Voilà la dernière partie du « Petit dîner ».

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Chanson d'un Soir

Chapitre 13 : Petit dîner romantique... entre Amis , Partie III


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Du côté de Kaiba

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Seto et son frère sillonnaient maintenant les rues à la recherche du petit chien de Mokuba. Cela faisait maintenant plusieurs dizaines de minutes qu'ils le cherchaient, en vain. Vulcain semblait avoir un certain goût pour les fugues, et cela exaspérait l'aîné des Kaiba. Ce dernier soupirait d'ailleurs plusieurs fois, bien calé au fond de son siège dans la luxueuse limousine qui les conduisait. Mokuba lui, croisait et décroisait les coudes, ne quittant jamais la route des yeux. Il n'osait pas regarder Seto en face, sachant très bien que celui-ci était contrarié par ce contretemps. Son frère aurait dû être assis à une table en train de parler affaires avec d'autres hommes de son statut, des meetings auxquels le jeune Kaiba n'avait jamais voulu participer malgré les insistances de son frère qui voyait en lui son successeur à la tête de la KaibaCorp.

Mokuba, sur un énième soupir de Seto, se retourna, un air de culpabilité dans les yeux.

- Seto, murmura-t-il. On devrait s'arrêter et rechercher Vulcain à pied…

- Pas question ! dit le jeune président d'un ton sans réplique.

- Mais…on ne voit rien d'ici, grand frère ! protesta Mokuba.

- Petit frère, il fait nuit et je refuse de sortir de cette limousine. Souviens-toi que tout ceci m'a fait perdre assez de temps comme ça. Par ailleurs, il est hors de question que tu ne sortes tout seul dans le noir… On ne sait jamais…

- Alors viens avec moi !

Seto fronça les sourcils et regarda Mokuba sévèrement.

- Mokuba, cette responsabilité t'appartenait ; tu n'as pas su la tenir. A toi d'en assumer les conséquences. Je ne tiens pas à passer toute la nuit à chercher ce stupide chiot. Et je dois aller à ce meeting que je ne peux manquer sous aucun prétexte ! C'est pourquoi, Jiro va te ramener immédiatement au manoir…

- Mais… mon chien… protesta encore Mokuba, mais cette fois-ci, le regard embué de larmes.

- Il attendra demain, coupa le jeune président.

« J'ai assez perdu de temps comme ça à chercher cet animal »

Les paroles de Seto étaient fermes, et même Mokuba ne trouva pas le courage de s'y opposer.

- Et cesse de pleurnicher, Mokuba ! Tu n'es plus un enfant ! dit-il, mais cela se rapprochait plus d'un ordre que d'une simple demande.

Le petit garçon sentit la tristesse l'envahir, mais il ne pouvait pas en vouloir à Seto, car ce dernier avait raison. C'était sa faute si Vulcain s'était enfui, il ne l'avait pas assez surveillé, et le résultat était là : le chiot passerait certainement la nuit dehors, ce à quoi Mokuba ne pouvait se résoudre.

- Faites demi-tour jusqu'au manoir, ordonna Seto , de sa voix glaciale, à Jiro, le chauffeur.

Celui-ci hocha la tête silencieusement et manœuvra aisément la limousine. Cela faisait des années qu'il était au service de Messieurs Kaiba, et il était habitué à ce genre d'ordres secs et froids que son jeune patron lui donnait. Mais il ne s'en plaignait pas, bien au contraire. Il gagnait en conséquence un salaire plus qu'honorable, et Kaiba semblait satisfait de son travail. D'autant plus que Jiro était entièrement dévoué envers ses deux jeunes patrons. Néanmoins, ses années de service l'avaient fait s'attacher à Mokuba, et c'est pourquoi, il eut de la peine pour le petit garçon qui faisait de gros efforts pour retenir ses larmes.

La limousine reprit le chemin du manoir, et Mokuba s'adossa à son siège, en sanglotant. Le visage de Kaiba, lui, ne semblait éprouver aucune émotion particulière. Le jeune homme se contenta de sortir son téléphone portable et composa le numéro de l'homme d'affaires qui organisait le meeting auquel il était censé être. Une voix aussi sèche que celle de Kaiba se fit entendre.

« Takahashi. » (1)

- Ici Kaiba, répondit sobrement Seto.

« Ah, M. Kaiba… Il ne manque plus que vous… »

La voix était glaciale, et Seto parla de la même manière.

- Je suis au courant…dit-il. J'ai eu un léger contretemps…

Ce faisant, il adressa un regard de reproche à Mokuba, qui n'osa pas le regarder dans les yeux.

« Ne vous en faites pas… Nous ne nous serions pas permis de commencer notre petite réunion sans votre imposante présence… » répondit l'autre, d'une voix mielleuse.

- Gardez vos flatteries pour vos amis, Takahashi. Je serai dans votre salle de réunion d'ici à vingt minutes. Vous avez tout intérêt à ne pas avoir entamé les négociations lorsque j'y entrerai.

« Bien sûr, , jamais je ne le permettrais… »

Seto mit alors fin à la conversation, ne se posant même pas la question de savoir si oui ou non, Takahashi avait fini sa phrase.

« Je déteste les formules de politesse et les beaux discours de cet hypocrite… »

Puis le jeune homme se tourna vers son frère.

- Estime-toi heureux, Mokuba… Ton irresponsabilité ne m'a pas causé trop de torts…

Le petit garçon ne dit rien, et préféra porter son regard à travers la vitre teintée de la limousine, et regarder le paysage enveloppé par les ténèbres à peine percées par les lumières des lampadaires, défiler devant lui.

Soudain une petite ombre passa devant ses yeux à la vitesse d'un éclair, mais Mokuba reconnut cette forme.

- SETO ! s'écria-t-il.

- Qu'y a-t-il encore petit frère ? lança celui-ci, contrarié.

- C'est Vulcain… Je viens de le voir… Il est passé… Jiro, arrêtez la voiture ! cria-t-il.

Mokuba ne tenait plus en place, ce qui amena l'exaspération de son frère à son comble.

- N'essaie pas de gagner du temps, Mokuba ! siffla Seto. Ca suffit maintenant ! Rentrons !

Jiro avait arrêté le véhicule à cheval sur un trottoir, ce qui était quelque peu étrange pour une limousine….

- Et vous, dit le jeune président froidement en s'adressant au chauffeur, je vous ordonne de repartir immédiatement !

- Mais Monsieur…

- Silence ! coupa –t-il. Si vous tenez à votre poste, je vous conseille de redémarrer sur le champ !

- Seto… c'est vrai je te le jure… intervint la toute petite voix de Mokuba, qui semblait fondre en larmes.

- Monsieur, dit le chauffeur calmement, de l'avant du véhicule, si je peux me permettre, j'ai également vu l'animal de votre frère…

- Je ne vous ai pas permis de parler ! dit Kaiba.

Mais déjà, Mokuba avait ouvert la porte du véhicule et s'était précipité à l'extérieur. Entre le lieu où il avait vu son chien et celui où la limousine s'était arrêtée, ils ne devaient pas avoir parcouru plus de 200 mètres.

Le petit garçon scruta les alentours, envahis par l'ombre, alors que Kaiba se précipitait hors de la limousine.

- Mokuba, rentre immédiatement ! ordonna-t-il.

Mais le jeune Kaiba n'était pas le frère de Seto pour rien : il avait hérité de l'obstination de son aîné et en fit une belle démonstration.

- Je vais aller le chercher, dit-il en serrant les poings.

Il se tourna vers son grand frère, et déclara :

- Et ce n'est pas toi qui m'en empêchera !

Et sans un mot de plus, il s'enfuit.

- Mokuba ! hurla Seto.

Il se lança à sa poursuite sous l'œil déconcerté de Jiro, mais bientôt Mokuba disparut dans la nuit, et Kaiba fut incapable de déterminer dans quelle direction il avait filé. Il essaya plusieurs chemins sans succès puis se résigna : Mokuba avait disparu.

Hors de lui, le jeune homme revint vers le véhicule. Il bouillait de rage, tellement que le chauffeur en éprouva de la peur. Rageusement, Seto frappa l'arrière de la limousine avec son pied, si fort que le pare-chocs se cassa et tomba avec un grand fracas sur le sol. Puis, sans prendre la peine de constater les dégâts, il remonta dans le véhicule, referma violemment la portière sur lui et croisa les bras contre son torse. Il respira bruyamment afin d'essayer de se calmer, mais ses yeux étaient emplis de colère.

Les minutes s'écoulèrent. Un silence régnait. Le chauffeur n'osait pas faire le moindre geste, de peur de subir les foudres de son patron, qui semblait sur le point d'exploser. Seto fixa le vide intensément, calé au fond de la banquette arrière de la limousine.

« Mokuba… J'espère que tu prendras ton temps pour revenir…parce que quand tu reviendras… »

Il était furieux, mais il n'y avait rien qu'il ne pouvait faire. Si, une chose : attendre.

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Du côté de nos amis

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Au « Tori » la tension était palpable. Et le cœur de cette tension se situait précisément à la table numéro 7, où étaient installés Yami, Serenity, Tea, Duke et Tristan. Trois étaient de trop. Et Duke en avait plus qu'assez de cette situation.

Yami et Tea esquissaient des sourires gênés, tandis que Serenity se tortillait, mal à l'aise, sur sa chaise. Tristan, quant à lui, jetait, de temps à autre, un regard assassin à Duke, qui le lui rendait bien.

Tous étaient silencieux.

De l'autre côté de la palissade, la table numéro 8. Mai et Joey y retenaient leurs souffles et n'osaient échanger une parole par peur de se trahir. Dix minutes qu'ils étaient là, et Joey tendait constamment l'oreille vers la table voisine, qui lui était pourtant invisible.

Et justement, à la table voisine, Tea se décida à rompre le silence.

- Bon…et si on commandait ? suggéra t-elle à Yami.

Avant même que celui-ci n'ait le temps de répondre quoique ce soir, Duke lui lança un sourire sarcastique.

- Même en commandant le menu le moins cher, tu n'aurais pas les moyens de le payer… ricana-t-il.

Tea haussa les épaules.

- Justement… A toi de faire jouer tes relations afin de…euh…nous faire sauter l'addition…

- Désolé, mais votre venue n'était pas vraiment prévue dans mes projets, Tea… dit le Maître des Dés.

- Vas-y Duke… intervint Tristan. Parle-nous donc de tes projets… fit-il d'une voix sarcastique.

- Je ne t'ai pas sonné toi… répliqua froidement Duke.

Serenity, restée silencieuse, leva les yeux, et ses lèvres s'entrouvrirent.

- Duke, dit-elle. Je sais bien que cette soirée ne s'est pas déroulée comme prévu, mais maintenant que tous nos amis sont là, je voudrais profiter de leur présence, et que nous parlions, plaisantions, même si ce n'est pas cela qui était prévu au départ. C'est stupide de nous disputer pour de telles broutilles…

Elle leur lança à tous un regard déterminé.

- Alors faisons comme si rien ne s'était passé. Ce qui compte c'est que vous soyez là avec moi…

Ils la regardèrent tous, surpris, Yami et Tea hochèrent silencieusement la tête, mais Duke et Tristan semblaient plus réticents. Cependant, ils se détendirent quelque peu, faisant l'effort pour la jeune fille qu'ils convoitaient tous les deux. Celle-ci leur sourit, et à la table voisine, Mai ne put s'empêcher de glisser à l'oreille de Joey :

- Tu éprouves toujours le besoin de veiller sur ta sœur ? chuchota-t-elle. Je trouve qu'elle s'en tire plutôt pas mal…

- Mouais… répondit le blond.

En réalité, il était très fier de sa sœur. Elle avait une sacrée volonté, et il savait au fond de lui qu'il n'avait pas à se faire du souci pour elle. Alors il ressentit une pointe de culpabilité à l'espionner comme il le faisait.

- Bon, soupira Mai. Maintenant qu'ils ont l'air de s'être un peu détendus, je suggère que nous passions commande nous aussi…

- Mais Mai, tu es folle ! protesta le blond. On n'est même pas sensé être là… et je tiens pas à me faire repérer… ajouta-t-il, embarrassé.

- Ne serait-ce pas un semblant de honte que je décèle dans ton regard ? demanda Mai, malicieusement. Avoue-le… tu n'es pas très à l'aise à l'idée de surveiller ta sœur…

- N'importe quoi ! se défendit-il, en prenant garde toutefois à ne pas trop élever la voix.

- Soit, dit-elle. Après tout ce n'est que mon avis…

Cela suffit à exaspérer Joey :

- Bon, arrêtons ça et commandons, veux-tu ? marmonna-t-il.

Mai se contenta de sourire ; il savait qu'elle avait raison. La jeune femme commença à feuilleter la carte, mais fronça les sourcils lorsque ses yeux se posèrent sur le prix des menus.

- Mais c'est horriblement cher ! s'exclama-t-elle.

Joey lui lança un regard de reproche : Mai semblait avoir oublié que Serenity et tous les autres étaient placés à moins de deux mètres d'eux. Puis, le blond se pencha par-dessus la table :

- Et c'est toi qui paye, murmura-t-il, triomphalement, en esquissant un sourire.

- Humpfff, je ne te connaîtrais pas, je dirais que tu es tout sauf un gentleman…

- Je prends ça pour un compliment, dit Joey en haussant les épaules.

A son tour, il saisit la carte, et son regard s'arrêta sur un copieux menu.

- Mmmmm miam… je prendrais bien ce fameux sauté de veau à la crème que j'ai senti tout à l'heure dans les cuisines…

Mai se retint de crier.

- Mais tu es fou ! C'est un des plats les plus chers !

- Et alors ? dit le blond, en s'appuyant sur le dossier de sa chaise et en croisant les bras derrière sa tête. C'est toi qui paye, répéta-il, se moquant légèrement.

Mai fulminait.

- Tu me revaudras ça, dit-elle, en serrant les dents. Puis son visage s'éclaira malicieusement : J'ai bien envie de me lever et d'aller dire à Serenity qui est en train de l'espionner juste derrière cette palissade…

Joey perdit de sa superbe.

- Tu n'oserais pas ?

La jeune femme rejeta ses longs cheveux blonds en arrière, et arbora un regard hautain.

- Si tu te montres plus raisonnable dans le choix de ton menu, je pourrais reconsidérer cette menace…

Joey savait que son amie pouvait mettre sa menace à exécution, mais en même temps, il y tenait à son petit sauté de veau à la crème ! Ce n'était pas tous les jours qu'il mangeait dans un restaurant comme ça. En fait, il n'y avait jamais dîné, et donc, raison de plus pour en profiter. Seulement voilà, l'argent qui servirait à payer l'addition n'était pas à lui…

- Alors ? interrogea Mai, en posant ses coudes sur la table.

- Humpff… grommela Joey. Passe-moi cette stupide carte !

Mai eut un sourire triomphant et lui tendit ce qu'il demandait.

- Les menus les moins chers sont en bas de la première page, rajouta la jeune femme en se retenant de rire.

Il lui lança un regard noir. Un serveur les remarqua, et vint vers eux.

- Je ne me souviens pas avoir vu Monsieur et Mademoiselle rentrer dans ce restaurant…

- Oh, vous savez, dit Mai, en prenant Joey par le cou, nous passons toujours inaperçus…

- Mmmm… fit le serveur, peu convaincu, et jetant un regard désapprobateur sur la tenue de Mai et Joey, pas très appropriée à ce genre d'établissement.

Mais après tout, ils étaient installés à cette table, ce qui signifiait qu'ils étaient des clients comme les autres, et donc, source d'argent pour le « Tori ». C'est pourquoi, le serveur ne se posa plus de questions et leur demanda :

- Avez-vous choisi ?

- Je prendrais volontiers… un sauté de veau à la crème, déclara Mai en souriant innocemment, au grand dam de Joey, qui la foudroya du regard.

Elle se moquait de lui ! Elle prenait un des menus les plus chers alors qu'elle le lui avait interdit à lui.

- Et pour Monsieur ? interrogea le serveur, en levant les yeux de son carnet.

Décidément aucun menu ne lui plaisait sur la liste que lui avait indiquée Mai. « Salade à la japonaise « « Feuilleté aux épinards »« Tarte aux poireaux »… il n'y avait que des menus pour végétariens ! Des menus qui ne correspondaient pas au féroce appétit de Joey, le bon vivant !

- Euh…fit Joey, le regard embarrassé. Vous faites les steak frites ?

Le serveur eut l'air outré, voire offensé, tandis que Mai se retenait encore une fois de rire.

- Monsieur plaisante, sans doute ?

- Hé regardez moi bien dans les yeux ! fit Joey à son tour vexé qu'on ne le prenne pas au sérieux. J'ai l'air de plaisanter là ? Non, alors rapportez-moi un steak frites ! Vous allez bien me trouver ça, étant donné l'immensité de vos cuisines !

- Si je puis me permettre…commença le serveur, en s'efforçant de se montrer convaincant.

- Le client n'est-il pas sensé être roi ? coupa Joey.

L'homme ne trouva rien à répondre en retour, et ne put que s'éloigner, résigné, en marmonnant « …honte… ruiner notre réputation… »

Joey eut un sourire satisfait.

- Et bien voilà ! Il suffit de savoir d'y prendre…

- A ceci près que tes caprices auraient pu attirer l'attention de ta sœur… dit Mai, en secouant la tête.

Le jeune blond se mordit la lèvre, mais à la table voisine, les conversations se poursuivaient normalement.

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Et justement à cette fameuse table numéro 7, les conversations allaient bon train. Apparemment, le petit discours de Serenity avait réussi à détendre l'atmosphère dans laquelle ils avaient été plongés pendant des dizaines de minutes. Enfin, pas pour longtemps…

Un serveur avait apporté les commandes de Yami et Tea, et le débat pour savoir qui paierait l'addition avait toujours lieu :

- De toute façon, déclara Tea, tu ne vas pas avoir le choix Duke… Je n'ai pas d'argent sur moi.

- Et moi non plus, renchérit Yami.

- Si je comprends bien, intervint Serenity en souriant, vous avez décidé de venir dîner ici sans penser à emmener de l'argent ?

- Euh… balbutia Tea.

« Tea tu as TRES mal joué sur ce coup là », se dit la jeune fille.

- Euh… répéta Tea. Tu sais, on était tellement enthousiastes que ça nous est sorti de l'esprit !

- Ben voyons ! glissa Duke, en haussant les épaules.

Serenity, elle, quelque part, n'en avait rien à faire du pourquoi et du comment ses amis se retrouvaient tous là, assis à sa table. Intérieurement, elle avait souhaité, crié, que quelqu'un vienne la sortir de la situation dans laquelle elle se trouvait avant leur arrivée. Duke avait tout d'un parfait gentleman, mais il était d'un ennui ! Elle ne se le répèterait jamais assez. Et ses pensées étaient toujours tournées malgré elle vers une autre personne. Lui, toujours lui. Il la hantait. Depuis ce baiser, elle voulait le revoir, être avec lui. Elle savait que ce n'était pas bien, mais elle ne pouvait pas s'empêcher d'y penser. Il l'avait fait frissonner et aucun autre homme ne lui procurerait une telle sensation de joie et d'apaisement. Chaque parcelle de son esprit se remémorait ce moment, ce doux moment qu'elle aurait voulu éternel. Chaque jour, elle guettait l'instant où elle se replongerait dans ses rêves nocturnes, et où elle le retrouverait, et où elle lui dirait, lui répéterait, inlassablement, qu'elle voulait être avec lui, qu'elle voulait son amour, qu'elle voulait qu'ils soient ensembles, dans la réalité. Elle ne souhaitait qu'une seule chose à ce moment-là : rentrer chez elle et dormir. Dormir et aller le retrouver, même si son réveil ne serait que frustration et amertume.

« Je n'ai pas le droit de l'aimer… je n'ai pas le droit… je ne peux pas… »

Seulement l'amour est une chose qui ne se contrôle pas. On ne choisit pas d'aimer. C'est l'amour qui nous choisit. Elle se demandait ce qu'elle faisait là, avec Duke. Pourquoi avait-elle accepté de dîner avec lui ? Pourquoi, si ce n'est pour oublier cet amour qu'elle qualifiait d'interdit ? Minute : elle venait de penser « cet amour » ? Non. Non. NON. Elle ne l'aimait pas, c'était impossible. Pas lui. Pas cet homme froid et sans cœur. Pas cet arrogant. Pas ce riche président complètement snob. Pas… Seto Kaiba…

- Serenity, tout va bien ? interrogea la voix de Yami.

La jeune fille s'arracha de son rêve éveillé et constata que tous les regards s'étaient posés sur elle.

- Je… J'ai eu…un moment d'absence, bégaya–t-elle.

Elle sentit la chaleur lui envahir les joues. Ses mains étaient moites. Son cœur battait la chamade. Elle leva son regard vers Duke, qui lui fit un tendre sourire, mais tout ce qu'elle ressentit fut… du dégoût ?

La jeune fille se leva brusquement de sa chaise.

- Je vais aux toilettes, déclara-t-elle.

Mais Tea se leva à son tour.

- Serenity, tu es sûre que ça va ? demanda-t-elle, inquiète.

- Je… J'ai juste un peu chaud… je vais revenir, dit la jeune fille aux cheveux auburn.

- Si tu veux, je t'accompagne, proposa Tristan.

Mais Serenity eut un sourire amusé.

- Aux toilettes ? Je ne sais pas si les dames apprécieront, dit-elle en étouffant un rire.

Les autres éclatèrent de rire, alors que Tristan se calait au fond de sa chaise, penaud. Il était tellement subjugué par Serenity qu'il buvait la moindre de ses paroles, sans écouter vraiment le contenu.

- Ne vous inquiétez pas pour moi, les rassura Serenity, en s'éloignant. Je ne serai pas longue.

Une fois la jeune fille disparue, Tea prit la parole :

- Qu'est-ce qu'elle a ? interrogea-t-elle.

- 'sais pas, marmonna Tristan, toujours vexé.

- Moi je sais, dit Duke. C'est à cause de vous !

- Comment ça de "nous" ? s'insurgea Tea.

- Nous passions une agréable soirée en tête-à-tête et vous êtes venus tout gâcher, expliqua le Maître des Dés.

- Ah ben ça c'est la meilleure ! s'exclama Tea. Je te signale que Serenity avait l'air très contente de nous voir…

- Sans doute pour ne pas vous faire de la peine… dit Duke. Cette fille a un cœur trop grand.

- Contrairement à toi ! répliqua véhément Tea. Je me demande ce qu'elle fait avec toi…

- Oh, serais-tu jalouse ? demanda malicieusement Duke. Mais je te comprends, mon charme est infaillible…

- Pas aussi infaillible que tu le crois ! dit la jeune fille. Tu es aveugle au point de ne pas voir qu'elle se fiche pas mal de toi ! Seulement, elle ne veut pas te faire de la peine.

En prononçant ces dernières paroles, elle avait emprunté la voix arrogante de Duke, et celui-ci s'en trouva vexé.

A la table d'à côté, Joey fronçait les sourcils.

- Ma sœur ? Elle n'en aurait rien à faire de Duke ?

- Alléluia ! fit Mai, en applaudissant silencieusement. Qu'est-ce qui s'est passé Joey ? Aurais-tu eu un éclair de lucidité ?

- Ca va… grommela le blond.

Quant à Yami, Tea, Tristan et Duke, ils étaient de nouveaux silencieux, lorsque soudain, des bruits insolites résonnèrent dans le lointain. Tous se regardèrent, de même que les autres clients, qui commençaient à en avoir assez de toute cette agitation.

- Ca vient de dehors, déclara Yami, perplexe.

Tristan tendit l'oreille.

- On dirait… des aboiements ! dit-il.

- Hein ? Mais les chiens ne sont pas autorisés...fit Tea, incrédule.

Elle n'eut pas le temps de se poser plus de questions qu'un chien pas plus long qu'une règle de trente centimètres – du moins c'est ce qu'il leur sembla voir – fit irruption telle une fusée, dans la salle à manger, dévastant tout sur son passage. Il aboyait frénétiquement et paraissait vouloir jouer. Des femmes se mirent à hurler, visiblement pas habituées à ce genre d'animal, tandis que le chien sautait sur une table, renversant verres, assiettes et bouteilles, qui tombèrent sur le sol dans un fracas épouvantable. L'animal courait dans toute la pièce, et mordait dans tout ce avec quoi il pouvait jouer. Il s'accrocha ainsi dans plusieurs nappes, dont tout ce qui se trouvait dessus tomba par terre. Plusieurs bas de pantalons et de robes connurent ainsi le même sort et un mouvement de panique s'empara de la clientèle.

D'abord complètement éberlués, plusieurs serveurs se jetèrent à terre pour tenter d'attraper l'animal, en vain, celui-ci étant trop agité. Le maître d'hôtel lui-même s'en mêla ; il réussit à agripper le chien par la patte, faisant hurler de douleur la pauvre bête qui se débattit furieusement. Elle réussit à s'échapper et monta sur la table où se trouvaient Yami, Tea, Tristan et Duke, qui ne purent faire un seul geste, puis le chien sauta par-dessus la palissade et atterrit… en plein dans l'assiette de steak frites de Joey, qui se renversa sur ce dernier !

Celui-ci hurla de surprise, et se leva brusquement ; l'assiette était brûlante, parce qu'elle venait d'être servie, et Joey ne put réprimer un cri de douleur :

- AAAAAAAAHHHHH CA BRÛUUUULE !

Son hurlement retentit dans tout le restaurant. Mai, restée à côté, réussit à attraper le chien et le maîtriser, tandis que tous les regards se tournaient vers Joey, maintenant à portée de la vue de tous.

- JOEY ? interrogèrent en même temps Yami, Tea, Tristan et Duke, incrédules.

Le jeune blond se rendit compte de sa situation et eut un air gêné.

- Euh… hé hé… ahrem… salut les amis, balbutia-t-il, en faisant un signe de la main.

Tea porta une main à sa bouche, et les garçons à côté d'elle secouèrent la tête. Puis Mai se décida à se montrer, et se lever de sa chaise, le chien dans les bras.

- MAI ? firent-ils tous.

- Euh… coucou ! On s'incruste ? dit-elle, un sourire aux lèvres.

- Vulcain ! retentit une voix.

Toutes les têtes se tournèrent alors vers celui qui n'était autre que Mokuba Kaiba. Ce dernier se précipita vers Mai et saisit son chiot sans un mot, alors que des regards de reproche s'abattaient sur lui.

- MOKUBA ? firent Yami, Tea, Tristan, Duke, Mai et Joey à l'unisson.

Mokuba eut à son tour, un sourire gêné :

- Euh… désolé…

Un maître d'hôtel fulminant de colère s'avança vers lui.

- Mon jeune Monsieur, pourriez-vous m'expliquer ceci ?

- Vulcain s'est échappé Monsieur, il ne l'a pas fait exprès… il s'est enfui de chez nous… il ne l'a pas fait exprès je vous le jure… il a profité qu'un client rentre dans le restaurant pour se glisser dans l'entrebâillement de la porte… mon frère remboursera les dégâts…

- Et qui, dans cette ville, a suffisamment de moyens pour rembourser le saccage de ce stupide animal ? demanda le maître d'hôtel, tremblant de colère, et qui semblait à bout.

- Seto Kaiba ! dit Mokuba, d'un air de défi.

Aussitôt le visage de l'homme se radoucit et une lueur inquiète s'alluma dans ses yeux.

- Oh, Monsieur Kaiba… Veuillez excuser mes rudes paroles de tout à l'heure… C'était avant que je ne sache qui vous êtes… Bien entendu, je passerai l'éponge sur ce petit incident…

Alors l'homme se retourna et annonça :

- L'incident est clos, chers amis. Retournez donc vous asseoir. Nos serveurs se chargeront de nettoyer les dégâts…

Et le maître d'hôtel disparut alors à la réception, tandis que Mokuba poussait un soupir :

- Seto va me tuer… murmura-t-il.

Tea, quant à elle, se précipita vers Joey, dont le tee-shirt était tâché de graisse :

- Joey, qu'est-ce que tu fais ici ? Tu as intérêt à disparaître avant que Serenity ne te voie…

Mais déjà, il était trop tard. La petite sœur de Joey n'avait pas été sourde au vacarme qui avait régné dans la salle. Elle était revenue voir ce qui se passait, et elle avait vu son frère. Il s'était dissimulé à une table voisine. Dès l'instant où elle l'avait vu surgir en hurlant de douleur derrière la palissade, elle avait compris. Il l'avait espionnée. Il n'y avait pas de mot pour décrire ce qu'elle ressentait. C'en fut trop à supporter pour cette soirée.

Elle se tenait là, à l'entrée de la salle, les poings serrés, et les larmes aux yeux. Elle le regardait tristement, son regard envahi de déception, de ses yeux vert noisette.

- Joey… murmura-t-elle pour elle-même.

Et sans un mot de plus, elle s'enfuit, laissant son frère, occupé à nettoyer son tee-shirt, et ses amis.

Personne, dans la confusion générale, ne remarqua son départ.

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(1) En clin d'œil au génial créateur de Yu-Gi-Oh, Kazuki Takahashi !

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"Tout au fond de votre coeur, un germe de tendresse n'attend qu'un sourire chaleureux pour se développer" (Roland Delisle)


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Et voilà, le petit dîner s'est plutôt mal terminé, mais le meilleur de la soirée reste à venir. Bon, peut-être que ça se termine un peu brutalement, la pauvre Serenity, qui vient de comprendre que son frère l'a espionné, s'enfuit. Mais bon, il y aura plus de détails dans le prochain chap. Ce petit dîner était une manière de casser un peu la romance de la fic. Jusqu'ici, dans chaque chapitre, il n'y avait été question ou presque que de romance et je craignais que ça ne devienne un peu lourd. Maisà partir du prochain chapitre, je reviens à la romance entre nos deux tourtereaux, et en force, promis !

Et au passage, bonne St Valentin à tous !

RAR :

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SytEvol : Voilà, il y a eu du Seto dans ce chap… Pas beaucoup, mais il y en a eu… En fait au dernier moment j'ai changé mes plans pour ce chap, et les apparitions que devait y faire Seto sont reportées au chap suivant. Sinon, il y aura du Seto x Serenity dans le chap suivant. Voilà ! Merci à toi ! Bye !

Angel Friendship Girl : Bon, cette réponse, tu ne la verras pas avant un petit moment vu que tu es en vacances, mais bon… Tout comme ce chap, tu le liras pas avant un tit moment non plus lol… En tout cas, contente que ça t'ait fait rire. Seto et Serenity reviennent en force dans le prochain chap. ( Serenity : Et n'oubliez pas de nous lancer des roses !). Et n'oublie pas tes fics non plus toi de ton côté !En tout cas merci à toi et bonnes vacances petite sœur !

Bulma44 : Pauvres Tristan et Duke ! Je les plains quand même, haïs de tous ! Je crois qu'ils vont finir par se consoler dans les bras de l'un de l'autre lol ! Non… je ne ferai jamais ça ! J'aime pas vraiment les Yaoi… Je travaille justement sur la tête qu'ils feront quand ils verront Seto et Serenity s'embrasser… si bisou il y a cela va de soi - sens des regards assassins planer sur moi - En tout cas merci à toi ! Bisous ! Bye !

Golden Sun 17 : Joyeux dîner ouais, tu l'as dit ! Surtout qu'il ne s'est pas super bien terminé le dîner ! En fait, le seul pour qui ça aura été joyeux, c'est Vulcain ! Ben oui, il s'est bien amusé à foutre sa zone dans un des plus grands restaurants de la ville ! Et Seto qui va encore devoir supporter les responsabilités de son frère ! Surtout qu'il a…ahrem… des soucis bien plus importants en ce moment, comme une certaine personne au regard noisette… Bon, moi de mon côté, j'attends de voir avec impatience comment va se passer le duel entre Yami et Tomoyo. Donc voilà ! Merci à toi et bonne continuation de ton côté ! Bye !

Yami : Duke est décidément haï de tous ! Même moi, c'est vrai je l'apprécie pas beaucoup, mais bon… j'en finirais presque par le plaindre. Seto et Serenity se rencontreront dans le prochain chap que je posterai je sais pas quand… Vu que je suis en vacances, j'essaierai de faire ça la semaine prochaine. Merci à toi ! Bye !

Emilie Rosier : Merci à toi pour tes encouragements ! Oui ça fait beaucoup de monde d'un coup, mais bon, ce petit dîner me tenait beaucoup à cœur, histoire de rompre un peu avec la romance et surtout pour ne pas faire avancer les choses trop vite non plus… Dans ce chap, on ne voit pas beaucoup Kaiba, contrairement à ce que j'avais prévu au départ, mais comme je l'ai dit dans la réponse à SytEvol, les apparitions qu'il était sensé y faire sont reportés au chap suivant ! Merci à toi ! Bye !

Joana Serenity : Vous êtes nombreux à vouloir botter les fesses de Duke et Tristan on dirait lol ! Je vais finir par livrer des cibles de Duke et Tristan avec le prochain chap ! Ah ben zut alors… c'est pas possible ! Dommage… Mais tu peux toujours imprimer une photo sur le net, et hop, une petite fléchette sur le front, une autre dans l'œil etc… ça défoule j'en suis sûre ! Par contre Duke plus orgueilleux que Kaiba, je pense pas… Plus orgueilleux que Kaiba on peut pas trouver… ou alors il faut bien chercher ! En ce qui concerne ta fic, j'attends le chapitre 4 avec impatience, j'ai trouvé le 3 génial ! Merci à toi ! Bye !

Strange Angel : En effet lol, Yami et Tea sont les deux marrieurs, mais pour qu'ils fonctionnent encore mieux, il faudrait qu'ils se marrient eux-mêmes, je trouve que ça serait pas mal… Quant à Mai, je suis d'accord, elle joue un peu le bouche trou dans cette histoire, Joey a besoin d'elle pour prétexter un dîner au restaurant c'est tout… Seto, ne t'inquiète pas, reviendra dans le prochain chap…acccompagnée de sa Serenity… Oups, mince qu'est ce que j'ai dit ? J'étais pas sensée dire ça… En tout cas, merci et bye !

Bye tous !