Auteur: TiaKin

Genre: M

Tiré de la série: One Piece

Disclaimer: Le chien-chien à son Sandy vient de moi. Les autres viennent du Japon et ne sont pas à moi (dommage pour moi... et heureusement pour eux °rires°).

Les italiques sont des pensées intérieures et les OoO sont un passage dans le temps (normal: temps plus long, gras: autre moment dans la journée). Les dialogues en italiques sont des conversations entre animaux.

Réponses aux reviews:

Angel's hell: Merci pour cette review qui m'a fait plaisir. Mais... pour le champagne, je prendrais plutôt du vin mousseux °rires° C'est vrai que ma fic est longue (encore une bonne dizaine de chapitres si je ne m'abuse). Et je remercie aussi Tashigi pour t'avoir guidé vers ma fic.

Kao: On peut dire que le chapitre dernier était empli de suspens (et pourtant, c'était pas voulu). J'avoue m'être amusée à torturer Sandy °sourire sadique° et, qui plus est, j'adore ce chapitre. Je suis contente que ma manière d'écrire te plaise.

Vivi: La suite? Voili voilou.


Procès

Mon réveil sonne. D'un coup de poing bien placé, je l'éteins, manquant, comme toujours, je l'écraser sous l'impact. D'un coup d'œil, je regarde l'ampleur des dégâts. C'est bon, il est pas cassé. Je me redresse alors pour m'étirer les bras, puis la nuque. Tiens, deux craquements de plus que hier. Il va falloir que je le note.

J'écarte la couverture de mes pieds et saute au pied de mon lit pour attraper mon pantalon et une veste légère. Les deux habits enfilés, j'ouvre la porte de ma chambre et me dirige d'un pas tranquille vers la cuisine, d'où proviennent de délicieuses odeurs de café chaud et de croissants croustillants. Je me lèche les babines alors que j'ouvre la porte de la cuisine.

-TU ES EN RETARD, hurle une voix féminine ô combien connue, suivie par une myriade de couteaux aiguisés volant dans ma direction.

D'un geste expert, je saute au sol, n'oubliant pas de crier de surprise au passage, puis, lorsque le dernier Objet Volant Clairement Identifié se plante dans le mur, je me remets d'aplomb et entre franchement dans la cuisine.

Le choc des couteaux contre un corps humain, c'est rien comparé à la vue abominable de doctrine en tenue légère qui se sert un café dans une position étrange, soit affalée à moitié sur la table, l'œil rivé sur le journal, et les jambes à l'air, été comme hiver.

-Bonjour doctrine, je dis distraitement en grandissant pour prendre le panier de croissants et une tasse sur la cuisinière.

-Bonjour Chopper, fait la voix pré-caféine de doctrine, qui continue toujours de verser son café dans sa tasse dégoulinante.

Avant que le café ne soit vidé sur le sol, j'attrape la cafetière des mains de doctrine et verse le reste du liquide chaud dans ma tasse, avant de m'installer à table pour déguster amoureusement mes croissants au beurre couverts de confiture de poire et de fleurs de cerisier.

-Quelles sont les nouvelles, je demande après mon troisième croissant.

-Comme ci comme ça. Le cours du Berry baisse encore de deux points par rapport à la monnaie européenne et le prix du baril de pétrole est en inflation.

-Les Américains sont contents.

-Mouais. Par contre, le trafic international de stupéfiants est toujours debout.

-C'est triste de savoir que ce genre de substances sont sur le marché.

-Qu'est-c'tu veux gamin. Les hommes sont avides de tout.

Elle tourne la page, alors que je vais refaire du café.

-Oups, lâche doctrine.

Je me retourne un instant, mais reviens immédiatement à ma cafetière, ne voulant pas voir doctrine ramassant sa robe de chambre qui a glissé sur le sol laissant apparaître ses dessous affriolants dont je me passe de commentaires.

-Je crois que je devrais m'habiller.

-Bonne idée, je lâche vivement, avant de regretter amèrement mes paroles à la vue d'une tasse vide, une fourchette et d'une table volant dans ma direction.

OoO

Après m'être sorti de dessous la table et d'avoir soigné mes nombreuses bosses –je devrais faire la collection– je m'active à ma préparation qui mijote depuis quelques jours au fond d'une casserole dans mon laboratoire.

-Parfait, l'hydroxyde de sodium s'est parfaitement hydrolysé dans l'acide chlorhydrique. La réaction s'est bien déroulée et je peux à présent voir la réaction avec le 2-2 diméthyl pent-3-ène, je murmure en ajoutant goutte à goutte le contenu d'une fiole. Voila. Maintenant, ajouter le brome et laisser le tout reposer.

J'ajoute l'autre substance et descend de mon tabouret, lorsque la sonnerie du téléphone résonne dans tout le château. Sans prendre le temps de poser mes notes, je commence à courir à travers les nombreux couloirs et saute in extremis sur le téléphone, qui arrive à sa dernière sonnerie.

-Oui, allô, je dis avec souffle.

-Chopper, c'est Zorro.

-Salut Zorro.

-Y'a un problème avec Filou.

-Lequel, je demande en reprenant une respiration normale.

-Il refuse catégoriquement de redevenir Luffy et, le plus étrange, d'approcher Sandy.

-C'est étrange?

-Oui. Filou est normalement très amical avec Sandy, mais là, il refuse obstinément de s'approcher de lui, voire même de se laisser caresser.

-C'est étrange alors.

-Ça fait un moment que je te le dis.

-Vous êtes au bureau?

-Oui.

-J'arrive, je fais avant de raccrocher.

Je me mets à courir en direction de ma chambre pour aller prendre mon sac et ma chemise de scientifique.

-Où tu vas Chopper, me demande doctrine du pas de la porte de ma chambre, armée d'un plumeau et d'un balai.

-Y'a un problème avec Filou. Je file au bureau de Zorro.

-Et tu me laisses finir le nettoyage des greniers toute seule?

-Oui, je dis avec un ton détaché en enfilant mon sac.

-SALOPARD, hurle doctrine en attrapant une lance –depuis quand elle est dans ma chambre celle-là?– qu'elle me lance avant de continuer avec un tisonnier et une pelle pour cheminée,pour finir avec le plumeau et le balai.

Après quelques culs de sac, et des couloirs interminables poursuivi par une folle furieuse de cent trente-neuf ans, j'arrive à la porte principale sans réel dommage –une côté fêlée, une hanche perforée et un hématome sur l'œil gauche– je me transforme en renne et détale le long du chemin menant à la route principale du coin, entendant les nombreuses menaces de mort que doctrine me réserve à chaque fois que je sors du château pour aller en ville.

OoO

Une vingtaine de minutes plus tard, j'arrive devant la boîte de pub dans laquelle Zorro et Sandy travaillent. Je passe devant la réceptionniste, qui semble affligée devant une feuille blanche qui traîne sur son bureau.

-Bonjour, je lance joyeusement, tentant de la faire réagir, mais sans résultat notoire.

Sur cette absence de réponse de la part de cette femme pourtant si joyeuse, je m'arrête un instant, puis retourne la voir.

-Excusez-moi, mais est-ce que vous savez où se trouve messieurs Roronoa et Sandy?

À ce nom, la réceptionniste explose en sanglots. Je recule doucement. J'ai… j'ai dit quelque chose qu'il fallait pas? Je décide finalement de laisser cette femme tranquille et d'aller voir à l'étage.

Ding! Les portes s'ouvrent et je me dirige vers le bureau de Sandy, qui est fermé. Je frappe un coup, deux coups, trois coups, et quelqu'un vient m'ouvrir.

-Entre, me dit Zorro.

Dans la pièce, à part Zorro, Filou et Sandy, il y a un homme avec un long nez et des cheveux frisés.

-Bonjour, je fais en direction de l'homme au long nez. Je suis Tony Tony Chopper, scientifique d'état.

-Enchanté. Je suis Pipo, un vieil ami de Sandy et Zorro.

-Bonjour Filou, je fais à l'adresse du chien qui s'est terré dans un coin du bureau.

Pour toute réponse, je reçois un grognement sourd.

-Filou, s'insurge Sandy en se tournant vers le chien, qui lui répond également par un grognement agressif.

-C'est bon, je fais pour calmer Sandy. Depuis combien de temps il est comme ça?

-Six jours.

-Six jours?

-Oui.

C'est étrange. Jamais je n'ai vu un animal faire la tête aussi longtemps.

-Ce n'est pas son genre de faire la gueule aussi longtemps. Normalement, il se terre dans son panier pendant une heure ou deux, puis reviens me voir une fois calmé, mais là, je ne comprends pas. Je ne sais même pas pourquoi il fait ça.

-Tu l'as frappé?

-Non, il fait, choqué par ma question.

-Tu l'as laissé trop longtemps tout seul?

-Il vient toujours avec moi ici. Jamais il ne s'est retrouvé seul très longtemps, enfin…

-Il y a bien eu un moment alors.

-Oui, mais c'était simplement l'histoire d'une nuit. Je devais la passer avec Vivi, mais j'ai plus aucuns souvenirs, il dit en se prenant la tête avec une main. Aïe, ma migraine revient.

-Filou, pourquoi tu es comme ça, je demande tandis que Sandy va se chercher une aspirine.

-Parce que Sandy a été un méchant maître.

-Si tu parles de cette nuit que tu as passée tout seul, Sandy m'a dit que c'était planifié.

-C'EST PAS À CAUSE DE CETTE NUIT, MAIS À CAUSE DE CE QU'IL A FAIT, il hurle, me faisant sursauter.

-Pas la peine de hurler comme ça, je ne suis pas sourd.

Il m'accorde un grognement de fureur.

-Pourquoi alors? Qu'a-t-il fait cette nuit-là?

-Il est rentré tard, puant l'alcool, et les yeux troubles. Il m'a réveillé en tombant par terre. Je me suis approché de lui et il a commencé à parler de choses étranges, d'une femme qui l'a largué, il disait des mots vulgaires, ces mots qu'on entend dans les films violents le vendredi soir.

-Je vois. Ensuite?

-Il a commencé à pleurer, alors je l'ai pris dans mes bras, comme il le faisait pour moi quand j'avais peur. Je voulais l'empêcher de pleurer, d'avoir peur, mais quand je l'ai regardé après un moment, il pleurait toujours. Malgré ça, il souriait. Puis, il m'a pris les deux côtés du visage avec ses mains et a posé ses lèvres sur les miennes.

Une vague de surprise commence à m'envahir lentement. Sandy a embrassé…

-Tu étais chien ou homme?

-Luffy.

-Mon dieu. Qu'a-t-il fait ensuite, je demande avec précipitation.

-Il a commencé à mettre sa langue dans ma bouche et m'a poussé sur le sol. J'ai tenté de partir, mais il me gardait la tête entre ses mains, et je ne pouvais rien faire. Finalement, il a lâché mes lèvres et a commencé à me caresser le ventre. J'ai commencé à avoir peur de lui, et quand il a mis sa main sur mon caleçon, je suis devenu Filou et je l'ai mordu à l'épaule pour qu'il me lâche enfin.

Durant toute cette explication, je me suis assis sur une chaise, visiblement abattu par la révélation. Sandy a… tenté de…

-SALOPARD, j'hurle en sautant sur Sandy pour le frapper au visage, ce qui le fait tomber par terre.

-Chopper, fait Zorro en se plaçant entre Sandy et moi. Mais qu'est-ce qui t'arrive à la fin? T'es fou?

-Ce connard a tenté de… de faire une chose atroce à son chien, je dis en remarquant la présence de Pipo.

-Quoi?

Je profite du fait que Zorro se tourne vers Sandy pour le pousser sur le côté et attraper Sandy par le col.

-Tu as essayé de violer Luffy, je murmure dans le creux de son oreille, détachant chaque syllabe pour que l'information arrive correctement à son cerveau.

-Quoi, il fait en ouvrant de grands yeux, signe qu'il ne se souvient vraiment de rien.

-Tu étais bourré quand tu as voulu le faire. Et ne mens pas! Il m'a tout raconté.

Je lâche le blond, qui chancelle un instant avant d'aller s'appuyer contre son bureau.

-Non, j'ai… NON, il crie en attrapant sa tête avec ses mains. NON! C'est trop horrible. Oh putain, il ajoute, semblant se rappeler de quelque chose. Putain NON, il finit par dire en se baissant sur ses genoux.

Nous restons tous silencieux, incapables de trouver quelque chose qui puisse faire changer la situation.

-Oh Filou, dit enfin Sandy en tombant à genoux devant son chien, qui se met à grogner en hérissant le poil, pardonne-moi! S'il te plaît. Je suis désolé, je ne voulais pas le faire. J'étais désespéré, Vivi venait de me larguer. Oh, s'il te plaît, s'il te plaît, pardonne-moi, il gémit en posant sa tête sur le sol, apparemment désespéré.

-Zorro, Pipo, vous pouvez nous laisser seuls s'il vous plaît, je demande.

-Bien sûr. Allez Pipo, ça ne nous regarde plus, annonce Zorro en attrapant Pipo par les épaules pour le tirer à l'extérieur.

Je ferme le verrou derrière eux, puis me retourne vers Sandy, qui est toujours accroupi sur le sol.

-Relève-toi, un homme doit rester humble dans ce genre de situation, je lâche en passant à côté de lui. Luffy, j'aimerais que tu nous explique exactement ce que tu as ressenti cette nuit-là. S'il te plaît, c'est surtout pour que Sandy comprenne le mal qu'il aurait pu te faire.

Filou lève vers moi des yeux remplis d'incompréhension, puis hoche légèrement de la tête avant de devenir Luffy.

-Sandy fait… peur à Luffy… très peur, il commence à dire, cherchant ses mots au plus profond de son être. Luffy… peur que Sandy recommence. Veux pas… veux pas que Sandy… faire même chose encore. Luffy… très peur de Sandy.

Je regarde Luffy, puis Sandy. C'est étrange comme si peu de mot peut tout dire.

-Luffy…

-Tu veux dire, je fais en coupant la parole à Sandy, que Sandy ne doit plus jamais essayer de faire ce genre de chose?

-Oui. Mais pas seulement dire… promettre. Promettre plus fort que dire.

Sandy lui a bien inculqué les bases importantes à ce que je vois.

-Luffy, commence Sandy en s'approchant de lui, je… je promets, sur mon honneur, que jamais, au grand jamais, je ne recommencerais ce genre de chose.

-Quoi donc, je demande pour qu'il le dise, pour qu'il dise le mot.

-Que je… je n'essayerai plus jamais de te… te… te violer, il finit par dire avec difficulté.

-Il t'a promis, je dis à Luffy, qui secoue la tête négativement.

-Pas promettre.

-Si. Il a promis.

-Non. Luffy veut promesse de chien.

-Une… promesse de chien? Qu'est-ce que tu veux dire par là?

-Quand un chien fait une promesse à un autre chien, il doit se rabaisser et lui lécher le visage pour montrer qu'il ferait n'importe quoi pour ne pas briser cette promesse. Si la promesse est brisée, le chien qui promet sera dominé.

-Je vois. Sandy, une promesse de chien dit que celui qui promet doit se rabaisser.

-Hein?

-Oui. Tu dois montrer que tu te rabaisses pour pouvoir tenir ta promesse.

-Mais… qu'est-ce que je dois faire?

-Simplement se mettre en dessous de lui et lui lécher le visage, je dis, le faisant grimacer.

-Est-ce… est-ce possible de faire autre chose?

-Il peut lécher une autre partie du corps, je demande à Luffy.

-Oui, là, il fait en montrant son menton du doigt.

-Non, je fais en direction de Sandy, tu dois absolument le lécher, mais c'est possible que tu ne lui lèches que le menton.

Sandy fait une petite moue de répugnance, puis soupire fortement.

-Qu'est-ce que je dois faire exactement?

-Luffy, je demande vers le susnommé.

Le brun se met debout et lève les yeux vers le ciel, après avoir jeté un dernier regard fâché vers son maître. Sandy, timidement, s'approche de Luffy et se penche en avant.

-Non, s'exclame Luffy en l'arrêtant dans son mouvement. Pas dominé.

-Hein?

-Je crois qu'il faut que tu sois plus bas que lui.

-Je dois me mettre à genoux?

-Oui, apparemment.

Avec réticence, Sandy se baisse et applique une léchouille rapide sur le menton de Luffy, qui fait un léger sourire avant de reprendre son air impassible.

-Voila, c'est fait, lance Sandy en se relevant, un air de dégoût sur le visage.

-Luffy content, annonce le brun en affichant un magnifique sourire.

Sandy ne semble pas en croire ses yeux.

-Luffy. Luffy, il s'exclame en attrapant le garçon par le cou pour le serrer dans ses bras. Putain, ce que ça m'a manqué de ne plus voir ton sourire.

Je vois de petites larmes perler aux coins des yeux de Sandy, mais décide de les laisser seuls.

-Alors, me demande Zorro en me voyant venir vers lui.

-Tout est réglé. Une promesse a été proférée selon les us et coutumes des deux espèces.

-Selon les… qu'est-ce que tu racontes?

-Les chiens n'ont pas la même conception de la promesse que vous, les humains, je fais en posant ma main sur son épaule avant de m'enfuir vers l'ascenseur.

Avec tout ça, j'ai négligé mon expérience. Mon dieu, faites que tout s'est bien passé.

OoO

-Je suis rentré, je lance en entrant dans l'entrée du château.

-OÙ T'ÉTAIS, hurle aussitôt doctrine en apparaissant, armée d'une bonne dizaine de couteau tous plus aiguisés les uns que les autres.

-Régler un problème de promesse entre un humain et un chien, je fais en reprenant ma forme de base.

-ET TU M'AS LAISSÉE RANGER TOUT LE GRENIER TOUTE SEULE, s'exclame rageusement doctrine en faisant voler tous les couteaux qu'elle avait dans ses bras quelques secondes plus tôt.

-Yaaaaaah, je crie en détalant dans mon laboratoire, évitant de justesse la boucherie made in doctrine.

OoO

Je ne sais pas ce qui m'arrive, mais depuis un moment, je trouve que… Je secoue la tête pour arrêter de fixer la photo de Luffy que j'ai mise sur mon bureau, juste derrière celle de Filou. Qu'un geste las, je fait tourner le cadran de la photo, puis observe longuement les poils brillants de mon chien qui dort paisiblement dans son panier.

-Je suis stupide, je soupire avant d'allumer mon ordinateur.

J'ouvre mon fichier et commence à le lire en entier. Ce nouveau client demande quelque chose de basique. Je pourrais le donner à mon collègue. Mouais, bonne idée. En trois clics, le fichier est envoyé par mail à mon collègue.

-Ensuite, le problème Map'in. Qu'est-ce qu'il… QUOI?

Je relis attentivement l'unique feuille sur s'affiche sur mon écran.

-Ils… ils nous…

Aussitôt, je décroche mon téléphone et compose le numéro du patron.

-Allô, monsieur Crocodile, il y a un problème. … Oui, c'est assez urgent. … Bien sûr, je vous l'envoie.

Une fois ceci fait, j'attends la réponse du patron, qui est toujours en ligne. J'entends imperceptiblement les clics de la souris, puis le patron jurer avant de reprendre le téléphone.

-C'est véritablement un problème. Rassemblez le personnel qui a travaillé dessus et venez dans mon bureau avec.

-Bien monsieur.

Je raccroche et me dirige vers l'espace de travail de mes collègues.

-Votre attention s'il vous plaît, je lance, couvrant le bruit environnant. Les personnes qui ont travaillé sur la publicité de Map'in le mois dernier sont priés de venir avec moi voir le directeur. C'est urgent.

-Wouf?

Je baisse les yeux sur mon chien, qui m'a suivi.

-Oui, tu peux venir avec moi.

Une fois le groupe de travail rassemblé, nous nous dirigeons vers l'ascenseur.

-Il y a un problème, demande Johnny.

-Oui. Le directeur va vous en parlez.

Arrivés devant la porte du bureau du patron, je frappe, puis nous attendons la réponse, les autres stressant comme des malades, sauf Zorro qui finit de boire sa bière avant de la lancer dans une poubelle près des portes de l'ascenseur. Nice shoot!

-Entrez, fait la voix ténébreuse du patron derrière le pan de bois.

J'ouvre lentement la porte et me dirige vers le bureau devant la baie vitrée –il faut absolument que j'en ai une dans mon prochain appart … si je déménage un jour.

-Messieurs, commence le directeur avec gravité, nous avons un énorme problème.

Un silence gêné s'installe dans la pièce, simplement interrompu par un long bâillement de Filou, à qui je lance un regard rempli de reproches.

-La société Map'in vient de nous envoyer un mail nous annonçant gentiment que nous sommes priés à participer à une séance en vue d'un procès qu'ils ont lancé contre nous. Cette séance a lieu vendredi prochain.

-Un… un procès, bégaie tête de champignon blond après un moment de flottement.

-Oui, un procès, monsieur Hermep.

-Mais… pourquoi? Nous avons parfaitement fait tout ce qu'ils nous demandaient.

-Apparemment, non.

-Mais… qu'est-ce qui ne leur a pas plu, demande Zorro d'un ton impassible.

-On ne sait pas, je réponds rapidement, énervé par le calme de mon ami. C'est justement ça le problème. Si nous ne pouvons pas savoir quel est le problème, nous ne pouvons pas riposter et nous défendre.

-Voila un jeune homme plein de bon sens, fait soudainement une voix grave dans mon dos.

Je me retourne vivement et découvre qu'un homme vient d'entrer dans le bureau sans faire le moindre bruit. Il est assez grand, habillé d'un vieil imperméable de militaire, d'un pantalon noir simple et de chaussures noires cirées. Le bonnet qu'il a sur la tête et les deux longues boucles d'oreilles à ses oreilles viennent ajouter du ridicule à sa tenue, pourtant impeccable.

-Je suis venu dès que j'ai appris la nouvelle par votre secrétaire, annonce l'homme en nous dépassant pour aller serrer la main de monsieur Crocodile.

-Messieurs, je vous présente mon avocat, monsieur Eneru. Il sera en charge de notre défense dans cette affaire on ne peut plus étrange.

-Et soyez sûr que nous en sortirons indemnes et lavés de tous soupçons.

Sans le savoir pourquoi, je ressens comme de la crainte envers cet homme étrange qui ressemble à un travesti. Son regard et son ton chaleureux semblent cacher quelque chose. Du coin de l'œil, je vois Filou montrer les crocs sans autant grogner, et Zorro serrer les poings en affichant un air mauvais.

Ça cache quelque chose cette affaire. Il n'y a pas qu'un simple problème de commande. Mais quoi alors?

OoO

-Putain, s'exclame Zorro alors que nous mangeons tranquillement nos bentos dans la cafétéria. Pourquoi a-t-il fallu qu'il devienne avocat ce connard?

-Tu le connais, je demande, tandis que Pipo s'amuse avec Filou.

-Oui. C'est à cause de lui que je me suis fait pincé en possession de drogue étant jeune, fait tête de végétaux en avalant son bento à une vitesse effarante qui me fait soudainement peur.

-À cause de qui, demande Pipo, ne sachant rien de l'histoire.

-De ce putain de connard de merde de…

-C'est bon, abrège.

-… D'Eneru!

-C'est qui lui?

-C'est l'avocat du patron. Et apparemment, Zorro a déjà eu affaire à lui dans le passé.

-Exactement, dit rageusement feu vert ambulant en posant brutalement sa boîte sur la table, faisant valser les verres. Mais comment ce connard a-t-il pu échapper à la police?

-Il faisait quoi avant?

-Il était dealer. Et pas un petit. Il était même à la tête d'un deal important qui sévissait dans la ville.

-Laquelle, je demande distraitement.

-MAIS LA NÔTRE BON DIEU!

-C'est bon, c'est bon, pas la peine d'être en colère.

-C'est lui qui t'avais passé de la drogue, demande Pipo avec son inévitable air surpris.

-Oui. Il était le fils d'un vieil ami de mon père. Un jour, il est venu le voir avec un cadeau pour moi: un magnifique blouson pour l'hiver. J'étais heureux comme tout quand je l'ai reçu.

-C'était quand?

-J'avais seize ans à l'époque.

-À oui, je m'en souviens.

-Je me suis fait pincer quelques heures plus tard. Quand la police a appelé mes parents, mon père est venu me chercher, et j'ai reçu ma raclée une fois à la maison. C'était pas la première fois que j'en recevait une, mais là, j'en pouvais plus.

-Et tu t'es enfui.

-Exact. J'ai pris mes cliques et mes claques et je me suis cassé, direction le QG.

-Notre fameux QG, fait Pipo avec un air nostalgique.

-Oui. Mais j'ai pas tenu longtemps.

-C'était l'hiver, je précise en finissant mon verre d'eau. Je me souviens exactement de ton visage quand je t'ai ouvert la porte le jour où tu es venu chez nous. Tu étais bleu de froid, ce qui jurait avec ta couleur de cheveux, j'ajoute avec plaisanterie.

-Mouais. Mais c'est à partir de ce jour-là que j'ai dû bosser comme un malade pour pouvoir payer mes études et le studio que j'ai commencé à louer.

-Un taudis aussi peu accueillant qu'une fosse commune, je dis en revoyant ledit studio dans ma tête. Je venais souvent te voir là-bas.

-Ouais, mais pas pendant longtemps.

-Ma mère m'a un jour surpris avec toi dans cet endroit. J'ai plus eu la possibilité de venir te voir.

-Mouais.

Nous finissons notre repas dans la joie et la bonne humeur, nous rappelant d'histoires de nos passés et repensant à nos vieux amis.

OoO

-À veux venir.

-Non! C'est une séance sérieuse et les chiens ne sont pas acceptés.

-Mais Luffy vient en Luffy. Alleeeeez.

-J'ai dit non, je dis en enfilant ma chemise. Tu ne fais pas partie de la boîte, alors tu restes ici. Ça ne dure que deux heures.

Luffy commence à afficher une moue grincheuse. Je finis de mettre ma cravate et m'approche de lui.

-Écoute. Je te promets que je reviens avec des sushis.

-Sushis?

-Oui. Les meilleurs de la ville. Mais en échange, je veux que tu restes seul pendant les deux heures de l'audience.

Il baisse ses yeux légèrement humides, mais j'attrape son menton pour qu'il me regarde.

-Tu me promets de rester sage? Luffy?

-Luffy rester sage. Mais… quoi être deux heures?

-Tu vois les chiffres à gauche sur mon réveil?

-Oua.

-Et bien, c'est quand celui-ci prend cette forme, j'explique en marquant le chiffre sur un papier. Tu as compris?

-Oua.

-Alors, c'est bon.

-Bonne séance, lance le brun alors que je passe la porte.

OoO

-Putain, pourquoi ils font aussi long, je demande avec exaspération en regardant ma montre. Le restaurant va bientôt fermer.

-Tu pourras manger au resto demain, lance chou vert en envoyant des regards haineux en direction de l'avocat véreux.

-Mais non, j'ai promis à Luffy de lui apporter des sushis quand je rentre.

-Alors tu devrais partir.

-Tu as raison.

Mais, alors que je me lève, le juge sort de son cabinet, le dossier à la main.

-La séance peut commencer.

-Fait chier, je m'exclame en me rasseyant.

-Je te conseille vivement de partir si tu ne veux pas que Luffy boude.

-Oui, mais le directeur compte sur moi pour que je lui fasse un rapport détaillé de cette séance.

-Envoie-le aux champignons et va acheter tes sushis!

-Mais…

-Pas de mais, vas-y. Je m'occupe du rapport, fait mon ami en me poussant vers la sortie.

Pas rassuré pour un Berry, je me lève et sors de la salle. Il va y avoir une couille, je le sens.

OoO

J'ouvre la porte de mon appartement, un sac en plastique à la main.

-Luffy, je fais en refermant la porte, tu es toujours là?

Pas de réponse.

-Luffy?

Je pose le sac sur la table et commence à chercher partout dans l'appartement. Rien dans le salon, idem dans ma chambre, dans la salle de bain et la cuisine. Putain, l'es où ce con? J'arrive devant la porte de la chambre d'amis, le cœur battant à tout rompre, et je tombe sur une scène inhabituelle.

Luffy dort, couché en boule, sur le lit de la chambre. Je reste sidéré devant cette scène. Jamais il n'a voulu dormir dans cette chambre. Il répétait toujours qu'il préférait son panier à un lit d'humain. Je m'approche à pas de loup du lit et m'assied aux côtés du brun, qui continue de dormir paisiblement, le visage détendu et la bouche légèrement entrouverte.

Je commence à caresser les cheveux ébouriffés du garçon, regardant avec insistance la bouche ouverte. Sans que je ne m'en rende compte, mon visage s'approche de ses lèvres, et je prends conscience de mon geste alors que ma bouche est sur le point de toucher celle de Luffy.

Je me redresse vivement, sans faire un bruit, puis sort de la chambre comme je suis venu, pour aller prendre une douche fraîche tout habillé.

Mais c'est quoi mon problème?

OoO

Je me réveille doucement dans ma chambre. Luffy est en train de me regarder, assis au pied de mon lit, son visage à quelques centimètres du mien.

À la vue de ces lèvres très proches –beaucoup trop proches– des miennes, je fais un bond en arrière et rencontre avec douleur le mur derrière moi.

Luffy rigole doucement, et je lui lance un regard mauvais qui le fait taire.

-Sushis, il s'exclame alors que je sors du lit.

-Pas de si bon matin, je dis en me dirigeant vers la cuisine.

-Mais-euh! Luffy veut sushis!

-Et bien Sandy dit que Luffy mangera des sushis à midi.

-Sandy méchant.

-Et Sandy content d'être méchant.

Le garçon me tire la langue –gamin–et retourne dans ma chambre alors que je fais démarrer le four pour pouvoir profiter de croissants chauds.

Mais, quand j'allais mordre dans mon tout premier croissant du matin, mon téléphone cellulaire se met furieusement à sonner, m'arrachant un rugissement sourd.

-Oui?

-Salut, fait la voix joyeusement fausse de tête de lézard dans le combiné.

-Toi, t'as fait une connerie.

-Moi? Nooon. Jamais.

-Raconte, avant que je vienne te tuer.

-Hé bien… voila. Tu te souviens que je devais m'occuper du rapport de la séance d'hier soir?

-Oui, je réponds, redoutant le pire.

-Hé bien… je me suis endormi.

-QUOI?

-Oui.

-Mais, mais…

-Salut, dit face de moisissure en raccrochant.

Va y avoir un meurtre lundi. Je regarde furieusement mon téléphone mobile, puis l'envoie voler avec le lustre au plafond avant de sauter sur mon canapé pour ruer de coups un stupide coussin vert olive.


Il commence à y avoir quelque chose, vous ne pensez pas? Moi, je le vois parfaitement (c'est normal, je suis l'auteur °rire°). À la prochaine avec le retour de deux persos qu'on a vu il y a longtemps et avec l'arrivée de deux autres personnages qui ont leur mot à dire dans cette histoire.