Oh mon dieu, ça fait si longtemps que je n'avais pas écrit sur Sherlock. Et franchement, ça m'a fait bizarre. En 2012, j'écris ma première fanfic "Frères de Sang". Sur Sherlock et Mycroft. 9 ans plus tard, ma première fanfic après une pause de ce fandom de 6 ans. Toujours avec ces deux frères.

Bonne lecture.


Mon frère, ma faiblesse

L'Université de Cambridge l'avait appelé à son bureau. Pour la troisième fois, cette année. Jamais deux sans trois, mais cela commençait à exaspérer Mycroft. Non pas qu'il était dérangé dans son travail, il venait tout juste d'obtenir une place dans le Gouvernement. Encore à l'échelon très bas, mais assez pour se forger une réputation.

Il ne devait pas perdre son travail. Mais cela ne faisait pas partie de ses soucis personnels. Il avait autre chose à gérer, du moins, une autre personne. Son propre frère, Sherlock.

La première fois qu'on l'avait appelé, Mycroft était sur le point de se rendre à Paris pour une conférence, il avait été obligé d'annuler. Sherlock avait été retrouvé ivre mort au pied de son appartement d'étudiant. La deuxième fois, c'était en pleine nuit, on lui avait signalé que son cadet avait brulé une salle de classe suite à une expérience qui aurait mal tourné.

A ce jour, il n'aurait jamais cru qu'il serait appelé pour une disparition constatée depuis plus de cinq jours. Il avait failli devenir hystérique en entendant son interlocuteur lui dire que son frère était sans doute dans une planque de dealer, car ils avaient retrouvé chez lui des notes concernant ce genre d'endroit.

Mycroft, après avoir raccroché, avait immédiatement repris son calme. Travaillant dans un institut sécurisé et connaissant par cœur les rouages du métier, il avait très vite compris qu'il devrait veiller à ce que les lieux classés dangereux devaient être connus. Il n'aurait jamais cru que ce genre d'information lui servirait à chercher son frère.

C'est ainsi qu'en ce jour de pluie d'octobre, il avait parcouru la ville de Londres, à la recherche de son jeune cadet. Grâce à des contacts, il connaissait plus ou moins les planques de drogués et par déduction, pouvait deviner vers quels endroits son frère s'était réfugié. Enfin, s'il appelait ça un refuge.

Il venait tout juste de visiter sept planques, il ne lui en restait encore trois autres. Il était même passé par l'appartement de son frère et avait été choqué de voir un tel désordre, si bien qu'il avait cru qu'un ouragan était passé par là.

« Monsieur, nous y sommes, fit Oscar, son conducteur.

Il sursauta. Il n'avait pas remarqué qu'ils étaient arrêtés devant une très vieille bâtisse. Il jeta un coup d'œil à travers la vitre.

- Ça n'a pas l'air très fréquenté, nota-t-il à haute voix.

- Le lieu est connu pour son éloignement, l'informa Oscar.

Effectivement autour d'eux, il y avait juste des maisonnées insalubres, très peu de passages. Tout était si sombres et si tristes que cela fit serrer le cœur de Mycroft. Comment son frère pouvait-il se trouver dans ce genre d'endroit ?

Lâchant un soupir, il ouvrit la portière et s'empara de son parapluie qu'il déplia. Il n'avait jamais aimé la pluie et il ferait tout pour l'éviter. Oscar sortit de même et se plaça près de lui, observant les environs. La fameuse planque ressemblait à une très vieille maison bourgeoise, ravagés par le temps, les briques autrefois rouges, s'étaient grisés et de la moisissure avait pris place sur les grillages qui les séparaient d'eux. De la végétation de tous genres avait repris le contrôle de ce lieu sombre.

« On dit que les drogués viennent ici pour sa tranquillité, continua Oscar doucement.

Cela fit grimacer Mycroft. Les paroles de son chauffeur insinuaient que Sherlock était un drogué et c'était toujours difficile à admettre malgré les 24h de recherches et les indices qui trainaient dans l'appartement.

- Je vais y aller, restez ici.

- Vous êtes toujours sur que vous ne voulez pas que je vous accompagne ?

- Non, je reviendrai vite si je ne le trouve pas.

- Très bien, monsieur. »

D'un pas assuré, il s'introduit sur la triste propriété. Lorsqu'il foula l'herbe qui menait à la porte d'entrée, sa chaussure s'y enfonça. L'eau et la terre formaient une substance qu'il détestait encore plus que la pluie : la boue. Il inspira profondément et après avoir fermé son parapluie, entra dans la lugubre maison.

L'entrée était humide, les murs autrefois en papiers peints pleins, jaunissaient et malgré le peu de lumières, il remarquait des tags laissés soit par les drogués eux-mêmes ou par des squatteurs. Il s'arma de sa lampe de poche et commença la visite, tout en restant sur ses gardes. Nombreux sont les fois où il avait été surpris auparavant.

Les pièces étaient vides de meubles, mais il y avait effectivement des personnes allongés dans des sacs de couchages ou sur des matelas, endormis, à moitié somnolent ou planant sous l'effet de la drogue. Mycroft avait appris que dans ce genre de lieu, très peu était dangereux, ils étaient trop sédatés pour faire quoique ce soit. Et puis même si on l'attaquait, il savait se défendre. Son parapluie n'était pas qu'un objet pour se protéger la pluie.

C'est à l'étage qu'il trouva enfin le principal centre de ses soucis. Dans ce qui avait été une chambre, le long d'un mur, couché sur un matelas, un faible corps, endormi, aussi pâle que la mort, était recroquevillé. Mycroft retint sous son souffle et s'y approcha, balayant d'un regard la pièce. Il était le seul individu présent. Des aiguilles avaient été jetés par terre et d'un coup de pied, il les mit loin de lui.

Son jeune frère était allongé sur le côté gauche, les bras autour de son corps, comme pour se réchauffer. Ses cheveux bouclés étaient graisseux, tombés négligemment sur ses yeux. Il tremblait et ses lèvres étaient sèches.

Mycroft finit par s'agenouiller sur le piteux matelas et il dut se contenir de grimacer, lui qui détestait la saleté et le désordre, il était servi dans ce genre d'endroit. Ce qui n'était pas le cas de Sherlock.

Oh Sherlock.

Il tourna la tête vers la pauvre créature qui gisait. Il ne ressemblait pas à un étudiant de Cambridge. C'était clairement un Junkie. Comment avait-il pu arriver à là ? Il passa une main sur son visage, pris de remords, profitant de ce calme que lui donnait cette pièce loin d'être luxueux. Entendre le souffle de son frère était rassurant. Il paraissait endormi, mais il savait très bien que son esprit était bien loin d'être endormi.

Il tendit la main pour la poser sur l'épaule de son frère.

« Sherlock, murmura-t-il.

Le jeune homme fronça les sourcils dans son sommeil agité. Mycroft continua son manège mais empoigna plus fortement l'épaule.

- Sherlock, s'il te plait, rentrons, chuchota-t-il.

- My…Myck ? »

Ce dernier sourit. Cela faisait si longtemps que son petit frère ne l'avait pas appelé comme ça. Dans quelques heures, ce surnom serait oublié.

« Oui, c'est moi, rentrons à la maison, Sherlock.

- Je me…sens…mal, gémit-t-il, j'ai froid… »

L'ainé soupira et enleva sa jacket, pour le recouvrir, ce qui ne déplut pas à Sherlock, qui serra le vêtement avec soulagement.

« C'est…chaud…marmonna-t-il dans sa somnolence.

- Eh bien, garde le. Maintenant, je vais t'aider à te lever, on rentre. »

Sherlock ne réagit pas toute de suite, mais quand Mycroft passa une main sous son bras, il suivit le mouvement et finalement se retrouva sur ses pieds, tanguant, près à glisser au sol à tout moment. Le frère ainé n'eut pas d'autre choix que de passer un bras par-dessus pour le porter et l'emmener loin d'ici.

Pendant le trajet qui menait à la sortie, Sherlock baragouina des paroles incompréhensibles, mais Mycroft pu entrevoir quelques mots tels que burger, lampe et maison. Il en conclus donc que Sherlock voyait très peu et qu'il regrettait qu'il n'y ait pas de lampes pour voir, qu'il avait faim, donc voulait un burger et qu'il souhaitait être à la maison.

Ils traversèrent le couloir d'entrée, ignorant les gémissements des autres junkies qui hallucinaient dans leurs lits de fortune, puis enfin à l'air libre, Mycroft fut soulagé, rassuré de voir le visage de son chauffeur qui vint à lui quand ils les aperçut.

« Oh mon Dieu, comment va-t-il ? s'écria-t-il.

- Tout va bien, il est encore défoncé, nous devons l'emmener à l'hôpital…

- Je veux…pas…grogna Sherlock en clignant les yeux, je…veux…maison… »

Il parvint à peine à prononcer quelques mots pour s'y opposer, qu'il finit par somnoler à nouveau. Mycroft dut se contenir pour ne pas lui crier dessus. Dans cet état, cela ne servirait à rien. Mais après mures réflexions, il préférait ne pas emmener son jeune frère à l'hôpital.

« Allons chez moi et appelez un médecin, ordonna-t-il en se mettant Sherlock dans la voiture côté passager.

- Bien, monsieur. »

.

.

Sherlock se réveilla dans un endroit chaud et confortable. Pourtant, il ne se souvenait de rien. Il ouvrit les yeux et il rencontra alors le plafond d'un lit baldaquin. Il était dans un lieu de luxe. Chez Mycroft. Il était loin de son appartement, encore moins dans une planque de Junkie. Ah. Oui. Il avait abusé sur la cocaïne et il allait certainement en connaître les conséquences.

Il entendit un bruit furtif de pages qui se tournait. Il jeta un coup d'œil à sa droite et découvrit son frère, Mycroft, qui lisait tranquillement dans un fauteuil en cuir rouge, une tasse de thé à la main. Typique le parfait britannique.

« Bienvenue dans le monde des vivants, mon frère, le salua-t-il sans lever les yeux de son ouvrage.

Sherlock serra les dents et tenta de se redresser, c'est là qu'il remarqua une perfusion dans son bras gauche et sa vision n'était pas encore assez net pour percevoir totalement son environnement. Il lâcha un gémissement de douleur, quand il se retrouva enfin assis contre la tête de lit.

- Comment tu m'as retrouvé ? lâcha-t-il.

Mycroft ne répondit pas, buvant une gorgée de thé. Sherlock leva les yeux aux ciels. Pourquoi posait il cette question ? C'était évident, son frère travaillait pour le gouvernement britannique, c'est facile pour lui de le retrouver. Il fallait qu'il travaille un peu plus son camouflage. A ce jeu de cache-cache, Mycroft avait toujours été bon.

« Tu n'as rien à dire d'autres ? lança ce dernier sans un regard sur lui.

Le jeune homme serra entre ses doigts sa couverture, ne sachant quoi dire. Bien sur qu'il savait qu'il allait droit dans le mauvais chemin et bien sur qu'il savait qu'il allait déranger son frère. Rien ne sortit comme réponse, pas de répliques cinglantes.

- Vraiment ? Continua Mycroft en levant les sourcils.

- Tu veux que je te dise quoi ?

- Que tu es désolé et que tu recommencerais plus. »

A cette réponse, il ricana avec amusement.

« Tu penses que je suis ce genre de personne ? Voyons, Mycroft !

- Et si j'en parlais à nos parents ? grinça l'ainé en détourant enfin son regard de son livre, que penses-tu qu'il arriverait si notre mère, notre père, soient au courant de ce que tu fais ?

- Je…ne…

- Je me fiche totalement de ce que tu comptes faire de ton avenir, Sherlock mais ça…je n'aurai pas imaginé une seule seconde que tu sois tombé si bas, se leva-t-il pour s'approcher du lit, mais ce que tu viens de faire est la pire chose que tu aurais pu faire !

- Lâche moi un peu ! Tu n'es pas ma nourrice et je n'ai pas de compte à te rendre !

- Mais j'ai un compte à rendre à nos parents, Sherlock ! Qu'est ce que tu crois que je vais pouvoir leur dire quand ils apprendront que leur fils a suivi que le tiers des cours de l'Université ?

- Je peux réussir les examens sans suivre ses cours, marmonna-t-il.

- Ce n'est pas ce que pense l'Université, Sherlock. Ils disent que si tu continues ainsi, ils te vireront que tu sois bon ou pas à tes examens. »

Sherlock blêmit tout à coup et il perdit peu à peu la confiance qu'il lui restait depuis son réveil. L'Université de Cambridge c'était le contrat qu'il avait passé avec ses parents avant de quitter la maison. Il pouvait faire ce qu'il voulait s'il rentrait dans cette prestigieuse faculté. De base, Sherlock aurait dû étudier dans une ville à côté de son village natale, il était moins débrouillard que Mycroft et sa mère craignait qu'il ne puisse pas vivre seul sans eux. Ce qui en soit était vrai.

« Pourquoi as-tu fait ça Sherlock ? soupira Mycroft en se frottant les yeux.

Le cadet l'observa et il découvrit que son frère n'avait pas dormi depuis un moment, ne s'était pas changé depuis quelques jours et avait sans aucun doute passé toute la nuit dans ce fauteuil élégant mais pas du tout confortable.

Il ressentit une pointe de culpabilité le traverser, pourtant il ne dit rien, baissant son regard vers ses mains.

- Peu importe, souffla son frère, le plus important, c'est que tu ailles mieux. Repose toi encore un peu, je vais essayer de voir avec le président de l'Université pour négocier ton retour.

- Pourquoi ? Je ne t'ai rien demandé.

- Parce que tu es mon frère et que même si je suis agacé par ton comportement, je me dois de continuer à te protéger.

- Me protéger de quoi ?

- De la société. »

Il quitta la chambre, laissant Sherlock remuer ses mots dans sa tête. De quoi voulait-il parler ?

.

.

« Tu aurais dû rester dans ton lit, Sherlock. »

Mycroft s'installa dans le fauteuil à côté duquel se trouvait son cadet, en face de la cheminée du salon. Il venait tous juste de sortir d'une longue conversation au téléphone qu'il avait passé avec le président de Cambridge, il parvint à convaincre ce dernier de garder son frère. Car a vrai, dire, il avait menti à ce dernier. Ils étaient sur le point de renvoyer Sherlock pour comportement indécent et violation au règlement intérieur. Mais il connaissait son talent de négociation et savait qu'il trouverait une solution pour permettre à son frère de continuer ses études.

« Je n'arrivais pas à dormir, fit Sherlock simplement fixant les flammes que leur offraient la vieille cheminée.

- Tu as faim ? Je peux te commander quelque chose.

- Non, je n'ai pas envie de manger.

- Il faudra bien que tu manges.

- Plus tard. »

L'ainé sourit tristement, Sherlock était vraiment son opposé. Il n'appréciait pas manger, il avait toujours été difficile pour la nourriture, alors que lui-même s'y était réfugié à son adolescence, il avait pris beaucoup de poids, si bien qu'il devait faire un régime qu'il continuait encore à ce jour.

« Tu m'as dit…tout à l'heure que tu me protégeais de la société, qu'est-ce que tu voulais dire ?

- Que tu n'es pas fait pour vivre parmi le commun des mortels, répondit Mycroft.

A sa grande surprise, Sherlock ne rebondit pas sur ce qu'il venait dire. D'habitude, son petit frère avait toujours de la répartie et maintenant, le silence lui donnait l'impression qu'il avait touché quelque part dans son cœur. Au lieu de ça, seul le feu qui crépitait conversait avec cette conversation vide.

« Tu as sans doute raison, approuva finalement Sherlock, je ne suis pas fait pour le commun des mortels.

- Tu es donc d'accord avec moi ?

- Ce n'est pas comme si tu l'étais aussi…

- Bon point.

- Je suis désolé. »

L'homme du gouvernement se figea et il posa un regard intrigué sur son cadet, qui l'ignora complètement, fixant toujours le feu qui dansait.

« Mon frère qui s'excuse ? Voilà qui est étonnant.

- Je suis désolé pour ce qui se passera à l'avenir, corrigea Sherlock.

- De quoi veux-tu parler ? soupira Mycroft qui craignait que cela lui amène des migraines.

- J'ai mal, Myck. J'ai si mal. »

La voix de Sherlock se brisa et déclencha une anxiété sourde dans la poitrine de l'ainé. Il ne s'attendait pas à une confession et il en avait pas l'habitude.

« Je…n'arrive pas…à être comme tout le monde…poursuivit-il la gorge serrée en fermant les yeux, je ne peux pas m'empêcher de blesser ceux autour de moi, je leur dis des choses horribles, mais je n'arrive pas à me contrôler, c'est…je ne peux pas…je ne peux pas me contenir, je n'arrive pas, Myck…je suis…je suis un monstre. »

L'horreur s'empara du frère ainé qui avait l'impression de recevoir une enclume sur la tête, tellement il n'avait pas du tout imaginé cet instant. Cet instant où Sherlock lui avouerait qu'il avait un problème et qu'il ne le supportait pas.

« Je suis un monstre, Myck, j'aurai beau…essayé, faire un effort, mais…je ne peux pas…j'ai tellement mal quand…je ne fais rien et…j'ai…tenté de trouver une solution, je pensais qu'ainsi personne ne souffrirait par ma faute et je pourrai me mettre en…pause…

- Tu…t'es drogué pour te mettre en…pause ? répéta Mycroft sous le choc.

- Je n'avais pas le choix, il fallait…que je me contrôle, je…

- Tu ne te contrôles pas, Sherlock ! Tu tombes dans un vice qui pourrait te tuer ! s'écria-t-il.

- Je le sais bien ! Et peut-être, est ce mieux pour tout le monde ! Peut-être est ce que mieux que je ne sois plus de ce monde et que je puisse enfin avoir la paix ! » hurla Sherlock en se levant sur un ton désespéré.

Cette fois, Mycroft n'avait pas les mots pour exprimer ce qu'il ressentait, ni bien même pour rassurer son frère. C'était son rôle évidemment, il devait prononcer des paroles qui convaincraient son précieux frère que sa vie lui était chère et qu'il ne supporterait pas de le perdre. Et pourtant, rien ne vient. Le choc ou bien la stupéfaction de voir qu'il avait manqué quelque chose à propos de Sherlock.

Il avait échoué à prendre soin de lui.

« Tu ne peux pas à savoir à quel point...c'est difficile pour moi de…vivre, trembla le plus jeune, à chaque fois que je croise quelqu'un, je connais toute sa vie et…c'est insupportable, c'est comme si j'entendais des voix, c'est comme si ces gens là envahissaient mon esprit et…il faut que ça sorte, il faut que je les sorte de mon esprit…et c'est là que je les blesse, je…n'arrive pas à filtrer tout ce que j'ai dans la tête…je n'arrive pas…Myck…je suis…je n'en peux plus…je n'y arrive pas…c'est pour ça que je… »

Il ne put achever sa tirade car Mycroft le prit dans ses bras. S'il n'avait pas les mots pour le rassurer, pour le calmer alors il ne pouvait que agir, lui montrer qu'il n'était pas seul dans son monde. Pendant un instant, il crut que son cadet le repousserait, mais il n'en fit rien, au contraire, il s'accrochait à lui comme une bouée.

« Oh Sherlock, je suis tellement désolé, si j'avais su…

- Ne le dis pas à maman, ni à papa, murmura-t-il, ils ne s'en remettront pas.

- Je sais.

- Comment fais-tu pour…vivre comme ça.

- Je n'y arrive pas, mon cher frère. Nombreux sont les fois où j'ai voulu mettre fin à mes jours aussi. »

Le jeune homme s'écarta soudainement de lui, l'expression confus, comme si jamais il n'avait imaginé que son grand frère puisse avoir de telle pensée.

« Comment…

- Il y a une personne à qui je tiens énormément, quand je pense à elle, je me dis que finalement, je préfère vivre.

- Est-ce possible ?

- Oui. Tu peux même en rencontrer plusieurs. Des amis.

- Je n'ai pas d'amis, grimaça Sherlock d'un air dégouté.

- Tu en auras. Bien plus que moi.

- Ne te moque pas de moi. Tu n'as pas d'amis, Mycroft. »

Son ainé rit, posant une main sur l'épaule de son frère, qui ne le repoussa pas, se contentant de sourire doucement, appréciant ce bref instant où ils étaient juste frères.

« Un jour, tu trouveras quelqu'un qui sera ta lumière et ce jour-là, mon très cher frère, tu n'auras plus besoin de moi, ce jour-là, tu auras une raison de vivre, ce jour-là…tu cesseras de souffrir dans ton monde. »

Et ce jour-là, Mycroft aura raison.