Sephiroth – seize ans et demi (dix huit ans et demi)
Tseng avait l'air à la fois embêté et amusé.
-Il est doué ton gosse, tu sais ça?
-Oui, évidemment… mais tout de même…
Tout de même oui… Reno avait tout de même réussi un superbe coup d'état… d'établissement si j'osais dire. L'autorité des profs lui avait fort déplue et il était parvenu à monter les élèves contre leurs maîtres. En une demie journée à peine l'internat s'était retrouvé bloqué, les gosses en défendaient l'entrée, tout heureux de faire quelques chose d'aussi impressionnant. Les profs s'étaient retrouvé séquestrés et comme les cuisines et les reserves – fraîchement ravitaillées, la date n'avait pas été choisie au hasard – se trouvaient dans le bâtiment, bref, il y avait de quoi tenir un siège. Et les enfants étaient armés…
-Tu veux que je te dise? je l'admire, avouai-je en riant.
-Tu veux que je te dise? je m'inquiète pour lui… cette action va être réprimée, c'est certain, mais dans quelle mesure…? J'ai vraiment peur que ça se termine mal cette histoire…
-T'inquiètes, il va s'en sortir ton petit rouquin…
…Finalement je commençai à m'inquiéter à mon tour quand le général Heidegger proposa d'envoyer des soldats mater la rébellion…
-C'est insensé! on ne peut pas envoyer des hommes entraînés contre des enfants qui, pour la plupart, n'ont jamais touché à une arme de leur vie avant ceci! Les médias se sont déjà emparés de cette affaire avec délectation, vous voulez que tout Midgar s'indigne devant le carnage que vous proposez?
-Il marque un point, deux même, sourit Veld.
Heidegger se renfrogna. Je n'aurais même pas dû être présent à cette réunion. J'étais là seulement grâce à l'insistance de Hojo auprès de Veld. Parfois je me disais que le savant fou pouvait être un bon soutien… Je me laissais même aller à penser qu'il aimait chèrement ses spécimens. A sa façon, certes…
-Et vos Turks? demanda Heidegger. Ils ne pourraient pas faire quelque chose?
-Je ne vais tout de même pas envoyer nos meilleurs assassins, espions, hommes à tout faire… Je ne vais tout de même pas les envoyer au devant de la scène médiatique pour s'occuper de ces gosses… Trop risqué pour leur identité même s'ils sont très doués… l'ombre leur convient bien mieux…
Je sentais que tout cela n'allait mener à rien. Et surtout rien de bon…
Je serrai Tseng dans mes bras pour le réconforter.
-Veld a finalement dû céder… ils vont envoyer une petite escouade de soldats. Ils ont pour ordre de matter la rébellion sans trop d'effusions de sang… …Je suppose que les gosses se rendront dès qu'ils verront les uniformes de toutes façons… mmh?
-Je ne sais pas… honnêtement, je ne sais pas……J'ai peur pour Reno… …quel imbécile!
Je passai une main dans ses cheveux. Ils étaient doux… très doux… Tseng faisait de plus en plus attention à lui. …Déjà qu'il avait toujours été soigneux de sa personne…
-Reno est rusé comme un renard, il se laissera pas avoir si facilement. Hojo a l'air de tenir à lui, et quand Hojo tient à un de ses spécimens, la plupart du temps c'est pas pour rien…
-Mmh…
Il sourit tristement et me proposa une tasse de café. Il se réfugiait toujours dans la caféine quand il était inquiet… J'acceptai volontiers à condition qu'il me laisse m'en occuper. Trois cuillères, un sucre et un peu de lait pour lui. Cinq cuillères pour moi… …Je rajoutai un peu de crème. Ça ne lui ferait pas de mal…
Ça s'était passé assez vite finalement, et dans le bordel le plus total. Entre les soldats qui ne s'attendaient pas à se faire tirer dessus et qui avaient ouvert le feu par réflexe, les gosses qui avaient brutalement changé de camp par peur des représailles des adultes, allant jusqu'à attaquer ceux qui étaient restés dans le camp rebelle… …Quel massacre, mon dieu, quel massacre! Les leaders avaient été maîtrisés. Reno faisait partie du petit groupe. Hojo les attendait, prêt à les emmener directement dans son labo. Je donnai un coup de coude à Tseng. Ses yeux s'écarquillèrent d'horreur et il fonça sur Hojo. Je l'imitai.
-Pas Reno, pitié, pas Reno…! commença Tseng.
-Donnes-moi donc une raison valable, rétorqua Hojo.
-…Il m'appartient…, murmura Tseng. Tu te souviens tout de même de notre pari…
Hojo sourit malicieusement.
-Bien sûr… …Tu t'es attaché à lui on dirait…
Tseng détourna les yeux. Hojo s'amusait. A sa façon…
-Que vas-tu faire des autres gosses? demandai-je.
-Hum? ça ne te regarde pas…
Il posa ostensiblement son regard sur le groupe d'enfants.
-Merde…
Tseng se mit à chercher Reno du regard.
-…Connerie…!
…Il avait réussi à filer… Il était… réellement doué ce gosse… Je posai mes mains sur les épaules de Tseng pour le calmer un peu.
-Il ne doit pas être loin… on va le retrouver… faut pas t'en faire… Au pire il reviendra de lui-même…
Cette fois ce n'étaient ni des mots, ni de la tendresse, ni une tasse de café qui suffiraient à calmer Tseng…
Le temps passa et Reno ne revint pas. Tseng le cherchait partout au moindre moment de libre, il avait même mis ses collègues sur le coup… Et l'inquiétude le rongeait corps et âme. Voir ça m'insupportait… On ne se voyait presque plus, on se croisait à peine… Le temps que je ne prenais plus avec lui je le passai à Midgar, me baladant à droite et à gauche au hasard des rues.
C'est ainsi que mes pas m'ont un jour ramené à Asgard. Le petit royaume de Fenrir. Pour une raison ou une autre, j'entrai dans le bar, notant qu'il s'était quelque peu agrandit. De nouvelles pièces faisaient office de sex-shop…
-Tiens donc, ça faisait longtemps, «Vincent»… …ou plutôt «Sephiroth», n'est-ce pas?
Je me tournai vers Fenrir, un peu gêné.
-Désolé d'avoir découvert ta véritable identité, s'excusa-t-il faussement, plus amusé qu'autre chose.
-Hum, ce n'est rien, ce n'est pas comme si j'étais une célébrité devant se cacher pour entrer dans un sex-shop…
-Hahaha, qui sait si un jour tu ne seras pas célèbre!
…Toujours aussi bon vivant ce type…
-Dis-moi, est-ce que les ragots circulent bien ici?
-Assez, oui, tu es dans un bar, l'ami…
-Je cherche un gosse… il a le physique d'un jeune adolescent, les cheveux roux écarlate, et deux courbes rouges tatouées de chaque côté des yeux…
-Hum… et qu'est-ce que tu lui veux…?
-C'est le… hem… disons «fils» d'un ami qui est en train de dépérir d'inquiétude pour son gosse… C'est vraiment triste à voir alors j'aimerais l'aider à aller mieux en retrouvant le gosse…
-Hum, je vois… Et c'est quoi le nom du gosse?
-Reno. Reno Sabbiarossi…
-Unhun… Si je le chope je lui dirai que son «pôpa» l'attend… Je pourrais même le ramener à la Shin-Ra si tu peux le récupérer…
-Ce serait sympa, oui. Une fois à la Shin-Ra il saurait se diriger de toutes façons…
Fenrir hocha la tête.
-Dis-moi, poser pour quelques clichés…
Je me sentis rougir un peu.
-…Rapidement alors…
-Tu n'as pas idée du bonheur que c'est pour un esthète comme moi…
Je le suivis dans la salle faisant office de «studio photo». C'était un peu dur d'appeler ça ainsi… Je retirai le haut et commençai à poser. Je consenti même à baisser très légèrement mon pantalon et mon boxer pour que Fenrir puisse photographier mes crètes illiaques. Il avait vraiment l'air d'y tenir…
-…Les hanches sont un des plus beaux endroits du corps… qu'elles soient féminines ou masculines… c'est différent mais tout aussi beau…
-…C'est vrai…, approuvai-je distraitement.
Il m'autorisa à me rhabiller et me montra quelques photos en noir et blanc pour la plupart.
-Ce sont des clichés d'un de mes ex-employés, un gosse du nom de Frey…
Il ressemblait fort à Reno…
-Frey…?
-Hum. J'avoue lui avoir donné ce nom… …son contrat est arrivé à terme aujourd'hui et il est repartit… Je crois qu'il voulait passer chez son grand-père avant de retourner chez son père…
-Ce gosse, c'est Reno…
Il acquiesça d'un regard, l'air vaguement désolé de m'avoir menti de la sorte.
-Merde, son grand-père… par Hojo tout de même…
-…Et là il va partir en courant…, murmura Fenrir pour lui-même d'un air fataliste. Heureusement que j'avais prévu cette réac…
Je n'entendis pas la fin de la phrase. J'étais trop loin, courant à en perdre haleine en direction du complexe Shin-Ra.
NdVixen: alors, Asgard? c'était pourtant facile, non? …décidément j'adore Fenrir. Enfin, R&R, please
