Le train s'arrêta dans des crissements de métal rouillé. La France aussi avait été lourdement touchée par la guerre, et son économie était au plus bas. Comment pourraient-ils se permettre de construire des fusées? Les humains étaient vraiment tous des idiots, à tenter à tout prix d'atteindre leurs rêves futiles plutôt que de s'occuper des choses plus importantes. Encore qu'il était mal placé pour donner des leçons de morale. Edouard descendit du train parmi la foule de voyageurs. Il était arrivé à Paris deux jours auparavant, et avait du parcourir la moitié de la France pour atteindre sa destination, une petite ville perdue dans la campagne française. Alors c'était par là qu'on faisait de tels recherches? Si cela ne lui avait pas été confirmé par les plus grands chercheurs européens, il n'y aurait jamais cru. Par ici, ce n'était pas si différent de Rizenbull.
Il sortit de la gare, envahi par les souvenirs de son enfance, quand il jouait avec Al vers la rivière, où qu'il était si fièr de montrer son alchimie à sa mère, ou
"Attention!"
Edouard se retourna, juste à temps pour apercevoir une énorme voiture noire qui lui fonçait dessus. Il tenta de se jeter en arrière, mais se fit percuter et fut projeté plusieurs mètres en arrière.
"Monsieur, monsieur! Vous allez bien?"
Quel était l'abruti qui se permettait de lui poser des questions pareilles. Mais oui, bien sûr qu'il allait bien, après tout ce n'était pas comme si il venait de se faire renversé par un espèce de . Il sentait du sang couler le long de son visage, et une douleur insupportable irradiait de sa jambe gauche. Et dire qu'il l'avait depuis à peine un an, elle avit vraiment pas duré longtemps celle-là. Il faudrait qu'il ense à aller faire une réclamation aux vendeur. Et puis si tous ces idiots pouvaient arrêter de hurler comme ça autour de lui ça l'arrangerait assez. Peu à peu, il se sentit sombrer dans le sommeil, ce qui était un soulagement. On n'a plus mal quand on dort.
"Vous êtes réveillé?"
"Non, je dors. D'ailleurs ça se voit, j'ai les yeux ouverts. Je ne sais pas ce qu'on les gens à poser des questions idiotes tout le temps."
Il entendit pouffer.
"Excusez moi, je ne voulais pas vous vexer. Mais vous n'êtes pas dans un très bon état, les médecins disaient que vous ne vous réveilleriez peut-être pas."
Edouard se retourna. Le moindre geste était douloureux. Il vit une jeune fille en robe blanche assise sur son lit. Son visage aux traits fins étaient encadrés par de longs cheveux chatûns, et ses yeux d'un vert brillant avaient l'air inquiets, bien qu'un sourire soit dessiné sur ses lèvres. De très jolies lèvres d'ailleurs... Et, depuis quand est-ce qu'il pensait à des trucs comme ça. Des lèvres, ça n'avait rien d'exceptionnel en plus, tout le monde en a.
"Alors?" demanda
la jeune fille.
"Alors quoi?"
Elle approcha une main aux doigts longs et fins du front du blessé.
"Absence passagères... Il faudra que je le signale au docteur."
"Attendez, on peut savoir où on est? Et vous êtes qui, vous, d'abord?"
"A l'hôpital, bien sûr, après l'accident que vous venez d'avoir. Je m'appelle Charlotte, je suis infirmière."
"Infirmière? Vous ne devez être plus jeune que moi."
"J'ai 17 ans, je ne suis plus une enfant."
"Mouais... Qu'est-ce que j'ai?"
"Une hémorragie interne, un traumatisme crânien, deux côtes de fêlées, une jambe cassées et où il manque une bonne partie de peau, une condropatie rétropatélairze, une..."
"C'est bon, ça suffit. La diplomatie vous connaîssez?"
"Désolée,
je n'ai pas trop l'habitude de parler, alors...", bégaya
l'infirmière en rougissant.
Qu'est ce qu'elle était
mignonne quand elle rougissait... Ce traumatisme crânien devait
être vraiment important pour penser à des conneries
pareilles, ça ne lui ressemblait pas.
On frappa à la porte d'entrée. Winry abandonna le nouveau automail qu'elle confectionnait et alla ouvrir.
Elle se retrouva nez à nez avec un soldat tenant dans ses bras un Alphonse en sang et visiblement évanoui. Il était trempé, la pluie tombant maintenant abondament, des éclairs zébrant le ciel noirci par l'orage.
Roy Mustang. L'assassin de ses parents. Elle savait qu'il regrettait, qu'il avait essayé de se racheter, mais... Elle sentit ses yeux la piquer. Elle secoua la tête. Alphonse était blessé.
"Entrez et posez-le sur le canapé.", dit-elle d'un ton sec.
Roy ne savait plus où se mettre. Il s'était attendu en rammenant Alphonse ici à trouver une vieille femme bougonne à qui il aurait juste confié le blessé et serait reparti. Il ne pensait pas devoir parler à la fille de ces médecins.
Un de ses plus horribles souvenirs, en tout cas celui dont il gardait le plus de remords. Ce couple qui avait seulement voulu aider le plus de personnes possibles. Il se revoyait encore lever son arme, hésiter. Mais il avait reçu des ordres très stricts. S'il n'obéissait pas... Et puis ces médecins tuaient ses camarades en soignant leurs adversaires. Il se rappele avoir senti les larmes couler le long de ses joues, pendant que son doigt tremblant appuyait sur la gâchette. Deux coups. Deux corps étendus, baignant dans leur sang. La femme tenait encore serrée dans sa main la photo d'une petite fille aux longs cheveux blonds.
Cette petite fille, qui se trouvait maintenant à côté de lui alors qu'il déposait délicatement son fardeau sur le canapé.
"Ta tante n'est pas là?"
"Elle est partie installer un automail à un client. Elle va sans doute y rester la nuit vu le temps."
Roy risqua un coup d'oeil de côté. Il s'était déjà expliqué avec cette gamine. Mais à ce moment-là il n'avait même pas osé la regarder. Il fixa alors les yeux bleus de la jeune fille, s'attendant à y trouver encore du reproche, voire de la haine. Mais il ne s'attendait pas à la voir s'écrouler en larmes et tomber à genaux.
"Winry..."
Il ne savait plus quoi faire. Il avait pourtant toujours été un expert en matière de femmes, et maintenant il était horriblement gêné et ne savait plus où se mettre. Il s'approcha alors doucement de la jeune fille et la prit dans ses bras.Elle se pressa contre lui, cherchant un peu de réconfort. Il sentit alors des larmes venir au coin des yeux. Il n'allait tout de même pas se mettre à chialer comme un gamin aussi? Elle passa alors les bras autour de lui pour se serrer plus fort, et il craqua, laissant ses larmes sortir pour la première fois depuis bien longtemps. Ils restèrent tous les deux dans les bras l'un de l'autre à pleurer.
Mais soudain Winry se releva, regardant Roy.
"Et Alphonse?"
"Oups!"
Ils se relevèrent tous les deux et se précipitèrent vers Alphonse pour bander ses plaies. Il se sentaient tous les deux beaucoup mieux, et beaucoup plus à l'aise ensemble.
"J'ai bien peur que vous ne deviez rester un moment ici, fit remarquer Winry. Ca serait suicidaire de sortir dehors par ce temps."
Roy se contenta de lui sourire. Cette jeune fille, fille de son pire souvenir ou pas, était très mignonne en y regardant mieux.
