Auteur: TiaKin

Genre: M

Tiré de la série: One Piece

Disclaimer: Ben... c'est toujours la même chose.

Les italiques sont des pensées intérieures et les OoO sont un passage dans le temps (normal: temps plus long, gras: autre moment dans la journée).

Réponses à la review que j'ai pas envie de mettre dans le chapitre 21:

Tashigi: Je sais ce que tu vas me dire, mais c'était prévu depuis le début que c'était un Sandy/Luffy °reçoit une tonne de regards-de-la-mort-qui-tue de plein fouet, mais survit quand même ° Et pis, c'est moi l'auteur. C'est donc moi qui décide et pis c'est tout. Na! Mais... pour le coup de la promesse, c'était juste pour faire démarrer la machine de l'amour de Sandy, puisque Luffy était déjà bien épris de notre blondinet national. Pour me faire pardonner de t'avoir fait ce vilain coup... ben... je vais faire un chapitre bonus avec un Sandy/Zorro (enfin, si j'ai l'inspiration, paske pour l'instant, je suis à fond dans un projet original, mais je vais le faire).


Résumé du chapitre précédant:

Sandy et Luffy ont fait l'amour. Fin.

Pour les détails, aller le lire.


Gay ou pas gay?

J'ai dormi un peu. À présent, je suis assis contre le mur, fumant une cigarette, comme à mon habitude, un cendrier entre mes jambes.

Bon, maintenant que j'ai fait la plus grosse connerie de ma vie, qu'est-ce que je fais? C'est vrai, j'aurais dû y penser avant, mais il a touché le point sensible, et quand on y touche, on y passe –excuse bidon mon cher Sandy. Et puis, que va-t-il penser? Que je vais lui faire ça tous les soirs? Il doit certainement avoir compris que je suis sensible à cet endroit –note pour plus tard: penser à toujours mettre une chemise quand Luffy entre dans la chambre.

Luffy bouge à mes côtés, mais ne se réveille pas. Mais qu'est-ce que j'ai fait? Je suis un crétin fini. Je lui avais promis de ne plus jamais faire ça, mais c'est raté. Il va sûrement me faire la gueule, comme la dernière fois.

Je regarde le brun dormir paisiblement, recroquevillé en chien de fusil. Je dois en parler à quelqu'un qui puisse me conseiller sans se moquer de moi. Mais qui? Une vision de Pipo me passe devant les yeux. Je l'efface d'un revers de la main. Cette fois, c'est mam'zelle Vivi qui apparaît. NON, surtout pas. Il ne reste plus que… Oh non, tout mais pas lui. Mais… à bien y réfléchir, c'est à cause de lui que j'ai tous ces problèmes. Je lève et attrape mes affaires qui traînent.

-Vas où?

Je me tourne vers Luffy, qui s'est assis sur le lit en se frottant les yeux. Trop mignon.

-Je vais voir Zorro.

-Ok.

-Tu seras sage pendant mon absence, hein?

-Oua.

Je prends ma veste sur le portemanteau et me dirige vers la porte, mais Luffy me rattrape et me dépose un baiser dans le cou.

-'Voir.

-Oui, au revoir.

Je ferme la porte derrière moi et vais vers l'ascenseur. Apparemment, il me fait pas la gueule.

OoO

Je suis à présent devant l'immeuble de tête d'artichaut. Mais c'est qu'il habite un palace ce connard. Son immeuble comporte dix étages, et chaque appartement semble être une maison parmi tant d'autres. Résolument décidé, je m'approche de la porte et sonne. Une voix endormie me répond.

-Moui?

-C'est Sandy, ouvre-moi!

Trente secondes passent, sans aucune réponse de tête d'épinards.

-Zorro?

-Qu'est-ce que tu viens faire ici?

-J'ai besoin de te parler.

-À propos de quoi?

-Tu crois pas que c'est plus discret de faire ça dans ton salon? À moins que tu ne veuilles que je te parle de trucs louches sur le pas de ta porte grâce à cet interphone? Ouvre-moi, crétin!

-C'est bon, c'est bon. Septième étage, porte de gauche.

J'entends un déclic et ouvre la porte principale.

Lorsque l'ascenseur s'ouvre, je vais à gauche et trouve la porte entrouverte. J'entre et trouve Zorro dans un salon grand luxe, un verre contenant un liquide douteux dans la main.

-Salut, il fait en me voyant.

-Salut, je réponds en posant ma veste sur un fauteuil.

-Qu'est-ce qui me vaut ta visite inopinée?

-Je voulais parler d'un problème avec toi.

-Avec moi? C'est la meilleure de l'année celle-là. T'as jamais voulu parler d'un problème avec moi.

Je lui lance un regard lourd de conséquences-tragiques-si-tu-ne-m'écoutes-pas. Il défait son sourire moqueur et avale une gorgée de son truc en grimaçant.

-C'est quoi?

-Boisson contre la gueule de bois.

-À quatre heures de l'aprèm, je demande en levant un sourcil interrogateur.

-J'ai fait la fête jusqu'à deux heures ce matin. Et j'essaie depuis une heure de faire partir ce maudit mal de tête.

Il tourne son regard vert vers moi.

-C'est quoi ce problème? Ce truc louche dont tu parlais en bas?

Ce que je déteste chez lui, c'est qu'il manque de tact.

-Est-ce que tu t'es déjà posé des questions sur l'homosexualité?

-Comme tout le monde je suppose.

-Non, je demande si tu t'es VRAIMENT posé la question.

-Oh. Ben… un peu oui.

-Quand?

-Vers les environs de dix-huit ans. J'avais l'impression d'être attiré par un gars de la classe parallèle, mais j'ai vite compris que c'était de l'admiration.

-Sinon, pas d'autre fois?

-Plus jamais. C'était vraiment la seule fois. Bon, vers quinze ans, je me suis demandé si deux hommes pouvaient le faire ensemble, mais j'ai rapidement été dégoûté de ce que j'ai découvert.

-T'as découvert quoi?

-Un cassette homo dans la collec' de mon père.

Je grimace de concert. J'imagine le choc.

-Pourquoi cette question, me demande-t-il en posant son verre sur la table basse devant lui.

-Et bien, justement, je me pose des questions.

-T'as vu un mec qui t'attire?

-C'est un peu plus compliqué que ça.

Je n'arrive pas à trouver mes mots.

-T'as couché avec un mec, il lâche.

Je m'affale sur l'accoudoir sur lequel je m'appuyais avant.

-C'est ça, il déclare avant de finir sa mixture.

Un long silence passe.

-Vraiment, demande-t-il enfin.

-Oui.

-Qui?

-C'est là aussi le problème.

-Quelqu'un que je connais?

-Oui.

-De la boîte?

-Non.

Il réfléchit.

-Non… non, pas lui.

Je lève vers lui des yeux suppliants.

-Pas ton voisin quand même?

Je tombe à terre.

-MAIS NON, J'OSERAIS JAMAIS!

-J'rigole, dit-il en riant.

-Très drôle, je fais en me rasseyant.

-Non, vraiment, c'est qui?

Je lui dis ou pas?

-Luffy, je murmure un peu trop bas.

-Qui?

-Luffy, je fais un peu plus fort.

-Parle plus fort, j'entends rien de ce que tu dis.

Je me lève, les poings serrés et les yeux fermés.

-J'AI BAISÉ AVEC LUFFY, ÇA TE VA?

Je retombe dans mon fauteuil, la tête entre les mains. Lorsque je lève les yeux vers géant vert, celui-ci a les yeux exorbités et la bouche légèrement entrouverte dans une expression de surprise intense. Je passe négligemment une main devant ses yeux, sans réaction. C'est pire que je le croyais.

-Eh, Zorro, je fais en claquant des doigts devant ses yeux, t'es là? Réponds-moi!

Il cligne des yeux et me dévisage, semblant se demander ce que je peux faire là, dans son salon.

-Hein, il fait, décontenancé.

-T'es toujours avec moi?

Sans un mot, je le vois se lever brusquement, m'attraper par le col, me tirer jusqu'à la porte d'entrée et me jeter dehors sans explications. Alors que je me relève, je l'entends fermer sa porte à double tour et ses pas s'éloigner dans son appartement. Je me jette contre la porte et commence à la frapper avec mes poings.

-ZORRO! OUVRE, j'hurle en continuant de frapper le pan de bois.

Un long silence me répond.

-ZORRO! SI C'EST UNE PLAISANTERIE, ELLE EST DE TRÈS MAUVAIS GOÛT. OUVRE-MOI!

Toujours pas de réponse.

-ZORRO!

Je donne encore quelques coups, puis glisse le long de la surface lisse du bois et tombe à genoux, complètement désemparé.

-Zorro, ouvre-moi, je gémis. J'ai envie de parler avec toi. Personne d'autre ne peut me comprendre.

-Tiens, Sandy, c'est toi, demande une jolie voix dans mon dos.

Je me retourne et tombe nez à nez avec une magnifique blonde habillée façon citronnier que je semble connaître. Je me lève prestement et dévisage la blonde. J'ai… j'ai l'impression de l'avoir déjà vue quelque part celle-là. Mais où?

-Tu me reconnais? C'est moi, Valentine.

-Ah oui, Valentine c'est vrai. Je t'avais pas reconnue tout de suite, je lance en lui faisant la bise. Tu as beaucoup changé depuis le lycée.

-Toi, t'es toujours le même, elle fait avec un sourire franc.

-Bonjour monsieur Sandy, fait une voix connue derrière Valentine.

Cette voix… c'est…

-Mademoiselle Nico Robin, je fais avec ma voix la plus charmeuse. Quel honneur nous vaut votre présence ici?

Tout à coup, j'entends la porte s'ouvrir derrière moi et une main forte vient me pousser contre la sonnette, qui se met à retentir fortement dans l'appartement.

-Bonjour mon cœur, fait une tête de bambou à la splendide femme sur le pas de la porte.

Mon cœur… MON CŒUR? Je suis figé sur place en voyant mon ami, devenu une sale méduse verte visqueuse et puante en quelques secondes, embrasser avec fougue l'une des plus belles femmes de cette planète, et accessoirement une des clientes de la boîte.

Lorsque je me réveille, je suis assis dans le fauteuil du salon de face de légume et un verre de Martini dans la main. Mais comment j'ai atterri ici moi?

-Alors Sandy, amorce Valentine, comment va la vie depuis notre dernière rencontre, qui date de dix ans.

-Et bien… elle va bien.

-J'imagine que tu dois avoir une copine depuis longtemps.

Zorro renifle dans son verre, et je le fusille du regard.

-Pas en ce moment.

-C'est dommage, un si beau jeune homme. Il serait peut-être temps de te caser définitivement, tu ne crois pas?

Hého, calme. On dirait ma mère.

-Je ne sais pas. Je me sens bien en célibataire. Pas de problèmes, pas de migraines, pas de chagrins et pas de disputes.

Valentine avale une gorgée de sa bière.

-Mais ce sont pourtant ces choses qui font le charme de la vie en couple.

Tu parles!

-Je sais pas. Mais bon. Je vais bien finir par trouver.

Nouveau reniflement de la part de face de poireau.

-Tu veux un mouchoir Zorro, demande Valentine en fouillant dans son petit sac.

-Non merci, réponds l'interpellé, pris par surprise.

Je remercie Valentine dans mon for intérieur.

-Au fait, puisque tu es là, dit-il en direction de Valentine, tu vas peut-être pouvoir nous éclairer sur un sujet où Sandy et moi sommes assez peu documenté.

Non, il va pas lui demander de…

-Ça dépend du sujet.

Tais-toi, tais-toi, tais-toi, tais-toi, tais-toi, tais-toi, tais-toi, tais-toi, tais-toi…

-L'homosexualité.

Je vais le tuer si on se retrouve seuls. À ma grande surprise, Valentine sourit.

-Alors là, tu ne pouvais pas mieux tomber.

-Je le sais, répond tête d'algues. Tu es même la spécialiste.

-Flatteur! Que veux-tu savoir?

-Je te laisse poser ta question Sandy, annonce traîtreusement géant vert en se tournant vers moi avec un petit sourire ignoble sur les lèvres.

Si les regards pouvaient tuer, il serait déjà envoyé une bonne dizaine de fois aux enfers.

-Quelle est cette question, fait Valentine en se tournant également vers moi.

-Hé bien… c'est un peu compliqué à poser, je bafouille, pris de court. Ben voila, j'ai un ami qui a couché avec un mec, et il se pose des questions, j'invente finalement.

-Du genre "Est-ce que je suis gay?" ou "Qu'est-ce qui m'a pris de faire ça?"

Je regarde la blonde avec un air totalement ahuri, ce qui la fait rire sur le champ.

-Si tu voyais ta tête, elle s'exclame entre deux rires.

-Co… comment t'as deviné, je demande enfin, remis de ma surprise.

-Ben… c'est le genre de question qu'on se pose tous après une expérience de ce genre. Pour en revenir à ton ami, je ne peux pas affirmer catégoriquement qu'il est gay, car ça dépend des circonstances qui l'ont mené dans une telle situation.

Danger, danger!

-Comment en est-il arrivéà se retrouver dans un lit avec un homme?

Je me mets à réfléchir, repassant dans ma tête tous les événements des semaines précédentes, et tente vainement de trouver une raison plausible au fait que je me sois retrouvé à faire l'amour avec Luffy –à part le fait qu'il ait léché mon point faible–, mais n'en trouve pas.

-Il m'a pas expliqué ça en détail, je fais. Tout ce que je sais, c'est que l'homme avec lequel il a fait l'amour est un de ses très proches amis.

-Il était bourré, voire shooté, quand il l'a fait?

-Non.

-Alors il n'est pas comme mes amis de la fac qui ont baisé avec leurs amis alors qu'ils étaient totalement out, dit Valentine en buvant une gorgée de sa bière. Pourtant, ils étaient pas homosexuels pour un Berry.

Dois-je prendre cela pour une lumière d'espoir?

Tulululululu! Tulululululu!

-C'est quoi ce truc, demande Zorro en regardant le sac de Valentine qui bouge sur le canapé.

Valentine se jette littéralement sur son sac et en extirpe un téléphone portable dernier cri rose bonbon avec un petit chat qui brille.

-Allô? Oh, ma puce! Comment ça va depuis hier soir? … Ta grippe va mieux? … Je suis rassurée. … Quoi, ta mère a dit ça? Elle est vraiment nulle. Laisse-la dire. … Hein? … Non, je suis chez un ami. Tu sais, Zorro. … Oui, celui-là. Y'a aussi Robin, mon amie de la fac. … Non, ne t'en fais pas mon cœur, tu es la seule que j'aime. Oui. Hein? … Non. … Non. … Oui. D'accord. À ce soir ma petite hirondelle des prés. … Oui. Bisous.

Et elle raccroche. Ai-je bien entendu, elle a dit ma PUCE, la SEULE que j'aime et ma PETITE HIRONDELLE des prés?

-C'était Andréa, demande Robin.

Analyse du prénom. Andréa, féminin ou masculin?

-Oui, fait Valentine en rageant son portable dans son sac. Elle est grippée, mais cela semble s'arranger. Je suis rassurée.

Elle? C'est donc une fille.

-Valentine, je fais doucement.

-Oui Sandy, fait-elle joyeusement.

-Est-ce que tu sors avec une… fille?

-Oui, me répond-elle avec son sourire le plus serein.

Je crois que mon hurlement de cet instant a été entendu de l'autre coté de la planète.

OoO

Un verre d'eau et une aspirine plus tard, je suis de nouveau installé dans le fauteuil du salon de Zorro. Je dois rêver, c'est ça, je nage en plein rêve.

-C'est ta faute, fait Zorro après avoir embrassé sa copine. T'avais qu'à venir aux réunions d'anciens élèves.

-Et comment pouvais-je savoir qu'il y a avait des réunions d'anciens élèves moi?

-Mais je te téléphonais à chaque fois qu'il y a en avait une.

À bien y réfléchir, ce devait être de ça dont il parlait quand il me disait qu'il y avait une soirée souvenirs en campagne. Je déteste quand il fait des allusions ridicules.

-Et comment voulais-tu que je comprenne quand tu parlais de soirées pyjama avec des anciens potes?

-Tu comprenais pas, me demande-t-il avec des yeux ronds comme des soucoupes –tiens, j'pourrais faire de la soupe au potiron ce soir.

-Non.

Il éclate de rie.

-Et dire que je croyais que t'avais pas envie de revoir tes ex.

Son rire me porte sur les nerfs. Je lui saute dessus et commence à le chatouiller aux côtes. Son rire de transforme en un hurlement suraigu –mais comment il peut produire un tel son?– qui ressemble étrangement à un rire étouffé.

-C'est bon, c'est bon. Ahahahaha, lâche-moi. J'peux plus respirer.

Je le laisse reprendre sa respiration et me dirige vers le balcon.

-Je vais fumer une clope.

-Je t'accompagne, me fait Valentine.

OoO

Je regarde pensivement la rangée d'arbre au pied de l'immeuble, une clope entre les lèvres, alors que Valentine est appuyée dos à la barrière.

-Ainsi donc, tu es lesbienne, je fais en me tournant vers elle. Première nouvelle. Depuis combien de temps?

Elle se met à réfléchir.

-Presque depuis que nous avons cassé.

Ai-je oublié de dire qu'elle fut ma petite amie lors de mes seize ans?

-Douze ans donc.

-Exact. Je vois que tu n'as pas perdu les bases des maths avec les années.

Je rigole cyniquement à sa blague.

-Comment tu t'en es aperçu?

Je souffle ma fumée, qui forme un cercle presque parfait avant de disparaître.

-En sortant avec toi, j'avais toujours l'impression d'avoir un manque affectif, elle m'explique en écrasant sa cigarette. Par la suite, j'ai tenté plusieurs fois de sortir avec des garçons, dont Zorro…

Je m'étouffe avec ma bouffée.

-… mais il manquait toujours quelque chose. Et un jour, j'ai découvert que les filles m'attiraient plus que les garçons. J'ai d'abord rejeté cette perspective, puis, au fil des mois, je dus finalement m'avouer la triste vérité: j'aimais les femmes. J'avais dix-neuf ans quand j'ai réellement commencé à sortir avec des filles, et j'ai trouvé le bonheur il y a trois ans en la personne d'Andréa.

-Comment tu l'as rencontrée, je demande après avoir repris mon souffle.

-On était dans la même rédaction, mais j'ai découvert qu'elle était lesbienne quand nous avons bu un verre ensemble. Ce fut le plus beau jour de ma vie, elle ajoute avec des yeux pétillants de bonheur.

-Heureux pour toi, je fais en écrasant mon mégot dans le cendrier mis à disposition par face de petit pois.

Nous nous rallumons chacun une clope et restons silencieux, les yeux perdus dans le vague.

-Et toi? T'as quelque chose de nouveau dans ta vie, elle demande.

-J'ai un chien.

-Un chien? Comment il est?

-Poils longs, yeux coquins, langue rouge, pattes larges. Noir.

-… T'as pas une photo?

Je fouille dans mon pantalon à la recherche de mon porte-monnaie.

-Si, fais-je en sortant une photo de Filou. Tiens.

-KYYAAAAAAH! Trop meugnon ce chien-chien.

Toute les mêmes.

-Tu as beaucoup de chance, ça à l'air d'être un croisement entre un labrador ou un golden retriever et un terre-neuve.

-Un terre-neuve?

-Oui. C'est sûrement pour ça qu'il a ce nez assez court. Et il a un nom?

-Non, j'l'appelle avec mes pieds.

-Pas drôle.

-Filou.

-Filou? C'est mignon.

-Et il le porte bien.

Un nouveau silence s'installe.

-Ton ami, il est comment, me demande Valentine en me piquant une cigarette.

-Il a des cheveux noirs mi-longs, des yeux bruns très expressifs, une tête de moins que moi et un corps tout fin, je fais en essayant de décrire sommairement Luffy. Il ressemble beaucoup à un enfant de par son caractère, mais il n'en reste pas moins un adulte sérieux et responsable quand il le faut.

-Une vraie gueule d'amour, ajoute Valentine avec un air rêveur.

-Mouais. Il est plutôt timide avec les femmes.

-Alors ça m'étonne pas du tout qu'il se soit tourné vers les hommes. Avec une tête comme la sienne, il attire tout ce qui passe.

-Valentine, je m'exclame furieusement.

-Excuse-moi. C'est la remarque d'un de mes amis par rapport aux homosexuels. Il disait que la plupart des gays aiment les hommes parce qu'ils n'arrivaient pas à attirer les femmes.

-C'est totalement absurde.

-Mes amis et amies avaient tous des avis partagés sur la question, elle m'explique, mais trois groupes pouvaient être distingués: ceux qui s'en foutent, ceux qui sont pour, et ceux qui ne comprendront jamais. Ces derniers ne sont plus mes amis depuis que je leur ai avoué mes tendances, et je m'en porte pas plus mal. Dans la vie, il faut faire des choix, et les plus durs sont ceux qui concernent les amis. Si tu veux avoir des amis pour la vie, il faut bien les choisir, sinon ils se retourneront contre toi un jour ou l'autre. La preuve, je suis toujours amie avec Zorro, mais j'ai perdu le contact avec toi.

-C'est différent. Moi, j'ai toujours beaucoup de mal à garder le contact avec mes ex. Zorro, lui, il arrive à rester ami avec toutes les femmes qu'il a mises dans son lit, même les coups d'une nuit.

-C'est un homme bien Zorro. Si je devais garder un ami, ce serait lui que je choisirais.

-Tu lâcherais Robin?

-Je la garderais comme maîtresse, elle répond avec ironie.

Nous rigolons de concert, tandis que Zorro nous rejoint.

-Vous voulez vous enraciner ou bien? Ça fait bien une demi-heure que vous fumez.

Je regarde ma montre. Il a raison. Je regarde mon paquet de clope et remarque avec amertume que je l'ai terminé.

OoO

Je sors des toilettes, quand la sonnette de l'appart de Zorro retentit.

-Sandy, tu peux ouvrir s'te plaît? Chuis occupé.

Il me prend vraiment pour sa boniche lui.

-Tu pourrais faire un effort et lâcher ta copine pour aller ouvrir à tes visiteurs quand même, je fais en ouvrant la porte. T'es vraiment qu'un féné…

-Oua?

Je tourne mon regard vers le visiteur, mais me sens aussitôt basculer en arrière sous le poids de quelqu'un me sautant dessus et m'embrassant avidement.

Lorsque je me rends compte de la situation –Luffy m'embrassant sur le seuil de la porte de l'appart de face de lézard, et une p'tite vieille nous regardant avec un air de stupeur de derrière ses lorgnons– je pousse Luffy sur le côté, me mets vivement sur mes pieds et claque la porte au nez de la p'tite vieille.

-Hé, t'es malade ou quoi de claquer les portes comme ça, me hurle Zorro depuis la cuisine.

Je suis appuyé contre la porte, le souffle rapide et le cœur dansant la farandole. Luffy se redresse doucement en me souriant de toutes ses dents.

-Sandy?

-LUFFY, je me mets à hurler, T'ES VRAIMENT MALADE DE FAIRE UN TRUC PAREIL! NE REFAIS JAMAIS ÇA, TU M'ENTENDS?

Aussitôt, Luffy se met à quatre pattes et court se réfugier derrière le canapé du salon. Je reprends mon souffle, puis m'approche de lui avec la ferme intention de lui prendre la peau du cou et de le balancer par-dessus la rambarde du balcon, mais m'arrête à mi-chemin, me souvenant que Valentine, Robin et Zorro sont là. Ceux-ci me regardent avec de grands yeux. Merde, la boulette.

-Euh… je … vous présente Luffy, mon colocataire.

-Oua?

-Allez, viens, je fais au jeune homme, qui s'approche prudemment de moi.

Valentine se lève et s'avance vers lui, la main tendue.

-Salut Luffy. Je m'appelle Valentine.

Luffy regarde un instant la main tendue, puis à l'air de se souvenir de quelque chose et attrape la main de Valentine pour la serrer.

-Bonjour.

-Il a un petit accent enfantin. C'est mignon.

-Luffy. Tu connais mademoiselle Robin et Zorro.

-Oua, fait l'interpellé en hochant vivement de la tête.

Zorro se déscotche de sa copine pour adresser un vague salut de la main à Luffy, puis retourne à son exploration des amygdales de mademoiselle Robin.

Je vais m'asseoir à ma place et invite Luffy à faire de même. Mais, ne le voyant pas s'installer sur la chaise que j'ai tirée pour lui, je lui jette un regard interrogatif et remarque qu'il observe avec une grande attention Zorro et Robin s'embrasser.

-Sandy.

-Oui Luffy, je soupire.

-Ils s'embrassent, dit-il en montrant mon ami et ma cliente.

-J'ai remarqué. Assieds-toi maintenant, j'ordonne en soupirant une nouvelle fois.

-Je peux?

Je regarde encore une fois le brun.

-Oui, tu peux t'asseoir.

-Non, pas asseoir, embrasser.

À ces mots, j'ouvre de grands yeux et fixe Luffy.

-Alors, il demande, impatient.

-NON, je hurle en comprenant le sens de sa phrase. Assied-toi!

Sans rechigner, le brun s'assied à mes côtés, un air d'incompréhension sur le visage.

-Hi hi, fait Valentine en appuyant sa tête sur sa main. Il est mignon. Si j'aimais les hommes, c'est sûr que je lui aurais déjà sauté dessus.

-Et bien comme c'est pas ton cas, essaie pas, lâche Zorro en finissant –enfin– d'embrasser ma cliente.

-Tu es devenu bisexuel Zorro?

-Non, je te préviens juste. Tu risques la colère divine.

MA colère tu veux dire? Salopard.

-Tu veux quelque chose à boire Luffy, demande Valentine.

-Hein? Euh… eau!

-Gazeuse ou plate?

-Plate, je réplique rapidement avant que Luffy ne fasse une gaffe.

-D'accord.

La blonde se lève et va chercher le verre d'eau, tandis que mademoiselle Robin s'assied sur une autre chaise –elle était sur les genoux de Zorro depuis tout ce temps.

-Au fait, Sandy, commence Valentine en revenant avec l'eau de Luffy, ton ami qui pense être homosexuel, c'est pas lui?

-Hein?

-Ben oui. Il a les cheveux noirs, les yeux bruns, il est rachitique et petit et a une véritable bouille d'enfant. Ça correspond parfaitement à ta description.

-Euh… oui, c'est vrai.

Aïe. Danger! Danger!

-Luffy, fait la blonde en se penchant en avant.

-Oua?

-C'est bien toi qui te pose des questions sur tes préférences sexuelles? Non?

Luffy fixe un long moment Valentine, la tête légèrement penchée sur le côté, preuve de son ignorance totale en la matière. Finalement, il me jette un regard interrogatif, auquel je réponds par un léger mouvement de la tête.

-Euh… oua, c'est moi.

Mais fallait pas répondre ça crétin! Quand je secoue la tête de gauche à droite, ça veut dire non.

-Je le savais, s'exclame joyeusement Valentine. Sandy m'a dit que tu avais fait l'amour avec un ami à toi. C'est bien ça?

-Oua.

-Tu excuses ma curiosité, mais qui est l'homme avec qui tu as fait l'amour?

Je regarde valentine, puis tente de faire comprendre à Luffy qu'il ne doit rien dire, mais il est trop occupé à fixer ses mains, un air sérieux sur le visage. Je t'en supplie, ne dis rien!

-C'est Sandy.

Noooooooooooon! Aussitôt, les regards se tournent vers moi –sauf celui, dégoûté, de Zorro– et je sens mon sang battre furieusement à mes tempes. J'affiche un sourire détaché, mais la sueur qui coule le long de l'os de ma mâchoire en dit long sur mon état.

-Sa… Sandy, fait valentine, abasourdie.

-Il l'a fait, malgré sa promesse, ajoute Luffy apparemment content de dire quelque chose.

-Sa… sa promesse? Quelle promesse?

-Simple question, tu fais quoi comme métier, je demande en passant.

-Je suis journaliste dans un journal de banlieue, répond valentine, son regard pétillant fixé sur Luffy.

-Sandy m'avait… m'avait promis de ne pas tenter de refaire l'amour avec moi.

-C'est… Sandy qui t'avait promis ça, demande Valentine avec de grands yeux étonnés.

-Oua! Il voulait le faire, mais pas moi. Alors je l'ai mordu et il m'a promis. Mais aujourd'hui, il l'a fait avec moi et j'ai bien aimé.

Ça me fait tellement plaisir d'entendre ça mon grand, mais j'aurais aimé que tu me le dises personnellement.

-Sandy… c'est vrai, me demande valentine avec un regard plus que scintillant.

-Euh…

T'as deux choix mon gars: soit tu nies tout en bloc et tu fais passer Luffy pour un menteur, soit tu dis la vérité et tu assumes le reste. Le regard de Valentine se fait lourd. Choisis bien, ton avenir en dépend.

-C'est… c'est vrai, j'avoue finalement en soupirant fortement.

Comme je pouvais me l'attendre, les yeux de Valentine s'ouvrent en grand, mais mademoiselle Robin reste impassible à côté de Zorro, qui sourit franchement, à ma plus grande surprise.

Un long silence parcourt joyeusement la salle, accompagné de quelques anges, de toute leur ménagerie –oiseaux et coccinelles– et d'une myriade de fleurs multicolores.

-C'est… c'est, fait enfin Valentine, c'est… MAIS C'EST FANTASTIQUE!

-Comment, je demande, incrédule.

-Mais ouiiiiii. Tu t'es enfin ouvert l'esprit à autre chose que les femmes, les femmes et encore les femmes, fait-elle en frappant son poing dans la paume de son autre main.

-J'avoue ne pas comprendre.

-Je savais pertinemment que tu allais virer gay un jour ou l'autre. Ce n'était qu'une question de temps. Zorro, elle lance en se tournant vers l'intéressé, j'ai gagné mon pari!

Avec la plus grande stupeur, ma bouche s'effondre sur la table.

-Comment ça? Quel pari, je demande avec perplexité.

-Valentine et moi avions parié sur tes penchants sexuels quand nous avons fini de sortir ensemble, m'explique Zorro en caressant d'une main les hanches de ma cliente. J'avais parié sur bi et elle sur gay.

À cette déclaration, je m'effondre sur la table, sous l'œil interrogatif de Luffy.

-Comment vous pouviez être aussi sûrs de ça, je demande d'un air las.

-Tu m'avais bien dit que tu étais toujours frustré quand tu le faisais avec une femme. Non?

-J'ai dit ça moi, je questionne en me relevant vivement.

-Oui, lors d'une discussion sur l'oreiller avec moi. Tu ne t'en souviens pas?

Fouille de la mémoire interne. Veuillez patienter. Un objet trouvé. … Aaaaaah, oui, cette nuit-là. Mais… ça fait déjà douze ans. Elle s'en souvient encore?

-Je m'en souviens, vaguement.

-Je vais résumer pour ta pauvre mémoire. On venait de finir et tu as soudainement lâché "Je sais pas pourquoi, mais je me sens toujours frustré après." d'un air très détaché. C'est alors que nous avons démarré une longue discussion sur nos anciennes relations et qu'on est arrivé à la conclusion qu'avec l'autre sexe, c'était moins bien qu'avec le même sexe.

-Ah bon?

-Oui, enfin… Toi, tu as protesté et la discussion s'est arrêtée là.

-Et… c'est à cause de cette discussion que tu as pensé que… que j'allais devenir gay, je demande, effaré.

-Exactement, répond la blonde avec un petit sourire.

-Mon dieu, je gémis en me prenant la tête à pleines mains. Et toi Zorro?

-Je te voyais souvent reluquer les fesses des mecs dans la cour, malgré le fait que tu sortais toujours avec des filles, il lance. J'ai alors pensé que t'étais bisexuel.

Je m'écroule pour la seconde fois sur la table.

-Sandy, murmure Luffy en me tapotant l'épaule.

-Mmmh?

-Regarde-moi!

-Qu'est-ce que tu veux, je demande avec un air las en levant mes yeux vers lui.

Il affiche un grand sourire, ce qui me remonte immédiatement le moral. Je réponds à son sourire et lui caresse la tête. Sans autre préavis, il me saute dessus et me serre fort dans ses bras.

-Luffy content, murmure-t-il à mon oreille.

Je le serre à mon tour dans mes bras.

-Moi aussi, moi aussi, je dis distraitement.

Ma vie est un cauchemar.


Petite anecdote dont tout le monde s'en fout mais c'est pas grave: le chapitre précédant à été celui que j'ai écrit en tout premier. Depuis, l'histoire s'est étoffée et j'ai, pour l'instant, réussi à faire un semblant de fic qui marche. Mais cette réussite, je le dois à vous, mes chers lecteurs qui me suivent depuis le début. Je vous remercie des petits mots que vous laissez dans les reviews, et ça me fait chaud au coeur (j'ai pas encore reçu d'insultes, mais ça risque de pas tarder °rires°).

Petite phrase du prochain chapitre: "Je voulais savoir si l'homosexualité est normale chez les animaux, et plus particulièrement chez les chiens."