10 octobre

Prompt : Bataille d'oreillers (Pillow fight)

Fandom : Fire Emblem Fates


La petite Élise, dans son lit d'enfant, ne parvenait pas à dormir. Elle avait les yeux grands ouverts, d'un violet surprenant dans la lumière de la lune, et elle poussait des petits gémissements apeurés depuis le fin fond de sa couette. La forteresse nord devait lui faire peur, et ce n'était pas le jeune Léo, penché au-dessus de son berceau, qui lui donnerait tort. Elle était lugubre, avec ses pièces vides, ses murs silencieux et ses horribles courants d'air. Corrin, lui, s'en fichait un peu. Il avait grandi ici, ces immenses couloirs et ces tours lui étaient familières.

« Qu'est-ce qu'elle a ? demanda-t-il justement en tendant la main pour lui toucher la joue avec son doigt. Elle n'a pas sommeil ?

-Elle a peur, surtout, rétorqua Léo en lançant à son frère un regard éloquent. Les murs sont tout gris et il fait tout noir !

-Ah… Elle serait peut-être mieux dans ma chambre, dans ce cas ? proposa l'aîné. Il y a plein de tentures rouges et dorées et de tapis moelleux.

-On peut toujours essayer… Mais, qu'est-ce que tu fais ? »

Sans attendre la réponse de son frère, Corrin s'était penché au-dessus du lit en bois précieux et avait soulevé la toute petite fille dans ses bras. Il la cala contre lui en posant sa main derrière sa petite tête blonde pour pouvoir la maintenir et se dirigea résolument vers la sortie de la chambre.

« Hé ! Mais qu'est-ce que tu fais ? protesta Léo en courant derrière lui. Tu ne demandes pas à ses nourrices ? Tu n'as pas le droit !

-Écoute, Léo, elle pleure et elle n'arrive pas à dormir, argumenta son frère. On ne peut pas la laisser comme ça, pas vrai ? Et si on prévient ses nounous, elles ne voudront certainement pas nous laisser la prendre avec nous ! Elles ne sont pas toutes aussi gentilles que Cassita. »

Rendu à cet argument, Léo lui emboîta le pas. Les deux petits garçons trottinèrent dans le couloir sans croiser personne et poussèrent, à deux, la grande porte qui menait à la chambre de l'aîné. Là, des dizaines de bougies brillaient dans leurs candélabres, réchauffant la pièce d'une douce lumière. La petite Élise, étonné, cessa de pleurnicher pour regarder le jeu des reflets sur les nervures dorées du bois qui constituait les meubles.

« Ça marche ! s'enthousiasma Corrin en portant sa petite sœur jusqu'à son lit. Regarde ! Elle ne pleure plus. »

Le petit prince la posa avec précaution contre les gros coussins rebondis en position assise. Léo referma la porte et se dirigea lui aussi vers le lit.

« Tu n'avais pas le droit de la sortir de son berceau sans rien dire à personne, déclara-t-il. C'est un enlèvement !

-Un enlèvement ? »

Corrin se tourna vers lui, étonné. À ce moment-là, Léo saisit un coussin sur une banquette et en administra un grand coup en plein dans la tête de son frère.

« Hé ! protesta son aîné.

-Je te défie en duel, Corrin ! Et je vais la sauver ! décréta son petit frère en levant une nouvelle fois l'oreiller.

-Ça, tu peux toujours rêver ! »

Corrin s'empara à son tour d'un coussin et plongea sur le côté pour éviter un nouveau coup de polochon. Il contourna son lit à quatre pattes, aussi vite qu'il put, et évita de justesse de se faire toucher dans le dos.

« Tu m'as pris au dépourvu, Léo ! s'écria-t-il, joueur, en se redressant comme un ressort de l'autre côté de son lit. Ce n'est pas digne d'un chevalier !

-Si, dans le cas où on fait ça pour délivrer une jolie princesse ! répliqua son frère. »

Il courut vers lui en brandissant son coussin et Corrin lui jeta le sien à la tête pour le ralentir, avant d'en attraper un autre et de bondir sur lui pour le lui écraser dessus. Les deux frères se bagarrèrent pendant un long moment avec leurs oreillers et, pendant ce temps-là, la petite Élise riait aux éclats dans le lit de son frère. Elle n'avait plus peur du tout et pas seulement grâce à la lumière des bougies. La présence de ses deux grands frères, aussi, la rassurait et lui montrait qu'elle n'avait pas à craindre quoi que ce soit, vu que ses aînés étaient de preux chevaliers aguerris au combat d'oreillers. Même quand les deux chevaliers s'effondrèrent sur le lit défait, rompus de fatigue, et se mirent à ronfler et à baver sur les oreillers.

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Élise, âgée de treize ans, se tenait debout, pieds nus et en chemise de nuit sur le lit de son frère, dans sa chambre au château de Krakenburg.

« Et aucun de vous n'a le droit de commencer avant que mon mouchoir ait touché le sol, rappela-t-elle à ses deux frères, qui se tenaient chacun d'un côté du lit, l'oreiller brandi.

-Ça ne lui donnera que quelques secondes de répit avant que je le lamine, rétorqua Léo en souriant à son aîné d'un air provocateur.

-Tu peux toujours rêver, Léo ! répliqua Corrin.

-Et ne m'oubliez pas ! ajouta Élise en saisissant un oreiller. Moi aussi, je suis un chevalier qui va vous prouver qu'elle peut vous protéger ! »