Prologue
« Chaque guerre est la toute dernière »
Cette phrase percuta brusquement l'esprit d'Hermione. Elle prenait tout son sens devant le paysage chaotique peint devant elle. Elle avait plongé tête la première en enfer…
De son plein gré.
Hermione slalomait entre la multitude de cadavres jonchant le sol. Elle ne faisait plus la distinction entre les corps sans vie de ses alliés et ceux des mangemorts qu'elle abattait. Elle ne tenait plus le compte des morts qu'elle avait elle-même provoquées. Sa baguette fondait l'air sans relâche, elle était déchaînée, mortelle.
Un maléfice tranchant à sa droite, décapitant un mangemort, une malédiction noire à sa gauche, transmutant le sang d'un autre en acide, le mettant hors d'état de nuire le temps que quelqu'un trouve le temps d'éprouver un semblant de pitié et de mettre fin à ses souffrances. Hermione faisait de son mieux pour ignorer la sensation de gèle qui s'acheminait le long de sa colonne vertébrale. Elle devinait le voile noir qui tintait ses iris chocolat à chaque maléfice sombre qui sortait du bout de sa baguette. Elle faisait opposition à sa conscience, ignorant sciemment la déchirure stridente qui la transperçait à chaque vie qu'elle ôtait. Elle se devait de combattre à tous les fronts, elle se devait d'abattre les derniers remparts protégeant sa conscience autant qu'elle se devait d'abattre les mangemorts devant elle. Elle savait à quoi elle s'engageait en utilisant les arts noirs. La magie noire était un poison, elle infecterait tout ce qu'il y avait d'humain et de bon en elle, elle en était consciente, et si c'était le prix à payer pour protéger le peu qu'il lui restait, elle l'acceptait volontiers, elle irait jusqu'au bout, plus de retour en arrière permis.
Cette guerre lui avait définitivement tout pris. Son innocence, sa jeunesse, ses parents, son âme… Il ne lui restait que ses amis. Elle se sacrifiait sans relâche pour eux, et ils lui rendaient la pareille en lui tournant le dos, en l'attaquant sans relâche pour qu'elle accepte enfin d'abandonner son idée qu'ils considéraient comme monstrueuse de combattre le feu par le feu. Ils avaient dépeint Hermione comme un monstre au sein de la résistance. La possibilité qu'elle se soit retrouver du mauvais côté de la guerre s'insinuait vicieusement dans son esprit. Elle était entourée de benêts qui pensaient gagner la guerre à grands coups de Stupefix et de Petrificus Totalus. L'Elu pensait que, si par quelconque miracle il arrivait à tenir debout plus de 2 secondes devant le plus grand mage noir de l'histoire, un Expelliarmus suffirait à le terrasser. Le meilleur ami de l'Elu ne pensait pas, tout simplement, il se contentait de calquer son raisonnement sur celui des autres. Certains se laisseront aller à dire que c'était normal, qu'ils n'avaient que 17 ans, qu'ils étaient trop jeunes pour réaliser ce qu'être en guerre impliquait. Ce n'était pas une excuse. Elle avait 17 ans aussi, elle était tout aussi jeune qu'eux. Cependant, le jour où elle avait décider de s'engager dans la résistance, elle avait pris conscience de ce qui s'en suivrait. Ils l'ignoraient délibérément, par pur égoïsme, et osaient se proclamer du côté de la lumière.
Les attaques s'enchainaient, Hermione terrassait autant de mangemorts qu'elle pouvait tout en assurant ses arrières seule. Elle n'avait pas de partenaire du duel attitré, elle n'en voulait pas, ils la ralentiraient plus qu'autre chose. Elle était la seule à pouvoir s'offrir le luxe de s'épargner le sentiment de culpabilité cuisant qui survenait une fois que, et pas si, son partenaire de duel se faisait tuer. Elle se demandait si elle était toujours capable de la ressentir. La culpabilité. Sa conscience s'était amincie il y avait de cela bien longtemps. Elle essayait de ne pas penser à ce qui l'attendrait après la guerre. Elle avait une vision de plus en plus nette de la situation. Réaliser qu'il n'y aurait pas de dénouement heureux pour elle, peu importe le camp qui l'emporterait, n'était pas facile.
Il y avait de plus en plus de sang autour d'elle, ce qui ne lui disait rien qui vaille, la majorité de ses compagnons n'allait pas plus loin que le maléfice d'entrave. Ils étaient en mauvaise position, en infériorité numérique, et surtout, ils n'avaient pas plus que la vingtaine pour la majorité d'entre eux. En face d'eux, des mangemorts expérimentés, puissants, sans scrupule.
Hermione détourna le regard un millième de seconde, le temps d'aviser qu'Harry et Ron étaient en mauvaise posture. Un millième de seconde, le temps d'envoyer un Sectumsempra et un Avada vers les deux mangemorts qui assaillaient ses deux meilleurs amis. Un millième de seconde, le temps d'entendre Harry hurler son prénom à pleins poumons, le ton emplit d'effroi. Un millième de seconde, le temps de sentir deux crocs se planter profondément jusqu'à son articulation acromio-claviculaire.
En un millième de seconde, elle se retrouva encerclée par une dizaine de mangemorts. En un millième de seconde, elle lança un bombarda maxima en plein dans l'œil du vampire qui semblait trouver son sang à son gout, sortit un losange noir de sa poche et agita sa baguette dessus, avant de regarder tous les mangemorts autour d'elle suffoquer, comme si leur âme était aspirée hors d'eux, pendant que sa propre vision se brouillait de douleur.
En ce qui lui avait sembler être un millième de seconde, elle sentit un crochet agripper son nombril avant qu'elle ne soit aspirée par le vide.
Vide.
Un sentiment familier.
