9 octobre

Prompt : SMS (Text messages)

Fandom : Yu-Gi-Oh ! Zexal


Quattro ne laissait pas parler ses sentiments positifs très souvent. Il était pudique dans ses émotions de joie, de sincérité, de tendresse… Sans doute pour se protéger, depuis que leur père avait disparu et qu'ils avaient été, son cadet et lui, séparés de leur frère aîné pour se retrouver dans un orphelinat. C'était difficile pour deux petits garçons. Et renoncer à ses actions les plus douces depuis son enfance avait sans doute contribué à le rendre tel qu'il était aujourd'hui, sanguin, provocateur et se moquant de tout et de toute le monde.

Enfin, de presque tout le monde. Il n'était pas parvenu à se couper complètement de son petit frère, même s'il ne l'écoutait jamais et qu'il se disputait souvent avec lui. Malgré tout, il était le seul à prendre sa défense contre leur père retrouvé et à sincèrement s'inquiéter et se mettre en colère quand il était blessé.

Et il ne faisait pas semblant de n'en avoir rien à faire de lui. Il n'était juste pas très à l'aise avec ses sentiments quand on le regardait dans les yeux.

Alors, à la place, il envoyait des SMS.

Bien sûr, ce n'était rien de très folichon, ni de gros pavés de texte. Il ne se lançait non plus dans des grandes déclarations qui expliquaient ses pensées les plus intimes, mais ses petites attentions valaient tous les mots pour Trey.

Elles ne tenaient qu'en quelques phrases.

« J'espère que ton mal de tête est passé. Sinon, pense à regarder dans le placard des toilettes, il y a de l'aspirine. »

« Je suis allé acheter de la nourriture à emporter. J'ai pris un hamburger avec des galettes de pommes de terre pour toi. »

« N'oublie pas de prendre tes clés en sortant. Il est encore de mauvaise humeur et je te déconseille de traîner dans le coin. »

« Non mais tu as vu les nouvelles bottes de Quinton ? Complètement ringardes, tu trouves pas ? »

« Trey, dis-moi qui t'a fait ça. Je leur ferai payer ! »

C'était comme ça que le jeune homme savait que son frère, malgré la cicatrice qui défigurerait à vie le côté gauche de son visage, en dépit de l'absence de compassion dont il faisait preuve envers les victimes de leur père et même sa joie mauvaise à les regarder souffrir, n'était pas complètement mort. Il y avait encore de la compassion dans ce cœur, ne serait-ce qu'un peu. Finalement, il était toujours un peu l'enfant qui lui avait dit de rester fort, qui s'était battu pour le garder à l'abri, qui avait gardé un œil sur lui pendant toutes ces années.

Alors, même s'il n'aimait pas la personne violente et moqueuse que Quattro était devenu, Trey continuait de répondre à ses SMS avec la même affection, la même gratitude sincère.

« Je viens de regarder, Quattro, merci. »

« D'accord, je préparerai du thé en rentrant. Celui au citron que tu aimes bien. »

« S'il te plaît, Quattro, essaye de ne pas les provoquer, Quinton et lui, cette fois. »

« Voyons, ce n'est pas gentil de se moquer ! »

« Ce ne sera pas nécessaire, mon frère. Je t'assure que je vais bien. Quattro, je m'inquiète davantage pour toi. Ça va finir par te détruire d'être toujours en colère. »

Aussitôt ce message envoyé depuis son lit, où il essayait de se reposer après une défaite récente, Trey entendit des bruits de pas rapides dans le couloir devant sa chambre. Immédiatement après, la porte s'ouvrit à la volée et la silhouette de Quattro s'encadra sur le seuil. Il agita son portable encore allumé devant lui et rétorqua :

« Tu n'as qu'à me laisser dire aux imbéciles qui t'ont fait ça qu'il ne faut pas s'en prendre à mon frère ! Comme ça, je n'aurai peut-être plus besoin de me mettre en colère ! »

Stupéfait, Trey le dévisagea avec de grands yeux et finit par laisser échapper un rire. Il avait mal aux côtes, à sa fierté, il était toujours déchiré par les actions de vengeance de leur père, il ne savait plus où était sa voie, mais ça effaçait presque tout de vivre des moments normaux, enfin, avec son frère.