8 octobre
Prompt : Leçons de cuisine (Cooking lessons)
Fandom : Dragon Quest IX : Les Sentinelles du firmament
Héphaïstos s'assura que personne ne passait dans les couloirs du pensionnat et s'engouffra dans la chambre qu'il avait repérée. L'occupant de la pièce bondit au plafond en l'entendant entrer et se retourna, les yeux exorbités.
« Hé ! Mais ça va pas ! s'indigna-t-il. Tu as bien de la chance que j'aie reconnu ton aura, sinon…
-Sinon quoi ? Tu m'aurais foudroyé ? rétorqua Héphaïstos en jetant un coup d'œil par l'entrebâillement de la porte pour être certain qu'aucun élève ou professeur ne l'avait vu. Tu as toujours été mauvais en magie, Bram. Même par accident, tu ne pourrais pas produire un éclair ou une languette de feu.
-C'est cynique, grommela le jeune Célestellien en poursuivant ce qu'il était en train de faire quand son maître était entré, c'est-à-dire, dénouer sa cravate.
-Non, c'est pragmatique. Bon, je ne suis pas venu ici pour faire tapisserie. Figure-toi que les logements des professeurs sont beaucoup plus spéciaux et confortables que ceux qu'on vous a attribués, à vous, les apprentis.
-Les "élèves", Héphy. Et sinon, puisque ta chambre ressemble à un palais, je peux savoir pourquoi tu te mets à l'aise dans la mienne ? »
Héphaïstos, lui aussi, avait défait son col. Ayant visiblement décidé que répondre à son disciple n'était pas sa priorité, il ôta ensuite sa veste pourpre et la laissa littéralement tomber au sol. Puis, il resserra ses bras autour de lui pour garder sa chemise en place, s'attirant un haussement de sourcils perplexe, et déplia progressivement ses ailes en les faisant passer à travers deux fentes horizontales qu'il avait découpées dans le tissu blanc.
« Par la couronne de lauriers du Tout-Puissant ! s'exclama-t-il en poussant un soupir visiblement venu du fond du cœur. Tu ne peux pas t'imaginer à quel point c'est douloureux et frustrant de devoir les garder pliées et serrées là-dessous toute la journée !
-Au moins, toi, tu les as encore, rétorqua Bram avec une peine qu'il ne parvint pas à cacher. »
Le Célestellien aguerri connut un moment d'étonnement avant de se rapprocher de son apprenti pour le prendre dans ses bras. Bram s'y abandonna un instant, le nez enfoui dans la chemise blanche, puis se redressa.
« Bon. Et à part ça, que veux-tu ? demanda-t-il en haussant les sourcils.
-Il faut que tu m'aides ! répondit son maître, visiblement effaré. Le directeur a décidé que nous devions devenir polyvalents pour accroître les compétences de nos élèves ! Non mais franchement, comme si c'était dans mes cordes d'enseigner le tricot ou la peinture expressive ! Il m'a chargé des cours de cuisine de toute la semaine, sauf que je n'ai absolument aucune idée du sens dans lequel on tient une poêle.
-Et quel est le rapport avec m…
-Je t'ai vu traîner derrière les fourneaux de Miss Cut après les cours ! Je sais que tu t'es mis à cette pratique depuis ton arrivée sur le Protectorat. Et donc, tu vas m'aider ! »
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« Héphy, franchement… Tu le fais exprès ? Je sais que tu as une carrure de bourrin, mais tu n'es pas aussi grossier que ça. Coupe les poireaux en fines lamelles. Là, ce sont des dés. »
Héphaïstos jeta à Bram un regard désabusé.
« À quoi cela sert-il de trancher finement les aliments ? grommela-t-il. Plus de petits morceaux, moins de parts conséquentes !
-Héphy, là, tu inventes complètement. Bon. Je connais un moyen de récupérer tes cubes de poireaux. Fais frire un peu d'huile dans une poêle. Tu te souviens du sens que je t'ai montré ? Avec le manche vers toi ?
-Mais oui, quand même. Je ne suis pas complètement idiot.
-J'imagine que ce n'est pas le moment pour te rappeler la montagne de légumes et de morceaux de viande que nous avons accumulée depuis une heure parce que tu es incapable de comprendre le terme de lamelle. »
Le Gardien marmonna dans sa barbe tout en ravivant les braises ardentes du potager afin d'augmenter la chaleur. Il s'appliqua à verser un filet d'huile dans la poêle en fonte et capta, dans la périphérie de son champ de vision, le sourire de son apprenti.
« Bien. Un peu trop de matière grasse, mais ça devait aller, positiva ce dernier. Rajoute tes dés de poireaux, à présent. Et surveille-les bien ! Je ne veux pas qu'ils crament encore. Il fait certes chaud au-dessus du foyer, mais l'air nocturne est froid et j'aimerais éviter que nous soyons obligés d'ouvrir absolument toutes les fenêtres pour évacuer l'odeur de brûlé. Sans compter que Miss Cut nous tuera si nous abîmons sa cuisine.
-Et qui va surveiller le poulet qui pane, les émincés de canard et le clafouti dans le four ? protesta le Gardien d'un air vexé.
-Moi ! Tu te rends bien compte que j'ai l'habitude, depuis le temps. Ne t'inquiète pas, Héphy, un jour, tu y arriveras aussi. »
Il lui tapota l'épaule d'un geste mi-compatissant, mi-moqueur.
« Tu parles. Après ça, je ne retouche plus à un fouet de ma vie, jura son mentor.
-En attendant, surveille les poireaux ! Tu peux mettre des cubes de pommes de terre à frire aussi à côté, si tu veux. On va recycler tes tentatives ratées en omelette. Et en d'autres choses… Laisse-moi réfléchir. »
Le jeune Célestellien se chargea lui-même de casser et de mélanger les œufs, puis de retourner l'omelette. Son maître avait progressé en trois heures, mais ça ne voulait pas dire qu'il était devenu un crack de la cuisine. Un bon nombre de leçons supplémentaires seraient nécessaires. Pour le cours du lendemain avec ses élèves, il se contenterait de leur apprendre à faire frire des choses et à choisir la coupe des aliments selon la consistance qu'ils voulaient obtenir.
À la fin de leurs heures de cuisine, quand les omelettes, les viandes panées, mijotées, revenues à la poêle, le clafouti et les tartes aux légumes furent prêtes, Bram s'accorda une seconde de pause avant de tout nettoyer et s'endormit comme une masse sur l'une des longues tables en bois du réfectoire. Héphaïstos, qui passait le balai sur la montagne de farine qu'il avait renversée, s'en rendit compte et sourit. Avant d'attaquer sérieusement le ménage, il se rapprocha de lui, le souleva dans ses bras et le remonta dans sa chambre pour le coucher, le border et le gratifier d'une caresse sur la tempe.
