Salut à tous ! Je suis de retour (pour vous jouer un mauvais tour ! (On avait dit non, Mira)). Pour une fois, je tiens ma promesse : j'avais dit que je posterais la suite cet été et me voilà ! Il ne reste qu'un chapitre à cette fic, et il est quasiment écrit en entier, mais il faut encore que je le réécrive. J'essaierai de le poster bientôt !

Merci à tous ceux qui ont mis cette fic en favoris, en follow ou qui ont écrit des reviews, c'est vous qui m'avez donné l'envie de m'y remettre ! Et merci aussi à vous tous, lecteurs silencieux !

Sur ce, voici la suite, mais tout d'abord les réponses aux guests !

Guest : merci beaucoup, ça me fait très plaisir ! La réaction de Livai ne sera pas trop montrée à priori, mais je ne veux rien spoiler !

Akane : Wow, merci beaucoup ! Ça fait bizarre de se dire que des gens sont prêts à lire plusieurs fois cette fic ! Trop heureuse que mon style d'écriture te plaise, mais il faut dire qu'il a aussi beaucoup évolué durant cette fanfic. J'espère que la suite te plaira autant !

Neko : Merci . ! Oui, je suis bien d'accord, mieux vaut un chapitre bien même si ça prend un peu de temps… Voici la suite, j'espère qu'elle te plaira !

Blisswolf : Merci beaucoup, Voilà la suite ! J'espère qu'elle te plaira !


Chapitre 19 : À contre-courant.

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"Eren, tu attends un enfant."

Attendez, quoi ?

"C'est impossible."

Une nouvelle vague de nausée s'abattit sur lui, et il dut lutter pour garder sa respiration sous contrôle. Il ne pouvait pas attendre un enfant. Il ne pouv-

"Il n'y a pourtant pas de doute," affirma Hanji d'un ton sérieux, "ton odeur est différente de d'habitude mais ce n'est pas une chaleur... D'où les cocos massés devant ta porte."

Eren jeta un regard anxieux vers le couloir avant de retrouver la parole.

"Mais…on s'est protégés !"

Il ne parvenait pas à y croire. Sûrement il y avait une autre explication, sûrement Hanji s'était trompée.

"Je te l'ai dit, Eren, les médicaments que je t'ai donné ne sont pas cent pour cent fiables. La probabilité que vous conceviez aussi vite et hors période de chaleur était très faible… mais pas inexistante."

Eren ouvrit la bouche et la referma alors que la réalité commençait à faire son chemin jusqu'à son cerveau. Il ne pouvait pas attendre un enfant, ce n'était pas possible. Il était encore bien trop jeune, et de toute manière il n'en avait jamais voulu. Mais le plus gros problème était qu'ils étaient en temps de guerre. Il s'était séparé de Livaï pour cette raison, alors élever un enfant… C'était hors de question.

"Je ne peux pas le garder."

Hanji poussa un soupir et passa une main dans ses cheveux.

"Je m'en doutais. Je peux t'arranger ça mais il y aura quelques conséquences : un corps oméga est fait pour enfanter et l'instant maternel est très fort. Perte de poids, dépression… ce n'est pas une décision à prendre à la légère. Mais je pense que Livaï-"

"Je ne veux pas qu'il soit au courant," la coupa Eren. "Je ne veux pas que Livaï le sache."

Hanji ne parvint pas à cacher sa surprise, avant que son expression ne devienne plus pensive.

"Je pensais que vous étiez restés sur de plutôt bons termes. Tu ne veux vraiment pas avoir à faire à lui alors…" dit-elle en baissant les yeux sur les draps dans lesquels il était toujours enveloppé.

Ouais, il était cramé.

"Ce n'est pas ça, c'est juste que ce n'est plus ses affaires…"

"Je vois. Mais si tu ne le détestes pas, je te conseillerais de lui en parler."

"Pourquoi ? C'est mon corps, pas le sien," rétorqua Eren en croisant les bras sur sa poitrine.

"Je pense qu'il a le droit de savoir, même s'il n'aura pas son mot à dire dans la décision finale. Mais ne t'inquiètes pas, je pense que Livaï respectera ton choix."

"Il ne pourra pas me forcer à le garder."

"Et je m'en assurerais personnellement. Fais ce que tu veux Eren, je t'ai donné mon avis en tant qu'amie, pas médecin," dit-elle en se levant et se dirigeant vers la porte. Eren la suivit des yeux, dubitatif. "Tu as encore un peu de temps pour réfléchir mais ne tarde pas trop."

"Mon choix est déjà fait," répliqua-t-il immédiatement et Hanji sourit devant son air buté. Elle était parfaitement consciente qu'il ne changerait pas d'avis.

"Ça marche. Je te laisse encore une semaine," dit-elle et le coupa quand il voulut protester : "les médicaments te feront perdre beaucoup de sang et tu seras très fatigué. Si tu les prends maintenant, tu ne pourras pas participer à la mission de mardi."

Eren soupira et acquiesça avec réticence. Hanji savait très bien qu'il ne pouvait pas manquer cette mission.

"Sur ce, si tu n'as pas d'autres questions…" annonça-t-elle en ouvrant la porte, dévoilant un duel de regards entre Mikasa et Auruo. Elle leva les yeux au ciel et les poussa un peu plus loin. "N'hésite pas à revenir me voir si ton état empire. Et parles-en à Livaï."

"Je verrai," mentit Eren et Hanji fit semblant de le croire avant de refermer la porte.

o O o

Les jours défilaient rapidement. Presque un quart du Bataillon se préparait pour la prochaine mission mais Eren avait du mal à se concentrer. Il n'arrêtait pas de penser à l'enfant. Tout ça lui semblait si… irréel. Hanji lui avait promis qu'il n'aurait pas à le garder mais… c'était plus compliqué que ce qu'il pensait. Il savait qu'il ne changerait pas d'avis, mais il devait peut-être au moins en parler à sa mère. Quant à Livaï, Eren continuait de le fuir. Ce qui n'était pas évident quand ils devaient prévoir une mission ensemble.

Cette fois, ils allaient s'attaquer directement à un convoi d'omégas. Chaque année, une énorme vente aux enchères avait lieu à Mitras, et même si elle était censée être illégale, la moitié des alphas les plus influents du pays y assistait. Il y avait toute sorte d'esclaves mais les omégas étaient toujours une cible de choix.

Malheureusement, ils ne pourraient pas intervenir directement dans la vente aux enchères -elle était bien trop gardée- mais au moins parviendraient-ils à libérer une quarantaine d'omégas. Petits pas par petits pas, ils feraient de ce monde un lieu plus juste. Enfin, s'ils réussissaient.

"Ce convoi est spécial," expliquait Erwin, et Eren se concentra à nouveau, "il s'agit d'omégas asiatiques. Le passage par les montagnes est beaucoup trop dangereux et impraticable pour les fourgons, ils seront obligés de passer par Stohess. C'est là que nous les cueillerons."

Eren sentit le regard de Livaï se poser sur lui et fit semblant d'écouter attentivement alors qu'en réalité, il aurait aussi bien pu ne pas être là que ça n'aurait rien changé. Mais comment voulez-vous qu'il se concentre si Livaï le regarde aussi ? Et pourquoi il le regardait d'abord, lui aussi était censé écouter Erwin ! Eren se retourna vers Livaï pour lui faire gentiment comprendre qu'il avait intérêt à arrêter ça, mais à sa grande surprise, celui-ci avait les yeux rivés sur Erwin.

Ok, super, je deviens parano maintenant.

Eren ferma les yeux une seconde avant de reporter son attention sur la réunion, manquant le coup d'œil discret de Livaï et le soupir exaspéré d'Hanji.

o O o

"Ils arrivent," murmura Armin et Eren montra qu'il avait entendu.

Ils étaient planqués derrière un taillis, assez épais pour les dissimuler si on n'y regardait pas de trop près. Leur cible n'aurait pas le temps de les regarder de trop près de toute façon.

L'attaque avait lieu dans la forêt juste à l'entrée de Stohess. Ils étaient un peu trop proches de la ville à son goût mais à part à l'intérieur même de Stohess, c'était le seul endroit où ils étaient sûrs que le convoi passerait.

Les trois fourgons tirés par des chevaux n'étaient plus qu'à quelques dizaines de mètres, seuls le bruit des roues sur la route de terre battue et le claquement des sabots leur parvenaient. Eren vérifia une dernière fois que son revolver était chargé et attendit le signal.

Il n'eut pas besoin d'attendre très longtemps : quelques secondes plus tard, un fumigène vert était tiré à quelques centaines de mètres d'eux. Il y eut un moment de flottement avant que tous les membres du Bataillon ne sortent de leurs cachettes comme une seule personne et ne fassent feu sur les gardes escortant les fourgons. Au même moment, trois membres du Bataillon cachés dans les arbres au-dessus s'étaient laissés tomber sur les chevaux et avaient coupé leurs entraves. Moins d'une minute plus tard, tout le convoi était neutralisé. Eren vit du coin de l'œil que Line avait été blessée à la jambe, mais ça n'avait pas l'air d'être bien grave.

Au final, ils pouvaient dire qu'ils s'en étaient très bien sortis : si le Bataillon continuait comme ça, renverser le pouvoir en place prendrait bien moins de temps que prévu.

Eren contempla les corps sanglants gisant dans la poussière avec regret. Une forte odeur de sang embaumait l'air, mélangée à celle d'alphas et de poudre à canon, assez forte pour lui donner la nausée. Les omégas avaient un odorat plus développé que les alphas et les bêtas, et Eren se boucha le nez pour ne plus respirer l'odeur nauséabonde. À l'inverse, il vit Armin humer l'air du coin de l'œil d'un air préoccupé. Ce fut à ce moment qu'il réalisa qu'il n'avait pas senti une odeur qui aurait dû être là. Et Armin avait compris plus vite que lui.

"C'est un piège !" hurla Armin au moment où Nifa ouvrait la porte du fourgon, ne dévoilant non pas une douzaine d'omégas effrayés mais des soldats armés jusqu'aux dents.

Nifa n'eut pas le temps de réagir, une balle lui avait déjà traversé le crâne et des soldats sortaient des trois fourgons à l'unisson, faisant feu sur tous ceux qu'ils voyaient.

"À couvert !"

Merde, merde, merde.

Heureusement, Eren eut le temps de s'accroupir derrière l'épais tronc d'un chêne mais tout le monde n'eut pas cette chance : la plupart des membres les plus proches des fourgons s'étaient fait avoir avant d'avoir pu rejoindre le couvert des arbres.

Eren tira sur un soldat qui s'apprêtait à achever Line et parvint à le blesser au bras, lui faisant lâcher son arme. Armin le rejoint derrière son arbre à ce moment-là.

"J'aurais dû m'en rendre compte," marmonna Armin en jetant un coup d'œil à la situation.

Les soldats s'étaient retranchés derrière les fourgons et les membres du Bataillon derrière les arbres, la route jonchée de cadavres les séparant. Les tirs s'étaient arrêtés mais il serait difficile pour chacun des deux camps de quitter sa cachette sans se faire aligner.

Eren vit les corps de gens qu'il connaissait et détourna le regard. Ils venaient de perdre une dizaine de résistants, et de manière totalement inutile en plus : ils étaient tombés tête la première dans le piège de l'armée.

"Je suis pourtant sûr que ce convoi d'omégas existe," affirma Armin comme s'il avait lu ses pensées, "Ils ne sont pas encore passés et s'ils tardent plus, ils arriveront trop tard pour la vente aux enchères."

"Ils se sont juste foutu de nous, Armin, ils n'ont jamais eu l'intention de les faire passer ici," répondit sèchement Eren en laissant sa tête légèrement dépasser de derrière l'arbre pour mieux observer la situation.

Armin baissa les yeux.

"Il n'y a pas d'autre chemin. Ces omégas mourraient si on leur faisait traverser la montagne. Traverser Stohess est la seule possibilité."

Eren jeta un coup d'œil au blond en pleine réflexion. Il espérait qu'il n'attendait pas une vraie réponse parce que c'était pas lui qui lui donnerait la solution. S'il y avait bien un tel convoi qui n'était pas encore passé mais ne pouvait pas passer plus tard, qui était obligé de prendre cette route mais qui ne s'y trouvait pas alors qu'était-il censé en déduire ?

"Bon alors quoi, on ne peut pas rester ici toute la nuit !"

"Les souterrains…," souffla Armin.

"Quoi ?"

"Mais oui rappelle-toi, ils avaient prévu de faire une ville souterraine après la guerre mais le projet a été abandonné."

Eren ne se rappelait pas avoir appris ça mais il faisait confiance à Armin.

"Certains tunnels doivent toujours être là," continua-t-il, "mais je ne sais pas où ils sont… Considérant la géographie de la ville, je parie sur la sortie au Nord-Est. "

"Nord-Est tu dis ?" demanda Eren en se relevant. Ils avaient peut-être une chance après tout.

"C'est le plus probable mais c'est loin d'être sûr," rétorqua Armin en le regardant avec appréhension.

"Ça vaut le coup d'essayer."

"Attends, tu ne comptes pas y aller maintenant ?"

Eren lui jeta un regard qui signifiait "à ton avis", et se remit à surveiller la route. Ils n'avaient pas de temps à perdre, s'ils les laissaient passer maintenant, tout ça n'aurait servi à rien. "Couvre-moi, j'y vais !" dit-il, mais Armin s'accrocha à sa manche.

"Tu ne peux pas le faire tout seul," répondit-il en secouant la tête, mais Eren se dégagea.

"Je peux gagner du temps. Ramène les autres dès que vous vous serez débarrassé d'eux."

Passé l'effet de surprise, les soldats n'avaient plus l'avantage. Pour une mission qui au départ n'était pas censée être très dangereuse, ils avaient ramené beaucoup plus de membres du Bataillon que nécessaire. Eren se demandait si Erwin avait prévu cette éventualité. Dans tous les cas, ils avaient maintenant un avantage numérique, les autres s'en sortiraient sans lui. Qu'il reste ici ou non, ça ne ferait pas de grande différence. Pour les quarante omégas enchaînés dans leur fourgon, ça en ferait une.

"J'y vais," fut son seul avertissement avant qu'il ne sorte de sa cachette en courant.

Il eut le temps d'entendre le "putain, Eren !" d'Armin avant que des coups de feu ne retentissent mais ne regarda pas derrière lui. Ce n'était pas infaisable : il avait été positionné plutôt loin de là où ils avaient prévu de commencer l'attaque, s'il parvenait à s'éloigner encore un tout petit peu, il serait hors de vue et de portée.

Un tir passa un peu trop proche à son goût, égratignant un arbre à moins d'un mètre de lui. Eren sentit un frisson descendre dans son dos mais ne ralentit pas, continuant de slalomer entre les arbres jusqu'à disparaître dans la forêt.

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Livaï serra les dents et tira, blessant un de ses poursuivants à la jambe. Peu après que les soldats ne sortent des fourgons, six d'entre eux étaient parvenus à l'isoler et maintenant ils le poussaient hors de la forêt. Il avait réussi à en éliminer deux mais les quatre restants étaient efficaces et le forçaient à reculer. Il pouvait voir la lisière de la forêt; bientôt il serait obligé de sortir du couvert des arbres. Derrière la forêt il y avait un morceau de plaine, où il n'aurait aucun abri, et derrière cette plaine, il y avait Stohess.

Livaï n'eut pas le choix, il sortit des bois en courant, dévala la pente dans une glissade qu'il aurait aimé pouvoir appeler "contrôlée" et réussit à en blesser un au bras par un tir hasardeux. Il déboula dans Stohess à pleine vitesse et s'enfonça dans les ruelles sous les regards perplexes des passants.

Il espérait que les soldats ne le suivraient pas : s'ils commençaient à se battre dans la ville, il y aurait des dommages collatéraux.

Il se rendit rapidement compte qu'il avait été trop optimiste. Des coups de feu retentirent derrière lui et Livaï se pencha instinctivement.

C'était le chaos. Il était arrivé dans une rue marchande, et au son des détonations, les passants avaient commencé à s'enfuir dans tous les sens en criant. Livaï se mêla à la foule en panique mais les soldats n'étaient pas loin. Un tir atteignit un chariot juste à côté de lui, faisant voler des éclats de bois et tout le monde baissa la tête. Livaï jeta un coup d'œil derrière lui et vit une soldate qui le visait. Il eut deux secondes pour attraper une jeune femme qui ne devait pas être plus âgée qu'Eren et s'en servir comme bouclier.

"Pas un pas de plus !" menaça-t-il et les soldats s'immobilisèrent.

Lentement, les personnes restantes s'écartèrent de Livaï et des soldats, les laissant s'affronter du regard. Les habitants de Stohess retenaient leurs souffles et Livaï sentit une goutte de sueur rouler le long de sa tempe. S'il faisait le moindre faux pas, les chiens de Zackly les tueraient, lui et l'otage.

Livaï n'était pas assez naïf pour croire que l'armée se souciait de la vie des habitants de Stohess, mais elle avait une réputation à tenir. Avec autant d'yeux rivés sur eux, ils auraient du mal à convaincre le peuple que le Bataillon était le grand méchant s'ils tuaient l'otage maintenant. En attendant, c'était lui le méchant, mais il n'en avait rien à faire si ça pouvait lui sauver la vie.

"Ne résistez pas et je vous laisserais partir dès que je me serais débarrassé d'eux," murmura-t-il à la jeune femme, une oméga d'après son odeur.

"Laisse-la partir !" ordonna celle qui paraissait être la plus haute gradée parmi les quatre soldats restants.

Livaï se retint de soupirer.

"Déposez vos armes d'abord !" répondit-il, mais aucun des soldats ne bougea.

Livaï attendit, mais ils étaient dans une impasse : aucun des deux camps n'avait l'intention de céder.

"C'est vous Livaï ?" souffla discrètement l'oméga et Livaï risqua un regard sur elle avant de se reconcentrer sur les soldats devant eux.

"Est-ce que c'est vraiment important ?" marmonna-t-il en faisant un pas en arrière.

Les soldats n'avaient toujours pas bougé, leurs armes étaient toujours pointées sur eux et ça n'avait pas l'air d'être près de changer. Il devait les éloigner.

"Vous avez sauvé ma sœur," répondit-elle et Livaï inclina la tête pour montrer qu'il avait entendu.

Il repéra une petite allée à leur gauche. S'ils pouvaient l'atteindre sans se faire tirer dessus… La jeune oméga surveillait les soldats avec méfiance elle aussi, essayant de faciliter ses déplacements.

"Si vous n'aviez pas été là, on ne l'aurait jamais retrouvée," continua-t-elle, "Je vous remerc-"

Un soldat tira et Livaï essaya de pousser l'oméga hors de la trajectoire de la balle mais il était trop tard. Il la sentit s'effondrer contre lui dans un cri et essaya de la rattraper d'un bras, tirant sur les soldats de l'autre. Il savait qu'il ne pourrait pas les avoir tous les quatres mais il réussit à en aligner deux avant qu'ils ne ripostent. Livaï attendit la douleur mais ce ne fut pas lui qui tomba : les deux soldats qu'il n'avait pas réussi à avoir s'étaient pris une balle en pleine tête avant d'avoir pu tirer.

"Livaï ! Est-ce que ça va ?"

Livaï enregistra la voix d'Erwin mais ne se tourna pas vers lui. Il se pencha rapidement et souleva l'oméga sans effort.

"Est-ce qu'il y a un médecin ici ?!" cria-t-il en essayant de faire abstraction de la petite main qui agrippait son uniforme.

Quelques habitants s'approchèrent timidement :

"Vous pouvez nous la confier," dit l'un d'entre eux en tendant les bras.

Livaï hocha la tête et leur transmit délicatement l'oméga qui luttait pour respirer. La balle l'avait atteinte en pleine poitrine et du sang s'échappait de la commissure de ses lèvres. Livaï n'était pas médecin mais il savait qu'elle ne survivrait pas. Leurs regards se rencontrèrent et la jeune femme murmura un "merci" avant d'être

emmenée avec précaution. Livaï ne put que la regarder s'éloigner avec une boule dans la gorge. Il n'avait pas réalisé que l'armée n'avait plus rien à foutre de son image auprès du peuple.

Il se retourna et regarda Erwin, Pétra et Gelgar venir vers lui après avoir vérifié que les quatre soldats étaient bien morts.

"Les autres ?" demanda-t-il simplement.

"Ils sont en train de finir de mettre hors d'état de nuire le convoi. On est partis à ta recherche dès qu'on a pu. Pétra les avaient vu te pousser hors de la forêt," expliqua Erwin.

Livaï allait hocher la tête mais un groupe de personnes arrivèrent en courant vers eux.

"Commandant !" cria une voix familière et Livaï baissa son arme. Armin se précipita vers eux, pantelant, et dut s'y mettre à deux fois avant de parvenir à formuler une phrase cohérente.

"C'est Eren… Il est parti essayer de les arrêter tout seul."

Livaï sentit son cœur tomber dans sa poitrine.

o

Eren traversa le vieux pont en pierre en courant, et quelques personnes se retournèrent sur son passage. Nord-Est, Nord-Est… Si Armin avait raison, la sortie du passage secret ne devrait pas être très loin. Il était ressorti de Stohess, et arrivait au niveau d'un chemin en terre. Eren ralentit sa course et tendit l'oreille mais seul le chant des oiseaux lui parvint. Les traces de roue dans la terre, elles, ne mentaient pas. Ils étaient déjà passés.

Eren jura et se remit à courir le long du chemin, essayant de rester sous le couvert des arbres. Les branches lui fouettaient le visage mais il ne pouvait pas se permettre de ralentir. Il ne pouvait pas les abandonner.

Ses poumons étaient en feu et il avait un sale point de côté quand il les aperçut. Il n'y avait qu'un seul chariot, mais il était assez grand pour y entasser une vingtaine d'omégas. Une dizaine de gardes l'encadrait, l'air aux aguets. Armin avait raison, il ne pourrait pas s'en charger tout seul, pensa-t-il en continuant de se rapprocher discrètement. Mais il pouvait au moins les immobiliser un peu.

Lorsqu'il ne fut plus qu'à une quelques dizaines de mètres, il s'arrêta et dégaina son revolver.

Ça devrait le faire, pensa-t-il en visant la roue arrière du chariot. S'il se rapprochait davantage, les gardes le repèreraient.

Eren retint son souffle et tira. La balle atteint sa cible et des éclats de bois volèrent, mais ce n'était pas suffisant pour détruire la roue. Les chevaux s'emballèrent cependant, et la moitié des gardes durent rester pour les calmer tandis que l'autre moitié se précipitait à l'endroit d'où venait le tir. C'était inutile : Eren avait déjà bougé.

Il se rapprocha rapidement du convoi et les gardes restés en arrière ne furent pas assez rapides pour l'empêcher de tirer une nouvelle fois sur la roue. Cette fois, le châssis éclata en mille morceaux et le chariot s'affaissa.

Bingo.

Ils ne pourraient pas repartir tout de suite, et Eren avait intérêt à se mettre à courir. Il avait fait ce qu'il avait pu, maintenant il devait attendre le reste du Bataillon. Sans se faire tuer si possible.

Eren jeta un coup d'œil derrière lui sans s'arrêter de courir, et ce qu'il vit ne lui plut pas : les soldats étaient sur ses talons, bien plus proche que ce qu'il aurait souhaité. Il tira une ou deux fois derrière lui, plus pour les dissuader que pour vraiment en toucher un, mais d'après le gargouillement qui suivit, il avait fait une victime. Eren se retourna, pile à temps pour se prendre une branche en pleine figure, et il trébucha, portant la main à son nez sanglant.

Putain

Il épongea son visage avec sa manche en essayant de ne pas ralentir mais il commençait à perdre du terrain. La lisière de la forêt était en vue, il n'aurait pas le temps de se cacher. Tant pis, il allait devoir essayer de traverser Stohess pour retrouver le Bataillon.

Il sortit des bois à toute vitesse et courut jusqu'au pont en pierre. Il avait atteint le milieu du pont quand il vit des soldats arriver de l'autre côté.

Merde…

Il ne pouvait pas continuer, les soldats étaient trop nombreux, mais il ne pouvait pas faire demi-tour non plus. Il entendit les gardes arriver derrière lui et il sut qu'il était piégé.

Des habitants de Stohess observaient la scène de loin avec appréhension mais il n'y avait aucun signe des résistants à proximité : il était seul. Le Bataillon devait être encore loin, personne ne viendrait l'aider, pensa-t-il en reculant contre le bord du pont.

Un soldat fit quelques pas vers lui et Eren le tua d'une balle en pleine tête. Ça ne suffit pas à les dissuader cependant : ils continuaient de se rapprocher, l'encerclant toujours un peu plus. Eren réussit à en blesser quelques-uns avant qu'ils ne puissent tirer, mais il ne pourrait pas les retenir plus longtemps.

Du mouvement à sa gauche attira son attention et il eut le temps de reconnaître Livai suivit d'Armin avant qu'un soldat ne fasse feu.

La balle l'atteignit dans l'épaule et Eren se sentit basculer par dessus le bord du pont comme au ralenti. Il entendit quelqu'un crier son nom avant qu'il ne s'écrase dans l'eau, étouffant complètement le vacarme extérieur.

Des balles fusèrent là où il était tombé mais le courant l'avait déjà emporté. Il réussit à remonter à la surface et porta automatiquement une main à son épaule avec une grimace. Il avait si mal, et nager avec un seul bras dans un tel courant était impossible. Il essaya de s'accrocher à un rocher tant qu'il était encore sous le pont, provisoirement à l'abri des soldats au-dessus de lui, mais il ne parvint pas à tenir plus de quelques secondes avant de se faire emporter. Le courant le projeta sur un autre rocher et il se le prit en pleine tête, l'assommant à moitié. Des points noirs se mirent à danser devant ses yeux et il eut à peine le temps de prendre sa respiration avant d'être submergé à nouveau. Tout tournait autour de lui et Eren n'arrivait même plus à discerner le haut du bas.

Il se laissa porter pendant un temps qui lui semblait interminable avant que le courant ne se calme finalement. Quand il refit surface, le pont était déjà bien loin. Il ne savait pas comment il était encore en vie, la seule chose dont il était sûr était qu'il devait sortir de là. Il parvint à nager jusqu'à la berge, l'épaule toujours en sang et sur le point de s'évanouir. Son ultime effort fut de se hisser hors de l'eau et s'effondrer sur la terre humide en tremblant, crachant toute l'eau qu'il avait dans les poumons.

Il resta là dans la terre, perdant la notion de temps, jusqu'à ce que des bruits de pas écrasant les hautes herbes ne se firent entendre non loin de lui. Les pas venaient dans sa direction mais Eren n'avait même pas la force de relever la tête. Finalement des bottes vinrent se planter juste devant lui et Eren sentit toute chaleur quitter son corps quand il reconnut l'odeur.

"Tiens, tiens, mais qui voilà…", sourit Xavi Innociencio.

À suivre…


Et voici la fin du chapitre 19 ! J'espère qu'il vous a plu ! (N'hésitez pas à le dire en commentaire si c'est le cas.)

À tous ceux qui lisent ça (et à tous les autres) j'espère que vous passez une excellente journée ! Tchao !

Mirachan