Auteur: Kuro-Hagi – 11/10/2021

Genre: Romance – Yaoi – Friendship – Hurt/Comfort

Disclaimer: Tout ce monde et ces personnages appartiennent à Tadatoshi Fujimaki.

Note : Merci pour votre soutien et vos reviews !


SOUR (amer)

by Taiga

La journée a mal démarré. Son dos est encore un peu douloureux. Mais il ne pouvait pas se permettre de chômer une journée de plus. Heureusement, une fois les muscles un peu chauds la douleur s'est estompée, elle reste présente mais supportable. Il a découvert que le chat était resté coincé dans la maison et le salon empestait l'urine du félin qui n'a pas pu se retenir. Il a dû tout nettoyer ce qui l'a mis en retard, et il a horreur d'être en retard.

Il a rejoint Ted sur un nouveau chantier. Il devait lui présenter de nouveaux clients, pour une rénovation. Mais en arrivant, il a tout de suite compris devant le malaise de son ami qu'il y avait un souci.

Le couple qui souhaitait travailler avec eux s'est rétracté, car il est arrivé à leurs oreilles qu'il est gay. Juste ça. Sa sexualité qui ne regarde personne et surtout pas eux des inconnus, se met en travers d'un contrat. Ce qui l'irrite le plus c'est que par sa faute, même s'il n'est pas responsable de la connerie de ces personnes intolérantes, coûte aussi un contrat à Ted qui n'a rien demandé. Et pour achever de le mettre dans une humeur massacrante avant la fin de la matinée, à demi-mots Ted lui a laissé entendre que ce n'était pas la première fois que ça arrivait.

Évidemment, dans des petites villes comme Crystal falls il y a toujours de puritains qui pensent que l'homosexualité est une chose sale et malsaine. Et malgré, le temps et l'habitude jamais il ne s'y fera. Il a pris sur lui, il a serré les dents, il est remonté dans le pick up et il est parti, bouillant de rage. Ted l'a retrouvé sur le chantier sur lequel on le laisse travailler « malgré » sa sexualité et ils se sont affairés en silence toute la journée. Son humeur ne faisant que se dégrader alors qu'il rumine ses pensées et ses excuses… Il veut s'excuser auprès de son ami de lui faire perdre un boulot, de ne pas avoir réalisé jusqu'à présent que ça arrivait fréquemment parce que c'est lui qui gère la partie négociation et financière de leur collaboration. Mais s'excuser ce serait reconnaître qu'il est le problème, mais le problème ce sont les connards par lui. Et ce dilemme ne fait que le rendre plus amer et aigri.

Il a fini par dire au revoir à Ted et s'excuser, un peu pour ça malgré tout, même si ça le dégoûte d'avoir à le faire, mais surtout pour son humeur exécrable de la journée et pour laquelle Ted n'était en rien responsable.

Et comme si la journée ne pouvait pas se terminer simplement comme ça, il a crevé un pneu en rentrant. Heureusement, juste devant chez lui et son pick up est équipé d'une roue de secours, néanmoins changer une roue n'est jamais son activité favorite et cette dernière mésaventure n'a fait que l'énerver un peu plus.

Alors, il est rentré chez lui, s'est pris une bière a enfilé les vieilles fringues qu'il garde pour bricoler chez lui et il a pris son merlin. Là où à Los Angeles pour calmer sa frustration et sa colère, il enfilait ses baskets pour aller courir, ici à Crystal falls il calme ses nerfs en abattant son merlin avec violence sur les pauvres bûches innocentes. Mais chaque coup, lui apporte un vrai soulagement, chaque impact fait crier ses muscles et dissipe peu à peu sa colère.

Du moins, la muselle, car elle reste toujours là latente, parce que ce monde est pourri, elle se réveillera dès la prochaine injustice. A une époque, il se battait contre ces injustices. Aujourd'hui, il a perdu la foi et il est venu s'enterrer ici, espérant en oublier toute cette intolérance. Même ça lui laisse un goût amer dans la bouche. Il se sent faible et lâche d'avoir abandonné, cette bataille qu'il sait vaine.

Il se laisse envahir par le calme que la tâche répétitive lui apporte peu à peu. Poser le bois sur la souche, lever le merlin et l'abattre bien au centre de la bûche pour la fendre en deux comme si ce n'était qu'un morceau de beurre. Reprendre une autre bûche et... Recommencer.

Il s'apprête à positionner une nouvelle bûche quand il entend un raclement de gorge derrière lui.

« Hey… »

Il se retourne en essuyant la sueur à son front du revers de sa manche, il n'attend personne et il n'est pas vraiment d'humeur à recevoir quelqu'un. Même s'il ne serait pas tellement étonné de voir Ted avec un pack de bière pour tenter de lui remonter le moral. Mais honnêtement là, il n'a envie de voir personne et juste envie de couper encore du bois pour une bonne demi heure avant de se sentir pleinement satisfait.

« Hey… »

Il s'apprête à congédié Ted gentiment mais ce n'est pas lui. Il lui faut quelques instants pour reconnaître l'homme qui est à quelques mètres de lui, sur le chemin de terre qui mène à la route. Pas qu'il ait oublié son visage, bien au contraire, mais c'est tout bonnement impossible qu'il soit là. Comment a-t-il pu le retrouver ? S'il lui avait donné son nom et son adresse il s'en souviendrait.

« Daiki... »

Il est un peu incrédule et face à lui le jeune est hésitant et bafouille un peu.

« Ouais... Je... Je sais ça doit te surprendre... J'avais pas ton numéro... Sinon j'aurai appelé avant de venir... »

Il est tellement surpris qu'il ne réagit pas, comme si son cerveau avait eu un court-circuit. Cette journée est définitivement... Étrange. Il réfléchit aux mots de Daiki et répond, ne sachant toujours pas vraiment quoi faire de l'apparition de son compatriote chez lui.

« Tu n'avais pas non plus mon adresse...

— J'ai recroisé Mat... Il m'a dit que tu habitais Crystal falls... Et la ville n'est pas très grande. Je n'ai eu aucun effort à faire pour te trouver.

— Pourquoi tu voulais me voir ? »

La journée qu'il a eu le laisse nerveux et il reste sur la défensive. Même si, la présence de Daiki face à lui, à mesure qu'il accepte que cette apparition est bien réelle a quelque chose d'apaisant. Comme si une de ses inquiétudes se dissipaient en le voyant. Daiki se passe une main gênée sur la nuque et visiblement il a posé la mauvaise question parce qu'il le voit reculer d'un pas.

« Désolé. C'était une mauvaise idée...

— Non... Désolé... Je suis juste surpris... J'ai eu une journée un peu merdique... J'ai oublié un truc à ton hôtel ? »

Daiki semble hésiter et le regarde avec méfiance et un peu de défi aussi. Il le jauge et finalement se décide à rejoindre apparemment finalement prêt à lui laisser une seconde chance.

« Ouais... T'as oublié de me laisser ton numéro de téléphone... »

Il sourit. Il doit avouer que cette réponse lui plaît, autant que ce regard plein de défi. Et soudain c'est comme si l'amertume qui envahissait sa bouche depuis le matin laissait place à la douceur d'une confiserie au miel. Daiki hante ses pensées depuis plusieurs jours et il l'intrigue toujours autant.

« Ok. Va poser ton sac à l'intérieur et vient m'aider à ranger ce bois ensuite je te paye une bière... »