Auteur: TiaKin

Genre: M

Tiré de la série: One Piece

Disclaimer: Beeeeen... pareil que les autres chapitres pardi!

Les italiques sont des pensées intérieures et les OoO sont un passage dans le temps (normal: temps plus long, gras: autre moment dans la journée).

Réponse aux reviews:

Angel: Parfait? °rougit de plaisir° Mon dieu, quel beau mot. °regarde la statue de Zorro et fusille Angel du regard-de-la-mort-qui-tue° …Bof, de toute façon tu vas me tuer à la fin du chapitre, alors…

bv: Je ne sais pas trop si ça se passe réellement comme ça dans les cliniques vétérinaires, mais c'est comme ça que je l'imagine.

Honigiri: La zoophilie choque beaucoup de personnes parce qu'elles ne conçoivent pas l'idée de faire l'amour avec un animal (personnellement, je suis contre ce genre de pratique, mais si ça te choque pas, je m'en fiche). Pour répondre à ta question: oui, ils réapparaîtront (je n'ai pas besoin de courir alors °soupire de soulagement°). Ace fera une apparition le temps d'un chapitre important (le 31ème pour être précise), mais Shanks sera seulement mentionné par le biais d'une lettre dans le chapitre 32 (dois-je fuir ou non?). PS: J'ai oublié: bienvenue dans le monde difficile de l'attente de mes chapitres °rires° (ne t'en fais pas, il n'en reste plus beaucoup).


L'histoire d'une annonce difficile

Je sors d'un pas léger de l'hôpital pour animaux, Zorro à mes côtés.

-T'avais prévu de trancher du véto ou quoi, je demande en pointant son arme du doigt.

-Et toi? T'avais prévu de te la jouer Robinson Crusoé dans cette tenue?

Je regarde ma tenue. Effectivement, sans chaussures et la chemise ouverte, ça le fait pas trop. Je me mets à rigoler, précédant tête de méduse.

-Ça fait du bien de rire un peu.

-Tu viens, il me demande en se dirigeant vers l'autre côté de la rue.

-Où ça?

-On va passer chez ma tante. Elle aura peut-être quelque chose à te filer.

-Elle est toujours en vie?

-Oui. Elle m'appelle souvent, il ajoute avec un petit sourire.

Aussitôt, le souvenir du visage de la tante de Zorro me revient. Cette femme si bonne et si gentille qui a transformé la vie de Zorro en un paradis. Je me souviens du jour où Zorro est revenu au lycée après trois mois sans nouvelles, et avec un visage réjoui qu'on ne lui connaissait pas.

C'est donc avec silence que nous nous dirigeons vers le quartier résidentiel dans lequel cette tante habite.

OoO

Zorro sonne à la porte de la grande maison aux volets bleus et au jardin rempli de camélias rouges.

-Qui est là, fait la voix douce de la tante de Zorro, madame Aoi.

-C'est moi, Zorro.

Lentement, la porte s'ouvre et l'on voit apparaître une petite femme replète au visage tout rond et aux cheveux gris encore parsemés de mèches vertes. Elle est habillée d'une robe à fleur et d'un chemisier en soie qui lui donne un véritable air de grand-mère.

-Bonjour ma tante, dit Zorro en l'enlaçant amicalement.

-Zorro, mon chéri. Tu as l'air en pleine forme. Mais… c'est Sandy, elle s'exclame en me voyant. Comment vas-tu mon garçon?

-Très bien merci.

-Non non, je vois que ça ne va pas bien. Tu es tout pâle et en plus, tu as perdu tes chaussures. Mon dieu, que t'est-il donc arrivé pour être dans un pareil état?

Ce qui est moins bien avec cette femme, c'est qu'elle repère tous les petits détails qui clochent et fait tout pour y remédier.

-T'aurais pas quelques habits qui traînent pour lui? Il a passé une mauvaise journée.

-Mais bien sûr, entrez!

Madame Aoi nous mène dans son petit salon et nous installe dans des fauteuils rembourrés et recouverts de coussins.

-Vous voulez quelque chose à boire? J'ai du thé parfumé à l'orange et du café noir sans sucre.

-Je veux bien un thé, je lance en me calant confortablement entre deux coussins.

-Un café noir sans sucre et sans lait, fait Zorro en s'étalant complètement dans un fauteuil à l'air défoncé. Aaaaaah, ce que j'aime ce fauteuil, il ajoute en s'étirant. Ça m'a vraiment manqué de m'y endormir.

Nous restons silencieux pendant que la tante prépare les boissons.

-Oh! Je vois que tu as retrouvé tes marques, remarque madame Aoi en revenant dans le salon, un plateau dans les mains.

-Oui, soupire fond de prairie avec un sourire béat sur le visage.

-Voila ton café. Et voici votre thé.

-Merci.

Madame Aoi prend sa tasse de thé et va s'installer sur un petit pouf recouvert d'un tissu blanc à carreaux noirs.

-Qu'est-ce qui t'amènes dans le coin, elle demande à Zorro après avoir avalé une gorgée de sa boisson chaude.

-Sandy a amené son amant à l'hôpital.

À cette phrase, je me brûle la lèvre avec mon thé.

-ZORRO, je m'exclame furieusement.

-Oh ça va. Elle est au courant de tout.

-Tu pouvais pas te la fermer pour une fois?

-Sandy, quel est ce langage, s'insurge madame Aoi en reposant sa tasse sur la coupelle. Est-ce que vous parlez comme ça à vos parents?

Je dévisage lentement la tante de Zorro. Mais… de quoi elle se mêle elle?

-Je… désolé.

Le pire avec elle, c'est qu'elle arrive à nous faire culpabiliser rien qu'avec un regard. Je baisse les yeux sur ma tasse et tripote machinalement les bords de ma coupelle.

-J'espère qu'il va bien, fait madame Aoi en reportant sa tasse à ses lèvres.

-Qui, demande Zorro.

-Mais son amant voyons!

-Ah. Il va bien. Il a simplement subi un lavage et tout est rentré dans l'ordre.

-Un lavage? Il a eu une intoxication alimentaire?

-Non. Une infection due à des bactéries, dans l'anus.

-Ooh. Je vois. C'est pas tous les jours qu'on voit ça.

La tante boit encore une gorgée de son thé, puis se lève et retourne dans la cuisine, pendant que je morfonds de honte entre mes deux coussins.

-Alors comme ça tu dis tout à ta tante?

-Oui. C'est une règle qu'on a fixée entre nous à mon arrivée ici, il y a onze ans, il répond en finissant son café. Mais depuis que j'habite à Tokyo, elle m'appelle tous les mois et je dois tout lui dire, même mes problèmes de relation.

-Ben dit donc. Si j'avais la même relation avec ma mère, j'aurais l'impression d'être surveillé vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

-Moi aussi ça me pèse, mais des fois, ça me soulage de parler de mes problèmes.

-Je suis là pourtant.

-Oui, mais c'est pas pareil. Toi, t'es gay.

-Je vois pas le rapport? Pendant longtemps j'ai fréquenté des filles, et j'en connais un rayon.

Il secoue la tête.

-Mais comparé à toi, moi je cherche une relation durable.

-Toi? T'as toujours détesté être enchaîné par les filles. Et ne dis pas que c'est faux, tu me l'as dit un soir où t'étais bourré.

-Quand, il demande avec un air surpris.

-Il y a six ans, dans un petit bar du centre qui servait de fabuleux cocktails. T'en as bu une bonne vingtaine avant de tout cracher.

-Je dois pas m'en souvenir. Qu'est-ce que j'ai dit?

-Que t'aimais pas rester trop longtemps avec une femme.

-Ben je peux te dire que depuis, j'ai bien changé. J'ai pas envie de mourir sans connaître la vie de père.

Aïe, Pipo lui a refilé le virus.

-Ben je te souhaite bonne chance. Une fille qui acceptera de rester toute sa vie avec toi, ça court pas les rues.

J'évite la tasse de Zorro, puis nous commençons une bataille de polochons qui finit dans la cuisine.

OoO

Les deux jours qui ont suivi l'hospitalisation de Filou, je suis resté dormir chez la tante de Zorro.

C'est étrange, mais j'avais l'impression d'être dans le genre de famille que j'aurais toujours voulu avoir: une mère attentive à tout et capable de discuter sur n'importe quel sujet sans être en total désaccord avec nous, une ambiance calme et sereine, et un frère –j'ai toujours voulu avoir un frère– avec lequel j'aurais pu me chamailler ou rigoler. Il ne manquait plus que le père et le chien et tout aurait été parfait.

Je soupire fortement, étalé sur le lit du premier fils de Kasumi (la tante de Zorro) et fixant le plafond au-dessus de ma tête. Mon dieu, comme j'aurais aimé vivre avec cette femme comme mère. Je tourne la tête et pose mon regard sur la photographie sur le bureau. Elle montre un jeune homme d'environ vingt ans portant un costume de cérémonie du thé et affichant un grand sourire en montrant un diplôme. Le jeune homme a des cheveux verts pâles et une peau claire: le premier fils de Kasumi, maintenant professeur dans une grande école de cérémonie du thé à Okinawa.

Je reporte mon regard sur le plafond désespérément blanc, puis me lève et vais dans le salon, où je trouve Zorro en train de faire une partie de Go avec sa tante.

-Tu joues au Go toi?

-Mmmh, il marmonne avant de poser une pierre sur le goban.

-Zorro a toujours aimé jouer au Go. C'est moi qui lui ai appris, ajoute Kasumi en posant une pierre à son tour. Mais malgré ses récents progrès, il me reste inférieur.

-Je passe, dit Zorro après un temps d'arrêt.

Kasumi pose une autre pierre et ferme un dernier territoire.

-Je passe, répète Zorro en soupirant.

-Moi aussi.

Je regarde le plateau de jeu et décompte vingt-sept points pour Zorro.

-J'ai trente-deux points, annonce Kasumi avec un sourire.

-Cinq points de plus que moi. Comme d'hab' quoi, il finit par dire en s'enfonçant dans son fauteuil pour faire une sieste.

J'aide Kasumi à ranger les pierres dans chacun des petits sacs, puis vais mettre la boîte du jeu dans l'armoire du fond.

-C'est gentil à toi de m'aider, fait la tante de Zorro en posant ses pieds sur un pouf assorti à son fauteuil.

-C'est tout naturel, je dis en piquant des biscuits dans le bol sur la table basse en métal avant de m'installer à mon tour dans un fauteuil.

Je mange silencieusement mes biscuits, puis en propose à Kasumi, qui refuse à cause de son diabète.

-Tu as passé une bonne nuit, elle me demande alors que je reprends des biscuits.

-Oui. C'était très confortable. Merci encore de m'avoir permis de rester dormir.

-Mais c'est tout naturel. Zorro me parle souvent de toi au téléphone.

-Ah bon. Tout le temps?

-Oui. Il tient beaucoup à toi.

Je porte mon regard sur l'algue ronflante sur s'est étalée sur son fauteuil, puis esquisse un sourire. Tu tiens beaucoup à moi? Pff, t'as jamais été capable de l'avouer, sale tête de melon.

-Il ne me l'a jamais dit.

Kasumi sourit à son tour, puis se lève.

-Tu veux parler de quelque chose, elle demande en allant chercher du thé.

-Pourquoi pas.

-Choisis le sujet, je reviens.

Mmmh. J'ai déjà parlé de l'homosexualité avec elle, puis du système Européen. De l'économie aussi, et puis des femmes. Sur quoi alors? Zorro? Non, j'ai déjà appris pas mal en deux jours. … Je sais! Je regarde la tante de Zorro poser le plateau sur la table basse, puis s'asseoir après m'avoir donné une tasse.

-Alors? Tu as choisi?

-J'aimerais parler de ce que je dois faire.

-Continue, exprime-toi!

-Je… je voudrais annoncer à ma famille que je suis gay, mais je ne sais pas comment.

-Comment est ta famille?

-Elle… elle est…

Je baisse les yeux sur ma tasse, tentant de trouver un adjectif qui puisse définir ma famille, mais aucun ne me vient à l'esprit.

-Parle-moi de tes parents, de ta sœur, de tes grands-parents. Décris-les moi!

Je remercie du regard la vieille dame qui sirote son thé, puis prends une profonde respiration avant de décrire tous les membres de ma famille.

Je commence par le plus facile: mon père. Ensuite, c'est ma sœur et sa petite famille heureuse, puis ma cousine qui va se marier, mon grand-père encore vivant, mon oncle grincheux, mes nombreux cousins adorables, et je termine par le plus long: ma mère.

Ma mère, avec son caractère changeant, ses envies de mariage à mon sujet, ses goûts atroces pour les habits et sa cuisine délicieuse.

-Voila, je termine.

Kasumi reste un long moment silencieuse, sa tasse de thé vide encore dans les mains, et les yeux fermés dans une profonde réflexion.

-Je crois, dit-elle enfin, je crois qu'il faut que tu annonces cette nouvelle d'une façon mémorable. Il faut quelque chose qui mette un terme aux envies de ta mère et à ses espérances. Quelque chose qui montre que tu es tout à fait à l'aise avec ta condition et que tu n'as pas honte de ce que tu fais. Zorro m'a raconté toute l'histoire, mais il ne faut pas partir dans de grandes explications avec eux, elle explique en posant sa tasse sur la table basse. Ils ne comprendraient sûrement pas.

J'hoche de la tête.

-À mon avis, elle ajoute avec un petit sourire malicieux, il faut leur montrer qui est vraiment Luffy, afin de les choquer au plus profond d'eux-mêmes. Si tu leur caches la vérité, il se sentiront trahis, et c'est justement ce qu'il faut éviter dans une famille: la trahison.

-Ils risquent de me haïr si je leur fais un coup pareil.

-Peut-être. Écoute, fait-elle en me prenant les mains, je vais te raconter l'histoire d'une petite fille qui aimait secrètement son professeur de mathématiques. Pendant toutes ses années de collège, cette petite fille aima son professeur de toute son âme, mais jamais n'osa lui avouer son amour pour lui. Le lycée passa et la petite fille, un soir de décembre, prit son courage à deux mains et alla avouer son amour au professeur. Mais, le beau professeur lui avoua être fiancé à une amie d'enfance. Le cœur brisé, la petite fille pleura des jours entiers cet amour brisé.

-Qu'est-il arrivé à la petite fille?

-Elle est à présent grand-mère de deux magnifiques garçons et vit dans une grande maison qu'elle a partagé de longues années avec son mari et ses deux fils.

-Elle est donc heureuse.

-Oui. Elle est d'autant plus heureuse que tu ais compris la morale de cette histoire.

J'ouvre de grands yeux, puis sourit tendrement et finis par enlacer la vieille dame qui fut autrefois une petite fille.

-N'oublie pas Sandy, ne garde jamais quelque chose sur le cœur, car sinon, un jour, tu ne pourras plus le contenir et il s'échappera au mauvais moment. Mais si tu le dis avant, les résultats seront bien meilleurs, même si c'est dur au premier abord.

-Merci Kasumi, je dis avec une voix douce.

-Mais de rien.

Nous sourions chacun de concert.

-Hé, face de banane! T'as pas l'intention d'embrasser ma tante j'espère.

Kasumi et moi tournons la tête vers Zorro, qui se frotte le crâne en nous fixant. J'explose instantanément de rire, puis me reçois un coussin dans la gueule. S'ensuit une formidable bataille de polochon orchestrée par une Kasumi qui retrouve ses vingt ans, un Zorro furieux et amusé à la fois et moi, hilare sous les coups que je reçois. Que c'est bon d'être vivant.

OoO

Cela fait trois jours que Filou est à l'hôpital et je dois aller le chercher. Habillé avec de vieux habits de Zorro, je vais à l'hôpital, accompagné de face de laitue.

-Je suis le propriétaire de Filou, je dis à la réceptionniste d'un ton calme. On m'a dit qu'il pouvait sortir aujourd'hui.

-Effectivement, réponds la réceptionniste après avoir farfouillé dans ses fiches. Je vais vous le chercher.

Quelques minutes plus tard, la réceptionniste arrive avec un Filou plein de vigueur… et une coiffe de lampadaire autour du cou.

-C'est… c'est quoi ce truc, je demande en pointant la coiffe de lampadaire. La nouvelle mode pour chien?

-Non monsieur, répond la réceptionniste avec un air surpris. Cet objet empêche votre chien d'aller mordre ses cicatrices, dit-elle d'un ton calme.

J'entends Zorro exploser de rire dans mon dos et me fais violence de lui envoyer mon pied dans la gueule.

-Ah, je ne savais pas.

-Si vous voulez bien remplir ce formulaire avant de partir, elle rajoute en me donnant une feuille de papier et un stylo.

Une fois ce foutu papier rempli et signé, je sors de l'hôpital pour animaux, Filou au bout d'une laisse et Zorro encore hilare à mes trousses.

-Zorro, si tu pouvais arrêter de rire, ça m'empêcherait de t'envoyer voir les pigeons, je susurre entre mes dents.

-'Scuse-moi, mais c'était tellement beau comme elle t'a envoyé ça.

-MERCI de ne PAS en parler.

Les mains dans les poches, je me dirige vers l'endroit où j'avais parqué la voiture de Fanny.

-Hein, je lâche en scrutant les alentours. L'est où cette voiture?

-Tu cherches quoi, me demande Zorro en me rejoignant.

-La… la voiture de Fanny… elle est plus là!

-T'es sûr de l'avoir parquée là?

-Mais oui! Je l'avais mise à côté de cet arbre-là, je lance en pointant ledit arbre du doigt.

-T'as dû te tromper d'arbre.

-Mais non! Je suis sûr de l'avoir mise ici!

Je regarde encore une fois autour de moi, sans succès. Merde, j'ai perdu la bagnole de ma sœur. Elle va me tuer. Je vois soudainement apparaître un téléphone portable dans mon camp de vision.

-Appelle ta mère alors!

-Je veux pas mourir avant d'avoir pu annoncer à ma famille que… que voila quoi!

-Appelle ta sœur alors!

-Je… je crois que j'ai laissé son portable dans la bagnole, je gémis, encore plus paniqué à l'idée de le dire à Fanny.

-T'as plus le choix alors. Appelle ta mère!

Résigné, j'attrape le portable et compose le numéro de chez moi, espérant atteindre mon père.

Tuuut! Tuuut! Tuuut! Clic!

-Allô?

Merde, Fanny.

-Fanny? C'est Sandy.

-Sandy?

Une pause.

-Fanny, t'es toujours là?

Une autre pause.

-Sandyyyy.

-Vi?

-Est-ce que tu sais OÙ est ma voiture?

-Euh… sur une place de parc devant moi, je tente avec conviction.

-Perdu. ELLE EST À LA FOURRIÈRE! ET CELA, PAR TA FAUTE!

-Mais… Fanny…

-IL N'Y A PAS DE MAIS. TU SAIS COMBIEN ÇA M'A COÛTÉ TES CONNERIES? TRENTE MILLIONS DE BERRY! J'EXIGE QUE TU ME REMBOURSES!

Je m'étrangle. Trente… trente millions de Berry?

-Où es-tu?

-Devant l'hôpital pour animaux, je réponds avec une petite voix.

-Et Luffy, il va bien?

Hého, tu passes du coq à l'âne aussi rapidement d'habitude?

-Il est hors de danger. Il a pu sortir aujourd'hui de l'hôpital.

-Ouf. Quel soulagement. On s'est fait un sang d'encre pour lui.

-Et moi donc. Tu peux venir me chercher?

-Non, ma voiture est encore à la fourrière et maman a pris l'autre voiture. Mais si tu veux, je l'appelle pour qu'elle vienne te chercher, elle propose avec une petite voix sadique.

-Non non, c'est pas la… peine. Elle a raccroché.

Merde!

-Bon, moi, je retourne à Tokyo, fait Zorro en reprenant son portable. J'ai laissé un travail en plan pour venir te rejoindre.

Je vois s'éloigner mon ami, puis me résigne à attendre ma mère, assis au pied de l'arbre, quand j'entends des pas s'approcher.

-Sandy? Sandy c'est toi?

Je lève les yeux vers le possesseur de cette voix si douce, et découvre que Nami se trouve devant moi, des classeurs dans les mains.

-Ah. Bonjour Nami.

-Luffy va bien?

-Oui. Il est en pleine forme. Tu pourrais pas me ramener chez moi, j'ai pas de moyen de transport, je demande avec espoir.

-Mais avec plaisir. J'allais justement voir ta mère. Où est Luffy?

-Il est… il est là, je soupire en caressant Filou d'une main.

Pendant un long moment, je reste à regarder mon chien, puis relève les yeux vers la rouquine, qui semble s'être figée sur place, la bouche ouverte et les yeux exorbités.

-Nami, ça va, je demande en passant ma main devant ses yeux.

Lentement, je la vois tomber. Je la rattrape à temps, mais tous ses classeurs tombent par terre. Et merde. Comment je vais aller à sa voiture maintenant?

-Besoin d'aide?

Je me tourne vers Zorro, qui me regarde porter la rouquine avec peine.

-Ça serait pas de refus.

Il prend Nami dans ses bras, tandis que je ramasse les classeurs.

-Tu devais pas allez à Tokyo?

-Si, mais j'avais oublié de te dire quelque chose.

-Et quoi donc?

-Pour les habits, tu pourras me les donner au boulot après les avoir lavés.

-Bien sûr.

-C'est qui, il demande en baissant les yeux sur Nami.

-L'une des cousines de mon beau-frère. Elle s'appelle Nami.

-Nami, il répète lentement en continuant de la fixer.

-Comment je vais faire maintenant? Je sais même pas où elle a mis sa voiture.

-Y'a qu'à lui demander.

-Et comment? Elle est évanouie. Je vais quand même pas lui foutre des baffes?

-Non. Mais tu peux…

Il ne finit pas sa phrase et embrasse la rouquine. Stupéfait, je regarde mon ami rouler un patin à la fille, qui se réveille doucement dans ses bras.

-Mmh, gémit-elle.

-Bonjour, murmure Zorro comme jamais je ne l'avais entendu murmurer: d'une façon douce et tendre qui ne lui va pas du tout.

-Mmmh, qui… qui êtes-vous?

-Je suis Zorro, un ami de Sandy. Vous êtes tombée dans les pommes et je vous ai réveillée, explique-t-il sans la lâcher. Sandy aimerait savoir où se trouve votre voiture afin de rentrer chez lui.

-Elle… elle est… dans le parking sous le centre commercial en face.

A ma grande stupéfaction, je vois Nami passer ses bras autour du cou de Zorro et poser sa tête contre son épaule.

-Je suis… si fatiguée. Vous pouvez me porter jusqu'à ma voiture?

-À condition que vous acceptiez de passez une soirée avec moi.

Nami hésite longuement, puis soupire.

-J'accepte, elle lâche, apparemment découragée.

-Alors c'est parti, lance joyeusement Zorro en m'emboîtant le pas.

-Et ta moto, je demande.

-Elle est garée pas loin. C'est juste un petit détour.

-Filou, au pied!

Je suis l'alien qui se prend pour un prince charmant jusque dans le parking du centre commercial.

OoO

-Il est bizarre ton ami, dit Nami alors que j'emprunte la sortie d'autoroute qui mène à mon village.

-Je l'ai jamais vu comme ça.

-Vraiment?

-Ouais. Ça m'a choqué quant il t'a embrassé.

Silence.

-Il embrasse bien, lâche Nami alors que je me prépare à rentrer sur la route principale.

Ma tête frappe durement le volant.

-Tu trouves, je fais en relevant ma tête du volant.

-Oui. Il a une technique assez aboutie. Il est riche?

-Mmmh… je sais pas trop. Il a un assez bel appart en ville, mais doit pas gagner plus que moi. Oh, j'oublie qu'il a une entreprise qui s'annonce fructueuse pour l'avenir.

-Mmh, intéressant.

Soudainement, ses mots me reviennent à la mémoire: "Oh… vous savez… je n'aime pas grand-chose dans la vie. Seulement l'argent et les mandarines." Wait a minute! C'est dangereux ce que je viens de dire. Elle va profiter de lui pour… je suis con ou quoi? Zorro ne se laissera jamais manipuler par une fille, même pas par une fille qu'il aime. … Et pourquoi je me fais du souci pour lui? Il est assez grand pour agir tout seul.

J'arrête tranquillement de me taper la tête contre le klaxon et décide de reprendre ma route, un air humble sur le visage tandis que Nami rigole sur son accoudoir et que Filou jappe joyeusement à l'arrière. Sandy, tu viens de te ridiculiser en beauté.

OoO

Une fois la voiture garée dans le parking de la maison, j'aide Nami à sortir du véhicule et nous entrons dans la maison, Filou derrière nous.

-Sandy, fait ma sœur en nous voyant entrer dans le salon. Comment es-tu arrivé? Où est maman?

-J'ai croisé Nami avant que maman n'arrive, alors j'ai profité qu'elle puisse me ramener.

Fanny semble déçue, puis va appeler maman tandis que j'installe Nami sur le canapé.

-Au fait, c'est vrai ce que tu m'as dit sur Luffy?

-Oui, je réponds calmement en m'asseyant sur un tabouret pour m'allumer une cigarette. En fait, Filou, mon chien, a mangé un fruit qui lui permet de devenir humain, et ce depuis un an.

-C'est… c'est une blague?

-Non, c'est tout à fait véridique.

-Et tu as une preuve de ce que tu avances?

-Oui, je réponds en montrant Filou qui dort sur le tapis. Mais je vais pas pouvoir te la montrer, puisqu'il dort paisiblement et que j'ai pas envie de le réveiller.

Je me lève et sort prendre un bain de soleil sur une chaise longue du jardin.

OoO

-Sandy! Réveille-toi bon sang!

Sous les secousses féroces de ma mère, même le plus fatigué des paresseux ne pourrait rester endormi –même pas Zorro. Avec lenteur, j'ouvre un œil, puis l'autre et regarde ma mère plantée devant moi et habillée d'un jean troué et d'un haut jaune fluo avec une cravate vert pastel. Je reste figé un bon moment, trop choqué par cet assemblage de couleur pour comprendre les mots qui semblent sortir de la bouche de la figure maternelle. Mais pourquoi je suis revenu moi?

-Est-ce que tu m'écoutes, crie ma mère en me secouant pour la seconde fois.

-Oui oui, ça va! Qu'est-ce que tu disais?

-Je voulais savoir où se trouve Luffy.

-Il est… en pleine santé dans un endroit tranquille.

En voyant ma mère faire une moue fâchée, je soupire et me lève pour la pousser dans le salon où se trouvent –ô bonheur– ma sœur, Nami et mon père.

-Maman, installe-toi confortablement.

-Mais… Sandy…

-Maman, installe-toi, on parlera après, j'intime férocement.

Du regard, je cherche Filou, qui semble avoir disparu du tapis.

-Filou, j'appelle du bas de l'escalier, au pied!

Un aboiement me répond et aussitôt le chien noir descend l'escalier, la queue battante et la langue pendante.

-Viens mon chien, on va leur montrer.

Précédant mon chien, je retourne dans le salon, armé d'un manteau piqué dans l'armoire de l'entrée.

-Maman, papa, Fanny, Nami j'aimerais d'abord que vous ne disiez rien durant les cinq prochaines minutes, je commence par dire en faisant démarrer le chronomètre de ma montre. C'est compris?

Devant mon air sérieux, ils répondent d'un même geste.

-Bien. Avant de commencer, est-ce que vous êtes bien installés? C'est important.

Je les vois vérifier puis me répondre positivement –que c'est beau l'obéissance.

-Parfait. Veuillez attendre un moment, je fais en me baissant pour enlever la collerette de mon chien. On peut commencer.

Je pose le manteau sur les épaules de Filou puis me tourne vers ma famille.

-Filou, tu veux bien montrer à ces trois personnes où se trouve Luffy, je dis en baissant les yeux vers mon chien, les mains sur les hanches.

Après un long moment, pendant lequel je sens un stress immense me submerger –tu vas te transformer oui?–, Filou se transforme en Luffy, faisant sursauter violemment les deux femmes de la famille, mon père haussant simplement les sourcils en laissant tomber sa pipe sur le tapis. Nami reste pétrifiée.

Par précaution, je ramasse la pipe de mon père et la pose dans le cendrier avant de retourner vers Luffy, qui enfile correctement le manteau.

-On peut continuer, je demande en me tournant vers les membres de ma famille.

Ma mère ouvre la bouche, puis la referme et hoche de la tête suivie par ma sœur. Mon père baisse ses sourcils, ferme les yeux, puis hoche de la tête. Nami cligne simplement des yeux.

Doucement, je fais glisser mon regard vers le brun, puis esquisse un sourire pour le prévenir. Il capte mon message et affiche également un sourire, mais, alors que j'allais l'embrasser, il se jette à mon cou et me roule un patin formidable qui me retourne complètement.

Sur le canapé, j'entends trois choses: un petit cri simultané –sûrement Fanny et Nami–, un bruit de chute –maman à coup sûr– et un grognement sourd –tiens, pourquoi mon père grogne?

Je détache mes lèvres de celles de Luffy et regarde ma famille. Nami a ouvert la bouche, ma sœur a porté ses mains devant sa bouche grande ouverte et a des yeux exorbités, et ma mère semble être tombée brutalement sur mon père lorsqu'elle s'est évanouie, fracassant les bijoux de famille de son mari sur le coup.

J'affiche le plus beau sourire de ma vie et retourne embrasser mon amant avec passion pendant la dernière minute qu'il me reste avant l'explosion vocale.

Ma montre sonne la fin du temps de calme plat et je pose Luffy sur le sol pour l'éteindre et m'installer sur un fauteuil, le brun sur mes genoux.

-Si vous avez des réclamations à faire, le bureau des pleurs est ouvert pendant dix minutes, je lance joyeusement alors que ma mère se réveille.

-Oooh, mon dieu! Sandy, pourquoi? Pourquoi tu me portes ce coup fatal? À moi, ta mère.

-C'est pour marquer le coup, je lâche sadiquement.

-Sandy, fait Fanny, c'est… c'est… c'est atroce. Tu es…

-Gay, oui, je finis à sa place en voyant que le mot n'arrive pas à sortir de sa gorge.

-Mais… depuis quand?

-Depuis… mmh… je ne dirais pas depuis toujours, mais depuis un peu moins d'un an.

-Et… et Filou est… Filou est Luffy depuis le début?

-Que depuis un an. Il a mangé un fruit étrange qui l'a rendu comme ça.

-Mais… c'est atroce. Tu… tu aimes ton chien!

-Non. J'aime l'humain qui est en lui. J'aime Luffy. Filou, c'est mon chien, et jamais je n'oserais le toucher avec d'arrière-pensées.

-C'est vrai, me demande Luffy en enserrant mon cou avec ses bras.

-Oui. Les trucs sexuels de malades ne m'attirent pas vraiment.

Tendrement, j'attire son visage vers le mien, mais ma mère se met à hurler de toutes ses forces, faisant sursauter Luffy qui s'accroche plus fort à mon cou, dévisageant la figure maternelle qui s'est levée.

-C'EST PAS VRAIIIIIIII, hurle-t-elle en pleurant. MON FILS EST GAY! C'EST LA HONTE DE LA FAMILLE. NOUS AVONS TOUJOURS ÉTÉ UNE FAMILLE RESPECTABLE ET PURE. ALORS POURQUOI? POURQUOI LES DIEUX NOUS PUNISSENT?

Une expression de stupeur intense sur le visage, je vois ma mère s'effondrer à genoux sur le sol et pleurer toutes les larmes de son corps. Jamais imaginé tous les scénarii, mais celui-ci est le plus flippant de tous.

-Ella, tu te rends compte que tu es ridicule, fait mon père en reprenant sa pipe pour l'allumer.

-RIDICULE, MOI? MAIS C'EST TOI QUI ES RIDICULE! TU NE TE RENDS PAS COMPTES QUE NOTRE NOM DE FAMILLE VA S'ÉTEINDRE COMME LA FLAMME D'UNE BOUGIE, ET PIRE ENCORE, QUE TON FILS EST GAY!

C'est bien la première fois que j'entends maman rejeter la faute sur papa.

Avec un calme prodigieux, mon père se lève, attrape les deux mains de maman et la soulève pour la secouer par les épaules.

-Ella, calme-toi! Je suis tout aussi choqué que toi, mais il ne faut pas dramatiser. Sandy est gay, et alors? Il ne va jamais avoir d'enfants? Et Fanny alors? Elle a donné naissance à trois enfants magnifiques. Tu as toujours rêvé de voir notre fils aux bras d'une superbe jeune fille, et ce depuis son enfance. Tu lui as rabâché cette histoire de mariage dès qu'il a été en âge d'avoir des relations sexuelles. Tu crois pas que c'est à cause de toi qu'il a choisi cette voie plutôt qu'une autre? Est-ce que tu as pensé une seule fois à demander son avis sur la question? Non, jamais!

Et c'est bien la première fois que je vois mon père rabattre le caquet de maman.

Lentement, ma mère tombe sur le canapé, la mine décousue.

-Tu… tu dis que… c'est à cause de moi qu'il… Oh, Kei, elle finit par dire en s'effondrant dans un coussin, les larmes aux yeux.

-Ella.

Doucement, je pousse Luffy de mes genoux et m'approche de ma mère.

-Maman, je dis doucement en lui touchant les épaules, c'est vrai qu'il y a une part de vérité dans ce que dit papa, mais c'est pas ta faute si j'aime les hommes.

-Sandy, c'est… c'est vrai ce que tu dis, me demande maman entre deux sanglots.

-Oui, je réponds en m'asseyant à ses côtés. Je crois que j'ai toujours été attiré par les hommes, mais je voulais tellement te faire plaisir quand j'étais jeune, que je me forçais à aimer les femmes. Mais malgré ça, à force de t'entendre parler mariage, j'en ai eu marre et j'ai commencé à courir les femmes, par nul autre plaisir que de t'énerver. Mais pourtant, quand j'ai découvert que Filou pouvait devenir un homme, j'ai accepté de l'éduquer, malgré le fait que je ne pouvais pas supporter la colocation avec un homme. Petit à petit, à force de côtoyer Luffy, avec sa tendresse et sa naïveté enfantine, …

-Hé, fait Luffy.

-… j'ai commencé à l'aimer. D'abord, j'ai rejeté cette idée, me référant à ton idéal, puis, au fur et à mesure que les jours passaient, j'ai laissé tomber cet idéal pour m'en forger un nouveau. Et puis un jour, mes sentiments ont explosé et j'ai décidé de faire face à la réalité plutôt que de la fuir continuellement en me cachant derrière une façade. Si j'ai décidé de vous l'avouer, c'est que c'est sérieux, et que jamais plus je n'oserais vous mentir de cette sorte. Et puis, j'aimais d'autant plus vous le dire plutôt que vous le découvriez par hasard, j'avoue en tournant mon regard vers Luffy, qui sourit joyeusement. Tout ce que je souhaite maintenant, c'est que vous m'offriez votre bénédiction. Vous pouvez me la donner dans deux mois, dans un an, mais j'aimerais beaucoup la recevoir, pour que je puisse vivre avec la conscience tranquille.

-Oh, Sandy!

Je l'enlace tendrement, pour la première fois depuis quatorze ans.


Bien bien bien. L'annonce est faite, mais que nous réserve le chapitre suivant? Retrouvons-nous samedi prochain pour le savoir.