Salut, salut !

Bon, déjà, je vais passer au rythme d'un chapitre toutes les trois semaines, désolé, mais il suffit de voir à quel point j'ai été en retard sur celui-là pour savoir que j'ai grandement besoin de ce temps supplémentaire. Et encore le brouillon du chapitre était déjà entièrement écrit. Pour me pardonner, ce chapitre est extrêmement long, le plus long que j'ai jamais écrit et de loin !

En tout cas, j'espère que le chapitre 13 vous plaira car j'ai beaucoup aimé l'écrire, même si j'ai dû le corriger un bon nombre de fois.

Deyka : t'as vu, j'ai galéré pour trouver le surnom. Ça peut être Deyka-chan aussi, comme tu préfères. En vrai Thomas est la victime des auteurs de fics parce que dès qu'il faut en tuer un c'est lui qu'on prend (mais ça a failli être Gunther…) Bah pour ce chapitre par exemple j'ai pris un peu plus mon temps, (même si j'ai bien passé une semaine entière sans rien écrire). Là je vais encore augmenter un peu l'attente, mais je ne pense pas que j'irai à plus d'un mois. Enfin j'espère pas. Et j'espère surtout que j'arriverai jamais à plus de deux mois ! Levi a définitivement plus d'instinct de survie qu'Eren alors même si les ustensiles de ménage sont sûrement ses objets préférés, il ne va pas les prendre pour arme (il y a que Eren qui fait ça). J'adore trop l'équipe d'Eren personnellement, mais même si on va la revoir (peut-être pas en entier), ça ne sera pas très souvent donc… Alors, Xavi on va le revoir normalement, et là tu auras encore plus envie de lui mettre ton poing dans la gueule crois-moi.

Bon, j'espère que tu aimeras ce chapitre ! (Normalement il y a moins de passages brouillons mais c'est possible qu'il en reste !)

Disclaimer : Shingeki no Kyojin appartient à Hajime Isayama.


Eren dévalait les escaliers, tout en essayant de rester le plus discret possible. Il devait retrouver Livaï et Erwin au plus vite. Son combat avec Xavi l'ayant pas mal retardé, les deux hommes devaient déjà être loin à moins qu'ils n'aient rencontré un problème en chemin.

Il arriva enfin au rez-de-chaussée et jeta un coup d'œil au couloir pour voir si la voie était libre.

Ouais, bah non, demi-tour ! Eren se dépêcha de remonter les marches quatre par quatre alors qu'un groupe d'une vingtaine de personnes se dirigeait vers la cage d'escalier. Heureusement, ils ne montaient pas mais allaient au contraire au sous-sol, là où était Nanaba et les autres. L'alarme avait déjà dû être donnée depuis un bon moment maintenant. Eren espérait juste qu'ils soient tous déjà sortis car chaque minute qui passait compromettait leurs chances de fuir.

Bon, pour l'instant il devait d'abord s'occuper de son propre cas avant de s'inquiéter de celui des autres.

Deux possibilités s'offraient à lui : soit il repassait par la petite porte de service qu'ils avaient pris à l'allé, soit il passait par l'entrée principale, qui avait l'avantage d'être plus proche mais était aussi mieux gardée. Normalement.

En fait, c'était un faux choix parce que passer par la porte principale était juste hors de question, mais la porte de service était sur la trajectoire des soldats qui rejoignaient le sous-sol. Donc il y avait de trop grandes chances qu'il se fasse repérer en passant par là.

Le vrai problème était plutôt de savoir où étaient ses deux supérieurs et par où étaient-ils passés. Eren devait aller les aider mais c'est plutôt compliqué d'aider quelqu'un quand on ne sait pas où il est. Vu le soldat assommé qu'il avait croisé dans les escaliers, Livaï était passé par là. Mais c'était le seul indice qu'il avait. Avaient-ils essayé de passer par la porte principale ou celle de service ?

Néanmoins, il restait une chance que Livaï et Erwin soient en fait déjà sortis. Si seulement il pouvait les voir…

Eren redescendit de quelques marches et regarda par la fenêtre. Un sourire étira ses lèvres quand il le vit. Sur le bâtiment voisin du quartier général se dressait fièrement le drapeau du Bataillon : deux ailes entrelacées, l'une bleue et l'autre blanche. Les ailes de la liberté. Ça ne voulait dire qu'une chose : l'opération était un succès. Erwin et donc Livaï étaient à l'extérieur, hors de danger.

Le sourire d'Eren s'élargit davantage quand une idée lui vint à l'esprit. Il n'était pas obligé de passer par l'une des deux portes, il y avait un autre moyen. Et il était con de ne pas y avoir pensé plus tôt.

Dans la base militaire, la plupart des fenêtres ne pouvaient pas s'ouvrir. C'était très chiant d'ailleurs, mais toujours est-il que les seules fenêtres qui pouvaient s'ouvrir étaient dans les bureaux des supérieurs, et donc bien gardés, c'est-à-dire inaccessible pour l'instant. Tout ça il y avait déjà pensé, ce n'était pas une nouvelle. Mais la nouveauté était qu'il y en avait une autre qui pouvait s'ouvrir. Une facile d'accès, et qu'il avait déjà utilisée d'ailleurs. Celle qui donnait sur un toit, celui sur lequel il avait planté un couteau dans le pied de Livaï.

C'était une des seules fenêtre qui pouvaient s'ouvrir pour la simple et bonne raison qu'il fallait pouvoir accéder au toit en cas de réparation.

Eren remonta encore un étage et fit coulisser la fenêtre. Comme la dernière fois elle n'était pas fermée.

Le jeune homme sortit et prit bien soin de refermer la fenêtre cette fois.

Eren se rapprocha du bord et regarda de plus près.

Il y avait comme qui dirait un petit problème. Il était au deuxième étage. En soit ce n'était pas si alarmant mais chaque étage était assez haut. Plus haut que dans ses souvenirs. Et ça c'était alarmant. Qui plus est, il n'y avait pas d'échelle, de gouttière, de corde, rien sauf un drapeau planté dans le mur trois mètres en-dessous. Wow, ça allait vachement l'aider.

Bon. Eren souffla. Ce n'était pas si dramatique, il suffisait de retourner à l'intérieur chercher une corde dans le local en haut de l'esca… et merde.

Eren se rappelait bien, très bien même, avoir refermé la fenêtre avec soin. Avec soin. Il avait refermé la fenêtre putain ! C'était pas possible d'être aussi limité intellectuellement ! pensa-t-il en se donnant une baffe sur le front. Il avait refermé cette putain de fenêtre et maintenant il ne pouvait pas retourner à l'intérieur parce qu'évidemment, évidemment cette fenêtre ne s'ouvrait pas de l'extérieur ! Et maintenant il était bloqué sur un toit comme un con sans rien pour l'aider à descendre, avec quelques hommes armés totalement inoffensifs à ses trousses. Et ça ne servait à rien d'essayer de la casser, il le savait, ces fenêtres là étaient blindés.

Il essaya quand même, au cas où, de toute façon Eren n'était pas connu pour être une lumière, et tout ce qu'il récolta fut une vive douleur à l'épaule.

Bon bah, il n'avait plus le choix, il allait devoir trouver un moyen ou un autre pour descendre de là, puisque de toute façon il ne pouvait plus changer d'avis.

Eren inspira, expira. Il fallait qu'il se calme. D'abord il devait faire le tour du toit à la recherche d'éventuelles prises quelque part.

Après une brève inspection, Eren pouvait dire que les trois côtés étaient plus ou moins pareils : il y avait des rebords de fenêtre au premier étage, mais pas au second ni au rez-de-chaussée. Ce qui était sûr, c'est que s'il essayait de se laisser tomber de là sur ce petit cadre de fenêtre, il finirait en hachis parmentier. MAIS, car heureusement il y avait un mais, il y avait toujours le drapeau planté à l'horizontale sur l'une des façades au deuxième étage, fixés par une barre de fer. Et en point bonus elle avait l'air solide, cette barre. S'il se débrouillait pour atterrir dessus, il pourrait sûrement atteindre la bordure de la fenêtre qui se situait juste en dessous.

Ok, il allait tenter. C'était pas comme s'il avait le choix de toute façon.

Eren ferma les yeux quelques instants. S'il se ratait, il était mort, au sens propre comme au sens figuré. Mais c'était ça ou attendre que les soldats viennent le chercher, se dit-il en rouvrant les yeux, déterminé.

Eren s'assit tranquillement sur le bord du toit. Puis il s'assura que ses mains étaient solidement accrochées au rebord. Et il se laissa tomber.

Enfin, tomber. Du haut de ses un mètre soixante-quinze quoi. Il était toujours fermement agrippé à la bordure, mais ses bras risquaient de lâcher s'il restait trop longtemps dans cette position. Et il valait mieux qu'il ne lâche pas, parce que là il était suspendu au dessus du vide, à bien dix mètres de hauteur. Et il n'y avait qu'une petite barre de fer entre lui et le sol. Autant dire qu'il devait s'assurer qu'il était bien positionné avant de desserrer les doigts. Il n'avait pas intérêt à se craquer, parce que c'était pas pour dire, mais s'il ne tombait pas correctement sur la barre, il y avait de grandes chances qu'il se la prenne pile entre les jambes… Et ça ferait mal.

Bon, au moins la distance était considérablement réduite entre ses pieds et la barre de fer du drapeau, moins d'un mètre les séparait.

Une fois qu'il était sûr, ou presque, d'être bien positionné, Eren serra les jambes - juste au cas où - et lâcha le rebord du toit.

Il sut qu'il avait raté son coup dès le moment où il commença à tomber. Et merde.

Ses pieds effleurèrent la barre de fer et Eren se la prit en plein menton. Aie. Au moins il avait réussi à éviter l'entrejambe mais il ne savait pas si c'était vraiment le moment pour s'en réjouir parce que là, il tombait.

Ses doigts passèrent à quelques centimètres de la barre mais il réussit cependant à s'accrocher au drapeau dans un effort désespéré. Il était pas passé loin. Malheureusement, le tissu émit un craquement de mauvaise augure et Eren leva les yeux.

"Ho ho ho" marmonna-t-il en voyant le drapeau commencer à se fissurer.

L'oméga, toujours accroché au drapeau, commença à effectuer des mouvements de balancier pour atteindre le rebord de la fenêtre situé légèrement en dessous de lui, grimaçant à chaque nouveau craquement. Il devait à tout prix atteindre cette putain de fenêtre avant que ce putain de drapeau ne cède sous sous son poids.

"Bon, à trois je lâche !" s'exclama Eren plus pour lui-même que pour un éventuel témoin, qui de toute façon ne l'entendrait même pas en plus de s'en foutre royalement.

" Un… Deux…"

Il n'eut pas besoin de lâcher le drapeau, celui-ci se déchira avant et Eren dû utiliser tout son élan pour se projeter sur la bordure de la fenêtre un mètre plus bas.

"Trooooooiiiiiiisssss !"

Eren s'écrasa plutôt lourdement contre la vitre, parvint plus ou moins à se réceptionner, perdit l'équilibre, agita les bras, retrouva l'équilibre, et réussit finalement à s'asseoir sur le cadre de la fenêtre.

Une fois bien stable, il essuya le sang qui coulait le long de son menton. La barre de fer ne l'avait pas loupé. Enfin, peut-être qu'elle l'avait loupé en fait, parce que ça aurait pu être bien plus, bien plus douloureux.

Ravi que ses parties génitales aient été épargnées, Eren leva la tête. Ce ne fut qu'à cet instant qu'il remarqua qu'un soldat le regardait de l'autre côté de la vitre, bouche-bée. Oh pitié. Il avait dû le voir faire son petit numéro ridicule de "je me balance sur un drapeau qui va craquer".

D'humeur joueuse, Eren lui fit coucou de la main avant de se laisser tomber, seuls trois petits mètres le séparant du sol. L'oméga atterrit souplement et se redressa tandis que le soldat collait son visage à la fenêtre.

Eren ricana et leva le pouce avec un clin d'œil.

Pfiou, il relâchait toute la pression accumulée. Il s'en était sorti sans blessures - ou presque - et Livaï et Erwin avaient réussi à sortir sans encombres. Il ne manquait plus que le groupe du bas ressorte et ce serait parfait. Enfin, presque parfait. Eren pensa à Thomas. Encore un mort trop jeune…

Tandis que le soldat à la fenêtre semblait avoir compris qu'il était un homme du Bataillon et le menaçait de mort par gestes, Eren haussa dramatiquement les épaules, tout en secouant la tête, un sourire narquois plaqué sur les lèvres. L'homme vit rouge, et Eren, réalisant que le soldat à la fenêtre était très facile à énerver, ramassa le drapeau déchiré tombé au sol et le secoua d'un air moqueur.

De toute façon il ne risquait rien, les fenêtres ne pouvaient pas s'ouvrir. Mais les portes si, réalisa Eren un peu tard en voyant deux soldats déboucher d'une porte de service qu'il pensait verrouillée. Apparemment, les deux hommes avaient eux aussi assistés à son petit numéro puisqu'ils se dirigèrent directement vers lui en courant, un revolver en main.

Là il avait deux choix. Soit rester et essayer de discuter, soit… COURIR !

Eren entendit une détonation puis un cri vaguement étouffé, comme venant de derrière une vitre. Évidemment c'était le soldat dont il s'était foutu de la gueule qui lui hurlait un "Allez, cours ! Plus vite !" bien moqueur auquel il répondit par un doigt d'honneur par dessus son épaule.

OK, Eren l'admettait, il avait joué au con. Non mais c'est vrai quoi. Quel besoin il avait de se foutre de la gueule d'un soldat alors qu'il était toujours en plein territoire ennemi !

Il ne pouvait pas juste... fuir, comme toute personne un minimum sensée l'aurait fait.

La bonne nouvelle c'est qu'Eren avait un bon temps d'avance sur ses poursuivants et d'ailleurs ceux-ci n'essayaient même pas de tirer. Ils savaient qu'ils étaient trop loin.

Eren trébucha, lui rappelant qu'il ferait mieux de se concentrer sur ce qui se passait devant lui. Il n'eut pas d'autre choix que de s'enfoncer dans la ville. Avec un peu de chance, il réussirait à les semer avant de rencontrer quelqu'un. S'il y avait bien quelque chose qu'Eren voulait à tout prix éviter, c'était d'impliquer un civil. L'épisode de la petite fille tuée à Shiganshina était encore trop frais dans sa mémoire.

Eren tourna dans une rue qu'il connaissait bien, puis une autre. Il s'autorisa à jeter un coup d'œil par dessus son épaule sans pour autant s'arrêter de courir et constata avec satisfaction que ses deux poursuivants n'étaient plus derrière lui. Soit ils avaient abandonnés l'idée de l'avoir, préférant rester près des autres au quartier général, soit ils n'étaient pas loin derriè…

"AAAH !"

Putain, quand on disait qu'il devait regarder devant lui…

Eren venait de rentrer en plein dans un homme qui tournait dans la rue au même moment. Un civil sûrement, pensa Eren sans lui accorder de l'importance. Il se contenta de lancer un rapide "désolé m'sieur !" avant de se remettre à courir.

"Eren ?!"

L'interpellé se figea. Comment cet homme connaissait son prénom ? Et sa voix lui était familière. Il était sûr de la connaître. Était-il possible que…? Non. Non, il devait se tromper. L'homme auquel il pensait ne pouvait pas être là. C'était juste une coïncidence.

Eren ne voulait pas prendre le risque d voir son hypothèse confirmée alors il se remit à courir sans regarder en arrière mais il eut la bizarre impression de ne pas avancer.

L'homme l'avait attrapé par le col et le tirait en arrière.

"Hé !" émit Eren en guise de protestation.

L'inconnu - même si Eren était maintenant persuadé qu'il n'en était pas un - l'amena jusque dans la ruelle de laquelle il sortait, à l'abri des regards.

Une fois qu'il le lâcha, Eren attendit quelques secondes avant de céder à la tentation et de se retourner.

Il n'aurait pas dû. Il aurait dû courir, s'enfuir sans se retourner. Mais ça il ne le savait pas encore.

Devant lui se tenait un homme qu'il n'avait pas vu depuis de longues années. De trop longues années.

"Papa" murmura Eren dans un souffle.

Devant lui se tenait nul autre que Grisha Jaeger. L'homme qu'il avait cherché, recherché et encore recherché après sa disparition subite. Cet homme qu'il avait aimé, qui avait été un bon père pour lui, jusqu'à ce jour.

La colère commença à envahir Eren.

Son père avait disparu du jour au lendemain, alors que lui et Mikasa n'avaient que quinze ans, quelques temps après la mort de Carla. Perdre un parent avait été douloureux. En perdre deux en l'espace de quelques mois avait été un déchirement.

Après quelques recherches, Eren avait préféré croire que son père était bel et bien mort. C'était moins pénible que de penser qu'il les avait abandonnés.

Avec Mikasa, il avait écumé les bars, les marchés, et ils étaient même allés dans les quartiers qui leurs étaient autrefois interdits par leurs parents. Ils posaient des questions, demandaient si quelqu'un savait où était passé Grisha Jaeger. Mais personne ne l'avait plus vu depuis le jour où il était parti, comme ça, sans aucune explication. C'était comme s'il avait disparu de la surface de la Terre en une journée.

Autant dire qu'il avait intérêt à avoir une bonne excuse.

Eren voulait qu'il ait une bonne excuse. Il croirait tout ce que son père lui dirait si ça pouvait l'innocenter à ses yeux. Parce qu'il n'y pouvait rien, même s'il les avaient abandonnés comme des chaussettes trouées dans un placard, Grisha restait son père, un père qu'il avait aimé. Et qu'il aimait toujours au fond.

Donc il priait. Il priait pour qu'il ait une bonne raison, quelque chose qui justifierait de laisser deux enfants de quinze ans - dont un oméga - livrés à eux-mêmes.

Le temps des explications était enfin venu, alors Eren croisa calmement les bras et s'adossa au mur derrière lui. En fait il n'était pas calme du tout, il était en total conflit intérieur. Il ne savait pas s'il devait être en colère contre son père qui les avait lâchement abandonnés ou heureux de le revoir. Alors il affichait une indifférence qu'il ne ressentait pas.

"Alors ? Tu as quelque chose à me dire ?" demanda-t-il.

À sa grande surprise, Grisha secoua la tête, l'air peiné et Eren sentit la colère qu'il avait essayé d'enfouir resurgir.

Alors c'était comme ça ? Il pensait que son père allait au moins tenter de se justifier, mais visiblement ce n'était même pas le cas. Eren ouvrit la bouche, prêt à lui envoyer une réplique acerbe mais son père parla avant lui :

"Je préfère te montrer plutôt que te raconter" dit-il en tournant les talons et en lui faisant le signe de le suivre.

Eren se redressa, hésitant quelques secondes, mais finalement suivi Grisha dans le dédale de ruelles sombres. Il était légèrement méfiant, mais son père avait beau les avoir abandonnées, il restait l'homme en qui il avait eu le plus confiance. Et on ne se méfie pas de ses proches.

Après tout, son propre père n'essaierait pas de lui faire du mal, n'est-ce pas ?

Eren regarda rapidement en arrière. La mission était terminée, les autres ne devaient pas avoir besoin de lui normalement. Il ne devait rester que quelques personnes au quartier général, mais il ne pouvait pas les aider de toute façon. Alors autant suivre son père puisqu'il ne serait d'aucune utilité à la base.

Il essayait de s'en convaincre, mais la vérité, c'était qu'il tenait trop à savoir ce que Grisha avait à lui dire, ou à lui montrer, pour justifier son absence durant ses six dernières années.

Eren se retourna et rejoignit son père, accélérant le pas pour arriver à sa hauteur.

Grisha sourit et ils marchèrent en silence jusqu'à ce que le plus âgé ne le rompe :

"Alors Eren, et toi ? Ton travail te plaît ?"

Eren manqua de s'étrangler. Il voulait vraiment parler comme si de rien n'était ? Ils avaient d'autres choses plus importantes à dire, non ?

Mais en même temps, c'était ce qu'un père et un fils étaient censés faire en temps normal. Parler de tout et de rien, raconter sa vie.

Puisque de toute façon Grisha allait lui donner des explications, autant parler en attendant. Autant profiter de ce court laps de temps. Après tout, il n'était pas sûr de vouloir lui parler après ses explications.

"Comment tu sais que je travaille ? Un oméga n'est pas censé travailler" répondit Eren après un temps

"S'il-te-plaît Eren, c'est pas comme si je n'étais pas au courant. Tout le monde parle de l'oméga qui a réussi à devenir inspecteur puis qui a démissionné parce que l'armée était un milieu trop dur pour lui"

Eren faillit s'étouffer avec de l'air et regarda son père d'un air interdit, lui permettant ainsi d'enchaîner :

"Mais je vois que la deuxième partie est infondée" murmura-t-il en désignant son uniforme et les tâches de sang sur son visage et dans ses cheveux.

Eren, lui, digérait l'information. Alors comme ça l'armée avait dit qu'il avait démissionné parce que c'était un milieu trop dur ? Décidément, il devrait faire plus attention aux rumeurs. Parce que là il ne se montrait pas très au courant. Et pourtant, il en avait écouté, des rumeurs. Tous ces moments passés dans les bars…

Disons qu'il n'écoutait que celles qui l'intéressaient, à savoir : est-ce que quelqu'un aurait vu une jeune femme alpha d'origine japonaise ? Donc non, il ne savait pas vraiment ce que les gens disaient sur lui.

"C'est pas tout à fait faux, Papa, répondit Eren d'un ton las. J'ai vraiment démissionné. Mais c'est pas à cause de ce que les gens pensent."

"Ah ? Et c'est à cause de quoi alors ?"

Le plus jeune soupira.

"J'ai pas envie d'en parler."

Grisha hocha la tête en signe de compréhension. Vu la tête que tirait Eren, il valait mieux éviter de s'attarder sur le sujet.

" Et sinon, tu l'aimais bien ton travail ?" demanda Grisha en lui faisant signe de tourner à gauche.

"Disons qu'il y avait des bons côtés. J'avais une équipe de bras cassés, un collègue chiant, et le meilleur et le pire des adversaires en même temps, mais je les aimais bien mes boulets" souffla Eren avec mélancolie, avant de reprendre d'un ton amer :

"Et après, il y avait eux".

Grisha ne demanda pas qui était "eux" et se contenta de répondre un "Mmh, je vois", alors qu'il ne devait pas très bien voir en fait.

"Mais mon nouveau travail me plaît ! enchaîna Eren, les yeux brillants. Il y a de l'action, les chambres sont super confortables, et je suis vraiment avec les bonnes personnes !" s'exclama-t-il, les pommettes légèrement plus rouges que d'habitude.

Pas de beaucoup, mais suffisamment pour que Grisha le remarque.

"Ce serait pas plutôt que tu es avec la bonne personne ?" demanda-t-il malicieusement.

"Je ne vois pas de quoi tu parles" marmonna Eren en détournant le regard.

"Ta mère avait remarqué que tes oreilles rougissaient quand tu mentais. Et c'est toujours le cas, répondit Grisha, une pointe de mélancolie dans la voix à l'évocation de Carla Jaeger. Alors, c'est un alpha ?"

"Papa ! Je ne me rappelais pas que tu étais une telle commère !" s'exclama Eren.

"Je m'informe sur la vie de mon fils, j'ai le droit, non ?"

"Visiblement, ma vie ne t'intéressait pas autant avant, sinon tu serais resté pour en connaître les détails" fit amèrement remarquer Eren.

Grisha leva les yeux au ciel.

"Je sais que tu te poses beaucoup de questions, mais tu auras très bientôt toutes les réponses que tu souhaites. En attendant on peut bien parler de toi."

Eren poussa un long soupir.

Mais pour une fois il avait envie de parler. Envie de s'exprimer, de s'ouvrir. Ça l'aiderait peut-être à mettre au clair ses sentiments. Et tant pis si la personne à laquelle il se confiait était son père qu'il n'avait pas vu depuis six ans, et qui se ramenait comme une fleur.

"C'est un alpha" marmonna Eren en détournant le regard.

Grisha sembla surpris, comme s'il ne s'attendait pas à ce que son fils lui réponde. Et encore plus surpris qu'il se soit attaché à quelqu'un. Grisha était persuadé que son fils finirait célibataire, vu ce qu'il hurlait déjà à l'âge de neuf ans, comme par exemple " jamais je ne m'accouplerais avec un alpha ! Je resterais libre !" et pas mal d'autres trucs dans le même genre.

"Et… ? Tu l'aimes ?" demanda-t-il de but en blanc.

"J-J'en sais rien…" avoua Eren en rougissant.

En vrai, c'était une bonne question. Est-ce qu'il aimait Livaï ? Il ressentait de l'attirance physique pour lui, c'était indéniable. Mais il y avait quelque chose en plus. Après, la question était de savoir si c'était de l'amour. Peut-être bien ouais. Mais Eren ne savait pas ce que c'était que l'amour, il ne l'avait jamais ressenti avant. Tout ce qu'il savait, c'était que c'était différent d'avec Mikasa ou sa famille.

Et de toute façon, même s'il était amoureux, c'était plus compliqué que ça. Il était dans un camp rebelle qui se battait contre le trafic d'esclaves. La mort pouvait surgir de n'importe où. Ce n'était pas l'endroit pour développer une relation. Il ne voulait pas prendre le risque de s'attacher à Livaï pour ensuite le perdre.

Et il restait encore le problème de savoir si lui l'aimait, ou l'aimerait. Livaï n'était pas trop le genre à tomber amoureux. Eren se l'imaginait même très mal être amoureux.

Mais il n'y avait pas besoin d'être amoureux pour avoir une relation purement physique. Pas de sentiments, pas d'attachement personnel. Parce qu'il devait bien avouer que l'alpha l'attirait. Alors même s'ils ne pouvaient pas vivre une histoire d'amour dans ces temps troublés, ils pouvaient très bien avoir des relations sexuelles.

D'un côté, il avait très envie d'essayer de coucher avec Livaï, de l'autre il n'était pas sûr de vouloir. Tout ce qui touchait de près ou de loin au sexe l'effrayait, le terrifiait même. Et si Livaï voulait le faire alors qu'il n'était pas prêt ? Et si ça faisait atrocement mal ? Eren ne savait plus ce qu'il voulait. Tout était trop compliqué, trop confus.

Il voulait tenter d'avoir une relation sexuelle avec Livaï, mais il en avait peur. Et même s'il parvenait à se raisonner, Eren n'était pas sûr qu'une simple relation superficielle suffise à le satisfaire. Il commençait enfin à comprendre ce qu'il voulait. Et il voulait bien plus qu'un simple plaisir physique, si plaisir physique il y avait.

Et pourtant, il savait qu'il n'avait pas le droit d'en demander plus de la part de Livaï. Il n'aurait pas le droit d'être déçu si leur relation n'allait pas plus loin qu'une partie de jambes en l'air.

Parce qu'il serait forcément déçu.

C'était clair et net maintenant, s'il tombait amoureux de Livaï, il en souffrirait. C'était bien la dernière chose à faire. Et ce qui était encore plus clair, encore plus net, c'était qu'il était déjà trop tard. Il était amoureux.

Et cette constatation lui fit peur et l'excita en même temps.

"Il est beau ?" demanda Grisha, sans s'être rendu compte du débat intérieur auquel s'était livré Eren.

L'oméga rougit un peu plus mais acquiesça.

"C'est mon genre…"

"Il est plus fort que toi ?" continua son père, visiblement curieux.

"C'est l'homme le plus fort que j'ai jamais vu, et heureusement parce qu'il a dû me sauver la peau du cul plus d'une fois. Mais on peut parler d'autre chose ? C'est bon, on a compris, il est beau, fort, parfait, mais je préférerais changer de sujet."

"Très bien, c'est comme tu veux. Du coup, tu travailles dans quoi maintenant ?" demanda Grisha, bien décidé à alimenter la conversation.

"Désolé Papa, mais c'est un peu compliqué, je préfèrerais éviter de le dire. C'est un peu top secret tu comprends… mais tout ce que je peux te dire, c'est qu'on tra… Attend"

Eren s'était brusquement arrêté. Il connaissait cette rue. Et ça ne lui plaisait pas du tout.

"Tu peux me dire où tu comptes m'emmener ?" demanda-t-il, inquiet.

Grisha soupira.

"Ça tu verras. On est bientôt arrivés et j'ai dit que je préférais te montrer plutôt que t'expliquer, alors viens."

Eren secoua la tête.

"Je ne ferais pas un pas de plus dans cette direction"

"Quoi ? demanda Grisha, abasourdi. Je ne comprends pas quel est le problème, alors arrête de faire l'idiot et suis moi" marmonna-t-il en s'approchant pour le tirer par la manche.

Eren dégaina immédiatement son revolver qu'il pointa sur la tête de son propre père.

"Je ne rigole pas, je n'irais pas par là, soutint Eren. Ce n'est pas parce que tu te pointes comme une fleur et que tu me fais déballer ma vie que je te fais confiance. Alors tes explications, tu me les donnes là, maintenant, ou je me barre."

"Là je ne te suis pas. Qu'est-ce que ça change qu'on aille par là ou par un autre chemin ? Tu veux qu'on fasse le tour ?"

"Je m'en fous pas mal de ton chemin ! Ce que je veux savoir, c'est pourquoi tu essayes de m'amener chez Zackly !" s'écria Eren.

Grisha pâlit brusquement et balbutia :

"J-Je ne vois pas de quoi tu parles…"

"Te fous pas de ma gueule ! gronda Eren. Ce chemin est gravé dans ma mémoire, ça ne mène à rien d'autre, ici c'est trou paumé sur rien, et la seule chose digne d'intérêt dans le quartier c'est la baraque de Zackly. Et si tu crois que j'ai pas remarqué à quel point t'étais nerveux, tu te fourres le doigt dans l'oeil ! Tu penses peut-être que j'avais pas compris ton petit manège de me faire parler pour que je ne me rende compte de rien ?! Ça fait peut-être six ans qu'on ne s'est pas vu, ça n'empêche que je te connais encore un peu ! Mais tu as bien changé visiblement… Je te connais bien moins que ce que je croyais. Alors ne t'approches pas de moi, où je n'hésiterai pas à tirer."

"Eren, t'es pas sérieux !" s'exclama Grisha, mi-inquiet mi-énervé.

"Je suis on ne peut plus sérieux" affirma Eren, et on pouvait voir dans se yeux qu'il ne plaisantait pas.

Il semblait déterminé, prêt à tuer son propre père si celui-ci menaçait sa sécurité. Tout résidait dans ce mot : semblait.

Parce qu'en ce moment, il était tout sauf sûr de lui. Il ne savait pas ce qu'il devait faire, mais il avait bien compris que son père l'avait trahi. Et dire qu'il avait voulu lui faire confiance, il avait essayé de se persuader qu'il ne l'amenait pas à Zackly, qu'il faisait fausse route et que son père voulait juste l'emmener quelque part dans la même direction. Mais sa réaction quand il avait prononcé le nom du chef de l'armée l'avait trahi.

Bordel, il ne savait plus ce qui se passait, il aurait aimé que tout ça ne soit qu'un rêve, que Grisha Jaeger soit mort six ans plus tôt. Ou qu'il soit le père bienveillant qu'il ait toujours connu. Mais il s'était aveuglé, dans ce monde il ne pouvait faire confiance à personne. Même pas à son propre père.

Alors il attendait des explications. Maintenant, tout de suite. Et elles avaient intérêt à tenir la route, parce qu'Eren n'avait pas confiance lui, en ce qu'il serait capable de faire si jamais son père ne répondait pas correctement. Parce que là il était en colère, effrayé et désespéré. Ne jamais acculer quelqu'un dans ses derniers retranchements.

Grisha sentit l'aura menaçante d'Eren dirigée vers lui et recula de quelques pas.

"Laisse-moi t'expliquer Eren"

"Ouais, bah je te donne une occasion de le faire alors saisis-la. Et t'as intérêt à te grouiller parce que ma patience à des limites."

" Ta mère n'a pas été tuée par des extrémistes comme on nous l'a dit…" commença Grisha.

Eren se tendit. Ça il s'en doutait bien, mais avoir la confirmation ne l'aidait pas à se calmer. Et s'il ne se calmait pas rapidement, il pouvait très bien appuyer sur la détente sans réfléchir.

La véritable mort de sa mère avait-elle quelque chose à voir avec son nom inscrit sur les papiers de Zackly ? Néanmoins, ce qui s'ensuivit n'était pas du tout ce à quoi il s'attendait.

"En fait, Carla n'est pas morte."

Eren eut l'impression que son cœur s'était arrêté de battre. Comment ça, sa mère n'était pas morte ?! On leur avait dit que son corps avait été retrouvé ! Et d'ailleurs, où est-ce qu'elle avait été ces six dernières années si elle était encore vivante ? Non. Impossible. Eren secoua vivement la tête. Il refusait de se laisser berner. Tout ça, c'était des mensonges destinés à l'embobiner.

"Ah oui ? répliqua durement Eren, alors où est-elle dans ce cas ? Elle aussi, elle nous a abandonnés ?!"

"Elle est chez Zackly."

Cette fois, Eren baissa son arme et murmura calmement :

"J'en ai marre."

Puis il laissa exploser toute la rage qu'il avait emmagasiné pendant toute la discussion, non, pendant ces six dernières années :

"ARRÊTE DE TE FOUTRE DE MA GUEULE ! MAMAN EST MORTE ET C'EST PAS EN AFFIRMANT LE CONTRAIRE QUE ÇA VA CHANGER ! ALORS TROUVE TOI UNE MEILLEURE EXCUSE SI TU VEUX M'AMENER CHEZ CE CONNARD PERVERS ENFOIRÉ PSYCHOPATHE !"

"Je ne mens pas Eren, alors arrête de hurler et écoute moi pour une fois ! s'énerva Grisha à son tour. Ta mère a été capturée par l'armée il y a six ans, continua-t-il plus calmement. Ils voulaient se servir d'elle pour m'obliger à leur donner un échantillon que j'ai mis au point."

"L'armée ne ferait jamais ça" maugréa Eren, en pure mauvaise foi.

"Eren, arrête ça, répondit Grisha. Tu crois que je sais pas pourquoi t'as quitté l'armée ? Tu sais autant que moi de quoi Zackly est capable alors arrête de faire le con. Et kidnapper une femme pour obtenir ce qu'il veut de son mari, c'est totalement dans des cordes. Alors laisse-moi continuer sans m'interrompre avec tes remarques sans intérêt. Donc je disais, il voulait récupérer un "sérum" que j'ai créé. Mais comme moi aussi j'ai cru que Carla était morte, j'ai aussitôt mis ce sérum en sécurité… Dans ton sang" ajouta-t-il après un temps.

Eren, qui jusque là feignait de ne pas être intéressé, se tourna d'un coup vers son père.

"Q-Quoi ?! Je rêve où tu t'es servi de moi comme cobaye ? Quelle saloperie tu m'as foutu dans le sang ?"

"Du calme. De un, je suis presque sûr que cette "saloperie" t'as sauvé la mise au moins une fois. De deux, c'est le fruit de plusieurs années de recherche. Je vais pas te refaire le cours sur la différence entre les alphas, les bêtas et les omégas…"

"Non merci, on voit ça en primaire" marmonna Eren.

Grisha lui jeta un regard glacial par dessus ses lunettes l'air de dire "qu'est-ce que j'ai dit à propos des interruptions sans intérêt" mais continua néanmoins son explication.

"Donc, comme tu l'as vu en primaire, ce qui différencie ces trois races, c'est une paire de chromosomes assez spéciale. Soit α soit β. Si les chromosomes sont deux α, l'enfant sera un alpha, si ce sont deux β, il sera un bêta, et si c'est un α et un β, il sera un oméga. Enfin bref, j'ai réussi à extraire ces fameux chromosomes et à en implanter un β dans un embryon oméga, tout en lui enlevant le chromosome α en trop bien sûr. Ce qui fait qu'il a désormais deux chromosomes β, exactement comme un bêta !"

"Tu as fait quoi ?!" s'exclama Eren, horrifié.

"Et ça a réussi, continua Grisha comme s'il n'avait pas entendu l'interruption, l'enfant qui est né était un bêta. Un simple et unique bêta. J'ai réussi à faire un bêta à partir d'un oméga ! Je ne sais pas si tu te rends compte à quel point c'est incroyable !"

"Combien d'enfants as-tu sacrifié avant d'y parvenir ?" demanda Eren, dégoûté.

Grisha fit un signe de la main comme pour signifier que ça n'avait pas d'importance.

"Tu réalises ce que ça veut dire, Eren ? Maintenant que ça marche, on pourrait modifier génétiquement les embryons, qu'ils soient alphas où omégas, et il n'y aurait plus d'inégalités entre les races, parce qu'il n'y en aura qu'une seule ! On formera tous l'espèce humaine !"

Eren réalisait enfin les conséquences de l'expérience de son père. Et il se rendait compte de l'importance d'une telle découverte. C'était la solution idéale.

Même s'il se battait depuis toujours contre les discriminations entre les races, il n'était pas optimiste au point de penser qu'elles disparaîtraient totalement. Si déjà il parvenait à réduire ces discriminations, c'était déjà bien. Mais si tout le monde finissait bêta, s'il n'existait qu'une seule race, les omégas ne seraient pas soumis aux alphas pour la bonne raison qu'aucun des deux n'existeraient.

Et il comprenait pourquoi l'armée tenait tant que ça à obtenir l'invention de son père.

"Et tu m'as foutu ça dans le sang ?!"

Grisha lui lança un regard blasé.

"Tu réfléchis un peu Eren, je vais pas te balancer des chromosomes comme ça dans le sang ! Non, moi ce que je t'ai injecté, c'est ce qui va avec. Le problème de ces chromosomes tu vois,c'est qu'ils sont très difficiles à conserver. Et moi, j'ai réussi à créer un liquide qui permet de les conserver. Et le seul échantillon qui reste est en sécurité dans ton sang, il suffit de le récupérer molécule par molécule. Mais ça, ça n'a pas dû te déranger, en fait ça m'étonnerait même que tu l'aies remarqué. Par contre, je t'ai également implanté des gènes alphas, et ça tu as dû en ressentir les effets. Mais bon, comme tu n'es malheureusement plus à l'état de l'embryon, ces gènes ne se sont pas beaucoup répandus. Donc la plupart de tes cellules sont omégas, et seule une petite partie est alpha. Ça ne t'es jamais arrivé de ressentir une immense puissance, quand tu étais en difficulté, ou que tu avais peur ? Un peu comme une sorte d'adrénaline si tu préfères…"

Eren déglutit et hocha la tête. Ça lui était arrivé quand il s'était fait agressé par les trois Commandants alors qu'il était en chaleur, mais c'était aussi ce qui lui avait permit de vaincre les jeunes alphas qui s'amusaient à tester leurs crooners sur lui lors de sa formation de soldat.

"Eh bien tu vois, ça c'est un aperçu de la puissance d'un alpha. Tu vois les avantages ? Si cet écart de puissance ne disparaît pas, les discriminations persisteront. Parce que c'est triste à dire, mais les alphas sont clairement supérieurs aux omégas."

Eren s'apprêta à ouvrir la bouche mais Grisha le devança :

"Bien sûr, certains omégas sont plus forts que d'autres et arrivent à se démarquer, en devenant aussi forts, voire même plus fort que certains alphas, mais globalement, les omégas et les bêtas sont plus faibles que les alphas. Toi tu es fort. Déjà en tant qu'oméga tu as su acquérir de la puissance grâce à ta détermination, mais ta partie alpha a joué un rôle, et je suis sûr que tu l'as ressenti. Tu es unique, Eren. Certaines de tes cellules sont omégas, la plupart en fait, et certaines sont alphas. Donc c'est un peu compliqué, mais en gros tu es un oméga ET un alpha en même temps, même si le côté oméga domine largement le côté alpha."

"Attend. Si j'ai bien compris, je suis un oméga, mais avec une petite part alpha ?"

"C'est ça" confirma Grisha.

"Et j'ai un liquide miracle qui permet ces expériences dans le sang ?"

"Correct. J'ai détruit les plans alors je serais incapable de le refaire à moins que je ne récupère l'échantillon qui coule dans tes veines"

" Donc tu vas m'amener chez Zackly pour qu'il récupère ce fameux liquide conservateur de chromosomes ?"

Voyant que son père ne le contredisait pas, Eren poursuivit :

"Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi je ne suis pas enchaîné à une table d'opération, à la merci des scientifiques de Zackly. Je veux dire, ils ont eu tout le temps de me capturer quand je faisais encore partie de l'armée, non ?"

"En fait ils n'étaient pas encore au courant à ce moment-là. Je leur ai convaincu que tu n'avais aucun rapport avec cette affaire et ils t'ont laissé tranquille, tout en gardant un oeil attentif sur toi."

"Et là, c'est le moment ou je suis censé te remercier, c'est ça ?" ironisa Eren.

"Tu pourrais. J'ai essayé de garder le secret le plus longtemps possible, mais Zackly a commencé à s'impatienter, et maintenant ça fait deux jours qu'ils savent où trouver ce liquide miracle. Et ils ne m'ont laissé qu'un mois pour te ramener. Disons que je t'ai retrouvé plus vite que prévu."

" Mais t'es au courant que Zackly nous aura récupéré, moi et surtout le liquide conservateur, il ne l'utilisera que pour faire ses petites expériences personnelles, et jamais il n'essaiera de résoudre les disparités sociales ! Au contraire, s'il veut à ce point avoir le seul échantillon, c'est pour éviter que quelqu'un le fasse. Et après il te supprimera pour être sûr que tu n'en refasses pas ! C'est sûr que lui et les hauts dignitaires n'ont pas intérêt à ce que les races disparaissent ! Ils perdraient leurs privilèges !"

"Je sais tout ça Eren ! Mais qu'est-ce que tu crois que je peux faire ! Ils détiennent Carla depuis maintenant six ans ! Tu crois que je n'ai pas déjà tout essayé pour la sauver sans te sacrifier ?!" s'exclama Grisha, et pour la première fois depuis qu'ils s'étaient retrouvés, Eren pouvait sentir toute l'étendue de sa détresse.

"Et si tu extrayais le liquide et tu le leur remettait, ça ne suffirait pas ?" proposa Eren en désespoir de cause.

Grisha secoua la tête, attristé.

"Malheureusement, je leur ai déjà demandé, mais ils te veulent également pour faire des expériences. Je te l'ai dit, tu es unique."

"Donc c'est ton fils ou ta femme. Et tu as déjà choisi" souffla Eren, la voix légèrement tremblante.

Ça commençait à faire trop pour lui. En l'espace d'une journée, il avait tué, vu Thomas mourir, avait lui-même frôlé la mort, avait rencontré son père qu'il croyait disparu pour toujours, pour finalement découvrir que sa mère elle aussi était toujours vivante, mais entre les mains du pire connard de la terre et qu'il devait se livrer s'il voulait la sauver.

"Désolé Eren, j'y ai réfléchi tu sais. Mais tu es déjà dans leurs fichiers. Si ce n'est pas moi qui te livre, c'est eux qui t'attraperont. Tu es condamné, tu comprends ? Alors que ta mère, elle, elle a encore une chance. Ne fait pas de difficulté s'il-te-plaît, viens avec moi."

Comme Eren hésitait, Grisha rajouta :

"Tu veux sauver ta mère ou pas ? C'est nous deux contre elle."

Bien sûr qu'il voulait la sauver. Il n'y avait même pas à se poser la question. Mais Eren avait l'impression que ce qu'il s'apprêtait à faire était une grosse connerie. Il mourrait sans hésiter pour sa mère. Eren venait d'apprendre qu'elle était toujours en vie après toutes ces années, mais il avait encore du mal à y croire. Pourtant il savait que son père ne mentait pas. C'était inscrit dans ses yeux.

Eren avait perdu sa mère une première fois, il ne voulait pas la perdre une seconde. Pendant toutes ces années, il avait voulu se venger de ceux qui l'avait assassinée, mais il ne les avaient jamais trouvés. Pas étonnant vu que ces assassins n'avaient jamais existés. Alors il ferait n'importe quoi pour sauver Carla. Même si ça signifiait se livrer en pâture à l'homme qu'il haïssait le plus. Il le ferait. Il le ferait si seulement ça servait à quelque chose.

Car il savait pertinemment que Zackly ne la laisserait pas partir, même après avoir obtenu ce qu'il voulait. Il éliminerait les trois Jaeger dès qu'il n'aurait plus besoin d'eux.

Et pourtant…avait-il vraiment le choix ? La chance que sa mère s'en sorte s'il se rendait était plus qu'infime. Mais pas inexistante. Alors que s'il la laissait tomber… Le jeu n'en valait clairement pas la chandelle mais pourrait-il vivre en sachant qu'il avait laissé sa mère mourir ? Et d'un autre côté il y avait Mikasa. Mikasa et Livaï.

Eren se mordit la lèvre inférieur.

"Je ne peux pas. Je ne peux pas faire ça, Papa. Pour une fois j'ai un vrai endroit où aller, des gens qui m'attendent. Pour une fois je sais ce que je fais et ce que je veux faire, j'ai un vrai but…"

"Donc tu préfères la laisser ? Laisser ta mère entre leurs sales pattes ?"

" Non ! Je veux juste… un peu de temps. Pour leur dire adieu" répondit Eren, sa voix se brisant sur le dernier mot.

Et un peu de temps pour réfléchir surtout. Il était tiraillé entre ces deux choix et il ne savait pas lequel était le bon.

Grisha le fixa quelques instants puis devant la mine désemparée de son fils se rapprocha de lui et le serra dans ses bras pendant ce qui leurs sembla une éternité. Eren se laissa faire.

"Dis Papa, qu'est-ce que je dois faire ? Je dois me livrer ?" demanda-t-il d'une voix étouffée.

"Eren, écoute-moi. Je sais que je n'ai jamais un très bon père, et je suis probablement le pire désormais, mais je suis aussi dérouté que toi. Alors je te laisse le choix. Deux semaines. Je te laisse deux semaines pour te décider. Officiellement je n'ai vu personne aujourd'hui, je ne retrouverais ta trace que dans deux semaines, du moins c'est ce que je leur dirais. Viens dans deux semaines sur la grande place du quartier d'Utgard, au coucher du soleil pour faire l'échange. Je serais là, mais aussi ta mère et des hommes de Zackly si tout se passe bien. Si tu n'es pas là, j'en conclurais que tu préfères vivre ta vie. Dans ce cas je mettrai fin à la mienne et à celle de Carla par la même occasion. On n'en peut plus tu comprends ? Ce sera plus une délivrance qu'un châtiment. Sinon, on fera l'échange et ta mère sera libre. Moi par contre, je ne pense pas qu'ils me laisseront partir… je resterais avec toi. Et on essayera de s'échapper, mais je ne te promets rien. Ça fait six ans que j'essaie de faire fuir Carla."

"Dis Papa, pourquoi ça tombe toujours sur moi ? Pourquoi je dois faire ce choix ? Pourquoi je ne peux pas vivre normalement ?" s'exclama Eren, les larmes aux yeux.

Grisha se détacha de son fils et lui posa les mains sur les épaules.

"Parce que tu n'es pas normal Eren, toi au moins tu veux faire bouger les choses, et ça ne plaît pas au gouvernement. Dès le moment où tu ne rentres pas dans le moule, tu représentes une menace pour eux. Le changement ça fait toujours peur. Et tu sais pourquoi tu es comme ça ? C'est parce que tes parents non plus ne sont pas normaux. C'est de notre faute tu vois. Si on ne t'avait pas élevé comme ça, tu serais probablement un simple oméga parfaitement normal accroché au bras de son alpha bourré de fric. Tu sais Eren, je voulais te dire…je suis fier de toi. Et si… si tu choisis de ne pas venir dans quinze jours, je veux que tu vives ta vie pleinement sans te soucier de nous. Je sais que j'ai mal agi en essayant de t'amener chez ce connard sans t'exposer la situation, mais j'avais peur que tu partes sans me laisser de chance de t'expliquer. Tu sais, ta mère, j'ai pu la voir une fois et je pense qu'elle préférait que tu ne viennes pas… contrairement à moi. Mais si tu ne viens pas dans deux semaines, assure-toi de ne pas tu le regretter toute ta vie ensuite."

Eren ravala les larmes qui menaçaient de couler et hocha la tête, toute sa détermination retrouvée.

"J'ai peut-être une idée… Mais il faut encore que j'y pense. Si je viens, tiens toi sur tes gardes et soit prêt à réagir… on ne sait jamais. Bon, là je dois y aller, je suis déjà resté trop longtemps, les autres vont s'inquiéter. Juste…Utgard, c'est la zone désaffectée, alors pourquoi là et pas ailleurs ?"

"Parce que ça ne risque pas d'impliquer des civils si ça dégénère" expliqua Grisha en faisant un clin d'œil.

o O o

Eren se dépêcha de revenir vers le quartier général, ou plus exactement au point de rassemblement qu'ils s'étaient fixés à proximité. Les quelques passants qu'il croisait le regardaient bizarrement à cause du sang séché sur son visage, mais avant qu'ils ne puissent se poser des questions, Eren avait déjà filé.

Il avait un mauvais pressentiment. De la fumée s'élevait vers le ciel, pile au dessus du quartier général. Jusque là il n'y avait pas vraiment prêté attention, après tout un petit incendie ça arrivait souvent pendant ce genre d'attaque, à cause de la désorganisation et de la panique. Mais là, la fumée était noire et dense, l'incendie devait avoir pris des proportions énormes.

Eren courut le plus vite possible en direction des nuages noirs et ne s'arrêta qu'à l'endroit où les curieux s'étaient rassemblés, au mépris du danger. Il se fraya un chemin au travers de la foule et arriva au premier plan. Ce qu'il vit le stupéfia. Toute l'aile droite, là où s'était auparavant trouvé son bureau, était ravagée par les flammes. Et ce n'était pas de petites flammes, elles s'élevaient bien à dix mètres au-dessus de la base militaire. La réserve de poudre avait dû être touchée.

Eren sentit son estomac se nouer. Heureusement, la plupart des soldats avaient réussi à sortir à temps, ils formaient un groupe essayant d'éteindre le feu, sans succès. En même temps c'était pas leurs petits seaux qui allaient changer quoi que ce soit. Eren crut apercevoir Jean dans la mêlée et la tête de Berthold dépassait un peu plus loin. Bon, s'il était là, c'est que les autres membres de son escouade avaient réussi à s'en sortir. Eren espérait juste que ce soit également le cas pour les membres du Bataillon. L'oméga tourna les talons et sortit de la foule pour rejoindre le point de rassemblement, qui n'était plus très loin.

Eren courait dans le dédale de ruelles qu'il connaissait par cœur sans rencontrer âme qui vive. Enfin il arriva à la place qu'ils s'étaient fixés et il scanna rapidement l'assemblée.

L'escouade Livaï était là, vivante bien que légèrement blessée. D'autres membres qu'il n'avait jamais vu, et qui devaient être les taupes libérées étaient en train de se faire administrer les premiers soins. Il vit même Hanji qui s'affairait autour d'un blessé et d'autres membres qui n'avaient pas participé à la mission mais étaient là en tant qu'aides soignants. En temps normal, ce n'aurait pas été très sûr de rester aussi près de la base militaire, mais les soldats étaient tous occupés à essayer de freiner l'incendie, ils n'avaient donc pas grand chose à craindre de ce côté là.

Eren scrutait la foule sans trouver la personne qu'il cherchait et repéra Erwin à quelques mètres de lui. Celui-ci aussi le vit car il se fraya un chemin dans sa direction.

"Eren, tu es là. Je suis content que tu t'en sois sorti."

L'oméga se contenta d'acquiescer tout en continuant de parcourir la foule des yeux.

"Il faut aller aider ceux qu'il reste" répondit-il.

Erwin secoua la tête.

"C'est trop tard pour eux."

"Comment ça ?" demanda Eren d'une voix blanche.

"Tout ceux qui sont vivants sont devant toi, les autres ont été tués dans les sous-sols."

"Q-Quoi ?! Mais il en manque ! Nanaba, Mina, Nac et Mylius ! Ils sont où ?" s'exclama Eren en regardant partout autour de lui, s'attendant à les voir surgir à tout instant.

"Tous ceux que tu viens de nommer sont morts" affirma tristement l'ancien Commandant.

Eren s'efforça de ne pas céder à la panique. Quelqu'un d'autre manquait, quelqu'un qu'il n'avait pas mentionné par peur d'entendre une vérité désagréable.

"Et…Livaï ? Vous n'avez pas réussi à le retrouver ?" demanda Eren, essayant de cacher son angoisse grandissante.

Au nom du noiraud, le visage d'Erwin s'assombrit.

"Si, je l'ai retrouvé et c'est lui qui m'a fait sortir d'ici."

Eren attendit le mais. Parce qu'il y en avait forcément un.

"Mais quand il a su que tu étais resté en arrière, il est allé te chercher après m'avoir mis en sécurité… Et il n'est toujours pas ressorti. Je crains que ce ne soit trop tard maintenant."

"Non, souffla Eren. NON ! Il n'est pas trop tard, il n'est jamais trop tard !" cria-t-il en se mettant à courir vers le bâtiment ravagé vers les flammes.

"Eren où tu vas ?! s'exclama Petra de l'autre bout de la place en le voyant.

"Je vais chercher Livaï ! C'est à cause de moi s'il y ait retourné, il doit être encore là, à me chercher !"

"Eren, non ! C'est trop dangereux !" lui cria Hanji qui avait entendu sa réponse.

"Si tu savais à quel point je m'en fous ! Livaï est là dedans ! hurla-t-il en désignant l'édifice qui brûlait. Je ne le laisserais pas mourir !"

Petra et Hanji se regardèrent, et d'un accord tacite se dirigèrent vers Eren pour l'empêcher de faire une connerie. Mais celui-ci ne les attendit pas et courut en direction de son ancienne base sous les regards abasourdis de la foule de curieux. Il croisa le regard interrogatif de Christa mais n'y prêta pas attention et s'engouffra dans la bâtisse par la porte principale, qui heureusement était ouverte.

Aussitôt, la fumée l'assaillit et il de couvrir le nez avec sa manche tout en se penchant le plus possible. Heureusement le feu n'avait pas encore trop atteint le hall, mais ça n'allait pas tarder et Eren avait intérêt à se dépêcher s'il ne voulait pas finir asphyxié.

"LIVAAAIII !" hurla-t-il, avant d'être pris d'une violente quinte de toux.

Il tendit l'oreille mais personne ne lui répondit, si ce n'est le crépitement des flammes.

Eren défonça une porte d'un coup de pied et entra dans un couloir, qui était beaucoup plus atteint par l'incendie.

"LIVAAAIII !"

Visiblement il n'était pas là non plus. Merde, les larmes commençaient à perler mais Eren les ravala. Ce n'était pas le moment de se laisser aller. Il ne devait pas perdre espoir.

Eren progressa lentement et vit une forme sur le sol. Il s'en approcha et eut un haut-le-coeur. La personne à qui ce cadavre avait appartenu avait été gravement brûlée. On n'en voyait plus que des lambeaux de chair roussie ça et là. Eren se sentit désolé mais ne put s'empêcher d'être soulagé que ce corps ne soit pas celui de Livaï.

L'oméga continua à avancer mais il s'arrêta bien vite. C'était fini. L'escalier était infranchissable. Si Livaï était plus loin il ne pourrait pas aller le chercher.

"Putain, mais t'es où ?" souffla l'oméga, avant de s'effondrer sur le sol, les larmes qu'il avait déjà retenues trop longtemps s'échappant de ses yeux pour rouler sur ses joues.

L'espoir auquel il s'accrochait venait de s'envoler. Tout autour de lui n'était plus que flammes et fumée et la probabilité que Livaï soit encore vivant parmis les décombres venait de passer de basse à dérisoire.

"Répond Livaï, je t'en supplie. Tu ne peux pas me laisser comme ça ! C'est ma faute… Si je n'avais pas suivi mon père et que j'étais directement revenu ici… J-Je t'aime moi ! Je viens peut-être juste de m'en rendre compte, mais c'est vrai ! Alors reviens ! Sors de cette baraque et montre-moi ! Montre-moi que tu es plus fort que le feu, tu m'entends !? cria-t-il, se laissant totalement aller au désespoir. MAIS SORS DE LÀ, QU'EST-CE QUE T'ATTENDS !?"

Soudain il sentit des bras le tirer en arrière et il découvrit Petra et Hanji qui s'était aventurées jusque là à sa recherche. Il se sentit traîner à l'extérieur et se débattit.

"LIVAIII ! MAIS RÉPOND ! REVIENS, NE ME LAISSE PAS ! POURQUOI TU NE REVIENS PAS ?! Je t'en supplie…Livaï…LIVAI !"

"Eren ! On sait que c'est dur, mais on ne peut plus rien faire ! Alors aide nous et sortons de là ! Sinon on va tous y rester !" lui hurla Petra, et il vit qu'elle aussi avait les yeux brillants.

Mais elle était assez forte pour continuer à agir et ne pas se laisser aller. À la différence de lui. Il était pitoyable. Eren se releva et acquiesça, au grand soulagement des deux femmes.

Les trois membres du Bataillon sortirent quelques secondes avant que le plafond du hall ne s'écroule.

Ce n'est qu'une fois sortis que Petra laissa à son tour couler ses larmes. Ils contemplèrent tous les trois le brasier qui s'était emparé du bâtiment, mais aucun d'eux n'espérait plus que Livaï en surgisse.

C'était sa faute. Livaï était parti à sa recherche. S'il avait rejoint le point de rassemblement dès le départ, l'alpha aurait su qu'il était en sécurité et il n'aurait pas eu besoin de retourner à l'intérieur. Tout était de sa faute. À chaque fois qu'il était là il y avait une bourde. Et celle-ci était la plus terrible d'entre toutes.

Il avait encore tout fait foirer et maintenant la meilleure chose qu'il avait à faire était de se livrer à Zackly.

Soudain, il entendit à sa gauche le bruit d'une porte qu'on ouvre. Ou plutôt qu'on défonce. Eren releva la tête, plein d'espoir. Il n'y avait pas de porte de secours sur la façade principale, mais de l'autre côté… Si Livaï avait réussi à traverser tout le bâtiment sans mourir en chemin, c'était possible qu'il s'en soit sorti. Très peu probable, mais possible. Il suffisait de redescendre par l'autre escalier à l'autre bout de la base. Celui que personne n'utilisait jamais.

Hanji et Petra aussi avait entendu ce bruit mais elles n'avaient aucune idée d'où il pouvait provenir. Alors qu'Eren lui, il espérait. Mieux, il savait, il sentait d'ici son odeur. Livaï s'en sortait toujours.

Eren se mit à courir comme si sa vie en dépendait tandis que l'alpha surgissait à l'angle du mur, essoufflé et couvert de suie.

Livaï poussa un long soupir de soulagement en voyant Eren et se mit à courir à son tour en criant :

"Bordel mais t'étais où ?! Je t'ai cherché partout ! J'ai cru…"

Livaï fut coupé par l'oméga qui s'était jeté dans ses bras. D'abord gêné,il se détendit progressivement et soupira.

"Putain…t'es vivant. Ne refais jamais ça."

"Et toi ne me quitte plus jamais" souffla Eren.

Se séparer à l'intérieur avait été une grosse erreur qu'il n'était pas près de recommencer.

Livaï haussa un sourcil.

"C'est une déclaration ?"

"Peut-être bien…" répondit Eren, sans savoir lui-même s'il plaisantait ou s'il était sérieux.

L'alpha sembla un peu déconcerté puis soupira.

"J'avais dis que je le ferais pas… et puis merde, souffla-t-il en saisissant Eren par le col et en posant ses lèvres sur les siennes.

Eren se figea, surpris, avant de rapidement se laisser aller. Il passa une main autour du cou de Livaï tandis que la deuxième allait se promener quelque part dans ses cheveux.

Ce baiser n'était pas doux, pas tendre, pas langoureux. C'était un baiser fiévreux qui transmettait toute l'inquiétude, toute la peur, toute la terreur qu'ils avaient ressenti à l'idée de ne plus jamais se revoir. Ce n'était pas vraiment agréable, leurs dents s'entrechoquaient, et c'était plus que maladroit mais ça leur suffisait. En cet instant précis c'était tout ce dont ils avaient besoin. Une preuve de la vie qui les habitait.

Ils oubliaient qu'ils étaient en plein territoire ennemi. Ils oubliaient les soldats qui s'étaient arrêtés d'éteindre le feu et qui les regardaient avec des yeux ronds. Ils oubliaient les curieux qui avaient compris qu'il se passait quelque chose, Jean qui en faisait tomber son seau, Petra qui avait la mâchoire dévissée, Hanji qui sautait de joie et Erwin qui les observait avec un petit sourire.

Ils oubliaient tout ce qui les entourait. Tout le monde pouvait bien les regarder, ils s'en foutaient.

Ils étaient vivants.

À suivre…


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