Bonjour à tous !

Ouiii, je sais, ce chapitre était déjà écrit une première fois, et la réécriture n'était pas censée durer SIX MOIS mais bon, ça arrive ! J'espère que je ne vous ai pas tous perdus !

Encore une fois je ne suis pas hyper convaincue par ce chapitre. Genre il y a un moment qui est drôle mais sinon… Bof. Enfin bref j'espère que vous aimerez quand même !

(Ah oui, si jamais ça vous intéresse, le passage où Eren va dans la cour extérieure, je l'ai écrit en écoutant les musiques suivantes :

Taemin- Under my skin

LP- Tightrope

Billie Eilish- I love you)

Réponse aux guests :

Karma : salut ! Eh oui désolée, malheureusement j'ai mis un peu de temps comme tu vois ! Tes mots m'ont fait très plaisir merci beaucoup ça m'encourage vraiment à écrire plus !

Guest : awww merci beaucoup ! Ça me fait trop plaisir. C'est grâce à vous qui postez des reviews que j'y arrive, sinon j'aurais arrêté cette fic depuis bien longtemps mais je m'accroche et je ne désespère pas de la finir. (Plus que quelques chapitres !)

Enjoy !


Chapitre 17 : Lost is a place too

Eren n'avait pas le moral. Donc il buvait. Ce qui n'était clairement pas la meilleure chose à faire vu ce qui s'était passé la dernière fois qu'il était allé se saouler dans un bar avec Jean. Mais là c'était différent, parce que de un il n'était pas dans un bar, et de deux, il n'était pas avec Jean.

Tout le monde dansait, riait, tapait dans ses mains. Sauf lui. Et Livaï, ne put-il s'empêcher de remarquer du coin de l'œil.

Aujourd'hui était un jour de fête pour le Bataillon, Line et Gelgar se mariaient. Tout le monde s'était réuni dans le réfectoire, on avait poussé les grandes tables contre les murs et posé des verres de diverses boissons alcoolisées ou non, des petits fours et gâteaux. Bref on avait fait les choses en grand.

En temps normal, il aurait sûrement apprécié, mais là...

À quelques mètres d'Eren, Armin s'approcha d'Hanji, un verre à la main.

"Regarde-moi ces deux constipés émotionnels," déclara la jeune femme en sirotant son champagne dès qu'il fut assez proche.

Armin suivit son regard, sur Eren, puis sur Livai.

"Ah. Je me demandais justement. Ça fait trois semaines qu'ils s'évitent et Eren refuse d'en parler."

"Mmh, je dirais que Livaï a eu une prise de conscience," marmonna Hanji avant de vider d'une traite son verre encore au trois quarts plein, "...non désirée disons."

"C'est-à-dire ?"

Hanji secoua la tête avec un petit sourire triste.

"Tu sais Armin, Livaï n'est pas quelqu'un qui s'attache facilement. Il sait ce que ça coûte. Il doit vraiment beaucoup aimer Eren pour l'avoir laisser s'approcher. Il a dû se dire qu'il parviendrait à dompter sa nature d'alpha, mais évidemment ce n'est pas aussi simple que ça. À force de tout bien réussir, Livaï à tendance à croire qu'il peut tout contrôler. Mais ce n'est pas le cas, et il le sait maintenant. Il a vraiment merdé la dernière fois. Il a mis toute la mission et sa vie en péril pour protéger Eren. S'il n'avait pas agit ainsi, qui sait, peut-être que Grisha serait encore parmi nous."

"Ou peut-être qu'on aurait pas réussi à sauver ni Carla, ni Eren."

Hanji haussa les épaules et attrapa un nouveau verre de vin sur la table derrière eux.

"Au final on a réussi à s'en sortir, mais s'il continue d'agir sans réfléchir pour protéger son compagnon, ça risque d'avoir des conséquences bien plus importantes. Et il le sait."

"Donc il a préféré mettre de la distance entre lui et Eren ?" demanda Armin.

Hanji fit un geste de la tête dans leur direction, l'air de dire "vois par toi-même".

Le jeune blond poussa un soupir en regardant les deux jeunes hommes avec un air concerné.

"Ils sont allés jusqu'à se séparer ?"

"Vu leur tête, je dirais que oui." réfléchit Hanji, avant d'ajouter,"Mais ça ne va pas durer ! Je te parie qu'ils seront à nouveau en train de se faire des papouilles dans deux semaines ! Alors maintenant on attend et on observe," finit-elle avant de s'éloigner vers le buffet.

Livai était d'une humeur massacrante. Bien sûr il était heureux pour Line et Gelgar, cela faisait longtemps qu'il n'y avait pas eu d'événements aussi heureux qu'un mariage au Bataillon, mais sourire, ça c'était trop demander. Il s'était assis dans un coin de la salle et se contentait d'observer, secouant légèrement la main dès qu'on venait lui demander si tout allait bien.

Ses yeux dérivèrent vers Eren, en train de poliment décliner des invitations à danser, et Livai essayait de se persuader qu'il avait fait le bon choix. Sa conversation avec Erwin suite à leur mission -que Livai ne pouvait décrire que comme un fiasco absolu- tournait en boucle dans sa tête depuis bientôt trois semaines.

"J'ai merdé."

Erwin leva le nez des dossiers étalés devant lui et les ferma avant de les déposer sur un coin de son bureau.

"Je sais," répondit-il calmement.

Livai s'affaissa dans un fauteuil en face d'Erwin sans y avoir été invité et poussa un long soupir.

"C'est à cause de moi que Grisha est mort. Je n'ai même pas été foutu capable d'attendre le signal."

"C'est ce qu'on m'a dit," déclara le Commandant, "À cause d'Eren n'est-ce pas ?"

Livai hocha la tête d'un air défait.

"J'ai totalement perdu mon sang froid. Ça me fait flipper. Je te jure Erwin, la seule fois où j'ai ressenti ça, c'était il y a cinq ans…"

L'homme blond attendit quelques instants avant de pousser un long soupir. Il savait que ce qu'il s'apprêtait à dire n'allait pas être bien accueilli, mais il ne pouvait pas se taire. S'il ne faisait rien, c'était tout le Bataillon qui était en danger.

"Pour être franc, je n'approuve pas votre relation."

Livai releva la tête.

"Pourquoi ?"

Erwin se laissa retomber dans son fauteuil avec un soupir las.

"Pour plusieurs raisons. Premièrement parce qu'en vous attachant l'un à l'autre, vous prenez un risque. Je ne veux pas te revoir dans l'état où tu étais après la mort d'Isabel et Farlan. Deuxièmement, parce que son bien va devenir plus important à tes yeux que celui de l'humanité, et je ne peux pas me permettre ça venant de toi."

Livai ouvrit la bouche pour protester mais Erwin le coupa avant.

"Ne le nie pas Livai, c'est d'ailleurs déjà le cas. Ton acte irréfléchi d'aujourd'hui en est la preuve, mais pas seulement. Si tu n'étais pas amoureux d'Eren, tu n'aurais pas approuvé cette mission, et encore moins participé. Vous avez mis plusieurs vies du Bataillon, dont celle de notre emblème et celle de notre meilleur soldat pour sauver deux personnes sans valeur pour la cause. Je sais que c'est dur, mais il faut savoir quels sacrifices faire, quels risques courir, et quels risques éviter."

Livai se passa une main moite dans les cheveux avant d'immédiatement regretter son geste. Il savait qu'Erwin avait raison.

"Bien sûr ça fait mal," reprit Erwin d'un ton compatissant. "Mais tu l'as choisi ce mode de vie, tout comme moi. Et si tu ne le fais pas pour la cause, fais le au moins pour Eren. Lui aussi souffrira si vous devenez trop proches."

Livai considéra quelques instants ses paroles avant de déclarer à mi-voix :

"Pourquoi tu ne demanderais pas directement à Eren ce qu'il préfère ?"

Erwin secoua la tête et adopta un air patient, ce qui lui donna envie de casser quelque chose. Sa belle gueule bien peignée par exemple.

"Parce que vous êtes pareils Livai. Il sait qu'il devrait s'éloigner de toi mais il n'en a pas le courage…" expliqua Erwin avait un regard que Livai interpréta par "tout comme toi". "Il faut que l'un de vous deux agisse."

Eren contemplait le fond de son verre avec un air d'intense réflexion depuis plus de dix minutes déjà lorsque quelqu'un vint se laisser tomber sur la chaise à côté de lui. Le jeune homme leva les yeux pour rencontrer le sourire fatigué mais heureux de Carla.

"Ça faisait longtemps que je n'avais pas vécu ça," affirma-t-elle en contemplant les danseurs une dizaine de mètres plus loin, "tout ce bruit, toute cette joie."

Eren acquiesça faiblement, délaissant son verre sur la table pour donner toute son attention à sa mère. Son visage était encore émacié et elle avait toujours du mal à rester longtemps debout, mais la différence avec le squelette de trois semaines auparavant était phénoménale.

"Pourtant une certaine personne de ma connaissance n'a pas l'air heureuse…" ajouta-t-elle l'air pensive en se tournant finalement vers lui.

Eren lui offrit un faible sourire avant de soupirer.

"C'est juste… qu'il s'est passé beaucoup de choses ces derniers temps."

Carla hocha la tête et attendit qu'il continue. Eren lui avait raconté tout ce qu'il s'était passé depuis sa capture quinze plus tôt, mais il n'avait jamais vraiment parlé de Livai.

"Et je n'ai jamais vraiment pris le temps de me poser, et de juste… juste digérer tout ça. Mon seul but était de faire mes preuves dans l'armée et de me battre contre les méchants trafiquants d'omégas, et regarde ce qui s'est passé… Tout d'un coup ce mec qui incarnait tout ce que je déteste s'est ramené pour me jeter à la figure à quel point j'avais tort. Tort à propos de l'armée, tort à propos des alphas. J'ai l'impression de tout faire de travers. Je me sens totalement stupide."

Carla se retint de lever les yeux au ciel. Ce n'était pas ce dont son fils avait besoin.

"Eren, c'est normal. Toute ta vie, on t'a bercé de mensonges sur l'armée et le Bataillon. Toute ta vie tu as dû subir des humiliations seulement parce que tu es né oméga, par des gens à qui on a répété qu'ils étaient des êtres supérieurs. Tu as toujours vu les alphas comme une menace et c'est normal, surtout dans le milieu militaire. Mais ici tu découvres des personnes qui sont différentes, et qui parviennent à obtenir ta confiance. Tu es loin d'être stupide Eren, tu apprends c'est tout. On t'as offert une opportunité d'enlever tes oeillères et tu l'as saisie."

Eren sourit faiblement. Elle n'avait pas totalement tort, mais ce n'était pas si simple. La vérité aurait dû lui crever les yeux bien plus tôt. Et ce n'était pas tout…

"Peut-être que tu as raison," marmonna-t-il sans trop y croire.

"J'ai toujours raison."

Eren haussa les épaules, avouant sa défaite, avant de parcourir la salle du regard. Ils étaient suffisamment bien placés pour apercevoir une bonne partie de la pièce, et suffisamment reculés pour qu'on ne fasse pas trop attention à eux. Mikasa parlait avec Line un peu plus loin, leur jetant des coups d'oeil de temps en temps, et Eren s'empressa de lui offrir un sourire rassurant. Armin et Erwin étaient en plein milieu d'une discussion qui semblait des plus animés, l'oméga parlant en faisant de grand gestes et l'Alpha hochant la tête de temps en temps. Hanji s'empiffrait près du buffet, non loin de-

"C'est à propos de Livai ?"

Eren reporta son attention sur sa mère qui observait sa réaction avec attention. Ça c'était l'oeuvre de Mikasa à tous les coups.

"Qu'est-ce qu'elle t'a dit ?" demanda-t-il en essayant d'avoir un air détaché, mais il savait que sa façade ne tiendrait pas longtemps. Il était fatigué. Fatigué de tout ça, fatigué de cette façade qu'il devait plaquer en permanence sur son visage pour faire semblant d'aller bien.

Il n'allait pas bien. Il était amoureux de Livai, et même s'il savait qu'il avait raison de prendre ses distances avec lui, ça ne faisait pas moins mal.

Il regarda Livai à l'autre bout de la pièce de longues secondes. Il ne se rendit même pas compte que sa vue se brouillait avant que sa mère ne vienne l'entourer de ses bras, le pressant contre elle dans une étreinte chaleureuse.

"Shhh, ça va aller."

Eren ferma les yeux, se laissant engloutir dans cette odeur si familière et réconfortante, ne combattant même plus les larmes qui lui brûlaient les paupières. Il ne vit pas Livai quitter la salle.

"On était bien tous les deux," commença Eren d'une voix légèrement tremblante mais il ne put pas continuer. Il ne pouvait pas admettre à voix haute à quel point Livai l'avait rendu faible. Il avait franchi toutes ses barrières, il avait réussi à gagner sa confiance. Et maintenant… il était plus vulnérable que jamais.

"Mais… mais on a préféré se séparer parce que… parce que si l'un d'entre nous y passe, au moins on ne sera pas trop attachés tu vois ? Et d'un côté je pense qu'il a raison, mais de l'autre…" Je l'aime.

"Je ne sais pas, je suis totalement perdu."

Carla passait délicatement la main dans les cheveux de son fils pendant qu'il parlait.

"Eren, c'est normal d'être perdu parfois. Il faut passer par là."

La fête battait toujours son plein, mais tous les deux avaient l'impression d'être dans une petite bulle à l'abri des regards.

"Grisha… Grisha n'a pas toujours fait les choses correctement, mais je l'aimais, et je peux te dire que perdre son compagnon n'est pas une expérience agréable," murmura Carla, et cette fois c'était elle qui tremblait, "Je ne veux pas que tu vives ça, mais si être avec lui te rend heureux ça vaut peut-être le coup d'essayer non ?"

Mais Eren secoua la tête, enfouissant un peu plus son visage dans le cou de sa mère.

"Je n'en suis pas si sûr…"

Carla le serra un peu plus fort contre elle. Elle n'avait pas de réponse toute faite pour lui.

"Fais le choix que tu regretteras le moins."

o O o

Eren fit quelques pas hésitants dans la petite cour extérieure. Après une demi-heure passée à pleurer dans les bras de sa mère, il avait besoin d'échapper à l'ambiance surchauffée de la salle de fête.

L'air était frais dehors, un vent léger faisait voler ses cheveux. Eren ferma les yeux, oubliant la musique lui parvenant légèrement étouffée au loin et se concentra sur la brise venant lui caresser le visage. La lune brillait déjà haut dans le ciel, accompagnée de ses milliers d'étoiles.

Il n'avait jamais remarqué qu'il y avait une petite cour ici, coincée entre les différents bâtiments du Bataillon. Il y avait à peine la place pour trois arbres, mais l'air y circulait mieux que ce qu'il aurait pensé. Au départ il n'avait prévu de s'absenter que quelques minutes mais il risquait de rester là plus longtemps que prévu, pensa-t-il en s'asseyant en tailleur sur le sol. Tout était si paisible, si calme. Il en oublierait presque tous ses problèmes.

"Eren."

Presque.

Le jeune oméga ne leva la tête que lorsqu'il sentit l'alpha juste derrière lui.

"Livai."

Il ne savait pas comment agir face à lui. Devait-il être en colère, ou pouvaient-ils rester amis.

Enfin, amis était peut-être même trop pour Livai. Tout cela était stupide.

À sa grande surprise, Livai s'assit à côté de lui, dans la poussière. Un silence tendu s'étira entre eux deux. Ok maintenant c'était carrément désagréable. S'il ne disait rien dans la prochaine minute, il rentrerait à l'intérieur.

"Hmm, comment tu vas ?" demanda finalement l'alpha et Eren se retint de rire. Livai avait vraiment l'air autant à l'aise que lui.

Eren se tourna enfin vers lui en haussant un sourcil et le dévisagea. Livai avait toujours eu des cernes, mais d'aussi près elles paraissaient au moins deux fois plus grandes. Ses traits étaient tirés, et il crut apercevoir une tâche sur sa manche mais ça devait être son imagination.

"Mieux que toi on dirait."

Livai esquissa un petit sourire fatigué.

"C'est parce que tu ne t'es pas regardé dans un miroir."

Eren leva les yeux au ciel mais le silence n'était plus aussi pesant.

"Pourquoi tu viens me voir ?"

"Je n'ai plus le droit de te parler ?"

"Si tu voulais rester proche de moi, alors pourquoi on s'est séparé ?" répondit Eren d'un ton accusateur. "Je ne te comprends pas Livai. As-tu si peur de perdre ceux qui te sont chers que tu préfères vivre une vie loin de tout ? Je ne veux pas m'arrêter de vivre," déclara-t-il en regardant droit dans les yeux. "Je préfère vivre heureux maintenant, et faire mon deuil quand cela viendra."

Livai le regarda longuement et Eren s'empêcha de baisser les yeux. À vrai dire, il ne savait toujours pas si c'était une bonne idée. Il ne voulait juste plus jamais voir Livai aussi misérable.

L'alpha baissa les yeux mais Eren vit sa résolution vaciller.

"Ce n'est pas que par rapport à moi".

"Ce n'est pas en tenant tes distances que tu nous protégeras," affirma Eren avec une assurance qu'il était loin de ressentir.

"Peut-être pas les autres Eren, mais toi c'est différent. Après la mort d'Isabel et Farlan, j'ai mis beaucoup de temps à revenir vers les autres mais je l'ai fait. Mais quand ça te concerne je n'agis plus rationnellement. Mes choix ne sont plus guidés par la raison mais par les sentiments, et regarde ce qu'il s'est passé. Tu as failli mourir à cause de moi, et ton père y est passé. Je ne veux pas refaire ça Eren, je ne veux pas perdre la tête à nouveau."

Eren ouvrit la bouche et la referma. Il ne pouvait rien répondre à ça, ce serait hypocrite de sa part. Parce que Livai avait peur de perdre le contrôle. Parce que vivre avec le deuil est dur, mais vivre avec la culpabilité est bien plus douloureux.

"Eh bien j'attendrai," souffla Eren en se laissant tomber en arrière sur le sol avec un soupir.

Livai lui lança un regard préoccupé mais Eren ne savait pas si c'était à cause de ce qu'il avait dit ou parce qu'il y avait désormais de la terre dans les cheveux.

"Quand la guerre sera finie, si on est encore en vie tous les deux et si tu veux toujours de moi, on retentera notre chance," ajouta Eren d'un ton plus assuré.

Oui, il pouvait faire ça. Ça prendrait peut-être du temps, mais il ferait tout son possible pour voir ce jour. Parce qu'ils méritaient d'être heureux.

"Cette guerre ne sera peut-être jamais finie, tu le sais ça ?" se contenta de répondre Livai.

"Je sais. Mais tu ne me laisses pas le choix, Livai. J'attendrai, parce que c'est la seule chose que je puisse faire."

Livai le regarda pendant une longue minute, puis une deuxième. Eren se demanda si Livai le trouvait aussi stupide que ce qu'il se sentait mais l'alpha laissa échapper un petit rire.

"T'es vraiment quelque chose, toi" marmonna-t-il en levant la tête vers le ciel, mais il n'y avait pas de jugement dans sa voix.

Eren sourit et se remit à contempler les étoiles. Il attendrait.

o O o

Les semaines passèrent, et la nouvelle de leur séparation se répandit. Eren eut droit à bon nombre de tapes dans le dos et de mots d'encouragements mais ni l'un ni l'autre ne l'aidait à mieux dormir la nuit. Leur discussion pendant le mariage leur avait fait du bien, mais n'avait pas tout effacé pour autant. Sa fatigue commençait à transparaître pendant ses entraînements, préoccupant Mikasa et Armin, mais Eren balayait leurs inquiétudes du revers de la main et ils faisaient semblant d'être convaincus.

"Le Bataillon gagne de plus en plus de soutien," annonça un soir Armin, pendant qu'Eren nettoyait son revolver avec minutie, "et c'est grâce à toi."

"Moi ?" s'étonna Eren, "je n'ai pas l'impression d'en avoir fait beaucoup."

"Tu plaisantes j'espère ? Tu n'as pas vu les regards d'admiration pendant la dernière campagne ?"

Une des priorités actuelle du Bataillon était de gagner du soutien, aussi s'étaient-ils débrouillés pour intervenir dans des quartiers défavorisés comme Shiganshina. Distributions gratuites de nourriture (avec quel budget, Eren se le demandait bien), visite dans les hôpitaux ou discours enflammés d'Erwin avant de détaler vite fait quand les brigades spéciales se ramenaient. Ils n'avaient eu aucun mal à se faufiler dans des abris pour omégas, et Eren se rappelait avec chaleur de la petite fille ayant juré de combattre les méchants quand elle serait plus grande. Aussi beau que fut son projet, il espérait qu'elle n'en ai pas besoin. Beaucoup de gens avaient été surpris d'apprendre les raisons de son allégeance nouvelle au Bataillon, mais la plupart semblait l'avoir cru. Sûrement parce qu'il était un oméga.

Parce que tu portais déjà les espoirs des idéalistes avant même de rejoindre le Bataillon, lui avait dit Armin.

"Vous aussi vous avez beaucoup fait," rétorqua-t-il, "je ne sais pas si j'ai vraiment fait changer les choses."

"Au contraire ! Avant ta venue, personne n'aurait même considéré nous laisser parler sur la place publique. Tout le monde nous fuyait, mais tu nous as donné le bénéfice du doute auprès de ces gens, tu nous as donné une chance d'être écoutés ! Si on continue à faire de la communication comme ça, on réussira à rallier une grande partie de la population. Regarde avec quelle facilité ils nous ont laissés les approcher, les gens veulent savoir ce qu'il se passe !"

"Pas si facile que ça à Stohess et Hermiha," fit remarquer Eren.

Ces deux quartiers étaient bien plus riches que Trost ou Shiganshina, ce qui signifiait également remplis d'alphas. Ils avaient à peine eu le temps de balancer des tracts partout avant que la police ne se ramène.

Armin haussa les épaules.

"On a d'autres moyens de connection pour ceux-là, et ce n'est pas exactement notre cible prioritaire. L'idée que le Bataillon n'est pas un trafiquant d'esclaves commence à faire son chemin, et Zackly est pointé du doigt. Et ça c'est des bonnes nouvelles."

Eren acquiesça alors qu'il finissait de nettoyer les chambres de son revolver. Plus qu'un petit coup d'huile et de silicone et il paraîtrait comme neuf !

"J'ai l'impression que le mouvement s'accélère plus vite ces derniers temps," dit-il, alors qu'un vrai sourire se formait sur son visage pour la première fois depuis ce qui lui semblait une éternité. Ou un mois pour être précis.

"Bien plus vite que tu ne le crois. J'ai entendu des rumeurs de révolte à Karanese."

"Vraiment ?" s'étonna Eren en relevant la tête.

"C'est à confirmer. Mais si Zackly ne fait rien, ce sera lui le méchant de l'histoire, et pas nous."

"J'ai hâte," répondit Eren avec un air réjoui. Rien que de penser à la façon dont il était parvenu à manipuler les foules jusque là lui donnait envie de vomir. Et dire qu'il l'avait admiré lui aussi.

Eren poussa un petit soupir de mépris et s'apprêtait à reposer son revolver quand une brusque bouffée de chaleur le traversa. Il porta une main à sa poitrine alors que son sourire glissait de son visage.

Merde merde merde…Il l'avait oublié celle-là. Il était pourtant censé avoir encore trois semaines avant sa prochaine chaleur. Il n'avait jamais été très régulier mais à ce point là…

"Eren, ça va ?" demanda Armin d'un air inquiet.

"Oui oui", marmonna-t-il avec un vague geste de la main.

Il souffla rapidement sur son revolver et le rangea dans son étui avant de se lever.

"C'est juste ma chaleur qui est plus tôt que prévue."

"Effectivement tu sens…différent. Tu veux que je t'envoie Hanji ?...Ou Livai ?" ajouta-t-il après une hésitation mais Eren secoua la tête.

"J'ai des médicaments ne t'inquiètes pas."

Surtout pas Livai.

Armin acquiesça sans grande conviction et l'accompagna jusqu'à sa chambre. Eren insista que ce n'était pas nécessaire mais Armin refusa de s'éloigner tant qu'Eren n'eût pas refermé la porte.

o O o

'Ne t'inquiètes pas, ne t'inquiètes pas', bah si en fait, Armin avait raison de s'inquiéter parce que ses putains de médicaments ne fonctionnaient pas. Il les avaient pris depuis presque une heure maintenant, et la chaleur et les nausées ne l'avaient toujours pas quitté.

"Putain, mais qui m'a refilé cette daube !" ragea-t-il entre ses dents en resserrant la couette autour de lui, avant de changer d'avis et de l'envoyer rejoindre la plaquette de médicaments sur le sol.

Il avait beaucoup trop chaud, et d'un autre côté, sa couette lui offrait ce sentiment de protection qu'il désirait. Résultat, sa couette avait déjà fait cinq fois l'aller-retour entre le lit et le parquet. Livaï dirait que c'est absolument dégueulasse.

Rhaaaaa ! Il ne voulait pas penser à Livaï là ! C'était la dernière chose qu'il lui fallait.

Il t'a lâchement abandonné comme une vieille chaussette, tu te rappelles ?

Ok, peut-être qu'il réécrivait un peu l'histoire.

Il n'y pouvait rien, ses pensées n'arrêtaient pas de s'y ramener, et maintenant plus que jamais.

Son t-shirt trempé de sueur lui collait le dos et ce goût désagréable ne voulait pas quitter sa bouche, peu importait la quantité d'eau qu'il buvait.

Eren avait peur de comprendre pourquoi ses médicaments ne marchaient pas. Tous les médecins qu'il avait consulté l'avait mis en garde : il ne devait pas abuser de suppressants, ce n'était censé être qu'une solution temporaire. Ce genre de médicament n'était pas bon pour le corps, viendrait un moment où ils perdraient leur efficacité, s'ils ne le tuaient pas d'ici là. Ou pire : s'ils ne le rendaient pas stérile !

Ces médecins devaient clairement revoir leur ordre de priorité.

Un corps oméga est fait pour avoir une chaleur tous les quatre mois. On pouvait en éviter une en cas d'urgence sans craindre trop de conséquences, mais pas vivre presque six ans sans.

Une nouvelle bouffée de chaleur le parcourut et Eren retint un gémissement. Ok, là ça craignait.

o O o

La porte s'ouvrit avec un discret cliquetis, et la tête d'Eren dépassa dans le couloir, vérifiant que celui-ci était vide. Une fois assuré que personne ne traînait dans les parages, Eren sortit et referma la porte sans un bruit.

Ok, ce n'était pas si dur, il n'avait qu'un couloir à traverser, et tout le monde devait être en train de manger à cette heure-ci. Personne ne le verrait, et surtout pas Livaï. L'opération kidnapping pouvait commencer.

Héhé, il n'a même pas pensé à changer de code, jubila-t-ilen poussant la porte de la chambre de Livaï.

Comme prévu, la pièce, ainsi que la salle de bain, étaient vides. Eren rassembla les draps de l'alpha en un gros tas avant d'en remettre des nouveaux, faisant attention à bien les replier.

Et voilà, il ne verra que du feu, pensa-t-il en sortant de la chambre, les draps sales enveloppés tout autour de lui comme une cape, sans se rendre compte qu'il laissait une traînée de phéromones sur son passage.

C'était rapide, discret et efficace.

Eren referma soigneusement la porte de Livaï et inspira longuement dans les draps. Il se sentait déjà un peu mieux. Maintenant il ne restait plus qu'à retourner dans sa chambre et Livaï n'en saurait jamais r-

-ien.

Eren se figea en plein demi-tour alors qu'il croisait le regard perplexe de Livaï.

Premièrement, il ne l'avait même pas entendu arriver. Deuxièmement, ça devrait être illégal d'être aussi malchanceux.

Genre, sérieusement ? À quel moment Livaï s'était dit qu'il devait rentrer dans sa chambre alors qu'il était l'heure du repas ?!

Peut-être qu'il pouvait encore passer comme si de rien n'était, pensa Eren avant de se rappeler qu'il était pieds nus, enveloppé dans un drap (qui n'était pas à lui) des pieds à la tête et qu'il puait sûrement les phéromones à trois kilomètres. Ouais, zéro chance.

Livaï ne put retenir son air incrédule en voyant Eren devant la porte de sa chambre. Dans cet accoutrement. En train de le regarder avec de grands yeux étonnés. Il avait l'air d'un chevreuil qu'on surprend au beau milieu de la nuit. Enfin, un chevreuil un peu bizarre.

"Est-ce que… est-ce que c'est mes draps ?" demanda-t-il finalement en les pointant d'un signe de tête.

"Non !" s'écria Eren d'une voix un peu plus aiguë que d'habitude, "enfin si… C'est-à-dire que en fait…"

"Tu es en chaleur ?" demanda simplement Livai et Eren hocha la tête avec appréhension.

Il attendit le commentaire désagréable, voir l'odeur d'excitation qui allait suivre. Il ne voulait pas que Livai lui propose de la passer avec lui. Même s'il n'en avait eu que très peu dans sa vie, il pouvait gérer une chaleur seul. Sans alpha.

"Tu peux les garder."

"Pardon ?"

"Tu peux les garder," répéta Livaï en lui passant devant, et tapant le code d'entrée de sa porte.

Euuh… Ok ? C'était tout ?

"Tu as besoin d'autre chose ?" demanda Livai alors qu'Eren continuait de le fixer, la bouche légèrement entrouverte.

"Euh…non".

"Bonne nuit alors."

La porte se referma dans un clic.

o O o

Livai se laissa aller contre sa porte et inspira lentement par le nez.

C'était plus difficile que ce qu'il croyait. Il s'était attendu à ressentir du désir, peut-être même une perte de contrôle, mais c'était son instinct protecteur qui avait tout dominé. Il n'avait eu qu'une envie en voyant Eren : le ramener sur son lit tout emmitouflé et monter la garde. C'était débile. Eren n'avait pas besoin de lui, il était suffisamment fort et de toute façon, personne ne viendrait lui faire du mal ici.

Même s'il est en chaleur ? Il n'est pas marqué, lui rappela une petite voix dans un coin de sa tête.

Livai poussa un soupir et rouvrit sa porte. Le couloir était vide, seule une faible odeur oméga restait derrière. Livai la suivit, se demandant ce qu'il était en train de faire. Ce ne fut que lorsqu'il entendit un "putain de merde" venant de la chambre d'Eren qu'il se permit de faire demi-tour. Eren était rentré sain et sauf dans sa chambre (qui était à dix mètres mais quand même). Ça irait, les chambres du Bataillon étaient censées être hermétiques aux phéromones.

Livai leva les yeux aux ciels, exaspéré par sa propre attitude : ce gamin le rendait fou.

o O o

Les draps de Livaï ne lui avaient procuré qu'un soulagement temporaire. À peine dix minutes plus tard, il était à nouveau faible et nauséeux. Il se roula en boule, mais se redressa bien vite alors qu'il sentait la bile lui remonter dans la bouche.

"Eren ?"

Le jeune homme tourna son regard vers la porte à laquelle sa sœur venait de frapper.

"Est-ce que tout va bien ? Armin m'a dit que tu étais en chaleur…"

"Mikasa," répondit-il faiblement, et honnêtement ça ressemblait plus à un gémissement qu'autre chose, "va me chercher Hanji s'il-te-plaît."

Il aurait préféré éviter mais là il commençait à ne plus avoir le choix.

Il ne reçut pas de réponse, ce qui signifiait sûrement que Mikasa était déjà en train de courir jusqu'au bureau d'Hanji. Il ne pouvait qu'espérer qu'elle puisse faire quelque chose pour lui.

o O o

Hanji se dépêchait du mieux qu'elle pouvait avec ses bras chargés de son matériel. Si Eren en était venu à demander de l'aide, c'était sérieux.

"..."

"..."

"...Vous faites quoi là."

Elle venait d'arriver devant la chambre d'Eren, seulement elle n'était pas la seule. Une demie-douzaine d'alphas montaient la garde devant sa porte, les bras croisés, l'aura menaçante. Parmi eux, Mikasa qui l'avait devancée, Erd, Petra, Gelgar, Henning, et même Auruo !

Leur posture se fit plus agressive lorsqu'elle s'approcha, et elle pouvait lire dans leurs yeux qu'ils ne la laisseraient pas passer. Ah les alphas. (Elle pouvait parler, elle en était une.)

"Bon, vous êtes bien gentils de protéger votre petit poussin, mais j'ai besoin de passer."

Elle dut attendre patiemment qu'ils décident de s'écarter un à un, mais ce ne fut que lorsqu'Eren -qui devait avoir entendu le boucan depuis l'intérieur de sa chambre- sortit et leur demande d'un ton agacé de dégager qu'elle ne put se frayer un chemin à l'intérieur.

"Ils sont en train de virer mabouls," marmonna Eren en refermant la porte avant qu'un nouveau spasme ne l'interrompe.

"Houla, doucement…"dit Hanji en le guidant jusqu'au lit.

Eren lui expliqua sa situation avec difficulté, sa respiration courte n'aidant pas.

La soignante fronça les sourcils et commença à l'examiner. Eren essaya de cacher sa nervosité durant toute l'occultation et Hanji dut lui rappeler de respirer. Quelque minutes plus tard, elle sortit un cachet de son sac et le lui tendit.

"Bois ça avec de l'eau. Ça devrait suffir à te soulager."

"Vraiment ?" s'étonna Eren.

Il s'était attendu à devoir endurer une chaleur insoutenable avec des dégâts irréversibles sur sa santé.

"Ce n'est pas ce que je redoutais…" répondit Hanji en passant une main dans ses cheveux d'un air mi-soulagé, mi-contrarié. "Prendre des suppressants pendant une période de temps aussi longue peut être très dangereux, mais au moins ceux que tu as pris ne sont pas des bons marchés je me trompe ?"

"Mon père en faisait," répondit Eren sans trop savoir où cette conversation les menait… Est-ce qu'il avait des problèmes de chaleur oui ou non ?

"Tu as eu de la chance. La plupart des omégas qui veulent y recourir sont issus de milieux très pauvres et les seuls suppressants sur lesquels ils peuvent mettre la main sont de vraies saloperies. Mais dans ton cas ce n'est pas ça le problème. Le truc, c'est que tu n'es pas en chaleur…"

Eren fronça les sourcils. Comment ça il n'était pas en chaleur ? Il avait beau ne pas en avoir eu beaucoup, il savait reconnaître les symptômes.

"Mais dans ce cas, qu'est-ce que j'ai ?"

Pour la première fois depuis qu'il la connaissait, Hanji avait l'air mal à l'aise, et il commençait à sérieusement redouter la suite.

"Eren, tu attends un enfant."

À suivre…


Bon, je préfère vous prévenir tout de suite, je suis pas fan de mpreg, mais là j'en avais un peu besoin pour la suite et à un certain moment de ma vie ça me semblait une bonne idée. (J'ai un peu changé d'avis depuis mais bon, c'est prévu comme ça depuis trop longtemps donc je pouvais plus changer !) Cependant, ça ne va pas être beaucoup développé parce que la fin arrive très vite ! Il reste deux-trois chapitres là, et ce sera fini ! (Enfin, je n'en peux plus de cette fic.) Par contre je ne peux pas vous promettre de date, mais je finirais sûrement ça cet été quand j'aurais le temps.

Petite anecdote, en parlant avec quelqu'un de ma classe de Fanfics, j'ai découvert qu'elle lisait cette fanfic ! Genre, quelles sont les probas ? Enfin bref, salut A. si tu vois ce message ! ;)

À bientôt j'espère !