Mais oui, mais oui ! Il approche, il est là ! Le voici (Caraba) ! Le dernier chapitre ! Y croyez-vous les enfants ? Parce que moi non ! Enfin bref, on arrête d'être dramatique.
J'ai passé plus de temps sur ce chapitre que prévu parce que comme c'était le dernier je voulais qu'il soit vraiment bien alors… j'espère vraiment que cette fin vous satisfera!
Merci à tous ceux qui sont encore là, qui m'ont suivi depuis le début (malgré les délais entre chaque chapitre), et à ceux qui m'ont rejoint en cours de route, vous étiez trop chous ! J'ai adoré partager ce voyage avec vous, et j'espère en vivre d'autres ! Bon assez discuté, je ne vous retiens pas plus longtemps !
Réponse au guest :
Akane : et oui malheureusement, c'est fini ! (Mais bon j'en pouvais plus plus de cette fic, je l'ai commencé début lycée et j'avoue que mes exigences ont pas mal évoluées ! La prochaine est meilleure selon mon humble avis). Merci d'avoir été là et j'espère trop que ce dernier chapitre va te plaire ! Merci beaucoup !
Chapitre 20 : Le bon chemin
Le goût du sang lui remplissait la bouche, et tout son corps lui criait de faire cesser la douleur. Eren ne ressentait que ça depuis ces cinq dernières heures de torture, mais ce n'était pas maintenant qu'il céderait. Zackly pouvait bien aller se faire foutre.
"C'est un obstiné celui-là," se plaignit Inocencio en lui mettant un autre coup dans le ventre et Eren ne put retenir un gémissement, suivi d'un deuxième quand Inocencio l'attrapa par les cheveux et le secoua.
"Je te laisse une dernière chance. Pourquoi tu les protèges ? Ils ne vont pas venir te sauver."
Eren ne répondit rien, gardant les yeux rivés sur le sol trop blanc, et Inociencio le relâcha avec un soupir frustré. Ses mains menottées dans son dos l'empêchèrent d'amortir sa chute et il retomba lourdement par terre.
"On obtiendra rien de lui comme ça," fit remarquer Inocencio à Zackly qui observait la scène depuis sa chaise dans un coin de la pièce.
Eren n'avait pas besoin de lever la tête pour savoir qu'il était contrarié. Il pouvait sentir ses phéromones à travers l'odeur du sang dans sa bouche.
Surprise connard, tout le monde n'est pas un déchet prêt à trahir ses compagnons. Comme s'il allait leur donner la moindre info sur le Bataillon…
"Il existe d'autres méthodes de torturer un oméga," suggéra finalement Zackly et Eren sentit son cœur s'accélérer, mais Inocencio se contenta de faire la grimace.
"Il pue l'Ackerman à trois kilomètres, personne ne voudra y toucher. Je n'ai pas vu de marque pourtant."
"Ce n'est pas ce que je demandais," répondit Zackly d'un air agacé, "Va chercher notre invité."
Eren fronça les sourcils, et visiblement, Inocencio n'avait pas l'air de mieux comprendre que lui. Quelques secondes gênantes passèrent avant que son visage ne finisse par s'éclairer et il sortit avec une petite courbette.
Eren le regarda partir avec une boule dans la gorge. Il ne savait pas qui était cet "invité", mais une chose était sûre : il n'allait pas aimer la réponse…
Il reporta son regard sur le sol devant lui, refusant de lever les yeux vers Zackly, et se remit à penser à ses différentes options pour sortir d'ici. Jusque là, il n'en avait pas trop.
"C'est dommage Eren," commença Zackly et Eren serra la mâchoire. "Tout se passait bien, j'étais même prêt à accepter un oméga dans l'armée… Il a fallu que tu fourres ton nez dans des affaires qui ne te concernaient pas," soupira-t-il et Eren lui aurait bien mis un poing dans sa gueule. "Et après, il a fallu que tu rejoignes Smith et Ackerman… tu nous as mis de sacrés bâtons dans les roues tu sais ?"
Tant mieux connard, pensa Eren, se retenant de le lui cracher à la figure. Ses côtes ne le lui auraient sans doute pas permis de toute façon.
"Je t'avais prévenu pourtant, de ce qui t'arriverait si tu continuais de t'opposer à moi, et regarde dans quel état tu es…"
Eren n'avait pas l'énergie de rire mais l'envie y était presque. Zackly voulait vraiment lui faire croire qu'il n'avait rien accompli ? C'était lui qui devait regarder dans quel état il se trouvait. Son image parfaite s'était brisée au yeux du peuple, et les gens commençaient enfin à se révolter. Eren avait démoli ses plans et Zackly en était parfaitement conscient. Alors non, il ne regrettait pas de s'être opposé à lui, même si ça voulait dire finir ensanglanté dans une salle douteuse du manoir privé de Zackly.
Eren leva péniblement la tête et sourit avec toute l'arrogance dont il était capable. Foutu pour foutu, il pouvait bien se permettre de lui dire ce qu'il en pensait.
"Je t'ai vraiment mis dans la merde." Et il en était fier.
Évidemment ça ne plu pas à Zackly. Suffisamment pour qu'il daigne se lever de sa chaise pour l'envoyer d'un coup de pied contre le mur.
"La seule raison pour laquelle je n'ai pas encore fracassé ton petit crâne, c'est que j'ai encore besoin de toi," menaça Zackly, fulminant, et l'envie était réciproque.
"Dommage," répondit Eren entre ses dents écarlates.
Il put voir avec satisfaction Zackly reconsidérer sa décision de ne pas le tuer tout de suite quand la porte s'ouvrit, annonçant le retour d'Inocencio. Eren détourna le regard de Zackly pour regarder derrière lui qui était l'"invité", et il ne put cacher le choc qui s'inscrit sur son visage. Pour sa défense, Jean paraissait aussi choqué que lui, mais celui-ci regagna beaucoup plus rapidement contenance. Il salua Zackly sans rien laisser paraître avant de lui jeter un rapide coup d'œil et Eren pouvait presque l'entendre dire "putain Jaeger, pourquoi tu te fous toujours dans la merde !?", ou quelque chose dans le genre.
"Pourquoi suis-je là," demanda-t-il prudemment à Zackly à la place.
"Ah Capitaine Kirshtein…" répondit Zackly en allant se rasseoir à l'autre bout de la pièce, "voyez-vous, nous avons besoin de faire entendre raison à cette tête de mule."
Jean rit nerveusement avant de désigner Eren d'un signe de tête.
"Comme s'il allait m'écouter."
"On ne vous demande pas de parler," répondit Zackly en pointant un revolver sur sa tête.
Jean eut un pas de recul mais il ne pouvait pas aller bien loin. Il savait aussi bien que lui que Zackly ne bluffait pas.
"Maintenant c'est simple Eren, soit tu me dis où se situe la base du Bataillon, soit je lui explose la cervelle."
Eren ne répondit rien, mais son cerveau tournait à cent à l'heure. Voyant qu'il hésitait, Zackly continua :
"Je te rappelle qu'on a toute ta petite équipe à disposition. Si tu refuses de parler pour celui-là, on ira en chercher un autre, et si ce n'est pas suffisant, on prendra un innocent au hasard dans la rue jusqu'à ce que tu craques. Alors, qu'est-ce que tu vas faire ? Un oméga ne peut pas tolérer ça."
Un humain ne pouvait pas tolérer ça, pensa Eren au même moment où Jean protestait :
"Hey, j'ai rien demandé moi !"
Jean, si tu sais ce qui est bon pour toi, ferme ta gueule. Heureusement, Jean n'eut pas besoin qu'il le dise à voix haute pour comprendre. Le couteau menaçant d'Inocencio était très clair.
"Tu as trois secondes pour réfléchir," le prévint Zackly sans quitter Jean du regard. "Trois."
Eren leva des yeux paniqués vers Jean, puis vers la porte puis sur Inocencio qui le gardait à l'œil avec son couteau à la main.
"Deux..."
S'il tentait un truc désespéré maintenant, il finissait peut-être mort, mais Jean aussi.
"Un," avertit Zackly et Eren céda au dernier moment.
"La place de la Discorde," lâcha-t-il d'une voix à peine audible et Zackly se tourna vers lui. Il déglutit péniblement avant de continuer. "Une fois là-bas, allez en direction du temple…"
Zackly fit un signe de tête et Eren regarda Inocencio aller chercher de quoi noter sur le bureau.
"Et après ?"
"Va jusqu'à la taverne du marcheur pourpre et va à gauche," murmura-t-il pendant qu'Inocencio s'approchait de lui en griffonnant ce qu'il disait en vitesse.
"Et après ?"
Eren baissa les yeux. Voir la mine réjouie de Zackly le dégoûtait.
"Et après va-" continua Eren mais il fut interrompu par une violente quinte de toux qui macula sa chemise du sang qu'il avait accumulé dans la bouche.
Il mit quelques secondes à reprendre sa respiration mais visiblement déjà trop pour la patience inexistante d'Inocencio.
"Et après va… ?" répéta-t-il en s'accroupissant à sa hauteur pour le saisir par le col.
Eren s'avança et lui murmura à l'oreille :
"Et après va te faire foutre."
Le temps qu'il comprenne ce qu'il venait de dire, il avait sauté par-dessus ses menottes et saisi le couteau qu'Inocencio avait glissé dans sa ceinture pour prendre des notes. En un tour de main, il l'avait à sa merci, la lame plaquée contre sa gorge.
"Va trouver le Bataillon !" cria-t-il à Jean qui était figé sur place, "rappelle-toi de ce que j'ai dit la dernière fois !"
Il savait que Jean avait une excellente mémoire, et il espérait que les détails qu'il lui avait soufflés cette fois-là suffiraient à le mener jusqu'au QG du Bataillon. Les chances étaient faibles, mais c'était son seul espoir.
Jean réagit immédiatement et fonça sur la porte mais Zackly décida en quelques secondes qu'empêcher Jean de fuir était plus important que la vie d'Inocencio.
Merde.
Eren ne réfléchit pas et lança le couteau qui arriva en plein dans la main de Zackly et celui-ci lâcha son arme dans un hurlement de douleur. Il eut le temps de voir Jean disparaître derrière la porte avec un dernier regard en arrière avant qu'Inocencio ne l'envoie tête la première dans le mur.
Eren ne savait plus depuis combien de temps il s'était réveillé dans cette pièce vide. Ça pouvait faire des heures, des jours. Le temps défilait au dehors, mais dans cette salle blanche sans contact avec l'extérieur, il n'était plus qu'un concept abstrait. La douleur, elle, ne le quittait plus, pourtant Zackly n'était pas revenu le voir depuis Jean. À priori, c'était bon signe, peut-être même qu'il avait réussi à trouver refuge auprès du Bataillon.
Une douleur plus aiguë que les autres lui transperça le ventre et Eren se recroquevilla un peu plus sur lui-même. Il voulait sortir d'ici -tout sauf cette salle de torture- mais la porte lui paraissait si loin et elle n'était sans doute pas ouverte de toute façon.
Il essaya de se relever sur ses avant-bras, gémissant quand du sang coula le long de ses jambes. Pas besoin d'être médecin pour savoir ce qu'il se passait. Il avait essayé de protéger son ventre comme il avait pu quand ils l'avaient frappé, mais il avait rapidement su qu'il n'y avait aucune chance qu'il survive. Eren arrêta d'essayer de ramper et serra ses bras autour de lui à sa place. Comme si ça pouvait empêcher cette petite odeur étrangère de lentement pourrir en lui.
Eren essaya de retenir ses larmes de couler le long de ses joues, mais il ne parvint pas plus à les arrêter que le sang teintant le sol à travers son pantalon noir. Cet enfant qu'il n'avait jamais désiré, qu'il refusait de concevoir tant qu'il n'y aurait pas la paix, cet enfant était en train de mourir. Même avant sa naissance, il était déjà victime de l'horreur de la guerre.
Il n'en pouvait plus. Il n'avait pas voulu garder ce bébé, mais durant cette semaine de torture, c'était la seule chose qui l'avait maintenu sain d'esprit. Il s'était accroché à cette odeur qui lui rappelait Livai quand les hommes de Zackly l'avaient frappé, la protégeant du mieux qu'il pouvait. Bien que Zackly n'ait pas l'air de s'en être rendu compte, il savait que c'était aussi ça qui l'avait maintenu en vie jusque là. Sans ses phéromones déclenchant une réaction de protection, il serait sans doute déjà mort. Ça n'avait pas d'importance de toute façon, il savait qu'il allait mourir d'une manière ou d'une autre entre les mains de Zackly, et il préférait ne pas avoir à attendre trop longtemps.
Un nouveau spasme de douleur le parcourut et il ne put retenir un nouveau flot de larmes. Tant que Zackly ne pouvait pas le voir… Il ne voulait pas lui donner la satisfaction de le voir céder. Avec un peu de chance, il serait déjà mort quand il reviendrait.
Et dire qu'il venait tout juste de retrouver sa mère… Il était désolé pour elle. Pour Mikasa. Pour Livaï… Au final, peut-être qu'il avait raison. Ils auraient dû se séparer avant, ça aurait fait moins mal.
Il eut vaguement conscience d'une porte qu'on ouvre quelque part, et Eren se maudit d'être toujours conscient : il n'avait plus la force d'affronter Zackly.
Au lieu de coups pieds, ce fut des bras qui vinrent le retourner délicatement sur le dos.
"...ren ! Eren, tu m'entends ?"
Le jeune homme rouvrit difficilement les yeux alors qu'une vague de phéromones alphas commençait à l'envelopper, rassurante. Il parvint à discerner le visage de Livaï à travers le flou des larmes, et ça paraissait si réel. Il se sentit soulevé, entendit le grognement sous le coup de l'effort dans la poitrine de l'alpha, sentit la douleur se déplacer vers son flanc droit à cause du changement de position. Les phéromones réussirent à dissiper le brouillard qui paralysait son esprit, et Eren commença à se rendre compte que ce n'était pas une hallucination : Livaï était vraiment là. Une main sous ses genoux, l'autre dans son dos; il le sortait d'ici.
"Qu'est-ce que tu fais là," articula-t-il péniblement. Il était encore suffisamment conscient pour se rendre compte du danger imminent qu'il courait. "Ils vont te tuer si tu restes ici..."
"Qu'ils essaient," répondit-il en rouvrant la porte d'un coup de pied.
Livai était blessé, réalisa-t-il alors qu'ils sortaient de cette pièce de malheur, et Eren fut frappé par le vacarme qui régnait au dehors. Des cris, des détonations et des coups de feu résonnaient au bout du couloir. Vers où ils se dirigeaient.
Ils déboulèrent dans le hall du manoir de Zackly et Eren fut submergé par le chaos. Il regarda par-dessus l'épaule de Livai qui descendait les escaliers en courant et vit que des centaines de personnes avaient pris d'assaut la maison, se faisant repousser par des soldats. Mais ce qui le choqua le plus, c'était que ces gens n'étaient pas des membres du Bataillon, mais des civils. Ils arrivèrent au rez-de-chaussée et Eren vit Mikasa et Hanji les rejoindre en courant, couvrant Livaï qui avait les deux mains prises.
"Eren !" cria Mikasa avant d'abattre une soldate qui avait osé trop s'approcher.
"On se retire !" répondit Livai et Mikasa acquiesça, les escortant à l'extérieur.
Dehors aussi, les émeutes faisaient rage. Des barricades, des gens qui couraient dans tous les sens, des bombes lacrymogènes - sûrement fournies par le Bataillon.
Ils s'engagèrent dans une rue moins chaotique et Hanji leur fit signe de partir devant.
"Je couvre vos arrières ! Il a besoin de soins médicaux d'urgence !" cria-t-elle en le désignant, et Eren aurait protesté s'il avait été en état de parler.
Il vit et sentit Mikasa et Livai hocher la tête avant de s'enfoncer dans les rues de Trost, et il s'agrippa un peu plus à la veste de Livai. Au fur et à mesure qu'ils s'éloignaient du centre, la clameur de la révolte s'atténuait, et les rues se vidaient. Tout était désert et silencieux quand Eren se rendit compte qu'ils étaient déjà à Utgard : ils n'étaient plus loin du QG du Bataillon. Il devait tenir encore un peu, il devait rester conscient jusque là… Le brouillard commençait à revenir dans son esprit, et il sentit Livai resserrer sa prise sur ses épaules.
"Tiens bon Eren, on est presque arrivés," murmura-t-il et l'oméga hocha faiblement la tête.
Après le calvaire qu'il avait vécu, la voix de Livai, ses bras autour de lui et ses phéromones étaient la plus grande source de réconfort qu'il aurait pu souhaiter. S'il s'en sortait, il le supplierait de reprendre leur relation. Mais pour l'instant il n'avait envie que de fermer les yeux et dormir… Deux détonations retentirent soudain et il sentit plus qu'il n'entendit le cri de Livaï. Ils tombèrent lourdement sur les pavés, roulant loin d'un de l'autre. Eren releva péniblement la tête et son regard tomba sur Livaï. Il saignait au bras et se tenait la tête d'une main, comme s'il se l'était cogné dans la chute. L'oméga regarda autour de lui, à la recherche du tireur et son cœur tomba dans sa poitrine quand ses yeux se posèrent sur le corps de Mikasa. Étendue sur le dos, ses yeux étaient ouverts mais ne bougeaient plus. Une balle lui trouait le front.
Non.
Mikasa était forte. Plus forte que tous les membres de l'armée réunis. Eren l'avait vu de ses propres yeux. Elle ne pouvait pas mourir si facilement, c'était impossible.
Eren se traîna jusqu'à elle avec difficulté, lui attrapa la main au moment où un rire retentit. Un rire qu'il entendait dans ses cauchemars, et il eut envie de se boucher les oreilles. Il regarda Zackly et Inocencio se diriger vers Livai avec horreur, ne lui jetant même pas un regard.
"Quelle coïncidence, je ne pensais pas qu'on tomberait sur toi, Livai."
Celui-ci paraissait encore un peu sonné, et Inocencio n'eut aucun mal à le débarrasser de son revolver avant de lui envoyer un coup de pied dans les reins. Livai ne cria pas mais c'était comme si Eren s'était pris le coup à sa place.
"Tu ne sais pas à quel point j'ai attendu ce moment," dit Zackly en s'adressant à Livai qui essayait de se relever sur ses avant-bras. "Combien de fois j'ai rêvé de te torturer, encore plus que ton oméga."
À son signe, Inocencio frappa Livai plusieurs fois et Eren eut envie de hurler.
"J'aurais jamais pensé qu'il serait ta faiblesse," continua Zackly d'un ton méprisant, "Comment tu as fait pour le recruter ? Tu lui as montré ce que c'était une bonne baise d'alpha et il a accouru ? "
"La ferme…" répondit Livai en relevant la tête.
Son arcade sourcilière était fendue, du sang coulant le long de sa tempe et sous son menton. Mais son regard était à nouveau vif, et furieux.
Zackly rit à nouveau, et la main d'Eren se fit tremblante alors qu'il tentait d'atteindre le revolver reposant entre les doigts encore chauds de sa sœur.
"Pathétique… Risquer sa vie pour un oméga... Allons, Livaï, avec ta force, ne me dit pas que tu n'aurais pas pu t'en retrouver un. Plus docile avec ça."
Eren leva lentement le pistolet et visa la tête de Zackly. Son esprit n'était pas encore tout à fait clair, mais à cette distance là, il ne pouvait pas le manquer.
Trois… deux ...
Inocencio choisit ce moment pour regarder par-dessus son épaule, et poussa Zackly hors de la ligne de mire au moment où Eren tira. La balle vint se loger dans la pierre de la maison derrière lui et Eren n'eut pas le temps de retenter son coup : Inocencio envoya le revolver valser à l'autre bout de la rue. Il n'avait eu qu'une chance et il l'avait manquée.
Eren hurla quand Inocencio lui écrasa la main de tout son poids, sentant ses os se briser sous la botte du soldat.
"Eren !"
"Tu bouges, t'es mort," prévint Zackly en pointant un revolver sur la tête de Livai.
Eren essaya de reprendre sa respiration mais Inocencio appuya un peu plus sur le poignet déjà brisé.
"J'aurais dû te tuer quand je pouvais," haleta-t-il et Inocencio laissa échapper un petit rire.
"Mais tu ne l'as pas fait."
Eren serra les dents, luttant de toutes ses forces pour ne pas s'évanouir quand un éclat de lumière attira son attention. Inocencio le relâcha d'un air satisfait, pensant qu'il se soumettait, et Eren ne releva pas les yeux. Il reconnaissait cet endroit, ils étaient sur cette place d'Utgard. Et cet éclat brillant entre deux pavés n'était pas qu'un reflet du soleil. Eren croisa le regard de Livaï.
"On tue Ackerman maintenant ?" demanda Inocencio en revenant vers eux et Eren n'attendit pas la réponse de Zackly : il se jeta sur les jambes d'Inocencio et parvint à le faire tomber. Le soldat se remit très vite de sa surprise et lui donna un coup de pied en pleine mâchoire, mais Eren réussit par miracle à lui grimper dessus, ramassa le morceau de verre et le lui plongea dans l'œil. L'alpha hurla de douleur et le lâcha, portant les deux mains à son œil ruisselant de sang, tandis qu'Eren roulait sur le pavé. Il n'avait pas la force de s'éloigner plus, mais deux coups de feu retentirent avant qu'Inocencio ou Zackly ne puissent faire quoi que ce soit et ils s'effondrèrent sur le sol, une balle dans la cervelle. Il releva la tête et vit Livaï agenouillé à quelques mètres d'eux, un revolver encore fumant dans les mains et la respiration lourde. L'attaque d'Eren avait réussi à distraire Inocencio, mais également Zackly, et Livaï en avait profité.
Eren contempla leurs cadavres encore chauds et essaya de ressentir de la joie, mais il n'éprouvait que de la lassitude, et le soulagement que Livaï soit encore en vie. Son regard glissa vers le corps de Mikasa, et tout sentiment de soulagement s'éteignit. Livaï le rattrapa avant qu'il ne touche le sol.
o O o
"... beaucoup de blessés, mais les pertes sont moins importantes que ce à quoi on s'attendait. Zackly s'est vite rendu compte qu'il valait mieux fuir plutôt qu'essayer de s'accrocher à sa position... Le roi sera décapité dans une semaine, et les…"
Eren arrêta d'écouter la conversation qui filtrait à travers la porte et ouvrit lentement les yeux. Il savait où il était, mais pendant quelques secondes il eut l'impression d'être de retour dans la salle de Zackly. Les murs et draps blancs ne faisaient rien pour l'aider. Eren baissa les yeux mais il ne gisait pas dans une flaque de sang. Les draps étaient immaculés et dégageaient une odeur de désinfectant pas particulièrement agréable mais pas désagréable non plus. Personne ne s'était encore rendu compte qu'il s'était réveillé mais ce n'était clairement pas lui qui le leur ferait savoir. Il ne voulait voir personne.
Il pouvait sentir Livaï derrière la porte, même s'il n'avait pas participé une seule fois à la conversation jusque-là. Hanji la menait toute seule, expliquant les dernières nouvelles. Eren avait vaguement compris que la monarchie était belle et bien tombée, et qu'Erwin avait repris les rênes. Ça lui avait suffit. Il se réjouirait sans doute quand il ne se sentirait plus mort de l'intérieur.
Une nouvelle odeur approcha et Eren tourna les yeux vers la porte.
"Est-ce qu'il est réveillé ?" demanda peut-être la seule personne qu'Eren voulait bien voir, la seule exception, parce qu'elle aussi l'avait perdue ce jour-là.
"Non, pas encore," répondit Hanji mais Livai la corrigea :
"Il est réveillé."
Personne ne demanda comment il savait, et Carla ouvrit la porte. Eren la regarda s'approcher, mais sa vision se flouta avant qu'elle ne puisse arriver jusqu'à lui. Quand elle le serra dans ses bras, Eren répondit à son étreinte sans essayer d'essuyer ses larmes.
o O o
Eren regarda les omégas défiler devant lui, les yeux scannant la foule à l'affût du moindre problème. Une jeune oméga lui jeta un regard anxieux et Eren lui indiqua le chemin avec un sourire encourageant. Il entendit Livaï arriver derrière lui avant qu'il ne parle.
"Comment ça se passe ?"
"Ils sont tous hyper stressés, mais jusque là, pas de problème."
Depuis qu'Erwin avait pris le pouvoir, il avait tout fait pour mettre en place une loi abolissant les seconds sexes. Hanji avait réussi à récupérer les expériences de Grisha, et il était désormais possible de transformer n'importe quel embryon en un futur bêta. Les inégalités ne s'arrêteraient pas tant qu'alphas, bêtas et omégas continueraient d'exister.
"Je prends le relais," l'informa Livai en lui effleurant la main au passage. Eren lui sourit, et s'ils n'avaient pas été en pleine mission, il l'aurait bien emmené loin d'ici. À la place, il le remercia et s'éloigna en direction du centre hospitalier. Ils se reverraient ce soir.
Cela faisait dix mois que le roi était tombé, dix mois qu'ils l'avaient sortis de chez Zackly, et il n'avait pas encore tout à fait récupéré. Son poignet brisé ne lui permettrait plus jamais de tirer, et d'après Hanji, il y avait de grandes chances qu'il ne puisse plus avoir d'enfants non plus. Du côté psychologique… c'était plus compliqué.
Eren dépassa la file d'omégas, offrant quelques mots rassurants à droite et à gauche, mais il ne s'attarda pas. Il devait rejoindre Hanji.
"Je vous en supplie, laissez-moi partir !"
Ses pas ralentirent et Eren regarda autour de lui, cherchant à identifier la source du bruit. Ce fut en s'aventurant un peu plus dans la ruelle sur sa droite qu'il la trouva : deux gardes étaient en train de tenir un oméga par les bras et essayaient de l'emmener de force.
"Qu'est-ce qu'il se passe ici ?"
Les deux gardes relevèrent la tête mais Eren n'en connaissait aucun des deux, bien que le visage de celui de gauche lui disait vaguement quelque chose. L'oméga parut soulagé de son arrivée : peut-être qu'il l'avait reconnu, ou peut-être qu'il avait juste senti l'odeur d'un autre oméga.
"Aidez-moi, je ne peux pas y aller !"
"Il refuse de subir l'opération," lui expliqua un des alphas et Eren retint un soupir. Si ce n'était que ça…
Il prit gentiment les mains de l'oméga, forçant les gardes à le lâcher.
"Il n'y a aucune raison d'avoir peur, vous ne sentirez absolument rien," le rassura-t-il mais le jeune homme secoua la tête, les yeux humides.
"Vous ne comprenez pas, mon enfant ne peut pas être un beta."
Eren essaya de cacher son agacement à ces mots. C'était à cause de ces mentalités que la société était aussi pourrie.
"Tous les autres enfants seront des bêtas," tenta-t-il de le raisonner, "ils seront tous à égalité."
L'oméga s'accrochait désespérément à ses mains et des larmes mouillaient désormais ses joues.
"Ils me tueront si je ne donne pas naissance à un alpha."
Eren ouvrit la bouche mais aucun son n'en sortit, et l'un des gardes choisit ce moment pour détacher l'oméga de lui.
"On doit l'escorter au centre," l'informa-t-il mais Eren ne répondit pas, le regard toujours fixé sur le visage désespéré de l'oméga.
Il savait qu'il y avait des familles comme ça, où la valeur de l'oméga se réduisait à sa capacité à enfanter un alpha. Et il savait aussi que l'oméga disait sûrement la vérité, pensa-t-il quand ses yeux dérivèrent sur les bleus qui dépassaient de sous ses manches longues. Mais il ne pouvait rien faire. L'oméga était marqué : le séparer de son alpha le condamnerait plus sûrement à mort que ses coups. Et l'oméga refuserait sûrement de toute manière.
L'oméga commença à se débattre et à crier mais les deux alphas étaient clairement plus forts que lui et ils le traînèrent sans difficulté.
Eren les regarda s'éloigner avec une boule dans la gorge et le poids de l'impuissance sur ses épaules. Ils ne pouvaient rien faire pour lui. L'éloigner de son alpha n'était pas une option et faire une exception encore moins. C'était triste mais c'était comme ça. Ils faisaient ce qu'ils avaient à faire.
o O o
"Non."
"Eren," le prévint Erwin mais celui-ci recula en secouant la tête.
"On tue des enfants !"
"Si leurs parents ne les avaient pas cachés, on n'aurait pas besoin d'en arriver là. Tu sais qu'on ne peut faire aucune exception !" défendit Erwin et Eren savait qu'il avait raison, mais il savait aussi qu'ils allaient trop loin.
"C'est trop extrême !" répondit-il avec colère. Il ne pouvait plus tolérer qu'Erwin tue les enfants qui n'avaient pas été modifiés avant leur naissance.
"Il n'y a pas d'autre choix," soupira Erwin mais Eren ne voulait plus entendre ses excuses. Il fit volte-face et quitta le bureau sans y avoir été invité d'un pas rageur. Il entendit Erwin appeler son nom mais il ne se retourna pas. Il avait suivi Erwin dans tout ce qu'il entreprenait jusque-là, mais le dernier mois sur le terrain lui avait montré la dure réalité. Beaucoup d'omégas refusaient d'appliquer la loi et se faisaient opérer de force. La plupart se laissaient mourir après ça. Les alphas -adultes comme enfants- étaient persécutés, et maintenant Erwin voulait assassiner des bébés. Il savait qu'il avait été trop naïf de penser que tout le monde serait heureux d'avoir un monde "sans inégalités". Comme s'ils ne trouveraient pas un nouveau motif de discrimination. Erwin avait beau ne pas le voir, ce qu'ils faisaient n'était pas bien mieux que le roi Fritz.
Il ne croyait plus qu'ils faisaient ce qu'ils avaient à faire.
"Je suis énervé."
Livai leva un sourcil depuis le comptoir de la cuisine de leur nouvelle maison, contre lequel il était adossé.
"Je crois que le mot que tu cherches est "furieux"," répondit-il et Eren lui envoya un regard glacial.
"Ce n'est pas drôle," dit Eren et Livai se décolla du comptoir. Il vint le rejoindre sur le canapé et chercha ses yeux du regard.
"Je n'ai jamais dit que c'était drôle. Erwin est sur une pente très dangereuse et je ne sais pas si on pourra l'arrêter. Mais je suis soulagé que tu le vois enfin."
Eren sourit tristement et remit une mèche des cheveux de Livai en place.
"J'ai peut-être été un peu injuste avec toi ces dernières semaines."
Livai retint un soupir. "Injuste" était un mot un peu faible. "Insupportable" correspondait mieux. Cela faisait des semaines qu'il essayait de lui ouvrir les yeux sur les agissements de moins en moins éthiques d'Erwin mais Eren avait préféré détourner le regard, trop borné dans sa décision de changer le monde. Il se garda bien de le dire à voix haute cependant, préférant se pencher pour l'embrasser doucement. Eren répondit plus que ce qu'il avait prévu et posa ses mains de chaque côté de ses hanches avec un regard qui ne cachait rien de ses intentions.
"On se préoccupera d'Erwin demain," murmura Livaï et Eren leva les yeux au ciel.
Livaï l'attira contre lui et lui embrassa délicatement le cou. Il ne voulait pas qu'Eren voit à quel point il était inquiet.
o O o
Eren poussa un long soupir et repoussa les feuilles qu'il venait de lire sur son bureau. La situation s'aggravait. Erwin ne voulait pas entendre raison et les tensions montaient. Tous ceux qui refusaient de modifier génétiquement leurs enfants étaient exécutés, tout comme les royalistes restants et ceux qui osaient contester le pouvoir en place. Le Bataillon commençait à mener une véritable politique de terreur, et ça ne lui plaisait pas du tout.
Eren se laissa aller dans sa chaise et tourna son regard vers la fenêtre. Il faisait déjà nuit noire dehors mais Livaï n'était pas encore rentré. Rien d'anormal, ces derniers temps, il ne rentrait que tard à la maison. Comme pour lui prouver le contraire, la porte d'entrée s'ouvrit et se referma silencieusement. Eren se leva et s'étira, mais le bruit de Livaï qui montait l'escalier en courant le fit se figer. Il n'eut pas le temps de se demander ce qu'il se passait que Livaï déboulait dans la pièce ; il lui attrapa le bras et l'entraîna avec lui en lui faisant signe de rester silencieux.
"On doit se casser d'ici, maintenant," dit-il gravement en prenant au passage un sac qu'ils gardaient toujours prêt au cas où, "ils viennent d'exécuter Hanji."
Eren s'arrêta dans son mouvement mais Livaï le força à avancer. Il savait que c'était loin d'être impossible : Hanji avait été une des premières à tenir tête au gouvernement quand les choses avaient mal tournées, mais de là à ce que ça arrive réellement… Ils étaient vraiment partis à la chasse aux sorcières. Et si Hanji avait vraiment été exécutée, alors ils seraient les prochains.
"Et Armin ?"
"Il a déjà fuis," répondit Livai.
Lui aussi devait être haut sur la liste des gêneurs d'Erwin. Tous les autres étaient soit avec le gouvernement, soit ils s'étaient déjà retirés. Carla était en sécurité, et tant qu'Eren ne faisait pas de vague, Erwin n'avait aucune raison de s'en prendre à elle.
Ils redescendirent rapidement les escaliers et Eren essaya de remettre son cerveau en marche : il n'avait pas le temps de faire le deuil d'Hanji ou de la vie telle qu'il la connaissait. Ils devaient survivre; ils pleureraient ensuite.
Ils sortirent discrètement par la porte de derrière et s'éloignèrent dans l'ombre sans un mot. La nuit était sans lune, mais ils connaissaient les rues plongées dans l'obscurité par cœur. S'ils entendirent le bruit d'une porte qu'on défonce loin derrière eux, ils ne se retournèrent pas.
Ce jour-là, ils disparurent discrètement d'Intramuros. Peu de personnes les regretteraient : presque tous leurs amis étaient morts maintenant. Eren aurait voulu rester, résister, mais Livai l'en avait dissuadé. Ils n'avaient pas les moyens de gagner cette fois. Du moins c'est ce que se disait Eren quand ils franchirent la frontière, essayant de ne pas penser à tout ce qu'il était en train de laisser derrière lui. Mais peut-être était-ce pour le mieux… Il n'avait plus la force de se battre. Il avait tout donné dans son combat, et maintenant il était fatigué de tout ça. Peut-être qu'Erwin finirait ce qu'ils avaient commencé, ou peut-être que de la résistance s'organiserait contre le gouvernement, mais ce serait sans lui cette fois. Il voulait commencer à vivre : parce que même s'il avait à nouveau tout perdu, il avait réussi à conserver le plus précieux.
Eren se tourna vers Livaï et le contempla quelques instants. Le soleil brillait sur le chariot qui les conduisait loin d'Intramuros, quadrillant son visage à travers son chapeau. Livaï sentit son regard mais ne détourna pas les yeux de la route. À la place, il entrelaça ses doigts dans ceux d'Eren et donna une petite pression.
Ensemble ils s'en sortiraient.
~Fin~
Et voilà, c'est enfin la fin. Je n'arrive toujours pas à y croire mais je suis un peu soulagée parce que je ne sais pas si vous l'avez remarqué, mais j'avais un peu du mal sur les derniers chapitres… Que d'émotions, ça me fait très bizarre… J'espère que ce chapitre vous a plu, et cette fic en général ! Si vous n'avez jamais lâché une review, c'est le dernier moment pour le faire ! (Je les lirais toujours). J'en profite pour remercier tous ceux qui l'ont déjà fait, vraiment c'est grâce à vous que j'ai pu écrire ce petit mot "Fin", vous êtes des anges ! (D'ailleurs ce chapitre est sorti au moins 1 ou 2 semaines plus tôt parce que j'ai reçu une review qui m'a motivée, enfin bref).
Merci à tous, et j'espère vous revoir très bientôt ! (J'ai déjà écrit une dizaine de chapitres de ma prochaine fic et j'aimerais bien avoir tout écrit une fois pour éviter de faire comme pour DCO lol).
Merci, merci, merci !
Miraculous Shinichi (aka Mirachan)
