25 octobre

Prompt : Se câliner et se blottir (Cuddling and snuggling)

Fandom : Night Head


Naoto alluma la lumière et chassa les ombres grises du crépuscule qui s'étiraient dans la chambre. Il était complètement épuisé. Vidé de ses forces. Les événements des dernières vingt-quatre heures avaient été terribles, entre sa confrontation mentale avec Mikumo, qui lui avait fait croire qu'il avait accidentellement tué son frère, son désespoir, sa mort cérébrale… Le moment où il s'était réveillé en entendant dans son esprit les appels à l'aide de Naoya, que Mikumo était en train de rouer de coups de pieds. Et puis son second combat contre cet homme abject, sa victoire… leur confrontation avec la présidente de l'Ark. Tout cela, c'était trop pour une seule journée et Naoto n'avait presque plus de forces. Malgré tout, il continua de soutenir son cadet jusqu'à arriver à l'un des lits, où il l'assit.

« Comment tu te sens ? murmura-t-il en balayant du regard, le cœur serré, le sang à la commissure des lèvres de Naoya, la façon dont il se tenait les côtes et sa jambe raide.

-Ça ira… je crois, répondit le jeune homme d'une voix courageuse mais tremblante de douleur. Le plus important, c'est que ce soit fini, maintenant.

-Oui. »

Doucement, Naoto tira sur le t-shirt de son frère pour qu'il lève les bras et l'aider à l'enlever. Le blessé s'exécuta en grimaçant et en poussant quelques plaintes de douleur. Effectivement, de gros hématomes violacés marbraient sa peau et le cœur du frère aîné se serra, autant de tristesse de le voir souffrir que de colère que ça ait pu arriver. Mikumo avait bien de la chance d'être déjà mort ! Avec précaution, il pressa l'épaule de son frère pour le réconforter.

« Ça va aller, Naoya. Je vais m'occuper de toi, promit-il.

-Oui… Je sais…, souffla le jeune homme en tremblant de froid. »

Avant toute chose, Naoto alla allumer le chauffage et se dirigea ensuite vers la salle de bain pour récupérer des serviettes, des bandes de gaze et de la pommade, puis vers le frigo pour sortir le pain de glace.

« Pose ta jambe là-dessus, dit-il en tirant la chaise de bureau près du lit. Je vais mettre la glace dessus. »

Il l'enroula soigneusement dans une des serviettes et le posa sur le genou gonflé de son frère. Comment avait-il réussi à le rejoindre dans cet état ? C'était une bonne question. Naoto appliqua de la pommade sur chacun des bleus de son frère et arrêta un instant sa main sur son flanc.

« Est-ce que tu penses que tu as des côtes cassées ? demanda-t-il. Certains de ces hématomes sont vraiment noirâtres, ça m'inquiète.

-Je ne sais pas, soupira Naoya, mais j'aimerais que nous n'allions pas voir un médecin ce soir, s'il te plaît… Je… Je ne suis pas sûr de le supporter, avec tout ce qu'il s'est passé.

-Bien sûr, je comprends… On y réfléchira demain, consentit son frère en finissant d'appliquer la crème. Et voilà… Est-ce que tu as faim ?

-Non, pas vraiment…

-J'imagine, mais je ne peux pas te laisser sans manger. Je vais préparer quelque chose. Va te mettre dans le lit en attendant. »

Avant ça, Naoto enroula le torse de son cadet dans les bandes de gaze pour éviter de faire partir la pommade et en utilisa une autre pour maintenir la glace autour de son genou. Il avait faim, lui, après les efforts psychiques qu'il avait faits pour vaincre Mikumo, mais il pouvait comprendre Naoya manquait d'appétit, avec toute cette fatigue. Il s'efforça de préparer quelque chose de consistant mais de léger et fit cuire du riz blanc avec du poulet pané. L'odeur lui donna encore plus faim et il se dépêcha de disposer la nourriture sur un plateau avant de rejoindre son cadet dans le lit.

Les deux frères mangèrent en silence et l'aîné ne put pas manquer les spasmes de douleur de Naoya. Comment Mikumo avait-il osé lui faire ça ? Comment avait-il osé ?! Rien que d'imaginer son petit frère jeté à terre tandis que l'envoyé de l'Ark le rouait de coups de pieds le rendait fou de rage.

« N'y pense plus, grand frère, souffla le blessé en posant sa main sur son poignet. C'est fini, maintenant.

-Je sais, mais je suis désolé de ne pas avoir été là pour te protéger, s'apitoya son aîné. Ça n'aurait pas dû arriver.

-Et moi, je suis désolé de ne pas pouvoir me défendre tout seul.

-Ce n'est pas de ta faute, Naoya. »

Naoto posa son bol vide et ses couverts sur la table de chevet et fit de même avec ceux de son frère. Puis, il s'allongea sous les couvertures et l'invita à en faire autant.

« Essaye de dormir un petit peu, lui conseilla-t-il. Je sais que tu as mal, mais c'est la première fois depuis des mois que nous n'avons plus à redouter d'être traqués par l'Ark. Je crois que c'est le moment de profiter de ce repos bien mérité.

-Je sais… Tu vas rester là ? demanda le jeune homme avec espoir.

-Oui. Je pense que nous en avons besoin, n'est-ce pas ? »

En effet, Naoto n'avait pas été le seul à être témoin de la mort de son frère via les hallucinations de Mikumo. Naoya aussi avait cru que son aîné ne se réveillerait jamais du coma dans lequel il l'avait plongé.

« Dors bien, Naoya, murmura Naoto en passant son bras autour de ses épaules pour le ramener avec précaution contre lui.

-Toi aussi, grand frère, répondit le jeune homme en frottant plusieurs fois sa joue contre son torse pour bien se blottir contre lui. Je… Je ne sais pas ce que je ferais sans toi. Tu sais, tu es la personne la plus importante du monde pour moi.

-Je sais. Pour moi aussi, Naoya. »

Bien sûr, ils le savaient tous les deux. Leurs esprits étaient tellement entremêlés depuis tout ce temps qu'ils n'avaient pas vraiment de secrets l'un pour l'autre. Mais, parfois, c'était important de le dire à voix haute. Naoya finit de se pelotonner contre son frère et laissa le bras de Naoto lui caresser les cheveux et le dos en un geste lent et doux qui l'apaisa. Il avait toujours mal mais la force et la tranquillité de son frère le rassuraient à chaque fois. L'amour qu'il lui portait aussi et il s'endormit assez rapidement, se réveillant uniquement deux ou trois fois dans la nuit pour sentir son frère continuer à le câliner. Il devait faire des mauvais rêves… mais il pouvait compter sur Naoto pour prendre soin de lui, comme c'était le cas depuis toujours.