DILEMME

Pour le moment, simple OS mais qui sait, peut-être que c'est le début d'une histoire beaucoup plus longue... On commence en tout cas par une petite introspection made in Miss Thrace.

Spoiler jusqu'à épisode 2x16 Sacrifice et plus par la suite.

POV Kara

Rien à moi, comme d'hab... (bouuuuh !)

Edit : En fait, j'ai changé d'avis. Je vais faire une fic, une vraie. Alors bonne lecture !


Pourquoi la vie est-elle toujours aussi compliquée ?

Pourquoi faut-il toujours que ce genre de choses n'arrive qu'à moi ?

La jalousie. L'amour. La haine. Des sentiments que j'ai cherché à oublier, au maximum. Le plus souvent dans l'alcool. Ne plus penser. Ne plus rien sentir. Ne plus jamais être blessée. Voilà les buts que je m'étais fixés.

Mais la guerre a commencé, balayant au passage toutes mes belles résolutions. Chaque jour est une épreuve de survie. Se battre contre ses putains de grille-pain. Suivre ses relâches les décisions prises au sein du gouvernement. Ne jamais craquer. Ne jamais se laisser dépasser par ses émotions. Toujours tout contrôler.

Le plus dur est de trouver une raison valable de survivre. Je sais qu'aucun de nous ne verra la Terre. Nous nous battons pour une chose que nous n'aurons jamais : la paix. La liberté de vivre en toute sécurité. Personnellement, je n'ai aucune raison de me battre. Seulement celle de préserver ma petite vie insignifiante. Je n'ai pas l'envie suprême de jouer les héros de la civilisation. Sauveur de l'humanité, très peu pour moi…

Pourtant, depuis l'attaque, chaque matin, je me lève pour sauver le monde humain. C'est ma mission. Mon boulot. La seule chose pour laquelle je suis douée. Piloter un viper et descendre les cylons, voilà ce qu'est ma vie.

Et puis, il y a Lee Adama. Mon cher confrère Apollo. Celui qui aime me rappeler qu'il est mon ami, qu'il sera toujours là pour moi. Si j'ai besoin de parler, il se dit prêt à m'écouter… foutaise ! Je ne suis pas plus douée en amitié qu'en amour. Dès que quelqu'un s'attache à moi, il est en danger. Je suis une malédiction. Je devrai penser à me le faire tatouer sur le front : « attention, spécimen qui peut foutre votre vie en l'air en moins de deux minutes ».

Dieux !... Je lui ai tiré dessus. Sans le vouloir, certes, mais je l'ai fait. S'il meurt, ce sera que ma faute. Une fois de plus… A croire que je suis une véritable plaie pour la famille Adama. Je ne mérite aucunement leur confiance. Pourquoi cherchent-ils à faire de moi l'un des leurs si je les frappe dans le dos dès qu'ils se retournent ?

J'ai peur. Cela ne m'arrive que très rarement. Mais j'ai peur qu'il meurt. Je ne veux pas qu'il disparaisse. J'ai déjà perdu trop de gens pour le laisser partir. S'il pouvait seulement le savoir. J'ai été si odieuse avec lui. Je l'ai traité comme un moins que rien, comme l'un de ses mecs que l'on prend et que l'on jette à sa guise. Je l'ai trahi de la pire façon qu'il soit : j'ai joué avec ses sentiments.

Sur Caprica, j'ai cru pouvoir tomber amoureuse à nouveau. Anders était le candidat parfait. Le seul homme qui réussissait à faire de moi une femme. Une vraie femme. Celle que je ne suis plus depuis bien longtemps. Il était doux et attentionné. Il devait être amoureux. Mais c'est en pensant à lui que j'ai blessé Lee. En pensant à lui que j'ai embrassé mon ami, que je me suis littéralement jetée sur lui pour une simple pulsion sexuelle. Je pensais à Anders, mais c'est avec Lee qui j'ai failli coucher. Lui et moi. Pas Samuel.

Je sais très bien qu'il ne faut jamais mélanger le travail et l'amour. Et encore plus en période de guerre. Un ami trahi peut devenir du jour au lendemain un ennemi redoutable. Tout cela, je le sais. Mais de le voir si vulnérable, si fragile, sur ce maudit brancard… par ma faute… J'ai la sensation d'être mauvaise. Terriblement mauvaise. Pire qu'un foutu grille-pain !

Il doit m'en vouloir. Même s'il prétend le contraire, j'en suis persuadée. Apollo n'est pas du genre à laisser paraître ses sentiments quand il sait qu'il pourrait blesser quelqu'un. Mais il n'a pas peur. Alors que je me cache pour fuir ce que j'ai peur de comprendre, il vit, tout simplement. Il sait qu'à chaque instant, il peut mourir. Alors même si cela lui coûte, parfois, il sait laisser parler son cœur.

Je l'ai longtemps considéré comme le frère de Zak. Mais tout a changé. Je pensais que Samuel était ma seule raison de vivre. Mais tout a changé…Quand j'ai aperçu Dee qui le veillait, je l'ai su. Tous ces événements ne sont pas arrivés par hasard. Nos disputes, nos prises de bec, ses crises de jalousie, ainsi que les miennes, nos fous rires, nos pleurs et nos larmes. Si je me suis jetée sur lui, ce n'était pas simplement parce que j'avais envie d'un bon coup. N'importe lequel des hommes de la flotte aurait pu faire l'affaire. Non, je voulais à nouveau ressentir que j'étais une femme. Une femme que l'on peut aimer. Et je savais que seul Lee pouvait m'apporter ça. J'avais besoin d'être aimée. Ça ne pouvait être que lui. Lee Adama.

Pourquoi faut-il qu'on se comporte injustement avec ceux qu'on aime ? Il va mourir sans me laisser le temps de m'excuser. M'excuser d'avoir été ignoble avec lui. M'excuser de m'être servi de lui. M'excuser de ne pas avoir été l'amie exemplaire qu'il méritait. M'excuser de n'avoir pas compris plus tôt.

M'excuser de ne pas avoir compris que je l'aimais. Car c'est bien cela dont il est question. Je suis foutrement et désespérément amoureuse de lui. Si ce n'est pas navrant comme situation…

Il ne reste plus qu'à prier désormais. Demander à mes charmants seigneurs de Kobol de veiller sur lui. De le sauver. De me punir à sa place. Bien que l'amour soit déjà l'un des plus grands châtiments au monde. Faire souffrir les âmes humaines. Voilà comment les cylons nous auront. S'ils creusent un peu, ils finiront par trouver notre faille.

Si ce n'est pas pathétique… Moi. Kara Thrace. Capitaine de mon état. Pilote de vipers au bord du Galactica. Je sais aujourd'hui qu'ils pourront nous anéantir. Même si je suis déjà en train de mourir à petit feu à chaque seconde qu'il s'éloigne de moi… Reste Lee. La guerre n'est pas finie. J'ai plus que jamais besoin de toi.

xoxoxoxoxoxoxoxox

Je le regarde dormir. Paisiblement. Trois heures que j'attendais de pouvoir venir le voir. Et Dee qui n'en finissait pas. Il était avec elle sur le Cloud Nine. Je le sais. Mais ça n'a pas vraiment d'importance. D'ici deux heures, je serais envoyé sur le Pégasus. L'amiral Adama vient de me l'annoncer. Le commander Garner a besoin d'un CAG expérimenté, alors il a pensé à moi. D'une certaine manière, je crois qu'il cherche aussi à m'éloigner. J'ai tiré sur son fils.

Je caresse doucement le front de mon ami. Il est pâle mais son état est stable. Il s'en sortira. Et alors que je l'observe tendrement, je sens mes yeux me piquer. Ah non, je ne vais tout de même pas me mettre à chialer ! Je n'en ai pas le droit. Le torse de Lee se lève lentement, au fur et à mesure des ses respirations. Parfois, il se réveille, mais je n'ai pas encore eu ce privilège. Je pose ma main près de la sienne, je l'effleure délicatement. J'aimerai tellement qu'il se réveille.

Au même moment, je sens sa main se oser sur la mienne. Nos doigts s'entremêlent maladroitement. Il n'est pas conscient de ce qu'il fait. Il doit penser qu'une fois de plus, c'est Dualla qui est à son chevet.

« Dee… »

Ses yeux restent clos, il murmure quelques mots incompréhensibles dans le vide. Je me sens de plus en plus mal à l'aise. Il faut que je sorte. Que je quitte cette pièce. Au plus vite.

Je me lève et me dirige vers la sortie. Je ne dois pas me retourner vers lui. J'aperçois le Docteur Cottle qui vient dans ma direction. Son éternel cigare au bec. Voilà ce dont j'ai besoin… Alors qu'il s'approche de moi, je lui pique son mégot à la hâte.

« Je vous l'emprunte doc !

- Est-il réveillé ?

- Il dort comme un bébé.

- Très bien ».

D'un geste vif, il s'empare de son bien et me toise gentiment en continuant son chemin. Je sors précipitamment de la pièce. J'ai besoin de changer d'air. Tout de suite.

xoxoxoxoxoxoxoxoxox

« Tu crois que c'est pour te punir qu'il a fait ça ?

- Non. Il a peut-être envie que je m'éloigne de lui. Je suis une menace.

Tandis que Helo me parle, je me concentre sur mes poings. Frapper. Encore et encore. Voilà quelque chose qui me fait le plus grand bien.

- Tu vas me manquer.

- Je ne vais pas me faire bouffer par un grille-pain, t'inquiètes pas.

- J'ai peur de ne pas être à la hauteur. Pour Sharon…

Il laisse volontairement sa phrase en suspens. Je sais ce qu'il attend, que je le rassure.

- Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Que ton joli bébé toaster va naître sans encombres et que toi et Sharon allez avoir une putain de belle vie après ça ? Tu rêves mon pauvre Karl.

- Sois polie Kara. Tu n'as pas à parler d'elle comme ça.

- C'est une machine Helo. Je sais ce que tu ressens, j'étais plus qu'attachée à Sharon. Mais elle n'existe pas. Elle est peut-être sympa avec nous mais dès que son môme sera là, qui sait ce qu'elle fera !

- Je l'aime. Je croyais que tu avais au moins compris ça.

Il s'éloigne de moi. Je l'ai blessé. Encore un. Je me lève pour le rattraper mais lorsque je pose ma main sur son bras, il s'écarte.

- ça va Kara, fous-moi la paix tu veux ! »

Décidément, en ce moment, je foire tout. Ce n'est pas sur le Pégasus que je devrais partir, ils devraient me laisser moisir au fond d'une cellule. Seule. Là, au moins, je ne blesserai plus personne.

A suivre...