Et voilà le chapitre 4 ! Du coup, j'avais prévu de le poster demain, mais comme je l'ai corrigé, autant le donner tout de suite. Je ne l'ai pas mis mercredi parce que je ne suis pas sûre de pouvoir tenir le rythme de deux chapitres par semaine, mais maintenant que je suis en vacances, je vais peut-être réussir à augmenter la cadence. (Je dis bien peut-être).

Donc, ce chapitre est plus long que d'habitude (presque 5000 mots, ça peut paraître pas énorme, mais pour moi c'est déjà pas mal), et il y a enfin des éclaircissements sur la situation.

Bon aller, je ne retarde pas plus la lecture ! Enjoy !

J'en profite pour remercier ceux qui ont mis une review, c'est toujours super motivant ! (Les favs et les follows aussi ^^)

Disclaimer : Shingeki no Kyojin appartient à Hajime Isayama. (Et oui, ça n'a pas changé depuis le premier chapitre)

Chapitre 4 : un réveil brutal

Eren ouvrit les yeux d'un coup. Quelqu'un lui soufflait sur la gueule. La première chose qu'il vit fut la tête d'une femme, alpha d'après son odeur, penchée sur lui. Son premier réflexe fut de repousser ce visage avec sa main. Purée c'était flippant de se réveiller comme ça. Surtout que la femme ne semblait pas vraiment saine d'esprit. Elle ressemblait un peu à une scientifique folle, avec sa blouse et d'énormes lunettes et elle le regardait bizarrement.

Eren se redressa. Il ne savait pas où il était, tout ce qu'il voyait était qu'il se trouvait sur un lit, sans autre mobilier dans la salle. Un autre détail important, il avait des fers au poignets. Il pouvait toujours bouger ses bras comme il le souhaitait, mais impossible de sortir de la pièce : les chaînes étaient reliées au mur. Pourquoi était-il enchaîné ? La jeune femme, comme si elle avait lu ses pensées , répondit à sa question informulée :

"Mesure de sécurité , juste au cas où…"

Le cerveau embrumé d'Eren ne réalisa qu'à ce moment-là qu'il n'était pas dans un hôpital ni même à la clinique du QG, mais bien dans le camp ennemi. Il eut un mouvement de recul et se cogna la tête contre le mur derrière lui, lui arrachant une grimace.

"Hé ho, du calme, tu vas aggraver ton cas !" s'écria la dingo.

Eren se demanda de quoi elle parlait puis se rappela avoir été blessé. Il baissa les yeux et vit un épais bandage autour de sa taille. La femme légèrement folle se pencha un peu plus vers lui :

"Moi c'est Hanji, et toi tu es l'inspecteur oméga qui a osé planter un couteau dans le pied de mon petit Livaï !"

Elle ne semblait pas lui en vouloir, au contraire, elle avait l'air de se retenir de rire. Eren ne voyait pas ce qu'il y avait de drôle. Il allait se faire assassiner, et elle trouvait ça hilarant. D'ailleurs c'était bizarre que ce ne soit pas déjà fait.

" Le petit Livaï se trouve actuellement derrière toi, binoclarde !"

Eren et Hanji se retournèrent d'un même mouvement vers l'embrasure de la porte, où se trouvait le meilleur soldat du Bataillon, et sûrement de l'humanité toute entière. Ils restèrent la bouche ouverte comme des abrutis, ils ne l'avaient pas entendu arriver, jusqu'à ce qu'Eren ait la bonne idée de la refermer, et Hanji de l'utiliser pour parler :

" Oups, pardon je ne t'avais pas vu, faut dire que tu ne prends pas beaucoup de place donc…"

En fait, elle aurait peut-être dû la refermer elle aussi. Eren connaissait Hanji depuis seulement quelques minutes, mais une chose était sûre, il lui manquait une bonne partie du cerveau, surtout concernant la partie "détection d'un danger".

"Commence pas à m'énerver, la binoclarde, je le suis déjà suffisamment comme ça" marmonna Livaï en rentrant dans la pièce.

"Ooooooooooh, est-ce que ça aurait un rapport avec ton pied gauche par hasard ?"

Eren, qui jusque là suivait l'échange silencieusement, se raidit. Elle pouvait pas fermer sa gueule deux minutes ? Il se serait bien passé de ce rappel. Eren regrettait maintenant cette accès de témérité, sachant qu'il était à la merci de ses ennemis. Livaï avait le champ libre pour sa revanche. Il allait en baver. Livaï tourna son regard vers lui :

"D'ailleurs en parlant de ça …"

Eren se raidit encore plus si c'était possible. Hanji intervint :

"Arrête, tu lui fait peur !" dit-elle avec un petit rire, ce qui décrédibilisa sa phrase d'un seul coup.

Livaï haussa, encore, un sourcil :

" Lui, il a peur de moi ? Tu l'as pas vu se battre ma vieille"

"Ho ho, n'importe qui aurait peur de toi, t'es carrément effrayant du haut de tes 1m60".

Bon bah ça y est, Hanji n'avait plus de lunettes et son nez pissait le sang. En même temps elle avait tout fait pour. Eren se décida enfin à parler avant que Livaï, qui avait saisi sa collègue par le col de sa chemise, fasse plus que lui casser ses lunettes :

" Qu'est-ce que vous comptez faire de moi ? ".

Livaï arrêta son poing à 1cm du visage d'Hanji, qui rigolait toujours en saignant du nez, le tout lui donnait des airs de perverse. Il la lâcha et se tourna vers lui.

"Tu dis ça comme si on allait te violer ou te vendre comme esclave. Surprise, c'est pas comme ça que ça marche chez nous. On est pas des trafiquants d'esclaves contrairement à ce que tu crois."

Hanji, qui s'était étalée par terre quand son "ami" l'avait lâchée, releva la tête :

"C'est vraiment ce que tu penses, Eren ?"

Livaï soupira :

"C'est ce qu'ils leur mettent dans la tête en tout cas. J'ai pas raison ?"

"Parce que vous allez sérieusement essayer de me faire croire que ce n'est pas le cas ?" répondit Eren d'un ton moqueur. Livaï se tourna vers Hanji qui s'était relevée :

"Qu'est-ce que je disais ?"

"Arrêtez de me prendre pour un con, personne n'ignore vos activités, dans l'armée" les informa Eren.

"Réfléchis un peu, gamin" Eren tiqua en entendant le surnom " si j'avais eu de mauvaises intentions, j'aurais très bien pu te violer ou t'embarquer quand t'étais HS derrière le mur la dernière fois."

Eren renchérit :

" À moins que vous n'ayez pas assez de temps, et que ce soit trop encombrant de me transporter, surtout qu'il y avait déjà un membre de votre escouade inconscient"

"Cette fois aussi on avait un membre inconscient, encore à cause de toi d'ailleurs, et ça ne nous a pas empêché de vous ramener tout les deux ici."

Le jeune inspecteur refusait de tomber dans leur piège. Il mentait c'était évident.

"Alors si vous n'êtes pas des trafiquants d'esclaves, pourquoi vous m'avez amené ici ?"

"Parce que tu pissais le sang et que t'allais crever si on te laissait là-bas. On essaye de tuer le moins possible, mais ça je crois que tu l'avais déjà remarqué l'autre jour..."

Eren soupira. Il avait effectivement remarqué qu'ils prennaient toujours soin de viser les jambes, où un quelconque endroit dénué de points vitaux, au risque de se mettre eux-mêmes en danger. Eren commença à envisager la possibilité qu'ils disent la vérité. Envisager seulement, il était encore loin de leur faire confiance.

"En admettant que vous ne soyez pas des chasseurs d'esclaves, qu'est-ce que vous faites alors ? Pourquoi étiez-vous au QG de l'armée ?"

Ils se regardèrent et Hanji prit la parole :

"Ça ne va sûrement pas te plaire, mais tout ce que tu crois est faux. C'est l'inverse en quelque sorte : notre véritable but est de se battre contre le commerce d'esclaves. Et donc si on se bat contre le gouvernement... " Eren ne dit rien mais il commençait à voir où elle voulait en venir "... c'est parce que c'est lui qui organise tout ça. Ou plutôt, on pense que les puissants l'organisent, et le gouvernement ferme les yeux, voire leur donne un petit coup de pouce occasionnellement. Ce qui est sûr, c'est que pas mal des hauts placés en profitent, on a réussi à faire échapper quelques omégas, d'autres se sont enfuis… Bref, il y a pas mal de témoins."

"Mais, l'armée est au courant de tout ça ?" demanda Eren, incrédule.

"Certains hauts placés, ouais" répondit Livaï "Mais ils ne peuvent pas faire grand chose, ou alors ils n'en ont tout simplement pas envie. Il y en a même plusieurs qui possèdent des esclaves. Quelques uns, comme toi, essayent de se battre contre ça, mais honnêtement ça sert à rien."

Eren réfléchit quelques instants. L'armée, censée se battre contre ce genre de chose, ne faisait rien alors qu'elle connaissait la vérité. Certains étaient des enflures, comme Jean mais en cent fois pire. Parce que même s'il était con et chiant, il avait au fond quelques principes. Leur première rencontre n'était que de la provocation. Eren voulait croire qu'il n'était pas le genre à acheter des esclaves.

Donc même s'il y avait des salauds, d'autres se battaient parmis l'armée. Alors pourquoi n'en avait-il pas entendu parler ? Est-ce qu'ils devaient cacher leurs convictions pour ne pas avoir d'ennuis avec le gouvernement ?

Mais l'armée se battait contre le commerce d'omégas, c'était un fait reconnu, c'est juste qu'ils se trompaient de cible, s'il en croyait Hanji. Alors pourquoi le Bataillon ne leur disait pas la vérité ? Ainsi ils pourraient se battre contre leur véritable ennemi.

"Vous devriez laisser faire l'armée ou au moins l'aider, au lieu de lui mettre des bâtons dans les roues."

"On a essayé, figure toi, et des gens sont morts comme ça, à cause de ce genre de connard qui n'en ont rien à foutre des omégas, sauf pour les baiser. Ils se sont fait piéger par l'armée et se sont fait tuer, voilà le résultat. Donc tu nous excuseras de ne pas vous faire confiance." répondit Livaï d'un ton égal à lui-même , mais on pouvait voir dans sa façon de parler qu'il avait été affecté par ces pertes.

Eren allait répondre qu'ils pouvaient ne pas aider l'armée, sans pour autant se battre contre elle mais il s'arrêta. Il avait soudainement réalisé que cette conversation ne servait à rien.

Ils essayaient clairement de l'embobiner depuis le début. Tout le monde savait que c'était le Bataillon qui gérait tout le trafic et pourtant ils avaient réussi à lui faire croire le contraire pendant un court instant.

Et pourtant, un petit doute s'immisçait dans son esprit. Pendant toutes les recherches qu'il avait faite sur cette organisation, des éléments ne collaient pas avec la version des faits qu'il connaissait.

Par contre, ils s'expliquaient si ce qu'Hanji et Livaï disaient était exact. Eren secoua la tête.

" C'est n'importe quoi cette histoire. Je l'aurais remarqué si des personnes appartenant à l'armée étaient complices du trafic."

Livaï le regarda, un peu de colère dans les yeux :

" Je suis sûr que tu as remarqué des choses qui clochaient, si tu as bien fait ton travail. C'est juste que tu ne veux pas les voir. Arrête de te leurrer."

Eren en avait marre. Il savait que ce qu'il disait était vrai. Il avait eu tous les indices sous les yeux depuis longtemps. Même avant qu'il ne devienne inspecteur, même avant qu'il ne soit soldat. Le Bataillon était le bouc émissaire, c'était le gouvernement qui menait une bonne partie du commerce d'esclaves. Il était juste trop buté pour l'admettre. Mais de là à penser que le Bataillon n'y prenait pas part, mais au contraire se battait contre les marchands d'omégas… C'était assez inattendu. Eren avait encore un peu de mal à tout digérer, mais il les croyait maintenant. Ça ne servait à de se leurrer. Il avait toujours rejeté la vérité. Mais au fond de lui il savait.

Ça n'expliquait pas pour autant leurs méthodes. Le Bataillon était quand même coupable de la mort de plusieurs soldats, et ça, c'était impardonnable.

Eren ne pouvait juste pas admettre à voix haute que le gouvernement qu'il servait était responsable de ce qu'il haïssait le plus.

Alors il garda un silence obstiné tout en fixant Livaï. Visiblement, ça avait réussi à l'énerver parce qu'il s'approcha de lui et le prit par le col.

"Mais c'est pas possible d'être aussi borné ! Pourquoi tu ne l'admets juste pas ?"

Eren balaya violemment sa main.

"Ne me touche pas !"

"Sinon quoi ?" provoqua Livaï en lui saisissant les poignets et en rapprochant son visage du sien.

Alors qu'il s'attendait à ce que l'oméga réplique avec un air moqueur ou le repousse brutalement, celui-ci rougit, mais ne détourna pas le regard.

Cette réaction troubla Livaï plus que de raison. Il ressentait une attirance qu'il n'avait jamais éprouvé pour personne, même un oméga. Il l'avait déjà senti quand Eren lui avait envoyé ses phéromones dans la gueule pour s'échapper.

De son côté, Eren ne savait plus ce qu'il faisait. Il ne se contrôlait plus. L'alpha était juste trop attirant, et trop proche surtout. C'était la première fois qu'il ressentait ça. Et il avait peur. Pas de Livaï, mais plutôt de ses propres réactions. L'alpha le troublait plus qu'il ne le devrait. Et dire qu'il se vantait de pouvoir résister à chacun d'entre eux…

"Hum hum" intervint Hanji "je vous rappelle que je suis toujours là donc si vous voulez le faire, attendez au moins que je sois sortie".

Eren rougit encore plus, si c'était possible, et Livaï parut gêné.

"Dis pas n'importe quoi la binoclarde" dit Livaï en relâchant Eren et en s'éloignant du lit.

Il y eut un silence tendu que Livaï rompit :

"Pour répondre à ta question, on va te ramener au QG, tout en espérant que tu ne viendras pas nous faire chier maintenant que tu sais la vérité. À moins que tu ne préfères nous rejoindre ?"

Eren secoua la tête.

" Non, je vais rester dans l'armée et essayer de changer les choses de l'intérieur. Et d'ailleurs, je ne vous fais toujours pas confiance à 100 %. Je ne veux pas me mêler à vous, je mènerai mon propre combat."

"Je te conseille de ne pas te mettre en travers de notre route, sinon je te considérerai comme un ennemi." menaça Livaï.

"Je ferais ce qu'il faut pour garder mon poste. C'est essentiel si je veux faire bouger les choses."

"Fais comme tu veux gamin, mais si tu nous attaque, assume les conséquences. Je ne te laisserai pas détruire ce qu'on a fait. Si tu t'enfuis avec des documents dont on aurait besoin, je te tire dessus, t'es prévenu."

Eren approuva :

"On est bien d'accord. Et en fait, je ne suis pas un gamin, j'ai 21 ans."

Livaï eut un petit sourire en coin tout en haussant un sourcil.

"Ouais c'est ce que je dis, pour moi tu es un gamin."

"Pfff, c'est pas moi qui est trop jeune, c'est toi qui est trop vieux"

Hanji suivait l'échange avec un sourire long jusqu'aux oreilles.

"Tch, parce que tu connais mon âge peut-être ?"

"34 ans dans trois mois et 10 jours c'est vieux" dit Eren avec un air sérieux, mais une lueur joueuse dans les prunelles. Il crut bon de rajouter : "c'était dans ton dossier".

On entendait les mouches voler jusqu'à ce qu'Hanji éclate de rire tout en se tapant sur les genoux.

"C'est trop fort ! Ce gamin est trop fort ! Il connaît mieux ton anniversaire que toi ! Mpfouahaha"

Une veine de colère s'était formée sur la tempe de Livaï et il se retint à grande peine de laisser son poing retrouver sa place attitrée, c'est-à-dire le visage d'Hanji.

Comment est-ce qu'ils avaient bien pu récupérer sa date de naissance ? L'armée humaine était vraiment effrayante.

"Bon, moi j'en ai marre de vous deux," déclara-t-il alors qu'Hanji n'arrivait pas à s'arrêter de rire, et Eren avait un insupportable petit sourire satisfait que Livaï mourrait d'envie d'effacer de sa petite gueule de con, "alors quand vous aurez fini vos conneries, Hanji tu l'endors et tu me rappelles."

Puis il partit en claquant la porte.

"Hin, hin, on l'a vraiment mis en colère je crois" annonça Hanji. "N'empêche grâce à toi je lui ai trouvé un nouveau surnom : après le petit Livaï, le vieux Livaï !"

On entendit une voix retentir derrière la porte :

"Si t'essaies une seule fois de m'appeler comme ça, j'te fais bouffer tes dents, compris ? Et non, je ne suis PAS en colère !"

Hanji se retenait visiblement de rigoler et Eren avait un grand sourire plaqué sur son visage.

"Je suis obligé d'être endormi ?" demanda le jeune homme. Hanji perdit un peu de son sourire.

"Désolé Eren, mais on ne peut pas laisser une personne extérieure au Bataillon, et encore moins un membre de l'armée, avoir le moindre indice sur notre base."

L'inspecteur hocha la tête.

"Je comprends."

"Bon dans ce cas on ne va pas trop tarder. Tes coéquipiers doivent se faire un sang d'encre. Ça fait déjà une semaine que tu es là."

"Quoi ?! Une semaine ? Comment ça se fait ?"

Hanji soupira.

" Ta blessure était assez sérieuse, on a mis plus de temps que prévu à te remettre sur pied. Enfin, façon de parler puisque tu devras éviter de te tenir debout le plus possible. Repose-toi une fois rentré."

Eren était un peu inquiet.

" Qu'est-ce que je vais bien pouvoir leur dire ? Que je me suis fait soigner par nos ennemis qui en fait ne le sont pas contre qui je me bat alors qu'ils se battent pour les mêmes raisons que moi contre les gens qui m'emploient ? Je ne peux définitivement pas leur dire ça !"

La scientifique secoua la tête.

"Non, tu leur diras que tu as été enlevé mais que tu as réussi à t'enfuir."

"Est-ce que c'est possible que je dise la vérité au moins à mon équipe ?" se renseigna Eren.

"On ne peut pas savoir s'ils sont tous dignes de confiance. Si les hauts gradés se rendent compte que tu fouine un peu trop dans leurs affaires, ils essayeront soit de te faire rejoindre leur petit trafic, soit de se débarrasser de toi. Et vu que tu es un oméga, ils doivent se douter que tu ne vas pas embrasser leur cause aussi facilement, donc j'opte pour la seconde option. Soit prudent Eren, des gens disparaissent comme ça."

"J'essaierai. Bon, j'imagine que c'est le moment où je me fais endormir" marmonna-t-il .

Hanji sourit.

"T'as tout compris. Passe ton bras, s'il-te-plaît." dit-elle en lui montrant une seringue.

Un frisson lui parcourut l'échine à la vue de l'aiguille. Hanji sembla le remarquer puisqu'elle demanda :

"Pas très fan des aiguilles ?"

"Ce n'est pas que j'en ai peur, mais ça me rappelle un mauvais souvenir" avoua Eren.

Le pire dans cette histoire, c'était qu'il ne savait même plus ce que ça lui rappelait. Il n'aimait pas les aiguilles depuis que son père était parti. Avant, ça ne lui faisait rien du tout.

L'oméga remonta néanmoins sa manche et tendit le bras, ne voulant pas passer pour un trouillard, même si c'était un peu flippant de savoir qu'Hanji allait mettre en truc louche dans son bras, même s'il ne devait s'agir que d'un somnifère.

"Vas-y, mais fais le vite."

"Ça roule."

o O o

Eren se réveilla pour la seconde fois dans la journée dans une pièce inconnue. Sauf que cette fois, il n'y avait pas une cinglée et un dépressif autour de son lit. Il y avait toute son équipe réunie. Même cet abruti de Jean était là. Christa se jeta dans ses bras dès qu'elle vit qu'il avait ouvert les yeux.

"Chef ! On a cru ne plus jamais vous revoir !"

Conny et Sasha acquiescèrent, les larmes aux yeux. Ymir, Reiner et Berthold avaient un sourire sur leurs lèvres et Annie… Annie donnait l'impression de s'en foutre complètement, mais Eren pouvait lire du soulagement dans ses yeux. Même Jean, un peu en retrait, avait un sourire en coin un peu moins insupportable que d'habitude.

D'ailleurs celui-ci prit la parole, aussi aimable que d'habitude par contre :

"Bon Jaeger, tu vas nous expliquer comment ça se fait que tu fonces dans le tas en me mettant à part, tu disparais ensuite parce que visiblement le cinq contre un c'était pas une bonne idée, comme la plupart de tes idées en fait, et on te retrouve une semaine plus tard, dans les vapes dans la rue en face ?"

Eren n'en croyait pas ses oreilles. Mais quels connards ! Si Jean disait la vérité, ils l'avaient laissé sans défense dans la rue en face du QG, et c'est pas pour dire, mais ce n'était pas la rue la plus sûre de Trost.

Comme il ne pouvait pas répondre honnêtement, il décida de détourner la question de Jean comme il le pouvait.

"C'était peut-être pas une super idée mais c'était la seule que j'avais sur le moment, et puis je suis en sécurité maintenant. Et accrochez-vous, j'ai planté un couteau dans le pied du petit… de Livaï."

Un frisson collectif parcouru l'équipe. Ils le regardaient avec des visages épouvantés. Ce n'était pas tout à fait la réaction qu'il espérait.

"Qu'est-ce qu'il t'a fait subir après ça ?" demanda d'une petite voix Conny.

"Euh…" Eren ne savait pas quoi dire. C'est vrai qu'il ne s'était pas vengé, ni quoi que ce soit finalement.

Ses subordonnés interprétèrent son hésitation comme le signe qu'il ne voulait pas en parler, tellement c'était horrible. Ils affichaient une mine désolée et Eren comprit enfin à quoi ils pensaient :

" Non, c'est pas du tout… En fait je…. Il ne m'a rien fait". Pour plus de crédibilité, parce que les membres du Bataillon étaient quand même censés être les méchants de l'histoire, il rajouta "ils n'ont pas eu le temps, je me suis échappé avant".

Il entreprit alors de raconter toute l'histoire, d'abord la vérité concernant la partie "avant l'enlèvement", puis il sortit une version à peu près cohérente de comment il s'était réveillé une semaine plus tard, avait saisi une opportunité, avait combattu deux ou trois gardes, et finalement s'était enfui jusqu'à arriver devant le QG. C'est à ce moment là qu'il se serait écroulé, à bout de forces.

"Et la piqûre sur ton bras, c'est quoi ?" demanda Jean.

Eren haussa les épaules.

"Sûrement un truc pour m'endormir."

Eren se la jouait décontracté, mais c'était super dur de répondre à leurs questions sans se contredire. Il se sentait un peu mal de dénigrer le Bataillon et de raconter des exploits qu'il n'avait pas accomplis, mais ils s'étaient mis d'accord sur ce qu'il devait dire. Certains, comme Ymir et Reiner semblaient un peu sceptique, mais Sasha, Christa et Conny buvaient ses paroles.

o O o

La vie reprit son cours. Eren avait droit à une semaine de repos et un entretien avec le Commandant Erwin. Il lui avait demandé comment s'étaient passés les faits, et il lui avait sorti la même histoire d'évasion qu'il avait donnée à son équipe, mais en un peu plus travaillée. Eren se demandait si cet homme était au courant de la vérité. La vérité sur le Bataillon et le gouvernement.

Sûrement, il était très haut dans la hiérarchie. Peut-être même qu'il faisait partie de ceux qui aidait ces connards de chasseurs d'esclaves. Pourtant il avait l'air différent, on aurait dit qu'il était parfaitement au courant de ce qu'il s'était vraiment passé au QG du Bataillon. De plus, Eren n'avait jamais surpris de regard concupiscent, et il ne l'avait jamais traité différemment des autres parce qu'il était oméga. Il avait des yeux qui pétillaient d'intelligence, et on avait toujours l'impression qu'il réfléchissait à toute vitesse. Bref, Eren était presque sûr qu'il en savait plus que ce qu'il voulait bien montrer. Le jeune inspecteur n'était pas tranquille, Erwin cachait des choses, c'était certain, il devrait rester sur ses gardes.

Quand Eren revint au bureau, Jean le regardait bizarrement. Mais genre, encore plus bizarrement que d'habitude. S'il ne le connaissais pas, Eren aurait pu penser que c'était de l'inquiétude dans ses yeux.

"Dis Jaeger, ils ne t'ont vraiment rien fait ?" demanda Jean, à contrecœur visiblement.

"Kirschtein, pour une fois, mêle toi de tes affaires, et j'ai déjà dit que non, ils ne m'ont rien fait. Sérieux, tu crois vraiment que même si c'était le cas je te le dirais ?" répondit Eren en s'installant à son bureau.

"Heureusement qu'ils ne t'ont rien fait". L'oméga se tourna vers l'alpha, qui avait désormais un rictus aux lèvres. Il allait encore dire un truc débile, c'était obligé.

" Parce que je n'aurais pas été là pour voir, ça aurait été trop dommage".

Et voilà ! C'était bon il l'avait dit ! En même temps c'était Jean, impossible de dire un truc gentil sans le gâcher.

"Dommage qu'ils n'aient pas essayé, tu veux dire. J'aurais été très content d'en empêcher quelques uns de pouvoir toucher des omégas jusqu'à la fin de leur vie. Si t'avais été là, ça aurait été encore mieux, un de plus qui ne pourrait plus se servir de ses organes reproducteurs" répondit Eren d'un ton sarcastique.

Il ne fallait pas venir le faire chier aujourd'hui, il ne s'était pas levé de bonne humeur.

Une heure plus tard, Jean coupa le silence qui s'était installé.

"Hé !"

"Quoi !" répondit le brun, toujours sur les nerfs.

"La moitié des infos sur ton bureau proviennent d'un mec un peu con qui dit tout ce qu'il sait dès qu'il boit un verre. Il sera au bar "Ragako" ce soir."

"T'aurais pas pu le dire plus tôt ?" s'exclama Eren en se levant.

"Euh… nan" répondit Jean. Il rajouta, en le voyant enfiler sa veste :

"J'ai dit ce soir, pas maintenant."

"Ouais j'avais entendu" répondit Eren en traversant le bureau.

"Alors tu fais quoi là ?" dit Jean d'un ton désabusé.

"Je rassemble mon équipe et prépare un plan, la tienne a déjà dû se faire remarquer vu le nombre d'infos que tu m'as trouvé. C'est mon tour d'agir maintenant."

Jean le fixa quelques instants avant de soupirer.

" OK je t'attends ici pour faire un point quand tu reviendras. Par contre, si t'es toujours pas là à 3h du mat', je me casse. Ah et aussi, passe voir Marco, il te donnera deux trois trucs sur comment fonctionne le gars."

"OK merci."

Eren allait refermer la porte quand Jean reprit la parole :

"Hé Jaeger, la dernière fois c'était pas glorieux, fais mieux aujourd'hui !"

"Compte sur moi !" cria le jeune inspecteur en claquant la porte.

o O o

Hanji était complètement pétée. Ça faisait déjà une heure qu'il l'avait perdu. Une heure qu'il l'écoutait divaguer à propos de ses recherches, comme par exemple comment contrer les fléchettes soporifiques de l'armée.

"Tu vois Livaï, euh, ouais c'est ça que je voulais dire, tu vois Livaï, ces fléchettes ont beau ne plus être utilisée depuis des lustres , eh ben, la dernière fois, ça a bien servi mon antidote ! Hein, ça a bien servi ! Vous étiez bien contents de les avoir sur vous ! En plus ça a plutôt bien marché, à part quelques effets secondaires."

"Ouais ouais Hanji, j'ai compris, on était bien content, maintenant ferme ta gueule."

"Mais t'es grognon mon vieux Livaï ! Tu serais pas un peu ivre ?"

"Non c'est toi qui me saoule"

La jeune femme se mit à bouder. Elle sembla avoir une bonne idée tout d'un coup, ce qui ne présageait rien de bon. "OK j'ai compris, tu préfères changer de sujet. Alors… voyons voir… j'ai trouvé un sujet qui devrait t'intéresser…" annonça-t-elle avec un grand sourire.

Livaï haussa un sourcil, sceptique. Il ne savait même pas pourquoi il avait accepté de l'accompagner dans ce bar tout pourri. Il y avait même quelqu'un qui était monté sur une table pour débattre d'une affaire qui avait l'air passionnante avec le mot "viande" dedans. La seule chose positive était qu'il y avait du thé noir plutôt pas mal. Il en avait goûté au début de la soirée avant de passer à quelque chose de plus fort. Mais lui résistait très bien à l'alcool contrairement à une certaine binoclarde. Bref, il se demandait qu'est-ce qu'elle allait bien pouvoir sortir cette fois. Celle-ci se racla la gorge comme si elle allait annoncer la recette du Coca.

"Le Eren là, il est pas kawaii ?"

Livaï recracha la gorgée de whisky qu'il venait d'avaler.

"Toi t'as trop bu. Pourquoi tu me demandes ça ?" répondit-il en s'essuyant la bouche avec un mouchoir.

"Oh arrête, pas de ça entre nous ! J'ai bien vu comment tu le regardais ! On aurait dit que t'allais lui sauter dessus !"

Livaï ne prit même pas la peine de répondre. Un silence s'étira entre eux, si on pouvait appeler ça un silence vu le boucan dans le bar, pendant lequel Livaï regardait le fond de son verre.

"Je le regardais vraiment comme ça ?"

"Ouaip !"

"Gênant."

"Ça tu l'a dit !"

o O o

Eren et Ymir soutenaient Sasha, totalement ivre. Ils allaient sortir du bar. La mission avait plutôt bien marché. Eren avait décidé qu'ils iraient tous les trois, s'ils étaient plus nombreux ils seraient moins discrets. Ils avaient réussi à récupérer pas mal d'infos, sur le Bataillon mais aussi sur les ventes d'esclaves en général, et Eren les interprétait différemment maintenant qu'il savait la vérité. Le type qui leur avait raconté tout ça était un vrai idiot. Il parlait dès qu'il avait de l'alcool dans son verre. Il était plutôt louche comme type, ça n'aurait pas étonné Eren qu'il soit un trafiquant d'esclaves.

Le seul problème, c'est que pour avoir toutes ces renseignements, ils avaient dû faire beaucoup boire le mec, et s'ils ne buvaient pas avec lui c'était trop louche.

Ymir résistait plutôt bien à l'alcool, elle avait juste de petites rougeurs aux joues et Eren s'était débrouillé pour ne pas trop consommer. Il avait beaucoup plus de mal à réprimer son aura quand il était bourré, et ce serait dangereux dans ce genre d'endroit. Sasha par contre n'avait pas lésiné sur la bouteille, et elle était même montée sur une table pour argumenter contre un ivrogne sur l'imbattabilité de la viande, surtout contre une pauvre omelette. Bref, on repassera pour la discrétion.

Alors qu'ils allaient passer la porte, deux personnes avec des capuches s'approchèrent au même moment. Visiblement, l'un d'eux était aussi bourré que Sasha, parce qu'il gueulait à plein poumons :

"C'est qui ? C'est le p'tit Lili ! Il est A-MOU-REUX !"

L'autre qui le soutenait lui dit quelque chose, accompagné d'un coup de pied dans le tibia.

Eren identifia l'ivrogne comme étant Hanji beaucoup trop tard. Lui et Ymir laissèrent tomber Sasha d'un même mouvement pour dégainer leur revolver, qu'ils avaient décidé de garder au cas où la mission dégénère. Livaï aussi avait réagi aux trois quarts de tour. Le silence se fit d'un coup dans le bar et toute l'attention se tourna vers eux.

Ouaip, on repassera pour la discrétion.

À suivre...

Et fin du chapitre 4 !

J'ai un peu galéré pour les explications, donc j'espère que c'est à peu près clair. S'il y a quelque chose que vous ne comprenez pas, n'hésitez pas à me demander !

Qu'est-ce qu'il peut bien se passer ensuite ? Vous le saurez dans le chapitre 5 !

Au programme : un de mes chapitres préférés, quelques ennuis, je ne vous en dit pas plus !

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