Bon, voilà la suite. Les dialogues directement puisés dans la série seront en gras.
Je n'en peux plus, je n'en peux plus, je n'en peux plus. Il commence sérieusement à me faire chier ce Garner. Il ne peut pas me voir, d'accord, mais qu'il donne des ordres à mes pilotes dans mon dos, jamais de la vie. C'est un pauvre type qui ne s'entend bien qu'avec ses machines. Et bien qu'il y reste ! Adama a vraiment fait une connerie sur ce coup-là, le commandant Garner n'a pas l'étoffe d'un leader. Je ne remets nullement ces compétences de mécanos en doute mais là… ça devient l'enfer avec lui.
Même pas une semaine que je suis là et déjà, je suis à bout. Mais il n'est pas question de lâcher le morceau, il n'est pas encore né celui qui me dira quoi penser. Adama lui-même n'a jamais su contrôler mon pauvre cerveau de tarée. Moi-même, je ne sais pas si j'y arrive.
Ce matin, j'ai appris que Lee était sur pieds, qu'il avait quitté l'infirmerie du Galactica depuis plusieurs jours. Il est en permission prolongée. Il a même été promu au rang de Major. La belle affaire ! Il ne volera pas avant un bon bout de temps. J'imagine qu'il ne doit pas s'ennuyer avec sa petite Dee, ils ont du temps à rattraper ces deux-là… ça m'écoeure rien que d'y penser ! Personnellement, je trouve qu'Anastasia s'est remise bien vite de la mort de Billy. Je ne le connaissais pas, c'est vrai. Mais le peu de fois où je l'ai rencontré, il m'a paru sympathique. Un gentil petit gars quoi !
« Vous avez l'air fatiguée chef…
Je me retourne et vois le capitaine Case qui me fixe. Depuis que je suis arrivée ici, elle est pratiquement la seule à s'être montrée aimable avec moi. Solidarité féminine j'imagine. Je repose discrètement la bouteille que je tiens à la main, histoire de ne pas aggraver mon cas.
- Vous avez besoin de vous reposer.
- Non merci, ça ira. Il en faut plus pour me tuer, croyez-moi.
- Garner ne vous aime pas beaucoup.
- Merci, je ne m'en étais pas aperçue !
- Vous êtes notre chef d'escadron et vous êtes une femme.
- Et alors ?
- Je veux dire qu'il n'apprécie pas vos manières. Comme ceci par exemple.
Elle me désigne du coin de l'œil ma bouteille, à moitié vide.
- Ce n'est pas un crime !
- Faites attention… c'est tout ce que je peux vous dire.
- Une menace ?
- Non. Un conseil »
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Lee sera à bord d'ici quelques minutes. Je n'en reviens pas. Personne ne m'a prévenu. Je dois écouter les bruits de couloir pour savoir ce qui se passe sur la Bête. C'est ridicule. Pourquoi vient-il ici ? Ah mais non, suis-je bête, Garner n'arrive plus à me supporter, il vient clarifier la situation. Jouer les gentils garçons pacifistes. Encore une idée d'Adama je parie.
Ça y est, je le vois. Il vient tout juste de passer devant moi. Il ne m'a pas vue. Aussitôt, j'accélère le pas. Nous ne nous sommes pas parlé depuis… depuis que je lui ai tiré dessus. Tout d'un coup, j'ai peur. Comment dois-je me comporter ? Dois-je arriver derrière lui et lui donner une bonne tape virile en souvenir de notre amitié ? Ou dois-je lui présenter mes excuses et attendre patiemment qu'il m'en colle une ? Plus le temps d'hésiter, il va bientôt voir Garner, si je veux lui donner ma version des faits, je n'ai plus le choix.
« Bienvenu à bord Major.
Il se retourne vers moi mais n'arrête malheureusement pas sa course. Je suis obligée de le suivre.
- Je ne m'attendais pas à un comité d'accueil.
- Arrête de te la péter, j'étais dans le coin.
Nous sommes dans le CIC du Pégasus. Je n'ai pas eu le temps de lui parler. Garner le salue, Lee en fait de même. Que de cérémonies pour deux hommes qui ne se connaissent même pas !
- Content de vous voir Major. Mais nous aurions pu tomber sur un meilleur moment. On a perdu contact avec deux Raptors en mission d'entraînement.
- Quoi ? C'est arrivé quand ?
Alors comme ça, je perds des hommes et personne ne m'en informe !
- Capitaine Thrace. Si vous aviez été sur le pont d'envol à surveiller vos Raptors, comme tout bon officier instructeur l'aurait fait, vous sauriez que quatre de nos pilotes ont disparu »
Aussitôt dit, il fait un petit signe de tête à Lee. Ils doivent discuter, entre hommes. Ils se mettent à parler à voix basses, de façon à me tenir à l'écart. Très bien, si c'est ce qu'ils veulent…
Sans tarder, je me rends aux vestiaires. Là dedans, ça grouille de partout. Des dizaines de pilotes, en train de se refaire une petite beauté. Tout le monde semble au courant de la disparition des Raptors. Et moi, je ne l'ai appris que parce que le commandant vient tout juste de me balancer ça au visage. Un pilote s'approche de moi et m'informe bien gentiment qu'ils ont reçu consigne de ne pas parler des problèmes de vol avec des personnes extérieures au Pégasus. Alors voilà ce que je suis : une pauvre fille qui a été catapultée ici mais qui ne sera jamais inscrite dans l'historique de ce vaisseau. Encore une idée de Garner je parie : « A peine compétent et parano. Sacrée combinaison »
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Plus de temps à perdre, j'ai quatre pilotes à retrouver. Les recherches commencent mais il aut avouer que les pistes sont minces. Lee a fait une petite entrée remarquée tout à l'heure, nous rappelant gentiment que nous étions là pour faire notre putain de boulot, un point c'est tout. Je le sens tendu. Il évite tous mes regards. Il m'en veut, j'en suis sûre. Mais il n'avouera rien. Je le connais, il préfèrerai garder tout pour lui plutôt que dire que quelque chose ne va pas.
Je relis les rapports. Rien, rien, absolument rien. Et puis, il y a ces mots : « …vons… détresse… » Buster a peut-être reçu un appel de détresse, ce qui expliquerait pourquoi ils ne sont pas rentrés. Pourquoi ils ont sauté. C'est peut-être un piège… les cylons… Dieux ! Mais bien sûr ! Ils sont tombés dans un piège. Il faut absolument que je trouve Lee. Lui seul pourra en parler avec cette tête de mule de Garner.
« Commandant, le capitaine Thrace a une théorie sur les Raptors manquants.
- C'est bien, étant donné que c'est elle qui les a perdus.
Vas-y le vieux, rajoutes-en une couche, histoire que tout le monde comprenne bien que c'est de ma faute si tout foire sur ton vaisseau !
- Ils étaient bien sortis pour l'une de vos prétendues missions de formation ?
- Mes ''prétendues'' missions de formation ?
- Quand vous ne picolez pas ou que vous ne suscitez pas de mutinerie.
Là, s'il commence à me chercher, il va finir par me trouver. Lee tente de calmer le jeu. Mais Garner ne semble pas réceptif.
- Commandant, on devrait peut-être en parler en privé.
- Vous pensez que j'ignore ce qui se passe sur ce vaisseau ? A peine compétent ? Et parano ?
Et en plus, les gars s'amusent à tout répéter. On se croirait à l'école maternelle, c'est pitoyable.
- C'était une conversation privée monsieur… Je me défoulais. Et j'avais raison.
Garner hausse le ton.
- Je vous ferais passer en cours martiale.
- Commandant, je ne défends pas le comportement du capitaine Thrace…
- Merci Major.
- Capitaine, vous êtes consignés dans vos quartiers. En attendant que vous retourniez sur le Galactica. Vous êtes le toutou d'Adama, qu'il se débrouille avec vous »
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Espèce de… me consignez, comme un vulgaire gamin. Le tout devant Lee ! J'aurai tout vu. Dix minutes que j'enchaîne les séries de pompes dans les vestiaires mais rien n'y fait, je suis toujours aussi énervée. Et Lee qui n'a rien dit pour me défendre. En même temps, je devais m'y attendre. Si ça se trouve, il a adoré me voir rabaisser pour un simple mécano. Commandant peut-être, mais mécano quand même !
J'entends des bruits de pas, le métal du sol vibre au fur et à mesure qu'on se rapproche. Puis, plus rien. Quelqu'un me regarde. Je n'ai même pas envie de lever la tête pour le voir.
« Tu es déjà consignée, tu ne perds pas ton temps.
- Toi non plus… Lee. Ça fait quoi d'être le nouveau compagnon de jeu de Garner ?
- Je suis ici pour faire mon boulot !
- Ouais, garder cette grande gueule indisciplinée de Kara Thrace dans le bon chemin ! Mais ça ne marche pas on dirait.
- Apparemment non.
Je me redresse pour le regarder. Il me fixe avec un regard inhabituel. J'ai l'impression que s'il pouvait, il me mettrait son poing dans la figure en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.
- Il reste peu de temps et ces gars vont bientôt être à court d'air.
- J'ai essayé d'accord ? Depuis que je suis sur la Bête, j'ai essayé d'aider, et je n'ai reçu que des coups de pieds au cul de la part de Garner.
- Mais peut-être que t'as besoin d'un bon coup de pied au cul !
Il a pratiquement hurlé. J'entends encore le son de sa voix qui résonne dans ma tête. Ça y est, on approche réellement du problème. Le gentil petit Lee n'a plus envie de rigoler.
- C'est quoi ton problème ?
- C'est quoi mon problème ? C'est quoi mon problème… Kara, c'est toi mon problème. Tu continues à tout foirer, je repasse derrière à chaque fois pour nettoyer, et j'en ai officiellement ma claque !
- Pauvre Lee… ta vie est tellement difficile.
- Tu veux dire depuis qu'on m'a tiré dessus ? »
Il me fusille du regard. Je ne peux plus parler. Il m'en veut réellement. Il ne m'a rien pardonné. Quelque part, je le savais. Mais de recevoir la vérité en face me fait plus mal que je ne l'aurai imaginée. Pourquoi faut-il qu'il me regarde ainsi ? Avec ses yeux de chiens battus, comme si, une fois de plus, c'était encore moi qui le rendait malheureux ? Je souffre aussi, merde. Je m'en veux. Mais je n'ai pas la force de le dire. J'ai trop peur. Je pense que cela n'arrangera rien. Qu'après tout ce que je lui ai fait, jamais il ne pourra oublier. Je ne peux pas soutenir son regard plus longtemps, je me retourne lentement et me dirige vers mon casier, les yeux tournés vers le sol. J'ai envie de pleurer, mais je ne dois pas. Pas maintenant. Pas devant lui. Et c'est en contrôlant au maximum mes sanglots que je lui demande s'il veut entendre ma théorie sur ce qui est arrivé à Buster et les autres pilotes…
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Finalement, on les aura récupérés nos quatre disparus. C'était bel et bien un piège de ses foutus grille-pain mais on y est arrivé. Tous sains et saufs. Enfin… excepté Garner. Il est mort en nous sauvant, en allant réparer le FTL. Il n'a malheureusement pas eu assez d'oxygène. Je ne le portais peut-être pas dans mon cœur, mais il a été courageux. Je dois au moins lui reconnaître cela. Qaund je pense que Lee s'est retrouvé seul aux commandes du Pégasus. Lui aussi a beaucoup de courage. Sur ce coup-là, il m'a épatée. J'ai beau être en froid avec lui en ce moment, je l'admire quand même. Pour son contrôle, son esprit, son sang froid. Parfois, j'aimerai lui ressembler. Mais il faudra beaucoup de temps pour qu'une chose pareille se produise.
Je suis dans les quartiers des pilotes, en train de regarder Lee préparer ses affaires. Il a été promu. Commandant du Battlestar Pégasus. Je crois qu'Adama a fait le bon choix. Il sera un chef exemplaire. Mais pour moi, l'aventuresur la Bêtes'arrête là. Je vais gentiment retourner à la maison. Le vieux Tacot m'a presque manqué !
« Tu réalisés que tu t'est fait avoir : toute cette pression, cette responsabilité, ces nuits blanches, et tous ces officiers te menant la vie dure.
- Et bien, ça pourrait être pire, tu pourrais être mon CAG !
- Je vais rester ici et être le CAG du Galactica. Ils veulent pouvoir me garder à l'œil.
Ma remarque le fait sourire. Il en profite pour me rappeler que bientôt, je devrais faire ami-ami avec Tigh, tous les matins, pendant de longs et ennuyeux briefings. Puis, il se tait. Il continue à ranger ses affaires, et je me sens tout d'un coup gênée par notre proximité. Notre 'presque' amitié. Je lui tends la main.
- Félicitations. Tu l'as mérité.
Et tout en gardant ma main dans la sienne, il commence à me parler le plus sérieusement du monde.
- Je sais pourquoi je t'en voulais Kara.
- Un simple merci aurait suffi.
- Car tu faisais ce que tu as toujours fait. Défier l'autorité, en toute impunité. J'ai défié l'autorité une fois… et j'ai failli tout perdre. Je suppose que quand je t'ai vue sur le Pégasus et que tu étais en train de recommencer… je ne sais pas. Ça m'a énervé.
Je n'ose même plus le regarder. Je l'entends sourire. Je relève doucement les yeux vers lui.
- En fait... ça ne veut pas dire grand-chose, n'est-ce pas ?
- Tu devrais voir mon cerveau fonctionner avant de dire ça.
Je lui adresse un léger sourire. Il hésite à me le rendre. Alors je prends mon courage à deux mains, je me redresse, en veillant à bien garder sa main dans la mienne, et je lui pose la seule question qui me taraude l'esprit depuis que je l'ai revu :
- On a réglé notre problème alors ?
Il met quelques secondes avant de me répondre.
- T'as un cerveau toi ? »
Enfin, il m'a sourit. C'est fou mais ça commençait à me manquer de pouvoir déconner avec lui, aussi simplement. Je le prends dans mes bras, il me laisse faire. J'ai envie de le serrer le plus possible, je n'ai pas envie qu'il parte. Je pose ma tête sur son épaule, puis cache mon visage contre lui. Je le sens se détendre. C'est officiel, je crois qu'il m'a pardonné. Et même si ce n'est pas tout à fait le cas, je veux y croire…
FIN (pour le moment)
