Auteur: TiaKin

Genre: M

Tiré de la série: One Piece

Disclaimer: Le petit chien qui se transforme vient de mon cerveau, pareil pour la famille de Sandy. Les autres sont à Eiichiro Oda.

Les italiques sont des pensées intérieures et les OoO sont un passage dans le temps (normal: temps plus long, gras: autre moment dans la journée).

Réponses aux reviews:

kao: Je sais que c'est long, mais je préfère faire comme ça, sinon je livre tout d'un coup sans relecture, et ça me laisse aussi du temps pour écrire les derniers chapitres.

vivi: Ce petit jeu de mot m'est venu instinctivement quand j'ai pensé pour la première fois à cette histoire. Seule La p'tite Lili avait compris ce jeu de mot (grâce à la cicatrice sous l'oeil).


Les leçons

Depuis que je suis bizarre, mon maître passe plus de temps avec moi. Il me parle, semble plus heureux et m'apprends de nouveaux trucs. Étrangement, je comprends tout ce qu'il dit, et, ce qui semble encore plus bizarre, c'est que je n'aboie plus. Je… parle l'humain.

Mais il n'y a pas que ça. J'ai une autre vision, je sens moins d'odeurs et j'entends moins de sons que d'habitude, j'ai plus froid et mes pattes sont étranges, plus longues.

Pas contre, j'ai l'impression d'avoir quelque chose en plus. Quelque chose qui me permette de mieux comprendre les humains. Tout ce qui m'entoure devient compréhensible.

Les peaux s'appellent maintenant habits, mes pattes deviennent des pieds et des mains. Tout se transforme autour de moi quand je deviens bizarre. Même mon maître.

-Luffy?

Je tourne mon regard vers mon maître. J'aboie et il sourit –oui, quand mon maître montre ses dents, c'est pour sourire, et ça, je viens juste de le comprendre.

-Allez, donne-moi tes mains.

Mains, pattes avant. Je lui donne une patte, puis il me prend l'autre et je me sens déséquilibré. Je veux reprendre appui, mais mon maître ne me lâche pas.

-Allez, mets-toi debout, dit mon maître en me tirant en haut.

Je résiste d'abord, puis j'abandonne. Le maître est supérieur. Je dois obéir au maître. Je me retrouve à la hauteur des yeux du maître.

-Ben voila, c'était pas si difficile, sourit mon maître.

Je sens mes pattes arrière qui commencent à trembler, puis je retombe par terre.

-Allez, on recommence, fais mon maître en retirant sur mes pattes.

Après quelques tentatives, j'arrive finalement à tenir debout sur mes pattes sans trembler et tomber.

-C'est bien, me félicite mon maître. Allez, encore un petit peu et je te lâche.

Non, me lâchez pas maître. J'ai peur de tomber. Je m'accroche du mieux que je peux aux habits de mon maître, mais il s'esquive et me laisse debout au milieu de la niche. Je chancelle fortement et, avant que je ne tombe, mon maître me rattrape et me remet debout.

-On réessaye.

Le manège reprend et, au bout de nombreux essais, mon maître me félicite chaleureusement.

-C'est déjà bien que tu tiennes debout. Demain, tu marcheras sûrement.

J'aboie. Mon maître est content et je le suis aussi.

-Tu peux redevenir Filou si tu veux. Moi, je vais m'occuper de mes dossiers.

Je me sens redevenir normal. Mais lorsque je tente de marcher, les habits m'empêchent de bouger et je trébuche. Je me débats pendant un bon moment avec le T-shirt, puis, battu, je commence à couiner. Mon maître arrive aussitôt et, lorsqu'il me voit, explose de rire.

Maîîîîître, au secours. Toujours en rigolant, mon maître me libère et je vais aussitôt aller boire un peu, tandis que mon maître va s'asseoir dans un panier haut dans lequel il va pour regarder la boîte à images.

OoO

Après mes croquettes du quand le soleil va se coucher, je vais dans mon panier pour m'endormir.

Je me retrouve à l'endroit où j'ai rencontré l'homme qui a mon odeur. Je le cherche des yeux, et du nez, mais, ne le voyant pas, je décide d'aller explorer les environs.

Après avoir farfouillé dans des buissons épineux, je me retrouve au bord d'une rivière dans laquelle nagent des poissons colorés.

-Tiens, salut, fait une voix dans mon dos.

Je me retourne et vois l'homme qui a mon odeur qui mange une pomme.

Bonjour homme qui a mon odeur.

-Moi, fait-il après avoir rigolé, je ne suis pas simplement un homme qui a ton odeur, je suis également toi.

Je ne comprends pas.

-C'est normal. Pour toi, je suis un humain et toi tu es un chien. C'est ça?

Oui.

-Et bien je peux t'assurer que c'est plus compliqué. Tu as passé une bonne journée, me demande-t-il sans transition.

Très fatigante. Mon maître m'a appris tout plein de choses que je ne connaissais pas. Et en plus, je le comprenais, comme je te comprends toi.

-Et tu ne t'es pas posé de questions?

Pourquoi? Quand je suis avec mon maître je ne demande rien.

-Alors… pourquoi est-ce que tu te dis que tu es bizarre? Tu l'as pensé toute la journée.

Comment tu sais?

-Je te l'ai dit, je suis toi.

Mais alors… pourquoi suis-je bizarre?

-C'est parce que tu as mangé le fruit à la chair tendre.

Je ne comprends pas le rapport.

-C'est un fruit qui t'as rendu capable de devenir un humain.

Humain? Mais non, je suis un chien.

-Et pourtant, tu peux te transformer en humain.

Je reste silencieux, incapable de digérer cette information. Moi, me changer en humain? C'est… c'est…

-Impossible à définir n'est-ce pas?

Oui.

-Au fait, fait l'homme, ton maître ne t'a-t-il pas appelé différemment aujourd'hui?

Il m'a appelé Filou, comme d'habitude.

-Je suis sûr qu'il a utilisé un autre nom. Tu ne t'en rappelles pas?

Je cherche dans ma mémoire. Oh! … Il m'a appelé, parfois, … Luffy.

-Et bien Luffy, c'est moi, mais c'est aussi toi.

Je penche la tête sur le côté. Hein?

-Oui. Toi, le chien, tu es Filou, mais moi, l'humain, je suis Luffy. Et comme je suis toi, tu es Filou ET Luffy. Compris?

C'est un peu compliqué.

-Je te conseille de te regarder dans un miroir quand tu seras bizarre demain.

Mais… c'est quoi un miroir?

-C'est comme de l'eau, mais en plus plat et en moins mouillé. Ça permet de se voir, comme tu peux te voir dans une rivière.

Mais comment je vais faire pour aller devant un miroir?

-Ton maître va t'apprendre à marcher. Il passera sûrement devant un des miroirs de son appartement. Oups! Pardon, de sa niche, comme tu le dis si bien.

Je regarde l'homme se lever, s'étirer et aller vers la rivière.

-Tu veux te baigner avec moi, il me demande en se retournant.

Oui! Et je saute dans l'eau fraîche.

OoO

-Allez mon vieux, faut retourner avec ton maître. T'as encore plein de progrès à faire.

Je secoue la queue vers Luffy –j'ai décidé de l'appeler comme ça, c'est plus simple. Oui, beaucoup de progrès.

-On se reverra, mais pas tout de suite.

Au revoir alors. Je lui saute dessus et lui lèche le visage. Il se met à rigoler.

-Au revoir.

-Filou?

OoO

-Filou? Allez, debout mon chien!

Je me réveille doucement, puis lève un regard éteint vers mon maître qui me secoue doucement.

-Salut chien, il dit en me souriant. Tu as faim je présume?

J'aboie doucement. Mon maître sort de la niche où il dort, tandis que je m'étire longuement le dos. Ceci fait, je me dirige vers ma gamelle, qui est remplie de croquettes.

J'avale rapidement ces dernières, puis vais boire dans mon écuelle d'eau.

-Tu es prêt, me demande mon maître quand je lève mon regard vers lui. Alors on va pouvoir recommencer.

Il se lève de son panier haut et va dans la niche où il dort. Je le suis docilement et vais me coucher dans mon panier tandis qu'il fouille dans sa boîte à habits. Il en ressort le T-shirt et le caleçon d'avant et les pose dans son panier.

-Allez Luffy, assis sur le lit.

Je me sens redevenir bizarre, puis obéit.

-Tu vas me montrer comment tu fais pour enfiler tout ça, dit mon maître en montrant les habits.

Je les regarde, puis vais les prendre avec les dents.

-Non non non, Luffy! Pas avec les dents. Avec les mains.

Je me redresse et regarde mon maître, surpris. Avec… les mains? Je jette un coup d'œil à ces dernières. Comment je vais faire? Les mains ça sert pas à prendre des trucs. Ça sert à marcher. Je lève un regard interrogatif vers mon maître.

-Tu ne sais pas comment faire, il me demande après une petite hésitation.

Je secoue la tête, instinctivement.

-Et bien, il commence en soupirant, tu fais comme ça.

Il pose sa main sur l'habit, puis ferme ses doigts et lève l'habit. J'ouvre de grands yeux. Woaw! C'est… c'est fantastique! Mon maître est très fort.

-Allez, à toi, il fait en posant l'habit sur son panier.

Timidement, j'avance l'une de mes mains vers le T-shirt et la pose dessus. Sans difficultés, je ferme ma main et soulève l'habit. J'ai réussi, j'ai réussi! Je lève vers mon maître un regard fier.

-Mouais, maintenant, enfile-moi tout ça. Je te regarde.

Enfiler? Je lève les bras, le T-shirt dans l'une de mes mains. Comme ça? Je lève les yeux vers l'habit, que je n'ai toujours pas lâché. Je tente de me souvenir de la marche à suivre, mais c'est encore confus. Doucement, je redescends les bras et examine attentivement l'habit.

Hier, quand mon maître me l'a enfilé, il était… Je tourne l'habit dans tous les sens. … comme ça! Ensuite, il ma fait "Haut les mains!" et m'a mis ce trou ici, celui-ci là et le dernier ici. C'est compliqué.

Doucement, j'enfile une main, puis l'autre dans l'habit, puis termine par la tête. Je m'y reprends plusieurs fois, arrivant à chaque fois avec un bras mal mis. Finalement, je mets l'habit avec succès. Pour fêter ma victoire, j'aboie joyeusement, ce qui attire l'attention de mon maître qui est complètement habillé –wow, il est fort mon maître. Il se met à rigoler doucement.

-Ha ha, pas mal, mais, il commence en s'approchant de moi, tu l'as mis à l'envers, il m'explique en m'enlevant l'habit.

-À… à l'envers?

-Oui. Regarde, il fait en me montrant une image sur le T-shirt. Le dessin doit aller devant.

Il appuie sur mon ventre.

-Et non derrière. Allez, je te le mets et tu essaies avec le caleçon, il finit en me mettant le T-shirt.

OoO

J'ai enfilé le caleçon avec plus de facilité que le T-shirt -ça doit être à cause des trous. Y'en a moins.

-Luffy?

Je tourne la tête vers mon maître qui me tend une main.

-Viens, on va recommencer à te faire marcher.

-Marcher, je m'exclame joyeusement.

Mon maître rigole et me tire pour que je me mette debout. Comme avant, mes jambes chancellent, mais je tiens plus facilement.

-Bien. Maintenant, je te lâche, annonce mon maître en lâchant une main.

Lorsqu'il lâche l'autre, je commence à sentir mes jambes trembler, mais je lutte pour ne pas tomber.

-Oua, je m'exclame en tombant lourdement sur le sol, malgré mes efforts.

-On recommence, me demande mon maître en tendant ses mains vers moi.

-Oua, je fais en les attrapant.

Mon maître me tire vers le haut et recommence à me lâcher, sans pour autant s'éloigner trop loin.

Cette fois, j'arrive mieux à rester debout. Mes jambes bougent moins et je ne me sens pas perdre mon équilibre. Je lève un regard inquiet à mon maître, mais celui-ci sourit, ce qui enlève mon inquiétude.

-Ben voila, s'exclame-t-il en s'approchant un peu plus de moi, on y est finalement arrivé. Tu tiens debout, mais c'est pas encore fini. Il va falloir marcher maintenant.

-Pas marcher, je demande en montrant mes pieds.

-Non. Marcher, c'est comme moi je le fais maintenant, explique mon maître en bougeant dans la niche.

Je soupire. Mon dieu, pourquoi c'est aussi compliqué d'être un humain?

OoO

Je sais marcher, je sais marcher. Après un moment considérable, mes jambes ne tremblent plus et je ne tombe plus sur le sol dès que je veux bouger mes pieds. Avec les encouragements de mon maître, je suis allé dans toute la niche, découvrant le mode de vision des humains. Je me sens plus… plus fort que d'habitude.

Je reviens vers la niche de mon maître et passe devant un objet étrange. Je m'arrête et recule pour l'examiner. C'est un objet plat et qui ressemble étrangement à la boîte à image, sauf qu'il est accroché au mur et que je vois Luffy à l'intérieur.

Mais le plus étrange n'est pas l'objet en lui-même, mais Luffy, qui fait les mêmes gestes que moi. Je lève la main, il fait pareil, j'ouvre la bouche, il ouvre la sienne, je montre les dents en grognant, il fait pareil, mais sans faire de bruit.

-Luffy?

Mon maître apparaît derrière Luffy. Maître, maître, vous connaissez Luffy? Je sursaute au contact de sa main sur mon épaule.

-Tu aimes te regarder dans le miroir, il me demande alors que je me tourne vers lui.

-Miroir?

-Oui. Ça doit être la première fois que tu te vois sous ta forme humaine.

Je me tourne vers Luffy. C'est donc ça que Luffy voulait me dire, qu'il était moi et inversement? Je suis… Luffy. Étrange.

OoO

"C'est aujourd'hui le quatrième jour de l'éducation humaine de Filou –ou Luffy si vous préférez. L'habillage est bien assimilé –sauf peut-être pour les chaussures– , la marche itou. Il y a des progrès au niveau du langage, et il connaît déjà toute une palette de mots utiles, ce qui me permet de le comprendre un peu mieux –je n'ai pas encore de discussion philosophique avec lui.

Je ne tente pas encore de lui apprendre à lire et écrire, mais je pense que ça ne va pas tarder. Par contre, je l'ai déjà sensibilisé à tous les objets qui l'entourent. J'ai même réussi à lui faire comprendre le fonctionnement du micro-ondes –ça peut toujours servir.

Aujourd'hui, je vais tenter de lui apprendre à manger avec des services. Je crains le pire, mais je me suis préparé. J'ai acheté des couteaux et des fourchettes en bois –pas envie d'utiliser mon service en argent, ni mon service journalier."

J'enregistre mon texte, ferme le traitement de textes et éteins mon ordinateur. Le scientifique, après avoir pris compte des progrès fulgurants de Luffy, m'a immédiatement obligé à tenir un journal précis de toutes les avancées de Filou, afin de pouvoir comparer avec ses découvertes, qui sont, pour l'instant, encore au niveau zéro.

Ding! Dong! Je me dirige vers la porte d'entrée, jetant un coup d'œil à Luffy qui boutonne consciencieusement une chemise dans ma chambre –il s'applique, c'est bien–, puis ouvre à Zorro, que j'ai invité à manger. Pour dire vrai, ma principale idée était que je voulais qu'il soit là pour voir comment Luffy se débrouille.

-Salut, fait-il joyeusement en entrant. Mmh, ça sent bon, il achève en sentant l'air. C'est quoi?

-Hachis parmentier.

Il affiche une moue de dégoût.

-Écoute, je sais que tu n'aimes pas, mais c'est le seul truc que j'ai imaginé pour tester les aptitudes de Luffy à manger à table. C'est plus simple à manger avec une cuillère.

-Luffy?

C'est vrai, il ne sait pas que la forme humaine de Filou s'appelle Luffy.

-Lui, je dis en pointant le garçon qui termine d'enfiler un pantalon.

Zorro dévisage Luffy, puis se tourne vers moi, un air incrédule sur le visage.

-Non!

-Quoi non?

-C'est… Filou ça?

Je jette un coup d'œil vers Luffy, qui enfile tranquillement ses chaussettes. Je soupire.

-Oui, c'est Luffy, je dis. Mais s'il te plaît, ne dis jamais le nom de mon chien devant lui, ça ruine tous mes efforts, et les siens, pour l'habiller. Il lui faut beaucoup de patience pour réussir à enfiler une chemise sans se tromper de sens.

-Mais comment veux-tu que je l'appelle alors?

-Luffy, simplement Luffy.

Il se met à réfléchir.

-Tu t'es pas foulé pour lui trouver un nom, il dit finalement, avec un peu de moquerie dans la voix.

-C'EST BON, je lance en me tournant pour aller vérifier l'état de mon plat dans le four.

Je vérifie la cuisson, puis vais préparer la salade, quand Luffy viens timidement me voir.

-Maître?

Je me tourne vers lui en soupirant, jetant un regard meurtrier à la tête de salade qui s'est mise à rigoler sur sa chaise.

-Luffy, appelle-moi Sandy. Je ne suis ton maître que quand tu es un chien.

Il prend un air craintif.

-Tu voulais quelque chose?

-Bien, il demande en me montrant sa chemise.

J'examine l'habit, puis défais quelques boutons.

-Ceux-là sont mal mis, mais sinon c'est bien, je dis en remettant de l'ordre dans les boutons. Voila.

Luffy affiche une mine réjouie.

-Peux, il questionne en montrant la télévision.

-Oui, mais tu l'éteindra quand je t'appellerai. Compris?

-Oua, fait le garçon avant de se retourner pour sauter sur le canapé afin d'attraper la télécommande qui se trouve sous un coussin.

Je retourne à ma salade, quand une tête de verdure se glisse derrière moi pour piquer une bière dans le frigidaire.

-C'est fulgurant.

-Mmmh, je demande en coupant une tomate.

-Luffy. J'aurais jamais imaginé que tu puisses arriver à un tel résultat en si peu de temps.

-Moi non plus.

-Il est déjà capable de s'habiller convenablement et de se faire comprendre.

-Il ne fait que répéter ce que je lui dis. On peut manger, je dis en finissant la sauce de la salade.

Je prends le plat et le pose sur la table, avant d'aller chercher le hachis dans le four.

-Luffy, éteins la télé et viens manger, je fais en posant le hachis sur la table, à côté de la salade.

Aussitôt, le garçon apparaît dans mon champ de vision pendant que je m'installe à table, à côté de Zorro.

-Luffy, tu t'assieds, je demande en montrant la chaise en face de moi.

Le garçon regarde ladite chaise avec des yeux grands comme des soucoupes, puis semble réfléchir à la manière de s'asseoir dessus le plus facilement possible. Finalement, après un long moment de solitude, Luffy tire la chaise et s'assied dessus, comme s'il avait fait ça toute sa vie.

-Bravo, je fais en soulevant le couvercle du hachis, laissant ainsi apparaître le délicieux gratiné.

J'attrape l'assiette de Luffy et la rempli un peu, ne voulant pas qu'il y ait des dégâts immédiats.

-Tu touches pas, je dis en reposant l'assiette devant Luffy. Zorro, ton assiette.

-Assiette, s'exclame Luffy en montrant l'objet du doigt.

-Oui, une assiette, je soupire en remplissant celle de Zorro.

Une fois que je me suis servi, je repose le couvercle sur le plat de hachis parmentier et pose mon regard sur Luffy, qui regarde attentivement son assiette remplie.

-Luffy, tu me regardes? Voila. Ça, je commence en prenant mon couteau, c'est un couteau, et ça, une fourchette. À toi.

Luffy regarde mes couverts, puis les siens, et attrape finalement le couteau.

-Couteau! Fourchette, il dit ensuite en prenant les objets et en les levant à hauteur des yeux.

-C'est bien. Maintenant, regarde comment je fais.

Je découpe le hachis avec le couteau et, avec la fourchette, je soulève le bout de hachis pour le mettre dans ma bouche.

-Compris?

Je regarde le jeune homme pencher la tête sur le côté, puis plonger la tête la première dans le hachis.

-LUFFY! STOP!

Le garçon s'arrête aussitôt de manger comme un chien et lève la tête pour me regarder.

-J'aurais dû me douter que c'était difficile pour toi de comprendre le fonctionnement des couverts. Aller, je fais en prenant le couteau et la fourchette des mains de Luffy, on va essayer avec une cuillère.

-Tu devrais d'abord lui donner à manger toi-même, propose tête de choux romanesco en mangeant une feuille de salade. Ça sera plus facile pour lui de comprendre comment faire.

-J'ai pas à recevoir de conseils de ta part, je lance en grognant.

-Tu devrais le suivre pourtant. Chez les petits enfants, y'a un ordre à respecter pour réussir à faire quelque chose. Si tu sautes une étape, l'enfant ne comprend pas et risque de faire quelque chose de travers.

-Tu insinues par ton charabia que je devrais nourrir Luffy comme un bébé?

-Exact, il lâche fièrement en terminant sa salade.

J'ai pas envie de faire ça, mais si c'est obligatoire…

-Attends un peu toi. Comment tu sais tout ça toi?

-J'ai passé les trois semaines des vacances d'hiver avec Pipo et sa famille dans un chalet en montagne. Alors, il m'a fait toute une dissertation sur l'éducation des enfants, allant de la marche à la première journée d'école, en passant par l'association de mots et tout le tintouin.

Ok! Je vais chercher une cuillère et commence à donner à manger à Luffy. Après quelques cuillérée, Luffy m'arrête.

-Quoi? Y'a un problème, je demande, surpris.

-Ou… oua. Pas… pas bébé.

Zorro ouvre de grands yeux à cette révélation, et je dois avoir la même tête, car Luffy nous regarde l'un après l'autre.

-Peux… manger sans… Sandy.

Je souris, puis donne la cuillère au garçon. Je vais m'asseoir à ma place et le regarde faire, une expression de fierté sur le visage.

-Il est doué, fait Zorro, visiblement remis de sa surprise.

-Mouais, il apprend vite.

-Je savais pas qu'il était capable de faire des phrases compréhensibles.

-La première fois qu'il en a dite une, je suis resté cloué sur ma chaise, dans l'incapacité de parler pendant un bon moment.

-Vraiment?

-Ouais. Depuis, il essaie de continuer dans cette direction et me pose des questions. Je réponds normalement, mais je lui demande toujours s'il a compris.

Zorro rigole.

-Quoi? Y'a quoi de drôle?

-Tu deviens un véritable père pour ce garçon. Bientôt, tu lui trouveras une mère.

-C'est pas drôle.

-En parlant de mère, comment va Vivi?

-Tu la vois tous les jours à la réception.

-Oui, mais… comment va votre relation?

-Ça peut aller. Pour l'instant, j'ai décidé de lui laisser le temps de réfléchir. Elle est encore un peu perdue. Son ex revient à la charge et elle ne sait plus où elle en est.

-T'as pas peur de la perdre?

-Bof! Une de perdue, dix de retrouvées.

Il rigole encore une fois.

-T'es vraiment un coureur de jupons toi.

-T'es pareil.

-Non, moi je suis ce que les femmes appellent un mec bien. Moi, je console et je reste fidèle. Toi, une fois une fille partie, tu en attrapes une autre, sans état d'âme. Tu ne gardes pas de relations avec tes ex, tandis que moi, je reste en bons termes avec elles. Là est toute la différence.

-Je ne garde pas de relations parce que c'est difficile pour moi d'imaginer entretenir une relation amicale avec une de mes ex. Un jour ou l'autre, l'une d'elle va revenir te gâcher la vie et tu regretteras tes actions à cet instant.

-Peut-être, mais maintenant, mes ex sont toutes en couple et elles ne me font pas chier. Au fait, ajoute-t-il, semblant se souvenir de quelque chose, j'avais oublié de te le dire, mais Conis te salue.

-Comment elle va?

-Elle va se marier la semaine prochaine.

-Elle a pas perdu son temps elle.

-Selon elle, son futur mari est l'homme idéal.

-Tu le connais?

-Un peu que oui. C'est Braham Hiro.

Je délaisse mon observation du combat que mène Luffy contre la cuillère qui se renverse toujours à trois centimètres de sa bouche pour tourner des yeux ébahis vers tête de colvert.

-Braham Hiro t'as dit?

-Ouaip.

-Non?

-Et si, lance Zorro avec un grand sourire.

-LE Braham Hiro, celui qui était dans la classe en dessous et qui pouvait pas faire un pas sans ses potes? Celui que t'as frappé juste pour le fun? Ce mec avec un bonnet toujours vissé sur le crâne? LUI?

-Exact.

-Et Conis se marie avec un mec comme ça?

-Oh, tu sais, il paraît qu'il est devenu très beau et qu'il est directeur d'une dizaine de boîtes de nuit.

Zorro affiche un grand sourire, tandis que ma bouche se décroche de ma mâchoire pour frapper violemment la table –faut vraiment que j'arrête de regarder les cartoons avec Luffy le soir, ça me perturbe.

-J'y crois pas.

-Et bien ne me crois pas. Mais j'ai quand même préféré te le dire avant que tu ne voies l'annonce dans le journal la semaine prochaine.

-J'y crois pas.

-Laisse tomber!

Nous finissons gentiment de manger, puis Zorro se sauve pour soi-disant continuer ses maquettes, avant que je ne puisse lui poser la moindre question.

J'arrive toujours pas à y croire.


Voili voilou. Filou qui comprend enfin sa situation, et Sandy qui consacre beaucoup de temps à Luffy. À samedi prochain pour la première discussion entre hommes.