Note : Ici le rating se justifie (oui ben avec un couple marié, hein… une scène qui justifie le M est vite arrivée !).
Chapitre 2 : Ennuis en vue
Le lendemain matin, lorsque Clémence s'éveilla, Drago dormait toujours, ce qui était loin d'être habituel. Elle sourit. L'enchantement lui avait fait du bien. L'Auror se leva le plus discrètement possible et se dirigea dans la salle de bain.
Le Mangemort émergea du sommeil en entendant l'eau couler. Drago roula sur le dos et laissa échapper un léger soupir d'aise. Quand s'était-il senti aussi bien que maintenant ? Il ne savait pas exactement, mais ça remontait. Ce voyage dans le monde intérieur de sa femme avait vraiment été bénéfique pour lui. Il savait cependant que ça ne l'avait pas été pour elle. S'il s'était retrouvé dans son monde, elle devait s'être retrouvé dans le sien, qui était franchement moins agréable. Toutefois, cela lui semblait moins pire depuis la veille. Comme s'il y avait une pointe de lumière dans ses ténèbres. Il supposait que c'était la trace qu'avait laissé Clémence en lui, et espérait qu'elle ne se dissiperait pas avec le temps.
L'eau avait cessé de couler. Drago releva légèrement la tête, juste à temps pour croiser son regard lorsqu'elle entra dans la chambre, sa chevelure de jais humide et en désordre, vêtue uniquement d'une serviette de bain noire, ses pieds se déplaçant avec légèreté sur l'épaisse moquette. Elle eut un léger sourire en le voyant réveillé.
- Bien dormi ? demanda-t-elle.
- Merveilleusement bien, répondit-il en lui adressant un discret sourire en coin.
Clémence avait beau dire qu'elle n'était pas présentable sans s'être coiffée et maquillée, pour son mari, elle était toujours magnifique. Elle s'avança vers la coiffeuse et prit la brosse à cheveux dans sa main avant de se retourner vers le miroir ovale pour se brosser les cheveux. Par le miroir, elle vit l'expression de Drago, son fameux sourire indéfinissable collé aux lèvres. Elle connaissait ce sourire…
Avec une lenteur calculée, elle déposa la brosse à cheveux et se retourna vers son mari. De son pas félin, elle franchit les quelques mètres qui la séparait du lit et se pencha pour l'embrasser. D'une légère pression sur sa hanche, Drago la fit basculer sur lui. Elle sépara leurs bouches et redressa son buste à moitié, prenant appui sur ses mains posées sur l'oreiller où reposait la tête de Drago. Le même sourire que celui qu'avait affiché Drago plus tôt se dessina sur ses lèvres lorsqu'elle sentit la bosse si caractéristique contre sa féminité. Taquine, elle agita son index sous le nez de Drago.
- Je devine que vous avez de vilaines pensées, Monsieur Malefoy. C'est très mal. Une jeune femme chaste, innocente et pure pourrait être choquée.
Il réprima un rire. Elle était si parfaite. Si merveilleusement belle, intelligente, attirante et… Serpentard. On aurait dit qu'elle avait été faite sur mesure pour lui plaire, pour le rendre fou. Si c'était le cas, ça fonctionnait très bien.
- Vous considéreriez-vous comme un modèle de chasteté, d'innocence et de pureté, Madame Malefoy ?
Elle baissa la tête, juste le temps de taquiner ses lèvres avec les siennes en les effleurant. Elle releva rapidement la tête, arrachant un léger grognement à son mari.
- En ai-je l'air ?
- Ne vous en déplaise : pas le moins du monde.
Elle rapprocha son bassin du sien de quelques millimètres, collant un peu plus sa douceur contre sa dureté avant de passer brièvement sa langue brûlante sur ses douces lèvres. À nouveau, Drago laissa échapper un grognement en signe de frustration.
- Ce que vous êtes pressé, dit-elle sur le ton gentiment réprobateur d'une enseignante réprimant un jeune écolier. Ça aussi, c'est très vilain.
Avec son sourire diabolique, ses longs cheveux noirs, ses yeux pâles et sa peau de lait, il était difficile de savoir si elle tenait plus de l'ange ou du démon. Peut-être les deux. Peut-être était-ce pour ça qu'il l'aimait tant, parce qu'elle était comme lui. La main gauche de Drago quitta la courbe de ses hanches et s'éleva pour lui enlever sa serviette de bain, qu'il laissa tomber sur le sol avant d'inverser leurs positions. Il se pencha pour presser ses lèvres contre les siennes et Clémence glissa ses mains dans ses cheveux blonds pour l'empêcher de s'arracher à elle si l'envie lui en prenait. Elle entrouvrit la bouche pour le laisser approfondir le baiser, mêlant avec délice sa langue à la sienne.
Lentement, Drago leva ses mains et prit les poignets délicats de l'Auror, qu'il maintint fermement contre le matelas. Sa bouche quitta celle de sa femme pour glisser jusqu'à son cou. Clémence ne put retenir un faible gémissement. Le sadique. Il savait qu'elle adorait ça. Elle fut soudain prise d'une envie de passer aux choses sérieuses, de le sentir en elle, mais Drago semblait avoir toute autre chose en tête. Elle sentit sa langue glisser de son cou à sa poitrine, traçant un chemin sinueux jusqu'à un sein.
Il l'embrassa, le taquina longuement avec sa langue avant de descendre plus bas, glissant le long du ventre plat de Clémence, embrasant sa peau au moindre effleurement. Il déposa un doux baiser sur son intimité, arrachant un long gémissement de plaisir à la jeune femme. Il lâcha ses poignets et sentit ses mains s'enfouir instantanément dans ses cheveux.
- Drago… gémit-elle en sentant sa langue taquiner la zone sensible.
Clémence ne résista pas longtemps à ce traitement, poussant un long gémissement plus fort que les autres en sentant l'explosion finale de plaisir. Lentement, Drago remonta vers elle et se pencha pour l'embrasser. L'Auror lui répondit avec passion. Elle enroula une jambe autour des siennes et le fit rouler sur le côté, inversant les positions à son tour.
Avec une lenteur calculée, elle s'empala sur sa virilité et commença à remuer le bassin, augmentant leur plaisir à chaque mouvement. Quelques secondes avant d'être lui-même emporté par l'immense vague de plaisir, Drago put se délecter de la plus belle vision qu'il puisse avoir : Clémence, les yeux clos pour mieux apprécier les sensations, qui renversait à moitié la tête en poussant un ultime gémissement. Avec un long râle de plaisir, Drago la rejoint au septième ciel. Épuisée, elle se laissa glisser contre lui et, peu à peu, le sommeil les gagna.
Lorsque Clémence ouvrit les yeux, ce fut parce qu'un tapement régulier sur la fenêtre venait de la réveiller. Elle ne tarda pas à trouver la source du bruit : un hibou, posé sur le rebord de la fenêtre, qui tapait sur la vitre avec son bec. L'Auror s'arracha à l'étreinte de Drago, qui l'avait possessivement serrée contre lui pendant leur sommeil et, maintenant un drap autour de son corps nu, ouvrit la fenêtre à l'oiseau, qui vola jusqu'à la table de chevet. La jeune femme prit la lettre à sa patte et l'ouvrit, devinant à moitié son contenu :
« À celui ou celle qui lit cette lettre :
Si vous êtes Austen, je ne sais pas ce que vous fichez, mais si vous ne vous renvoyez pas ce hibou selon la procédure habituelle, nous lançons immédiatement les recherches.
Jack Huntington,
Directeur du bureau des Aurors du Ministère anglais de la Magie »
Clémence poussa un léger grognement. Elle était en retard de plusieurs heures et l'administration était paranoïaque. La « procédure habituelle », c'était d'écrire une réponse en donnant son numéro d'identification, donnée confidentielle que l'Auror et le directeur du service étaient les seuls à connaître, afin de rassurer l'administration sur son état de santé. Elle prit donc une plume et écrivit, à l'endos de la lettre reçue :
« À Jack Huntington :
89656, je vais parfaitement bien. J'arrive tout de suite.
Clémence Austen »
Avec sa baguette, elle fit apparaître l'emblème du département sous sa signature et tendit la lettre au hibou, qui la prit dans le bec avant de s'envoler à tire-d'aile. La jeune femme se dirigea vers sa garde-robes et s'habilla rapidement : elle mit un pantalon noir, un t-shirt à manches longues blanc et une veste noire assortie au pantalon. D'un coup de baguette, elle sécha ses cheveux encore humides et les coiffa en une queue-de-cheval d'un autre coup de baguette, mit sa baguette dans sa poche, glissa ses pieds dans ses chaussures et sortit de la chambre après un dernier regard à son mari endormi.
Elle dévala l'escalier, passa en coup de vent dans la cuisine (et ordonna à Pigmy de se punir pour avoir négligé de l'aviser qu'elle était en retard au travail), sortit du manoir, traversa la cour à grands pas… et fut saisie par-derrière par un homme sortant d'une haie.
Par pur réflexe, Clémence donna un violent coup de coude dans le ventre de son attaquant, et profita de ce court moment de distraction pour s'arracher à ses bras puissants et sortir sa baguette. D'un mouvement brusque, elle déchira la manche gauche de l'homme pour confirmer ses craintes. Sur son avant-bras, elle vit ce tatouage qu'elle avait si souvent vu sur celui de son mari.
- INCARCEREM ! cria-t-elle en direction de l'homme surpris par la rapidité de sa réaction.
Elle n'avait pas vérifié s'il y avait des Moldus avant de jeter son sortilège. Fort heureusement pour la communauté moldue, il n'y en avait aucun. Le moindre témoin de la scène qui n'aurait pas été en mesure de prouver très rapidement son appartenance au monde des sorciers aurait aussitôt reçu un sortilège d'Amnésie assez puissant pour en oublier jusqu'à son propre nom.
Clémence saisit l'homme par l'oreille, enfonçant volontairement ses ongles dans la peau de cette zone sensible.
- Toi et moi, on va aller faire un tour au bureau, qu'est-ce que tu en dis ? dit-elle avec un sourire narquois. Justement, j'y allais.
Et, en un crac sonore, elle transplana, emmenant le Mangemort avec elle.
Elle apparut dans le bureau de son supérieur.
- Bonjour, monsieur Huntington, dit-elle d'un ton détaché. Je suis en retard, mais regardez qui a décidé de m'accompagner…
Malgré les liens qui l'encerclaient, le Mangemort trouva moyen de se dégager de l'Auror.
- Elle est malade ! s'écria-t-il en direction du directeur du bureau des Aurors, espérant sans doute s'attirer sa sympathie.
- Austen, emmenez cet homme à la salle d'interrogatoire, dit l'homme aux cheveux gris, impassible aux jérémiades d'un Mangemort.
Il en avait vu d'autres, en 23 ans d'expérience.
- MAIS ! protesta l'homme en se faisant entraîner par Clémence.
La jeune femme le fit entrer dans une salle d'interrogatoire qui, bien qu'elle appartenait au département des Aurors, ressemblait à n'importe quelle salle d'interrogatoire moldue. Elle le força à s'asseoir sur une chaise solidement ancrée dans le sol et, d'un habile mouvement de baguette, fit s'élever les liens, qui entourèrent les bras du Mangemort, les fixant avec solidité aux bras de la chaise. Elle lui retira sa baguette et sortit.
Lorsqu'elle referma la porte derrière elle, Jack Huntington la rejoint.
- Qu'est-ce qui s'est passé, Austen ?
- Il m'a agressée alors que je sortais de chez moi, dit-elle simplement.
- Est-ce la raison de votre retard ?
- Non. Je suis en retard parce que mon elfe a négligé de me réveiller.
Elle ne pouvait pas décemment dire au vieil homme la vraie raison de son retard, il aurait une attaque. Pigmy était le bouc émissaire parfait.
- Je vois.
Harry arriva, ignorant superbement sa collègue.
- Potter et moi allons interroger cet homme. Austen, puisque vous l'avez capturé, vous avez l'autorisation d'assister à l'interrogatoire, mais pas de parler.
- Oui, monsieur.
Les deux Aurors et leur patron entrèrent dans la pièce. Alors qu'Harry et Jack prenaient place à l'autre bout de la table, face au Mangemort, Clémence alla quelques mètres derrière eux, appuyée contre le mur, les bras croisés, son regard perçant posé sur l'homme.
- Ouuuuuhhh, Harry Potter lui-même pour interroger ma petite personne ? dit l'homme. On sort l'artillerie lourde, je suis flatté.
Et c'est alors que le Survivant reconnut l'homme qui lui faisait face.
- Y'a pas de quoi l'être, Zabini, dit-il d'un ton impassible.
Blaise Zabini ? Tout en écoutant d'une oreille distraite les questions de routine de son collègue et de Jack, elle se demandait comment elle avait pu ne pas le reconnaître. Elle avait fait ses études à Serpentard avec lui ! Elle avait passé sept ans en sa compagnie et, sans avoir été très liée à lui, l'avait accompagné pour une bonne quantité de sales coups et d'investigations enfreignant le règlement interne de Poudlard ! Comment son identité avait-elle pu lui échapper ? À sa décharge, il fallait dire qu'il avait beaucoup changé depuis leur septième année. Quand même…
- Pourquoi avoir attaqué Austen, Zabini ? demanda Jack. Est-ce simplement parce que c'est une Auror ou est-ce personnel ?
Blaise eut un sourire méprisant.
- Si vous saviez.
Jack s'avança légèrement sur sa chaise.
- Je suis curieux. Dites-moi ce que je ne sais pas.
- Vous me posez des questions à moi et vous n'êtes même pas fichus de savoir qui vous employez.
- Qu'est-ce que vous voulez dire ?
Zabini leva les yeux vers Clémence. Des yeux cruels et sans pitié. Le cœur de l'Auror cessa de battre et son sang se glaça soudain dans ses veines. Elle sentait que ça allait venir, qu'elle ne pouvait rien faire pour empêcher les mots du Mangemort de franchir ses lèvres. « Non », dit-elle silencieusement dans une tentative désespérée d'empêcher Blaise Zabini de révéler son plus grand secret, son terrible secret. Un sourire sadique se dessina sur les lèvres de Blaise. Peut-être que si elle sortait sa baguette maintenant, elle pourrait lui jeter un sortilège assez rapidement pour éviter la catastrophe ? Non…
- C'est la femme de Drago Malefoy, vous le savez, ça ? dit-il avec un air victorieux.
Jack et Harry se retournèrent rapidement vers elle. Trop rapidement pour qu'elle débarrasse son visage de cette expression qui ne pouvait mentir sur la véracité des propos du Mangemort, trop rapidement pour qu'elle puisse songer à retirer ou cacher son alliance. Clémence laissa aller sa tête contre le mur froid et dur derrière elle. À coup sûr, sa carrière était foutue.
- Potter, dit le directeur de son ton habituel, continuez l'interrogatoire du suspect.
Il sortit et Clémence n'eut pas d'autres choix que de le suivre. Mais, avant de sortir, avant de se faire annoncer qu'elle était virée, elle se paya le luxe de s'arrêter à côté de Blaise pour lui murmurer à l'oreille :
- Si j'étais toi, je souhaiterais de finir à Azkaban au lieu d'être relâché, parce que le prix sera beaucoup plus cher si c'est moi qui te fait payer.
Elle sortit en claquant la porte derrière elle.
- Austen, dans mon bureau, ordonna Huntington.
L'Auror s'y dirigea et se laissa tomber dans un siège en face du bureau au moment où le directeur du bureau des Aurors refermait la porte du bureau.
- Pourquoi me l'avoir caché ? demanda-t-il en s'installant derrière son bureau.
- Parce que je ne suis pas stupide et que je sais qu'être la femme de Drago Malefoy, c'est une grosse tache sur un curriculum vitae d'Auror potentielle, dit-elle d'un ton morne.
- Mais ce serait une incroyable mine de renseignements pour nous !
- Et aussi parce que je voulais éviter ça, précisa-t-elle du même ton morne.
- Ce qui veut dire ?
Elle se leva et, posant ses deux mains à plats sur le bureau, se pencha légèrement vers lui pour lui parler :
- Je ne serai pas votre espionne, monsieur Huntington. Vous ne pouvez pas me demander d'espionner mon mari. Personne n'en a le droit. Ce n'était pas un mariage stratégique, c'était un mariage d'amour et je tiens à ce que ça le reste. De toute manière, vous savez quoi ? Nous ne sommes pas si bêtes. Nous ne savons rien de ce que fait l'autre au travail. Sous Veritaserum, sous Imperium, sous n'importe quoi de légal ou d'illégal, je ne pourrai rien dire d'autre que « C'est un Mangemort », et il ne pourra rien dire d'autre que « C'est une Auror ». Je ne fouillerai pas dans la vie de mon mari !
Elle planta son regard décidé dans le sien :
- Alors, si vous voulez me virer pour ça, faites-vous plaisir, dit-elle en se redressant et en ouvrant légèrement les bras.
- Vous virer ? s'étrangla Huntington. Vous êtes folle ? Vous êtes ma meilleure ! Cependant…
Il se leva à son tour.
- Je dois vous dire, Austen : je vous croyais capable de plus de professionnalisme et de discernement. Vous me décevez beaucoup.
Clémence, dégoûtée, mit fin à l'entretien en quittant le bureau, claquant violemment la porte derrière elle. Elle se dirigea vers son bureau et, à mi-chemin, sentit une main l'attraper par le poignet et entendit la voix d'Harry murmurer « traîtresse » à son oreille.
- Quoi ? demanda-t-elle en se retournant brusquement.
- J'ai entendu une partie de la conversation, dit-il sans détour.
- Et alors ? répliqua-t-elle d'un ton acide.
- Comment est-ce que tu peux refuser une occasion pareille si tu es vraiment de notre côté ?
- Alors ça c'est la meilleure ! Au fond, c'est bien ce que tu attendais, Potter ? Qu'on te serve sur un plateau d'argent l'occasion de me rouler dans la bouse de dragon ? Tu es content, je suppose ?
- Pas du tout !
Harry remercia le ciel qu'elle ne soit pas adepte de la legilimancie autant que de l'occlumancie, parce qu'il aurait été bien incapable de « fermer son esprit ». D'ailleurs, il savait pertinemment que l'occlumancie était une pratique qui lui aurait bien servie en tant qu'Auror, mais il se rappelait trop bien de la personne qui avait tenté de lui enseigner cet art lorsqu'il était en cinquième année encore. Il se souvenait de Rogue, et avoir le moindre lien avec lui, ne serait-ce que maîtriser la même faculté magique, lui semblait intolérable. Mais, legilimens ou pas, Clémence n'était pas dupe.
- Prends-moi pour une bouse de dragon, Potter !
- Dis-moi juste pourquoi tu refuses !
- Et si Ginny était de l'autre côté, Potter ?
- Ça n'a rien à voir, Austen !
- Au contraire ! explosa-t-elle. Ça a TOUT à voir ! Et si tu étais dans ma situation, Potter ? Si Ginny était de l'autre côté, que tu le savais depuis le début de votre relation et que tu l'aimais sans te préoccuper d'une Marque sur le bras, et qu'elle t'aimait autant que tu l'aimes, qu'est-ce que tu ferais si on te demandait de l'espionner ? Hein ? Qu'est-ce que toi, le grand Harry Potter plein de vertus, qu'est-ce que tu ferais si on te demandait de trahir la confiance de la personne que tu aimes le plus au monde ?
- Austen, grogna-t-il.
- Je vais te dire ce que tu ferais, moi, Potter ! continua-t-elle sans se préoccuper de son intervention. Ou, du moins, je vais te dire ce qui s'offrirait à toi ! Soit tu acceptes et tu n'es qu'un enfoiré, soit tu refuses parce que tu sais que c'est mal et on te traite de traître parce que tu es coupable du plus vieux crime de l'humanité : l'amour ! Alors, si tu veux m'accuser de ça, oui, je plaide coupable ! Mais je ne suis pas une traîtresse, entre-toi bien ça dans le crâne ! Je L'AIME et on n'espionne pas ceux qu'on aime !
Troublé, Harry demeura silencieux un moment. Jamais il n'aurait cru voir cette femme froide et hautaine qui ne parlait jamais de son mariage exploser comme ça, se laisser guider par son cœur et non sa tête, au moins pour un court instant. À vrai dire, il n'aurait jamais cru l'entendre parler d'amour avec une telle flamme dans le regard. D'amour-propre, peut-être. Mais pas d'amour. Et il s'était encore moins attendu à voir les larmes briller dans ses yeux en évoquant l'amour qu'elle éprouvait pour son mari… Malefoy.
- Comment est-ce que tu peux… laissa-t-il échapper.
- Comment est-ce que je peux quoi ? L'embrasser ? Le laisser me toucher ? Faire l'amour avec lui ? Ou tout simplement l'aimer ? Ce n'est pas parce que tu n'aimes pas une personne que tout le monde ressent la même chose.
- C'est un Mangemort, Austen ! Tu as fait le serment de protéger notre communauté d'eux, de te battre contre eux, de…
- Ouvre les yeux, Potter ! Les « gentils » ne tombent pas forcément amoureux uniquement des « gentils » ! Tout n'est pas blanc ou noir, il y a beaucoup de nuances de gris ! Évidemment que j'ai fait ce serment, évidemment que je le respecte !
- On ne dirait pas !
- Potter, combien de fois ai-je prouvé ma loyauté, combien de fois ai-je démontré ma volonté de combattre le Mal ?
- Aucune idée, mais tout ça a été balayé depuis que je sais avec qui tu partages ta vie !
- Mais ouvre les yeux, Potter ! Les sentiments ne s'arrêtent pas pour une Marque sur le bras, ils ne s'arrêtent pas parce qu'on dit « je jure de combattre le Mal, par le Bien, pour le Bien » ! Si c'est ce que tu penses, tu es vraiment l'être le plus obtus que j'aie jamais eu l'infortune de rencontrer, et je plains Ginny !
- Être Mangemort, c'est bien au-delà de la Marque des Ténèbres !
- Non, attends, je l'ignorais, c'est vrai ça ? C'est bien que tu me le dises, parce qu'après deux ans de service comme Auror, JE N'ÉTAIS PAS AU COURANT DE CE QUE C'EST, UN MANGEMORT !
- Oui, on a vu !
- Connard, dit-elle en se détournant.
L'Auror alla s'enfermer dans son bureau, où elle transplana.
Lorsqu'il entendit la porte d'entrée se claquer, Drago descendit l'escalier. Ses cheveux blonds étaient humides et il portait un pantalon noir avec un t-shirt de la même couleur, qui laissait voir la Marque des Ténèbres sur son avant-bras. Si, au début de leur relation, la vision du tatouage noir tranchant sur la peau pâle de son mari avait un peu gêné Clémence, il y avait longtemps qu'elle ne s'en préoccupait plus.
- Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-il en fronçant les sourcils.
- Je sais qu'on ne parle jamais du travail, mais là, tu m'excuseras… PIGMY ! DE L'EAU ! cria-t-elle.
- Hé, doucement, dit-il en lui prenant les mains. Dis-moi ce qui ne va pas.
- Quand je suis partie d'ici, j'ai été agressée par Zabini. Facile à neutraliser. Je l'ai emmené au Ministère pour qu'il soit interrogé. Au cours de son interrogatoire, ce con a bien entendu cru nécessaire de révéler que nous étions mariés.
Elle arracha la bouteille d'eau des mains tremblantes de l'elfe de maison.
- Évidemment, Huntington m'a dit quelque chose comme quoi c'était absolument merveilleux professionnellement parlant pour le département, je lui ai fait savoir très clairement que je ne serais pas une espionne et comme Potter est au courant de tout ça, je vais avoir tout le bureau à dos lundi. En résumé, c'était un merveilleux vendredi.
Elle avala une longue gorgée d'eau pour retrouver son calme, ignorant qu'en face d'elle, Drago bouillonnait. Ainsi, Zabini l'avait attaquée ? Peu importe qui avait donné l'ordre, il aurait du mal à faire passer ça pour un hasard aux yeux du jeune homme. En résumé, quelqu'un allait regretter cette décision dans un avenir très rapproché.
- Je vais aller m'allonger un peu.
Clémence monta à l'étage, jeta sa veste sur le sol, se débarrassa de ses chaussures et s'écrasa à plat ventre sur son lit, les yeux clos, analysant la situation, qui n'était pas un réel désastre pour l'instant mais qui en avait tout le potentiel.
Elle n'était pas renvoyée, ce qui était une bonne chose en soi : elle s'était toujours dit que si on découvrait qui était son mari, sa carrière serait terminé. Or, ce n'était pas (encore) le cas. Cependant, le reste n'était guère reluisant. Comme elle l'avait craint, on s'attendait à ce qu'elle joue les agents doubles, ce qu'elle refuserait cent fois s'il le fallait. Il ne faudrait pas beaucoup de temps avant qu'elle perde toute crédibilité aux yeux de ses supérieurs et de ses pairs.
Ensuite, Harry Potter était au courant. Il avait même été en première loge. Ce qui signifiait qu'elle pouvait s'attendre à ce que tout le monde soit au courant lundi. Drago Malefoy étant un Mangemort reconnu pour avoir plusieurs méfaits à son actif et supposé comme étant un membre influent de l'organisation, on ne manquerait pas de la soupçonner d'être une traîtresse, comme Harry l'avait si délicatement souligné. Surtout lorsqu'Harry parlerait de son refus de se servir de sa position pour espionner Drago.
Clémence savait qu'elle agissait ainsi parce qu'elle aimait Drago, et peut-être qu'Huntington l'avait compris, mais les autres Aurors du service ne l'entendraient pas de cette oreille. Au mieux, on croirait qu'elle agissait sous l'influence d'une quelconque potion ou d'un Imperium. Alors, on tenterait de l'éloigner de Drago, ce qui ne servirait strictement à rien, puisqu'il n'exerçait aucune influence magique sur elle. On en viendrait donc à la conclusion de la trahison. Peu importe ce qu'ils penseraient en premier, le résultat final serait le même : la loyauté de la jeune femme serait mise en doute.
La jeune femme fut tirée de ses pensées par le bruit de la porte se refermant. Drago devait être sorti. Elle se redressa et se mit en position assise, les yeux toujours fermés.
Clémence avait analysé la situation avec soin et en avait mesuré tous les inconvénients. Maintenant, l'Auror allait trouver des solutions.
