Salut à tous ! J'espère que vous allez bien !

Voici (enfin) le chapitre 14, j'espère comme d'habitude qu'il vous plaira !

Sur ce, je ne vais pas vous faire attendre plus longtemps, la suite !

Deyka : Hey ! Ahlala, ta review était juste parfaite ! Ça me fait énormément plaisir !

Je vais pas te mentir, dans la version de départ de ce chapitre, Grisha est comme qui dirait un gros enfoiré. Du côté des méchants en tout cas. Mais ça me faisait un peu mal au coeur de le laisser comme ça. En vrai, moi je l'aime plutôt bien comme personnage, enfin je le déteste pas quoi. Moi aussi je trouve ça trop mignon comment chacun aille aider l'autre ! (En même temps tu me diras, c'est moi qui écrit donc je peux mettre plein de trucs mignons si je veux). Ouais, ouais, j'ai pas été trop sadique. Pour cette fois. De toute façon ils vont suffisamment morfler vers la fin pour pas commencer trop tôt. J'ai repensé un peu au plan ses dernières semaines, et si tu savais comme je suis désolée ! Pour les lecteurs et les personnages, parce que ça promet d'être triste. Mais en même temps si tout se passe bien c'est pas intéressant. Enfin bref, il y a encore le temps d'ici là.

Disclaimer : Shingeki no Kyojin appartient à Hajime Isayama.

Chapitre 14 : Safe

"JE N'ARRIVE PAS À Y CROIRE !"

Eren eut un mouvement de recul et faillit tomber de la table sur laquelle il était assis.

Cela faisait déjà plusieurs heures qu'ils étaient rentrés en sécurité dans la base du Bataillon. Ils s'étaient rapidement repliés, laissant aux soldats de l'armée le soin d'éteindre l'incendie. Une fois les blessés les plus urgents pris en charge, Hanji avait traîné Eren dans son labo et après s'être occupée de ses brûlures minimes, elle s'était mise en tête de lui refaire son bandage au torse, le faisant grimacer dès qu'elle appuyait un peu trop fort sur sa blessure.

Évidemment Hanji avait insisté pour que ce soit elle qui le soigne et ce n'était pas très difficile de comprendre pourquoi. Elle n'avait pas pu se retenir plus de dix minutes avant de lui hurler dans les oreilles, posant des questions beaucoup trop gênantes. Eren ne l'avait jamais vu être aussi excitée, et il avait de plus en plus de mal à dévier la conversation dès qu'ils s'aventuraient en terrain dangereux.

"Pas besoin de crier, il est pas sourd" marmonna Livaï en entrant dans le labo et en refermant la porte.

Eren et Hanji se tournèrent vers le nouvel arrivant, tout les deux arborant un grand sourire mais pour des raisons différentes.

Eren parce qu'il était juste heureux de voir que Livaï allait bien, Hanji parce que ça lui faisait une nouvelle personne à qui poser ses questions.

"Toi !" hurla-t-elle en pointant du doigt Livaï.

Celui-ci haussa un sourcil.

"Moi ?"

"Non la porte. À ton avis ? Je veux être au courant de tous les détails croustillants. De un, ça fait combien de temps que vous êtes ensemble, de deux, qui est au courant, de trois, qui a fait le premier pas et le plus important… EST-CE QUE VOUS L'AVEZ FAIT ?!"

Hanji avait tout enchaîné sans respirer et Eren n'aurait pas été étonné de la voir saigner du nez vu son état d'excitation.

"Je ne vois vraiment pas pourquoi je devrais répondre à tes questions" grimaça Livaï.

"Mais, mais mais mais mais ! Tu ne te rends pas compte Lili ! Tu as embrassé un oméga ! Et devant tout le monde en plus !" s'exclama Hanji en lui prenant les mains.

Le noiraud se dégagea immédiatement avec un sifflement agacé.

"De un, je vois pas ce que ça change que j'ai embrassé Eren ou pas. Des omégas, j'en ai déjà embrassés plein. De deux, tu oublies "Lili" tout de suite" répondit-il d'un ton blasé.

Eren, qui n'avait pas lâché Livaï des yeux depuis son arrivée, se décida à intervenir avant qu'Hanji ne réplique.

"Il faut qu'on parle, Livaï"

Ils devaient clarifier la situation. Eren voulait savoir ; le baiser qu'ils avaient échangés n'avait-il été qu'un moment d'égarement, ou y avait-il quelque chose derrière ? Ils n'avaient pas eu l'occasion d'en parler, la priorité ayant été de s'éloigner de la base militaire.

Livaï approuva.

"Entièrement d'accord. Hanji, tu nous fera le plaisir de dégager."

Celle-ci fit la moue mais entreprit cependant de se diriger vers la sortie en marmonnant :

"Ah ouais, d'accord. Donc je me fais virer de mon propre labo. Bon, ça tombe bien, il faut que j'aille aux toilettes, ça vous laisse du temps pour "discuter"." dit-elle en mimant des guillemets avec ses doigts. Puis elle ajouta, l'air de rien :

"Je sais que vous ne pouvez sûrement pas vous retenir, mais honnêtement je pense qu'une chambre avec un lit c'est beaucoup mieux pour régler vos petites affaires. Enfin, je dis ça, je dis rien. Mais un lit c'est quand même vachement pratique. À moins que vous ne préfériez à la sauvage…"

Livaï soupira.

"C'est bon on a compris, la binoclarde. T'es lourde."

"Juste, je veux pas retrouver des traces blanches douteuses sur mon bureau !"

"Hanji !" s'exclama Eren à son tour, pressé de la voir déguerpir.

La scientifique poussa un long soupir théâtral avant d'hausser les épaules.

"C'est bon, je pars. Mais plus sérieusement Eren, quand je reviens t'as intérêt à être toujours là parce que je n'ai pas fini de te bander. D'ailleurs, j'en connait un autre qui n'a pas fini de bander…" ajouta-t-elle en lançant un coup d'oeil appuyé à Livaï.

"Cette fois j'en ai marre" gronda celui-ci en se dirigeant à grands pas vers la jeune femme. Celle-ci poussa un glapissement et s'enfuit en lâchant un "amusez-vous bien", un grand sourire aux lèvres.

Livaï lui lança un dernier regard noir avant de claquer la porte.

"Quelle chieuse celle-là" marmonna-t-il en revenant vers Eren.

Celui-ci ne répondit rien. Livaï lui prit le rouleau de gaze des mains et commença à le dérouler. Eren sourit quand il vit l'alpha couper la bande de tissu d'un geste rageur. Le moins qu'on puisse dire était qu'il paraissait énervé. Néanmoins, ses gestes restaient précis et rapide et ils perdirent toute dureté dès qu'ils s'approchèrent du torse d'Eren.

Livaï commença à enrouler le bandage le plus soigneusement possible, un air de concentration sur le visage.

Eren ne put s'empêcher de noter que bien que l'alpha ait l'air parfaitement assuré, ses doigts tremblaient très légèrement.

"Quelque chose te fait rire ?" demanda Livaï en remarquant le sourire en coin de l'oméga.

Eren s'empressa de nier mais ce n'était pas très convaincant dans la mesure où il se mordait la lèvre pour s'empêcher de rigoler.

"Tu te fous de ma gueule là. Arrête ça, il y a vraiment rien de drôle" grommela Livaï.

"Si c'est drôle, tu es trop mignon quand tu es gêné" se moqua gentiment Eren.

Livaï se répliqua aussitôt :

"Je suis pas gêné, je suis pas mignon et je suis pas petit."

Eren haussa un sourcil, se retenant d'éclater de rire.

"J'ai jamais dit que tu étais petit" fit-il malicieusement remarquer.

"Putain mais vous me saoulez vous deux, souffla Livaï. J'en ai plus que marre, vous êtes les deux pires chieurs que j'ai rencontré."

"Mais c'est pour ça que tu nous aimes, non ?" demanda Eren en se penchant un peu plus sur le bord de la table.

Livaï lui fit une pichenette sur le nez et déroula un nouveau bandage.

"Mais oui, c'est ça" marmonna-t-il, mais Eren parvint à discerner une lueur amusée dans ses yeux.

"Tu sais, je peux le faire si tu veux" proposa Eren après un temps, en désignant les bandages.

"Ce serait beaucoup moins pratique, et vu comme tu es doué, j'aurais un peu peur du résultat si je te laissais faire. Donc autant m'en occuper" répondit le noiraud avec un sourire narquois sans s'arrêter.

Eren fit la moue mais au fond il était content. Il aurait été déçu si Livaï avait répondu par l'affirmative. Il éprouvait une sensation de chaleur partout où les doigts de l'alpha s'attardaient et il devait avouer que ce n'était pas désagréable du tout.

Ça n'avait rien à voir avec Hanji. Comment dire, elle n'était pas brutale et savait y faire, mais Livaï… Livaï le touchait du bout des doigts, comme s'il avait peur de le briser s'il appuyait trop fort. Il ne sentait même pas la douleur.

C'était plutôt surprenant d'ailleurs. Parce que vu son caractère, on pourrait penser qu'il serait moins délicat, moins doux dans ses mouvements.

Eren se demanda s'il adoptait le même comportement pendant le sexe, mais il chassa très vite cette idée de sa tête avant que des images ne lui viennent à l'esprit. Il avait déjà suffisamment de mal à rester neutre comme ça.

Un silence s'installa que l'oméga rompit au bout d'un certain temps :

"Dis Livaï…"

"Mmh ?"

"C'est vrai ?"

L'alpha releva la tête, interrogateur.

"De quoi ? Que t'es pas doué ?"

"Mais non… Que t'as déjà embrassé plein d'omégas"

"Non" répondit Livaï sans la moindre hésitation.

"Alors pourquoi tu as dit ça ?" demanda Eren, légèrement accusateur.

"Pour qu'Hanji me foute la paix, voilà pourquoi. Alors commence pas à faire ton jaloux. Il n'y a pas de raison et il n'y en aura pas tant qu'on sera ensemble, alors tâche d'en faire autant de ton côté."

"Pfff, aucune chance que j'aille voir ailleurs. Et en fait, ça veut dire qu'on sort ensemble ?" demanda Eren,intéressé.

Livaï marqua un temps d'hésitation.

"Pour moi c'est ce que ça voulait dire, mais c'est vrai que tu ne voulais peut-être pas…"

"Non, non ! C'est…très bien" s'empressa-t-il de le rassurer.

Eren avait envie de se frapper la tête contre un mur. "Très bien", il n'aurait pas pu trouver un autre mot ? Un qui exprimerait tous les sentiments complexes qui s'agitaient en lui ces dernières heures : la joie, l'amour, le bonheur mais aussi le doute et… la peur.

Livaï quant à lui retint un léger sourire. Il savait que ce qu'il faisait était sûrement une énorme connerie mais il ne pouvait pas s'empêcher d'aimer l'oméga. Eren l'attirait comme un aimant et visiblement c'était réciproque. Il n'avait qu'une envie, rester avec Eren le plus longtemps possible. Mais c'était une très mauvaise idée. Son monde était beaucoup trop chaotique pour faire place à ce genre de choses telles que l'amour.

Et il savait qu'il ressentait plus que du simple désir, et ça c'était dangereux. Il avait peur. Livaï avait peur de tomber amoureux du gamin en face de lui, mais il se rendait compte qu'il était déjà peut-être trop tard.

Il avait toujours fuis ce sentiment pourtant recherché par les autres.

Livaï voulait à tout prix éviter de s'impliquer. Il n'avait jamais eu de relation, à part bien sûr avec des inconnues le temps d'une soirée, mais jamais à long terme.

Parce qu'il avait peur. Peur de perdre ceux à qui il tenait, comme avec Isabel et Farlan. Il avait peur qu'on se serve d'Eren contre lui. Et pourtant Livaï Ackerman était censé n'avoir peur de rien.

Mais pour une fois, il voulait essayer. Ça faisait trop longtemps qu'il était attiré par Eren. Dès que ses phéromones l'avaient frappés en fait, la première fois qu'ils s'étaient rencontrés, dans cette ruelle du quartier d'Utgard.

Pour une fois, il avait envie d'envoyer valser la petite voix dans sa tête qui lui disait qu'il valait mieux s'éloigner de cet oméga au regard troublant.

"Livaï, ça va ?"

L'interpellé se rendit compte qu'il était tellement perdu dans ses pensées qu'il avait fait au moins quatre tours de trop autour du bras d'Eren, auquel il s'était attaqué après avoir fini son torse.

"Pourquoi ça n'irait pas ?" demanda-t-il en défaisant le bandage.

"Je sais pas, t'avais l'air… distant."

"J'étais en train de me demander si c'était une bonne idée de t'avoir embrassé" répondit honnêtement Livaï en relevant la tête, son visage désormais à quelques centimètres de celui d'Eren.

"Et ? Qu'en as-tu conclu ?" souffla l'oméga, se troublant légèrement à cause de leur proximité.

Livaï ne réfléchit pas longtemps avant de déclarer :

"C'était une bonne idée"

Eren sourit et franchit de sa propre initiative les quelques centimètres qui séparaient leurs lèvres.

C'était totalement différent de quelques heures auparavant. Cette fois, ils n'étaient pas désespérés, couverts de sang et de suie. Cette fois ils n'étaient pas devant une base militaire en flamme avec toute la population de Trost qui les regardaient.

C'était… plutôt agréable. Très agréable même. Et très court aussi. Ça n'avait duré que quelques secondes avant que Livaï ne s'écarte comme s'il s'était brûlé. Eren rouvrit les yeux, ne comprenant pas la raison de ce brusque changement de comportement.

"Depuis quand t'es là ?"

Eren pencha la tête et haussa un sourcil, ne comprenant pas la question. Jusqu'à qu'il se rende compte que Livaï ne s'adressait pas à lui mais à Hanji qui était appuyée contre l'encadrement de la porte, les bras croisés et un grand sourire sur les lèvres.

"Je viens de revenir, t'inquiète. En temps normal je ne serais revenue que bien plus tard, histoire de vous donner plus de temps pour faire…ce que vous avez à faire. Mais bon, j'ai croisé Erwin et il m'a dit de ramener vos deux petits culs alors j'ai fait demi-tour, et comme je n'entendais pas de bruits suspects je suis entrée… Désolée" ajouta-t-elle, pas désolée du tout.

"T'aurais pu frapper…" marmonna Livaï tandis qu'Eren descendait de la table pour mettre un T-shirt, mais Hanji l'arrêta avant qu'il ne puisse finir son geste.

"Attend. Montre-moi ça" dit-elle en le faisant tourner sur lui-même.

La scientifique poussa un petit sifflement admiratif.

"C'est vraiment bien fait, rien à redire. Finalement je n'aurais même pas besoin de finir quoi que ce soit. Mais j'aurais quand même quelque chose à te dire après la réunion".

Eren acquiesça.

"Ça tombe bien, moi aussi il faut que je te parle après".

"Ho ho, j'ai hâte d'entendre ça ! Mais ça va attendre, parce que là Erwin nous attend. Je crois que ceux qui étaient à Stohess sont rentrés."

o O o

" …. je ne sais pas si vous vous rendez compte, mais les pertes sont énormes !" s'exclama Erwin.

Cela faisait maintenant plus d'une demi-heure que les principaux membres du Bataillon se faisaient réprimander par leur chef. La plupart des membres ayant participé à l'infiltration au sein de la base militaire de Trost, ainsi que les meneurs de l'équipe faisant diversion à Stohess. De ce côté, les résistants avaient réussi à s'en sortir sans trop de pertes. Mais même minimes, ces pertes restaient trop importantes d'après Erwin.

"Ce qu'il nous faut en ce moment, c'est des effectifs. Ça fait plusieurs années qu'on essaye de grossir nos rang et on y arrive lentement mais sûrement. Et vous, qu'est-ce que vous faites quand je ne suis pas là ? Vous envoyez à la mort des dizaines de soldats pour n'en récupérer que quelques uns !"

"Je croyais que tu étais prêt à tous nous sacrifier pour le bien-être de l'humanité ?" rétorqua Livaï, bien enfoncé dans les dossier de sa chaise, les bras croisés.

"Effectivement, et je n'ai pas changé d'avis. Mais on ne pourra rien faire contre le gouvernement s'il n'y a plus personne. La prochaine étape sera un coup de force, et pour ça il nous faut des gens de notre côté, c'est primordial. Mais je n'ai pas l'impression que vous y ayez réfléchi avant de partir dans une mission suicide pour me délivrer. Vous avez eu de la chance, les conséquences auraient pu être bien pires ! Vous avez eu tort de venir me délivrer" conclut le leader du Bataillon.

Hanji se leva d'un coup en frappant la table de ses deux mains.

"Je ne suis pas d'accord ! L'effectif, ça peut se reconstituer avec du temps, mais toi, tu n'es pas remplaçable. Et on était tous d'accord avec ça ! Chacun savait ce qu'il risquait, et chacun savait que c'était toi qu'il fallait sauver ! Tu as réussi à créer le Bataillon à partir de rien, tu pourras le refaire. Alors que nous, sans toi on coule immédiatement. C'est toi qui faisait tous les plans jusqu'ici ! Si tu n'avais pas été là, on serait déjà tous morts. Et avec la crise qui approche, on aura plus besoin de toi que jamais !"

"Le problème, c'est justement qu'on manque de temps ! s'exclama Erwin. On ne peut pas se permettre de tout perdre, nous reconstruire prendrai plusieurs années, c'est beaucoup trop long ! C'est maintenant que ça s'échauffe ! Avec l'arrivée d'Eren dans nos rangs les gens commencent à se poser des questions ! Pourquoi un oméga irait dans une organisation criminelle qui fait du commerce d'esclaves ? Bien sûr, la plupart se disent que c'est juste qu'il est un peu bizarre dans sa tête,…"

"Ah ouais d'accord, ça fait plaisir" marmonna Eren sur sa chaise.

" …ils ne veulent pas se poser trop de questions, dès que quelque chose cloche, ces gens-là se débrouillent pour ne pas la voir. Mais tout le monde ne pense pas comme ça. Surtout que tu as longtemps combattu contre l'esclavage, alors pourquoi ce soudain revirement ? Bien sûr, une des hypothèses les plus courantes est que tu aies été marqué par Livaï, et ce serait pourquoi tu aurais été obligé de rejoindre le Bataillon. En plus maintenant que vous vous êtes embrassés devant tout le monde… ça va confirmer cette hypothèse."

Eren détourna le regard, gêné, mais Erwin n'en tint pas compte et continua : "Néanmoins, certains faits peuvent mettre la puce à l'oreille. Notamment ce qui s'est passé à Shiganshina. Des civils se sont faits tuer par les soldats, dont une petite fille âgée d'à peine huit ans… et il y avait un témoin."

Eren se crispa. C'était elle : la petite fille qu'il n'avait pas pu sauver. Il s'en rappelait très bien, après tout ce n'était que quelques jours auparavant, mais il était loin de se douter qu'il y avait eu un témoin.

" Un homme a vu toute la scène et a crié au scandale le lendemain, jusqu'à ce que l'armée ne le fasse taire. Mais c'est trop tard, la bombe a été lancée, et ils vont avoir du mal à la désamorcer. Les gens ne sont pas dupes, plusieurs personnes ont assisté à vos combats cette nuit-là et ce qu'ils ont vu c'était des soldats qui tuaient des civils pour parvenir à leurs fins, et des rebelles qui essayaient de s'enfuir. L'armée a fait plus de dégâts parmis la population que chez les résistants. La colère gronde."

"Une seconde monosourcil, depuis quand tu sais tout ça ? Je te signale que tu es sorti de prison depuis à peine quelques heures…" fit remarquer Livaï.

"Ces quelques heures ont été suffisantes pour contacter mes informateurs. D'ailleurs je suis étonné que vous ne soyez pas déjà au courant de tout ça…"

Livaï ne répondit rien mais Hanji prit la parole à sa place.

"Ben tu vois ! On était pas au courant. Et c'est précisément pour ça qu'on a besoin de toi et qu'on pouvait pas te laisser moisir en prison jusqu'à ce que tu sois exécuté !"

"Mais non Hanji, c'est là où tu te trompes. Je ne suis pas irremplaçable. Regarde Armin ! Il serait parfaitement capable de faire mon boulot. Il suffit de voir le plan qu'il vous a sorti ! C'est grâce à lui si vous êtes aussi nombreux à être encore vivants."

Le jeune oméga blond se tassa sur sa chaise à l'entente de son nom, un air gêné incrusté sur son visage.

"De toute façon, ce qui est fait est fait, intervint Livaï. On est venu te chercher parce qu'on pensait que c'était la bonne solution et c'est tout. Si tu penses qu'on a fait le mauvais choix, t'avais qu'à ne pas te faire capturer."

Erwin le vrilla du regard mais Livaï ne détourna pas les yeux. Finalement le grand blond soupira.

"D'accord j'ai compris, on s'arrête là, cette discussion ne mène à nulle part. Mais on en reparlera, je persiste à dire que ce n'était pas une bonne idée."

Personne ne répondit, ils étaient tous déterminés et persuadés d'avoir fait le bon choix.

" La réunion est terminée."

o O o

Eren était de retour dans le labo d'Hanji, en compagnie de sa propriétaire, depuis déjà une heure. Une heure pendant laquelle il lui avait tout expliqué. Sa rencontre avec son père, cette histoire de conservateur dans le sang, d'ADN alpha, et bien sûr la prise d'otage de sa mère. À sa grande surprise, la scientifique avait fait preuve d'écoute et de compréhension, bien qu'on voyait qu'elle se retenait de sauter au plafond quand Eren aborda la partie sur son sang.

"Tu te rappelles, à Shiganshina, je t'en avais parlé, expliqua Hanji, mais Livaï m'avait interrompue. Eh bien ce que je voulais te dire à ce moment-là, c'est que j'avais justement découvert un truc pas habituel dans le sang qu'on t'avais prélevé alors que tu étais blessé. Mais je ne savais pas ce que c'était. Alors que là, ça change tout ! Il faut absolument que je récupère ça ! Dis, tu veux bien que j'essaye ?"

Bien que tout son corps lui hurlait de ne pas laisser cette femme pas tout à fait saine d'esprit faire des expériences sur lui, Eren savait ce qu'il voulait.

"C'est pour ça que je suis venu te voir, Hanji. Je veux qu'il ne me reste plus la moindre goutte de ce truc dans le sang. Ça ne doit pas tomber entre les mains de Zackly."

"Ça veut dire que tu vas te livrer ?" s'alarma la jeune femme.

"J'aimerais te répondre que non, mais qu'est-ce que je peux faire d'autre ? Tu as entendu Erwin comme moi, on manque déjà de personnes, on ne peut pas en sacrifier d'autres, et surtout pas pour aller sauver une pauvre femme que personne ne connait. Je sais comment ça va se passer, on voit ça à l'école militaire. Ils vont sécuriser le périmètre en se postant à chaque intersection partout autour de la place d'Utgard, dans un rayon de 500 mètres, voire un kilomètre. Personne ne pourra passer, et ce sera d'autant plus facile qu'Utgard est une zone inhabitée. Ils seront suffisamment nombreux et rapprochés pour pouvoir parer toute tentative de percée dans leurs rangs. Le seul moyen est d'attaquer frontalement avec un maximum de personnes et accepter de perdre une grosse partie des soldats, ce que nous ne pouvons évidemment pas faire. Impossible de se planquer dans les maisons désertes non plus, elles seront sûrement vérifiées avant. Ce plan est pratiquement infaillible, c'est Dot Pixis qui l'a mis au point. Et même si on parvenait par je ne sais quel miracle à traverser ce véritable mur humain sans trop de dégâts, il resterait toujours une troupe regroupée non loin de l'otage. Ils vont nous donner l'impression qu'il n'y a que quelques personnes qui les surveillent, mais en vérité ils sont planqués un peu partout autour et n'attendant que de te tomber dessus. C'est imprenable."

"Hin hin hin" ricana Hanji, un sourire jusqu'aux oreilles.

Eren eut honnêtement envie de la frapper. Il était en train d'expliquer qu'ils étaient coincés et que la seule solution pour lui était de se rendre, et cette folle rigolait !

"Je ne vois vraiment pas ce qu'il y a de drôle" dit-il d'un ton sec.

"Il n'y a rien de drôle, c'est juste que tu oublies un petit détail, Eren. Ça va se passer à Utgard."

"Et ? Je ne vois pas en quoi ça va changer quoi que ce soit."

"Bien sûr que tu ne vois pas, mais je vais te le dire moi, ce que ça change répondit Hanji avec des airs de cachottière. Utgard c'est notre terrain de jeu. On y est parfaitement à notre avantage, et ton père le savait peut-être."

"Même si vous connaissez Utgard comme votre poche, les soldats n'auront qu'à trouver un plan et ils connaîtront aussi bien le quartier que nous. En plus, ça ne nous permettrait pas de franchir leur…"

"Attend Attend ! le coupa Hanji. Je n'ai pas fini. Ça c'est ce que penserait un soldat, mais tout ne figure pas sur les plans. Les passages secrets" ajouta-t-elle devant l'air interrogatif de l'oméga.

"L-Les quoi ?! Il y a des passages secrets à Utgard ?! Je n'étais pas du tout au courant !"

"Évidemment que tu n'étais pas au courant. Un passage secret c'est justement censé être secret. L'armée ne doit surtout pas être au courant. Il y a quelques années, un traître en a dévoilé certains à l'armée, et on a dû arrêter de les utiliser. Heureusement, ils ne donnaient pas directement à la base, mais pas loin. D'ailleurs, il n'y en a qu'un qui donne directement ici, mais nous ne sommes que trois à le connaître : Erwin, Livaï et moi. Question de sécurité."

"Mais, du coup, est-ce qu'il y en aurait un au niveau de la place d'Utgard ?" demanda Eren, avec une lueur d'espoir.

"Ouais. Et il y en a un un peu plus loin aussi. Utgard n'était pas un quartier très sécurisé pendant la guerre, alors pas mal d'habitants ont construit un moyen de fuir ou de se planquer. D'où les caves blindées et les passages secrets. Mais ne t'emballe pas, continua Hanji en reprenant son sérieux. Même si ces passages sont effectivement assez proches de la grande place pour pouvoir franchir le premier barrage de soldats, il restera toujours un groupe assez important autour de l'otage. Et d'après ce que j'ai compris, ils seront assez nombreux. On doit trouver un moyen de les neutraliser si on veut récupérer tes parents, sinon ce sera impossible. On ne peut pas juste foncer dans le tas. L'idéal serait qu'il n'y ait aucune perte de notre côté."

"De toute façon, même si on trouvait un moyen de se débarrasser de ces soldats sans danger, personne ne serait prêt à m'accompagner. Sérieusement Hanji, tu crois que des gens qui ne connaissent pas mes parents seraient prêts à risquer leur vie pour eux ? Moi je ne crois pas" marmonna Eren.

"Moi je viendrai. Ce n'est pas tes parents que je veux protéger, mais toi. Parce que si on ne fait rien pour les récupérer tu te livreras n'est-ce pas ?" demanda Hanji, bien qu'elle ait déjà une idée de la réponse.

Comme Eren ne répondait pas, elle enchaîna :

"Et je pense que Livaï sera d'accord pour te protéger, avec ou sans l'approbation d'Erwin."

Eren paniqua à l'entente de cette affirmation.

"Livaï ? Je crois plutôt qu'il m'enfermerait dans ma chambre pour m'empêcher d'y aller. Il ne faut surtout pas lui en parler !"

Hanji fronça les sourcils.

"Je crois que tu fais une erreur, là. Tu ne lui fais pas confiance ?"

"N-Non, c'est… c'est pas que je ne lui fais pas confiance, mais c'est son instinct. Un alpha protège son oméga." Il va forcément essayer de m'empêcher d'y aller. De force s'il le faut."

"Donc tu ne le penses pas capable de se contrôler ?"

"Crois moi Hanji, réfréner ses pulsions est très difficile, et je sais de quoi je parle."

"Parce que tu as déjà eu à subir ses "pulsions" non réfrénées ?" demanda la scientifique, intéressée.

Eren s'empressa de la démentir :

"Non ! Pas du tout ! Je parlais de moi."

"Alors qu'est-ce que tu crains ? Livaï sait se maîtriser. Sinon il t'aurais déjà renversé sur mon bureau. Ou même dans une ruelle sombre et étroite de Trost."

Eren chassa vite l'image qui s'était formée dans son esprit.

"Ça n'a rien à voir. On parle d'empêcher quelqu'un de se mettre en danger là."

"Désolée, mais Livaï a bien compris que tu ne pourrais pas toujours être en sécurité. De un, parce que tu fais désormais partie d'un mouvement de résistance, de deux parce que tu cherches tout le temps les ennuis, de trois parce que même si tu ne les cherches pas, ce sont eux qui te trouvent."

Eren la vrilla du regard mais la scientifique ne s'en soucia pas.

"En plus tu auras besoin de lui, Eren. Si les choses tournent mal, on aura besoin de sa force. Même si Livaï ne peut pas t'empêcher de faire n'importe quoi, il peut au moins essayer de te protéger. Je suis sûre que si tu lui expliques calmement la situation, il comprendra" affirma Hanji.

Devant l'air sceptique d'Eren, elle ajouta :

"Enfin j'espère qu'il comprendra. De toute façon, tant qu'on a pas de moyens de se débarrasser des soldats près de l'otage, il est juste hors de question de se rendre à Utgard. Avec ou sans Livaï. On doit trouver une solution."

Eren hocha la tête.

"Il nous faut un plan".

o O o

C'était le soir, pendant une de ses heures de temps libre. Eren était assis sur son lit, yeux clôts, son menton reposant sur ses mains entrelacées.

Cela faisait désormais trois jours qu'il avait revu son père, trois jours qu'il se creusait la cervelle pour trouver un moyen de sauver ses parents sans entraîner de massacre dans le camp du Bataillon, trois jours qu'il échouait lamentablement.

C'était juste impossible, dans chaque cas de figure envisagé, les morts étaient inévitables. Il avait déjà pensé à plusieurs situations, dont une où il servirait d'appât, mais même celle-là était vouée à l'échec. Les hommes de Zackly en avait peut-être l'air, mais ce n'étaient pas des imbéciles. Ils n'allaient pas lancer une vingtaine d'hommes à ses trousses. Il suffisait de pointer un revolver sur la tempe de l'otage et il ne ferait pas l'appât très longtemps.

En fait, ce qu'il lui faudrait, ce serait une sorte d'arme qui puisse mettre hors d'état de nuire tous ses ennemis d'un coup, sans risquer la vie de l'otage. Ce qui évidemment ils ne possédaient pas. Et pourtant, ce n'était pas faute d'avoir demandé. Il en avait parlé à Hanji mais celle-ci lui avait répondu d'un air désolé qu'ils n'avaient rien de ce genre, mais qu'elle travaillait sur un nouveau projet prometteur. Qui malheureusement ne serait pas prêt avant un certain moment.

Eren était perdu dans ses pensées quand la porte s'ouvrit d'un coup.

"Franchement Eren, tu exagères. Pourquoi tu m'évites depuis trois jours ? On se fait du souci pour toi."

"On ?" demanda l'oméga en rouvrant les yeux.

Son regard se posa immédiatement sur sa sœur adoptive. Elle avait l'air en colère, mais également inquiète. Il fallait dire qu'il avait un peu joué au con ces derniers temps. Il n'était pas beaucoup sorti de sa chambre, et il devait reconnaître que même s'il avait veillé à prendre ses distances avec un peu tout le monde, il avait pris un soin tout particulier à éviter Mikasa. À chaque fois qu'il la croisait, il lui adressait un rapide salut avant de prétexter un travail urgent pour ne pas rester trop longtemps.

Ce n'était pas qu'il était toujours en colère contre elle ni quoi que ce soit dans le genre, mais il ne voulait pas lui dire qu'il avait revu son père. Et pourtant, il savait qu'il devrait. Cela concernait Mikasa autant que lui. Elle considérait Grisha comme un père et Carla comme une mère. Alors si elle apprenait que celle-ci était vivante…

Pour tout dire, Eren avait un peu honte de son comportement. Mais il n'avait pas pu se résoudre à tout avouer à sa sœur. Il ne voulait pas lui donner de faux espoirs. S'il ne parvenait pas à sauver Carla…

Son regard dévia vers Armin, qui se tenait un peu en retrait, comme s'il n'osait pas entrer, et le regardait l'air de dire : c'est ta sœur qui m'a traîné ici, moi je ne sais pas ce que je fais là.

Eren aimait bien l'oméga blond. Ils ne se connaissaient pas depuis longtemps, mais ils s'étaient tout de suite bien entendus.

Mikasa le sortit de ses pensées :

"Tout le monde s'inquiète pour toi tu sais. Moi, Armin…"

"Deux personnes, c'est pas tout le monde" la coupa Eren.

La jeune femme lui lança un regard noir.

"...et Livaï aussi. D'ailleurs, j'aimerais bien qu'on en parle, vu que tu ne m'as pas laissé le temps de te poser la moindre question. Pourquoi tu ne m'as pas dit que tu sortais avec lui ?"

Eren poussa un long soupir.

"Tu vois Mikasa, c'est exactement pour ça que je t'évitais ces trois derniers jours."

Bien sûr ce n'était absolument pas vrai, et Eren regretta ces mots dès l'instant où ils franchirent ses lèvres. Mikasa fit de son mieux pour ne pas prendre un air blessé, mais Eren savait qu'il avait gaffé.

"Ah… je vois… Après tout, c'est normal de vouloir garder sa vie privée, mais je pensais que tu m'en parlerais si tu acceptais de t'allier à un alpha…" marmonna-t-elle, dépitée.

Eren se frappa mentalement. Et voilà qu'il agissait comme s'il ne faisait même pas confiance à sa propre sœur !

"Non, c'est pas ça ! s'exclama-t-il pour essayer de se rattraper. En fait, c'est juste que c'est très très récent, et j'ai moi-même encore du mal à réaliser."

Mikasa poussa un léger soupir et sourit, comme si elle reconnaissait les efforts de son frère pour se rattraper, avant de s'asseoir sur le lit et de le prendre dans ses bras. Celui-ci lui rendit son étreinte et le sourire de la jeune alpha s'élargit davantage. Eren avait beau agir comme un rustre des fois, il restait son frère et elle l'aimait de tout son cœur.

Armin était toujours à côté, sautant d'un pied sur l'autre, légèrement embarrassé.

"Tu sais, quoi que tu fasses, ça reste ton choix. Mais je veux juste savoir… il ne t'a pas forcé j'espère ?"

"Mikasa !" s'exclama Eren en s'écartant légèrement.

"Non, je sais que Livaï n'est pas comme ça, mais des fois les alphas deviennent incapable de se contrôler en présence d'oméga… C'est pareil pour toi, ton instinct va te hurler de te laisser prendre par ton alpha, et ce même si tu n'es pas encore prêt psychologiquement…"

Eren croisa le regard d'Armin qui avait l'air aussi gêné que lui. Tous les deux savaient mieux que n'importe quel alpha ou bêta ce que c'était que de devoir réprimer leurs instincts les plus bas. Eren s'était même déjà surpris à avoir envie de se faire violemment prendre par un alpha, n'importe lequel, tant qu'il pouvait satisfaire ce manque qu'il ressentait en lui. Clarifions bien les choses, il était alors sous l'emprise de la chaleur, et il n'était absolument pas capable de penser correctement. Ça avait été une de ses plus forte chaleur, une de celle qui ne peut même pas être réprimée à coups de médicaments.

Son contrôle sur lui-même n'était pas encore total, et il ne le serait sans doute jamais. Alors si Livaï le traînait dans un lit et commençait à le déshabiller, il n'était pas sûr de pouvoir dire non.

"Je sais que tu me répètes tout le temps que tu sais te contrôler et que tu es capable de te défendre, continua Mikasa, mais on parle de Livaï là. Le soldat le plus fort de l'humanité. S'il essaye de te faire quoi que ce soit sans ton accord, fait lui bien savoir que je m'occuperais personnellement de son cas. Et ce serait dommage qu'il ne puisse jamais avoir d'enfants."

Eren sourit. Il savait que Mikasa en était capable. Elle était prête à tout pour le protéger.

"J'espère qu'il n'y aura pas besoin quand même…" murmura-t-il, amusé.

"N'empêche, je ne pensais pas du tout que tu avais un intérêt pour Livaï" reprit Mikasa après un léger silence.

"Moi ce qui m'étonne encore plus, c'est que Livaï s'engage dans une relation avec un oméga, renchérit Armin, surtout qu'il était encore fiancé à Petra…"

Eren pâlit d'un coup.

"Q-Quoi ?"

Le jeune blond se rendit immédiatement compte qu'il venait de commettre une erreur.

"Euh, c'est juste que… Il ne te l'avait pas dit ? Désolé, je pensais que tu étais au courant" s'excusa-t-il.

Eren s'était levé et se dirigeait vers la porte d'un pas décidé. Il ouvrit la porte à la volée tandis que Mikasa se levait à son tour.

"Eren, où tu vas ?"

"Demander des explications" répondit-il en sortant.

"Attend ! Ça se trouve ce n'est qu'une rumeur !" s'exclama Armin en sortant de la chambre, mais Eren se dirigeait déjà vers la chambre de son alpha.

Le petit blond jeta un regard incrédule à Mikasa qui haussa les épaules.

"Une fois qu'il a une idée en tête on ne peut plus l'arrêter."

Armin soupira.

"On a pas pu le prévenir au final."

"On lui dira quand il reviendra" affirma la jeune femme.

"S'il revient" répondit Armin avec un sourire entendu.

o O o

Livaï était tranquillement assis sur une chaise, en train de lire un dossier quand il entendit le bruit de quelqu'un qui déverrouillait sa porte. Il releva immédiatement la tête, mais se détendit dès qu'il reconnut l'odeur d'Eren. Ce qui était bizarre d'ailleurs. Eren contrôlait toujours son aura. Livaï pensa d'abord que l'oméga avait peut-être un problème de chaleur, mais il écarta rapidement cette possibilité. Eren puait la colère d'ici, et Livaï ne put s'empêcher d'être légèrement inquiet. Il n'avait aucune idée de ce qu'il avait bien pu faire. Déjà que ça faisait trois jours qu'Eren l'évitait… Livaï espérait juste qu'il ne regrettait pas de s'être engagé dans une relation.

L'oméga entra en trombe dans la pièce et referma la porte d'un geste rageur. Houla, ça s'annonçait pire que prévu.

Livaï décida de prendre la parole avant que le nouvel arrivant ne puisse ouvrir la bouche :

"Tu vas m'expliquer pourquoi tu m'évites depuis trois jours ?"

"Tu vas m'expliquer pourquoi tu ne m'as pas dit que tu étais fiancé à Petra ?" rétorqua Eren.

Livaï allait reposer le dossier qu'il avait toujours en main mais se stoppa net. Il n'était pas sûr d'avoir bien entendu, mais si Eren avait bien dit ce qu'il croyait avoir entendu, ça expliquerait pourquoi il était en colère.

"Qui t'as dit ça ?" demanda-t-il finalement.

"On s'en fout de qui me l'a dit. Ce qui compte c'est qu'en tout cas ce n'est pas toi. Tu attendais quoi pour m'en parler ? Que Petra vienne me tuer dans mon sommeil ?"

Livaï poussa un profond soupir, ce qui eut le don d'énerver Eren. Il n'avait pas du tout l'air de prendre cette histoire au sérieux.

Il devrait au moins avoir la décence de prendre un air de remord, mais non pas du tout. Il avait juste l'air ennuyé, et même un peu amusé. Il n'y avait pourtant vraiment rien d'amusant.

Eren prit soudain conscience d'une chose : il ne connaissait pas Livaï. Il avait essayé de se persuader que si, il le connaissait, mais c'était faux. Ça ne faisait que quelques mois qu'ils s'étaient rencontrés, et on ne pouvait pas vraiment dire qu'ils avaient passé beaucoup de temps ensemble.

L'alpha qu'il pensait connaître se serait soucié du sort de Petra. Or ce n'était absolument pas le cas.

Mais au fond qui était-il pour penser pouvoir prédire ses réactions ?

Eren croyait avoir cerné le personnage de Livaï, mais ce n'était absolument pas vrai. Il ne savait rien de lui.

L'alpha se leva et Eren recula instinctivement.

"Qui t'as dit ça ?" redemanda Livaï, d'un ton légèrement curieux et peut-être un peu amusé mais pas menaçant.

"Pourquoi ? Tu vas aller les faire taire ?" répondit immédiatement Eren sur la défensive.

Livaï fronça les sourcils.

Eren quant à lui commençait à regretter d'avoir refermé la porte derrière lui. S'il y avait le moindre problème…

"Écoute Eren…"

"Non, toi écoute-moi. Peut-être que ça ne te fais rien de détruire votre relation et le cœur de Petra comme ça, mais ce n'est pas mon cas, ok ? Je ne veux pas être un briseur de couple. Il vaudrait mieux qu'on arrête là" le coupa Eren d'une voix légèrement tremblante en reculant jusqu'à la porte et en commençant à abaisser la poignée.

Il n'était pas prêt de l'avouer, mais il avait légèrement peur de la réaction que pourrait avoir Livaï.

Un éclair de panique traversa les yeux du plus âgé et il franchit en quelques pas la distance qui le séparait d'Eren, refermant la porte que celui-ci avait commencé à ouvrir en le voyant venir vers lui.

"Attend. Tu ne m'as même pas laissé le temps de m'expliquer."

"Pas besoin, ta réaction était suffisante ! Maintenant, est-ce que tu pourrais reculer un peu et me laisser partir ?" répliqua Eren, légèrement alarmé par leur proximité.

En effet, Livaï le plaquait sans le vouloir contre la porte et alors que sa partie animale n'avait qu'une envie, se blottir contre l'alpha juste devant lui, son esprit lui hurlait de se dégager avant qu'il ne perde le contrôle. Il détestait quand son corps le trahissait comme ça.

Livaï recula légèrement, mais pas assez pour le laisser s'échapper.

"Je n'ai jamais été -et ne sera jamais- fiancé à Petra. C'est juste qu'à un moment, il y a eu une rumeur comme quoi elle était amoureuse de moi, ce qui était totalement faux d'ailleurs, et comme quoi on était ensemble. Mais c'est juste une rumeur. Donc vérifie tes sources avant de venir m'engueuler. Si tu m'avais laissé parler, ça t'aurais évité de débiter tout un tas de conneries."

Eren le regarda d'un air sceptique, scrutant ses yeux à la recherche de la moindre trace de mensonge ou de culpabilité, mais il n'émanait de ses prunelles qu'une vague de sincérité pure.

Eren sentit une coulée de chaleur se répandre dans tout son corps. Il avait encore une fois tiré des conclusions hâtives. Livaï ne mentait pas, il le savait. Il s'était fait du souci pour rien. L'oméga soupira de soulagement et sourit.

"Je suis con…"

Livaï étouffa un rire et Eren sentit le courant d'air chaud lui effleurer le cou. Un frisson lui parcourut la colonne vertébrale. Ils étaient toujours beaucoup trop près.

Livaï aussi sembla le remarquer. Ses yeux s'étaient assombris de désir, et Eren n'avait plus qu'une envie, unir leurs lèvres. Ce fut pourtant l'alpha qui établit le contact, et le plus jeune perdit immédiatement pieds.

C'était encore totalement différent des deux premières fois. Peut-être était-ce parce qu'il avait les nerfs à fleur de peau, mais sa partie oméga était beaucoup trop présente, et Eren avait de plus en plus de mal à la refouler. Tout ce qu'il savait, c'était que les lèvres de l'alpha étaient au bon endroit, c'est-à-dire sur les siennes, le reste n'avait plus d'importance.

C'est dans un état de semi-conscience qu'Eren sentit la bouche de Livaï vers son cou. L'oméga au fond de lui resurgit brutalement et grogna de plaisir, ce qui se traduit par un gémissement de la part d'Eren.

Ce son incontrôlé lui fit l'effet d'une claque et eut pour effet de le ramener à la réalité.

Non non non non non non.

Ce n'était pas ce qu'il voulait.

Eren posa ses mains contre les épaules de Livaï dans un geste de repoussement sans aucune conviction. Cela suffit néanmoins à alarmer l'alpha qui s'écarta aussitôt. S'il avait lui aussi eu du mal à garder la tête froide, la panique qui s'était immiscé dans l'aura d'Eren s'était chargée de le dégriser.

Eren respira profondément, essayant de retrouver ses esprits. Ça n'allait pas du tout. Sa part oméga avait totalement pris le dessus sur sa conscience et pendant un moment il avait été incapable de différencier ce qu'il voulait de ce que l'oméga brutalement réveillé en lui voulait.

Et l'apparence de Livaï ne l'aidait pas à se concentrer. Lui qui avait toujours l'air parfaitement indifférent avait le haut des joues légèrement empourpré et sa respiration était irrégulière.

Eren savait que c'était de sa faute, et non celle de Livaï s'ils en étaient arrivés là. Il avait réagi beaucoup trop violemment au contact de l'alpha. Et ça le terrifiait. Eren s'était toujours débrouillé pour garder un semblant de contrôle sur son côté animal. Même en chaleur il avait toujours réussi à garder un minimum de raison. Jusque là.

"J-Je ferais mieux d'y aller" bafouilla-t-il en ouvrant la porte.

"Attend !"

Trop tard. La porte claqua et Livaï étouffa un juron. C'était de sa faute. Il avait voulu aller trop vite et voilà le résultat. Pour la première fois depuis des années, il avait perdu le contrôle. Et il détestait ça.

"Merde !" s'exclama-t-il en enfonçant son poing dans le mur.

o O o

"Merde !" cria Eren en plein milieu du couloir.

Il avait eu peur. Peur de ce qui aurait pu se passer entre eux, peur de ce qu'il aurait pu faire.

Il n'était pas un expert, et peut-être que ça se passait toujours comme ça entre un alpha et un oméga, mais ce n'était pas ce qu'il voulait. Il voulait quelque chose de conscient et de mutuel. Il ne craignait pas que Livaï essaye d'abuser de lui, d'ailleurs il venait d'avoir la preuve de son self-control, mais il n'avait pas confiance en son propre corps. Si ses bas instincts mettaient de côté sa conscience, il pourrait enfin agir comme il en avait envie et se laisser aller. Et ensuite viendraient les regrets.

Eren était maintenant planté devant sa chambre. Ses pas l'avaient machinalement guidés jusque là, mais en y repensant, il ne savait pas s'il voulait vraiment pousser la porte. Si Armin et Mikasa étaient encore à l'intérieur, ils lui demanderaient un compte rendu, et Eren n'avait absolument pas envie de leur en parler. En même temps, il était presque vingt-trois heures et il devrait bien rentrer à un moment ou à un autre s'il voulait dormir.

Il allait composer le code de sa chambre mais s'arrêta. Il était sûr d'avoir entendu un bruit venant de derrière lui.

"Si c'est toi Livaï, je te jure que…" commença-t-il en pivotant sur lui-même mais une main se plaqua sur sa bouche avant qu'il n'ait le temps de finir sa phrase, et presque aussitôt un voile noir fut posé sur ses yeux tandis que des bras lui maintenaient fermement les mains dans le dos.

Ce n'était pas Livaï.

Eren avait aperçu leurs visages avant d'être privé de sa vue. Et ils leurs étaient familiers. Il était sûr de les avoir croisé plusieurs fois dans les couloirs, mais il ne pouvait en nommer que trois : Line, Gelgar et Henning. Trois soldats faits prisonniers par l'armée qu'ils avaient délivrés en même temps qu'Erwin.

Eren n'avait aucune idée de ce qui les motivait à agir ainsi, mais ça ne lui disait rien qui vaille. Il commençait à manquer d'air quand la main se retira enfin de devant son nez et sa bouche, immédiatement remplacée par un mouchoir imbibé de chloroforme qu'Eren n'eut pas d'autre choix que de respirer.

Il eut vaguement conscience d'être traîné sur le sol avant de se laisser gagner par le sommeil.

Il n'aurait pas dû quitter la chambre de Livaï.

À suivre...

Alors ? J'ai hâte de savoir ce que vous en pensez ? La scène avec Livaï dans le labo, la réunion, la discussion avec Hanji, avec Mikasa et Armin, la dispute avec Livaï, et enfin cette petite fin pleine de suspens ? Dîtes moi tout !

En attendant je vous dis à la prochaine et portez vous bien !