Auteur: TiaKin

Genre: T

Tiré de la série: One Piece

Disclaimer: À part la mouette, rien ne vient de moi.


Quatre saisons

Automne, deuxième partie

Une fois réveillé, Zorro alla chercher une couverture dans le dortoir et monta en haut du mât, tandis que Sandy s'installait dans son hamac.

Les heures passèrent, et Zorro dut maintes fois s'empêcher de s'endormir en faisant le tour du bateau de toutes les façons possibles: sur les pieds, à reculons, sur les genoux, en rampant, sur les mains, à quatre pattes, sur les mains à reculons, … Bref, il s'amusait comme un petit fou.

Après avoir chipé dans le frigidaire une tranche de jambon, le sabreur retourna dans la vigie, où il trouva une drôle de surprise: Sandy pionçant paisiblement, couché en chien de fusil et les pieds à l'air. Zorro resta un moment figé sur son échelle de corde, puis reprit ses esprits et finit de monter.

-Hé, cuistot à la manque, qu'est-c'tu fous là, il demanda d'une voix assez forte.

Un petit ronflement lui répondit. Il soupira profondément et secoua un peu le blond, qui ne se réveilla pas.

-Ça sera pas ma faute si tu choppes la crève.

Le bretteur s'assit sur le sol de la vigie et posa son regard sur le reflet que la demi lune projetait sur la mer calme. De très longues minutes s'écoulèrent, silencieuse, et Sandy n'avait toujours pas bougé, ni Zorro d'ailleurs.

Lentement, ce dernier sentit la fatigue le reprendre et décida d'aller faire un tour pour ne pas s'endormir, bien décidé à prouver qu'il pouvait correctement monter la garde. Il se leva donc et entreprit de descendre l'échelle de corde pour atteindre le pont inférieur.

Il alla s'appuyer contre la balustrade de la poupe et attendit un long moment avant d'aller en direction de la proue… qu'il n'atteignit pas. Sandy, par il ne savait quel miracle, était descendu de la vigie et marchait à présent sur la rambarde du pont inférieur. Zorro sentit son sang couler plus rapidement dans ses veines et s'approcha du cuistot.

-Hé, descends de là!

Sandy, toujours endormi, s'arrêta de marcher et descendit sur le plancher.

-Tu devrais retourner dans le dortoir, conseilla Zorro en lui attrapant les épaules.

À ce contact, Sandy se retourna et s'accrocha au cou du bretteur, qui se figea complètement de frayeur. Une longue, très longue minute passa, et Zorro ne bougeait toujours pas, trop abasourdi par l'attitude du coq.

-Blondinet, lâche-moi!

L'ordre ne fut pas entendu, et Sandy poussa sur ses pieds, faisant basculer Zorro en arrière, qui ne put que poser ses mains sur le sol pour ne pas s'étaler trop brutalement. Il soutint un petit moment leur deux corps, puis posa doucement son dos sur les planches du pont et soupira bruyamment.

-Putain, pourquoi tu fais ça?

Un marmonnement indistinct s'éleva et Zorro remarqua que son équipier bougeait un peu. Profitant de cette aubaine, le sabreur secoua un peu le cuisinier, qui s'éveilla doucement.

-Gn'hein, fit Sandy en posant son regard dans celui de Zorro. Qu'est-ce que… WOAW, PUTAIN, s'exclama-t-il lorsqu'il reconnut les yeux bruns de son ennemi.

Le cuisinier se redressa prudemment et examina sa position: lui, couché sur Zorro, dans un rapprochement trop peu normal pour eux.

D'un coup de rein, il se leva et alla se frotter la tête contre le mât, espérant trouver un peu de fraîcheur.

-Putain, mais pourquoi ça recommence, il gémit et se tirant les cheveux.

-C'est pas la première fois, lança Zorro en s'asseyant.

-Mais je sais! Déjà sur cette île déserte.

-Parce que tu t'en souviens? T'étais pourtant raide endormi quand c'est arrivé.

-Mais non… j'étais bien réveillé quand… attends un peu! Tu veux dire que…

-Parce que toi c'est à un autre moment que ça s'est passé, coupa Zorro en se levant.

Sandy se frotta les tempes avec ses poings.

-Mais c'est totalement incompréhensible!

Zorro se frotta l'arrière de la tête avec une main, puis déclara:

-C'est arrivé deux fois sur l'île, et une fois sur le bateau.

-Je me fiche de savoir combien de fois nous nous sommes retrouvés comme ça! Tout ce que je veux savoir, c'est pourquoi, lâcha Sandy avec une petite vois.

-J'en sais rien moi. Pas la peine d'être agressif.

Ils restèrent encore silencieux un moment.

-C'est… c'est pas vraiment désagréable cette position, marmonna Zorro en contemplant les étoiles qui jouaient à cache-cache avec les nuages.

-Hein?

-Je… et puis pourquoi je te le dirais? Tu n'es pas mon confident!

-Ben heureusement, parce que je devrais pas passer beaucoup de temps à t'entendre parler, lança Sandy en s'allumant un cigarette.

Zorro grogna un coup, puis retourna en haut de son perchoir pour continuer tranquille sa nuit de veille. Sandy resta un bon moment debout au pied du mât, puis retourna dans le dortoir pour finir de dormir, ne voulant pas se lever trop tard pour préparer le petit-déjeuner de ses princesses.

OoO

Zorro s'était assoupi depuis un petit moment déjà quand Sandy émergea du dortoir pour aller dans la cuisine. Le cuisinier entendit les ronflements du bretteur, et décida d'aller lui foutre une raclée, juste pour le sport.

Il monta rapidement l'échelle de corde et lorsqu'il fut sur la vigie, il trouva Zorro, complètement étalé, une bouteille d'alcool à peine entamée dans la main. Une veine pulsa à la tempe du blond, qui envoya un magistral coup de pied dans le ventre de géant vert. Ce dernier se réveilla brutalement et sauta sur Sandy pour le plaquer au sol, la lame du troisième Kitestsu posée sur la gorge du cuistot.

Au-dessus d'eux, une mouette cria joyeusement, puis ils se séparèrent, un peu confus.

-C'est quoi cette manière de réveiller les gens, demanda furieusement Zorro.

-C'est quoi cette manière de sauter sur la personne qui te prépare à bouffer, fit Sandy en se massant la gorge.

-Un partout, pensa la mouette.

Les deux adversaires se jetèrent des regards pareils à des lasers, puis Sandy rompit le contact et descendit du perchoir.

L'oiseau moqueur poussa un cri strident et s'envola.

-Tête de maquereau a gagné, pensa-t-il en plongeant sur une sardine trop imprudente.

Manque de chance pour la mouette, un monstre marin pareil à un requin avait eu la même idée et l'engloutit en même temps que la sardine.

OoO

Quelques jours plus tard, le log était rechargé et le petit équipage put rejoindre la pleine mer, en direction pour de nouvelles aventures.

Pour ne pas tomber dans l'ennui, Pipo, Luffy, Chopper et Zorro entamèrent une partie de cartes sous les yeux amusés de Robin, alors que Nami faisait bronzette sur la proue et que Sandy préparait un nouveau thé aux herbes.

-J'ai deux rois, annonça Pipo en montrant fièrement ses cartes.

-Rien, firent Zorro et Chopper.

-

Tous se tournèrent vers leur capitaine, qui affichait un air qui se voulait sérieux et concentré.

-Luffy?

-Ça compte d'avoir cinq cartes de la même couleur, demanda le brun en levant les yeux de son jeu.

-Montre!

Luffy posa ses cartes sur le sol et Pipo afficha automatiquement une mine déconfite.

-

-Alors?

-Selon ce que j'ai pu lire, annonça Chopper, tu as une petite suite.

-C'est fort?

-C'est plus fort qu'une paire de roi.

-Ouais, s'exclama le capitaine au Chapeau de Paille en sautant en l'air. J'ai gagné!

Pipo fulminait et Zorro bailla.

Quelques parties plus tard, Pipo affichait une mine tout à fait réjouie devant son jeu.

-Suite royale, il annonça.

-Rien, fit Zorro.

-Une paire de trois, dit Chopper.

-

-LUFFY!

L'interpellé posa ses cartes et Pipo refit un bond dans la déprime.

-C'est pas possible, il a un cul pas possible, geignit l'artilleur en broyant du noir.

-J'ai encore gagné?

-Oui. T'as une quinte flush, la figure la plus forte du jeu, expliqua le médecin du bord en ramenant les cartes vers Zorro pour qu'il les distribue.

Le sabreur leva les yeux au ciel et se leva.

-J'arrête de jouer.

Et il se dirigea vers la poupe. Au moment où il disparaissait au coin, Sandy sortait de la cuisine, un plateau dans chaque main.

-Nami-chérie, Robin-chérie, voulez-vous quelques petites gâteries que j'ai spécialement préparées pour vous? À moins que vous ne désiriez goûter mon tout nouveau thé aux herbes, il lança avec des airs amoureux, sans se soucier de Pipo qui boudait au pied de l'escalier.

La scène qui suivit se passa très vite. Sandy trébucha contre le menteur et s'emmêla les pinceaux tant et si bien qu'il tomba en arrière après avoir essayé de reprendre appui sur le jeu de cartes qui traînait.

Mais, alors que le coq croyait qu'il allait perdre tout les mets qu'il avait concoctés, une main solide l'attrapa aux épaules et une autre rattrapa le plateau qui manquait de se renverser. Sandy garda un moment les yeux fermés, puis les rouvrit pour découvrir le visage de son sauveur.

-Ça va, fit l'escrimeur en le posant délicatement sur le sol.

-Que…

-J'ai cru à un moment que t'allais t'étaler dans tes sucreries, fit Zorro en déposant le plateau qu'il avait rattrapé à côté du blond, qui affichait toujours un air décontenancé.

Enfin, le coq reprit ses esprits et lança l'un de ses pieds en direction de la tête d'asperge.

-Mais ça va pas! Qu'est-c'qui te prend, s'exclama le bretteur en esquivant le coup.

-Pourquoi t'as fais ça, demanda le coq en se levant, un air furieux sur le visage.

-Hein?

-Pourquoi tu m'as sauvé?

-Tu nous répètes sans arrêt de ne pas gâcher la bouffe. T'aurais peut-être préféré que je te laisse écraser royalement les trucs que t'as fait?

-Peut-être ouais! Au moins je n'aurais pas été en contact avec toi!

Un féroce duel allait s'engager, mais une Nami agacée les assomma sans sommation.

-Vous avez pas bientôt fini de vous chamailler comme des gamins, elle demanda avec lassitude avant de retourner sur sa chaise longue.

OoO

La nuit était venue, et tout le monde dormait sur le Vogue Merry, sauf peut-être le cuisinier du bord, qui avait été soudainement pris d'insomnies.

Il souffla la dernière bouffée de fumée que pouvait lui offrir sa cigarette, puis lança cette dernière à la mer, pour finalement rejoindre le dortoir des garçons. Là-bas, il retrouva ses amis plongés dans un profond sommeil qui lui fit envie. Depuis quelques jours déjà, Sandy n'arrivait pas à dormir comme il le voulait.

Ses nuits étaient généralement peuplées de rêves débiles qui le réveillaient toujours trop tôt, tant et si bien qu'il n'avait plus envie de dormir, de peur de refaire ces rêves.

Un froissement de draps attira son attention et il tourna les yeux vers l'escrimeur qui dormait la bouche ouverte. Le blond secoua la tête puis se dirigea vers le canapé. Tout à coup, un grand choc le fit sursauter. Il se retourna et découvrit que Zorro était tombé de son hamac et qu'il se frottait la tête.

-Putain de merde, marmonna le sabreur en se relevant. Quelle merde ces hamacs! C'est la deuxième fois que je tombe aujourd'hui.

Incapable de se retenir, Sandy explosa de rire et s'écroula sur le canapé, les larmes aux yeux. L'air maussade, Zorro tourna son regard vers le cuistot et afficha son air le plus désagréable.

-Ça te fait rire, face de banane? T'es jamais tombé de ton hamac?

Sandy calma un peu son rire et dévisagea son coéquipier.

-Ça m'est arrivé une fois, il avoua en essuyant ses larmes.

-Alors te marre pas.

-C'était nerveux. … J'arrive pas à dormir.

Zorro eut un sourire moqueur.

-T'as fait un cauchemar, il demanda.

-C'est pas ton problème, lança le blond en s'installant plus confortablement sur le canapé.

-Alors m'en parle pas.

Le sabreur se retourna et se dirigea vers son hamac, quand un reniflement de Sandy l'arrêta. Il jeta un coup d'œil vers le coq et remarqua qu'il pleurait un peu, les yeux plongés dans le vague.

-T'as besoin de parler, il demanda en se tournant vers lui.

-Pas avec toi, lança hargneusement Sandy.

-Je suis pourtant le seul debout, remarqua Zorro.

Sandy renifla dédaigneusement et invita Zorro à s'installer sur le canapé après un long moment de réflexion. Le bretteur s'exécuta, mais le blond resta silencieux. Gêné, Zorro posa ses yeux sur Luffy qui marmonnait dans son sommeil, attendant que Sandy se décide à parler.

-Je… je fais des rêves étranges, lâcha enfin ce dernier.

-Mmh?

-Je… c'est débile mais… j'ai… peur de ces rêves.

-Pourquoi?

-Ben… je sais pas trop.

Zorro détourna ses yeux de la passionnante position de son capitaine pour les poser sur Sandy. Ce dernier tremblait. C'était la première fois qu'il le voyait trembler de cette façon, ou même qu'il le voyait trembler tout court.

Incapable d'agir, le sabreur resta figé un bon moment, puis, dans un élan désespéré de gentillesse et de compassion, il passa ses bras autour des épaules de Sandy. Le cuistot fut surpris de cette réaction et arrêta de respirer, le temps de s'habituer au contact inhabituel. Puis, lentement, il se laissa aller à la tiédeur que lui offraient ces bras musclés. Il ferma les yeux et posa sa tête contre l'épaule qu'il sentait contre lui.

Les deux partenaires restèrent un long moment comme ça, puis Sandy s'endormit, calmé. Zorro soupira et poussa le cuistot pour qu'il se couche, mais le corps de ce dernier eut une réaction soudaine: il poussa plus fort sur le corps de Zorro, qui tomba par terre, puis se laissa doucement tomber sur le sabreur, qui se retrouva bloqué sous le blond.

-Sandy, fais pas le con. Réveille-toi!

Rien à faire, Sandy n'allait plus se réveiller jusqu'à l'aube. Zorro soupira encore une fois et ferma les yeux pour réfléchir. Malheureusement pour lui, cet acte lui valut comme récompense de s'endormir aussitôt.

OoO

Lorsque Sandy se réveilla, il fut très surpris de se retrouver couché sur Zorro, qui dormait paisiblement. Sans faire le moindre bruit, il se leva prudemment, mais deux bras puissants le tirèrent à sa position d'origine.

Il se cogna le nez contre le torse de Zorro, mais la douleur s'estompa immédiatement lorsque Zorro murmura:

-Nan, reste un peu comme ça. C'est agréable.

Abasourdi, Sandy ne put baragouiner qu'une phrase totalement dénudée de sens, tandis que le sabreur s'éveillait doucement. Les bras autour du corps du cuisinier relâchèrent leur étreinte, mais Sandy ne put pas s'en aller pour autant, Zorro gardant ses mains posées dans le dos du coq.

-Gn'hein, lâcha enfin l'escrimeur en dévisageant Sandy. Qu'est-ce que… Ah! Oui, c'est vrai.

Il lâcha Sandy, qui se leva en vitesse pour sortir de la pièce par l'échelle.

-Mais qu'est-ce qui s'est passé hier soir, se demanda Sandy en entrant dans la cuisine. Qu'est-ce que j'ai fait pour me retrouver comme ça? Et puis pourquoi face de lézard trouve cette position agréable? C'est pas agréable du tout de se retrouver sous un mec. MAIS PUTAIN DE MERDE, QU'EST-CE QUI SE PASSE À LA FIN?

Se calmant, il enfila son tablier et entreprit de chercher des œufs dans le frigidaire.

-Hé!

Sandy sursauta violemment, maquant de faire tomber les œufs sur le sol dans son mouvement. Afin de ne pas faire d'autres conneries, il posa les œufs sur le plan de travail et jeta un regard méprisant à la tête d'algues qui se tenait sur le pas de la porte.

-Quoi?

-Faut qu'on parle.

-J'ai pas envie de discuter avec toi!

-Faudra bien si tu veux arrêter de te retrouver dans une telle position à l'avenir, lança l'escrimeur en s'asseyant sur une chaise.

Sandy hésita longuement entre foutre un coup de pied dans cette tête de melon une bonne fois pour toute ou se laisser convaincre de parler avec ce barbare sans cervelle. Soupirant à faire crever le cœur le plus insensible, il décida de laisser de côté ses différents avec le bretteur et s'assit.

-De quoi veux-tu qu'on parle, il demanda avec lassitude.

-T'es somnambule, lâcha Zorro.

-Hein?

-Tu marches en dormant.

Sandy rigola un bon coup.

-Et pourquoi pas t'embrasser tant qu'on y est? C'est la meilleure de l'année celle-là!

-Je rigole pas, fit Zorro avec un tel sérieux que Sandy s'arrêta de rire.

Sandy resta perplexe un instant, puis se leva pour commencer à préparer le petit-déjeuner.

-Ça te choque autant que ça?

-Je pensais m'être débarrassé de cette connerie, mais apparemment, c'est revenu, marmonna le cuistot en fouillant dans le frigidaire à la recherche du lard.

-Ça t'est déjà arrivé?

-Ouaip. J'étais gamin à l'époque. J'avais l'habitude de me lever la nuit pour aller éclater la gueule des cuisiniers qui me cherchaient pendant la journée. Zeff m'a enfermé trois mois dans la cuisine pour pas que je continue de martyriser les autres coqs.

Devant cette révélation, Zorro plongea dans ses pensées un court instant.

-Je vois mal Luffy t'obliger à dormir dans la cuisine, lâcha-t-il avec une pointe d'ironie.

Sandy fit un sourire.

-D'autant plus que la chambre de Nami et Robin chéries n'est pas loin, ajouta-t-il avec envie.

-Les pauvres, fit Zorro en se levant. J'aimerais pas être là quand tu débarqueras dans leur chambre au beau milieu de la nuit. Quel massacre ce serait.

À cette réflexion, Sandy attrapa une planche et l'envoya sur la tête de Zorro, obligeant ce dernier à se replier à l'extérieur s'il ne voulait pas mourir sous l'assaut de casseroles et de chaises qui voulaient sa mort.