Note : Dans ce chapitre, il y a deux scènes en parallèle. Les trucs en majuscule italique gras souligné sont les lieux de l'action. Lorsqu'on arrive au repère des Mangemorts pour la première fois, dites-vous que cette scène se déroule en même temps que celle où Hermione parle à Clémence. Ensuite, vous aurez des indications dans la partie de Clémence et celle de Drago pour vous dire à quel moment de chaque scène ça se passe (j'espère que c'est clair).
Chapitre 3 : Piégée
Clémence se réveilla et fronça légèrement les sourcils en se redressant. Elle avait dû s'endormir en cherchant le moyen de résoudre son problème. L'Auror jeta un bref regard à la fenêtre. Il faisait nuit. Elle sortit de sa chambre et descendit l'escalier sombre pour se rendre dans le salon, faiblement éclairé par la lumière de la lune et les braises du feu que devait avoir allumé Pigmy plus tôt. L'ex-Serpentard se laissa tomber dans un fauteuil en se massant les tempes, comme pour stopper la montée d'une migraine.
La maison était silencieuse. Drago ne devait pas être rentré. Elle venait de faire cette constatation lorsqu'elle vit, du coin de l'œil, apparaître des flammes dans la cheminée. Des flammes vertes, caractéristiques du réseau de cheminées. Était-ce Drago ? Non, ils n'utilisaient jamais ce moyen pour se déplacer. Clémence eut le réflexe de plonger derrière son fauteuil, accroupie, masquée par le fauteuil et l'ombre qu'il projetait. Elle vit deux silhouettes se détacher des flammes d'émeraude. Un homme et une femme. L'homme, Clémence en reconnut immédiatement les cheveux décoiffés : Harry. Le visage de la femme était indistinct, mais ses longs cheveux de feu laissaient présager qu'il s'agissait de Ginny.
Le cerveau de l'Auror fonctionnait à plein régime. Ils étaient en avantage numérique, mais elle connaissait la maison, et pas eux. Dans cette noirceur, c'était un avantage certain. Silencieusement, Clémence sortit sa baguette magique de sa poche, se retenant de leur jeter un maléfice en les voyant commencer à fouiller la pièce. Il ne fallait surtout pas signaler prématurément sa présence. Elle attendit qu'ils regardent dans une direction opposée et se glissa hors de sa cachette, le plus discrètement possible, et sortit du salon au pas de course.
- Elle est là ! cria la voix d'Harry dans son dos.
Elle. Ils étaient donc venus ici pour elle, pas pour Drago. Ou bien pour les deux ? Était-elle recherchée au même titre que Drago ? On courait derrière elle. Il y eut le bruit de quelque chose qui se fracasse sur le sol. Clémence courut plus vite.
- EXPELLIARMUS ! cria une voix de femme.
Le sortilège la frappa dans le dos, accéléra sa course et la projeta violemment contre un mur. Le souffle coupé, Clémence ne prit pas la peine de chercher sa baguette qui avait roulé sur le sol. Tenter de trouver ce petit bout de bois sombre dans cette pénombre était une perte de temps. L'Auror s'élança dans l'escalier et s'enferma dans sa chambre. Réfléchir. L'un d'eux se heurta à la porte fermée. Il lui fallait une solution. L'autre assaillant avait rejoint le premier derrière la porte. Elle était là, la solution. Elle ouvrit la fenêtre. Il lui suffisait de se transformer. Sous la forme d'un tamia rayé, elle n'aurait aucun mal à descendre. Ça faisait toujours sourire quand on apprenait que cette Auror respectée avait pour forme animale un tamia rayé. D'accord, ce n'était pas une forme animale très impressionnante, mais elle avait vite compris qu'un petit rongeur était beaucoup plus discret qu'un fauve.
- ALOHOMORA !
La porte s'ouvrit à la volée et Harry entra, baguette levée. S'il lui jetait un maléfice, elle était fichue.
- Stu…
- Arrête ! dit la femme en le forçant à baisser sa baguette. Donnons-lui une chance.
Elle se tourna vers Clémence.
- Tu n'as qu'à nous dire où est Drago, dit-elle avec douceur.
- Même si je le savais ! répondit l'Auror avec hargne en montant sur le rebord de la fenêtre.
L'ombre sur le visage d'Harry empêcha l'Animagus de voir le sourire se dessiner sur ses lèvres lorsqu'il dit :
- Vas-y, Austen. Je te le conseille.
Cet abruti croyait-il qu'elle allait sauter ? Qu'importe. La jeune femme ferma les yeux et, en un « pop » des plus élégants, se transforma. Aussitôt, elle sentit un sortilège la traverser et une main la saisir. Elle griffa, mordit, se débattit, mais la poigne d'Harry était solide. Clémence voulut reprendre son apparence normale, mais en fut incapable. C'est alors qu'elle comprit la nature du sortilège qu'elle avait reçu quelques secondes plus tôt. Sortilège de Blocage. Elle ne pourrait plus se transformer tant qu'il ne serait pas levé. (NdA : Ça aussi, je l'ai inventé. Mais, considérant qu'il existe un sortilège capable de forcer un Animagus à reprendre son corps d'origine, l'inverse doit être possible).
Impuissante, elle se sentit enfermée dans une cage et emportée en bas.
- 12, square Grimmaurd ! s'écria Harry en jetant une poignée de Poudre de Cheminette dans la cheminée.
Les deux sorciers et le rongeur furent emportés dans le réseau anglais des cheminées. Ils arrivèrent dans un salon inconnu à Clémence. Elle n'eut pas le temps de tenter d'identifier l'endroit qu'Harry la sortit de sa cage, pointant sa baguette sur elle.
- Petrifictus totalus !
Aussitôt, l'Auror sentit son petit corps de tamia rayé perdre toute mobilité. Elle était désormais incapable de produire le moindre son, incapable de bouger le moindre muscle. Elle était à leur merci. Il la déposa sur un sofa et pointa sa baguette sur elle. Elle vit l'éclair bleu la traverser, et se serait cabrée sous la douleur si elle l'avait pu. Heureusement, ce fut bref et elle se retrouva sous sa forme humaine, les bras ridiculement collés le long du corps.
- Je te préviens, dit-il en pointant sa baguette sur elle. Je te libère, mais si tu tentes de t'évader, je te stupéfixe. Finite incantatem.
- Mais enfin t'es complètement cinglé ? s'écria-t-elle dès qu'elle eut retrouvé ses capacités. C'est toi qui n'es pas vrai, ça ne va pas la tête de m'attaquer comme ça chez moi ! Qu'est-ce que tu me veux ?
- Je te l'avais dit, intervint doucement la femme en s'approchant. Nous aurions dû nous y prendre autrement.
Clémence connaissait cette voix, et ce n'était pas celle de Ginny Weasley. Tonks ? Évidemment. Elle avait oublié sa faculté de changer d'apparence à volonté.
- Qu'est-ce que vous voulez ? répéta Clémence. Des informations sur Drago ? Je n'en ai pas. Aussi curieux que ça puisse paraître, j'en sais moins sur ses activités de Mangemort que le reste du service.
- Tu as reçu son dossier au moins dix fois, dit Harry avec un calme trompeur.
- Et alors ? Tu veux la vérité, Potter ? Je n'ai rien lu d'autre que « Drago Malefoy » dans ce dossier ! Parce que je ne veux pas savoir, est-ce que tu comprends ça ?
Harry cligna des yeux. Comment une femme aussi brillamment intelligente pouvait-elle se montrer aussi naïvement décidée à demeurer dans l'ignorance ? Elle partageait sa vie avec un homme dangereux, et elle ne voulait même pas être capable de mesurer le danger qu'il représentait ? Ça n'avait pas de sens.
- Tu ne veux pas savoir ?
- T'as tout compris.
Dignement, elle glissa une mèche de cheveux noirs qui lui barrait le front, croisa les bras et regarda ailleurs. Voyant son visage résolument fermé, Harry soupira. Il n'en tirerait rien, et il le savait très bien. Il était aussi inutile de tenter de lui faire prendre du Veritaserum à son insu. L'Auror était bien trop maligne pour se faire avoir de la sorte.
- Kreattur ? dit Harry.
L'elfe répugnant apparut aussitôt et s'inclina, tout en marmonnant d'une façon très audible un flot quasi-ininterrompu d'insultes envers Harry.
- Va chercher Hermione, ordonna le Survivant.
- Kreattur y va tout de suite, croassa la créature avant de disparaître.
La jeune femme fronça légèrement les sourcils. Kreattur. L'elfe de maison des Black. Drago était un Black par sa mère. Peut-être l'elfe de maison le respectait-il ? Le cerveau de Clémence assimila l'information. La présence de Kreattur pourrait lui être utile.
Une jeune femme, dont la chevelure châtaine aux reflets de miel était nouée en un chignon sur sa nuque, apparut en un « crac » sonore. Hermione Granger venait d'arriver. Sans lui laisser le temps d'ouvrir la bouche, Harry l'entraîna à l'étage, laissant Tonks seule avec Clémence Austen.
- Je n'arrive pas à le croire, Harry, murmura-t-elle à toute vitesse alors qu'il refermait la porte derrière lui. Tu as kidnappée Austen ?
- Invitée.
- Visiblement sans son consentement.
- Et alors ?
- Et alors, c'est un enlèvement ! dit-elle en s'efforçant de ne pas élever le ton. C'est ta collègue, comment as-tu pu ?
- Hermione, il faut que tu m'aides.
- Oui, j'en ai bien l'impression. Qu'est-ce que tu veux que je fasse ?
- Je veux que tu lui soutires des informations. Sur Malefoy.
Hermione fronça les sourcils.
- C'est toi l'Auror, Harry, dit-elle. C'est ton travail de…
- C'est aussi une Auror, Hermione ! Elle a appris les mêmes choses que moi ! Qu'est-ce que tu veux que je fasse face à quelqu'un qui peut déjouer toutes mes techniques d'interrogatoire ? Elle est entraînée à résister aux Mangemorts et à les interroger s'il le faut, ça ne marchera pas.
- Oui, dit Hermione avec un léger sourire sarcastique, et en plus, elle ne te fait pas confiance du tout.
- Hermione, tu es la seule qui peut…
- Tu parles à la psychomage ou à la Legilimens ?
- À la psychomage. On n'aura pas Austen par la legilimancie. Beaucoup trop avancée dans l'art de l'occlumancie, ajouta-t-il avec une pointe d'amertume dans la voix en songeant à son propre manque de talent dans cette branche de la magie.
- Je vois. Je ne prendrai donc pas le risque de la braquer davantage. Tu lui as enlevé sa baguette, j'espère ?
Hermione avait elle-même établi le profil psychologique de Clémence et était donc très bien placée pour savoir qu'elle était dangereuse avec une baguette, et pas uniquement parce qu'elle savait s'en servir. Parce qu'elle l'osait.
- Elle l'a perdue pendant la poursuite dans son manoir.
- Pourquoi est-ce qu'elle s…
- Hermione est-ce que tu pourrais procéder ? s'exaspéra Harry.
- Très bien, dit Hermione d'un ton froid qui ne lui était pas accoutumé. N'entre pas dans le salon si je ne te le dis pas.
La psychomage descendit l'escalier et entra dans le salon. Elle fit signe à Tonks de sortir et s'assit dans un fauteuil qu'elle emmena face au sofa de Clémence. L'Auror avait toujours les bras croisés et avait ramené ses jambes contre elle, regardant ailleurs, le visage inexpressif. Hermione savait Clémence butée et méfiante. Elle aurait du mal à la mettre en confiance. Pourtant, il le fallait. D'un mouvement de baguette, elle fit apparaître une tasse de thé bien chaud, qu'elle lui tendit avec un léger sourire.
- Je n'ai pas confiance en toi, dit Clémence d'un ton morne.
- Tu devrais, répondit Hermione. Je ne te veux pas de mal.
- Dans ce cas, va dire au héros national que je ne parlerai pas parce que je n'ai rien à dire. Qu'il me libère avant que…
Elle se tut.
- Avant que quoi ?
- Avant que Drago revienne et qu'il s'aperçoive que j'ai été enlevée, dit-elle d'un ton lourd de menaces.
Fort heureusement, l'Auror ne vit pas l'éclair de pitié traverser le visage de la psychomage. Croyait-elle vraiment que Drago allait venir la sauver si elle n'était pas une menace pour sa sécurité ? Hermione chercha dans son regard une lueur qui lui dirait que Clémence mentait, qu'elle bluffait pour être libérée… mais elle n'y vit que la vérité.
REPÈRE DES MANGEMORTS
Drago Malefoy apparut en un crac sonore dans le repère des Mangemorts.
- Qui ? demanda-t-il immédiatement.
- Qui quoi ? riposta l'un des Mangemorts présents.
- Qui a donné l'ordre que Zabini attaque Clémence ? tonna-t-il. J'ai pourtant ordonné qu'on la laisse tranquille !
Son regard balaya l'assemblée. Un homme à la longue chevelure blonde s'avança. Lucius Malefoy.
- L'ordre est venu de plus haut que toi, Drago.
- De qui ?
- Il est venu d'Elle.
Le sang de Drago se glaça dans ses veines. La porte s'ouvrit brusquement. Une femme s'avança au centre de la pièce, face à Drago. Les Mangemorts s'inclinaient sur son passage et Drago, tout furieux qu'il était, baissa respectueusement la tête.
- Laissez-nous, ordonna-t-elle d'un ton glacial.
La pièce se vida très rapidement, laissant le blond seule avec la femme aux cheveux bruns.
- Ta femme m'a fait perdre Zabini, dit-elle en tournant autour du Mangemort.
- Sauf votre respect, Maîtresse, Zabini serait toujours parmi nous s'il n'avait pas été envoyé pour tuer Clémence.
- Silence, coupa la cruelle femme vêtue d'une longue robe noire. Elle m'a fait perdre Zabini et bien d'autres. Elle est devenue une menace, une menace qui doit être éliminée. Peu m'importe le nombre de fois où vous vous êtes envoyés en l'air, elle mourra. Je l'ai laissée en vie jusqu'ici à ta demande. Aucune Auror aussi dangereuse n'aurait survécu aussi longtemps si ça n'avait pas été de toi. Là, c'en est trop.
- Mais…
- Oublie les sentiments, dit-elle, indifférente à sa détresse. C'est pour les faibles. Rappelle-toi ce que je t'ai enseigné lorsque tu étais plus jeune. Le contrôle.
- Je me moque qu'elle soit « dangereuse » ! explosa Drago. Tuez Potter ! Tuez les autres Aurors, tuez qui vous voulez, mais ne la tuez pas ELLE !
- Endoloris, dit la femme d'un ton impassible.
Le corps du jeune homme explosa d'une douleur fulgurante, intolérable. Les os en feu, le sang en ébullition, il tomba à genoux sur le sol.
SQUARE GRIMMAURD
Soudain, Clémence se raidit. Elle venait de ressentir une onde de douleur, quelque part au fond d'elle. C'était difficile à expliquer. Comme si une partie de son âme avait été soumise à un Doloris. Sa respiration s'accéléra pendant que son cerveau analytique cherchait à comprendre le phénomène.
- Quoi ? demanda Hermione en fronçant les sourcils.
L'enchantement. Il était fréquent, selon les livres, qu'il laisse une trace de chacun en l'autre. Pour qu'elle ressente ça, Drago devait souffrir. Elle poussa un léger gémissement et, serrant ses jambes contre elle, laissa tomber son front sur ses cuisses. Drago devait être parti faire savoir son mécontentement face à l'attaque de Zabini. Et il devait être réprimandé à ce moment même.
- Tu as mal, ou quoi ?
- Drago, murmura-t-elle en crispant les paupières.
- Quoi ? répéta Hermione d'un ton encourageant. Quoi, Drago ? Drago a mal ?
- Nous avons mal… dit-elle d'une voix à peine audible.
REPÈRE DES MANGEMORTS
Dans la pièce sombre, la chef des Mangemorts avait cessé de torturer Drago, regardant d'un air indifférent le jeune homme prostré sur le sol froid et dur, la tête entre les mains, la respiration saccadée.
- Clémence, gémit-il en sentant une horrible migraine monter. Clémence…
SQUARE GRIMMAURD
Clémence, disait une voix dans la tête de la jeune femme. Clémence, Clémence, Clémence, Clémence, répétait inlassablement la voix. Était-ce vraiment la voix de Drago ? L'Auror aussi s'était prise la tête à deux mains, ignorant qu'elle reproduisait le geste qu'avait fait son mari à plusieurs kilomètres de là. Lentement, elle se balança d'avant en arrière sur son sofa.
- Drago, dit-elle à nouveau en un souffle. Drago…
REPÈRE DES MANGEMORTS
Drago, Drago, Drago… entendait-il dans sa tête. Ça y était. Il était fou. Il se mettait à entendre des voix. La puissance du Doloris l'avait rendu cinglé. Le Mangemort tenta de trouver le refuge laissé par Clémence en lui, mais, dans sa panique, n'y arriva pas. Avec effort, il réussit à rassembler assez de force pour transplaner près de chez lui et parvint à se traîner à son manoir.
SQUARE GRIMMAURD
- Elle bluffe, dit Harry, qu'Hermione était allée chercher en voyant l'état de Clémence. C'est une ruse pour endormir notre méfiance.
Il s'approcha d'elle.
- Austen.
Elle n'eut pas de réaction, les mains crispés sur ses tempes.
- AUSTEN !
La migraine explosa dans le crâne de la malheureuse Auror, qui gémit en resserrant encore plus ses mains sur sa tête.
- Harry, arrête ! dit Hermione en le forçant à reculer. Tu vois bien qu'elle ne va pas bien !
- Je te dis qu'elle fait semblant !
- Moi, j'en doute !
Laissant à Tonks la responsabilité de prendre soin de Clémence, Hermione entraîna Harry hors de la pièce.
- J'étais en train de tenter d'établir un contact lorsqu'elle s'est raidie. Elle a parlé de Drago.
- AH ! Je savais qu'elle savait quelque chose. Qu'est-ce qu'elle a dit ?
- Ne t'emballe pas. Je lui ai demandé si elle avait mal et elle m'a dit « Drago ». Alors, je lui ai demandé si Drago avait mal, et elle m'a répondu « nous avons mal ». Après, elle n'arrêtait pas de répéter son nom. De toute évidence, ils sont liés par quelque chose de fort.
La psychomage marqua une pause pour regarder son ami, les mains sur les hanches, le regard flamboyant.
- Et la prochaine fois que tu me demanderas d'interroger quelqu'un que tu kidnappes, je te serais reconnaissante de ne pas omettre de me transmettre certaines données ! tempêta-t-elle. Tu aurais pu me le dire qu'ils étaient mariés !
- Comment tu as deviné ?
- Oh, je t'en prie. Elle porte une alliance, tu me demandes de lui soutirer des informations sur Malefoy et, comme par hasard, il existe manifestement une connexion entre les deux. Elle a dit « NOUS avons mal », Harry ! NOUS ! Est-ce que tu saisis à quel point c'est révélateur ?
- Non, répondit Harry en croisant les bras. Mais je sens que tu vas me le dire.
- C'est comme si pour elle, il n'y avait pas de « il » ni de « je », juste un « nous » ! Il y a entre eux un puissant amour, et nul besoin d'un diplôme en psychomagie pour le comprendre ! Libère-la. En admettant qu'elle sache quelque chose, elle ne trahira jamais son mari. Je ne tirerai rien d'elle.
- Et avec la legilimancie ?
- Dans l'état où elle est ? T'es malade.
- Ses défenses sont affaiblies, son esprit doit être plus facile à pénétrer.
- Harry ! s'indigna Hermione.
- Quoi ? Malefoy est dangereux !
Hermione soupira. Elle savait que cette histoire entre son ami et Drago Malefoy n'avait rien de professionnel. C'était personnel. Il lui en voulait depuis qu'il avait passé un an à tenter de vouloir tuer Dumbledore. Si, au début, il avait ressenti un élan de pitié envers Malefoy, qui au final n'était pas allé jusqu'au bout, ce sentiment s'était vite dissipé. Néanmoins…
- Un seul essai, céda-t-elle. Mais si je n'y arrive pas, ou que je vois que ça empire son état, j'arrête.
La psychomage revint dans le salon. La respiration de Clémence était devenue plus régulière, mais elle semblait toujours souffrir atrocement. Hermione chercha son regard bleu-gris avant de se concentrer pour plonger dans son esprit. Tout d'abord, il n'y eut rien, puis, un flot d'images, de souvenirs, de pensées submergea Hermione.
- Drago Malefoy, dit-elle dans l'espoir de concentrer l'esprit de Clémence sur son mari.
Il y eut des flashs : Clémence découvrant la Marque sur le bras de Drago, Drago lui tendant un écrin de velours, un mariage, des conversations, des rires, des fragments de bonheur, de vie, une ou deux disputes, et puis…
Hermione arrêta tout. Les images que lui fournissait l'esprit de la jeune femme devenaient beaucoup trop intimes. Elle n'avait pas le droit de violer ainsi sa vie privée. Et, en plus, les ébats entre le Mangemort et l'Auror ne l'intéressaient pas du tout.
- Alors ? demanda Harry.
- Rien, dit la jeune femme en se redressant.
- Tu veux dire que tu n'y es pas arrivée ?
- Non. Je veux dire rien de concluant. Ça ne sert à rien de la garder captive plus longtemps.
Et elle transplana.
