23 octobre. Ma chienne de seize ans, Alias, est morte ce jour-là. Mon bébé doux, ma petite poule, mon doudou d'amour, notre petite sœur avec laquelle nous avons grandi, mon frère et moi, sache que je t'aimerai toujours. Pendant toute cette vie et même après.
Prompt : Tiens-moi dans tes bras (Hold me in your arms)
Fandom : Yu-Gi-Oh !
Ils se tenaient tous les deux sur le bord de la piscine municipale, dans cette odeur de chlore si prononcée qui réjouit habituellement les enfants qui la sentent car synonyme de jeux et d'éclaboussures. Mais Makuba, du haut de ses huit ans, n'était pas trop sûr d'être content de se trouver là. Il craignait de se réjouir de cette sortie autorisée et qu'elle tourne finalement au cauchemar. Gozaburo leur avait lâché la bride depuis quelques mois, maintenant qu'il avait bien façonné son frère comme il le voulait, mais on n'était pas à l'abri d'un revirement soudain. Alors, le petit garçon se contentait de regarder autour de lui les carrelets blancs de la piscine, les gradins autour des bassins de compétition, les enfants équipés de bouée qui se pressaient autour d'eux. Mais il refusait d'aller dans l'eau, au cas où.
Enfin, au cas où leur père adoptif les rappellerait soudain auprès de lui et aussi parce qu'il n'était pas trop fan de l'eau.
Les remous qui venaient lécher le bord du bassin lui inspiraient une certaine méfiance. Du haut de sa petite taille, le fond bleu de la piscine lui semblait à des kilomètres. Surtout que les enfants n'arrêtaient pas de chahuter et que ça ne contribuait pas à le mettre en confiance.
« Bon, tu viens, Makuba ? répéta son frère, qui se tenait au bord du bassin. On ne va pas pouvoir rester là toute la journée.
-Je sais, mais je n'aime pas trop la profondeur de cette piscine, grommela le petit garçon.
-Les autres bassins moins profonds sont ceux pour les tout-petits et les jeunes enfants. Tu ne vas quand même pas y aller ? Je croyais que c'était toi qui avais insisté pour qu'on vienne ici.
-Je voulais vérifier si Gozaburo était vraiment moins sur notre dos qu'avant, rétorqua Makuba. »
Seto ne répondit pas et jeta un coup d'œil aux gardes du corps qui étaient stratégiquement dispersés partout dans le bâtiment. Il n'avait pas du tout l'air d'être détendu, lui non plus, nota Makuba avec déception. Dire qu'il avait espéré que l'eau, l'odeur de chlore et une tenue un peu plus décontractée que le costume trois pièces – c'est-à-dire, très simplement, le maillot de bain – auraient des vertus apaisantes sur son aîné. Mais non, c'était raté. Il était sûr que son frère réfléchissait encore à des stratégies commerciales et des opérations budgétaires !
Seto soupira et se tourna vers l'eau.
« Bon, j'imagine qu'il n'y a aucun mal à nager un peu, concéda-t-il. Tu es sûr que tu ne veux pas venir ?
-Oui, certain, se borna l'enfant. »
Son aîné se glissa dans la piscine, délicieusement chaude comparé à la fraîcheur automnale de l'extérieur. Un petit moment passa, durant lequel Makuba demeura accroupi au bord du bassin, sur les carrelets blancs qui commençaient à lui donner froid, pendant que son frère faisait des longueurs dans la piscine. À rester comme ça, inoccupé, avec ses pensées pour seule compagnie, il commença à ressentir de la frustration, de la tristesse et de la colère, toutes ces émotions qu'il avait enfouies dans son cœur pendant tout ce temps. Sauf qu'un aussi jeune enfant n'aurait jamais dû avoir à ressentir de tels sentiments de façon aussi intense. Bientôt, les larmes lui montèrent aux yeux et Seto les vit.
« Viens dans la piscine, Makuba, lui dit-il doucement en venant s'accouder au bord du bassin. Je te promets que ça va te faire du bien.
-D'accord, mais seulement si tu me tiens dans tes bras, exigea le petit garçon en voyant là une occasion unique de profiter de quelques marques de tendresse. »
Seto hocha la tête et lui tendit les bras. Makuba se glissa précautionneusement dedans, plongeant ses pieds l'un après l'autre dans l'eau chaude de la piscine. Puis, il passa ses bras autour du cou de son frère et, quand celui-ci glissa son bras sous ses fesses pour le caler, il noua aussi ses jambes autour de sa taille.
« Ça va comme ça ? demanda Seto en s'éloignant un peu du bord pour les immerger davantage dans l'eau.
-Oui, répondit le petit garçon. »
Son frère l'éloigna un peu de lui, juste assez pour écarter doucement ses longs cheveux noirs de son visage et le regarder dans les yeux.
« Bon, alors c'est le principal, admit-il. Je suis désolé d'être aussi absent, Makuba. Je te promets qu'un jour, aussi rapidement que possible, j'arrangerai ça. »
Sans un mot, le petit garçon hocha la tête. Il voulait tellement croire en cette promesse, en ce serment tellement énorme qui était la seule et unique chose qu'il désirait vraiment, qu'il n'osait pas se porter malheur en disant quoi que ce soit. Mais Seto comprenait. Il lui sourit, légèrement mais gentiment, comme ce n'était pas arrivé depuis longtemps, le remerciant implicitement de sa patience. Il le serra de nouveau contre lui et se dirigea un peu plus loin, dans un coin du bassin délaissé par les autres enfants. Ils y restèrent un moment, profitant seulement de l'eau chaude et du fait d'être ensemble. De pouvoir faire preuve de la tendresse que deux enfants de huit et treize ans avaient le droit de se vouer sans leur bourreau de père sur le dos. De pouvoir être des frères normaux, ne serait-ce qu'un instant.
