Un update enfin, après une longue absence. Vraiment désolée. J'ai eu le bac blanc, et je l'ai plutôt réussi, mais entre temps, j'ai eu quelques préoccupations d'ordres divers, qui m'ont fait perdre l'envie d'écrire. D'autant plus que je passe le bac dans un mois, et ce chapitre risque d'être le dernier avant les vacances d'été, sauf si je trouve le temps et l'envie d'écrire, comme ça a été le cas ces deux derniers jours. J'avais déjà écrit la moitié de chapitre pendant les dernières vacances, et j'ai eu envie de le finir une bonne fois pour toutes. Donc voilà, vous êtes prévenus ! Merci de votre compréhension.

Par ailleurs, je ne fais pas de RAR, mais je remercie tous ceux qui me lisent et qui m'ont encouragée.

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Chanson d'un Soir

Chapitre XVI : Réveil douloureux


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Lentement, le soleil s'élevait dans le ciel. Les premières lueurs perçaient déjà à travers la grande fenêtre de la chambre de Seto Kaiba.

De retour à la réalité, Seto n'ouvrit pas les yeux tout de suite. Il était encore à demi endormi et se croyait encore dans un rêve. Il voulait s'immerger de nouveau dans ses songes et la retrouver elle… Mais, au fur et à mesure que les secondes s'écoulèrent, Seto fut prit d'une étrange sensation : il sentait quelque chose de chaud contre lui, quelque chose d'agréable, tellement agréable…

A la frontière du sommeil et du réveil, il ouvrit les yeux. Il ne se souvenait pas encore très bien des évènements de la veille, et au début, il regarda le plafond, essayant de se remémorer ses souvenirs. Il n'avait jamais aussi bien dormi depuis des années. Mais bientôt, la chaleur qu'il sentait contre lui attira son attention, et son regard se tourna à sa gauche. Ce qu'il vit d'abord ne fut qu'une longue chevelure aubrune, mais ce fut suffisant pour que ses souvenirs lui reviennent en mémoire ; et à ce moment là, un seul mot lui vint à l'esprit : Serenity.

Elle était enveloppée dans les draps, lui tournant le dos, et semblait dormir ; il ne voyait pas son visage paisible, mais il le devinait aisément. La raison et la froideur qui recommençaient à le gagner disparurent encore lorsqu'il pensa au doux visage de la jeune fille. La sentir contre lui était si agréable, si réconfortant, qu'il ne s'était pas rendu compte que lui-même la tenait enlacé par la taille. Que faisait-il là déjà ? Peu importe. Il voyait en ce moment là une continuité du rêve duquel il avait été arraché.

Il sentit les battements de son cœur s'accélérer. La respiration de la jeune fille était toujours aussi calme, et sa poitrine se soulevait doucement et régulièrement. Seto se dit alors combien il serait agréable de sentir ses lèvres contre les siennes, et il regretta que la jeune fille ne lui fasse pas face. Comme si elle l'avait entendu, cette dernière poussa un soupir dans son sommeil et se retourna sur le dos, laissant Seto décontenancé. Il ne savait que faire ; profiter de la situation était tellement tentant, mais lui paraissait tellement immoral à la fois. Stop… Depuis quand avait-il une morale ? Ce ne serait juste qu'un simple effleurement sur les lèvres, rien de plus ; il n'y avait aucun risque qu'elle se réveille…

« Mais en même temps, ça ne me ressemblerait pas de faire ça… »

« Oh pitié Seto ! Ca fait des mois que tu agis d'un comportement différent de celui que tu adoptes d'habitude ! »

Il caressa la joue lisse de la jeune fille avec la paume de sa main ; il voulait la serrer encore plus contre lui, mais il était difficile de la serrer plus étroitement qu'il ne le faisait déjà…

« Embrasse-la, tu en meures d'envie… »

Il n'eut d'autre choix qu'obéir. Il se releva légèrement, de façon à surplomber le corps de Serenity, puis pencha son visage vers celui de la jeune fille. Il hésita un instant : le Seto arrogant et froid de tous les jours n'était pas loin.

« Embrasse-la… »

Cette pensée eut raison de ses doutes. Ses lèvres effleurèrent celles de la jeune fille. Elles étaient douces et sucrées, et il dût se retenir pour ne pas les lui dévorer. La douceur de ce contact eut pour effet de réveiller Serenity. Cependant, elle garda les yeux fermés, se croyant toujours dans son rêve de la nuit passée, laissant les baisers du jeune homme s'égarer sur son visage.

« C'est une sensation tellement agréable… » pensa-t-elle.

Car Seto avait effectivement abandonné ses lèvres pour aller découvrir ce visage dont il avait tant rêvé, qu'il avait désiré tant de fois, et qui était maintenant à sa portée. Il sentit soudain une main effleurer son épaule : elle était réveillée, il l'avait réveillé.

Il aurait dû arrêter, mais en fut incapable. Au lieu de ça, il fondit sur la bouche de la jeune fille et l'emprisonna avidement. La jeune fille ouvrit les yeux et gémit de surprise, mais elle finit par se laisser prendre au baiser et s'offrit à lui sans protester. Elle entoura ses bras autour du cou de Seto, qui continuait de l'embrasser gentiment, et bientôt, le chaste baiser se transforma en une étreinte brûlante et passionnée. Il s'affala alors de tout son poids sur le corps étendu de la jeune fille et continua de lui dévorer avidement les lèvres, lui arrachant de minces soupirs et resserra ses bras autour de la taille de Serenity, qui avait de nouveau fermé les yeux sous cette agréable expérience.

- Seto… réussit-elle à murmurer.

La chose qu'il ne fallait pas dire. En un éclair, il reprit ses esprits, et ses yeux s'écarquillèrent d'horreur, lorsqu'il s'aperçut de ce qu'il était en train de faire. Il rompit brusquement le contact, s'écarta rapidement de Serenity, et se redressa sur son lit. Il regarda autour de lui sans comprendre, puis ses yeux se posèrent sur la jeune fille toujours allongée, qui détourna les yeux, rougissante. Il porta une main sur ses lèvres, et afficha un regard incrédule, qui vira au dégoût, mais avant même qu'il ne puisse lui adresser le moindre mot, avant même qu'il ne puisse lui ordonner de quitter sa chambre comme il s'apprêtait à le faire, la porte s'ouvrit en grand :

- Hé Kaiba, tu peux m'indiquer où se trouve ma…

Joey Wheeler venait de rentrer dans la pièce. Et il n'était pas près d'en sortir.

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Appartement des Wheeler, 30 min plus tôt

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Après avoir passé une très mauvaise nuit, Joey Wheeler était fin prêt pour aller chercher sa sœur, et la sortir des « griffes du snobinard » selon ses propres termes. Tristan et Duke avaient tenu à être aux premières loges, et bien entendu, ils n'avaient pas oublié leur rivalité.

- Serenity sera ravie de me voir, dit Duke, qui avait amené un bouquet de roses rouges.

- Ben voyons ! se moqua Tristan. Comme si elle avait envie de te revoir après le fiasco d'hier !

- Répète un peu ! s'exclama Duke, en se ruant sur son rival.

- Ca suffit… dit Joey. Ma sœur n'ira nulle part aujourd'hui. Elle a eu sa dose en émotions fortes, et je voudrais passer la journée avec elle, entre frère et sœur.

- Dis plutôt que tu as envie de te faire pardonner de l'avoir espionnée, ricana Tea.

- Même pas vrai ! s'écria le blond, en serrant les poings.

Mais en fait, son amie avait mis dans le mille. Joey était honteux pour ne pas avoir fait confiance à sa sœur, et il savait que celle-ci lui en voulait. C'est pourquoi il ne voulait plus attendre, la culpabilité, mêlée à de l'inquiétude la sachant chez Seto Kaiba, l'avait rongé toute la nuit. Il avait d'ailleurs failli rentrer dans le manoir et arracher sa sœur « des mains de Kaiba », mais Yugi et Tea avaient insisté pour qu'il la laisse se reposer, en disant que de toute manière, Kaiba se fichait pas mal de Serenity comme il se fichait pas mal de lui… Joey avait donc raccompagné Mai chez elle, et contre toute attente, celle-ci avait eu une réaction qui le laissait encore rêveur.

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Flash Back :

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- Tu sais Joey, dit Mai, alors qu'il la ramenait à l'hôtel où elle séjournait, on ne peut pas dire que la soirée se soit déroulée comme je le voulais mais c'était plutôt amusant…

La rue était déserte, et ils marchaient côte à côté, sillonnant les quartiers, alors que Yugi, Tea, Tristan étaient repartis avec Duke dans la limousine de ce dernier, après avoir ramené Mokuba chez lui.

Le jeune blond ronchonna un peu, il n'avait pas encore digéré le fait que sa sœur était chez Kaiba en ce moment même.

- Amusant… Parle pour toi ! Serenity ne voudra plus jamais me parler…

Mai haussa les épaules en souriant :

- C'est tout toi Joey, tu cherches les ennuis, mais tu ne veux pas les assumer ensuite… Ta sœur sera bien sûr en colère contre toi, mais elle sait au fond d'elle que tu as fait ça parce que tu tiens à elle… Elle te pardonnera, j'en suis certaine…

Joey la regarda :

- Tu crois vraiment ?

- Bien sûr, assura la jeune femme. Enfin, évite quand même de reproduire ce genre d'incident tous les week-end : Serenity est tolérante, mais ne la pousse pas à bout non plus…

Son ami approuva d'un signe de tête, un léger sourire sur le visage, et tous deux gardèrent le silence. Arrivés devant l'hôtel, Joey eut un air gêné, ne sachant quoi lui dire.

-Bon alors… commença t-il, tu repars demain c'est ça ?

Le son de sa voix était triste, ce que Mai ne manqua pas de remarquer :

- Oh allons Joey ! Tu me connais mieux que personne ! Je déteste rester au même endroit trop longtemps… J'ai besoin de vivre, de découvrir de nouvelles choses. C'est ça la liberté !

Joey fit un signe de tête en souriant :

- Oui… murmura-t-il. Je crois que j'ai tendance à l'oublier…

Mai se rapprocha de lui. Son ami avait les yeux rivés au sol, mal à l'aise. Il ne voulait pas l'admettre devant la jeune femme, mais était réellement ennuyé qu'elle quitte la ville.

- Je repasserai de temps en temps, dit-elle, en essayant de croiser son regard. Je ne t'oublie pas Joey…

Ce dernier releva la tête, et ce fut au tour de Mai d'être gênée, le temps d'un instant. Mais très vite, elle reprit son air confiant, et avant que Joey ne puisse faire le moindre mouvement, elle déposa un baiser sur sa joue, et alla rapidement en direction de l'hôtel. Le jeune homme lui, resta béa, puis rougit violemment avant que Mai ne l'interpelle de loin :

- Au fait Joey ! dit-elle. Quand je reviendrai, ma stratégie de duel se sera largement améliorée alors je te conseille de faire attention à ton jeu !

- Euh…ouais… bégaya Joey, encore sous le choc.

Elle lui fit un clin d'œil, passa la grande porte d'entrée, et disparut à l'intérieur de l'hôtel, laissant derrière elle, un Joey enraciné dans le sol…

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Fin du Flash-back

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- La Terre appelle Joey…

L'intéressé sembla émerger de ses pensées.

- Hein ? Quoi ?

- Je vois, poursuivit Tristan en secouant la tête. Un rien suffit à te distraire…

- Huh… ça arrive à tout le monde…

Le blond avait l'impression d'avoir le visage en feu, tellement il se sentait mal à l'aise, mais ce n'était apparemment que son imagination car personne ne semblait avoir remarqué sa gêne.

- Euh bon… reprit Joey, qui avait retrouvé un air déterminé, je ne tiens pas à faire attendre ma sœur, et surtout, je tiens à arriver en triomphe devant ce snobinard de Kaiba.

-Joey, dit Tea, en portant une main à son front, quand comprendras-tu que Kaiba se fiche pas mal de toi…

- Au moins c'est réciproque…marmonna Joey.

- Dans ce cas, laisse tomber et ignore-le ! Lui le fait bien… insista Tea.

- On ne peut pas en dire autant avec Se… commença Yugi, qui avait parlé sans réfléchir.

Tea réagit au quart de tour, et prit brusquement Joey par l'épaule, et, coupant la parole à Yugi, elle cria gaiement :

- Bon alors Joey ! Allons retrouver Serenity, on a perdu assez de temps comme ça !

Joey, comme à son habitude, ne remarqua rien, de même que Tristan et Duke, occupés à se jeter des regards noirs. Quant à Tea, elle poussa Joey, et lorsqu'il sortit de son appartement, la jeune fille se retourna discrètement vers Yugi et lui adressa un regard de reproche.

Yugi eut un sourire gêné.

« Hé hé…

- Yugi… lui dit son double mentalement. Tu as failli provoquer une crise cardiaque à Joey…

- Désolé… Ca m'a échappé…

- Hmmm… Heureusement que tu n'es pas aussi gaffeur lorsque nous menons des duels… »

La petite troupe emprunta une nouvelle fois la voiture de Duke ; il avait opté cette fois-çi pour une voiture de sport couleur rouge ; le matin même, il avait fait nettoyer et lustrer la tôle, afin qu'elle brille de mille feux et ainsi espérer impressionner Serenity…et rendre Tristan vert de jalousie par la même occasion.

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Après un trajet silencieux jusqu'au manoir des Kaiba, ils arrivèrent enfin à destination, et Joey se précipita à la grille du portail.

- Hé Kaiba, on est là, ouvre cette grille immédiatement ! cria-t-il en s'agitant dans tous les sens.

- Euh Joey… intervint Tristan. Si tu parlais dans l'interphone, je suis sûr qu'il t'entendrait beaucoup mieux…

- Ouais bon ça va… je le savais…

Il appuya sur le bouton, et presque aussitôt, une voix de femme se fit entendre :

« Oui, que puis-je pour vous ? »

- On vient voir votre patron ! s'écria Joey, en hurlant contre le combiné. Je suis Joey Wheeler !

« Ah oui Monsieur Mokuba Kaiba m'a prévenue de votre arrivée ; je vais lui en faire part ; en attendant, vous pouvez entrer… »

- Merci ! hurla encore le blond.

Les grilles du portail s'ouvrirent alors, laissant passer la petite troupe.

- Félicitations, lui glissa Tea. Tu as réussi à rendre cette femme sourde…

- Très drôle, répliqua son ami, tandis qu'ils s'avançaient vers la porte d'entrée.

Ils pénétrèrent dans le hall et entendirent des éclats de voix émanant du premier étage. Peu de temps après, un petit garçon au regard encore endormi suivi d'une des domestiques – sûrement celle qui avait ouvert à nos amis – descendit les marches de l'escalier.

- M. Kaiba, je suis vraiment désolée ; si j'avais su que cela vous ennuyait, je n'aurais pas ouvert… dit la domestique en s'adressant à Mokuba.

- Vous auriez dû me réveiller, lui reprocha Mokuba, qui semblait pris de panique.

- Qu'est-ce qui se passe ? demanda Tea.

La domestique s'éloigna dans les cuisines, tandis que Mokuba venait vers eux.

- Rien… dit-il, gêné. Seulement je ne vous attendais pas si tôt…

-J'avais pourtant prévenu que je serais là dès l'aube, dit Joey. Où est Serenity ?

Le visage de Mokuba prit une teinte cramoisie.

- Euh… je ne crois pas qu'elle soit encore réveillée… Elle dort sûrement… Tu devrais revenir plus tard dans la matinée, suggéra t-il.

- Pas question ! répliqua Joey. Je ne laisserai pas ma sœur une minute de plus sous ce toit. Alors où est-elle ?

- Euh… Je ne sais pas…mentit Mokuba.

- Comment ça ? demanda Duke, devançant Joey.

- Euh… et bien…quand je suis rentrée…ahrem… Seto m'a dit que Serenity dormait dans une chambre d'amis mais il ne m'a pas dit laquelle…continua Mokuba.

- Très bien, décréta Joey. Puisque c'est comme ça, je vais aller poser la question à ton frère.

Il voulut s'élancer dans l'escalier mais Mokuba se plaça devant lui. Le petit garçon avait compris que la situation était en train de devenir très délicate. Il était si euphorique à l'idée de penser que son frère avait dormi avec Serenity qu'il avait oublié que Joey devait venir chercher sa sœur le lendemain.

- Non ! dit-il.

Joey lui fit les yeux ronds.

- Comment ça non ? interrogea-t-il, en commençant à se poser des questions devant l'insistance de Mokuba.

- C'est que… Seto est en plein travail, il n'aime pas être dérangé… et il a horreur qu'on entre dans sa chambre…

Quant à Yugi et Tea, ils observaient la situation d'un air perplexe. Mokuba semblait envahi d'une gêne, et qui avait certainement un rapport avec Serenity. Et cela n'avait pas échappé à Joey non plus.

- Mokuba, tu ne nous cacherais pas quelque chose ? demanda t-il.

- Non…bien sûr que non… bégaya le petit garçon.

Joey ne sembla pas vraiment convaincu, et, suivi de près par Tristan et Duke, qui partageaient la même opinion que leur ami, s'élança dans l'escalier, en direction de la chambre de Seto.

- Non ! cria Mokuba, désespéré, en allant à leur poursuite.

Tea et Yugi se regardèrent, puis décidèrent d'en faire autant.

Joey tourna la poignée de la porte, et s'engouffra dans la pièce :

- Hé Kaiba, tu peux m'indiquer où se trouve ma…

Il stoppa net devant la scène qui s'offrait à lui. Les autres arrivèrent dans la seconde qui suivit, et Mokuba murmura :

- Oh oh…

Joey aurait eu un cœur fragile, il aurait certainement fait une attaque. Serenity gisait, complètement étendue sur le dos, dans le lit de Kaiba. Ce dernier quant à lui, s'était dégagé de la jeune fille après leur étreinte de l'instant d'avant, mais il était à présent assis sur le matelas, à côté de Serenity, et avait encore une de ses mains posée sur la taille de la jeune fille. Cette dernière avait tourné la tête vers la porte lorsque son frère était entré, et un malaise sans nom s'était aussitôt emparé d'elle.

Elle se redressa brusquement, étouffant un cri de stupéfaction en portant sa main à sa bouche, alors que de la fumée commençait à sortir des oreilles de Joey. Les autres qui l'accompagnaient avaient eu la même réaction de béatitude, et avaient les yeux rivés sur le couple en face d'eux.

Le visage de Kaiba quant à lui, était empourpré de rouge, mais c'était ce qui restait de son excitation quelques secondes auparavant. Autrement, il avait repris son habituel regard polaire, mais il n'eut guère le temps de se poser de questions sur le pourquoi et le comment du fait que toute la bande d'idiots se trouvait dans sa chambre : en effet, sans que ses amis ne puissent le retenir, encore sous le choc, Joey plongea sur Seto ; il se jeta sur lui avec une violence inouïe, et, sous le coup de la surprise, Kaiba tomba lourdement au pied du lit, son dos heurtant violemment le sol ; mais le jeune homme n'eut même pas le temps de se soucier de la douleur que Joey, fulminant de rage, avait déjà sauté par-dessus le lit, et était maintenant sur lui. Sans que Kaiba ne puisse répliquer, il lui asséna un formidable coup de poing dans la mâchoire, si fort que du sang s'écoula des lèvres de Seto.

- ESPECE DE PERVERS ! hurla Joey. UN PERVERS SANS AUCUN ETAT D'ÂME ! JE VAIS TE TUER ! TU N'ES QU'UN PROFITEUR !

Il s'apprêtait à lui donner un autre coup de poing, mais cette fois, Kaiba avait anticipé son geste, et para l'attaque avec l'extraordinaire force de son bras. En retenant la main de Joey, il asséna à ce dernier un coup de genou dans les côtes, ce qui eut pour effet de faire grimacer Joey de douleur. Seto put ainsi se dégager de l'emprise du blond qui le maintenait plaqué au sol. Le Président de la KaibaCorp, se releva chancelant, alors que Serenity sautait du lit et se précipitait auprès de son frère.

- JOEY ! hurla-t-elle.

Mais celui-ci la repoussa violemment en arrière. Il était furieux et n'en avait pas encore fini avec Kaiba. Alors que ce dernier tentait de reprendre ses esprits, Joey lui sauta dessus par derrière, et le frappa de toute sa force dans les côtes.

- Ouch ! gémit Seto.

- SETO ! hurla Mokuba, qui voulut aller vers son frère, mais Tea l'en empêcha.

Kaiba asséna deux coups de coude dans les côtes de Joey, qui fut contraint de lâcher prise, tandis que Yugi, Tristan et Duke se précipitaient pour arrêter le massacre, Tea entraînant Serenity, qui commençait à pleurer, à part. Mais Joey était dans une telle colère qu'il envoya valser ses amis, et se concentra sur sa cible : Kaiba. Mais cette fois ce dernier était pleinement conscient à présent, et beaucoup plus fort que lui, il lui donna un coup de poing dans la mâchoire comme lui avait fait Joey quelques secondes plutôt, et le blond s'écrasa face contre un mur, un filet de sang s'écoula de sa joue.

- ARGH… gémit Joey à son tour.

Entre-temps, Yugi Tristan et Duke revinrent à la charge et réussirent à empêcher Joey de se jeter à nouveau sur Kaiba, en dépit de sa faiblesse.

- Ca suffit maintenant Joey ! ordonna Duke.

- Laisse moi… lui… régler… son compte… haleta-t-il. Ma sœur… blessée… il ne s'en sortira pas… comme ça…

De son côté, Seto se tenait plié en deux ; Joey était certes moins fort que lui, mais c'était tout juste s'il ne lui avait pas cassé une côte ! A présent, c'était à son tour d'être furieux.

- Tu paieras…. Wheeler… haleta-t-il.

Il essuya le sang qui coulait de sa lèvre. Serenity, en larmes, se précipita vers son frère.

- Joey… sanglota-t-elle. Tu es blessé…

- Ce… ce type… t'a fait du mal… dit Joey. Comment…as-tu pu… le laisser… te toucher…

- Il ne s'est rien passé Joey… Je t'assure qu'il ne s'est rien passé… Je t'en prie, crois- moi…

- ESPECE DE LÂCHE ! hurla Joey, ignorant sa sœur et en se débattant de l'étreinte de Tristan Duke et Yugi, en direction du Président de la KaibaCorp. TU AS ESSAYE… TU AS ESSAYE DE LA…

Sa voix s'étrangla alors que Kaiba, qui reprenait lentement son souffle, prit la parole :

- Je ne m'abaisse pas… à ce genre de pratiques, idiot ! dit-il, d'un air méprisant. Et je me contrefiche… de cette stupide gamine qui te sert de sœur !

La pauvre Serenity reçut ces mots comme un coup en pleine poitrine.

- ET QU'EST-CE QU'ELLE FAISAIT DANS TON LIT ? cria Joey.

Kaiba savait très bien pourquoi, mais comment aurait-il pu l'avouer ? Il eut alors un sourire moqueur.

- Elle a sûrement eu peur du noir durant la nuit, toute seule, dans la chambre des invités…

- Grrrrrrr, marmonna Joey. Je sens que je vais commettre un meurtre…

- Ca suffit Joey ! Tu en as fait assez comme ça pour aujourd'hui, intervint Tea. Regarde l'état dans lequel tu mets ta sœur !

Le doux visage de Serenity était en effet rougi par les larmes, qui ne cessaient d'inonder ses joues.

- Pitoyable en effet, commenta Kaiba.

Puis le jeune homme aux yeux bleus fit le tour du lit, et passa devant toute la bande, et son frère se jeta sur lui.

- Seto, ça va ? Tu es blessé…

- Je sais Mokuba ! Mais ne t'inquiète pas, ce ne sont pas de vulgaires griffures canines qui auront raison de moi, dit-il méchamment.

Joey lui lança un regard empli de haine, mais il était toujours retenu par ses amis.

- ET MAINTENANT, hurla Kaiba, et les murs tremblèrent. SORTEZ DE CHEZ MOI IMMEDIATEMENT, ET VOUS AVEZ INTERET À NE PLUS JAMAIS Y REMETTRE LES PIEDS ! SORTEZ ! MAINTENANT !

Toute la bande ne dit rien, et, suivant Mokuba, sortit silencieusement de la pièce. Yugi, Tristan et Duke tenaient toujours Joey fermement ; Tea les suivit, et enfin vint Serenity, qui, avant de quitter la pièce, lança un regard brillant de larmes vers Kaiba. Le jeune homme préféra ignorer la douleur naissante dans son cœur, et la regarda avec tout le mépris qu'on peut donner à quelqu'un :

- La prochaine fois, Wheeler, je te laisserai sur le bitume. Et ne te fais pas d'illusions sur ce qui s'est passé tout à l'heure ! Tu n'es rien pour moi !

La jeune fille fut profondément meurtrie par ces paroles, et les larmes redoublèrent d'intensité ; elle ne le regarda plus, et s'enfuit de la pièce en courant, laissant derrière elle, un Seto Kaiba toujours en proie à des sentiments confus.

Le petit groupe descendit les escaliers, et, arrivés en bas, Yugi, Duke et Tristan, jugèrent qu'ils pouvaient lâcher Joey. Celui-ci alla alors vers Serenity, qui pleurait à chaudes larmes. Elle se serra contre lui, tandis que Joey commençait à regretter d'avoir agi de la sorte en présence de sa sœur. Le jeune blond ne dit rien, et, sa sœur agrippée à son bras, il sortit du manoir sans un mot.

Les autres le suivirent silencieusement, mais avant de partir, Yugi murmura à Mokuba :

- Tu le savais n'est-ce-pas ?

Le petit garçon hocha la tête, approuvant :

- Quand je suis rentré hier soir, ils étaient déjà…ensemble, chuchota-t-il, gêné. Seto a menti…

- MOKUBA ! retentit la voix tonitruante de son frère, à l'étage. J'ESPERE QUE CES IDIOTS NE SONT PLUS LA !

Mokuba, effrayé, poussa alors Yugi vers la sortie, qui rattrapa les autres. Une fois qu'ils passèrent le seul de la propriété, les grilles se refermèrent derrière eux avec un grand bruit.

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Le chemin du retour se déroula dans un silence mortel ; Serenity se tenait assise à l'arrière, les mains posées sur ses genoux et les yeux rivés vers le sol ; personne n'osa prendre la parole, craignant de provoquer la colère de Joey. Celui-ci se calmait peu à peu. Ce n'était pas à sa sœur qu'il en voulait, mais à Kaiba. Il n'aurait jamais dû porter la main sur elle. Et encore, s'il était arrivé au moment où sa sœur et son ennemi s'étaient embrassés, il ne s'en serait jamais remis ! En même temps, Joey se sentait coupable d'avoir laissé Serenity seule avec Kaiba… C'était décidé, il ne la laisserait plus seule en sachant ce riche arrogant dans les parages…

Quant à Duke et Tristan, ils éprouvaient tout deux un sentiment de jalousie, au souvenir de la jeune fille, étendue sur le lit de Kaiba, presque offerte. Ils en voulaient silencieusement à ce dernier ; d'une part, pour avoir fait du mal à la jeune fille de leurs coeurs, d'autre part, pour avoir réussi à partager un contact aussi étroit avec elle. Oh bien sûr, ils étaient loin de se douter de la brûlante étreinte qu'avaient partagé les deux jeunes gens quelques instants avant l'intervention de Joey, mais tout de même…

Yugi et Tea étaient les deux seuls qui partageaient une opinion optimiste, et Yugi encore plus que Tea, du fait de ce que lui avait rapporté Mokuba juste avant qu'ils ne quittent le manoir.

« Qu'en penses-tu Pharaon ? interrogea Yugi. »

« Je pense que ça ne sera pas facile… Joey a failli tuer Kaiba de ses propres mains… Je ne l'avais jamais vu dans un tel état. S'il venait à apprendre les dires de Shizu, je n'oserais même pas envisager la suite…

« Mais il y a bien quelque chose à faire ! s'exclama Yugi. Je suis près à parier qu'il s'est passé quelque chose entre Kaiba et Serenity avant que nous arrivions… »

« Moi aussi mais je pense que pour l'instant, il vaut mieux ne plus parler de ce qui vient de se passer et de laisser faire le temps… Si Shizu dit vrai, alors il faut laisser faire le destin et ne pas intervenir dans cette histoire, car de toute manière, ils sont destinés à être ensemble. Notre intervention ne ferait qu'envenimer les choses…

« Oui, tu as sûrement raison… »

Duke reconduit Joey et Serenity chez eux. Joey ne voulut pas que les autres entrent, voulant rester seule avec sa sœur. Lorsqu'ils rentrèrent dans l'appartement, ils gardèrent tous deux le silence, et Serenity crut que Joey ne voulait pas en parler. Elle s'apprêta donc à aller prendre une douche, histoire de se remettre de ses émotions, mais fut interrompue par Joey :

- Serenity… murmura-t-il.

Elle tressaillit, mais se retourna pour faire face à son frère.

- Jure-moi qu'il ne s'est rien passé… dit-il.

La jeune fille rougit à l'évocation de ce sujet, mais elle regarda son frère droit dans les yeux.

- Je te le jure grand frère.

Joey s'avança vers elle et caressa fraternellement ses cheveux.

- Je ne sais pas ce que tu ressens pour lui mais… commença Joey.

- Je ne ressens rien pour lui ! Ce que tu as vu n'est pas ce que tu crois ! mentit Serenity.

Il la regarda, étonné, et poussa un soupir de soulagement.

- Ah…dit-il. J'ai cru que…

Puis de la colère s'empara de lui :

- Grrrr… il t'a piégée !

Serenity ne dit rien. Elle savait très bien ce qu'il en était, mais elle ne pouvait rien dire. Elle aimait Seto Kaiba. Elle était amoureuse de lui. Et elle venait de s'en rendre compte. Ils avaient échangé un baiser passionné qui resterait gravé dans sa mémoire, et elle était persuadée que Seto avait apprécié aussi. Après tout, c'était lui qui avait commencé à l'embrasser. Mais pour elle, le jeune homme avait fait ça juste par envie et non par amour, ce qui l'avait extrêmement blessée. En cet instant, elle se sentait frustrée, déçue, et surtout un grand vide commençait à l'envahir.

- Joey…dit-elle. N'en parlons plus d'accord ? Ca n'a pas d'importance…

Il lui sourit et elle tourna les talons.

- Serenity ! interpella son frère.

Elle tourna son doux et innocent visage vers son frère.

- Oui ?

- Je suis désolé… s'excusa Joey, en secouant la tête. Désolé d'avoir réagi comme ça…et désolé aussi pour t'avoir suivie hier soir au restaurant…

Elle hocha la tête silencieusement.

- Pour ce matin, je comprends ta réaction…dit-elle. Mais c'est vrai que hier soir, tu m'as vraiment déçue. Je croyais que tu avais confiance en moi…

De nouveau, le blond s'avança.

- C'est juste que… nous avons été si longtemps séparés que j'ai peur de te perdre à nouveau… Je sais que tu n'es plus une petite fille, mais tu es ma petite sœur, et tu seras toujours celle que je protègerai…

- Je comprends, dit la jeune fille. Mais pense un peu à moi : j'aimerais avoir plus de liberté, qu'on me laisse vivre. S'il te plaît essaie de faire un effort ; si tu tiens vraiment à moi, alors fais le…pour moi.

Joey la regarda. Il avait redouté ce moment où sa sœur lui demanderait de la laisser un peu tranquille ; mais il le comprenait.

- J'essaierai petite sœur…répondit-il.

- Merci Joey, dit Serenity, en se serrant contre son grand frère.

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"Le verbe aimer est un des plus difficile à conjuguer : son passé n'est pas simple, son présent n'est qu'indicatif et son futur est toujours conditionnel" (Jean Cocteau)


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Voilà pour ce chapitre. Merci à tous !