Auteur: Kuro-Hagi – 10/10/2021
Genre: Romance – Yaoi – Friendship – Hurt/Comfort
Disclaimer: Tout ce monde et ces personnages appartiennent à Tadatoshi Fujimaki
Note : Merci pour vos reviews ! Désolée pour le retard ! ;) Mais promis je ne lâche pas !
PICK (Choix)
by Daiki
La cabine du camion sent la graisse et la sueur. Il n'ose pas bouger de peur de toucher un truc pas catholique sur le siège ou le tableau de bord. Le conducteur, très gentil au demeurant, a l'haleine chargée d'ail et un t-shirt plus que crasseux. Alors certes, il n'est pas du genre maniaque, loin de là. Il a même eu quelques différents avec sa mère parce qu'il ne faisait pas suffisamment le ménage dans sa chambre toujours en bordel et ses fringues jonchant le sol. Dans sa valise ses vêtements sont pliés à la va-vite et les chaussettes sont certainement mélangés avec les t-shirts et les caleçons. Il est plutôt du genre à laisser la vaisselle s'entasser quelques jours dans l'évier et la poussière s'accumuler sur les étagères. Mais là, même lui est dépassé par l'état du camion et de son propriétaire. Il y a même quelques relents d'odeur indéfinissables qui lui donne la nausée. Heureusement, il fait froid dans l'habitacle, alors l'excuse était toute trouvée pour remonter son écharpe sur son nez pour essayer de bloquer au maximum les odeurs. Et pire que tout, le gars se sent visiblement très seul et prendre des auto-stoppeurs lui permet d'avoir un peu de compagnie sur les longs trajets qu'il parcourt et il ne cesse de parler. En plus, son anglais n'est pas encore au top et le gars à un accent terrible qu'il peine à comprendre.
L'inconvénient de voyager en stop c'est qu'il ne choisit pas le véhicule qui va le transporter d'un point à un autre… Et il ne peut pas vraiment se permettre de faire la fine bouche vu la circulation assez calme sur la route qui relie Iroun Mountain à Crystal Falls. Alors il prend son mal en patience. Le trajet n'est que de trente-cinq minutes, bon… Disons quarante-cinq parce que visiblement son chauffeur n'est pas un pressé.
Il n'ose pas bouger et reste tendu tout le trajet et c'est avec un certain soulagement qu'il descend du camion en arrivant, sur la place principale d'Iroun Mountain. Il remercie son aimable chauffeur et regarde autour de lui. La petite place est assez vivante malgré le peu d'habitants de la ville. C'est la sortie de l'école et des gamins se baladent un peu partout, les commerces sont ouverts et il y a quelques véhicules qui circulent.
Il jette un œil à son téléphone, la chambre d'hôte où il a prévu de loger n'est pas très loin. Il prend la direction indiqué par son GPS et observe la petite ville. Maintenant qu'il est ici, il ne sait pas trop comment retrouver l'homme qui hante ses pensées depuis dix jours. D'abord, poser ses affaires et peut-être que son hôtesse acceptera de la renseigner. Il ne sait rien de Taiga en dehors de son prénom et qu'il vit ici à Crystal Falls.
La porte s'ouvre sur une femme d'une quarantaine d'années quand il frappe à la porte. Elle le salue d'un grand sourire.
« Bonjour, vous devez être Mr Aomine.
— C'est bien moi. »
Il la salue poliment et s'excuse pour son anglais maladroit.
« Oh ne vous en faites pas ! Tant qu'on vous comprend. Vous venez d'où ?
— Du Japon.
— Vraiment ?! Vous êtes un ami de Taiga ?
— … Hm… Oui… »
La femme rit. Il a hésité une seconde de trop avant de répondre et un air visiblement trop coupable sur le visage, sa réponse joviale ne se fait pas attendre :
« Oh je vois ! Ce genre d'ami là ! Ce garçon est beaucoup trop solitaire c'est une bonne nouvelle de savoir qu'il a un petit ami japonais.
— Quoi ?! Non… »
Il est plus que surpris. Tout le monde ici c'est que Taiga est gay ?! Et il est terriblement gêné de la méprise, même si ça pourrait grandement arranger ses affaires. Il ne veut pas que Taiga pense qu'il s'impose à lui, même si évidemment, il n'est pas venu ici dans l'espoir de faire uniquement ami-ami et qu'il comptait sur un peu de sexe dans l'équation. Petit ami est une toute autre étape, qu'il est très loin de considérer, en dehors de ses rêves les plus intimes, ceux qu'il tente même de cacher à lui même. Bien-sûr qu'il rêve d'avoir un petit ami au grand jour, mais il sait que c'est impossible.
« Oh ne vous en faites pas ! Je ne dirai rien !
— S'il vous plaît… Ce n'est vraiment pas ce que vous croyez… Taiga est juste un ami, qui m'a aidé en arrivant ici… Je suis juste de passage. »
Il espère vraiment qu'elle de dira rien, mais il a quelques doutes et c'est le genre de villes où il ne se passe pas grand-chose et les rumeurs vont très vites. Et vu le sourire qu'elle lui rend, elle ne semble pas très convaincue par son explication.
« Et bien c'est dommage… Suivez moi que je vous montre votre chambre. »
Une fois que sa logeuse a terminé de lui présenter les lieux, il ressort de la petite maison, avec un papier sur lequel est noté l'adresse de Taiga. D'après son téléphone, il faut compter une bonne heure à pieds. Mais la femme qui l'a accueillie lui a indiqué qu'il trouverait probablement très facilement quelqu'un pour le déposer là-bas, la route est assez fréquentée.
Il décide donc de tenter sa chance. D'après le GPS, Taiga semble habiter une maison perdue au milieu d'une forêt, une rivière passe non loin, il se demande jusqu'où va la propriété de Taiga. La ville ne paye pas de mine, mais encore une fois les paysages alentours sont magnifiques. Même s'il n'a pas pu les apprécier autant qu'il aurait voulu dans le véhicule qui l'a conduit jusqu'ici. Il remonte son sac sur son épaule et une fois sur la bonne route commence à avancer, prêt à lever le pouce à l'approche du prochain véhicule.
Il parcourt les premières centaines de mètre sans croiser un véhicule. Il longe une forêt de d'arbres majestueux, les sous-bois se noient dans une brume épaisse qui semble s'accrocher aux troncs des arbres. Le calme règne, à cette période de l'année les animaux sont discrets et peu présents, le silence est presque angoissant. Les odeurs d'humidité et des pins chatouillent ses narines. Les arbres nus ressemblent à des silhouettes endormis, la mousse et les fougères immenses couvrent le sol et semblent cacher de nombreux secrets. Il aime ce genre d'ambiance un peu fantasmagorique. Et il aime se sentir plus proche de la nature.
Perdu dans sa contemplation, il en raterait presque la camionnette qui arrive derrière lui. Il se retourne en réalisant qu'un bruit de moteur a rompu le silence de la forêt et lève son pouce en catastrophe. Heureusement, le conducteur a ralenti à son approche et s'arrête à côté de lui.
« Bonjour. Vous allez où ?
— Juste un peu plus loin sur la route… Chez Taiga.
— Oh bien-sûr. Montez je vous dépose. »
Il s'installe dans le véhicule, propre à son plus grand soulagment.
« Votre accent… Vous venez du Japon aussi ?
— Oui. »
Ils se présentent et discutent rapidement avec l'aimable conducteur, mais en moins de cinq minutes il le dépose au bout d'un chemin de terre qui semble se perdre au fond des bois.
« Vous continuez tout droit et vous allez tomber sur son chalet. Vous pouvez pas le manquer !
— Merci beaucoup.
— Pas de quoi ! On se reverra sûrement si vous rester un peu dans le coin. »
Il regarde la voiture s'éloigner et s'enfonce dans les bois. La luminosité a fortement baissé la nuit tombe vite et de nouveau le silence l'enveloppe. Son cœur bat un peu plus vite, il n'a pas vraiment peur, pourtant il se sent un peu inquiet malgré tout, l'effet du crépuscule, de ses arbres immenses et impressionnants et de ce calme presque surnaturel.
Il accélère le pas, comme pour fuir des ombres inexistantes et alors qu'il entend des coups répétés au loin, il se rassure un peu. Le rythme des coups est réguliers et précise, l'œuvre de l'homme. Et bientôt, il arrive en vue du chalet. Il fait quelques pas et s'arrête. Taiga est là, il lui tourne le dos, les manches de son t-shirt remontées sur ses avants bras, il lève son merlin et abat d'un mouvement expert l'ustensile pour fendre une bûche. Il le regarde quelques instants, hypnotisé par le mouvement de ses muscles sous le vêtement moulant, alors qu'il enchaîne et abat encore son outil. Il déglutit. L'effet bûcheron lui fait carrément de l'effet.
Il se décide à avancer un peu plus et se racle la gorge quand Taiga s'apprête à positionner une nouvelle bûche.
« Hey… »
Taiga se retourne en essuyant la sueur à son front du revers de sa manche.
« Hey… »
Il a le temps de voir la surprise s'afficher sur le visage de Taiga.
« Daiki... »
Un frisson le parcourt en entendant son nom prononcé de cette voix grave et basse. Il n'est pas sûr que Taiga soit très heureux de le voir là, soudain il se dit que c'était une mauvaise idée de venir jusqu'ici. Mais Taiga ne lui avait laissé aucune chance de pouvoir le recontacter et il n'était pas prêt à le laisser disparaître sans essayer de discuter. Il ne sait pas vraiment ce qu'il attend, ce qu'il espère, mais un ami serait déjà bien et il a eu tellement la sensation que Taiga se souciait de lui qu'il a envie de ressentir ça encore. Il veut juste lui parler encore un peu.
