Chapitre III : Professeur Lewyn

Disclaimer : Aucun protagoniste de cette histoire ne m'appartient – hormis certains, même nombreux, que vous reconnaîtrez. Le monde d'Harry Potter est né de l'imagination de J.K. Rowling, je ne fais que l'emprunter quelques instants pour vous faire partager mon histoire.


True greatness consists in being master of one's self. (Robinson Crusoe)

Mardi, 11h

Deux heures. Encore deux petites heures. Sirius avait l'impression que le temps passait aussi lentement qu'il attendait le cours de Défense Contre les Forces du Mal avec impatience. C'était dire. Et ce cours-ci qui l'ennuyait profondément… Mais pourquoi diable avait-il pris Runes en option ? Il aurait pu être tranquillement installé dans la salle commune avec James et Peter à rire ou planifier une autre expédition contre les Serpentard. La première de l'année avait d'ailleurs été particulièrement réussie. Tous les Serpentards – pas un n'en avait échappé – s'étaient retrouvés ce matin, à neuf heures sonnantes, avec une moitié de tête verte, et l'autre moitié argentée. Mais par délicatesse, et parce que ce n'était que le début, la coloration n'était restée qu'une heure. Sirius aurait voulu la faire durer plus longtemps mais Remus s'était opposé à cela… Ils ne fallait quand même pas que les Serpentards apparaissent en victimes lors du premier cours de Lewyn !

Enfin, toujours est-il qu'au lieu de s'amuser, il devait écouter les explications soporifiques du professeur Kovel – Hypérion Kovel s'il vous plaît ! Avec un nom comme ça… – sur les runes anciennes ayant perdu leur signification au cours du temps… Et bla bla bla. Comme si ajouter une petite barre en haut d'un bâton allait changer le monde alors que, dans deux petites heures, le professeur Lewyn promettait un cours inoubliable. Sirius bâilla.

- Mr Black, est-ce mon cours qui vous ennuie tant ? demanda une voix toute proche. Trop proche.

Sirius tourna la tête. Kovel était juste à côté, dans l'allée, et il ne l'avait même pas vu. Nom d'un chaudron vert ! Se faire pincer pour une telle stupidité ! Ce n'était pas digne d'un Maraudeur !

Les Maraudeurs, c'était une idée de James. Enfin pas complètement. Pour être exact, c'était plutôt le Chevalier au Catogan qui était à l'origine de cette appellation. A force de passer dans le couloir nord du troisième étage, les quatre Gryffondor avaient pris l'habitude d'entendre les exhortations habituelles de l'extravagant tableau. Brigands, butors, pleutres, lâchesMarauds était l'invective qui revenait le plus souvent. Or, un soir où une expédition punitive contre la bande de Rosier avait particulièrement réussi, les quatre amis avaient décidé de fêter cela dans une salle vide du quatrième étage – salle qui était devenue leur quartier général d'ailleurs. Et au détour d'une imitation parfaite du chevalier au catogan par James, le nom était sorti. Les Maraudeurs. C'était comme si leur donner une identité concrète les ressoudait encore un peu plus.

- Mr Black ? Vous avez quelque chose à répondre ? Une excuse peut-être ? C'est dans vos possibilités ? continua Kovel avec une pointe de colère dans la voix, bien compréhensible puisque Sirius ne daignait pas répondre.

De tout façon il n'avait jamais apprécier Sirius. Merlin seul savait pourquoi ! Après tout, Sirius n'était que bon élève, charmant, boute-en-train, séducteur, bien-né… tout compte fait, c'était peut-être là le problème. Un trop-plein de qualités sans doute. Kovel, se considérant lui-même comme un don Juan, ne supportait pas la concurrence. Et apparemment que le concurrent en question ait 20 ans de moins n'entrait pas en ligne de compte.

- Je… réfléchissais à l'intérêt de ce texte, professeur, avoua Sirius très sérieusement. Et je me faisais la réflexion que, peut-être, nous pourrions aussi… en étudier d'autres… plus intéressants, si vous voyez ce que je veux dire.

- C'est nul, Sirius ! souffla Remus à côté de lui.

Oui, bon… on ne peut pas toujours être parfait.

- Fascinant, Mr Black ! ricana Kovel. Vous savez réfléchir ? Peut-être pourriez-vous alors le faire en retenue ? Ce soir, à 20h.

- Impossible, professeur. Ce soir je suis pris ! répliqua Sirius sans pouvoir réprimer un accent de plaisir de pouvoir contredire Kovel, sans insolence – ou presque.

- Pris ? Peu importe, vous êtes puni. Vous ne voulez pas en plus que je sois conciliant avec un vaurien comme vous ?

- c'est à dire que ce soir je suis déjà puni, répondit Sirius avec le plus grand calme.

Il entendit Lily pousser une exclamation. Ah ! il avait dû oublier de s'en vanter auprès des filles. Encore une erreur. Décidément que ne lui faisait pas faire ce professeur Lewyn !

- Hum, je vois que vous commencez bien l'année Mr Black ! Très bien, alors disons demain soir, et cinq points en moins à Gryffondor pour impertinence, dit Kovel d'une voix doucereuse.

Sirius n'essaya même pas de protester. Kovel aurait trouvé quelque chose de toute façon. C'était à se demander pourquoi Sirius continuait les Runes. Mais il y avait Remus, Lily, June, et le cours pouvait être intéressant par moment. Et puis il ne se voyait pas en Divination, même si avec James et Peter ça aurait pu être beaucoup plus marrant.

D'ailleurs, en parlant du loup, Remus venait de lui donner un coup de coude dans le bras.

- Quoi ?

- Tu pourrais au moins faire semblant d'écouter ! chuchota Remus

- Mais c'est exactement ce que je fais, répliqua Sirius sur le même ton.

- Hum, pas vraiment, non. Le prof avait à peine tourné le dos que tu est reparti à regarder le mur ! Franchement, Sirius, fais un effort, il ne reste même pas une heure !

- C'est déjà trop avec ce tordu !

Remus n'insista pas, ça ne servait à rien. Il eut un petit sourire en regardant Sirius, puis détourna la tête.

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- Black ! cria Lily à peine sortie de la salle de cours.

- Oui, Evans ? demanda Sirius d'un air détaché, conscient cependant du pourquoi de l'éclat de voix de la jeune fille.

- Tu ne m'avais pas dit que tu avais eu une retenue !

- Dois-je aussi te tenir au courant de mes allées et venues, de mes conversations et de mes conquêtes ? rétorqua le jeune homme avec un air narquois.

- Très drôle, Black, répliqua Lily en rougissant cependant. Mais j'espère que tu n'as pas fait perdre de points à notre Maison !

- Aucun, je te le jure ! répondit Sirius un peu mélodramatique

- Hum, hum… j'avais cru entendre Rusard accompagner la retenue de quelque chose comme 5 points de moins à Gryffondor ? dit Remus

- Oh ! Je me demandais aussi comment tu avais pu réussir à te faire punir par un prof ! Tu ne devrais pas jurer à la légère Black, ou c'est que ta parole ne vaut rien…

- Ma parole vaut ce qu'elle vaut ! J'avais gagné cinq points, j'en ai perdu cinq autres et gagné une retenue – deux maintenant. Logiquement je ne fais perdre aucun point à ma Maison… et j'ai même retrouvé mon honneur !

Lily ne trouva rien à redire mais poussa néanmoins un soupir d'exaspération doublé d'un regard noir, avant de s'éloigner avec ses deux amies.

- De quoi elle se mêle ? s'exclama Sirius en se tournant vers Remus.

- Eh bien… Elle est préfète. Ça répond à ta question ?

- Toi aussi tu es préfet, et pas toujours sur mon dos !

- C'est ce qu'on appelle de la faiblesse, j'imagine.

Sirius éclata de rire. C'était du Remus tout craché.

- Bon, on retrouve James et Peter avant qu'ils ne rasent tout le déjeuner ?

- Bonne idée. Mais il m'est avis que nous allons arriver trop tard, mon cher. Peter adore le hachis…

- Instinct carnassier tout simplement, Mr Lupin, répliqua Sirius sur le ton sec d'un certain professeur de Métamorphose.

- Hum… nous parlons du même Peter ? j'aurais plutôt dit gloutonnerie !

- Aussi, dit Sirius en éclatant de rire.

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Leur déjeuner dévoré, les quatre Gryffondor – baptisés maintenant Maraudeurs – se dirigèrent vers la salle de Défense contre les Forces du Mal. Sirius était excité comme jamais.

Il faut dire que si ce professeur Lewyn était aussi intéressante que le cours des premières années pouvaient le laisser croire, elle serait le premier vrai professeur de DCFM que Poudlard aurait connu en dix ans. De plus, il était à espérer qu'elle renversât la tendance qui voulait que ce poste fût maudit. En dix ans, en effet, pas moins de huit professeurs s'étaient succédés. Le dernier en date, Flaccus Wallace, était si vieux qu'il était parti en retraite au bout de deux ans d'enseignement. Au moins, celui-ci avait eu la chance de le pas mourir dans d'étranges conditions.

- J'espère qu'on fera de la pratique nous aussi ! dit Sirius

- On n'est pas en première année, répondit Remus. Ça m'étonnerait qu'elle nous apprenne des sorts dès le premier cours ! C'est pas comme si on n'en avait jamais fait !

- Ah, bon ? Et on en a fait quand, dis-moi ? demanda James ironiquement.

- Oh, arrête ! On a quand même appris des choses avec le vieux Wallace ! Les nouveaux, ils arrivaient tout juste et n'avaient presque jamais touché à une baguette pour la plupart. C'est normal qu'elle commence par les mettre en confiance !

- Oui mais hier elle a aussi eu les Serdaigle troisième année ! J'ai discuté avec Barty Croupton : ils n'ont fait que de la pratique ! Et ce matin, les quatrième année aussi ! répliqua Sirius en énumérant sur ses doigts.

- Et ce qui est normal en première année, c'est de commencer par de la théorie, renchérit Peter. Rappelle-toi la nôtre: on a attendu un mois avant de faire de la pratique.

- Oui enfin c'était Wallace quand même, Peter ! Même s'il était potable en tant que professeur, il n'était pas forcément très agile…

Un sérieux euphémisme pour l'homme en question, qui devait avoir deux fois la corpulence du moine gras.

- Mais je t'accorde qu'il est possible que l'on fasse aussi de la pratique, continua Remus. Ne t'attends cependant pas à ce qu'elle laisse tomber la théorie, ça n'a pas l'air d'être son genre !

- On verra bien, de toute façon ! Dix minutes, Sirius ! annonça James en souriant. Alors tu as vu Croupton, comment va-t-il ?

- Ça va, répondit Sirius. Il a une copine apparemment…

- Ah bon ? et pourquoi tu annonces ça avec une tête d'enterrement ?

- C'est une Serpentard, répondit Sirius avec une grimace de dégoût. T'imagine bien que son père ne le sait pas !

- Il a le droit d'avoir les fréquentations qu'il veut ! intervint Remus. Si ça se trouve, elle est très bien !

- J'en sais rien, le problème ce n'est pas moi, c'est son père. Tu ne le connais pas : il travaille au Ministère et fait tout pour monter en grade ! Et pour lui, comme pour beaucoup, Serpentard est synonyme de Mangemort… en puissance ou en acte !

- Tiens, d'ailleurs, en parlant de serpents… dit James d'un air sombre.

Sirius suivit la direction de son regard : les neuf élèves de Serpentard avançaient dans le couloir. Instinctivement, Sirius porta la main à sa baguette. Les années précédentes, en effet, une sorte de guerre intestine avait rongé Poudlard et usé les relations entre les Maisons, principalement entre Gryffondor et Serpentard. Et plus le Mouvement des Ombres, au-dehors, croissait, plus l'animosité grandissait à Poudlard. Car presque tous les Serpentard qui sortaient de l'école rejoignaient le mouvement dirigé par un certain Lord Voldemort qui avait de plus en plus fait parlé de lui, jusqu'à sortir de l'anonymat trois ans auparavant, pour diviser le monde sorcier et proclamer à haute voix ses théories sur la domination des Sang-Purs. A présent, il n'y avait plus beaucoup de sorciers qui osaient prononcer son nom. Et les anciennes familles le ralliaient, plus nombreuses chaque année.

Les parents de Sirius y songeaient d'ailleurs. Et c'était l'un des nombreux sujets d'altercation avec leur fils aîné. En pur Gryffondor, Sirius n'avait en effet jamais adhéré à beaucoup de leurs idées, mais cette dernière était la goutte qui ferait déborder le chaudron. Malgré ses différends, il avait quand même toujours respecté ses parents, car c'étaient ses parents tout de même. Mais cet été-là avait été le pire qu'il ait passé en leur compagnie, et Sirius avait senti qu'il ne pourrait plus rester longtemps entre deux feux.

Il fallait choisir, et son choix, il l'avait fait quatre ans auparavant, en décidant de devenir ami avec James. James dont la famille soutiendrait Dumbledore, quoi qu'il arrive. James qui abhorrait plus que tout qu'on lui rappelle la pureté de son sang et qu'on lui impose ses fréquentations. James à qui rien ne pouvait faire plus plaisir qu'une bonne correction aux Serpentard.

Les élèves les avaient maintenant remarqué. Les cinq garçons de Serpentard s'étaient imperceptiblement raidis eux aussi, mais trois d'entre eux arboraient un sourire mauvais. C'étaient Oyend Gepide, Kilian Ganper et Honorius Nott, trois élèves de célèbres familles. Célèbres pour leur allégeance au Seigneur des Ténèbres, oui ! songea Sirius. Des familles anciennes, des familles de sang-pur. Sirius les détestait encore plus pour ce qu'ils incarnaient la perfection selon la famille Black. Mais la perfection était-elle de crier sur tous les toits que les sorciers de sang-pur devaient régner en maîtres, qu'eux seuls devaient avoir la puissance, que tous les autres devaient se soumettre ou mourir ? Sirius en doutait fortement.

Les deux autres garçons étaient différents, mais non moins dangereux. Severus Rogue était l'ennemi juré des quatre Maraudeurs. S'il ne souriait pas, il n'en pensait pas moins. D'ailleurs on ne l'avait jamais vu sourire. Il avait toujours cet air morne et supérieur et ne jurait que par la Magie Noire, passion qu'il partageait avec les autres Serpentard de septième et sixième années, dont faisait partie sa grande amie, Coronella Berus . Personne n'avait jamais mieux porté son nom que cette vipère !

Quant au dernier, Wistan McFawell, il ne parlait presque pas et arborait toujours un visage fermé, marqué d'ennui. Sa famille était connue pour avoir été très proche du Mage Noir Grindelwald, mais elle avait été presque entièrement décimée à cette époque. Il n'en restait qu'une branche obscure d'où descendait Wistan.

Sirius sentait l'altercation imminente tandis que les Serpentard qui approchaient toujours avaient sorti leurs baguettes. Mais lorsqu'il vit Lily et les quatre autres Gryffondor arriver d'un autre couloir il ne put réprimer un léger soupir. Non qu'il n'appréciait pas une petite bagarre avec les Serpentard, mais ce n'était vraiment pas le moment. Le professeur risquait d'arriver d'un moment à l'autre et pour la première fois de sa scolarité, Sirius ne voulait pas faire mauvaise impression.

- Alors Black, t'es en avance ? Prêt à fayoter pour les beaux yeux de la prof ?

Curieusement ce n'était pas Gepide qui avait attaqué, mais un jeune fille au visage hautain, aussi blonde que Sirius était brun. Des traits reconnaissables entre tous. Une Malefoy. Johanna Malefoy. Son frère aîné, Lucius, avait quitté l'école l'année précédente et on aurait pu espérer qu'avec ce départ elle se sente moins assurée, mais apparemment il n'en était rien.

- Au moins j'ai bon goût, Malefoy ! Les yeux de Miss Lewyn sont bien plus agréables qu'une face de serpent ! crachat-il

Tous les Serpentard frémirent de cette insulte à peine voilée au Seigneur des Ténèbres.

- Tu feras moins le fier, Black, quand tu seras seul devant Lui, cracha-t-elle, les yeux haineux. Tes copains ne seront plus là pour te soutenir… Peut-être même seront-ils morts…

Sirius allait se jeter sur elle quand une voix douce se fit entendre :

- Ravie de voir que vous êtes déjà tous prêts pour mon cours !

Tous les élèves avaient en effet sorti leurs baguettes, mais aucun n'ignora l'ironie et l'avertissement de la voix. Ils rangèrent leurs baguettes mais l'atmosphère ne se détendit pas pour autant. Lewyn n'en fit pas grand cas.

Sortie de nulle part, elle arborait une longue jupe de velours d'un bleu très sombre, presque noir, et un corsage de la même couleur… Rien à voir avec les habituelles robes des enseignants de Poudlard, mais du même genre que ce qu'elle portait le jour de la rentrée. Très médiéval. Elle avait l'air aussi fatiguée que Remus durant la pleine lune. Sauf que ce n'était pas la pleine lune…

Tandis que les élèves pénétraient dans la salle de cours, Rachel commença à dire à qui voulait l'entendre qu'elle adorait sa tenue. Sirius lui fit comprendre que cela n'intéressait qu'elle –avec beaucoup moins d'élégance –, et James l'entraîna dans la classe avant que Lily ne commette sa deuxième tentative de meurtre de la semaine. Curieux pour une fille qui a l'air si sage …

Lorsque tous les élèves furent assis – les Maraudeurs aux deux derniers rangs comme à leur habitude –, le professeur Lewyn commença à parler de sa voix égale. Contrairement à l'habitude, elle ne fit pas l'appel, et ne restait pas derrière son bureau mais déambulait d'un pas lent dans la salle.

- Bien, bonjour à tous ! Je suis Clio Lewyn, votre professeur de Défense Contre les Forces du Mal. Sans plus tarder, vous allez commencer par un petit test de connaissances – rien de bien difficile, Miss Bering, je vous assure – puis…

Mais une voix froide la coupa, bien que le commentaire, fait à voix basse, ne semblât adressé qu'aux seuls serpentards.

- Un test ? Ah, vraiment très intéressant

- Vous dites, Mr… ? fit le professeur Lewyn de sa même voix douce.

- Gepide. Je suis Oyend Gepide, répondit ce dernier avec un air hautain, comme s'il annonçait qu'il était l'héritier de la couronne.

- Eh bien, Mr Gepide, vous devez savoir depuis longtemps que l'usage veut qu'un élève demande la permission du professeur s'il a un commentaire particulièrement éclairant à faire partager. Maintenant, ce que je viens de vous dire ne nécessitant aucun commentaire de ce genre, je vous prie de ne plus m'interrompre. Je disais donc…

- Mais Professeur, un cours entier consacré à un test de connaissance n'est certainement pas approprié pour notre année. Nous nous préparons aux Buses, la coupa Oyend.

- Mr Gepide, je suis tout à fait au courant du programme scolaire que nécessitent les BUSE, merci. Par ailleurs, il me semble vous avoir fait une remarque. Je me vois donc dans l'obligation de retirer cinq points à votre maison pour que vous fassiez plus attention. Maintenant, au travail !

Aussitôt, Lewyn tapota le tas de feuille de sa baguette et, quelques secondes plus tard, un questionnaire se matérialisa devant chaque étudiant.

- Vous avec quinze minutes ! annonça le professeur sur le même ton.

- Quinze minutes ! s'étrangla le voisin de Gepide, qui se trouvait être Kilian Ganper.

- Oui, quel est le problème ? s'enquit Lewyn calmement. Comme votre camarade vient de nous le faire remarquer, vous préparez vos BUSE. Je ne saurais vous laissez plus de temps pour des éléments que vous êtes censés connaître sur le bout des doigts.

Et autant pour toi, Gepide ! pensa Sirius avec un sourire intérieur.

Chaque élève baissa donc le nez sur son parchemin. Les questions n'étaient pas si difficiles en réalité, c'était juste un rappel de tous les sorts et de toutes les créatures qu'ils avaient étudiés – ou étaient censés avoir étudié – durant les quatre années précédentes. Le professeur Wallace, en effet, avait de loin préféré la théorie à la pratique : il y avait donc dans le questionnaire des sorts qu'ils n'avaient jamais pratiqués, et des créatures dont ils n'avaient jamais entendu parlé. Mais les devoirs de vacances de Mrs Black furent au moins utiles à quelque chose ! Sirius finit de répondre à son questionnaire et leva la tête.

Il avait terminé en avance. Lewyn le remarqua immédiatement et lui fit un léger sourire. Sirius vit que Peter – installé juste devant lui à côté de Remus – avait du mal à finir son parchemin. Pauvre Peter, toujours à la traîne !

James de son côté avait presque terminé mais bloquait à la question : « Quelle est la différence entre un Bicorne et un Hunfreu ? » Sirius lui souffla discrètement la réponse, c'est à dire que l'un pouvait être contrôlé par un sorcier. James hocha la tête et le remercia d'un sourire.

- Finissez votre phrase, je ramasse ! annonça Lewyn sans hausser la voix.

Il y eut quelques protestations lorsque les parchemins s'envolèrent quelques secondes plus tard pour former un tas parfait sur le bureau professoral. Clio Lewyn fit mine de ne pas les entendre et reprit de sa voix douce.

- Bien, maintenant nous allons pouvoir commencer le cours. Comme Mr Gepide l'a fait remarquer tout à l'heure, je suis ici pour vous préparer aux BUSE. Mais pas seulement.Vous n'êtes pas sans savoir ce qui se passe en-dehors de Poudlard, la guerre qui ne tardera pas à éclater. Si je suis ici, donc, c'est aussi pour vous aider à affronter cela. Dans deux ans, vous quitterez cette école, et ce n'est pas une simple formation aux BUSE qui vous protégera. En effet, certains d'entre vous choisiront peut-être l'année prochaine d'autres options et n'auront que très peu de cours de Défense Contre les Forces du Mal. J'ai donc un an pour vous apprendre le minimum qui vous servira. Oui, Miss… ?

- Johanna Malefoy, professeur. Vous n'êtes pas un peu jeune pour nous enseigner cela ? demanda la Serpentard avec une pointe d'ironie qu'elle ne fit même pas mine de cacher. Je veux dire, pour nous apprendre à nous protéger de cette guerre dont vous parlez, un professionnel, un Auror expérimenté par exemple, ne serait-il pas préférable ?

Tous les Gryffondor étaient suffoqués par l'insolence de la jeune fille, mais les Serpentard, au contraire, semblaient s'en amuser. Il est vrai que Lewyn ne paraissait pas très âgée. Sirius lui aurait donné un peu plus d'une vingtaine d'années, mais son chignon la vieillissait un peu. Cependant Lewyn répondit calmement sans hausser le ton.

- Je ne pense pas que vous soyez en mesure de juger de mon expérience, Miss Malefoy. Vous ne savez rien.

Mais comme Johanna allait répliquer, elle continua – un peu excédée semblait-il, mais c'était si infime que Sirius n'en aurait pas donné sa main à couper.

- Je suis venue ici pour deux raisons. La première, vous la connaissez, c'est la même presque tous les ans : personne n'a été trouvé pour ce poste, réputé maudit comme vous le savez. J'ai donc proposé mes services au professeur Dumbledore, qui les a acceptés.

- Et la seconde raison ? demanda Johanna

- Elle ne vous concerne pas, répondit simplement Lewyn en la fixant du regard.

Johanna Malefoy baissa la tête au bout de quelques secondes et aucun Serpentard n'osa répliquer au ton qu'elle avait employé. Le professeur continua donc son explication. Les élèves apprirent donc que Clio Lewyn diviserait ses cours en deux parties. Mais comme elle préférait de loin la pratique – clin d'œil de Sirius à Remus – elle séparerait l'étude des Créatures et les sortilèges, et ne ferait de la théorie que lorsque celle-ci serait vraiment nécessaire. Cependant, en attendant qu'elle ait examiné les questionnaires, ils allaient commencé par un cours théorique.

Sans protester, tous les élèves prirent plumes et parchemins, et finirent le cours en prenant des notes.

- C'était quand même d'un ennui mortel ! se plaignit James en sortant de la salle.

- Faut dire merci aux Serpentard, lui répondit June Silben

- Pourquoi ? s'étonna Sirius

- Tu n'as pas remarqué qu'elle n'avait pas préparé son cours ? Elle allait nous faire un cours pratique mais Gepide et Malefoy l'ont un peu trop contrarié à mon avis !

- T'en es sûre ? demanda Sirius peu convaincu

Le regard qu'elle lui lança était sans réplique.

- Elle aurait pu éviter de nous faire payer les conneries des Serpentard ! regretta James.

- En même temps, de quoi te plains-tu ? intervint Lily. Elle les a plutôt bien remis à leur place, je trouve.

- Même plus que bien ! s'exclama James. J'ai adoré voir Malefoy baisser la tête comme ça ! c'était génial ! Il faut que je me fixe ça dans l'esprit... Ah ! si Lewyn pouvait faire ça plus souvent ! s'écria-t-il d'un air extasié.

Lily se mit à rire du soudain enthousiasme du jeune homme, et fut bientôt suivie de tous les Gryffondor.

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L'après-midi se termina tranquillement avec un cours d'Astronomie. Le professeur Sichilda Amalon était plutôt gentille en général mais n'admettait pas que les élèves puissent ne pas aimer sa matière, et avait comme une dent contre ceux qui affichaient leur désintéressement. C'était le problème des Maraudeurs qui trouvaient le cours assez propice au bavardage. Mais c'était surtout le problème de June qui, comme d'habitude, s'abstenait de toute participation. Elle n'aurait pas été là, ça n'aurait pas changé grand chose. Ah si ! les regards noirs du professeur !

Quand vint le soir, après dîner, Sirius s'apprêta à partir retrouver Rusard pour sa retenue.

- Tu pourrais demander à être dans l'Histoire de Poudlard… lui dit James

- Comme l'élève qui a réussit à avoir une retenue dès le premier jour ! termina Peter

- Moui… mais l'année prochaine je fais mieux ! Dès la rentrée ! s'écria Sirius

Les Maraudeurs éclatèrent de rire.

- Ça va être dur de tenir ce pari-là, Sirius ! dit James. Les profs ne donnent pas de retenue le jour de la rentrée : les cours n'ont pas commencé.

- Non, ils n'enlèvent pas de points mais je suis sûr qu'ils donnent des retenues !

- OK ! pari tenu ! annonça Peter. Mais uniquement si tu ne fais pas de pièges grossiers ! Que des blagues de Maraudeurs !

- Tu me prends pour qui ? répliqua Sirius en faisant semblant d'être vexé.

- Oh, je trouve que Peter a raison ! On ne sait jamais avec toi, tout ce que tu ferais pour gagner un pari ! intervint Remus. Mais tu devrais y aller maintenant, sinon Rusard en profitera pour te remettre une heure !

- Ouais, à tout à l'heure !

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Rrrrr… Saleté de concierge ! Pour une petite bombabouse de rien du tout, il avait fait brosser à Sirius toute les tentures de la salle des Hauts Faits, une pièce du quatrième étage que personne n'avait nettoyé depuis au moins trois cents ans ! Or tout un chacun dans ce château savait que la Salle des Hauts Faits était entièrement tapissée de tentures narrant les différents exploits des sorciers célèbres au cours des siècles.

C'était évidemment impossible à réaliser en une soirée, alors Sirius en était quitte pour revenir le lendemain – retenue infligée par Kovel – et Rusard lui avait promis qu'il finirait la salle entière tout seul, que ce soit demain ou dans un mois. En un mot, à la prochaine retenue il y retournerait.

C'est donc les bras complètement brisés qu'il repartit vers sa salle commune après trois heures de nettoyage intensif. Et comme un fait exprès, il était à l'autre bout de la tour Gryffondor. Fichu concierge !

C'est en jurant et traitant Rusard de tous les qualificatifs possibles – et nettement grossiers à l'occasion – qu'il arriva au deuxième étage. Comme mû par un réflexe – de Maraudeurs évidemment – il se tut et s'immobilisa.

Des voix se rapprochaient. Deux personnes apparemment. Sirius eut juste le temps de se cacher derrière la statue de Dame Himiltrude la Guerrière et de se faire tout petit en espérant ne pas se faire remarquer. Par un heureux hasard, ladite dame était d'un gabarit assez impressionnant et Sirius n'eut pas à faire beaucoup d'efforts pour passer inaperçu. Mais pour son malheur, les deux voix s'arrêtèrent devant une porte toute proche, à quelques mètres en face de la statue.

- Les dossiers ? Mais le Ministère ne peut intervenir ici, n'est-ce pas ? demandait une voix féminine

- Bien entendu, répondit son interlocuteur – Dumbledore. Cependant il suffirait d'une motion du Conseil administratif, et j'en connais beaucoup qui aimeraient.

- Ils n'oseront pas, ils ont trop peur de vous ! Qui affronterait la colère d'Albus Dumbledore ? dit la jeune femme – Lewyn ! – en riant.

- Jusqu'à ce que la peur de l'autre côté soit plus forte ! répondit le directeur de Poudlard avec une pointe d'amertume dans la voix.

- Cela arrivera, nous ne devons pas nous voiler la face. Mais je doute qu'ils osent un jour aller contre vous. Le "Bastion" est votre fief, et même Rosier ne pourra rien faire. Les autres devront bien comprendre que vous restez le seul rempart contre Voldemort.

- Je ne suis pas aussi seul que vos paroles semblent l'exprimer, heureusement !

- Oui, bien sûr ! Mais c'est la cohésion qui vous manque ici. C'est une honte pour les sorciers de ne pas parvenir à s'allier lorsque la situation l'exige, alors que les Chevaliers Noirs sont soudés pour le pire depuis de nombreuses années ! s'emporta la jeune femme avec colère.

- Ils se font appeler Mangemorts à présent, rectifia doucement Dumbledore.

- Grand bien leur fasse, maugréa Lewyn.

- Quoi qu'il en soit, le Conseil veut les dossiers. Et je doute que Mr Rosier et Mr Gepide attendent encore longtemps.

- Qu'allez-vous faire alors ? demanda Lewyn d'une voix soucieuse

- Que me conseillez-vous, Clio ?

- Que puis-je vous conseiller ? répliqua Lewyn avec un petit rire amer. Pourquoi les veulent-ils ?

- Ils disent vouloir "être sûrs" de l'intégrité du corps enseignant. C'est d'un ridicule cette formule, ne trouvez-vous pas ? Tous mes professeurs sont irréprochables. Ils sont à Poudlard depuis longtemps, douze ans pour le plus récent. Les seules qui posent problème, si j'ose dire, sont Mrs Delart et vous. Mrs Delart est la nièce d'un ami à moi très connu dans son métier, et sa passion du monde moldu l'écarte de tout soupçon. Il ne reste donc plus que vous, en qui j'ai toute confiance aussi bien entendu, mais je ne vous cache pas que la plupart de vos collègues, et le Ministère, n'ont pas les mêmes certitudes que moi vis-à-vis de vous.

- Je comprends, répondit Lewyn doucement. Vous ne les laissez pas avoir accès à mon dossier, n'est-ce pas ?

- Oui, c'est cela qui les embêtent. En réalité, c'est justement le but de cette demande. Les autres dossiers ne les intéresse pas du tout. Ils les connaissent déjà. L'ironie est qu'ils disent me faire entièrement confiance, continua Dumbledore, mais seraient tout à fait rassurés s'ils pouvaient savoir…

- Mais vous et moi savons que c'est impossible, le coupa gentiment Lewyn. Trop de gens… cela ferait trop de gens au courant. Nous ne pouvons pas courir le risque. N'êtes-vous pas de mon avis, Albus ?

- Tout à fait, répondit Dumbledore. Mais ils se posent tous des questions… même les professeurs et les élèves.

- Qu'ils s'en posent ! Où pourraient-ils trouver des réponses ?

- Certains savent ce que persévérance signifie, répondit Dumbledore en souriant.

- Oui, je vois très bien de qui vous parlez ! dit Lewyn dans un rire. Eh bien, qu'ils persévèrent ! Nous verrons…

- Oui, nous verrons… répéta Dumbledore. Mais je vous laisse ! Bonne nuit, Clio !

- Bonne nuit à vous aussi, Albus !

Le professeur Lewyn murmura quelque chose et ouvrit la porte devant laquelle ils se tenaient, tandis que le directeur s'éloignait dans le couloir. Sirius attendit quelques minutes en essayant de retenir toutes les paroles qui avaient été échangées. Pourvu que James et les autres ne soient pas encore couchés !

Lorsque le silence fut complet, il sortit de sa cachette et rejoignit la salle commune de Gryffondor le plus vite mais le plus discrètement possible.


A suivre vendredi prochain dans le chapitre IV: Lunard, Queudver, Patmol et Cornedrue

POV de Remus en exclusivité (c'est mon préféré…)

Merci beaucoup pour vos reviews (à croire que je gagne 2 lecteurs(trices) par chapitre… pour le coup ça m'encourage à écrire !) Continuez please! et si vous avez des questions, n'hésitez pas non plus !