Auteur: Kuro-Hagi – 29/11/2021
Genre: Romance – Yaoi – Friendship – Hurt/Comfort
Disclaimer: Tout ce monde et ces personnages appartiennent à Tadatoshi Fujimaki
Note : Un grand grand merci pour votre suivi et votre soutien sur cette fic ! Voilà la grande aventure du Writober 2021 est terminée et… Très en retard j'en suis navrée ! Et j'avoue un peu déçue de moi-même mais bon des fois… On peut pas tout gérer :) tant pis ! Je ferais mieux la prochaine fois ! J'espère que ce dernier chapitre vous plaira et qu'il vous donnera satisfaction pour la conclusion de cette fic qui a pris des proportions qui m'ont un peu échappées j'avoue :) surtout sur les derniers chapitres ! Mais c'est aussi ce qu'on aime avec les histoires ! C'est de se laisser porter ! Merci encore à vous tous ! A bientôt !
Ju : Merci pour ta review ! Oui c'était un chapitre très difficile. Et comme tu dis il reste beaucoup de choses à régler dans ce dernier chapitre pour conclure cette histoire ! En effet, on passe de l'espoir au désespoir… Et maintenant, il va falloir que Daiki se relève de ça. Je ne vais pas en dire plus… Les réponses à toutes tes questions sont ci-dessous ;) Un grand merci pour toutes tes reviews et de m'avoir suivi une nouvelle fois sur ce projet ! Et j'espère te voir sur les prochains ! :) (et je te confirme qu'on a bien reçu ta review sur AD ;))
Je vous donne rendez-vous le 25 décembre pour des fics de Noël sur notre fandom préféré ! Setsunafr, Dwally et Maloriel sont déjà de la partie pour ce petit défi. N'hésitez pas à proposer vos propres textes sur le thème de Noël, si le cœur vous dit de participer :)
31. RISK (risque)
by Taiga & Daiki
Taiga
Daiki est ressorti de chez ses parents, blême, le regard vide. Il s'attendait évidemment à retrouver son homme un peu secoué, en colère peut-être, éventuellement effondré, mais clairement pas dans un tel état de choc. Il n'a pas aimé le prendre dans ses bras et avoir l'impression d'enlacer une poupée sans âme, sans vie. Daiki n'a juste pas réagi, comme si ses bras autour de lui étaient quelque chose d'incongru.
Et depuis, Daiki semble obstinément refuser de le regarder dans les yeux.
Qu'est-ce que ses géniteurs ont pu lui dire ? Qu'est-ce qui a pu se passer derrière cette porte quand il n'était pas là ?
Il ne s'imaginait pas rencontrer Satsuki et Reira dans de telles circonstances. Il a vu dans le regard de Satsuki son inquiétude en voyant Daiki rentrer. Il a évité son regard à elle aussi. Et il a commencé à boire, danser et chanter.
Et lui ? Il se sent perdu. Il n'aime pas voir Daiki comme ça. Il ne sait plus ce qu'il doit faire. Il n'a bu qu'un verre et il se contente de fixer son homme, comme s'il essayait de résoudre une énigme. Qu'est-ce qu'il doit faire ? Quelle est la bonne solution ? Comment doit-il agir ? Et dans son ventre ce nœud, la peur. La peur que Daiki ne s'en remette pas. La peur que Daiki baisse les bras. La peur que Daiki recule.
Non. Si Daiki avait choisi de reculer, si Daiki avait laissé ses parents le convaincre de leurs absurdités il ne serait pas ressorti si vite. Alors quoi ? Qu'est-ce qui se passe dans sa tête ?
Il se sent terriblement impuissant. Il a l'impression que Daiki le fuit, lui tourne le dos, comme si… Il déglutit et le nœud à son estomac se resserre, la peur le glace. Est-ce que Daiki lui en veut ? Est-ce que Daiki le tient pour responsable de la réaction de ses parents ? Notre cerveau pervers aime tellement nous torturer, même si ce n'est pas rationnel, il n'est pas impossible que Daiki ait ce genre de pensées confuses et qu'il ne sache plus agir autour de ces pensées encombrantes.
Il serre son verre entre ses mains. Ils sont là depuis au moins deux heures et il n'a pas bougé. Il observe son homme se perdre dans la musique et l'alcool pour ne pas faire face à sa réalité. Parce que c'est précisément ce qui se passe : Daiki essaie de noyer son cerveau à renfort d'une forte dose d'éthanol.
Il se passe une main sur le visage. Il ne sait pas ce qu'il attend. Mais une chose est sûre s'il ne fait rien, Daiki va boire le verre de trop et aucun problème ne sera résolu. Il ne sait pas s'il va aggraver les choses. Mais il ne peut pas rester là sans rien faire. Il ne peut pas voir son homme se perdre de cette manière. Il repose son verre vide avant de le briser entre ses doigts et se lève.
Reira et Daiki interprètent « Something in the Way » de Nirvana, une chanson mélancolique qui semble un peu trop bien coller à l'humeur de Daiki. Il s'avance, Satsuki le regarde, lui adressant un hochement de tête. Ils ne se connaissent pas, ils n'ont pas eu l'occasion de se rencontrer avant aujourd'hui. Mais ils se font intuitivement confiance, liés par l'amour qu'ils éprouvent pour Daiki et par leur inquiétude commune, partageant la douleur de le voir comme ça et leur impuissance. En venant ici, il avait espéré qu'elle saurait quoi faire, qu'elle est la bonne attitude à adopter. Mais elle n'a jamais, elle non plus, fait face à un Daiki aussi perdu.
Il s'avance derrière lui alors qu'il ondule toujours sur la musique. Il ne laisse pas les doutes l'assaillir, il se risque à glisser ses mains sur ses hanches et se colle à son dos. Il le sent se tendre contre lui, mais il ne lui laisse pas la possibilité de lutter. Il resserre sa prise, se sachant largement avantagé face à son homme qui a clairement trop bu. Il pose ses lèvres sur sa nuque. Daiki est totalement figé, ses mains se sont agrippées à ses bras. Il semble qu'il ne sache pas comment réagir. Il a la sensation qu'il a envie de le repousser et à la fois, l'envie d'abandonner. Alors, il presse encore ses lèvres sur sa nuque et souffle doucement.
« Dai… Please… »
Sa voix est suppliante un peu plaintive. Il veut juste que son homme, reprenne ses esprits. Daiki griffe un peu ses mains et se raidit un peu plus.
« Fais pas ça Dai… Reste avec moi… S'il te plaît… Parle-moi… »
Il continue à murmurer tout en embrassant tendrement sa nuque et maintenant une prise ferme sur lui. Il lui dit qu'il l'aime, qu'il n'a pas à avoir peur, qu'il sera toujours là pour lui. Il lui promet qu'ils seront heureux ensemble, qu'il ne va pas l'abandonner, qu'il l'aimera toujours sans condition. Il murmure, il supplie, il rassure.
Et soudain, c'est comme si un barrage se brisait en Daiki. Il frappe de ses poings, ses mains ayant visiblement finalement décidé de le repousser, mais il ne cède pas. Un cri de rage qu'il reconnaît à peine comme venant de son homme résonne dans la pièce.
« Lâche-moi ! Putain ! Lâche-moi je te dis ! »
Mais Daiki ne lutte pas vraiment. Ses cris perdent presque tout de suite en puissance, tout comme ses coups et bientôt il émet une plainte déchirante alors qu'il éclate en sanglots et que ses jambes se dérobent sous lui. Voir autant de désespoir chez son homme lui déchire le cœur. Comment ses parents ont-ils pu lui faire ça ? Son ventre se tord douloureusement d'être témoin de tant de souffrance chez son homme. Il ne mérite pas ça. Il cache ses propres larmes dans son cou.
Il laisse Daiki glisser au sol, accompagnant son mouvement et s'agenouillant avec lui. Il remonte ses bras autour de ses épaules et le serre contre son torse.
« Je te lâche pas… Je suis là Daiki… Je suis là… »
Daiki
Les rayons du soleil dardent à travers les fenêtres et tombent sur ses yeux, le faisant grimacer. Il grommelle alors que ses importuns osent le réveiller. Sa tête résonne un peu et il semble être beaucoup trop tôt pour se lever. Il s'agite un peu et un bras puissant se resserre autour de lui, lui rappelant la présence de Taiga dans son dos. Taiga qui a fait tout ce chemin pour venir jusqu'à lui. Il se retourne entre ses bras pour fuir la lumière et vient enfouir son visage dans le torse de Taiga. Réconfortant, doux, chaud et son odeur boisé qui lui rappelle la forêt de Crystal Falls, un foyer chaleureux.
Les doigts de Taiga massent doucement sa nuque. Il se fond un peu plus contre lui, parfaitement content entre ses bras et sombre de nouveau dans le sommeil.
Une odeur corsée, un peu amer chatouille délicieusement ses narines le tirant de nouveau du sommeil. Le frottement léger de pages qu'on tourne et la chaleur dans son dos lui indique la présence de Taiga. Une douleur lancinante traverse son cerveau, sa bouche est pâteuse et sa gorge asséchée. Il a beaucoup trop bu la veille. Il ne se souvient même pas de s'être couché d'ailleurs. À présent, il n'ose pas bouger de peur de sentir son estomac protester autant que sa tête du traitement qu'il a fait subir à son corps.
La question de la raison de cette murge dont il se souvient à peine effleure à peine son esprit qu'elle apparaît clairement et le glace. Sa respiration se bloque, il a l'impression de suffoquer. Aussitôt le bruit des pages cesse et la main chaude de son homme se pose sur son dos.
« Dai ? »
La nausée attendue se réveille, mais il n'est pas capable de savoir si elle est plus due à sa cuite ou à l'horreur de ses souvenirs. Il n'a pas le temps de répondre, il n'a que le temps de se lever en titubant pour rejoindre les toilettes et de vomir le vide de son estomac, l'acidité lui brûle l'œsophage, des larmes glissent sur ses joues, il suffoque, il étouffe et un nouveau spasme le prend alors qu'il se vide de nouveau. La main chaude revient se poser sur son dos et s'accompagne de la voix inquiète de Taiga.
« Daiki… Hey… »
Il prend une grande goulée d'air qui lui semble insuffisante pour redonner ce qu'il faut d'oxygène à son corps, la faisant paniquer un peu alors qu'une nouvelle contraction douloureuse de son ventre l'invite à déverser encore sa bile. Son visage est baigné de larmes, il halète reprenant sa respiration tant bien que mal quand enfin son estomac semble vouloir lui laisser un peu de répit.
Taiga est assis derrière lui et sa main apaisante caresse doucement son dos. Il reste crispé au-dessus de la cuvette des WC, alors que plusieurs spasmes le prennent encore jusqu'à se calmer peu à peu. Il frissonne. Il sent la moiteur sur sa peau, il a chaud ou froid, il n'est plus très sûr. Taiga pose un baiser sur son épaule.
« Daiki… Ça va ? »
Il déglutit et grimace au goût acide dans sa bouche. Il hoche la tête négativement. Non il ne va pas bien. Mais il sait ce que son homme veut dire et répond d'une voix rauque, la gorgée brûlée par la bile.
« Non… Mais j'crois que la crise est passée… »
Il attend encore quelques minutes, pour être bien sûr de ce qu'il avance, puis s'assied doucement contre Taiga, un peu essoufflé. Le mouvement fait réagir son estomac, mais reste stable.
« Fuck... »
Taiga passe son bras autour de lui et caresse doucement son ventre.
« Désolé.
— Pourquoi ?
— Pas très glamour comme réveil… Je pensais pas que tu me verrais un jour aussi bourré que j'en déverse mes tripes de cette manière…
— Ouais… C'est vrai que tu n'as pas lésiné sur l'alcool hier… »
Il entend l'hésitation et le doute dans la voix de son homme, il n'est pas dupe, il sait que ce n'est pas que l'alcool qui est en cause dans cette crise. Mais il le remercie de garder ça pour lui. Il n'est pas prêt à en parler. Il ferme les yeux. Un peu calmé après ça, mais le poids sur son cœur est toujours là et pèse douloureusement.
« Tu vas attraper froid… Tu trembles… Tu devrais prendre une douche.
— Et me brosser les dents.
— Ouais ça aussi. »
Doucement, il se relève, restant prudent vis-à-vis de la réaction de son estomac révolté ce matin. Taiga lui prend la main et il ne proteste pas. Il le laisse l'emmener jusqu'à sa salle de bain. Le temps que l'eau de la douche se réchauffe, il se brosse les dents puis il laisse son homme l'accompagner sous le jet d'eau. Les bras solides de son homme autour de lui et l'eau chaude qui coule sur son visage et son corps le détendent peu à peu.
Il se sent amer, infiniment triste. Il est déçu, terriblement dégoûté. Même s'il avait anticipé la réaction de ses parents, il ne s'en sent pas moins trahi par leur comportement. Il a l'impression que l'amour de ses parents n'a toujours été qu'un mensonge. Il a fait tant d'effort pour leur plaire pendant si longtemps, pour être celui qu'ils voulaient qu'il soit, jusqu'à se renier lui-même. Son cœur est douloureux, lourd, il lui semble presque encombrant dans sa poitrine.
Il resserre sa main sur le poignet de son homme. Il se sent vide, il se sent froid, perdu, abandonné. Misérable. Comme si tout espoir, toute chaleur avaient disparu. Il laisse les larmes glisser encore sur ses joues. Taiga resserre son étreinte.
« J'suis désolé Taiga…
— Pourquoi ?
— Pour hier…
— T'excuses pas pour ça… Tu es bouleversé… Je suis là. Je te lâche pas. »
Ses ongles se plantent dans son poignet, mais Taiga ne bronche pas. Il se sent bouleversé oui, il a l'impression que la toile de la veuve noire se resserre sur lui un peu plus l'étouffant peu à peu. Il a l'impression de sombrer dans le froid et le vide. Mais les bras de Taiga lui rappellent la chaleur, la paix, le bonheur… L'angoisse étreint sa gorge le souvenir est ténu, il doit rester rationnel et ne pas laisser la veuve effacée tous ses souvenirs heureux. Un peu paniqué, il souffle d'une voix étranglée.
« Je veux rentrer à la maison… »
Taiga presse un baiser doux dans son cou.
« Demain matin. On dit au revoir à Satsuki et Reira aujourd'hui. Et demain. On rentre. »
Il sait que si ça avait été possible Taiga, l'aurait ramené tout de suite à Crystal Falls. Mais, l'avion n'est pas comme un taxi, il ne peut l'appeler et être dans la minute sur le siège qui l'emmène loin de la toile de ses sombres pensées, qui lui insinuent qu'il n'a pas jusqu'au lendemain, que demain il sera trop tard qu'il faut fuir maintenant.
« Je te ramène à la maison. On va juste prendre le temps de préparer nos valises, de ranger un peu… »
Les mains de Taiga s'activent sur lui et le lavent avec douceur. Il se laisse faire. Il laisse Taiga prendre soin de lui, parce qu'il ne sait pas quoi faire d'autre pour l'instant. Son mal de tête semble juste s'amplifier, comme son angoisse.
Il regarde son homme s'activer autour de lui. Il a pris des cachets, son mal de tête n'est plus qu'un souvenir, son angoisse n'est pas aussi prompte à s'effacer. Il regarde son homme et il ne peut s'empêcher de penser, qu'il a choisi de faire un saut dans le vide pour lui, qu'il a pris le risque de chambouler sa vie pour un homme. Il ferme les yeux et remonte le plaid sur lui, la boule au ventre. Ce n'est pas pour Taiga qu'il a fait ça, mais pour lui. Ce n'est pas juste pour la promesse de quelque chose avec un homme qu'il ne connaît que depuis quelques mois, sa décision était prise avant de savoir si Taiga voudrait partager un petit bout de vie avec lui. Taiga est juste l'homme qui lui a permis de découvrir ce que la vie pouvait lui offre d'autre et ce qu'il voulait faire vraiment de lui-même.
Il a simplement pris le risque de vivre. Même si vivre, ça fait mal. Il soupire. Il a juste envie de rentrer. De retourner à Crystal Falls. Revoir la forêt. Entendre les feuilles bruisser dans les arbres, les oiseaux chanter, les branches craquer. Il veut sentir la nature autour de lui, sentir la terre sous ses pas, entendre l'eau couler au loin, sentir le vent sur son visage. Il veut se baigner dans les rayons de lune quand il s'endort le soir dans les bras de Taiga.
Taiga
Le merlin tombe avec force fendant la bûche en deux, le choc se répercute dans ses bras et la violence de l'acte soulage ses nerfs quelques instants. Daiki est parti depuis deux mois. Deux mois qu'il erre dans la région, il reçoit quelques messages de temps en temps pour lui dire qu'il va bien, qu'il est toujours vivant. Des messages informatifs, impersonnels destinés simplement à le rassurer.
Deux mois que Daiki est parti. Deux mois et trois jours depuis qu'ils sont rentrés de Tokyo. Trois jours, c'est ce qu'il a fallu a Daiki pour décider qu'il avait besoin d'espace, de se retrouver un peu seul avec lui-même. Il a refait son sac et il a repris son voyage où il l'avait arrêté.
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Il regarde Daiki enfiler ses chaussures le cœur serré. Il n'aime pas la direction que prend cette conversation. Il est rentré après avoir fait quelques courses pour voir Daiki, habillé, son sac de voyage plein qui l'attendait dans la cuisine. Depuis qu'ils sont rentrés il est un peu distant, mais compte tenu des derniers évènements il ne s'attendait pas à ce que tout redevienne comme par magie comme avant son départ. Cependant, il n'imaginait pas le voir partir.
« J'ai… J'ai besoin de me retrouver tu comprends ?
— Ok…
— J'étais venu pour faire le tour des lacs alors… Je crois que j'ai besoin de finir ce voyage. »
Le regard de Daiki est fuyant et il sent qu'il ne va pas aimer la suite.
« J'ai envie de retrouver ma liberté. Celle que j'ai trouvé en venant ici…
— Tu as l'impression que je t'enferme ?
— Non… C'est pas ça… Juste que… Je ne veux pas que tu m'attendes. Je… Je reviendrai, mais je sais pas quand. J'ai besoin de découvrir qui je suis. Seul. Et je ne sais pas combien de temps ça me prendra… »
Il n'avait pas su quoi répondre. Bien-sûr il voulait que Daiki se sente bien, qu'il découvre ce qu'il est venu chercher en venant ici. Il n'avait juste pas imaginé qu'il serait mis de côté dans le processus. Ça n'aurait probablement pas changé le fait qu'il serait allé à Tokyo pour le ramener. Mais il sent son cœur se briser doucement aux paroles de Daiki.
« Je suis désolé Taiga… Je t'aime. Ça ne change pas ça… »
Il se mord la lèvre, il retient une phrase amère qui ne changera rien au fait que Daiki le quitte tout simplement. Il le voit dans son regard résigné. Il ne doute pas non plus de ses sentiments, ni qu'il souffre lui aussi aux larmes contenues qui font briller ses yeux. Mais il part. Et il reviendra… Peut-être.
Il regarde Daiki remonter son sac sur son dos et il réalise qu'il s'en va vraiment. Il déglutit difficilement autour du nœud serre sa gorge.
« Ok… »
Sa voix est tendue et ne cache pas sa douleur.
« Ne m'attends pas d'accord ? Sois heureux Taiga…
— Tu ne peux pas me demander ça maintenant…
— Je sais… Je suis désolé.
— Moi aussi… »
Il n'a pu s'empêcher de laisser entendre la rancœur dans sa voix. Même s'il comprend rationnellement. Daiki lui fait mal et il ne peut s'empêcher de lui en vouloir pour ça.
« Au revoir Taiga… »
Il regarde l'homme qu'il aime tourner le dos et descendre les marches.
« Daiki… »
Il a envie de se précipiter vers lui, de le supplier de rester. Mais il serre ses poings et le regarde se retourner hésitant.
« Oui ?
— Donne-moi des nouvelles ok ? T'es pas obligé de me dire où tu es, ce que tu fais… Ou me raconter quoique ce soit… Juste… Juste savoir que tu vas bien.
— Que je me suis pas fait bouffer par un ours ?
— Ouais… Quelque chose comme ça. »
Il voit Daiki hésiter. Il avait sûrement prévu de rompre tout contact pour faciliter les choses. Puis, il hoche la tête doucement.
« Ok.
— Merci. »
Daiki hoche la tête doucement et cette fois il part sans se retourner. Quand la silhouette de Daiki a disparu, il referme sa porte et se glisser au sol, libérant les larmes qu'il n'a pas voulu montrer à Daiki. Pour ne pas lui rendre la tâche plus difficile, mais aussi et surtout par fierté pour ne pas lui montrer à quel point il lui a fait mal.
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Daiki a promis de revenir. Mais de ne pas l'attendre. Il a attendu des jours, des semaines… Maintenant des mois. Et il prend conscience qu'il devra peut-être attendre des années avant de le revoir.
Il a pris le risque d'exposer de nouveau son cœur à quelqu'un. Il savait que le danger de souffrir était grand. Il se souvient du moment où il a pris la décision d'accepter ses sentiments pour Daiki. Et parfois… Parfois il regrette un peu d'avoir eu cette faiblesse. Et aujourd'hui est un de ces jours-là. Il n'a pas reçu le message hebdomadaire de Daiki. Et il s'inquiète. Daiki ne lui doit rien, il n'attend même pas de réponses de sa part. Il a essayé au début de lui envoyer des messages pour lui raconter le printemps ici et l'été approchant, lui dire qu'il lui manque. Mais chacun de ses mots sont restés sans réponse. Daiki se contentant de tenir sa promesse et d'envoyer un message pour indiquer qu'il va bien. Alors, il a arrêté de son côté d'envoyer quoique ce soit.
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Son téléphone vibre. Il est surpris de voir un message de Daiki. Ce n'est pas le bon timing. Il a reçu un message il y a trois jours à peine. Aussitôt, il s'inquiète un peu. Son pouce glisse sur l'écran pour faire apparaître le message.
[Daiki — 20:04]
Bon anniversaire Taiga. Love you.
Son cœur se serre et il n'a qu'une envie envoyer son téléphone contre un mur. « Bon anniversaire » ? Sérieusement ? Il ose lui souhaiter un joyeux anniversaire ?
« Fuck you Daiki ! Tu devrais être là ! Fuck you ! »
Des mois qu'il n'a aucune nouvelle. Des mois qu'il se demande même parfois si Daiki n'a pas laissé son téléphone au premier venu en lui demandant d'envoyer un message régulièrement pour le rassurer. Des mois qu'il l'attend… Même s'il lui a demandé de ne pas le faire… Bien-sûr qu'il l'attend. Il ne veut pas faire autre chose. Il ne veut personne d'autre.
Il ne peut rien faire d'autre que l'attendre.
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Il regarde la neige épaisse couvrir le sol autour du chalet. Le manteau immaculé étouffe les sons et donne une ambiance feutrée. Il aime retrouver cette impression chaque hiver. Il regarde les rapaces voler en cercle au-dessus de la forêt, le ciel est bleu limpide. Le soleil réchauffe de ces rayons, mais n'est pas suffisant pour faire fondre la neige.
Cette année a commencé comme toutes les précédentes depuis neuf ans. Seul.
Il pense encore régulièrement à Daiki, mais la douleur commence enfin à s'estomper. Et la colère s'est évanouie.
En novembre dernier, il lui a demandé de ne plus lui envoyer de message, de simplement donner son numéro à Satsuki qu'elle puisse le prévenir s'il lui arrivait quelque chose.
Il n'a pas vraiment cessé de l'attendre. Mais cette attente ne consume plus ses pensées à longueur de journée. Et s'il ne revient pas, il espère que Daiki trouvera le bonheur qu'il mérite.
Daiki
« Oh God ! Il est magnifique ! »
Satsuki rit derrière l'écran en tenant le bébé dans ces bras. Un petit garçon né i peine quelques heures avec le printemps. Il a suivi la grossesse de Reira à distance. Il a vu ce petit bonhomme faire grossir le ventre de la jeune femme de mois en mois. Il a partagé le bonheur de ses deux amies, leurs inquiétudes, le stress de la naissance. Il aurait aimé pouvoir être plus près d'elles. Mais il ne regrette pas d'avoir quitté Tokyo.
Ce qu'il regrette c'est de ne pas avoir partagé ça avec Taiga. Mais il sait que c'était important pour lui de finir son voyage de découvrir des choses à son rythme, de vivre pour lui-même. Taiga lui manque chaque jour. Il sait qu'il lui a demandé de vivre sa vie, de ne pas l'attendre. Et bien-sûr il sait qu'il souffrira si Taiga est avec quelqu'un d'autre quand il retournera à Crystal Falls. Mais il devait prendre le risque de perdre Taiga pour se retrouver lui-même. Il ne savait pas combien de temps ce besoin de solitude et d'introspection durerait. Un mois ? Deux ? Un an ? Cinq ? Il ne pouvait pas enchaîner Taiga pour une durée inconnue.
Aujourd'hui, il ne sait toujours pas quand il va rentrer. Il a été un peu surpris et blessé quand Taiga lui a finalement demandé d'arrêter de lui envoyer des messages hebdomadaires. A-t-il rencontré quelqu'un ? Mais il ne peut pas lui en vouloir. Et puis, il pensait ne pas lui donner de nouvelles du tout au départ de toute façon.
Cependant aujourd'hui, il a vraiment envie de partager cette naissance avec lui. Il ne s'est autorisé qu'un seul écart dans son vœu de silence auprès de celui qu'il aime, un message de bon anniversaire, qui n'a reçu aucun écho. Encore une fois, il n'en était pas vraiment surpris. Taiga a tenté de lui écrire au début et il a tout fait pour ignorer ses messages ce n'était qu'un juste retour des choses.
Il reste un long moment avec Reira et Satsuki, puis il raccroche et passe en revue les différentes photos que les deux jeunes femmes lui ont envoyé. Il hésite un long moment et finalement, il en sélectionne deux et les envoie à Taiga avec un petit message.
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[Daiki — 10:43]
Bonjour Taiga. J'espère que tu te portes bien. De mon côté, tout va bien. Je suis au Canada en ce moment. Le bébé de Satsu et Rei est né. Il s'appelle Jun. Il paraît que c'est un peu le mien aussi mais… Pour l'instant j'ai du mal à le croire. L'accouchement s'est bien passé et tout le monde est en pleine forme. Daiki
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Ne s'attendant pas à avoir de réponse, il range son téléphone et décide d'aller se promener sur la plage. Il aime les grands lacs. Ils sont si grands qu'ils ressemblent à la mer. Le vent charrie des vagues qui peuvent être impressionnantes et le tour des lacs est parsemé de plages immenses, mais aussi de cascades majestueuses. Les paysages ici sont simplement grandioses. Il s'est posé depuis quelques mois dans ce petit village du Canada. Il a pris un petit appartement et signé quelques contrats pour travailler un peu de chez lui.
Son téléphone indique l'arrivée d'un message, son cœur s'affole un peu quand il réalise qu'il provient de Taiga. Il se mord la lèvre, pas très sûr de ce que ce message va bien pouvoir contenir. Il inspire profondément et se décide à l'ouvrir.
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[Taiga – 14:12]
Salut Daiki. Je vais bien merci. Jun est magnifique. Félicitation à vous trois et un peu plus à Reira qui a fait tout le travail pendant que vous vous tourniez les pouces. Bienvenu à Jun. Et… C'est un garçon ou une fille ? Taiga.
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Un immense sourire étire ses lèvres. Il se sent comme un idiot. Mais le silence radio avec Taiga a été si long que ce simple échange suffit à gonfler sa poitrine de bonheur. Il essaie de garder son calme et tape fébrilement sa réponse.
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[Daiki — 14:13]
Hey ! J'ai donné de ma personne je te permets pas ! C'est Satsu qui a rien foutu ! C'est un garçon biologiquement. Après ce sera à lui de nous dire.
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C'est la seule chose qu'il a demandé à ses deux amies, il n'a pas souhaité participer au choix du prénom de l'enfant, il considère toujours que ce n'est pas le sien mais celui des deux jeunes femmes, sa seule exigence était que ce soit un prénom mixte. Il a trop souffert de ne pas être accepté comme il est par ses parents, pour risquer que cet enfant ne se sente pas soutenu qui qu'il soit à l'avenir.
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[Taiga — 14:14]
Très belle réponse. Et très beau prénom. Encore félicitations à vous tous.
[Daiki — 14:15]
Merci Taiga.
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Il repose son téléphone le cœur battant, ravi de cet échange. Il veut y voir un signe que Taiga accepterait de renouer le dialogue. Il aimerait ça, pouvoir discuter de nouveau avec lui. Il lui manque tellement. Il a pris un risque énorme en reprenant son voyage, il savait que ça pouvait lui coûter cet homme magnifique. C'était douloureux, pourtant nécessaire.
Mais aujourd'hui, il se sent plus stable avec lui-même et il a envie de Taiga dans sa vie. Il sait qu'il l'a fait souffrir, qu'il lui en veut probablement d'être parti de cette manière. Il espère avoir une chance de se faire pardonner et il est prêt à tout recommencer, parce que Taiga en vaut la peine. Il ne sait pas encore s'il se sent vraiment prêt à rentrer, mais avoir des échanges avec lui oui. Pour ça il est plus que prêt, finalement il n'attendait qu'une excuse pour pouvoir lui envoyer un nouveau message.
Il ne veut pas précipiter les choses cependant et risquer de braquer Taiga. Alors, il en reste là pour aujourd'hui. Il reste sur cette bonne note et la sensation de bonheur d'avoir eu un simple contact avec Taiga. Il ne lui en faut pas plus pour savoir qu'il l'aime toujours, et que le temps n'a pas estompé ses sentiments.
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J+1
[Daiki — 09:45]
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ça ne vaut pas la vue de ta chambre qui est imbattable, mais j'aime bien ma petite vue sur le lac supérieur.
[Taiga — 11:58]
Sympa en effet. C'est la vue de ton appart ?
[Daiki — 12:01]
Exactement. L'appart est pas très grand, mais la vue fait rêver alors j'ai craqué.
J+2
[Daiki — 16:23]
Hi Taiga. Comment va ? Reira et Jun vont bien. Mais Jun ne prend pas assez de poids (elle allaite) alors ils doivent rester encore un peu à la maternité. Ils espèrent pouvoir sortir demain. J'ai hâte qu'ils rentrent chez eux… Ils ont tous les trois besoin de se retrouver au calme.
[Daiki — 19:35]
Au fait… C'est jeudi. Si les habitudes n'ont pas changé. Passe le bonjour à Tony.
[Taiga — 19:45]
Tony dit bonjour aussi.
Je souhaite aussi à Reira et Jun de pouvoir rentrer.
Et toi ? Comment tu vas ?
[Daiki — 19:46]
Je vais bien. Pas d'inquiétude. You ?
|Taiga — 21:04]
Sorry. Je viens de coucher Tony. Je vais bien aussi. Don't worry. Bonne soirée Daiki.
[Daiki — 21:05]
Bonne soirée Taiga.
J+3
[Daiki — 00:25]
La lune est pleine ce soir… Bonne nuit Taiga.
[Daiki — 07:34]
Désolé pour le message de cette nuit. J'arrivai pas à dormir. J'crois que je suis un peu inquiet pour Jun… Tu bosses sur quel projet en ce moment ?
[Taiga — 07:37]
Je suis sûr que Jun va très bien, ne t'inquiète pas trop. J'ai fini la rénovation des Lambert. Leslie a acheté un petit terrain et je l'aide avec le suivi de la construction et je ferai une partie du boulot.
[Daiki — 07:39]
Super cool ! Tony adore jouer dehors !
[Taiga — 07:40]
Exactement. Je vais bosser. Je te souhaite une bonne journée Dai. Tiens-moi au courant pour Reira et Jun.
[Daiki — 07:41]
J'y manquerai pas. J'espère avoir de bonne nouvelles. Bonne journée à toi aussi.
[Daiki — 15:16]
Ils peuvent sortir ! Ils rentrent chez eux ce soir ! :)
[Taiga — 16:03]
Super nouvelle ! :)
J+10
[Daiki — 12:34]
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Il est pas trop mignon ce gamin ?
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Il sourit bêtement. Il est gaga de ce gamin qui est apparemment son fils, même si quoiqu'il arrive dans son esprit il reste l'enfant de Reira et Satsuki. Il se sent plus comme un oncle, même si cet enfant n'avait aucun lien de sang avec lui, il en serait aussi fou. Parce que c'est celui de sa meilleure, de ses deux meilleures amies et il l'aurait de toute façon aimé comme s'il avait été le sien.
Avant la naissance, il s'était posé beaucoup de questions, incapable d'anticiper sa propre réaction à sa venue au monde : Du regret ? De la peur ? De la joie ? De l'angoisse ? De la rancœur ? Il y avait tant de possibilités pour une situation si inédite et qu'il n'arrivait pas vraiment à prévoir. Mais finalement, les choses ont été simples, il n'a eu aucune réaction désagréable. Uniquement, du bonheur à voir le sourire de ses deux amis et la bouille du gamin.
Il ne sait pas si un jour il aura des enfants. Aujourd'hui, il est certain que ce n'est pas dans la vision de son futur proche. Il est trop occupé avec lui-même pour prendre soin d'un autre être humain. Et il n'est pas sûr de le vouloir un jour, mais il est heureux d'avoir l'opportunité d'être un oncle et père biologique pour Jun.
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[Taiga — 12:38]
Il l'est :) En même temps, il a hérité de très bon gênes de sa mère !
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Un rire franchit ses lèvres, son ventre se contracte de bonheur et une douce chaleur se répand dans sa poitrine. Il se sent un peu idiot d'être aussi émoustillé par un message si simple de Taiga. Il est toujours le premier à envoyer un message et il s'évertue à trouver une excuse chaque jour. Mais Taiga met de moins en moins de temps à lui répondre. Ses réponses sont moins prudentes, plus franches. Et ce constat suffit à le rendre heureux.
Taiga
Il a longuement hésité à répondre à ce premier message de Daiki il y a maintenant plusieurs semaines. Il n'était pas très sûr de savoir où il se situait. Il a ressenti de la colère, de la tristesse et de la rancœur. Mais au moment où il a reçu ce message, il a réalisé qu'il avait encore tellement de sentiment pour Daiki. La colère a ressurgi et la rancœur aussi, comme un gosse il a eu quelques instants envie de laisser son message lettre morte comme une vengeance. Et puis, il a eu peur de se faire de faux espoirs. Est-ce que c'était juste un message pour lui donner la nouvelle importante, est-ce que de nouveau Daiki comptait ensuite retourner dans le silence ?
Il a finalement répondu. Parce qu'il voulait croire en l'espoir. Il voulait croire que Daiki allait vraiment revenir un jour. Parce qu'il s'est rappelé que toute la douleur valait la peine d'aimer. Et qu'il ne voulait simplement pas renoncer à Daiki. Il n'était pas encore prêt à ça. Alors il a répondu. Et à sa plus grande surprise, Daiki n'est pas resté silencieux.
Au contraire, depuis Daiki lui envoie des messages quotidiennement. Il a mis un peu de temps à y croire vraiment et à oser s'ouvrir de nouveau à lui. Il laisse Daiki venir à lui un jour après l'autre.
Daiki parle beaucoup de Jun et lui envoie des photos régulièrement. Il a fait envoyé un cadeau de naissance chez Satsuki et Reira qui l'ont remercié par un joli faire-part et un petit mot.
Daiki évoque aussi son voyage. Il parle des choses qu'il a essayées, des endroits qu'il a visités, de son travail qu'il a repris et parfois un peu des gens qu'il a rencontrés.
En retour, il parle de ses amis, de l'avancement du chantier de la maison de Leslie et Tony, des projets qu'il a terminés dans l'année. Il ne parle pas des changements qu'il a apportés au chalet, ni du vide que Daiki a laissé derrière lui. Il ne parle pas non plus des tentatives de Leslie pour lui faire rencontrer d'autres hommes. Il ne parle pas de tout ça, des choses trop intimes, il ne parle pas non plus du retour de Daiki.
Chaque jour il a envie de lui demander quand il va revenir.
Chaque jour il a envie de lui demande de revenir.
Il n'ose pas poser ces questions. Il a trop peur des réponses.
Alors, il laisse les jours s'écouler en gardant le silence.
Son téléphone sonne beaucoup trop tôt. Il entrouvre un œil et fronce les sourcils, il fait face à la nuit presque noire, il devine à peine l'ombre des arbres majestueux sur le ciel nocturne. Son téléphone se remet à sonner et il l'attrape sur le chevet à moitié réveillé.
Daiki ?
Il essaie de chasser le sommeil, en se frottant le visage quand il appuie déjà sur le bouton pour décrocher, sa voix est rauque de sommeil.
« Allo ?
— Taiga ? »
Son estomac semble se torde soudain en entendant cette voix si chaude quand elle prononce son prénom. Mais il entend aussi la pointe de panique dans son timbre, qui achève de le réveiller.
« Hey Daiki… Qu'est ce qui se passe ?
— Je sais pas… Satsu a dû emmener Jun aux urgences… C'est probablement rien mais… Ça fait deux heures que je tourne en rond, sans nouvelle… Et… Je suis désolé… J'avais besoin de parler à quelqu'un.
— T'excuse pas… It's ok… Qu'est-ce qu'il a ?
— De la fièvre et il n'arrêtait pas de pleurer… Mais c'est un bébé impossible de savoir s'il a mal quelque part…
— Il est en pleine forme… Comme tu dis c'est probablement rien…
— Je sais… Mais…
— Ouais c'est normal que tu sois inquiet. »
Malgré les circonstances, il est content d'entendre sa voix. Ça fait tellement longtemps. Sa voix le fait toujours autant vibrer et il réalise avec un pincement au cœur qu'il est loin d'être passé à autre chose. Il chasse cette pensée, l'important c'est que Daiki ait pensé à lui après tout ce temps, que ce soit lui qu'il ait choisi dans ce moment de détresse pour le soutenir. Après pratiquement un an, il est encore un peu le refuge de Daiki.
Si seulement, il était là, il pourrait l'envelopper de ses bras, le serrer contre lui et le veiller jusqu'à ce qu'il s'endorme ou qu'il ait des nouvelles de Jun. Il se racle un peu la gorge pour chasser un peu de sa rugosité après le sommeil, puis il parle d'un autre sujet pour lui changer les idées.
« Alors comment avance ce nouveau projet sur lequel tu bosses ? Tu m'as dit que c'était un peu différent de ce que tu fais d'habitude…
— Ouais. Je bosse sur un jeu vidéo. Enfin comme plein d'autre hein ?! Mais… C'est différent de ce que je fais d'habitude clairement et il a fallu que j'apprenne un nouveau langage. Mais c'est super sympa et l'équipe est cool.
— Ah ouais ?! Génial. Et c'est quoi comme jeu ? »
Daiki se détend en lui expliquant avec enthousiasme le jeu en question, il conclut en riant, d'un rire qui réchauffe son ventre.
« Honnêtement ? C'est vraiment pas le genre de jeu que je kiffe… Mais pour l'expérience c'est sympa.
— Ouais tu peux pas faire la fine bouche non plus quoi.
— Nan… Peut-être que j'arriverai à participer à d'autres projets de ce type plus tard.
— C'est plus fun que programmer un logiciel comptable ?
— Bah ouais carrément ! »
Ils discutent une bonne partie de la nuit. Il savoure chaque minute de la voix de Daiki qui emplit sa tête et réchauffe son cœur, de son rire qui gonfle sa poitrine et à la fois noue son estomac de désespoir. Il a tellement envie de le voir. Mais il prend ce que Daiki veut bien le donner. Il s'en tient à sa décision de le laisser venir à lui, un jour après l'autre.
« Dai ?
— Yeah… Désolé… Attends… Reira m'appelle.
— Ok. Je te laisse alors. Tiens-moi au courant.
— Ouais. Merci. »
La communication s'interrompt il souffle à son téléphone.
« Bonne nuit Daiki… Tu me manques tellement… »
Il repose son téléphone et remonte la couette sur lui, cherchant de nouveau le sommeil. Derrière la vitre, le ciel a pris une teinte grise à l'approche de l'aurore. Son cœur se serre un peu, il se sent soudain terriblement mélancolique. Un an et il se souvient encore de ses matins à contempler Daiki dormir, son corps dévoilé peu à peu par la lumière du jour se levant. Son lit semble vide et froid. Il n'avait pas ressenti ça de manière aussi prégnante depuis plusieurs mois.
Il somnole sans parvenir à réellement se rendormir, comme si sa nostalgie ne voulait pas le laisser en paix, ravivant quelques souvenirs de Daiki chaque fois qu'il sombre un peu vers le sommeil.
Il sursaute quand son téléphone émet quelques bips. Il a dû se rendormir finalement. Il saisit l'objet et consulte fébrilement le message de Daiki qui l'attend.
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[Daiki — 06:32]
Désolé d'avoir raccroché comme ça. Jun va bien. Ce n'est rien. De violente colique, mais ils ont un traitement et ça devrait aller mieux très rapidement.
[Daiki — 06:33]
Merci de m'avoir tenu compagnie. Je suis désolé de t'avoir réveillé en pleine nuit.
[Daiki — 06:34]
Mais ça m'a fait plaisir de t'entendre.
[Daiki — 06:35]
Bonne journée. À plus tard.
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Les deux jours suivants, ils échangent des messages, comme ils s'en échangent chaque jour depuis trois mois. Ils reprennent leur petite routine discutant de leur quotidien, de Jun, de leurs amis, de leurs projets en cours et à venir. Mais le troisième jour, il est surpris en sortant de sa douche de voir que Daiki l'appelle de nouveau. Il s'essuie rapidement et décroche un peu inquiet.
« Hey… ça va ? »
Daiki rit doucement, un rire qui réchauffe son cœur et le rassure.
« Ouais je vais bien… Je… voulais juste t'appeler. C'était cool l'autre fois… Même si au départ c'était parce que j'étais inquiet pour Jun.
— Ouais… J'ai bien aimé aussi… »
Malgré sa désinvolture feinte, la voix de Daiki un peu plus sérieuse dénote une pointe d'inquiétude quand il demande :
« Est-ce que ça te dérange que je t'appelle ?
— Non… »
Il hésite, mais il a envie de croire que Daiki se rapproche de lui d'une certaine manière, qu'il fait doucement quelques pas vers lui un peu plus chaque jour pour renouer ce qui était plus qu'une amitié entre eux. Alors, même s'il a peur de se faire de faux-espoirs, il décide de faire pour une fois lui aussi un pas vers lui, d'essayer de lui faire comprendre qu'il l'attend toujours et ajoute doucement :
« … Ça me fait plaisir de te parler.
— Ouais ?! Cool… Moi aussi ça me fait plaisir de t'entendre Taiga. »
Il entend la fêlure dans la voix de Daiki, cette légère cassure témoignant de son soulagement. Son ami craignait qu'il le rejette. Ils sont l'un comme l'autre, dans l'incertitude, sans savoir vraiment où ils sont ni où ils vont. Et ce constat le rassure, entendre cette vulnérabilité chez Daiki qui fait écho à la sienne.
Il s'assied sur son canapé, un peu nerveux. Il a l'impression d'avancer à tâtons, sur un chemin qui s'est assombri. Il y a un an le trajet lui semblait d'une clarté limpide, sans route parallèle possible. Aujourd'hui, il a compris que l'avenir qu'il espère, l'avenir dont il rêve est un chemin plus tortueux que prévu. Mais la destination est toujours celle vers laquelle son cœur veut aller. Et malgré la peur de souffrir encore, il n'a pas envie d'abandonner. Il sait au fond que c'était important pour Daiki de faire un bout de chemin seul, totalement libre de tout entrave.
Après tout ce temps, il a un peu fait la paix avec ça, même si ça n'en reste pas moins difficile à encaisser et qu'il se sent plus seul que jamais en son absence. Et malgré les murs qu'il a remontés autour de son cœur, qu'il n'est pas prêt à voir s'écrouler tout de suite, l'espoir lui donne le courage ou la folie de s'exposer un peu plus.
« Tu peux m'appeler quand tu veux Dai…
— Merci… »
La voix un peu tremblante de son ami, serre un peu son cœur, mais pas d'une manière désagréable. Il devine que ces mots le touchent réellement, qu'il en apprécie la valeur et entend le message derrière ses mots.
« Et toi aussi ok ? Appelle-moi… J'aimerai ça… Quand tu veux…
— Ok… J'essaierai… »
Son cœur bat un peu plus vite. Il essaiera. Jusqu'à présent même par message il n'a jamais pris l'initiative, laissant Daiki venir vers lui. C'était facile de rester en retrait, de prétendre d'une certaine manière que tout ça n'était que temporaire, c'était une façon de se protéger, de ne s'investir qu'à moitié, de ne pas risquer de se montrer vulnérable impatient ou demandeur, de protéger encore son cœur.
De cacher, tout ce qu'il dissimule… Si Daiki savait à quel point il lui manque, si Daiki savait à quel point il l'aime, si Daiki savait à quel point il ne peut pas vivre sans lui, si Daiki savait tout le pouvoir qu'il a sur lui d'un simple mot, d'un simple rire. Si Daiki savait tout ça, s'il savait qu'il avait son bonheur entre ses mains, est-ce qu'il en ferait bon usage ?
Daiki
Le soleil se couche sur le lac. La plage est presque vide, quelques promeneurs au loin se baladent, des chiens jappent et courent dans les vagues calment. Ce soir juste une brise fait frissonner la surface de l'eau. Dans sa tête tourne en boucle un morceau acoustique de Black Stone Cherry « The Rambler », un peu mélancolique et qui colle bien à l'ambiance et à son humeur.
Il regarde le soleil se rapprocher de la surface de l'eau. Tout à l'heure encore Taiga l'a appelé. C'est rare qu'il prenne l'initiative mais quand il le fait, ça lui fait toujours vraiment plaisir. C'est un signe que Taiga pense à lui, qu'il a envie comme lui que leurs vies s'entremêlent de nouveau.
Il lui manque. Il aimerait le revoir, il aimerait le sentir, le toucher.
Il se demande encore ce qui le retient vraiment de rentrer. Il a arrêté de bouger depuis plusieurs mois, depuis la naissance de Jun il est resté ici. Une maison qu'il sait temporaire, il s'y est peu investi, c'est simplement un abri. Il sait où son refuge, son foyer, sa famille : dans ce chalet de Crystal Falls, dans les bras de Taiga.
Les paroles de la chanson tournent dans sa tête, si triste. Il n'a pas envie d'être cet homme qui ne tient pas ses promesses. Il n'a pas envie d'être cet homme qui se rend compte à la fin de sa vie qu'il a manqué le meilleur. Il a pris un risque nécessaire il y a plus d'un an. Maintenant, il est temps d'arrêter de se cacher, d'arrêter de fuir et de faire face à sa seule et unique peur que Taiga n'ait plus la même place à lui offrir dans sa vie qu'il y a un an, que son ami ait simplement tourné la page.
Il est prêt à rentrer, il est juste terrifié à l'idée de ne pas retrouver ce qu'il a laissé un temps de côté. Il ne sait pas exactement ce qu'il attend. Il est juste lâche et ce serait tellement plus facile, si Taiga lui demandait de rentrer. Mais il sait que celui qu'il aime n'est pas comme ça. Il a décidé de respecter chacune de ses volontés et celle-là aussi il la respectera jusqu'au bout. Lui laissé le temps dont il a besoin. C'est à lui d'affronter ses peurs.
Le soleil a disparu à l'horizon. Il frissonne légèrement alors que la température a nettement chuté de plusieurs degrés. Il se relève et rejoint son appartement rapidement. Il regarde le logement d'un œil critique. Il n'a besoin que de sa soirée, pour terminer les développements qu'il a en cours, empaqueter ses affaires et reprendre la route, mais cette fois celle du retour.
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Il referme la porte de l'appartement et descend les deux étages pour toquer à la porte de sa logeuse. Il la remercie, lui rend les clés et sort pour rejoindre la gare routière. Il ne compte pas s'arrêter en route et se rendre directement chez Taiga, néanmoins il a un petit doute qui noue son estomac et l'a empêché de manger ce matin. Il sort son téléphone et tape quelques mots à l'attention de Taiga.
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[Daiki — 08:04]
Je rentre.
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Il a fixé son téléphone la main un peu tremblante. Taiga a lu le message quasiment instantanément et pourtant, une minute passe et il n'a pas de réponses puis, une seconde. Son estomac se tord nerveusement.
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[Taiga — 08:07]
Je t'attends.
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Il sourit en voyant enfin s'afficher sa réponse, son cœur se gonfle et se réchauffe. Taiga a mis trois longues minutes à répondre deux simples mots, mais deux simples mots si lourds de sens et de promesses.
Il rentre chez lui.
Il rejoint son refuge.
Il va retrouver Taiga.
Taiga
Il regarde son téléphone une nouvelle fois. Il n'a pas demandé à Daiki quand il comptait arriver. Il ne sait pas exactement où il est au Canada sinon qu'il est toujours sur la côte du lac supérieur. Il pourrait aussi bien être à trois quatre heures de route, comme une dizaine, s'il pouvait venir directement en voiture. Mais Daiki voyage en stop ou en car. S'il est de l'autre côté du lac, il peut facilement mettre plus d'une journée à arriver, si tant est qu'il soit parti quand il a envoyé son message.
Daiki ne s'est engagé à rien et il ne lui pose pas la question. Il rentre. C'est la seule information qu'il lui a donnée et qu'il a envie d'avoir finalement. Daiki sera bientôt là et c'est tout ce qui l'importe. Il a fait un peu de ménage, changé les draps de son lit, préparé un bon repas et si Daiki n'est pas là ce soir, il n'aura qu'à le réchauffer demain.
Il fait encore un peu jour, alors il laisse le plat au chaud et sort pour s'affairer un peu à l'extérieur. Il a récupéré un vieux panneau de basket qu'il a installé et fait couler une dalle sur laquelle il a posé un revêtement spécial. Il retire son sweat, prend la balle et il commence à dribbler pour mettre quelques paniers.
Il a beaucoup joué au basket au lycée et à la fac. Une fois adulte, il n'a pas vraiment eu l'opportunité de continuer. Mais ce sport lui plaît toujours autant. Il a eu l'occasion de jouer une fois contre Daiki sur le terrain du village. Avec étonnement, ils se sont découverts une passion commune pour ce sport. Il sourit, il espère que Daiki appréciera cette nouvelle installation sur la propriété.
La balle rebondit et il ne pense plus à rien qu'au mouvement de la balle. Il joue un long moment, enchaînant les dribbles et les paniers, s'amusant à dunker ou tirer à distance, s'imaginant des adversaires imaginaires qui ressemblent très souvent à Daiki. Le jour commence à baisser, mais il ne s'arrête pas tant que la luminosité est suffisante.
Il dribble le regard fixé sur le panier, il s'apprête à lever la balle pour tirer, quand elle disparaît.
Daiki
Il foule le chemin de terre qui mène au chalet le cœur battant. Le soleil descend doucement derrière les arbres, dans peu de temps il fera nuit. Mais bientôt, la cabane de Taiga se découpe sombre dans la lumière décroissante. Il est un peu nerveux à l'idée de le revoir. Il y a cette boule qui n'a pas lâché son estomac de la journée, l'empêchant de manger correctement. Au fond, ils ont toujours évité le sujet qui les préoccupait le plus. Où ils en sont ? Peuvent-ils recommencer ? Mais c'est une discussion, qu'ils doivent affronter face à face, même si ça n'en est pas moins difficile.
Il s'approche encore, remarquant que peu de choses ont changé. Il entend pourtant un bruit familier venant de derrière le chalet. Il pose son sac sur les marches du perron, puis il contourne l'habitation. Là dans la pénombre, il devine Taiga en train de jouer au basket. Taiga est là et il reste un moment figé, incapable de faire un nouveau pas, il est pétrifié, presque surpris de le voir. Puis il sourit. Ses yeux s'habituent doucement et il savoure cette vision, il l'observe de longues minutes, le cœur battant, la poitrine gonflée, l'estomac noué mais un sourire aux lèvres qui doit égaler celui que Taiga porte en cet instant à jouer au basket.
Il reprend doucement ses esprits et plutôt que de l'interrompre il se décide à le rejoindre. Taiga ne semble pas réaliser sa présence. Il l'observe et attend qu'il s'apprête à tirer pour lui subtiliser la balle et se rapprocher du panier pour pousser la balle dans l'anneau d'un joli mouvement.
Il se retourne vers Taiga en souriant et récupère la balle.
« Un one-on-one avant qu'il fasse totalement nuit ? »
Il frissonne en sentant le regard de Taiga sur lui. Taiga le détaille, d'abord il est supris, un peu sous le choc comme il l'a été lui-même un peu plus tôt. Puis son regard change, il parcourt son corps, mais ce n'est pas du désir qu'il peut lire dans son regard plutôt de l'inquiétude, comme s'il s'assurait qu'il était bien rentré en un seul morceau. Il le laisse faire en souriant. Il comprend. Puis le regard rubis plonge dans le sien.
« Tu es rentré.
— Tu m'as attendu. Et t'as pas chômé en mon absence… Sympa le terrain. »
Et enfin, le sourire de Taiga fleurit de nouveau sur ses lèvres. Magnifiques, radieux et si chaleureux. Il fait battre son cœur un peu plus vite, il aime tellement ce sourire, il est juste tellement content de le revoir. Et soudain, Taiga est sur lui pour lui voler la balle. Il n'a pas le temps d'esquiver et part à sa suite pour tenter de la récupérer en vociférant.
Alors, ils jouent, ils se chamaillent la balle, laissant le basket dissiper le malaise qui allait s'installer entre eux. Se retrouvant dans cette activité insouciante, leurs cerveaux cessant de cogiter pour seulement, ressentir les choses, la balle, la présence de l'autre, la forêt qui les entoure, leur univers. Ils retrouvent leurs marques, ré-apprivoisent la présence de l'autre. Ils se reconnaissent, les odeurs, les mouvements, la musique de la voix.
Et dieu, que Taiga est toujours aussi captivant, enivrant. Son odeur intoxicante lui donne envie de dévorer sa nuque. Ses mouvements hypnotiques sont une invitation à se coller à lui pour onduler en harmonie. Et sa voix réveille le désir de fondre de plaisir entre ses bras.
Leur respiration sont lourdes. Le soleil a totalement disparu derrière les arbres, il voit encore à peine la balle et Taiga stoppe le jeu en souriant et haletant.
« Ouah… Ça fait du bien ! »
Il devine encore sa silhouette dans la pénombre et se rapproche de lui, parfaitement d'accord avec ses propos. Le sang encore bouillonnant d'adrénaline, il rigole un peu et glisse sa main sur la nuque de Taiga pour l'embrasser avec tendresse et passion, laissant un gémissement se perdre contre ses lèvres.
Pas une seconde Taiga ne se tend ou le repousse. Comme si c'était la chose la plus naturelle au monde, l'évidence. Taiga répond à son baiser avec la même ferveur en venant presser son corps irradiant le sexe contre lui.
Et peut-être que c'est aussi simple que ça entre eux : une évidence.
Taiga s'écarte légèrement et lui adresse un sourire d'une tendresse infinie qui réchauffe son cœur et le serre un peu aussi.
« Welcome home Dai... »
Il est rentré. Il est vraiment rentré. Il éclate d'un rire heureux et serre Taiga entre ses bras qui lui rend soin étreinte et rit un peu avec lui. Il enfouit son nez dans son cou, embrasse sa peau moite et salée.
« Oh Taiga… Tu m'as manqué.
— Tu m'as manqué aussi... »
Il n'y a pas de trace de reproche dans la réponse de Taiga, uniquement le même soulagement que dans ses propres mots. Il s'embrasse encore. Leurs lèvres ne semblent plus vouloir se lâcher, comme leurs bras ne semblent pas vouloir les laisser s'éloigner de quelques centimètres.
Pourtant, Taiga finit par s'écarter légèrement.
« Tu as faim ?
— Fuck yeah… J'ai rien pu avaler de la journée… »
Il rougit un peu à cet aveu, mais heureusement il fait trop sombre pour que Taiga voit quoique ce soit.
« Good… J'ai fait un poulet teriyaki.
— Oh ! T'es le meilleur Taiga ! »
Le rire de Taiga égaie la nuit alors qu'il l'entraîne vers la maison. Son cœur se réchauffe à cette musique. Il récupère son sac qu'il a laissé sur les marches et il entre dans le chalet. L'odeur familière envahit ses narines et l'emplit à la fois de nostalgie et de bonheur, tout comme chaque détail lui rappelant qu'il est bien de retour auprès de Taiga. Il serre la main de celui-ci dans la sienne, comme pour s'assurer de sa présence.
Il s'imprègne des lieux, de l'odeur du chalet, de la présence de Taiga. De toutes ces choses qui lui ont manqué. Mais l'euphorie du one-on-one et des retrouvailles retombe un peu alors qu'ils sont en train de manger et il sent Taiga un peu plus sur la réserve. Bien-sûr il s'y attendait, il se doutait que tout ne pourrait pas être résolu en un claquement de doigts.
Ils discutent, rattrapent un peu le temps perdu. Quand Taiga sert le thé en fin de repas, un silence s'est installé seulement brisé par le crépitement du bois dans la cheminée. Le reflet des flammes dansantes brille dans les yeux de Taiga perdu dans ses pensées. Il sait qu'il rumine sûrement de la rancœur, de la tristesse et bien d'autres choses. Ils ont basé toute leur relation sur leur honnêteté, leur franchise et ce soir, ils en ont cruellement besoin. Pourtant, c'est comme s'ils avaient soudain peur de l'autre, comme si après cette longue séparation ils étaient un peu étrangers. Et chacun d'eux semble être retranché derrière sa ligne de défense pour se protéger d'un coup de poignard, en plein cœur ou dans les tripes.
Il sait que c'est à lui de faire le premier pas. Si quelque chose s'est brisé entre eux c'est uniquement sa faute. Et il a peur de le découvrir. Il veut croire qu'il n'avait pas le choix, il veut croire que c'était nécessaire. En tout cas, il y a un peu plus d'an il en était convaincu. Pourtant il n'est pas prêt à renoncer à Taiga. Malgré cette décision prise de longs mois, son but n'a jamais été de renoncer à lui. Il a toujours su qu'il reviendrait pour lui. Et quoiqu'il arrive, il compte bien se battre pour regagner la confiance de Taiga parce qu'il en vaut vraiment la peine. Il faut juste qu'il trouve les mots pour l'en convaincre.
Il regarde Taiga, cherchant comment aborder le sujet. Comment lui dire qu'il l'aime toujours et que les promesses faites, il y a un an tiennent toujours. Comment lui dire qu'il a conscience de lui avoir brisé le cœur, et qu'il avait brisé le sien aussi. Comment lui faire comprendre qu'il est désolé d'avoir dû en arriver là ?
Il cherche à formuler les bons mots dans sa tête quand soudain Taiga le fixe. Il reconnaît ce regard. Il signifie que Taiga est déterminé et qu'il va être cruellement franc si c'est nécessaire.
Un voile triste terni ses yeux rubis et lui serre le cœur. Il se souvient de ce regard c'est le même que celui qu'il avait quand il est parti. Mais en le voyant en cet instant, il comprend que cet éloignement a été réellement bénéfique. Il y a un an, il avait souffert de voir Taiga triste de le voir partir. Il n'avait pas aimé ce regard. Il n'a jamais voulu le faire souffrir. Néanmoins, à l'époque il s'était simplement senti encore plus abattu par ce regard, comme s'il pesait un peu plus sur lui. Il n'était tout simplement pas capable de penser à quelqu'un d'autre que lui-même.
Mais aujourd'hui, il se sent plus fort. Non il n'est pas invulnérable, non il n'est pas infaillible. Mais il se sent plus capable de se tenir sur ses deux pieds et de traverser les turbulences inévitables sur sa route sans s'effondrer. Il se sent capable de soutenir Taiga pour la traverser de ces propres turbulences, comme Taiga l'a aidé à affronter ses tempêtes. Alors aujourd'hui, il ne se sent pas oppressé en voyant ce regard, il ne sent pas inutile. Éventuellement, il ressent un peu de culpabilité, il sait qu'il est responsable de ce regard. Mais il a surtout envie de lui rendre son éclat, de serrer Taiga dans ses bras et de le rassurer.
Il serre les poings, mais il n'intervient pas.
« Tu m'as fait mal Daiki. »
Il déglutit et hoche doucement la tête. Il sait. Oh oui, il sait à quel point Taiga a souffert, car sa peine a été aussi la sienne.
« Je t'aime. Ce n'est pas quelque chose que je peux effacer comme ça. Et… Je n'en ai pas vraiment envie. Mais j'ai besoin de savoir… Est-ce que tu restes ? Est-ce que tu es là pour quelque temps mais pour mieux repartir ? Est-ce que… J'ai réfléchi aussi pendant tout ce temps. Et j'ai compris que c'était nécessaire que tu partes… même si ça fait un mal de chien… Mais tu as le droit de me dire que tu es pas prêt pour nous…
— Non Taiga… Je repars pas… Je reste. Si tu veux bien… Je sais que je t'ai fait souffrir. Et je m'en veux pour ça ! T'imagines même pas… Je sais à quel point tu as souffert… Parce que j'ai souffert aussi Taiga. Je t'aime. Et moi non plus je peux pas effacer mes sentiments comme ça… Et je n'ai pas non plus envie de les effacer… »
Taiga hoche doucement la tête et il lit l'inquiétude dans son regard ou de l'indécision peut-être. Son cœur s'affole un peu dans sa poitrine, il est soudain inquiet et il reprend, la gorge un peu nouée.
« Tu… Tu veux bien que je reste Taiga ? »
Il vient prendre la main de Taiga dans la sienne un peu hésitant.
« S'il te plaît… Dis-moi que j'ai pas tout foiré… »
La main de Taiga se serre sur la sienne et il l'attire à lui. Il l'enlace d'un bras puissant, son autre main ne lâchant pas la sienne. Il frissonne, il respire son odeur si familière, si réconfortante. Ces bras lui ont tellement manqué, son refuge.
« Don't leave me again Daiki…
— I won't… I promise… Toi… Ici… C'est chez moi. C'est là que je me sens vraiment chez moi… »
Le bras puissant de l'autre homme se resserre un peu sur lui et il répond à son étreinte. Il a l'impression d'entendre un sanglot s'étrangler dans la gorge de Taiga, mais bientôt les lèvres de celui-ci sont sur les siennes, possessives, dévorantes, affamées.
Taiga
Ce baiser enflamme le désir qu'il contient depuis que Daiki est arrivé quelques heures plutôt. Une part de lui n'est pas sûr, il a envie de croire que Daiki ne va pas disparaître de nouveau. Il a envie de croire qu'il est revenu pour de bon. Il faudra sûrement un peu de temps pour qu'il en soit absolument convaincu. Il aimerait pouvoir lui faire confiance dans la seconde, juste parce qu'il est revenu et qu'il lui a promis de rester, juste parce que Daiki s'est toujours montré honnête et vulnérable avec lui.
Il va lui falloir du temps.
Il sait que ce n'est pas vraiment de la faute de Daiki. Il sait, vraiment, que c'était nécessaire, que Daiki avait besoin de faire ce cheminement seul. Mais ce n'en a pas moins écorché son cœur et effrité sa confiance. Et tout comme ces sentiments, ce n'est pas quelque chose qu'il peut oublier comme ça.
Il va falloir du temps.
Mais il a envie d'y croire. Il a envie d'y croire parce que ces petites épines, ces petites douleurs ne sont rien comparées au plaisir de l'avoir contre lui, de l'avoir de nouveau ici chez lui.
Le désir gonfle son ventre. Il veut retrouver Daiki, il veut sentir son corps contre le sien, il veut sentir ses mains, ses lèvres partout sur lui. Il mordille la lèvre de son homme haletant et caresse sa nuque.
« J'ai envie de toi Daiki…
— J'ai envie que tu me prennes Taiga… »
La voix de Daiki est un peu timide, mais son regard est déterminé.
« Tu… Tu es sûr ?
— Certain. J'ai… Exploré un peu… »
Soudain, il a l'impression que Daiki vient de faire tomber une pierre au fond de son estomac, son cœur se serre douloureusement. Exploré ? Alors Daiki a vu d'autres hommes et il a sauté le pas avec d'autres et… Son cœur s'affole, sa respiration est plus courte. L'idée le rend malade. Daiki lui appartient. Et il reconnaît ce sentiment qui lui a coûté sa précédente relation. Il se mord la lèvre, il sait qu'il n'a pas le droit d'être jaloux. Daiki est parti en rompant avec lui, ils avaient parfaitement la possibilité de voir d'autres hommes.
« Taiga ? »
La voix inquiète de Daiki le sort de sa torpeur. Il sourit, un sourire un peu crispé qu'il devine peu convaincant.
« Désolé… Je… Je pensais pas que tu… avais eu d'autres hommes.
— Quoi ?! Non ! Non… j'ai… Euh… Exploré tout seul. »
Il ouvre la bouche, surpris et la jalousie s'envole pour laisser place à un profond sentiment de luxure. Il déglutit.
« Tout seul… Comment ?
— J'ai… Acheté quelques jouets. »
Sa queue tressaille alors que des images de Daiki se faisant du bien avec un dildo envahissent son esprit. Il se racle la gorge, mais sa voix reste rauque quand il souffle.
« Il faudra définitivement que tu me montres ça. »
Daiki le regarde, un instant surpris, puis lui sourit avec intérêt.
« Ok. Mais pas avant que tu m'aies fait ressentir le plaisir de ta queue… »
Leurs regards plein de luxures se fixent, puis il se lève tirant Daiki avec lui jusqu'à la chambre. Rapidement, ils plongent le chalet dans le noir et monte les escaliers qui mènent jusqu'à la mezzanine. La main de Daiki se serre sur la sienne.
« Oh… Cette chambre m'a définitivement manquée… »
Daiki fixe la fenêtre avec un sourire nostalgique. Et lui, il le fixe lui, content de le revoir enfin dans cette pièce. Il se glisse dans son dos et enlace doucement sa taille. Il embrasse sa nuque et il sent Daiki se laisser aller contre lui, sa main venant saisir son poignet.
« C'est bon d'être rentré… »
Il resserre ses bras autour de lui.
« C'est bon que tu sois rentré… »
Daiki sourit et tourne la tête pour quémander un baiser qu'il lui accorde volontiers. Le baiser est chaud langoureux et le désir enflamme de nouveau son corps, son érection se presse contre les fesses de son homme qui gémit contre ses lèvres, provoquant une nouvelle sensation de douce chaleur dans son ventre.
Il l'aime tellement, il le désire tellement s'en est étourdissant, les sensations, les sentiments semblent s'agiter en lui comme en pleine tempête. Il libère ses lèvres pour venir embrasser son cou, s'enivrant de son odeur. Sa main glisse sous son t-shirt avec douceur et, un peu fébrile, il vient caresser sa peau chaude et douce, il parcourt le relief de ses abdominaux sculptés, en redécouvre les motifs et les contours familiers.
« Taiga… J'ai envie de te toucher aussi… J'ai envie de sentir ta peau contre la mienne… »
La voix lourde de désir de son homme, le sort de sa contemplation tactile. Il sourit, mordille son cou et finalement soulève son t-shirt pour le lui retirer. Il sait que son homme est aussi impatient que lui, il ne prend pas le temps de les effeuiller lentement pour faire monter le désir en douceur. Ils ont trop envie l'un de l'autre, ils ne se sont pas touchés depuis trop longtemps. Alors, il se débarrasse de ses fringues aussi vite qu'il met son homme aussi à nu.
Et enfin… Enfin il vient presser sa peau nue contre la sienne. La chaleur de son corps irradie contre le sien. Il revient happer ses lèvres avidement. La main de Daiki agrippe sa nuque autoritairement et un frisson le parcourt, il aime sentir ses mains possessives sur lui, le contraindre contre lui. L'émotion étreint son cœur et noue soudain son estomac. Il lui a tellement manqué. Il se presse contre lui comme s'il voulait se fondre en lui. Son rythme cardiaque s'affole et le désir se mêle aux émotions alors que Daiki ondule contre lui engendrant une délicieuse friction entre leurs deux verges.
Il pousse Daiki pour le faire tomber en douceur sur le matelas. Il a envie de parcourir son corps de ses lèvres, de ses mains. Il envie de goûter sa peau, de s'enivrer de son odeur. Il commence par son cou qu'il savoure, mordillant et léchant légèrement la peau. Son odeur musquée et épicée, sa peau salée le font gémir avec gourmandise. Il ondule sur lui doucement frottant sa verge contre la sienne, il caresse son torse, joue avec un téton et arrache un gémissement à Daiki.
« Taiga… »
Sa voix chaude, sensuelle, un peu rauque dans ce genre de circonstance répand une douce onde de plaisir dans son corps. Il a toujours aimé entendre Daiki prononcer son prénom de cette manière. Il aime comme son prénom se module entre ses lèvres. Il descend le long de son torse, trace un chemin de baisers entre ses pectoraux, sur ses abdominaux. Il constate avec plaisir qu'il a retrouvé la belle musculature qu'il avait en partie perdue lors de la période difficile précédent son départ et notamment lors de son séjour à Tokyo. Il a toujours aimé le corps finement ciselé de son homme. Il descend jusqu'à sa verge gorgée qu'il vient sentir avec un gémissement gourmand avant de la lécher de haut en bas. Les doigts de Daiki se referment aussitôt dans ses cheveux, tirant un peu douloureusement. Il grogne légèrement mais apprécie cette sensation sur son cuir chevelu.
« Oh fuck… J'te préviens… Ça fait un bout de temps… j'vais pas tenir longtemps... »
Il regarde son homme en souriant.
« On a toute la nuit… »
Daiki lâche un cri étranglé quand il enveloppe de sa langue son gland humide. Il sourit, un petit sentiment de jubilation fait naître de petits papillons dans son ventre. Il vient doucement caresser ses testicules de ses doigts, la réaction de son homme ne se fait pas attendre alors qu'il ouvre un peu ses cuisses tremblantes et gémit de plaisir. Il est ravi de voir qu'il connaît encore par cœur son corps et les petites choses auxquelles il est particulièrement sensible. Il prend doucement sa queue entre ses lèvres et l'avale lentement, serrant ses lèvres autour de lui et creusant ses joues. Il crispe un peu sa main sur la cuisse de son homme, appréciant de pouvoir de nouveau le savourer. Il n'a jamais été aussi friand de donner une fellation que depuis Daiki. Il savoure sa queue avec dévotion, mais rapidement Daiki tire un peu plus ses cheveux et marmonne d'une voix désespérée.
« Taiga… Fuck… J'vais jouir… »
Il serre un peu plus ses lèvres autour de lui et l'aspire avec plus de motivation encore. Daiki laisse un râle de plaisir remplir la pièce alors qu'il se cambre, plongeant par réflexe sa verge plus loin au fond de sa gorge. Il l'accepte sans sourciller et enfin il sent son sperme couler dans sa gorge.
Il halète un peu en relâchant le sexe de Daiki, mais il le regarde avec un sourire triomphant. Daiki, tout aussi essoufflé rigole en remarquant ce sourire.
« Fuck you ! J't'avais prévenu ! »
Il pose un baiser sur son ventre et remonte jusqu'à ses lèvres pour l'embrasser avec gourmandise.
« Yeah… Tu m'avais prévenu… N'empêche que j'adore te faire jouir comme ça…
— J'adore que tu me fasses jouir comme ça… »
Daiki regarde ses lèvres et les caresse du bout des doigts, il rougit un peu alors que son regard remonte sur le sien.
« T'es tellement doué de ta bouche et de ta langue… J'adorerai… Que tu me lèches… Tu sais ? »
Il sourit devant la gêne de son homme, oh oui il sait.
« J'adorerai aussi Daiki… On peut essayer maintenant…
— Yes ! »
Daiki vient l'embrasser avec fougue et mord sa lèvre, puis il le repousse pour se mettre à quatre pattes. Il rit un peu devant l'enthousiasme et l'impatience de son homme, qui malgré sa gêne à réclamer cette gâterie, n'hésite pas à se mettre à genoux pour l'obtenir. Il embrasse doucement le bas de son dos.
« Eh bien… T'es pressé.
— Ça fait longtemps que… j'ai envie d'essayer… »
Il relève les yeux sur Daiki qui le regarde par-dessus son épaule.
« Depuis que j'ai commencé à… Tester des trucs… J'en rêve. »
Il hoche la tête et embrasse doucement ses fesses, il presse son nez entre celles-ci savourant son odeur plus forte et délicieusement érotique. Il répond, un peu surpris que sa voix soit si rauque : « J'ai depuis longtemps très envie de te goûter aussi Dai... »
Il n'attend pas plus pour glisser sa langue sur l'anneau musculaire étroit, la dardant doucement pour le caresser en douceur.
Daiki
La sensation est juste incroyable. Il gémit et se cambre involontairement. Au cours de ses jeux, il s'est découvert extrêmement sensible sur cette partie de son anatomie, aussi bien sans qu'avec pénétration. Il a regretté de ne pas avoir osé demander à Taiga de le prendre avant de prendre les voiles.
Il a imaginé, mais il était loin du compte. La sensation de cette langue chaude sur son intimité est délicieuse. Le muscle humide et adroit lui provoque des frissons intenses de plaisir. Il resserre ses poings sur la couverture et halète.
« Oh Taiga… C'est trop bon… »
Il pousse son bassin en arrière cherchant à en avoir plus et Taiga le lui accorde volontiers en s'introduisant en lui. Il n'a même pas honte de crier de plaisir à cette sensation.
« Oh fuck oui ! »
Les doigts de Taiga agrippent durement ses hanches alors qu'il plonge sa langue un peu plus loin en lui, il la sent agile, caresser ses parois internes si sensibles et vibrer en lui. Il laisse sa voix exprimer librement tout le plaisir qu'il prend aux caresses de son homme, délicieuses et à la fois bientôt si frustrantes.
« Taiga… Please… More… »
Les mots se bousculent et s'échappent un peu maladroitement et sans qu'il n'en comprenne réellement le sens. Il n'est pas sûr de ce qu'il réclame, il sait juste que ce n'est pas suffisant. Et bientôt, il sent que Taiga glisse un doigt en lui, lui apportant un soulagement certain qu'il accueille d'un nouveau cri d'approbation. Ce doigt l'explore un peu, semble chercher quelque chose et soudain, il gémit de plaisir alors qu'il effleure sa prostate. Il sent son intimité se resserrer sur le doigt de son homme par réflexe. Il se sent palpiter autour de son appendice.
« Taiga… En-encore… »
Taiga pose un baiser sur sa fesse puis, sur le bas de son dos et doucement remonte sur jusqu'à sa nuque alors qu'il vient le doigter avec habileté en le faisant gémir de plaisir encore et encore. Et sa voix brûlante de désir, basse, grave, délicieusement érotique vient murmurer à son oreille.
« Fuck… T'as pas menti Dai… T'aimes vraiment ça… J'ai hâte de te prendre… »
Et alors que quelques instants plus tôt, il appréhendait un peu, la peur l'a totalement quittée à présent, il se sent avide de luxure, impatient d'en avoir toujours plus. Ses hanches bougent toute seule pour faire aller et venir les doigts de son homme en lui, dont il a perdu le compte. Il a dû en ajouter un troisième, mais il n'est pas sûr, tout ce qu'il sait c'est qu'il veut se sentir encore plus comblé, encore plus étiré, encore plus aimé.
« Alors prends-moi… Taiga je veux te sentir en moi… Please… Donne m'en plus… »
Taiga mordille sa nuque et pince un peu plus fort en attendant ses suppliques, le faisant gémir entre douleur et plaisir. Mais bientôt, ses doigts le quittent et il laisse une plainte faire savoir son mécontentement alors qu'il se sent soudain trop… vide.
Alors très vite Taiga l'invite à se retourner et vient s'installer entre ses cuisses.
« J'ai envie de te voir Dai… »
Et il est parfaitement d'accord avec ça. Il agrippe sa nuque et l'attire à lui pour un baiser, absolument pas gêné de sentir son propre goût sur ses lèvres au contraire. Il soulève le bassin pour aller à rencontre de celui de son homme et enfin, la verge de Taiga couverte de latex et de lubrifiant se presse contre son intimité. Il gémit de plaisir à sentir de nouveau une friction sur son anus.
Taiga libère ses lèvres et le regarde, avant de glisser sa main entre eux pour guider son sexe en lui et doucement il sent l'extrémité de son sexe ouvrir ses chairs pour se frayer un chemin en lui. Il pousse un gémissement de plaisir, il aime cette sensation. Il sent son corps s'étirer pour le laisser passer, il sent son muscle être un peu forcé et la sensation l'électrise, intensifiant le plaisir.
La verge de Taiga s'impose en lui. Et malgré la légère douleur, il savoure chaque centimètre de la pénétration autant que la sensation un peu inconfortable au début de se sentir comblé par le membre large, long et si chaud de son homme.
« Taiga… »
Entièrement en lui, Taiga halète dans son cou, l'une de ses mains mêlée à la sienne.
« Dai… Fuck… Je vais pas tenir longtemps… C'est trop bon… »
Il masse doucement sa nuque et vient refermer ses cuisses autour de ses hanches et commence à onduler.
« Ok Taiga… On a toute la vie devant nous… »
La main de Taiga serre un peu plus forte la sienne et il commence à aller et venir en lui, lui arrachant des gémissements de plaisir. La sensation est jouissive, intense alors que la verge de son homme vient frôler sa prostate à chaque mouvement.
Il perd la notion du temps alors que Taiga, qu'il encourage de ses suppliques et ses gémissements va et vient en lui. La voix de Taiga chaude résonne à son oreille de plaintes de plaisir. Son regard est brûlant et il aime voir ses yeux rubis le regarder avec autant de luxure. Il est surpris quand la main de Taiga s'enroule autour de son sexe.
« T-taiga… »
Et il ne faut que deux coups de poignets pour qu'il se répande entre leur deux ventres, se resserrant autour de la verge imposante en lui. Et il comprend quand son homme tremble au-dessus de lui qu'il n'attendait que ça pour jouir à son tour.
Il halète dans le cou de Taiga. Il reste un moment enlacé, jusqu'à ce que son homme se retire doucement pour se débarrasser du préservatif, puis ils reviennent se blottir l'un contre l'autre. Taiga remonte la couverture sur eux et embrasse doucement son torse.
« Je t'aime Daiki…
— Je t'aime Taiga. »
Il sent les bras puissants de Taiga se resserrer autour de lui, comme s'il avait peur qu'il disparaisse. Il répond à son étreinte de la même manière. Il comprend la crainte de son homme, même si ça lui fait un peu mal au cœur, il faudra un peu de temps, mais Taiga réalisera qu'il ne compte plus s'en aller.
Il serre Taiga dans ses bras et il contemple la lune à travers la fenêtre et se laisse emplir de la sensation de bien-être et de sérénité que lui apporte ce lieu, l'ambiance particulière autant que son homme. Il aime le calme de ce petit coin de forêt bercé des rayons de lune et qui est à présent son foyer. Il aime cet astre nocturne qui veille sur leur sommeil.
Il masse doucement la nuque de Taiga, regardant la cime des arbres danser derrière la fenêtre en ombres chinoises. Il sent doucement son homme se détendre entre ses bras et sa respiration ralentir alors qu'il sombre doucement dans le sommeil. Il veille un moment sans relâcher son étreinte sur lui profitant de le sentir un peu apaisé entre ses bras.
Il est rentré.
