Sephiroth – dix-sept ans (vingt ans et demi)

Je me souvenais… Je me souvenais des mots que j'avais dit à Tseng un jour, quand nous étions plus jeunes…

«un jour j'irai à la guerre, tu sais? A Utai, là-bas… Et je tuerai des tas d'iuta comme toi!»

«retires ça!»

Je le défiai du regard, bien décidé à ne pas retirer ça… Il me sauta dessus et on commença à se battre. Il était comme possédé, frappant avec l'énergie du désespoir dû à ce racisme dont nous ne connaissions même pas l'origine.

«oses redire ça encore une fois et je n'aurai aucune hésitation pour te tuer!»

«calmes-toi, Se…»

I fut assez long à se calmer et j'en fis les frais ce coup-là…

…Les utaiens ne ressemblaient pas à Tseng. J'en avais décidé ainsi. Si je n'avais pas fait cela, j'aurais peut-être eu du mal à me battre vraiment… …Je ne savais plus me battre contre Tseng, et ce coup-ci, je devais me battre pour tuer…

-Général, on a fait des prisonniers…

-Très bien, vous savez ce que vous avez à faire…

Nous venions de prendre un camp utaien. Le combat avait été rude mais j'avais réussi à limiter nos pertes au maximum…

-Visiblement ils gardaient quelque chose de précieux ici, me fit remarquer mon lieutenant.

-Hum…?

J'avisai le petit bâtiment qu'il m'indiquai. On avait accroché des origamis autour pour indiquer que l'endroit était sacré…

-Tu sais ce qui s'y trouve?

-J'ai vaguement entendu parler d'un sabre légendaire…

Je haussai un sourcil. Sabre? Voilà qui attisait fort mon intérêt…

-J'aimerais voir ça de plus près, tiens…

-Bien… cet endroit n'est pas sacré pour nous…

J'affichai un léger rictus et m'avançai vers le bâtiment.

-IIE! SONO TATEMONO NI HAIRU NO WA IKEMASEEEN!

Je tournai un regard interrogateur vers l'utaien qui venait de parler. Le soldat qui le tenait captif lui donna un coup pour le faire taire.

-Qu'a-t-il dit? demanda mon lieutenant.

-Je ne sais pas trop… …qu'il est interdit d'entrer dans ce bâtiment…

…En m'en approchant je ressentais quelque chose de puissant venant de l'intérieur. Quelque chose de terrible…

«Ton destin t'attend là… il n'attend que toi…»

«Oh, vraiment?» répondis-je mentalement, amusé.

-Peu m'importe cet interdit, je veux entrer là-dedans…

-Vos désirs sont des ordres, mon général…

L'utaien qui avait parlé se mit à rire de façons sininstre – ce qui lui valu un nouveau coup, plus fort que le précédent.

-Dekimasen…

-Il dit qu'on ne peut pas, traduisis-je. Moi je suis sûr qu'il y a moyen d'entrer… lieutenant…

Il exécuta un rapide garde à vous et ordonna à quelques soldat d'aller ouvrir la porte du petit sanctuaire. Cinq minutes plus tard ils s'acharnaient encore sur la poignée. Agacé je décidai d'aller ouvrir cette porte moi-même. Elle céda sans la moindre résistance.

-Hé bien! c'est pourtant pas compliqué d'ouvrir une porte?

-Mais… Général… elle ne voulait vraiment pas s'ouvrir…!

Je haussai un sourcil interrogateur. …Vraiment?

-Hum, peu importe… c'est ouvert à présent…

-Vous voulez vraiment entrer là-dedans…?

Ils étaient mal à l'aise… sans doute à cause de cette sorte d'aura qui émanait, plus forte que jamais…

-Bien sûr.

Et j'entrai. Il y avait un petit escalier descendant dans les ténèbres. J'avançai tranquillement. Après tout, le noir m'était quelque chose d'inconnu depuis toujours en raison de mes yeux Makô… Un petit couloir et au bout, posée comme sur un autel, une lame magnifique. Froide. Refletant la lueur de mon regard…

«Il est superbe, n'est-ce pas?»

«Il? tu veux dire elle?»

«C'est un sabre, non?»

«C'est surtout une lame…»

«Tu t'attardes sur des futilités…»

«Pas le moins du monde! C'est une lame à la beauté féminine…»

«C'est aussi un symbole phallique, non?»

«Quoi? je refuse!»

«Hahaha, si tu veux… Admettons que ce soit une fille, quel est son nom?»

Bonne question. Je m'approchai et caressai doucement le manche.

-Masamune… l'essence de la justice…, murmurai-je. Le sabre légendaire…

«Tu vois! tu as dis «le»!»

«Bien, c'est UN sabre, mais UNE lame! le corps est masculin et l'âme est féminine!»

«Tu joues avec les mots…»

«Et alors…?»

«…Tu m'amuses… je suis fière de toi…»

«Je sais…»

Je continuai à caresser le manche. J'avais l'impression de le sentir frémir, palpiter sous mes doigts gantés.

-Bien… Je dois d'abord m'occuper de la nouvelle organisation du camp…, murmurai-je pour moi-même. …Tu ne resteras pas seule en mon absence, je veux qu'on veille sur toi jusqu'à mon retour…

Je la quittai à regret et ordonnai à un soldat de rester en faction devant Masamune, lui faisant jurer de ne jamais, jamais au grand jamais… la toucher.

-Hum. …Général…?

-Lieutenant?

-C'est à propos du soldat que vous avez laissé de garde dans le sanctuaire…

Il avait l'air embêté.

-…J'ai dû le faire relever. Il était terrifié, il disait que le sabre lui avait ordonné de partir, qu'il avait fait d'atroces cauchemars baignés de sang et de mort…

-Oh… intéressant…

-…Nous devrions peut-être refermer ce sanctuaire… il met tout le monde mal à l'aise. Un des prisonniers à lâché que le sabre rendait fou ceux qui l'approchaient ou pire… tentaient de s'en emparer… Visiblement, c'était pour protéger les hommes de la folie qu'il avait été enfermé…

-Bien. C'est assez d'idioties, je prendrai la relève du prochain soldat et on verra ce qu'il adviendra de ma santé mentale!

-Mais, Général… c'est vraiment prudent…?

-Je ne crois pas à ces histoires de bonnes femmes, et… suffit. Rompez.

«…Et j'ai besoin d'elle comme elle besoin de moi…» …Il ne peuvent pas comprendre…

Déchireureuse. Lame déchireuse d'âmes… toujours furieuse.

Sanglante. Lame sanglante… toujours assoifée.

Elle a besoin de plus, toujours plus de sang… Toujours furieuse. Haineuse. Toujours assoifée. …Elle a besoin de plus, toujours plus de sang…

J'essayai de revenir à la réalité et regardai la lame.

-Je deviens fou…, murmurai-je.

Elle brillait dans les ténèbres, reflétant un rayon de lune passant par un soupirail.

-…Je ferais peut-être mieux d'aller me coucher…

«Tu me laisserais toute seule comme ça?» dit une voix dans ma tête.

Aussi douce que tranchante. Je me levai, fixant la lame avec fascination.

-Masamune?

«Oui» répondit-elle.

Je me fichait bien de la folie de cette situation – moi, parlant à un sabre.

-Que veux-tu…?

«Toi. C'est toi que je veux»

-J'en suis flatté…

«Hum… Cela fait longtemps que j'attendais quelqu'un comme toi… quelqu'un qui pourrait me manier avec superbe et me repaitre du sang que j'espère… Tu as peu de pitié, tu as un démon en toi… et il ne demande qu'à exprimer sa fureur… Laisses-moi être l'instrument de ta haine…»

-Bien sûr… …Tu es si belle…

«Je sais…»

Sa voix semblait amusée…

«Retires tes gants et prends moi dans tes mains, je veux savoir à quel point tu es digne de moi…»

Je m'exécutai, comme hypnotisé. Au contact de ma chair contre le manche je sentis quelque chose passer. Masamune me semblait légère… …Je commençai à la mouvoir, tranchant l'air sans la moindre pitié…

-Je te promet de te donner ce que tu veux… Tu ne regretteras pas ton choix…

Même mes hommes me craignaient. L'acier impitoyable de Masamune suffisait à les terroriser. Je savais aussi qu'ils ne pouvaient nier une certaine admiration pour moi… Personne ne maniait les lames d'une telle main de maître, personne, et me voir à l'œuvre avec Masamune était un spectacle d'une beauté à la fois glaciale et brûlante. Froide comme le marbre noble, chaude comme le sang bouillonnant…

J'achevai l'homme gisant à mes pieds. Le combat n'avait pas été long… Mon regard fut attiré par la chaîne argentée autour du cou de ma victime. Je me penchai sur lui pour la récupérer. Un pendentif y était attaché. Un sorte de serpent ailé… mythril… La membrane des ailes et certaines écailles étaient colorées d'émaux translucides, violets, verts et bleus… …Non, pas des émaux…

«Léviathan…» me souffla Masamune.

Divinité protectrice d'Utai, n'est-ce pas…?

«En effet…»

Je souris et glissai la chaîne dans une de mes poches…

NdVixen: («l'essence de la justice» c'est ma petite traduction littérale des kanjis de Masamune°) Oh mais que Seph va-t-il faire de ce pendantif? que va-t-il se passer? quel suspens chers lecteurs (lectrices) quel suspens! so R&R for the next! (va falloir que je me remette au boulot! encore 2 chaps à écrire et j'ai terminé!)