La Chasse
Si j'étais JK Rowling et si j'avais son argent, je pourrais partir en vacance au lieu de rester chez moi à écrire des bêtises. . .
JE SUIS EN VACANCES!
Le point positif: plus de temps pour écrire.
Le point négatif: ma beta/coloc est aussi en vacance. . . donc pas dans ma chambre pour corriger mes fautes.
Chapitre trois
Charlie le regarda un instant dans les yeux, cherchant à savoir si Harry était effrayé par ce qu'il proposait ou tout simplement ignorant. Mais il semblait que la seconde possibilité fût la bonne. Charlie se demanda une dernière fois s'il n'avait pas tort de lui proposer cela, mais c'était la meilleure solution.
"Ton Pellicator. Cela veut dire flatteur en latin, enjoliveur. En fait, c'est une tradition qui remonte au Moyen Age. Quand le monde sorcier s'est coupé du monde moldu, il s'est retrouvé avec un gros problème: il risquait de disparaître, faute d'enfants. Et bien sûr pour les Sangs Purs il était hors de question d'épouser des Moldus, je t'ai déjà dit tout cela pour t'expliquer pourquoi être gay passait vraiment au second plan pour ce qui était des unions à problèmes. Mais l'un des effets de cette séparation fut que même le petit peuple ne trouvait plus à se marier, et ne pouvait plus fournir en filles la petite noblesse. Alors il fallait trouver le plus vite possible un parti convenable, pour que les enfants ne se retrouvent pas seuls et surtout que la descendance soit assurée. On se mit donc à fiancer les enfants de plus en plus jeunes, parfois dès leur naissance, pour ne pas avoir de soucis à se faire. Mais on ne pouvait pas savoir s'ils se plairaient, alors que plus une union est joyeuse plus elle est productive, et ils étaient mariés si jeunes qu'ils n'avaient pour la plupart aucune expérience sexuelle. Pour remédier à ce problème on se mit à avoir recours à ce que l'on appela des Pellicatores: des hommes et des femmes, souvent des proches de la famille, qui avaient pour rôle d'éduquer ces jeunes peu avant le mariage afin de décider quelles clauses il fallait ajouter au contract."
Il s'arrêta là, pour voir comment réagissait Harry, mais le jeune homme semblait captivé et il continua.
"Tu ne le sais peut-être pas, mais un mariage sorcier engage beaucoup plus les deux personnes concernées: il engage aussi leur magie. Par exemple, si l'on décide d'un mariage en bonne et due forme, sans clause particulière parce que les deux personnes se conviennent, leur magie va les pousser l'un vers l'autre et il est peu probable qu'ils aillent jamais voir ailleurs. Mais comment faire si l'un des deux est attiré par son propre sexe, ou est déjà amoureux? Si l'on laisse le contrat tel quel, ils vont certes être poussés à faire des enfants mais ils ne seront jamais heureux et leur frustration ira grandissante: un enfant ne peut pas grandir correctement dans ces conditions. Il faut donc ajouter des clauses, qui certifient par exemple qu'un tel aura le droit de voir son amant tant de fois par semaine etc. Car on ne pouvait pas se mettre à chercher quelqu'un de mieux adapté au dernier moment."
Harry hocha la tête, montrant qu'il avait compris. Mais un point le tracassait toujours.
"Qu'est-ce qu'il fait exactement, le . . . Pellicator?"
"Il te met en valeur: te prépare à tout ce qu'un bon mari et surtout un bon amant doit savoir. Il y a toute une série de clauses à respecter, l'apprentissage se fait par étapes, et il y a certains interdits. . . "
La voix de Charlie s'était faite plus hésitante et Harry leva les yeux, il voulait tout savoir avant de prendre sa décision.
"Tu sais, le monde sorcier ne privilégie pas vraiment la virginité. . . Mais c'est une coûtume qui date du Moyen Âge, et qui est née dans les milieux les plus huppés. . . Si je deviens ton Pellicator, je serai une sorte d'instructeur et de protecteur, mais il y a une chose que je n'aurai pas le droit de faire. Je n'aurai pas le droit de te faire l'amour, pas pour ta première fois en tout cas."
Harry le regarda, les yeux ronds. Ce n'était pas possible! Il voulait tout découvrir avec Charlie, pas uniquement les caresses! Pourquoi lui proposait-il cela? Le jeune homme s'apprêtait à protester, mais son compagnon se leva et le devança.
"Réfléchis bien avant de répondre. Tu sais que j'ai ton intérêt à coeur, et j'ai beaucoup réfléchi avant de t'en parler. . ."
Il se dirigea vers la salle de bain, laissant le jeune homme se préparer pour la nuit. Ils allaient devoir partager le même lit à cause de son manque de réfléxion, mais chacun avait droit à son intimité. Quand il revint il trouva Harry déjà glissé dans les draps, tourné de telle sorte qu'il ne pouvait pas voir son visage. Il espérait qu'il ne pleurait pas, on n'entendait aucun bruit mais le jeune homme ne répondit pas quand il lui souhaita la bonne nuit. Charlie soupira intérieurement et éteignit la lumière, à défaut de progresser dans leur relation ils pouvaient chasser Snape avec toute leur frustration. . .
Le lendemain les trouva à nouveau dans le quartier des Halles et les rues alentours. Ils avaient établi une sorte de périmètre autour de l'église Sainte Eustache, avec pour limites la rue de Rivoli au Sud, le Boulevard de Sébastopol à l'Est, la rue Etienne Marcel au Nord et la rue du Louvre à l'Ouest. Si Snape n'avait pas trouvé de moyens pour brouiller un sort de Traque, et cela les aurait fort surpris, leur proie devait se trouver dans un des immeubles du quartier. Le problème était de savoir lequel.
Ils se mêlèrent à la foule du Samedi matin, venue tôt faire les boutiques pour éviter la cohue de l'après-midi. Les deux hommes avaient su dès qu'ils avaient pris le métro place Monge que la journée serait chargée, et rien ne vint les contredire. Une fois dans les jardins des Halles, ils lancèrent le sort de Traque et remarquèrent que Snape n'avait pas bougé, il était tout prêt, mais où. . . Ils se partagèrent le travail, et chacun se lança dans la chasse.
Harry se rendit vite compte qu'il ne pouvait utiliser ses dons de chasseur dans une ville si peuplée où les indices disparaissaient en quelques secondes. Il allait devoir recours à la magie. Prenant comme point central la place J. du Bellay, il commença à tisser sa toile, une toile faite de sorts et de contre-sorts qui se déclancheraient dès que Snape les effleureraient. Ce n'était pas facile à faire, il devait pour cela se concentrer sur ce dont il se souvenait de l'aura de Snape, et le souvenir était flou. . . Sans compter qu'il savait pertinement qu'un souvenir, même très bon, n'avait souvent qu'une lointaine ressemblance avec la réalité. Il risquait d'alerter Snape, sans pouvoir rien faire de son côté. Mais il n'y avait pas d'autres solutions, à part celle que mettait en oeuvre Charlie et qui prendrait des jours avec le même risque de se faire attraper.
Charlie sortit du quinzième hôtel qu'il visitait en gromelant, il commençait à en avoir marre d'être toujours confronté à la même chose. D'abord c'était l'oeil intéressé du standardiste, oeil qui se faisait même égrillard quelque fois, car il était un client potentiel et savait qu'il était bel homme. Puis l'oeil se fermait à nouveau et redevenait distant quand il devenait clair que Charlie ne comptait pas laisser là des espèces sonnantes et trébuchantes. Il posait alors sa question, et à chaque fois pour le même résultat, la même déception. Il n'y avait pas de Severus Snape ici, et personne ne répondait à son signalement. Bien sûr, il était possible que sa proie utilise un autre nom ou se cache sous une autre apparance, mais cela valait la peine d'essayer. Et il y avait toujours la possibilité de le croiser par hasard, et Charlie était sûr de pouvoir le reconnaître si cela arrivait.
Il y eu quelques fausses alertes. D'abord quelqu'un "trébucha" sur la toile de Harry. Ce quelqu'un était un sorcier français qui devait avoir une cinquantaine d'année, les cheveux grisonnants et portant une magnifique moustache, et qui se révéla être d'une amabilité particulièrement détestable. Harry se demanda même s'il n'avait pas un peu forcé le trait quand il s'était remémoré l'aura et la personalité de son ancien professeur.
Puis ce fut au tour de Charlie d'avoir une surprise: il marchait la tête baissée dans une ruelle où il était allé se soulager quand il percuta une forme noire à laquelle il n'avait pas fait attention. Ses instincts de chasseur prenant immédiatement le dessus, l'inconnu se retrouva avec une baguette sous la gorge avant d'avoir pu esquisser un geste. Cape noire, chapeau noir à larges bords. . . Charlie allait arracher ce dernier pour vérifier s'il ne dissimulait pas sa proie quand l'inconnu éclata de rire et lui demanda ce qu'il comptait faire avec ce bout de bois. Avec une voix de fille. Il était tombé sur une Moldue, une qui suivait cette étrange mode gothique qui l'avait un temps intéressé. Un sort d'Oubliette plus tard, il était de nouveau dans la rue des Bourdonnais et pas plus avancé qu'avant.
Mais l'épisode qui les acheva fut quand Harry crut reconnaître dans un chat la forme dissimulée du tigre de Snape. Il se retrouva à longer la goutière d'un immeuble de la place Marguerite de Navarre, à une dizaine de mètres au dessus du sol, à plat ventre et en faisant "minou minou" sous l'apparence d'un jeune garçon. Mais le chat le regarda d'un air dédaigneux dont Snape aurait pu être jaloux, s'éloigna en faisant des huits avec sa queue, et resta un chat quand Harry lui lança le sort destiné à lui rendre forme humaine s'il avait été un animagus. Après cela, les deux chasseurs décidèrent d'en rester là et d'aller se prendre un bon verre bien mérité.
"Je ne sais pas pour toi, mais je me suis senti un peu ridicule aujourd'hui."
"Tu penses à ton aventure sur le toit?"
Il y avait du rire dans la voix de Charlie, et Harry lui lança une cacahuette.
"Je ne sais vraiment pas comment on va bien pouvoir réussir à choper Snape. C'est l'homme le plus méfiant que je connaisse, et on se comporte deux lourdaux. S'il nous voyait, il serait mort de rire."
Cette fois Charlie se mit à rire, mais il savait que Harry n'avait pas tort. Pressés d'en finir, méfiants au possible, ils finissaient par voir leur proie dans chaque coin d'ombre. Et il n'était pas à exclure qu'ils l'aient déjà croisé dix fois sans s'en apercevoir, voire qu'il sache qu'ils étaient là. Mais tous deux étaient persévérants, et ils ne baisseraient pas les bras.
Il faisait chaud, une de ces chaleurs moites qui annoncent les orages, et aucun des deux n'avait envie d'aller se coucher, de tourner encore et encore dans des draps rendus humides par la transpiration. Ils allèrent manger dans un petit restaurant italien que le concierge de l'hôtel leur avait conseillé, et où Charlie fit beaucoup rire son jeune compagnon en s'emmêlant dans ses spaguettis. Mais il prit sa revanche à la sortie, quand Harry s'aperçut que ce bon petit vin du sud de l'Italie lui faisait beaucoup plus d'effet qu'il ne l'aurait cru. . . Ils décidèrent de marcher un peu, il n'était pas tard et une douce lumière soulignait les beaux immeubles haussmaniens. La foule de la journée s'était largement dispersée, il ne restait dans les rues que de rares promeneurs qui voulaient profiter de la douceur du soir et de la très légère brise. Tout le monde savait qu'une fois rentré chez soi la tiédeur agréable se transformerait en implacable fournaise.
Les deux hommes marchèrent un moment en silence, chaqu'un savourant la tranquilité sans qu'elle ne soit synonyme de solitude. Puis Charlie invita Harry à passer son bras sous le sien et ils marchèrent ainsi, s'attirant quelques regards amusés vides de toutes critiques. Ils étaient beaux à voir, ces deux gars là! Ils s'étaient changés avant de sortir, mélangeant leurs tenues de chasseur avec quelques articles achetés aux Halles. Charlie portait son pantalon en cuir et ses bottes, mais avait troqué son corset pour une chemise blanche en lin qui lui donnait un peu l'air d'un aristocrate du siècle précédant. Harry avait quant à lui préféré faire l'inverse, il avait gardé sa chemise qui semblait être en soie si on ne la regardait pas de trop près, et la laissait tomber sur un vieux Jean patiné par le temps et qui, aux dires de Charlie, lui moulait scandaleusement les fesses. C'était ce tableau que les gens voyaient passer, deux jeunes hommes dans la fleur de l'âge, habillés avec goût, et qui semblaient tenir l'un à l'autre sans pour autant outrager les bonnes moeurs. Mais le plus important, ce qui faisait de cette scène un moment que Harry n'oublierait jamais, c'était le fait qu'il était incroyablement détendu, et qu'il avait fini de douter. Il n'était pas une "sale tapette" comme avait dit son oncle, mais un jeune homme attiré par un autre jeune homme.
Harry ne dit rien à Charlie, mais ce dernier voyait bien qu'une détermination nouvelle brillait dans les célèbres yeux verts. Il ne posa aucune question, même s'il espérait que Harry avait décidé de l'accepter comme Pellicator. . . Il était près de minuit quand ils arrivèrent à leur hôtel, et n'avaient échangé que quelques mots depuis le restaurant. Ils montèrent toujours en silence, cette fois soucieux de ne pas déranger les autres clients. Mais une fois qu'ils eurent refermé la porte, Harry sembla oublier toute retenue et se jeta sur Charlie.
Il le plaqua contre la porte avec rudesse, montrant toute sa force de chasseur, et le regarda droit dans les yeux comme s'il cherchait quelque chose. Charlie ne dit rien, il se demandait ce que voulait le jeune homme, mais ce dernier dut trouver ce qu'il cherchait car il se rapprocha lentement du roux. Leurs lèvres s'éfleurèrent doucement, comme deux papillons de nuit, s'écartant puis revenant l'une vers l'autre, parsemant la bouche de l'autre d'un millier de minuscules baisers. . . Puis, inconsciement, Charlie se lécha les lèvres et il gémit quand Harry souffla dessus en se raprochant. Ce petit gémissement projeta Harry dans les bras de son amant, et leurs bouches se firent dévorantes.
Quelques minutes plus tard ils étaient nus, étendus sur le lit, et Charlie avait pris le contrôle de la situation. Il aimait beaucoup la fougue nouvelle de son amant, mais c'était lui le professeur! Il était allongé sur le flanc à côté de Harry, d'une main lui immobilisant les bras au dessus de sa tête et de l'autre le carressant doucement. Le jeune homme était entièrement à sa merci et il gémissait doucement, espérant être épargné tout en souhaitant que cela ne cesse jamais. Charlie se demandait même si le fait de devoir se soumettre ne lui apportait pas plus de plaisir que ses caresses. . . Peut-être que le subtil mélange des deux avait son importance.
Charlie effleura doucement les tétons du brun, qui se durcirent instantanément sous ses doigts agiles. Il joua un instant avec eux, alors que son amant se tordait sous lui et en demandait plus. Il ne voulait pas aller trop vite, mais Harry semblait avoir perdu toute retenue. . . Alors il laissa ses doigts vagabonder sur le peau mâte, attentif aux différents gémissements que cela produisait, et n'hésitant pas à s'aventurer un peu plus loin que prévu. . . Il traçait du bout des doigts l'intérieur de la cuisse gauche du jeune homme quand ce dernier parvint enfin à obtenir ce qu'il voulait: il se arqua, et la main baladeuse se referma sur le sexe dur comme un roc. Il ne fallut pas longtemps pour que Harry atteigne l'orgasme.
L'interlude avait été rapide, presque mécanique malgré le désir de Harry, mais Charlie ne voulait pas plonger trop vite dans ce qu'il s'était proposé de faire. Maintenant que Harry semblait s'accepter, ou du moins était sur la pente de l'acceptation, peut-être qu'il n'aurait pas à faire ça. . . Mais le jeune homme, son désir assoupi, se roula contre lui tel un gros chat et s'endormit comme si rien n'était plus normal. Charlie aurait bien aimé pouvoir faire de même.
"Par tous les Dieux des Enfers! Je vais le tuer!"
"Pour cela, il faudrait déjà le trouver. . . "
La remarque de Charlie fut accueillie par un regard noir, et Harry recommença à jurer.
"On le trouvera, ce crétin de mes deux! Et ce sera sa fête! Bordel de merde. . . "
Charlie aurait pu sourire, mais même si la situation était cocasse ils allaient au devant de pas mal de problèmes et Harry n'avait pas du tout envie de plaisanter. Snape avait disparu. Définitivement. Ils avaient lancé le sort de Traque au petit matin, c'était presque devenu un rituel, mais alors qu'ils s'attendaient à la même réponse que d'habitude rien n'était apparu sur leur plan de Paris. Harry avait recommencé pour faire bonne mesure, mais ils savaient que ce serait en vain. Snape avait du deviner qu'ils le traquaient. . .
"Cela ne sert à rien de s'énerver. Tu ne connaîtrais pas un autre moyen de chasser? Tu es le plus doué d'entre nous, tu dois bien avoir quelques petits secrêts."
Harry eut un maigre sourire à cela, il aimait qu'on le félicite. Non pas qu'il soit devenu orgueilleux, mais il avait travaillé durement pour atteindre ce niveau d'excellence et l'admirer c'était reconnaître ce travail. Et puis, il avait effectivement une idée.
"Malefoy Mirer!"
Il y eut pendant quelques secondes un air de profonde concentration sur le visage du jeune homme, comme s'il cherchait un état d'esprit particulier, puis il se détendit et Charlie se détourna pour regarder la carte de France. Un point rouge était apparu dans les alentours de Nimes, et Charlie fronça les sourcils.
"Je sais, mais c'est tout ce que je peux faire. Ils se sont enfuis ensembles, et on n'a plus entendu parler de Malefoy Junior. . . Je pense que Snape a du faire en sorte qu'il ne rejoigne pas Voldemort, si il est véritablement innocent."
"Et si on suit une fausse piste?"
"Et bien, on aura au moins trouvé Malefoy et il nous expliquera tout ce qui c'est passé avec Snape. . . "
Ils commencèrent à ranger leurs affaires, l'épopée parisienne était terminée. Chacun était d'humeur assez sombre, car ils avaient l'impression de passer leur temps à se faire avoir, de ne pas valoir grand chose. . . Mais Charlie finit par briser le silence.
"C'est quoi le sort que tu as utilisé?"
Harry lui répondit par un de ses sourires ravageurs, un de ceux qui lui donnaient envie de lui sauter dessus mais aussi de l'étrangler.
