Salut tout le monde !
Me revoilà, à l'heure comme d'habitude, avec le chapitre 6 ! Honnêtement, c'est pas mon préféré, j'ai bien galéré à l'écrire. Disons qu'il y a (un peu) de romance et c'est pas mon fort. Quand j'ai relu j'ai trouvé ça affreusement gnangnan, du coup j'ai réécris des passages entiers et cette version me plaît beaucoup plus. J'ai mis un temps infini à tout réécrire en vrai.
Après vous aimerez peut-être plus lire ce chapitre que moi l'écrire. (Parce qu'au fond il y a quand même des passages marrants, enfin moi je les trouve marrants).
Ce chapitre n'était pas très long au départ mais j'ai rajouté tellement de trucs qu'au final elle dépasse quand même les 5000 mots.
Enfin bref, en espérant que ça vous plaise !
Disclaimer : Shingeki no Kyojin appartient à Hajime Isayama. (J'ai tellement écrit cette phrase que la correction ait l'a retenue)
Chapitre 6 : Sans contrôle.
Eren était décidé à faire un maximum avant d'être viré. Il n'avait pas raconté ce qu'il s'était passé à son équipe mais celle-ci avait bien vu qu'il y s'était passé quelque chose. Eren était revenu dès le lendemain, plus déterminé que jamais. Il avait passé de nombreuses heures à décortiquer toutes les infos récupérées la veille et à les assembler avec ce qu'il savait déjà.
Deux points importants émergeaient. De un, une razzia d'oméga était prévue dans un village au niveau de Maria, deux jours plus tard, là où les autorités ne mettaient jamais un pied.
Le Bataillon ne serait pas impliqué donc ce n'était pas censé être le domaine de l'escouade d'Eren, mais honnêtement il s'en foutait. De toute façon, s'il ne faisait rien, personne ne le ferait. Quitte à être viré, autant que ce soit pour une bonne raison, comme avoir empêché des omégas de se faire kidnapper.
Cette fois, l'équipe d'Eren avait eu plus de temps pour prévoir leur attaque, et puis il fallait avouer que les petits malfrats qu'ils avaient combattu n'arrivaient pas à la cheville de l'escouade Livaï, rien à voir.
Ils avaient beau être une dizaine, l'équipe d'Eren n'en avait fait qu'une bouchée. L'affrontement avait à peine duré dix minutes, et les kidnappeurs s'étaient vite rendus.
Les quelques omégas capturés avaient été relâchés, et les malfrats s'étaient enfuis ou avaient été livrés à la police locale de Maria, fin de l'histoire.
Eren avait quand même été un peu surpris de voir que certains villageois le connaissait de réputation. Il ne s'était pas rendu compte que les jeunes omégas le voyaient comme un modèle. Pour eux, il était le premier soldat oméga et pas qu'un simple soldat, il était devenu inspecteur. S'il avait réussi, eux aussi le pouvait.
Eren n'eut pas le coeur de leur dire qu'il allait sûrement se faire renvoyer d'ici quelques jours.
o O o
Le deuxième point était qu'Eren savait maintenant où était la base du Bataillon. En associant tout ce qu'il avait obtenu de l'ivrogne, tout ce qu'il savait déjà avant et tous les indices qu'il avait eu quand il avait été emprisonné, il ne restait qu'un endroit dans Trost.
Même si les membres du Bataillon avaient bien fait attention de l'endormir quand ils l'avaient déplacé, des indices comme le son, le matériel, et la taille minimale du bâtiment étaient toujours possibles à récupérer. Eren était presque sûr d'avoir été retenu sous terre, la salle étant assez grande, le bâtiment devait aussi l'être. Autant de petits détails qui isolés ne donnaient rien, mais dès qu'on les regroupaient avec d'autres permettaient de retrouver la base du Bataillon.
Il était désormais presque sûr qu'elle se trouvait dans un bâtiment près de la zone désaffectée où ils s'étaient affrontés la dernière fois. Il n'était pas grand en apparence, mais il possédait quatres étages en sous-sol.
Eren ne se rendait compte que maintenant à quel point ils n'étaient pas préparés lors du premier affrontement. À présent, ils étaient un peu plus renseignés sur le fonctionnement du Bataillon, surtout l'escouade Livaï.
Par exemple, c'était toujours lui qui transportait les documents, et il restait toujours un peu en arrière par rapport aux autres.
Livaï rentrait souvent par un chemin différent de son escouade, mais jamais trop loin au cas où ça tournerait mal pour un des deux groupes.
Eren avait également appris que le Bataillon possédait de nombreuses taupes un peu partout, mais il n'avait pas réussi à récupérer des noms. Elles fournissaient régulièrement des rapports ou des documents importants, d'où la bonne organisation.
Le Bataillon avait déjà frappé de grands coups dans des marchés d'esclaves, ce qui avait permis de délivrer de nombreux omégas. Les faits étaient alors étouffés par le gouvernement, ou alors il faisait passer ça pour des actions de l'armée humaine. Pitoyable. Et avec ça les gens acclamaient l'armée pour des exploits qu'ils n'avaient pas accomplis, et crachaient sur le Bataillon.
Eren savait qu'une mission était prévue le lendemain. L'escouade Livaï allait s'introduire dans la maison du Commandant Yens, un des salauds qui avait essayé de le violer, aussi surnommé "le deuxième homme". Le but était de récupérer certains dossiers sur le commerce d'esclaves, et de libérer les omégas enchaînés là-bas. Enfin, Eren espérait qu'ils en profiteraient pour libérer les omégas. Parce que Yens avait beau bien le dissimuler, c'était sûr qu'il en cachait chez lui. Il lui avait même avoué quelques jours auparavant.
Le truc, c'est qu'Eren aussi voulait jeter un coup d'œil à ces dossiers. Ça l'intéressait. Et si en plus, il y avait des informations suffisamment compromettantes pour faire virer ce connard, et ben il ne se gênerait pas.
Le problème était que Yens avait plusieurs maisons, dont une villa, et qu'il ne gardait sûrement pas tous ses esclaves au même endroit. Donc même si le Bataillon délivrait les omégas retenus dans son appartement actuel, il en resterait sûrement dans ses résidences secondaires.
Il fallait donc avoir suffisamment de preuves contre lui pour autoriser une perquisition et ainsi libérer les esclaves prisonniers de cet enfoiré.
Donc, au lieu de s'infiltrer chez ce pauvre con, Eren allait laisser Livaï et son équipe faire le travail, et lui, il récupérerait les dossiers après. En fait il n'était même pas obligé de les récupérer. Il voulait au moins les lire. Et pour ça il avait un plan.
Eren n'avait pas averti son équipe. Il n'y avait que peu de chances qu'ils parviennent à mettre la main sur ces fameux dossiers s'ils essayaient de voler les documents en s'attaquant à l'escouade de front. Celle-ci sera forcément sur ses gardes. Autant dire que c'était mission impossible. Eren ne voulait pas risquer des vies dans un plan suicidaire.
Et c'est pour ça qu'il avait décidé d'agir seul. Il allait cibler Livaï, puisque c'était lui qui aurait les papiers, et ce de la manière la plus fourbe qui soit.
o O o
Le bâtiment passait inaperçu si on ne s'y intéressait pas de près. C'est vrai qu'il ne paraissait pas très grand vu de l'extérieur.
Eren était adossé au mur en face de la base du Bataillon. La rue était assez grande et il y avait un marché pas loin ce jour là, ce qui faisait qu'il y avait assez de piétons pour qu'il n'attire pas trop l'attention. Le "bientôt plus inspecteur" ne quittait pas des yeux l'endroit où Livaï était censé arriver.
C'était le milieu de l'après-midi, et pas un soir pour une fois. Le Bataillon préférait œuvrer la nuit mais cette fois ils n'avaient pas trop le choix, tout simplement parce que c'était mieux d'attendre le moment où le Commandant serait au QG de l'armée pour "travailler". Ainsi, ils auraient le champ libre.
Eren regarda sa montre. Ils ne devraient désormais plus tarder à revenir de leur mission, sauf si celle-ci avait vraiment mal tournée.
Bingo ! Eren vit Livaï arriver d'une rue sur la gauche. Aucun signe ne montrait qu'il venait de participer à une opération, ni même qu'il faisait partie d'une organisation résistante. Il marchait, tirant la gueule comme à son habitude, les documents sûrement dans le sac qu'il avait en travers de l'épaule, mais on pouvait discerner la forme d'un revolver sous sa veste si on s'y conaissait.
OK ! Il était tant de passer au plan. Eren relâcha un peu des phéromones qu'il reprimait, ce qui fit un peu rougir ses joues et ses yeux se mirent à briller d'une lueur plus forte que d'habitude.
Il avait appris ce tour de passe-passe il y avait quelques années déjà, pour donner l'impression d'être vulnérable alors qu'en fait…
C'était encore plus facile que d'habitude puisqu'il était toujours en chaleur, les phéromones était plus forts que d'ordinaire, même si sa celle-ci touchait à sa fin. Les médicaments permettaient de l'atténuer mais ne pouvaient pas en effacer 100% des effets. Le reste était à brider. Eren pouvait très bien le faire même si ça demandait plus d'énergie, mais ce n'était pas le cas de tous les omégas. C'est pour ça qu'en général ils restaient cloîtrés chez eux pendant cette période.
Eren croisa les doigts pour que ça marche. Son plan était quand même assez risqué. C'était la seconde fois qu'il se servait de son statut d'oméga comme d'un avantage. Il s'était pourtant promis de ne plus recommencer, c'était beaucoup trop dangereux, mais Eren avait confiance en Livaï, dieu seul savait pourquoi.
o O o
Livaï cligna des yeux. Pitié, faites que le mec adossé au mur ne soit pas Eren. Il devait halluciner. Si Eren était là, c'était qu'il avait trouvé la base. Et s'il avait trouvé la base, le Bataillon était dans la merde mais Eren aussi. Il se mettait en danger en faisant ça.
Par contre c'était bizarre que cet idiot, parce que c'était bien lui, vienne comme ça à découvert sans personne pour protéger des arrières. Il était habillé en civil, et pouvait facilement passer inaperçu. Ça c'était parce qu'il y avait ce marché saisonnier au coin de la rue. Il cassait bien les couilles d'ailleurs, parce que si un jour ça tournait mal autour de la base, les clients seraient les premières victimes. Comment en étaient-ils arrivés à penser que c'était une bonne idée de mettre un marché là, dans un quartier paumé pas loin de celui déserté qui servait de terrain de jeux aux racailles ? Et en plus ils étaient à deux pas de la principale base d'une organisation criminelle, mais ça ils ne pouvaient pas le savoir.
Eren lui fit un discret signe avant de s'engager dans une petite rue, à l'écart des oreilles et des yeux indiscrets. Mais qu'est-ce qu'il essayait de faire ce con ?
Livaï devait bien l'avouer, il commençait à devenir curieux. Il voulait savoir ce qu'Eren lui voulait, et comment il avait trouvé l'emplacement de la base.
Il s'était attendu à le voir débarquer, lui et son équipe, quand ils cambriolaient la maison d'un Commandant de l'armée, parce que c'était le genre de truc débile qu'il était capable de faire. Mais non, il le retrouvait ici, seul et, d'après ce qu'il avait pu voir, sans armes. Livaï hésita quelques instants puis s'engagea dans la ruelle à son tour, en veillant à rester sur ses gardes.
Il y avait clairement un truc qui clochait. Le gamin semblait bizarre, il avait les joues un peu trop rouges et son odeur était plus forte que d'habitude. Son T-shirt dévoilait sa clavicule et il avait les yeux qui pétillaient. C'était pas possible d'être aussi beau.
Ce gamin était une invitation au viol.
Mais ça n'allait pas bien ? À quoi il pensait ? Il ne ferait jamais ça. Il ne devait pas se laisser distraire.
Il déglutit et demanda d'un ton cinglant pour cacher son trouble :
" Qu'est-ce que tu fous là, gamin ?"
"En fait j'avais besoin de te voir…" répondit-il l'air un peu perdu.
Il semblait légèrement dans les vapes et Livaï eut un mouvement de recul alors qu'Eren s'approchait un peu trop à son goût. Livaï sentit que sa méfiance faiblissait. C'était clair, Eren n'avait pas les idées en place, il devait être en chaleur. Comme pour confirmer ses soupçons, il s'approcha un peu plus, un petit air gêné sur le visage, comme s'il s'apprêtait à dire quelque chose d'embarrassant. Il avait un côté vraiment innocent, c'en était presque mignon. Non, pas mignon, ridicule. Ouais c'est ça, ridicule.
Bon Ok, à ce moment là il était mignon.
"Je voudrais qu'on arrête de faire semblant. T-Tu sais ce que je veux, Livaï. J-J'ai envie de toi" bégaya-t-il.
Il sembla à Livaï que son cerveau s'était arrêté de marcher quelques instants. Mais qu'est-ce qu'il racontait comme conneries ? Eren n'était définitivement pas dans son état normal. La chaleur faisait plus de dégâts qu'il ne le pensait.
Eren avança d'un pas, Livaï en recula d'un et finalement l'oméga enroula ses bras autour de la taille du noiraud avec hésitation et celui-ci fut parcouru d'un frisson. Il devait l'arrêter. Ce n'était pas du tout censé se passer comme ça. Eren était en train de se laisser guider par son instinct et non par sa raison. Et c'était à lui, Livaï, de l'empêcher de faire quelque chose qu'il regretterait ensuite. Il devait le décoller de là. Alors pourquoi ne l'avait-il pas déjà fait ?
La réponse était simple, Eren était très tentant, il arrivait même à lui faire perdre son sang froid. Décidément il n'était pas un oméga comme les autres. Mais là n'était pas la question. Il n'allait pas profiter d'un mec qui ne savait même pas ce qu'il disait. C'était comme s'il était bourré.
Donc il devait le repousser. Alors pourquoi est-ce qu'il ne pouvait pas bouger ? Non, la vrai question était pourquoi est-ce qu'il ne voulait pas bouger ?
Eren se pencha en avant en inclinant la tête et Livaï se mit intérieurement à paniquer. Il était prêt à lui mettre une baffe si ça pouvait l'empêcher de faire une bêtise mais un petit sourire narquois apparut sur le visage du séducteur et Livaï réalisa un peu trop tard qu'il s'était fait avoir.
"Je l'ai !" annonça fièrement Eren en brandissant les dossiers que Livaï avait encore quelques instants plus tôt dans sa sacoche.
Oh le petit saligot ! Il avait fait tout ça pour mettre la main sur les dossiers ! C'était un manipulateur de première ce crétin. Il avait fait semblant d'être en chaleur pour le déstabiliser, et ainsi pouvoir fouiller dans son sac. Il aurait dû s'y attendre. C'était trop louche toute cette histoire. Il avait manqué de vigilance.
Il s'était vraiment fait avoir comme un bleu pour le coup.
"Hin hin hin" ricana Eren
Il le regardait malicieusement en secouant les dossiers devant lui, apparemment très fier de son petit tour, puis se mit à courir. Ouais, c'est ça, il faisait bien de courir, parce que quand il le rattraperait…
Eren ne pouvait s'empêcher de sourire, les dossiers sous le bras, en repensant à la tête de Livaï quand il avait presque collé son visage au sien. Sur le coup il avait été un parfait salaud. Et il en était fier.
Il en rigolait mais lui aussi il s'était senti troublé par la proximité. En vérité, l'alpha lui plaisait vraiment. Plus que plaire en fait. Il y avait une sorte de chimie entre eux, mais Eren ne savait pas si Livaï la ressentait aussi.
Il tourna à droite dans le labyrinthe de ruelles, en direction de la zone désertée, là où il pourrait se cacher dans une maison abandonnée. Parce que Livaï l'avait visiblement pris en chasse. Il ne devait pas avoir apprécié la blague. Il pouvait l'entendre derrière lui. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'il ne le rattrape.
"Tu vas regretter d'avoir commencé ce petit jeu, gamin !"
Le sourire d'Eren s'agrandit.
"Ouuuh, j'ai peur !"
N'empêche, il n'avait jamais couru aussi vite de toute sa vie.
Eren vit une maison à sa gauche qui n'était pas fermée. Il s'engouffra à l'intérieur, claqua la porte et mit le verrou. Il devait gagner du temps. La maison dans laquelle il s'était caché ne comportait qu'une seule pièce. Il fallait dire que les maisons du quartier déserté étaient très pauvres. La plupart étaient très endommagées à cause de la Bataille Décisive.
OK, Eren n'avait pas une minute à perdre, il s'assit par terre, sortit les dossiers de l'enveloppe, les posa sur le sol et se mit à les lire en diagonale. Il les survolait le plus vite possible mais n'arrivait pas à trouver ce qu'il cherchait. Peut-être qu'il se faisait des idées après tout.
Quelqu'un tambourina à la porte, ce qui fit sursauter Eren.
"Sors de là, gamin."
"Non !" s'écria Eren, d'abord parce qu'il n'avait pas fini de parcourir les dossiers, après parce qu'il avait un peu peur de ce que Livaï allait lui faire s'il ouvrait. Il semblait ne pas avoir du tout apprécié la blague.
"Oh ? Ce n'est pas une porte qui m'arrêtera, gamin !"
Eren déglutit. Ça il n'en doutait pas. Il n'avait pas de temps à perdre, il se replongea donc dans la lecture des dossiers. Eren tressaillit quand une première détonation se fit entendre, puis une deuxième et une troisième.
Il en était à la dernière page quand le verrou sauta et la porte s'ouvrit à la volée.
"Oi gamin, t'aurais pu ouvrir la porte quand même, ça m'aurait évité d'utiliser des balles pour rien."
Eren avait fait rapidement un tas des feuilles étalées par terre qu'il avait poussé sur le côté.
"Non, tu me fais peur !"
Livaï haussa un sourcil.
"Tu déconnes, là ?"
"À ton avis ?" rétorqua Eren, les yeux pétillants de malice.
Il fit ensuite l'ébauche d'un geste pour se relever, mais Livaï l'en empêcha immédiatement. Il le plaqua au sol d'un mouvement leste, et s'assit sur lui, tout en lui attrapant les poignets alors qu'Eren essaya de lui donner un coup de poing.
C'était la deuxième fois qu'ils se trouvaient dans cette position, sauf que cette fois c'était beaucoup moins innocent, si on pouvait appeler ça "innocent" la première fois.
"J'aime pas qu'on me prenne pour un con, Eren, dit Livaï en détachant bien les deux syllabes de son prénom, alors maintenant tu assumes ce que tu as commencé…"
Livaï avait bien une idée de comment le punir. Il ne le cachait pas, sauf à Hanji parce qu'elle le saoulait avec ça, mais il avait très envie d'embrasser l'oméga, il y avait comme une sorte de chimie entre eux. Ça pouvait paraître cucu mais c'était vraiment comme ça qu'il ressentait les choses.
Tout à l'heure, il s'était retenu, pensant qu'Eren était sous l'emprise de la chaleur mais comme il s'avérait qu'il était parfaitement conscient…
Livaï se pencha vers l'oméga, cherchant toute trace d'aversion, de peur, de dégoût, bref n'importe quoi qui manifesterait un rejet dans ses yeux. Il ne trouva à la place qu'une lueur de défit, et un désir égal au sien. Ça suffisait à le convaincre qu'il pouvait le faire.
Eren ferma les yeux alors que leurs lèvres n'étaient plus qu'à quelques millimètres. Il tressaillit quand leurs bouches s'effleurèrent mais un frisson lui parcourut soudainement la colonne vertébrale. Mais ce n'était clairement pas un frisson de plaisir, c'était un frisson de peur. Il rouvrit brutalement les yeux et Livaï s'écarta immédiatement, comprenant que quelque chose n'allait pas.
Eren avait peur. Pendant un instant, ce n'était pas les lèvres de Livaï mais celles de Yens qu'il avait senti sur les siennes. Et pourtant ça n'avait rien à voir. D'ailleurs celui-ci, Livaï pas Yens, le regardait avec inquiétude. Il devait sans doute penser qu'il avait fait quelque chose de mal.
Eren devenait dingue. Livaï n'avait rien à voir avec ce connard. Il n'était pas en train de le violer.
Eren ne se pensait pas traumatisé, il n'avait pas beaucoup pensé à cette fameuse soirée, il avait essayé de l'oublier en se noyant dans le travail. Pourtant, il fallait bien l'admettre, il était traumatisé, et ça revenait en force au pire moment. Eren ne voulait plus y penser, il voulait faire comme si ça ne s'était jamais passé. Et c'était peut-être un peu égoïste, mais il avait Livaï pour ça. Il voulait qu'il lui fasse oublier, qu'il efface la trace de passage des violeurs.
"Pourquoi tu t'arrêtes ?" souffla Eren en lui saisissant le col pour finir ce qu'ils avaient commencé.
Livaï ne savait pas ce qu'il s'était exactement passé, mais une chose était claire : Eren avait peur. Il ne savait pas pourquoi, mais c'était là. Et Livaï ne voulait pas que ça se passe comme ça. Eren était passé du désir à la peur en une demi-seconde.
Il ne connaissait pas la raison de ce brusque changement mais peut-être que ça avait quelque chose à voir avec la petite entaille qu'il avait au niveau du cou. Elle n'était pas là la dernière fois. Livaï se releva.
"Non Eren, on arrête là. Ce n'est pas ce regard là que je veux."
Eren ne comprenait pas, il en avait envie lui aussi, non ? Alors pourquoi le rejetait-il ? Livaï sourit doucement devant son air perdu.
"Ce n'est pas ta faute, je n'aurais pas dû t'y forcer. Tu n'étais pas prêt."
Non ! Ce n'était pas ça ! Il le voulait lui aussi. C'est juste qu'il avait mal réagit. Eren aurait voulu dire tout ça, mais ça bouche refusait de lui obéir. Alors il se contenta de regarder Livaï ramasser les dossiers et les remettre dans sa sacoche. Il partit sans un mot, le laissant seul et désemparé.
o O o
Il avait merdé. Livaï s'éloignait à grands pas de la maison où il avait laissé Eren. Il devait mettre le plus de distance possible entre eux deux, où il risquait de faire demi-tour et de le prendre là-bas, dans cette maison poussiéreuse. Il prenait la fuite. Livaï s'était laissé guider par son instinct pendant un court instant et voilà ce que ça donnait.
OK, il l'avait reconnu, il était attiré par Eren. Livaï avait toujours eut envie de l'embrasser. Mais c'était précisément ce qu'il ne fallait pas faire. Eren s'était tout de suite senti agressé et Livaï pouvait deviner pourquoi. Il aurait dû réfléchir avant d'agir. Il n'était pas comme les autres.
Eren avait sûrement dû subir le genre d'ennuis qu'ont les omégas, et assez récemment d'après la marque toute fraîche dans son cou. Ça le foutait en rogne de savoir que des sales types avaient pu le toucher. Eren était fort pour un oméga mais il y avait des situations où ça ne suffisait plus. Livaï était en colère contre ces gros porcs mais aussi contre lui-même. Il n'aurait pas dû le brusquer comme ça.
Attendez, quoi ? Mais à quoi est-ce qu'il pensait ? Il ne devait pas le brusquer ? C'était surtout qu'il ne devait pas laisser son instinct prendre le dessus tout court. Eren était son adversaire, et d'ailleurs il lui avait montré qu'il pouvait se servir de cette faiblesse comme d'une arme. Le jour où Eren décidait d'exploiter cette faiblesse pour le mettre derrière les barreaux, c'en était fini de lui.
Il devait arrêter de penser à Eren de cette façon ou ça causerait sa perte.
Tch, plus facile à dire qu'à faire.
o O o
Jean se demandait sérieusement ce qu'il foutait là. Il était à peine 23h, et l'oméga à côté de lui était déjà totalement éméché. Eren était venu le voir dans son bureau à 20h et lui avait proposé d'aller boire un coup au bar. Jean avait été étonné mais avait accepté la proposition. Eren ne semblait pas dans son état normal. Mais pas du tout. Il essayait de le cacher par des sourires mais il y avait un mélange de tristesse et de colère dans ses yeux. Et surtout, il avait un air désorienté sur le visage. Il n'avait aucune idée de ce dans quoi il s'était embarqué.
Jean en parvenait même à se demandait si son collègue n'avait pas été réellement violé cette fois.
Dès qu'ils étaient entrés dans le bar, Eren avait commencé à boire comme un trou, et il ne s'arrêtait pas. C'était si terrible que ça, ce qui lui était arrivé ?
L'alcool lui brûlait la gorge, et putain ça faisait un bien fou ! Il buvait pour oublier. Oublier les connards de la dernière fois, oublier sa condition merdique d'oméga, oublier Livaï.
Mais qu'est-ce qui lui avait pris de le chercher comme ça ? Où avait-il trouvé cette idée totalement débile ? Heureusement que Livaï s'était barré en le laissant comme une merde, parce qu'autrement ils auraient fait une connerie. Ils avaient failli s'embrasser et même plus, et le pire c'est qu'il l'avait voulu sur le coup.
Et tout ça, c'était à cause de lui ! Lui qui dormait dans son ventre ! Cette bête qui dormait dans ses entrailles, qu'il avait toujours eu du mal à contrôler, mais qui remontait en puissance depuis sa rencontre avec Livaï.
"Merde ! Putain d'oméga de merde !" ragea-t-il en reposant brutalement son verre sur le comptoir et en en commandant un autre sous le regard ébahi de Jean. Il ne savait même pas pourquoi il était allé le chercher, celui-là, d'ailleurs. Il aurait très bien pu aller au bar tout seul.
Mais putain ! Comment il faisait ? Comment Livaï arrivait-il à le mettre sens dessus dessous comme ça ? Eren avait eu envie, il avait eu très envie de l'embrasser à ce moment-là. C'était ça qui lui faisait le plus peur.
Il s'était toujours dit qu'il resterait célibataire, il voulait rester libre, les alphas pouvaient aller se faire voir. Il avait toujours su résister. Alors pourquoi pas là ? Heureusement qu'il avait eu ce flash pour lui rappeler la véritable nature des alphas. Livaï était peut-être différent, il n'en restait pas moins un alpha, et leur instinct de domination sera toujours présent en face d'un oméga. Il avait failli se faire avoir, putain !
Eren était soulagé après coup que rien ne se soit passé, pensa-t-il en avalant une gorgée du liquide brûlant. Il n'était pas du tout déçu. Si ? Non. Il n'était pas déçu, point barre.
Jean le regardait comme s'il devenait un peu fou, c'était peut-être le cas, qui sait ?
"Bon alors, comment ça se passe avec Marco ?" demanda Eren, peut-être un peu trop fort.
Jean failli s'étouffer avec sa bière.
"Qu-quoi ?!"
"Aller fais pas ton timide, tu l'as mis dans ton lit ou pas ?"
"Réveille-toi Jaeger, c'est un bêta, ça passe mal toutes ces conneries. En plus moi je ne m'intéresse qu'aux omégas" affirma-t-il en approchant son visage à quelques centimètres de celui du brun.
Eren lui souffla dessus ce qui le fit immédiatement reculer avec un froncement de nez.
"Putain, tu pues de la bouche, t'as pris combien de verres ?"
Eren fit claquer sa langue contre son palais.
"Fallait pas t'approcher si près, j'aime pas qu'on me colle. Et en plus t'étais pas du tout convaincant. Avoue, Marco te plaît, pas la peine de le cacher, et on s'en fout de ce que les autres pensent"
"C'est facile de dire ça pour toi, t'es une révolution à toi tout seul " murmura Jean.
"Et tu crois que j'ai fait comment pour en arriver là ? Que j'ai claqué des doigts et que bingo, on m'accepte comme je suis ? T'as rêvé mon petit. Alors maintenant tu vas bouger ton joli petit cul, et tu vas aller voir Marco et lui dire ce que tu ressens ! Et tant pis si ça dérange !" s'exclama Eren en vidant son verre.
Dans la société, les relations homosexuelles étaient mal vues si ce n'était pas entre un alpha et un oméga. C'était considéré comme inutile si ça ne pouvait pas aboutir sur un enfant. Eh bien fuck la société ! Ça n'empêchait pas certains d'avoir des relations avec le genre qui leur plaisait, tout comme ça n'empêchait pas certains omégas de travailler de façon plus que convenable.
De toute façon, ça ne concernait pas Eren. Lui, il ne voulait pas prendre le risque de s'investir dans une relation avec quelqu'un. Encore moins si ce quelqu'un s'appelait Livaï. Non mais pourquoi il pensait encore à lui ? Peut-être parce qu'il avait failli l'embrasser ?
Ouais c'était totalement sa faute, à cet enfoiré, mais après tout, ne l'avait-il pas un peu cherché lui aussi ? Eren ne savait plus ce qu'il faisait en ce moment. Et là, tout de suite, il avait encore moins envie de le savoir. Il y repenserait demain, se dit-il en recommandant un verre, de téquila cette fois.
Eren jeta un coup d'œil à Jean. Celui-ci regardait son verre, pensif. Il n'avait pas beaucoup bu depuis le début de la soirée.
"Ben alors ! Qu'est-ce que t'attends ? Me dis pas que tu tiens l'alcool si mal que ça !"
En temps normal, Jean l'aurait immédiatement rembarré, il ne refusait jamais un défi. Mais là il semblait un peu… inquiet ? N'importe quoi ! Jean inquiet ? Ça devait être l'alcool qui le faisait divaguer.
Alors qu'il allait demander un nouveau verre, un truc un peu plus fort cette fois, Jean l'en empêcha. Pfff, mais quel rabat-joie celui-là !
Jean jeta un regard autour de lui. Tout le monde les fixait, enfin surtout fixait Eren. Ce con était trop bourré pour réprimer ses hormones. Ce n'était que maintenant que Jean se rendait compte à quel point ils étaient forts. Ça devait être un sacré boulot de devoir masquer cette quantité tous les jours.
"Eren, on devrait se barrer, tu attires toute l'attention. T'es en train de libérer plein de phéromones."
"Ah ouais, ouais peut-être" répondit celui-ci en gloussant.
Putain, mais c'était qu'il se foutait de sa gueule en plus ! Il se battait vraiment les couilles de ce qu'il disait ! Il était vraiment défoncé pour ne pas se rendre compte des ennuis qu'il risquait de s'attirer. Il fallait prendre les devants.
Jean se leva et s'apprêta à partir. Il passa le bras d'Eren par dessus son épaule et commença à le sortir de là.
Et lui, il pouvait faire un effort quand même ! Parce que là, il ne faisait rien pour l'aider ce con ! Il trainait de tout son poids en divaguant, la tête posée contre son épaule, il marmonnait un truc dans le genre "je suis pas déçu", "j'ai failli me faire avoir" et quelque chose comme "j'avais encore soif !"
Jean soupira et le traîna en dehors du bar.
"Encore des ennuis" pensa Jean en voyant trois gars bourrés leur barrer la route, juste avant qu'ils ne franchissent la porte.
"Hé toi !"
"C'est à moi que tu parles ?" se ramena Eren en relevant la tête.
Si Jean ne l'en empêchait pas, il allait encore foutre la merde vu son caractère impulsif.
"Toi on t'a rien demandé" murmura Jean en lui rabaissant la tête contre son épaule.
Les plus grand des petits caïds demanda, d'un ton tout sauf sympa :
"Le mec là, c'est un oméga ?"
Eren se mit encore en tête de répondre à sa place :
"Qu'est-ce que ça peut te foutre ?"
"Ta gueule Eren" répondit Jean tandis que celui-ci retournait divaguer.
Il était clairement la tête dans le cul, ça ne servait à rien d'envenimer les choses. Quand Eren ne pouvait pas, c'était à lui de prendre les choses en main de façon responsable. Il se tourna vers les trois "racailles".
"Je vous conseille de dégager de notre chemin, et dépêchez, je suis pas très patient ce soir."
Les trois brutes se mirent à rigoler bêtement. Eh ben, c'était mal parti.
"Ton pote a pas appris que les omégas ont leurs propres bars ? Il y en a un plus loin dans la rue s'il veut."
Jean serra les dents. Il parlait clairement des "bars à omégas", mais ce n'était pas des bars où les omégas pouvaient aller boire en toute sécurité. Au contraire il valait mieux éviter. C'était des bars à putes en fait.
"File l'oméga et on te laisse partir" continua le plus petit qui dépassait quand même le 1m80.
Jean poussa un soupir. Il leur avait demandé de dégager, c'était pas assez clair ? Ils ne voulaient pas coopérer ? Très bien. Eren n'était pas le seul qui savait se battre. Lui aussi était inspecteur, et il n'avait pas reçu son diplôme dans un mouchoir, contrairement à ce qu'en pensait une certaine personne…
Jean adossa Eren au comptoir.
Un des mecs siffla :
"Regardez la tapette ! Il préfère laisser son pote pour pas se faire démonter."
On entendit un "J'suis pas son pote !" en arrière plan.
"T'as fait le bon choix mec, parce que contre nous, t'avais aucune ch…"
Il fut coupé par une droite en plein mâchoire avant d'avoir pu finir sa phrase. Jean n'avait pas apprécié l'insulte.
"Un conseil, la prochaine fois, choisissez mieux votre adversaire" recommanda Jean en enfonçant son poing dans l'estomac du deuxième.
"Si t'essayais d'être classe en disant ça, c'est raté !" cria Eren depuis le bord du comptoir contre lequel il était adossé.
"La ferme Jaeger ! Je t'ai rien demandé !"
Le troisième gars essaya de donner un coup de poing dans la tête de l'alpha, mais celui-ci esquiva facilement, le type étant bien plus bourré que lui, et releva son coude en plein dans son menton. Ses dents firent un bruit bizarre et il tomba à côté d'Eren.
Avant qu'il ne puisse se relever, l'oméga lui avait écrasé son pied dans le visage, avec pas mal de force puisque l'assemblée put entendre un crac sonore.
Bah, les nez ça guérissait vite.
Les gens dans le bar s'étaient contenté de regarder, personne n'intervenait jamais. Dans ce genre de chose, c'était chacun pour soi. Les trois alphas auraient bien pu emmener Eren pour aller le violer dans la ruelle en face, personne n'aurait fait un geste pour l'aider. C'était un oméga après tout. Il fallait pas venir dans un bar s'il ne voulait pas d'ennuis.
C'était désolant.
Jean ramassa son collègue, qui s'était carrément assis sur le dos d'un des mecs par terre, et l'emmena loin de cet endroit de fou.
Il devait se rappeler de ne plus jamais laisser Eren se bourrer la gueule.
Et voilà ! Fini ! Et finalement ils ne se sont pas vraiment embrassés ! Vous y croyez pourtant ? Et ben non, quel dommage !
Pourquoi j'ai fait ça ? Parce que.
Est-ce frustrant ? Oui.
Est-ce cruel ? Très certainement.
Je fais chier ? Cordialement.
Enfin bref, ça n'aurait pas été drôle s'ils avaient réussi tout de suite vous ne trouvez pas. (SVP, me tapez pas)
Mais ne vous inquiétez pas, moi aussi ça me frustre, et puis ça avancera après.
Bon, j'arrête de dire des bêtises et je dis à samedi prochain pour le chapitre 7 !
