Diclamer: rien n'est à moi, tout est à JK Rowling!

Coucou vous tous! (bon, je sais pas si vous êtes beaucoup à me lire, mais l'espoir fait vivre...) Je tenais simplement à vous dire que les réponses aux reviews se feront sur mon LJ, donc si vous avez le courage d'y faire un tour, vous y trouverez mes admirations face à vos encouragements... Merci et bonne lecture! (vive le chocolat et les crêpes)


Chapitre 7 : Fusion

Deux semaines après le match amical de Quidditch, le peu de personnes qui habitaient Poudlard en cette mi août en parlaient encore avec animation, une pointe d'admiration mal contenue dans la voix. Nina dépassait le niveau de Harry. Elle était un redoutable poursuiveur, un excellent attrapeur, une gardienne parfaite. La seule chose où elle n'excellait pas était le poste de batteur. Ce jour là, elle a relevé le défi de former une équipe à elle seule, à condition d'avoir deux batteurs à ses côtés ; elle s'occuperait du reste. Les jumeaux s'étaient retenu de rire, mais avaient accepté la proposition. Ils ne s'esclaffèrent pas longtemps. En une minute, Nina menait vingt à zéro ; elle slalomait entre les trois rôles de poursuiveur, attrapeur et gardienne sans la moindre difficulté, volait de manière assurée, élégante et rapide. Harry en était resté bouche bée, interdit. Ce fut Nina qui saisit le vif d'or. En tout, avec une équipe de trois contre sept, elle l'avait remporté cent quatre vingt à vingt. Cependant, elle ne s'en vantait pas. Elle demeurait discrète, renfermée, presque froide.

Dumbledore l'avait convoquée une seule fois. Elle était ressortie du bureau les larmes aux yeux, livide. Harry s'était précipité, mais Rogue l'avait retenu par le col de sa robe et fait comprendre qu'elle ne connaissait toujours pas sa destinée, ni son incroyable pouvoir. Harry ne sut donc pas ce qui avait mis la jeune fille dans un tel état, alors il se jura de ne pas lui en parler, de peur de la blesser.

Tout se passait bien jusque là. En l'espace d'une nuit, tout bascula.

- 'nuit Harry, bâilla Ron en s'allongeant de tout son long sur son lit à baldaquin.

- Toi aussi !

Harry s'emmitoufla dans les draps pourpres, avala une longue inspiration et ferma ses magnifiques yeux verts scintillants. Ce matin, le directeur l'avait prévenu que ses cours de légilimencie avec Rogue reprendraient dès la rentrée, ce qui ne lui avait pas vraiment remonté le moral. Ses séances avec lui, l'année dernière, s'avéraient toujours particulièrement éprouvantes… Il ne souhaitait pas les poursuivre…

Harry se surprit à songer à Nina. Cette fille était mystérieuse, cependant… Elle était gentille, courageuse, sûre d'elle. Elle avait lié une amitié sérieuse avec Ginny, mais Ron, étrangement, semblait se méfier d'elle. Les jumeaux avaient tenté de la séduire, mais d'un seul regard meurtrier, Nina les avait repoussé de son espace vital pour l'éternité. Nina… Voldemort… Hum…

Un cachot ? Cet endroit… si sombre qu'aucune lumière ne filtre en son sein… une atmosphère de tension extrême, morbide, infecte… l'humidité y règne en maître… Harry n'est qu'un observateur, son corps s'avère immatériel. Des fils de soie luisent dans l'obscurité, pareil à des diamants, unique source de luminosité, dévoilant des araignées aussi grosses qu'un vif d'or. Harry ne se sent pas bien… Soudain, son regard s'attarde sur un point fixe, traversé par deux segments de sang. Il sursaute en lui-même. Des yeux… ? Les mêmes prunelles effilées réapparaissent, rubis ciselés dans un vide noir comme l'encre. Un souffle rauque se fait entendre… Harry a du mal à respirer, tant la tension est étouffante. Il recule son champ de vision. Près des iris vermeil, un spectre luminescent, transparent, où grouillent des serpents vert et argent qui sifflent furieusement, se matérialise sous le regard incrédule du survivant. Des cheveux gras, dénués de matière… accompagnés de bras décharnés… des yeux exorbités, d'un noir anéanti…

- Ha… Harry… éructe l'esprit.

- Souviens toi de ça, chuchote une voix cinglante qui appartient certainement aux yeux écarlate.

- NOOOON !

- Harry ! Harry !

Ron luttait pour éviter les coups que Harry lui assenait sans s'en rendre compte. Il hurlait de toutes ses forces, livide comme un mort, les yeux exorbités, couvert d'une sueur glacée. Le rouquin, désemparé par l'attitude de son meilleur ami, ne parvenait pas à l'approcher d'assez près pour le secouer. Une personne ultérieure semblait se glisser dans le corps de Harry… Il devait le réveiller… Une idée frappa Ron comme une note de musique. Il se rua hors du dortoir où Harry s'époumonait toujours, enjamba la salle commune, posa un pied sur une marche… et s'échoua misérablement sur le sol. Ron jura entre ses dents. Il n'avait pas accès au dortoir des filles ! Harry étranglait sa voix… d'après le fracas sourd qui résonnait des murs, il balançait tous les objets à sa portée.

- Ni… Nina ! s'écria Ron en se relevant péniblement.

Aussitôt, la jeune fille apparut à l'angle de la porte en chêne massif, sa baguette pressée dans sa paume, les cheveux ballants et brillants, vêtue d'une robe de nuit courte et décolletée d'un bleu profond. Ron se força à ne pas y prêter attention. Nina sauta jusqu'au bas des marches et, sans un seul regard pour le garçon aux cheveux de feu, elle se précipita vers le dortoir des garçons. Elle s'apprêtait à tourner la poignée lorsqu'un silence de mort s'installa brusquement dans tout Poudlard. Les cris de Harry cessèrent si net que Ron sursauta. Nina déglutit difficilement, poussa la porte avec précaution et s'immobilisa sur le palier. Par-dessus l'épaule de la jeune fille, le rouquin jeta un bref coup d'œil qui lui révulsa l'estomac. Harry, debout au centre de la pièce, arborait un sourire diabolique, les yeux teintés de sang, des mèches de jais collées sur son front moite de sueur.

- Tu ne m'auras pas… murmura – t il dans un souffle.

- Vas – t'en ! rugit Nina.

Immédiatement, le sourire pendu aux lèvres de Harry s'effaça. Son expression devint figée d'horreur mais ses membres se détendirent. Il gémit faiblement, ses yeux se révulsèrent en reprenant leur habituelle couleur émeraude et il s'effondra avec grâce sur le parquet poussiéreux de la salle. Nina bondit pour retenir la tête du Survivant de justesse avant qu'elle ne se fracasse au sol. Ron dut s'appuyer au chambranle de la porte pour ne pas s'écrouler de peur. Ils avaient fusionné.

- Ca… ça va ? Ressaisis toi ! suppliait Nina, la tête de Harry posée sur ses genoux.

Harry entrouvrit des yeux de jade vitreux. Des perles liquides suintèrent lentement de son regard d'une infinie tristesse, qu'il ne tenta pas de dissimuler. Sa douleur à l'instant où Voldemort s'était emparé de son être n'était pas humaine. Indescriptible. Elle dépassait l'imaginable. Chaque parcelle du corps de Harry bouillonnait de souffrance, sa cicatrice brûlait comme une zébrure incandescente sur son front glacé. Il avait souhaité mourir de toutes ses forces l'espace d'une seconde. Ne plus endurer ce mal enlacé à ses entrailles. Son corps n'obéissait plus aux ordres de son cerveau embrumé. Il n'était plus maître de rien. Simplement un pantin manipulé par la volonté du Seigneur des Ténèbres. Nina constituait l'unique chose en ce monde capable de le repousser. Par sa présence et sa voix, Voldemort avait faibli autant qu'un roseau plie sous une rafale.

Qui était cette fille. Une armure de chair, d'os et de sang ? Non. Elle était bien plus que ça.

Le regard de Harry filtra celui de Nina. Ces yeux magnifiques, bleu pastel, vert pâle, jaune clair, luisaient dans l'obscurité, inquiets … Machinalement, la jeune fille caressa les cheveux de Harry, les larmes aux yeux. Elle le cachait tant bien que mal, mais la peur qu'elle venait d'éprouver lui soulevait encore l'estomac. Harry s'abandonna l'espace de quelques secondes dans les bras de Nina, si douce, si fragile… il connaissait par avance le destin tragique qui l'attendait… Pourquoi ! Elle avait le droit de savoir ! Elle mourrait à cause de lui… Il était en train de la tuer… Lentement, sans qu'elle ne s'en doute…

- Ca fait mal… gémit Harry en plaquant ses mains sur ses yeux rougis de fatigue et de tristesse.

Nina interrompit son geste et retira brusquement sa main des cheveux de jais de Harry, interloquée. Pourtant ce n'était pas cet acte le responsable de la souffrance du garçon pelotonné contre elle. La douleur mentale le rongeait comme un parasite incurable, qui ne le quitterait peut être jamais. Ce mal intérieur… il y résistait depuis son enfance… sans parvenir à le vaincre.

- Pardon… d'être un tel être humain…

Nina eut l'impression qu'on déversait en elle des litres de glace. Cette phrase prononcée par Harry, secouée de tremblements…

- Harry… Je te jure qu'on Le tuera. Ensemble. Je t'en fais la promesse. Il n'a pas le droit de torturer ton esprit, ni celui de te faire endosser la mort de ceux que tu aimes, même s'il s'appelle Voldemort, murmura Nina, tremblante.

A l'entente de ce nom, après ce qu'il venait de voir, Ron ferma ses yeux turquoise et glissa le long du mur, la tête entre les mains. Harry se redressa péniblement ; des étoiles dansèrent devant ses yeux grisés d'épuisement. Comment avouer à cette fille merveilleuse qu'elle mourrait par sa faute, à cause du caprice de tout le monde sorcier à le maintenir en vie, lui, Harry Potter ? Elle n'était qu'un jouet entre leurs mains, une protection entre les siennes. Dégoûté de lui-même, Harry recula, s'efforça de ramper jusqu'à son lit à baldaquin dont les voiles pourpres immobiles le surplombaient, et s'enfonça dans le matelas, affaibli, nauséeux. Nina se pinça les lèvres, soucieuse, tandis que Ron s'écroulait parmi ses draps grenat, livide. Elle jugea préférable de les laisser se reposer tous les deux, mais à peine franchit elle le seuil du dortoir des garçons qu'une voix étranglée l'interpella :

- Attends, s'il te plait…

Nina fit lentement volte face, ses cheveux châtains foncés se clairsemaient sur ses épaules et son front dégagé. Elle approcha du lit de Harry, une boule nerveuse dans la gorge, et s'agenouilla sur le parquet irrégulier.

- S'Il revenait, je refuse que tu interviennes, chuchota Harry, conscient que son esprit n'était pas assez hermétique pour l'interdire d'accès au Lord Noir. C'est ma faute, je n'ai pas suivi mes cours d'occlumencie… Excuse moi…

- Je crois que je commence à comprendre mon rôle dans cette histoire, murmura Nina. Voldemort… On dirait que je l'effraie…

L'estomac de Harry se noua. Nina apprendrait trop vite la vérité… si elle s'enfuyait… il serait obligé de se défendre seul, comme les autres années vécues à Poudlard. Il s'apercevait qu'il n'y parviendrait plus longtemps, privé de Sirius. Son parrain qui apparaissait dans ce rêve inhumain. Cette vision avait fait céder son esprit à Voldemort, si facilement, sans qu'il ne sache la signification de ce cauchemar épouvantable.

- Bonne nuit Harry, reprit Nina dans un souffle. Je serais là.

La jeune fille déposa un baiser aussi léger qu'un papillon sur sa joue, ce qui débloqua les battements interrompus du cœur du Survivant. Nina s'éclipsa de la chambre d'une démarche gracieuse, sans se retourner, abandonnant Harry terrifié à l'idée de s'endormir, l'esprit embrumé de questions sans réponses, la peau encore frémissante de ce cadeau furtif.

Cette nuit, où la lune pleine et ronde laissait une larme pâle s'échouer contre l'atmosphère éteinte, deux êtres souffrirent plus que dans l'existence d'une vie sur la Terre.


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