Ma—"
Sirius hurla.
James perdit presque sa poigne sur son ami qui convulsait. Désespérément, il se cramopnna Sirius, essayant de ne pas lâcher le corps tressautant de son ami. Sirius hurla encore, et James eut soudain le terrible sentiment que Voldemort avait programmé le Poenatoxicum pour devenir pire après treize heures—parce que quelque chose causait plus de souffrance à Sirius qu'avant. Son troisième hurlement fut plus faible, cependant, et le quatrième fut presque inaudible—Sirius était trop faible pour continuer à hurler, peu importe combien il souffrât. Tout ce qu'il pouvait faire était de respirer à présent, et James sentit l'horreur tordre son estomac en une boule.
Soudain, la digue céda, et la maitrise précédente de Sirius vola en éclat. Il commença à sangloter.
James le serra. Il n'y avait rien qu'il puisse faire. Quelque chose lui disait que c'était la première fois que Sirius se permettait de se laisser aller. Quelque part, il savait que Sirius n'avait jamais osé auparavant, avait eu peur que s'il perdait le contrôle, il pourrait ne jamais le reprendre. Mais désormais il y avait trop de douleur, trop de pression. Ils étaient seuls aussi, ce qui avait probablement été le facteur décisif—il ne pouvait enfouir cela à l'intérieur pour toujours, et cela pouvait être la seule chance qu'il ait jamais de se laisser aller. Alors James sera étroitement son meilleur ami, faisant tout ce qu'il pouvait, ce qui ne serait jamais assez.
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Sirius se sentait mourir dans les bras de James quand la porte s'ouvrit finalement. Il tremblait de façon erratique, et la seule autre indication qu'il était en vie était sa respiration pénible et ses gémissements périodiques. James n'avait aps moyen de savoir combien de temps avait passé, mais une vie entière aurait été plus courte. Au moment où les Détraqueurs entrèrent, ils devaient approcher de la limite des vingt-quatre heures. James se tendit comme les immondes créatures approchaient, essayant de mouvoir son corps rigide assez rapidement pour combattre s'il le devait. Les Détraqueurs flottaient seulement aux limites de la cellule, mais il avait toujours si froid…
Sirius gémit.
Voldemort entra dans la cellule, et James ravala l'étrange sentiment de victoire. Il n'aurait pas dut être heureux que le Seigneur des Ténèbres soit là, mais cela signifiait que ça devait faire vingt-quatre heures, et puis celait signifiait que c'était fini. Ils arrêteraient ceci—
"Es-tu prêt à te rendre, James?"
Son cœur traitreux dit presque oui même quand ses lèvres dirent, "Non."
"Non?" la voix du Seigneur des Ténèbres était tranquille, pas aussi froide que d'habitude. Il avait presque l'air humain. Lentement, Voldemort s'avança, ses longues robes bruissant doucement à chaque pas. Il s'arrêta juste devant James et Sirius, presque assez prêt pour que l'Auror puisse le toucher. "Es-tu sûr? Tu le condamneras, réalises-tu, alors qu'à la place tu pourrais le sauver."
"Vous savez que je ne peux pas."
"Ne peux pas?"
James déglutit encore. Mettre Voldemort en colère semblait toujours avoir le même résultat, et il n'était jamais celui qui payait pour ça—Sirius, toujours Sirius, supportait le poids de la colère maladive du Seigneur des Ténèbres. Mais que pouvait-il faire? Et comment Voldemort pensait-il gagner? Il savait ce que la réponse de James devait être, donc l'Auror emprisonné garda le silence. Parler encore était inutile.
"Ne peux pas quoi, James?" La voix de Voldemort était toujours douce, trop douce. "Tu pense que tu peux le sauver?" Il pouffa, secouant doucement la tête. "Je ne suis pas d'accord. Trois mots le feront : je vous servirai."
Et un autre mot condamnerait Sirius. A chaque fois. James resserra ses bras autour de son ami, fermant les yeux sur ses larmes. Tout était sa faute. "Non."
"Tu l'as dejà dit…" Le Seigneur des Ténèbres haussa des épaules avec éloquence. "Bien que parfois, je me demande…"
Le silence fut assourdissant ; James frémit. Un petit sourire tordu flotta sur le visage de Voldemort un instant, et puis il disparut. Finalement, James ne put y tenir.
"Demandez quoi?" interrogea t-il.
"Si tu te soucies vraiment pour ton ami." Un petit geste vers la forme tremblante et à demi-conscience de Sirius disait tout. "Tu l'as laissé souffrir pendant dix ans, James… et maintenant tu ne fais rien pour l'aider."
"Je—"
Une douleur dévorante monta dans le cœur de James et le rendit incapable de parler davantage. Il n'avait pas su—il n'avait eu aucun moyen de savoir—
Inutilement, il baissa les yeux sur Sirius. Les yeux de son ami étaient de nouveau fermés, et il respirait à peine. S'il n'avait pas tremblé si faiblement, James aurait pensé qu'il était inconscient… mais il savait combien Sirius souffrait. Son silence en disait bien plus que le pouvait les hurlements ; il ne pouvait plus crier, et devenait trop épuisé pour seulement réagir. Mais la faiblesse ne signifiait pas qu'il ressentait moins de souffrance maintenant. James avait depuis longtemps réalisé que Sirius ressentait tout, même quand il n'en semblait pas capable. L'épuisement n'était pas du tout un bouclier.
Et je l'ai abandonné à ça.
"Cela me rend heureux, parfois, de n'avoir jamais partagé l'amitié ô-combien célébrée des 'Maraudeurs'," continua tranquillement Voldemort. "Car si j'étais Black, je ne serai pas très reconnaissant à mon frère de me laisser souffrir."
Cœur brisé.
"Prenez-le."
Froid.
"Non!"
Les Détraqueurs enlevèrent Sirius d'un geste brusque avant que James puisse forcer ses muscles tétanisés à répondre à ses ordres. Finalement, alors que les Détraqueurs atteignaient la porte, il parvint à tituber sur ses pieds. James commença à avancer, ignorant les souvenirs qui menaçaient de refaire surface—" Tu l'as laissé souffrir pendant dix ans…" Il devait atteindre Sirius, devait le leur arracher—
Il y eut une baguette devant son visage, tenue avec légèreté par une main pâle. C'était probablement la première fois que Voldemort ne menaçait pas Sirius pour forcer James à obéir, mais il n'eut pas le temps de penser à la signification de ceci. Ni à se demander pourquoi le Seigneur des Ténèbres était venu seul, sans même sa chère Bellatrix pour lui tenir compagnie. James fit un pas en arrière, puis deux.
"L'antidote…" murmura t-il.
"Il attendra."
"Mais—"
"Réflechis à tes choix, James," fut la froide réponse. "Tes choix."
Et puis la porte se ferma en claquant et le Seigneur des Ténèbres fut parti, le laissant dans la cellule de Sirius pour étudier le sol sanguinolent.
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Et une heure passa. Peut-être deux. Il n'avait pas vraiment moyen de savoir.
Tout ce que James avait c'était le silence. Il aurait pu s'asseoir et regarder les traces de sang, mais il n'y avait plus rien. Le sol était d'un marron noir, d'un rouge sombre à certains endroits et plus noir à d'autres. En comparaison, la cellule de James était remarquablement propre—mais cela avait été le lieu de dix ans d'enfer. Comment Sirius avait-il vécu si longtemps dans cet horrible endroit? Voldemort avait prit Azkaban six ans avant… James avala sa salive. Six années de sang tâchaient le sol sur lequel il se trouvait.
Il n'avait pas réalisé combien il pourrait s'habituer à d'entendre des cris et des hurlements. Mais leur absence le dévorait encore plus que tenir son ami au supplice ne l'avait fait. Il ne voulait pas s'asseoir, mais il ne pouvait supporter de se reposer. James voulait simplement mourir alors qu'il pensait à Sirius, où qu'il soit…
Les mots tournaient dans sa tête.
"Tu l'as laissé souffrir pendant dix ans…"
"Tes choix."
"Tu ne peux rien faire pour l'aider…"
Clank.
La porte de la cellule s'ouvrit, et James fut presque reconnaissant de voir les Détraqueurs. Au moins il ne saurait pas ce qui se passait…
Le court trajet à travers les couloirs d'Azkaban fut foutrement flou, et il eut l'impression qu'il n'aurait jamais plus chaud. Même les chaînes brûlantes de la chaise d'interrogation semblaient froides—douloureuses, mais froides. James avait froid à l'intérieur, se sentait mort et frigorifié en permanence. Mes choix. Ma faute. Il entendit des voix, mais ne s'en soucia presque pas. Il était déchiré entre le besoin de voir Sirius et vouloir se noyer dans sa propre misère. Mon frère.
Les Détraqueurs s'écartèrent, le laissant regarder Voldemort. Voldemort encore, mais cette fois le seigneur des Ténèbres n'était pas seul. Les trois Lestranges s'alignaient contre le mur du fond, bien que Malefoy soit absent, pour l'instant. Peut-être n'avait-il pas eut la patience de rester à Azkaban un jour entier. Vingt-quatre heures. La pensée le tira de sa dépression oisive.
Sirius était étendu en silence sur le sol, poussant de petits cris plaintifs de temps en temps comme il essayait d'avaler une goulée d'air. Il ne tremblait même plus à présent—il avait seulement une secousse de temps à autre. Etait-il mourrant? James ne pouvait le dire.
Et que feras-tu s'il meurt? murmura une voix froide dans sa tête.
Il la mit de côté. Sirius n'allait pas mourir. Il ne pouvait pas. "Garde à l'esprit que c'est toi qui le fait souffrir." James cligna des yeux, essayant de clarifier son esprit. Qu'y avait-il de pire? Qu'y avait-il de pire pour la vie de Sirius? Il voulut hurler. Pourquoi bon sang est-ce que je fais ça?
"… c'est toi qui le fait souffrir."
"Vingt-cinq heures, James," déclara Voldemort. De nouveau, sa voix était horriblement gentille. "Est-ce que tu veux que ton meilleur ami meure?"
"Non." Il était presque choqué par l'idée.
"Non?" Un mouvement innocent du visage trop pâle. "J'aurai pensé que cela rendrait les choses beaucoup plus faciles… Simplement en finir, et ne plus avoir à décider entre ton meilleur ami et tes principes." Il cracha le dernier mot comme une malédiction. "Qui va gagner, James : l'amitié ou l'honneur?"
"Il n'y a aucun honneur à trahir ce en quoi croient vos amis," murmura t-il finalement, mais que c'était dur.
Voldemort renifla. "Bien sûr qu'il n'y en a pas."
Sirius gémit faiblement, presque inaudible.
"Rappelle-toi ceci," dit doucement le Seigneur des Ténèbres. "Rappelle toi que lorsque tu me défies je n'ai qu'à lever la main pour le faire souffrir… et qu'il y a toujours un prix à payer. Cela se termine, pour l'instant, parce que je le souhaite. Pas parce qu'il le faut."
Il fit un geste. "L'antidote, Rodolphus. Ensuite ramène notre invité dans sa cellule et laissons le considerer ses choix."
Réponses aux reviews :
Fenice : pas de pb pour la pub, cette fic m'a tellment bouleversée que je l'ai mise dans mes favoris pour revenir la lire regulièrement, et puis, voilà que tu la découvre et la traduis, j'en suis très heureuse… pour en revenir à la fic, lueurs d'espoir, heu… vu le chapitre sept, là, j'ai peur. Esperons que les capacités animagi de nos amis, ou Peter, vont faire la différence…
tetedenoeud : je sais pas s'il vont s'en sortir, le chapitre sept est abominable, encore… attendons le suivant pour savoir… Ces filles, quelle bande de perverses, vous trouvez pas ?
Crys&Rose : voilà la suite… attention, le suivant est dans le même goût (mais quand est-ce que ça change ???)
