Jour sept
Il avait compté les heures, ce qui était un projet compliqué, considérant que James n'avait pas moyen d'évaluer le temps. Mais il savait qu'aujourd'hui était le septième jour. Il savait que c'était presque fini — mais le temps semblait s'étirer par l'effet même de son anticipation. Il était presque impossible de faire comme si rien n'allait arriver, comme si aujourd'hui n'était pas le jour où il serait finalement capable de sauver son meilleur ami. Le Portoloin et la baguette étaient censés apparaître une heure avant minuit, quand la prison devrait théoriquement être le plus tranquille. Jusqu'ici ça s'était révélé vrai, et James pouvait seulement prier qu'aujourd'hui ne soit pas différent.
Ce qui l'effrayait était que Sirius soit si calme. Normalement, le temps que James passait seul dans sa cellule était ponctué par les échos des hurlements de son ami, mais pas aujourd'hui. Sirius était-il toujours trop affaibli par le Poenatoxicum, ou y avait-il quelque chose de plus? L'angoisse le rongeait, et James était tellement malade de ne rien faire qu'il était presque en prêt à crier. Bientôt, se promit-il. Sa meilleure estimation disait qu'il restait moins de dix heures avant minuit. Très bientôt.
Il déglutit, pensant à son ami. Tiens bon, Sirius. Ca ne sera plus très long. Frissonnant, James se terra plus profondément dans le coin de sa cellule et remonta ses genoux sur sa poitrine. Tout ce qu'il pouvait faire était attendre.
Clank. La pensée n'avait pas plus tôt traversée son esprit que la porte de la cellule s'ouvrait. San trop savoir pourquoi, il ne fut pas surpris de trouver Voldemort lui-même se tenant à l'entrée ; récemment, James avait remarqué que le Seigneur des Ténèbres passait un temps de plus en plus important à le railler. T'as pas un monde à conquérir ou autre chose ? voulut-il demander, mais il se mordit la langue. Des remarques déplacées de ce genre avaient pour seul résultat de faire souffrir Sirius.
"Salut, James."
James sursauta, se redressant pour s'asseoir et regardant avec inquiétude vers le Seigneur des Ténèbres. Voldemort n'était jamais poli. Il n'était jamais décontracté. Et il n'était jamais amical. Bon sang mais qu'est-ce qui se passe? La voix haut-perchée avait été bien trop calme et sympathique à son goût.
"Je vois que tu n'es pas d'humeur à discuter." Voldemort entra dans la cellule, laissant la porte se fermer derrière lui. Seulement alors James réalisa que son adversaire était venu seul, sans les Détraqueurs ou ces détraqués de Lestranges. Quelque chose n'allait pas du tout, du tout.
Il bondit sur ses pieds. "Pourquoi devrais-je l'être?"
Le Seigneur des Ténèbres sourit. "C'est une bonne question," continua t-il doucement. "Parce que tu attends, n'est-ce pas? Tu comptes les heures et tu attends..."
Un frisson parcourut la colonne vertébrale de James, et il lutta pour garder une expression neutre. Il suppose. Il doit faire des suppositions. Pourtant, il sentit qu'il avait raison de se sentir très effrayé.
"J'attends beaucoup de choses," répliqua t-il très calmement.
"Bien sûr."
Rencontrer ces yeux rouges brûlants devenait plus impossible chaque jour. Une chose dont n'avait jamais été accusée James était la couardise, mais ceux qui parlaient de se cramponner aux principes et au courage quoi qu'il en coûte n'avaient jamais fait face à la mort de leur meilleur ami. Ils n'avaient jamais du vivre jour après jour, sachant que ce meilleur ami payerait pour leurs erreurs, que leur presque frère souffrirait à leur place. James avait rarement été l'avocat de la prudence ; il se laissait plus souvent diriger par sa bouche insolente que par son esprit intelligent, mais il avait appris à la dure à ne pas répondre à Voldemort. Le prix en était tout simplement trop élevé.
"Qu'est-ce que vous mijotez?" demanda t-il avec précaution.
"La question, James, qu'est-ce que tu mijotes," fut la réponse. "Qu'est ce que tu attends."
Quelque chose de très froid et douloureux se planta dans sa gorge. Il sait. James essaya de repousser cette pensée, mais la peur resta en lui. Ca paraissait impossible, mais Voldemort savait. Supposait-il? C'était possible... Le Seigneur des Ténèbres n'était pas stupide, après tout. Il essayait de capturer James depuis des années. Il était tout à fait crédible qu'il ait décidé que le succès était venu trop facilement et y voir un appât. Il frémit encore, voulant s'écarter de Voldemort mais incapable de le faire. Il était déjà dos au mur.
"Je me demande," continua le Seigneur des Ténèbres. "Pourquoi tu attends. Trois mots sauveraient ton ami, James. Jure de me servir et tu sauveras sa vie. Je te donne ma parole."
"Ca vous plait de faire des offres que vous savez que je ne peux pas accepter, n'est-ce pas?" demanda James. Ses nerfs étaient sur le point de se briser à présent. Il ne pouvait supporter de continuer à entendre comment il pourrait céder et sauver Sirius.
"Oh, non. Il me plait de faire des offres que je sais que tu prendras."
Avant qu'il ne puisse s'en empêcher, il persifla : "Vous pouvez toujours rêver."
Les yeux rouges eurent un flash, et il sut qu'il était allé trop loin. La voix quasi-aimable de Voldemort se durcit, mais resta très douce. Il dut presque tendre l'oreille pour l'entendre. "La question, James, est combien de temps tu attendras. Je t'avertis maintenant que tu n'as rien vu de ce que je peux faire. Ce qui est arrive à ton ami a été un avant-goût de ce qu'il expérimentera si tu ne te montre pas accommodant."
Il avait entendu ces mots auparavant, presque les mêmes mots, mais il y avait quelque chose dans la voix qui effraya profondément James. Il ouvrit la bouche pour répondre, bien qu'il ne soit pas sûr de ce qu'il allait dire, mais la voix sans merci continua.
"Ma patience, toutefois, est limitée. Extrêmement limitée. Donc je te donne une dernière chance de te soumettre. Fais-le, et tu sauveras ton ami. Refuse, et il le paiera quotidiennement."
Pendant un instant, le lourd sentiment de menace dans la poitrine de James ne le laissa pas répondre. Finalement, pourtant, il parvint à parler par-dessus l'horreur.
"Vous savez que je ne p—"
"Ne dis pas que tu ne peux pas, James," le coupa Voldemort. "Tu regretterai ces mots. Accepte maintenant, ou tu devras me supplier plus tard."
Il se sentit malade, mais au moins il y avait une chose dont il pouvait être sûr. "Je ne supplierais jamais pour me joindre à vous," répondit froidement James.
"Tu dis cela comme si tu le pensais." La voix de Voldemort était de nouveau devenue presque agréable. "Je pourrai presque admirer ton courage s'il n'était pas si déplacé."
Lentement, le Seigneur des Ténèbres se tourna, et James ne trouva rien à dire. Tout ce qu'il pouvait faire était de se promettre que les menaces de Voldemort n'auraient jamais le temps d'être exécutées. C'est presque fini, se rappela t-il désespérément. Quelques heures, et cela finirait. Mais la tombée de la nuit pouvait ne pas venir assez vite, et une partie de lui était toujours terrifiée par les conséquences. Ce qu'il avait vu fait à Sirius dépassait tous les cauchemars que James ait jamais imaginés ; il ne pouvait seulement commencer à penser comment Voldemort pourrait rendre les choses pires. Mais s'il y avait une chose qu'il avait appris à Azkaban, c'est que tout pouvait empirer.
Alors que la porte s'ouvrait, Voldemort fit une pause. Puis il jeta un regard par-dessus son épaule. "Combien d'heures cela fait-il, James?" demanda t-il soudainement.
Non.
"Neuf, n'est-ce pas? Onze heures et tout finira."
Impossible. Il sentit ses entrailles geler à ces mots.
"J'ai juste, n'est-ce pas?"
Ca ne peut arriver.
Voldemort sourit lentement. "J'ai le Portoloin, James. Et j'ai ta baguette." Sa voix était incroyablement douce. "C'est fini."
D'une manière ou d'une autre il se réveilla encore dans le Fauteuil d'Interrogation. Il se rappelait difficilement avoir perdu connaissance—quelqu'un l'avait-il stupéfixé avant qu'il l'ait remarqué?—mais James ne pouvait manquer la soudaine froideur. Et il ne pouvait manquer la voix glacée qui disait son nom.
"Te sens-tu désolé pour toi-même, James?" demanda Voldemort comme il ouvrait les yeux. "Commence-tu à deviner que tout ceci a été pour rien?"
Le Seigneur des Ténèbres était penché sur lui, si près que James pouvait le sentir respirer. "Je—"
"Toute cette lutte...toute cette résistance...pour rien. Tu as condamné ton ami à l'Enfer, et pour quoi à la fin?" Les yeux rouges brûlaient les siens ; James ne pouvait s'arrêter de frissonner. "Depuis le début, mon ami, je savais. Je connaissais tes desseins depuis que tu es arrivé à Azkaban, empli de courage vertueux et de confiance en toi. Jusqu'à présent, je me suis amusé à jouer le jeu."
"Quoi?" croassa t-il.
Voldemort sourit. "Tu as été trahi. Depuis le tout début, tu as été trahi."
"C'est impossible." Il fixa l'autre comme il se tournait, s'écartant de lui avec précaution. Non. Non. Non! Tout sauf ça—il y a seulement quelques personnes qui pouvaient savoir, et aucun d'eux n'aurait... James frissonna encore, se sentant piégé, se sentant complètement seul pour la première fois depuis qu'il était arrivé à Azkaban. Il était seul. Mais aucun d'entre eux n'aurait...
La voix du Seigneur des Ténèbres devint soudain très froide quand il se tourna pour faire face à James. "Le temps de jouer est terminé. Maintenant le test commence."
"Le quoi—?"
Voldemort tendit le bras et tira soudain un Sirius sans résistance par les cheveux. James n'avait même pas remarqué la présence de son ami, mais il était là, flasque et presque sans vie tandis que le Seigneur des Ténèbres le traînait sur le sol. Sirius gémit seulement, de façon presque inaudible, mais la souffrance sur son visage n'effraya pas James autant que la sensation glacée de terreur qui le saisit soudain. Il n'avait jamais vu Voldemort toucher Sirius auparavant. Jamais. Pas une fois. C'est mauvais, ça. Ca va aller très mal—
Et il n'y avait personne d'autre qu'eux dans la pièce, personne d'autre que James, Sirius, Voldemort, et les Détraqueurs. L'instinct disait à James que le Seigneur des Ténèbres ne ressentait pas le besoin de crâner devant ses suivants, et que lorsqu'ils étaient seuls, il était temps de s'inquiéter. Sirius gémit faiblement quand Voldemort le tira par les cheveux comme pour prouver ce point. Ses yeux étaient clos, et son expression était presque relâchée par l'épuisement.
"Il est temps de découvrir exactement combien tu est prêt à sacrifier. Il n'y a plus de porte de sortie à présent. Il n'y a plus de lumière au bout du tunnel. Il n'y a plus que toi, et tes choix, condamnant ton 'frère' à la mort."
Il tira encore sur les cheveux de Sirius, mais le prisonnier squelettique réagit difficilement. Voldemort, cependant, ne sembla pas surpris. Très précisément, il plaça sa baguette contre la gorge de Sirius. "Brevisalvum Mali."
Le corps de Sirius sursauta et James vit ses yeux s'ouvrir comme une vague d'énergie courait à travers son corps. L'agonie se peignit sur son visage, mais avec ceci vint une conscience grandissante qui semblait déplacée sur ses traits meurtris. Brevisalvum Mali était le Sortilège de Soin Rapide utilisé par les Aurors au champ de bataille quand on devait simplement fermer les yeux sur les blessures sévères, quand les circonstances forçaient des Aurors blessés à combattre. Mais le sortilège miraculeux avait un sacré revers de la médaille ; après une capacité d'une heure à fonctionner normalement, le sujet se sentait encore pire que lorsque cela avait commencé... et la douleur ne partait jamais.
"Alors dis-moi, James, quelle sera la fin. Dis-moi que tu le laisseras mourir."
"James—"
"Endoloris!" On aurait dit que Voldemort s'était attendu à ce que Sirius objecte, et l'ami de James hurla quand le sort le frappa. La baguette du Seigneur des Ténèbres était tout contre sa gorge au premier moment, mais le corps de Sirius tressauta avec ses nouvelles forces, et Voldemort le jeta au sol tandis qu'il criait, maintenant le sort.
Un simple amena les deux Détraqueurs, et ils tinrent la forme convulsée de Sirius entre eux. James frémit alors que les cris de son ami devenaient plus forts, et tandis que le visage de Sirius se plissait par la véritable agonie et celle de ses souvenirs. Ses cauchemars doivent être presque pires que la réalit, pensa James. Derrière les cris, derrière la douleur, il pouvait voir Sirius essayer de se réfugier à l'intérieur de lui-même, essayer de protéger un coin de son âme des Détraqueurs—mais Voldemort le maintenait sous le sortilège de torture tandis que les Détraqueurs le flanquaient sur la table, le laissant tressauter, se tordre et hurler.
Lentement, le Seigneur des Ténèbres se porta à la tête de la table jusqu'à ce qu'il se tienne juste au-dessus du visage de Sirius. Un des Détraqueurs tenait les pieds de Sirius, l'autre ses épaules, mais son corps s'échappa presque de leur poigne quand la baguette de Voldemort vint se poser, presque gentiment, sur la joue droite de Sirius. Seulement alors le regard brûlant transperça James encore une fois.
"Te souviens que j'ai dit que j'avais donné à ton ami l'Anti-Poenatoxicum parce que je le souhaitais, James?" demanda t-il froidement ; sa voix pouvait toujours être entendue par-dessus les hurlements de Sirius. "Que je t'ai dit de te rappeler que le soulagement était seulement temporaire?"
Non. Une douleur froide saisit la gorge de James. Il ne va pas—"Ne faites pas ça!"
"Ne pas faire quoi?" demanda le seigneur des Ténèbres avec moquerie. "Je t'avais prévenu. Et maintenant, il va payer."
Une main aux longs doigts fit signe à un troisième Détraqueur d'avancer. Pour la première fois, James vit la fiole que Voldemort tenait dans la même main ; l'autre, évidement, tenait la baguette contre la joue de Sirius. Les cris commençaient à s'affaiblir, même avec l'énergie que le Sortilège de Soin Rapide avait donné à Sirius. Il était plus en train de hoqueter que de crier, désormais, mais son corps essayait toujours futilement de s'échapper de la poigne des Détraqueurs.
"Tenez sa tête." Il n'y avait plus aucun amusement dans cette voix à présent, seulement de la froideur.
"S'il vous plait ne faites pas ça." Les mots s'échappèrent pêle-mêle avant que James ne puisse les stopper, et en vérité, il n'aurait put les stopper même s'il avait pensé le faire. "Il ne peut—"
"Oh, mais il le fera," le coupa sèchement Voldemort. "Jusqu'à ce que tu te rendes."
Sirius vagit quand le troisième Détraqueurs saisit sa tête dans ses mains osseuses. La baguette de Voldemort vint tout contre contre sa gorge, et James réalisa soudain qu'il n'allait pas enlever le sort de torture, non plus—
'"Non!"
Le Détraqueur força Sirius à ouvrir la bouche au moment même où James hurlait en protestation. Les cris de son ami s'étranglèrent dans sa gorge, et James le vit trembler—il devait savoir ce qui se passait. Même à travers la douleur, son visage se plissait, et James pouvait dire qu'il essayait de se donner du courage... sans pourtant y parvenir. Cette fois, l'effet fut presque immédiat. Dès que Voldemort versa la potion dans la gorge de Sirius, son corps partit en folles convulsions, et moins de trente secondes après, il laissa échapper un hurlement d'agonie.
De longs moments passèrent, et James put seulement voir son ami souffrir à travers sa vision soudain brouillée. Son corps tressautait de manière incontrôlée ; si les Détraqueurs ne l'avaient pas tenu, James savait qu'il se serait brisé au moins un os ou deux en plus des blessures qu'il avait déjà. Entre le Poenatoxicum et le Sortilège Doloris, les hurlements Sirius s'étaient progressivement mués en vagissements de douleur, mais James entendit des marmonnements à demi-rationnels remplir l'espace entre les cris. Des cauchemars. Sirius vivait un cauchemar. Entouré de Détraqueurs et dans une telle souffrance, pouvait-il distinguer ses souvenirs de la réalité?
Soudain, Voldemort s'écarta, levant le sort. Mais les plaintes tourmentées de Sirius ne faiblissaient pas ; en fait, elles empirèrent comme Sirius se perdait dans une souffrance qui ne cessait pas. Chaque souffle devenait un sanglot, et James pouvait voir le passé et le présent se rejoindre tandis que Sirius luttait pour respirer à travers la souffrance, hurlant en même temps. Le Détraqueur à sa tête caressait lentement son visage, faisant tressaillir Sirius à chaque fois que les doigts froids entraient en contact—
"La dernière fois qu'il a fait face à cet enfer, il a eu de la chance." Voldemort se tenait juste à un pas de James, regardant les Détraqueurs savourer la souffrance de Sirius avec un rictus satisfait. "Il était avec toi. Cette fois, la compagnie sera légèrement...différente."
"Non..." Il ne pouvait former de parole cohérente.
"Oh, si. Et combien de temps le laisseras-tu sous l'effet de la potion, Gryffondor? Jusqu'à ce qu'il meurt, ou jusqu'à ce que tu cèdes?"
La bouche de James s'ouvrit, mais aucun son n'en sortit. Il pouvait seulement écouter les plaintes de Sirius et être assis là, inutile, sachant qu'il était la cause de tout cela. Même tandis qu'il regardait, il pouvait voir le contrôle de son ami s'effriter... la tête de Sirius tressautait d'avant en arrière alors qu'il essayait irrationnellement d'échapper aux Détraqueurs. Les trois créatures se pressaient contre la table, buvant les cris et la souffrance. Celui à la tête de la table berçait le visage de Sirius dans ses mains presque amoureusement, continuant à faire courir ses doigts gris sur les traits contorsionnés. Puis un des autres se déplaça légèrement, tendant également une main pour toucher la figure de Sirius.
Des larmes commencèrent à couler sur les joues de Sirius, et James le vit commencer à se débattre réellement, luttant inutilement contre les mains froides qui le tenaient. Il était perdu dans la douleur, dans la peur, chancelant au bord de la folie et de la terreur. Ses cris continuaient à s'élever plus fort, quoi qu'il s'affaiblissait ; James savait que le Sortilège de Soin Rapide lui avait temporairement donné des forces qui le blesseraient encore davantage par la suite, mais c'était pour l'instant la raison pour laquelle il pouvait réagir si bruyamment.
James se sentit malade. Un instant, il considéra simplement de supplier Voldemort d'en finir, mais il repoussa cette pensée. L'orgueil, cependant, n'en était pas la cause ; plutôt, c'est de savoir que même supplier ne serait pas une bonne chose. Le Seigneur des Ténèbres avait été clair. Une seule chose ferait cesser la souffrance de Sirius... hormis la mort, mais James n'était pas si défait qu'il puisse jamais espérer la mort pour son meilleur ami. Même si ce serait une libération—Une froide finalité se mêla au sentiment de nausée dans son estomac. Non. Tout sauf ça. Je ne le laisserai pas mourir après qu'il ait lutté si longtemps. Une autre pensée, s'approcha sans retenue de sa conscience, mais il l'ignora. Je trouverai un moyen, jura silencieusement James. Je trouverai un moyen.
Mais les hurlements de Sirius continuaient. Il y avait deux Détraqueurs caressant son visage, à présent, le faisant se recroqueviller, vagir et marmonner de manière incohérente. James vit ses lèvres bouger entre les cris, mais ne pouvaient faire sortir les mots si s'en était. Sirius était simplement perdu, incapable de rien faire d'autre que de réagir à la douleur et à la terreur.
"Il est bruyant, n'est-ce pas?" demanda Voldemort sur le ton de la conversation. Quelque chose dans sa voix fit tourner la tête de James brusquement. "Presque assez pour me donner mal au crâne."
Il avait peur de parler, mais il nota soudain que le Seigneur des Ténèbres tenait maintenant quelque chose d'autre dans sa main gauche.
Un sourire froid. "Heureusement, il y a un moyen d'arranger ça." Alors que James le fixait avec de grands yeux, Voldemort agitait le lien devant lui. "Tu sais ce que c'est?"
La majorité de l'objet semblait être fait de cuir; il y avait deux sangles qui pouvaient se connecter par une boucle, mais qui ne l'était pas encore. Joignant les deux sangles, cependant, il y avait une tige droite de métal de seulement quelques centimètres de long. Un second examen, cependant, révéla que la tige ne semblait pas être très droite ; elle semblait quelque peu bosselée—James loucha à travers ses lunettes sales. Sur ces bosses il y avait des pointes, et une autre bande de métal s'étendait perpendiculairement au centre de la tige. Celui-là était vaguement rectangulaire, peut-être deux ou trois pouces de large par trois pouces de long. Ça, aussi, avait les mêmes bosses—pointes.
Oh, Seigneur.
"Endoloris!" Sirius hurla encore plus fort. "Tu sais, James?"
"Non." Il lui fallut un moment difficile pour retrouver sa voix. "Je ne sais pas."
Voldemort leva le sort d'un mouvement de baguette ; James lutta pour ne pas regarder Sirius. Il avait le sentiment que le Seigneur des ténèbres voulait toute son attention, et il n'avait pas l'intention de laisser Voldemort punir Sirius pour ses actes. Un instant après, il lui prouva qu'il avait raison :
"Les Moldus du Moyen-Age appelaient ceci le brank. Bien que nous ayons amélioré le modèle depuis lors, l'ironie de son usage me plait—les Moldus avaient l'habitude d'employer le brank pour empêcher les sorciers et sorcières présumés de prononcer les mots de quelque sortilège." Le froid sourire s'élargit. "C'est, bien sûr, beaucoup moins efficace qu'un simple Sortilège de Silence. Mais le brank est beaucoup plus douloureux."
Il sentit sa mâchoire tomber. "S'il vous plait, ne—"
Mais le Seigneur des Ténèbres ne lui prêta pas attention ; Voldemort lui avait tourné le dos, et s'approchait nonchalamment de la table. Immédiatement, les Détraqueurs s'écartèrent de leur Seigneur, laissant Sirius frissonner de soulagement alors même qu'il hurlait d'une douleur continue. Mais James pouvait dire qu'il était encore trop désorienté pour résister lorsque Voldemort attacha rapidement le brank en place. D'un secousse sèche il le resserra, et Sirius laissa échapper un hurlement assourdis quand les pointes plongèrent dans sa bouche—et puis il vagit encore de la douleur que le premier cri avait causé.
Les Détraqueurs s'approchèrent encore alors que Sirius commençait à se tordre de douleur, et James entendit le chagrin absolu dans ses vagissements étouffés. Le sang dégoulinait du menton de Sirius, mêlé avec les larmes qui coulaient sur ses joues, mais les Détraqueurs ne semblaient pas s'en soucier. L'un saisit sa tête immédiatement, et James frémit quand il recommença à caresser le visage de Sirius, insensibles à l'agonie et la terreur qu'ils causaient. Quelques secondes plu tard un autre s'approcha tout prêt du visage de son ami, et James le vit se pencher pour se plonger dans les cauchemars et la douleur de Sirius. Il n'y avait rien que les Détraqueurs aimaient plus que le chagrin et la perte ; quand ils arrachaient les souvenirs heureux et laissaient leurs horreurs à la place, les créatures sans âme trouvaient leur propre version démoniaque du paradis
Un long moment s'écoula, et tout ce que James pouvait faire était de regarder avec horreur. Tout ce qu'il pouvait faire était d'écouter les cris de Sirius, sachant que son ami ne pouvait pas s'arrêter de hurler, quelle que soit la douleur. A sa gauche, Voldemort souriait de nouveau, car il connaissait la vérité derrière le brank—le Seigneur des Ténèbres aurait probablement appelé ça la beaut du mécanisme. Mais le sang courant sur le menton de Sirius était une preuve suffisante en elle-même ; quand il criait, la douleur augmentait, et quand la douleur augmentait, il criait encore plus.
"J'estime qu'il a encore quinze minutes avant de ne plus pouvoir crier," dit soudain Voldemort. "Comme tu le sais bien, Le Sort de Soin Rapide se sera alors dissipé, et le laissera dans une pire condition qu'auparavant."
Quelque chose de salé coula au coin de sa bouche, et James réalisa que c'était ses propres larmes silencieuses. Il ne se souciait plus depuis combine de temps il pleurait ; l'orgueil importait peu à présent. Il n'avait rien à cacher, seulement un ami à regarder. Un ami en train de mourir.
"Et pourtant tu ne fais rien." Il n'aurait pas pensé que la voix cruelle puisse être si gentille. "Tu pleure pour ton ami, mais tu ne fais rien... quand trois mots de toi en finiraient avec tout. Soumet-toi à moi et la souffrance finira. Laisse ton ami recevoir l'Anti-Poenatoxicum et laisse-le ne plus souffrir.
"C'est si difficile, James?"
Il n'y avait rien à dire qu'il n'ait dit une douzaine de fois avant. Il ne pouvait, ne voulais pas... mais la tentation était là, brillant à la surface d'une façon qu'elle n'avait jamais fait avant. La rejetant au loin, James ferma les yeux, sentant les larmes mouiller ses joues. Il ne peut pas... Une baguette, soudain toucha le bout de son menton.
"Non. Tu vas regarder."
Les hurlements de Sirius devenaient plus faibles ; peut-être perdait-il ses forces, malgré le Sortilège de Soin Rapide, ou peut-être dans sa condition le sortilège ne pouvait tenir si longtemps. De toute façon, les soubresauts effrayants de son corps ralentissaient, et ses hurlements assourdis commençaient à s'effacer en de faibles gémissements.
L'horrible silence continua, mais Sirius souffrait quand même. Minute après minute, il faiblissait, et James souhaitait presque que Voldemort dise quelque chose, fasse quelque chose—n'importe quoi pour diminuer l'horreur de son meilleur ami. Depuis un moment, les effets du le Sortilège de Soin Rapide s'étaient dissipés, laissant Sirius plus pâle et plus faible qu'il ne l'était au début. Toujours, cependant, il gémissait, se tordant à peine de souffrance. L'épuisement flasque que James avait vu plus tôt s'était amplifié à présent ; il y avait des moments où il craignait que son ami cesse entièrement de respirer.
Et pourtant tout ceci continua sans qu'il puisse même penser à quelque chose d'assez provoquant pour distraire Voldemort de Sirius. Mais même ainsi, James savait que ça n'aurait pas été bon—les Détraqueurs restant avec son ami, le touchant et le tenant, augmentant sa douleur et rehaussant indubitablement chaque cauchemar dans son esprit. Ils caressaient son visage ensanglanté tandis que les larmes roulaient sur ses joues, avec leurs mains froides le faisant frémir et se tordre. Finalement, pourtant, Sirius cessa complètement de réagir, et James le regarda étendu là, dans une souffrance silencieuse.
"Pense à lui, James." fit doucement la voix de Voldemort juste à côté de son oreille. "Pense à lui quand tu attendras dans la relative quiétude de ta cellule, et pense à ceci : qui tiendra le plus longtemps, ta résistance, ou sa vie?"
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Réponses aux reviews : merci à ceux qui suivent malgré tout! Je sais que ça devient difficilement supportable. Je remercie fenice qui comme toujours me seconde, me corrige et m'aide.
tetedenoeud : t'as vu ce que donne ce chapitre ? Moi, j'hésite entre ces deux solutions : Peter sert enfin à quelque chose et vient les tirer de là, ou James utilise sa forme animagus pour s'enfuir en emmenant Sirius (ou pas) au passage.... Qu'en dites-vous ?
la suite etc... ! : le voilà... Mais la suite est pas encore là. Robin sert désormais dans la marine et a beaucoup moins de temps pour ses fics.
Roxanne : ravie que cela te plaise. Pour les morts, j'en sais pas plus que vous !
Lisandra : beau ? Fort, oui, mais quand même vachement horrible...
Cynore : désolée de temps de retard... mais le prochain n'est pas sorti.
Fenice : ouais, je crois que t'as raison... Remarque Robin ecrit déjà un truc sombre avec Promesses...
