Disclaimer : bon, c'est le dernier, je crois qu'on a compris maintenant… "Merci Jo !" Si vous ne le savez pas encore : tout est à elle ! Sauf bien sûr, mes personnages à moi… d'ailleurs, elle les a trouvé très bien et, petite confidence, m'aurait bien emprunté Miss Lewyn si elle n'avait pas déjà engagé un professeur de DCFM pour le tome VII …
Salut, ô belle nuit, étincelante et sombre… (André Chénier)
Samedi, 9h
La pleine lune approchait. Remus la voyait croître tous les soirs avec un mélange d'angoisse et de colère. Chaque mois, c'était la même chose mais il ne s'y ferait jamais. La douleur, la colère, puis la honte, la fatigue, et la colère encore. Depuis quatre ans qu'il cachait sa condition à ses camarades, il n'avait jamais réussi à leur dire. Non, il n'avait jamais eu le courage de leur parler, leur révéler son secret, son fardeau. La peur aussi était une vieille amie. La peur de se voir rejeté encore un fois, la peur de se laisser submerger par la honte, la peur de tout gâcher. Mais à partir de la deuxième année, James, Peter, et Sirius n'avaient plus rien demandé lorsqu'il les quittait trois soirs par mois. Remus l'avait remarqué mais n'avait rien dit. Peut-être avaient-ils cru ses histoires, se dit-il. Mais il se mentait à lui-même. Au fond de lui il se demandait s'ils avaient découvert son secret… Au fond de lui, il l'espérait… Mais, non, c'était impossible. S'ils avaient su, ils se seraient forcément détournés de lui. Mais, et s'ils avaient accepté… Non ! c'était absurde ! Aucune personne sensée ne resterait plus longtemps avec un monstre uniquement par amitié !
Remus se frotta les yeux. Encore cette vieille discussion avec lui-même à l'approche de la pleine lune. Demain soir il retournerait à la Cabane Hurlante et dans trois jours il serait tranquille pour un mois. La routine.
Il retourna à son livre. La bibliothèque était calme ce samedi matin, les élèves profitaient de leur premier jour de repos après cette semaine éprouvante. Il n'y avait guère que quelques septième années, deux autres garçons émerveillés qui se perdaient entre les rayonnages – des nouveaux –, et aussi Lily Evans, accompagnée d'une June égale à elle-même, c'est-à-dire penchée rêveusement sur un épais grimoire.
- Alors, on dort ? fit une voix à son oreille.
- Sirius ! Tu es levé ? James t'a encore jeté hors de ton lit en partant ?
- Non, pour une fois je n'y ai pas eu droit... Mais c'est quand même à cause de lui ! Le pauvre chéri ne s'est pas réveillé ce matin pour son entraînement, et Flaight l'a appelé de sa douce voix pendant dix minutes au pied de l'escalier. Le pire c'est que c'est moi qu'elle a réveillé en premier ! dit-il en se laissant tomber sur une chaise.
- Pas de chance ! Mais c'est très bien, tu vas pouvoir m'aider ! Après tout c'est ton idée ! répondit Remus en lui tendant Généalogie incomplète des Sorciers de Grande-Bretagne, volume XXXIV.
En début de semaine, Sirius leur avait en effet raconté une conversation entre Dumbledore et le nouveau professeur de DCFM, qu'il avait surprise en revenant d'une retenue. Etrange conversation d'ailleurs. Qu'avait Lewyn à cacher ? Son dossier était-il vraiment inaccessible ? Mais existait-il au moins ? Apparemment le Conseil d'Administration n'avait pas eu son mot à dire pour son recrutement. C'était assez rare… et même tout à fait extraordinaire. Remus n'avait jamais entendu parler d'un seul professeur dont le dossier n'ait pas été agréé par le Conseil. Et avec les personnalités qui y siégeaient – Rosier, Gepide, Wilkes et bien d'autres – c'était un exploit que de le leur avoir caché.
En définitive, les Maraudeurs y avaient réfléchi toute la semaine et s'étaient relayés à la bibliothèque – enfin, surtout Peter et Remus – pour trouver des renseignements sur la mystérieuse enseignante.
- Tu n'as encore rien trouvé ? demanda Sirius en cherchant la lettre L.
- Non, rien du tout ! Aucune Clio Lewyn de connue ! Et c'est le dixième livre depuis hier !
- Elle avait raison alors… murmura Sirius pour lui-même.
- Quoi ? qu'est-ce que tu racontes ?
- Quand elle sous-entendait que notre persévérance ne servirait à rien, elle savait ce qu'elle avançait !
- On finira par trouver quelque chose, même s'il faut aller le chercher dans la Réserve !
- Oh, oh ! je croyais que tu étais préfet ! glissa Sirius en souriant.
Remus lui rendit son sourire, un vrai sourire de Maraudeur, et ils se remirent à la tâche. A dix heures, Peter vint les rejoindre et ils continuèrent tous les trois. Les livres s'amoncelaient sur la table et Mme Pince commençait à les regarder d'un mauvais œil à chaque nouvel ouvrage qu'ils sortaient des rayons.
Puis Lily et June rangèrent leurs affaires et se dirigèrent vers la porte de la bibliothèque. En passant devant leur table, June y jeta un coup d'œil et, croisant le regard de Remus, chuchota distraitement :
- Magie et symbolique galloise, et puis mythologie antique aussi…
Elle rejoignit Lily et sortit de la bibliothèque sans se retourner. Remus crut avoir rêvé, jusqu'à ce qu'il remarquât que Sirius et Peter la regardait, eux aussi, stupéfaits.
- Comment peut-elle savoir ? demanda Peter d'un air ébahi.
Il regardait Remus comme si ce dernier allait sortir un niffleur de son chapeau.
- Voyons Peter ! elle a simplement fait preuve d'un peu de jugeote !
Remus désigna du pouce les divers livres entassés sur la table.
- Qu'est ce qui commence par un L et qui peut nous intéresser au point que même Sirius daigne entrer dans la bibliothèque ? dit-il sur le ton d'une devinette pour enfant. De plus, je suppose qu'elle a déjà fait des recherches.
- Je vais chercher symbolique machin, dit Sirius en se levant.
- Magie et symbolique galloise, soupira Remus.
Peter partit fouiller le rayon mythologies anciennes, tandis que Remus alla ranger les ouvrages dont ils n'avaient plus besoin.
June était vraiment étrange. Elle savait depuis le début ce qu'ils cherchaient, sinon elle n'aurait même pas fait un crochet pour passer à côté d'eux. Et puis, quand avait-elle pu faire ses recherches ? Il avait passé beaucoup de temps dans l' "antre" de Mme Pince cette semaine et il ne l'avait pas vu souvent. Il y avait Lily, certes, mais June ne venait que rarement. Cette fille est un mystère à elle toute seule ! pensa Remus. Mais ce qui le dérangeait encore plus c'était cette impression qu'elle savait tout. Absolument tout. Et sur chacune des personnes de Poudlard – y compris lui, Remus Lupin. Le loup-garou. Ça faisait froid dans le dos en y songeant.
- Le voilà ! annonça Sirius en revenant s'asseoir.
- J'ai trouvé un dictionnaire de la mythologie romaine, ajouta Peter en apportant un gros volume.
- Bon je crois qu'on ferait mieux de les emporter et de les examiner plus tard, dit Remus. Il va être l'heure de manger et James a dû finir son entraînement.
Les deux autres Maraudeurs ne se le firent pas dire deux fois : ils empruntèrent leurs livres à une Mme Pince défiante et sortirent de la bibliothèque. Après être passés par leur dortoir pour y déposer leur butin, ils se rendirent dans la Grande Salle où James était déjà attablé avec l'équipe de Quidditch.
- Ça va être une équipe de tonnerre ! s'exclamait Envola Flaight, septième année, capitaine et batteuse de son état.
- les Serpentard n'ont qu'à bien se tenir ! renchérit Rachel Bering, l'autre batteuse.
L'équipe de Gryffondor se distinguait grâce à son duo de batteuses exceptionnelles. C'était assez rare que des filles tiennent ces places, et jusqu'ici dans l'histoire de Poudlard il n'y en avait eu que deux, une Serdaigle et une Gryffondor, mais jamais en même temps. Personne cependant n'aurait eu l'audace de reprocher quoi que ce fût au duo Flaight-Bering, surtout si leurs battes étaient à portée de main.
Le reste de l'équipe était entièrement masculin : James Potter, Steven Weat et Fred Maugham étaient les poursuiveurs, Henry Kimming le gardien, et Ben Gibbs l'attrapeur. Flaight n'avait pas cru bon de changer l'équipe cette année, bien que la coupe leur ait échappé l'an dernier. Certains en discutaient justement à la table mais Remus était au-dessus de ces considérations. Le Quidditch n'était pas ce qui le passionnait le plus.
Sirius tenta en vain de l'y intéresser pour la cent-quatre-vingt-huitième fois mais c'était peine perdue. En soupirant, il se retourna vers James pour continuer à émettre des hypothèses sur le vainqueur hypothétique de la Coupe cette année.
De l'autre côté de la table Rachel essayait elle aussi d'intéresser ses deux amies à son sport favori mais seule Lily écoutait avec attention. June rêvait à on-ne-sait quoiet un sourire flottait sur ses lèvres. En relevant la tête, elle croisa le regard de Remus et, à la grande surprise de ce dernier – puisque June semblait avoir un problème de dialogue avec tout Poudlard –, engagea la conversation.
- Le Quidditch ne te passionne pas non plus ? demanda-t-elle en souriant.
- Pas tellement, mais de toute façon, j'entendrait encore parler de l'équipe tous les jours jusqu'au match ! répondit Remus
- Voilà ce que c'est que d'avoir des amis dans l'équipe, dit-elle en soupirant.
- Je vois qu'il y a de l'expérience ! se moqua-t-il.
- Oh ! plus que tu ne le crois ! soupira June. Alice, ma sœur, est attrapeuse dans son équipe, à Beauxbâtons.
- Tu as une sœur en France ? Pourquoi n'est-elle pas à Poudlard ? demanda Remus, surpris.
June parut réfléchir quelques secondes en le regardant puis expliqua :
- Nous sommes jumelles. Mais ma mère a une drôle de conception de la gémellité, peut-être dûe à ses lectures -une femme qui se fait appeler George pour écire, j'ai toujours trouvé ça bizarre. Enfin bref, elle pense qu'il ne faut surtout pas que nous soyons toujours ensemble, alors elle passe son temps à vouloir nous séparer. Ça allait jusqu'à nos onze ans, puisque nous étions toujours à la maison, mais après, il ne fallait surtout pas se retrouver dans la même classe, le même dortoir, etc.
- Mais il y a des jumeaux qui ne se retrouvent pas dans la même Maison, objecta Remus, abasourdi par cette révélation.
- C'est exact, mais ça ne rentre pas en ligne de compte chez ma mère, répondit June d'un air détaché. Et puis c'est assez rare, regarde les jumelles Elbaw : elles sont toutes les deux chez Poufsouffle.
- Oui, dit Remus sans trouver autre chose à répondre. Mais quand même, séparer des jumeaux, c'est dur ! Et puis la France…
- Oh, ne t'inquiète pas ! Ma mère est française et nous a appris la langue. Sinon, ajouta-t-elle avec une pointe d'ironie, ç'aurait sûrement été Salem ou l'Australie.
Les yeux écarquillés, Remus ne put rien lui répondre. June n'avait jamais rien dit sur elle. En quatre ans passés dans sa classe, il ne savait guère que son nom. C'était étrange, quand on y pensait, lui qui se faisait un point d'honneur à connaître au moins tous les élèves de sa Maison.
- Dire qu'on est dans la même classe depuis cinq ans et qu'on ne connaît rien de toi ! soupira-t-il. Je ne parle pas que pour moi… James, Sirius, Peter… il ne savent rien non plus !
- Je n'ai pas l'habitude de parler de moi, répondit June froidement.
Remus voulut s'excuser, mais avant qu'il ait pu ouvrir la bouche, elle reprit avec un sourire :
- Et ces recherches ? Elles avancent ?
- Je… euh, oui… Merci pour les livres ! Tu… tu as déjà eu le temps de les lire ? demanda Remus en fronçant les sourcils
- J'ai lu Symbolique Galloise l'année dernière. Pour ce qui est de la mythologie, j'ai supposé que vous ne vous y connaissiez pas beaucoup… même si ça m'étonne de toi, Remus ! dit-elle en accentuant sur son nom.
- Pardon ? ah oui… Remus… ma mère m'a raconté la légende, avec la louve et tout ça, mais j'avoue que je ne suis pas trop curieux de ce côté là, répondit-il un peu mal à l'aise.
Pitié, June ! N'insiste pas, s'il te plaît !
- Ah bon ! dit-elle sans paraître pour autant étonnée. Dommage…
Leur discussion s'arrêta là puisque Rachel se mit en mesure de demander à chaque personne présente ce qu'elle pensait des Canons de Chudley. Par amitié, June fit donc semblant de s'intéresser à ce que racontait la jeune fille.
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- Alors, qu'est-ce que ça dit ? demanda James, impatient.
Les quatre Gryffondor, une fois le déjeuner terminé, s'étaient réfugiés dans leur QG pour examiner les livres pris à la bibliothèque.
- C'est de la magie runique principalement… répondit Remus en feuilletant Magie et Symbolique Galloise. Je ne comprends pas…
- Tu ne comprends pas ce que ça dit ? fit James, étonné.
- Mais non, tête de Gorgone ! Je ne comprends pas pourquoi elle nous l'a conseillé !
James fit mine d'être vexé et Remus s'en voulut de lui avoir répondu si méchamment. Il reprit plus doucement :
- Il doit bien y avoir quelque chose qui nous intéresse mais quoi ? et surtout, où le trouver ?
- Peut-être qu'il y a juste une indication sur son nom, fit Peter. Lewyn c'est pas gallois ?
- Mais oui ! s'écria Remus en se tapant la tête. Il tourna les pages à toute vitesse. Là, je l'ai ! Il y a un lexique évidemment !
- Alors, que veut dire Lewyn ? demanda Sirius.
- Ben… rien. Il n'y a pas d'entrée… seulement Llew qui veut dire "lion" apparemment. Mais ça ne s'écrit pas pareil.
- Ça nous avance à rien alors ? bougonna Peter, déçu.
- A pas grand chose en tout cas, dit James. Pourquoi diable Silben a-t-elle cru que ça nous aiderait ?
- Aucune idée, répondit Remus. Peut-être qu'elle s'est trompé…
Mais sa phrase mourut sur ses lèvres lorsqu'il croisa les regards sceptiques de James et Sirius. Les Maraudeurs réfléchirent en silence. Au bout de deux minutes, la patience de Sirius ne tenant plus, il se mit à feuilleter le dictionnaire de mythologie que Peter avait emprunté à la bibliothèque.
Soudain, Remus poussa un cri et releva la tête avec un grand sourire.
- On ne cherchait pas au bon endroit ! s'écria-t-il
Les trois autres le regardaient, l'air perdu.
- Pardon ? Où peut-on chercher Lewyn autre part qu'à la lettre L ? demanda James, ironique.
- Mais nulle part ailleurs !
- Remus, dans ta grande sagesse, pourrais-tu expliquer aux pauvres imbéciles que nous sommes, la brillante idée que tu viens d'avoir ? dit Sirius avec un sourire moqueur.
- C'est simple, répondit Remus sans paraître se formaliser du ton de son ami. June savait que nous chercherions à "LE", alors qu'il fallait aller à "LLE".
- Et elle n'aurait pas pu le dire simplement ? demanda James sceptique, et un peu vexé.
- Elle ne va pas nous mâcher le travail non plus ! intervint Peter.
- Eh les gars ! J'ai trouvé son prénom ! annonça Sirius, penché sur le dictionnaire.
- Et alors, qu'est-ce que ça va nous apporter de plus ? soupira Peter
- Je sais pas… c'est le nom d'une muse apparemment. La muse de l'Histoire. C'est tout.
- Super ! On a incroyablement avancé ! ironisa James. Un lion et une Muse. Pourquoi on va se creuser la cervelle à chercher ça ? son père est peut-être gallois et sa mère aimait la mythologie ! Franchement, les gars ! Ça ne sert à rien. Silben s'est bien fichu de nous !
- Arrête James ! C'est pas son genre ! dit Remus, les yeux au ciel. Peut-être qu'on a pas compris ce qu'elle voulait dire !
- Si elle le disait autrement que par énigmes ça serait un peu mieux, non ? railla James
- De toute façon, moi j'arrête là pour aujourd'hui, continua Remus sans s'occuper de la remarque de James. On a une dizaine de parchemins à remplir pour cette semaine et j'aimerais m'avancer.
Etrangement, les trois autres Maraudeurs ne protestèrent pas, mais ils ne suivirent pas pour autant Remus lorsque celui-ci quitta le QG. Après tout, ils avaient raison. Eux auraient leurs dimanche, lundi et mardi soirs pour travailler. Ils n'avaient pas besoin de tant s'avancer. Remus tenta donc d'effacer ce malaise qui se glissait en lui dès qu'il pensait à sa "maladie", à ses amis qui s'entendait si bien… même sans lui. Mais c'était lui le monstre: que pouvait-il espérer de plus que ce qu'il avait déjà. D'un geste de la main, il chassa toutes ses idées noires. Il devait se concentrer sur ses devoirs.
Mais lorsque Peter, James et Sirius revinrent dans la salle commune, tous trois blaguant et riant ensemble, le cœur de Remus se serra encore. Jamais il ne serait vraiment comme eux, insouciants et entiers, jamais ! Le loup en lui ferait toujours la différence.
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Dimanche, 19h
- Remus, ça va ? Tu n'as pas l'air en forme !
- Je dois être un peu malade, Lily, mais ça va aller, merci ! répondit le jeune homme en esquissant un faible sourire.
Non ça n'allait pas, évidemment. Dans quelques heures la métamorphose allait commencer, qui ferait de lui un monstre dont elle n'avait pas idée.
Rachel le regarda d'un air bienveillant.
- Ça doit être l'humidité ! Ce château est horrible pour ça ! On rentre de vacances, on a passé l'été au soleil et tout ça, et pouf, on tombe dans ce nid de moisissures. Ça ne m'étonne pas que tu ne sois pas bien, je suis même surprise qu'il n'y ait pas plus de malades !
Remus apprécia sa sollicitude en essayant de cacher un sourire derrière sa fourchette de pommes de terre. On ne pouvait pas vraiment dire que Poudlard soit humide et insalubre, mais au moins Rachel lui fournissait une excuse inestimable.
- Oui, c'est sans doute ça, dit-il. Je vais passer voir Mme Pomfresh tout à l'heure.
- Si tu veux, je t'accompagnerai, dit Sirius avant de se tourner vers June qui regardait autre part, absente. Eh Silben, merci pour les livres mais ça ne nous a pas beaucoup aidé !
- De quoi il parle ? s'étonna Rachel en tournant vivement la tête vers son amie.
- De Lewyn, répondit June sans se formaliser de l'air indigné de Rachel.
- Tu leur as dit ? s'exclama-t-elle
- Oui. Ils cherchaient.
- Et on n'a pas vraiment trouvé, intervint James, ironique.
- C'est que vous n'êtes pas très futés, répliqua June en le regardant enfin. C'était pourtant très clair !
- Très clair ? s'étrangla James. Un lion et une Muse. Tu parles d'une clarté ! En effet, c'est lumineux !
June parut comprendre quelque chose et soupira en secouant la tête.
- Vous n'avez pas cherché jusqu'au bout ! dit-elle
- Comment ça ? demanda Peter
- Si vous aviez fait le travail entièrement, vous auriez vu qu'il existait des familles Lewyn en Angleterre…
- On le sait, mais il n'existe pas de Clio Lewyn, dit James, peu heureux de passer clairement pour un imbécile. Mais elle peut très bien venir d'autre part… d'Amérique, du Chili, de la Mongolie… On ne peut pas faire tous les pays !
- Vous ne connaissez pas l'AUS ? s'exclama Rachel
- l' A-quoi ? demanda Remus en haussant les sourcils.
- l' AUS,répondit Lily. L'Atlas Universel Sorcier. C'est un outil utilisé principalement par les généalogistes, mais il y en a un à Poudlard. Ça permet de repérer des familles dans le monde entier. Il se met magiquement à jour à chaque naissance de sorcier – comme la liste des élèves de Poudlard.
- Comment ça marche exactement ? demanda Sirius, toujours curieux même s'il n'appréciait pas l'idée de se faire expliquer un outil sorcier par quelqu'un qui avait été élevé dans le monde moldu.
- Tu cherches le nom que tu veux et l'AUS t'indique dans quels pays on le trouve.
- Ça doit être énorme ! s'écria Peter.
- Ça l'est, assura June. Il y a tout un pan de bibliothèque consacré à l'Atlas. Mais c'est très pratique. Ainsi on a pu voir que des Lewyn vivaient en Angleterre, en Australie, en Egypte, en Norvège, et même en France. Mais aucune Clio nulle part.
- Et vous avez cherché à Llewyn ! dit Remus qui comprenait à présent
- Oui. Et il existe une Clio Llewyn.
- Mais c'est ridicule ! explosa James. Pourquoi aurait-elle changé son nom ! Pour une lettre de différence, tout le monde peut trouver par mégarde !
- Lily, Rachel et moi ça ne fait pas beaucoup de monde pour le moment, répliqua June d'un air pincé. Il semble que vous même n'ayez pas eu beaucoup de résultats !
- C'est vrai, tempéra Remus. Mais ce que James veut dire c'est qu'elle aurait mieux faire de changer son nom en entier si elle ne veut pas qu'on sache qui elle est.
- Pas forcément, il suffit d'inventer une Clio Lewyn ! dit June en souriant. C'est d'ailleurs ce qu'ils ont fait.
- Mais je croyais que vous n'en aviez pas trouvé ! s'écria Peter qui semblait perdu.
- J'ai cherché mardi soir et je n'ai pas trouvé. Mais dès le mercredi j'ai repris la liste pour la montrer à Lily et Rachel: une Clio Lewyn toute neuve avait été ajoutée en France mais étrangement ce n'était pas un nourrisson !
- Lewyn a dû changer la liste juste avant sa conversation avec Dumbledore, murmura Sirius en réfléchissant.
- Tu peux expliquer ? Quelle conversation ? s'enquit Rachel
Il leur rapporta les paroles qu'il avait entendues. Après tout, elles les avaient aidés de leur propre initiative, elles avaient le droit de tout savoir.
- Ceci explique cela, conclut Sirius. Mais c'est plutôt Dumbledore qui a dû changer la liste.
- Pourquoi pas Lewyn ? défendit June. Elle en a les capacités.
- Mais il faut avoir des entrées au Ministère, sans que le Ministère le sache ! C'est plutôt dans les cordes de Dumbledore.
- Non, il suffit de changer la liste ici, et de jeter un sortilège de Protéiforme un peu amélioré, répliqua June calmement.
- Mais June, c'est impossible ! L'AUS est un objet magique hautement protégé ! Si c'était aussi simple que ça, il y aurait plein de dérives ! dit Rachel qui semblait pour une fois d'accord avec Sirius.
- Je n'ai pas dit que c'était simple. Mais Lewyn n'est pas n'importe qui. Ça ne m'étonnerait pas d'elle.
Les sept Gryffondor n'eurent pas le loisir de poursuivre le débat car, le dîner étant terminé, tous les élèves se levaient pour sortir de la Grande Salle. Remus prit le chemin de l'infirmerie et, même si son alibi était quelque peu faussé par l'ardeur qu'il avait mise dans la conversation, personne ne lui fit de remarque.
Comme toujours, Mrs Pomfresh attendit le plus tard possible pour accompagner Remus jusqu'au Saule Cogneur. Arrivés dans le souterrain, ils se séparèrent, elle le laissait continuer seul. A la lumière de leurs baguettes, il la vit esquisser un faible sourire d'encouragement. Dans ses yeux la tristesse se mêlaient à la pitié. Comme toujours.
Il sentait le sol irrégulier sous ses pas, la fraîcheur de l'air sur son visage. Bientôt sa perception de tout cela serait si différente. Une perception animale. Celle du monstre.
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Le Loup explorait la pièce sale. Elle était carrée, petite. Trop petite pour lui. Il se cogna au mur en essayant de le briser. Il recommença. Hurla. Se jeta encore contre le mur. Hurla. Et recommença ce manège, encore, encore, encore. Toujours cette même pièce. C'était un sentiment confus de reconnaissance. Le Loup sentait sa propre odeur, diffuse. Il était chez lui, mais enfermé. Il ne pouvait sortir. Il hurla à la mort. Il voulait mordre, mordre.
Remus sentit l'instinct de la bête revenir. Il ne pouvait l'en empêcher. Un mur le retenait, lui renvoyait ses émotions. Il restait piégé dans l'esprit du Loup, incapable de le soumettre à sa volonté. Et le Loup voulait mordre.
Il voulait mordre. Assouvir son désir de sang. Il voulait mordre, mordre, et déchirer, et broyer. Et tuer peut-être. Il n'y avait rien pour lui ici. Mais son besoin était plus fort. Le Loup se mordit le flanc.
La douleur. Un douleur aiguë. Une souffrance qui ne s'arrêtait pas. Ce n'était que le début. Le début d'une longue nuit à souffrir, hurler, et souffrir encore. Et Remus ne pouvait l'en empêcher.
Le Loup hurla de douleur. Et de rage se mordit encore. Il se griffait les flancs, le museau, les pattes. Le sang l'excitait de plus en plus, et il se mordait encore.
Et il sentit une odeur. Etrangère. Trois odeurs.
Remus les sentait. Non, elle ne lui étaient pas étrangères. Elles étaient étrangères au Loup. Seulement au Loup. Lui les connaissait, vaguement. Il eut peur. Des élèves ? L'effroi s'insinuait dans on esprit, mais il était enfermé, enchaîné à l'esprit du Loup qui le contrôlait. Remus se débattait, il ne fallait pas qu'il morde.
Le Loup huma l'air. Elles approchaient. Les odeurs étaient de plus en plus fortes. Il entendit les bruits. Des bruits de sabots, des grattements, et un autre son très faible. La porte s'ouvrit, laissant apparaître un cerf, un rat et un chien.
Remus les vit entrer avec soulagement. Ce n'étaient pas des élèves. Mais d'où venaient qu'il les connaissait ? Il n'avait jamais vu de cerf dans la Forêt Interdite, ni de chien…
Le gros chien noir approchait. Il avançait sans bruit sur le parquet poussiéreux de la cabane. Le Loup le renifla, se prépara à attaquer. Le chien le regardait dans les yeux.
Il le fixait. Semblait vouloir dire quelque chose. Remus sentit ses souvenirs affluer dans l'esprit du Loup. Ses propres souvenirs. Brouillés, morcelés, mais ses souvenirs quand même. Cette odeur, il la connaissait. Cette odeur, c'était… Sirius.
Le Loup hésita. Il était tendu, prêt à bondir sur le chien. Prêt à tuer le chien. Mais quelque chose le retenait. Il grogna.
Remus se battait avec l'esprit du Loup. Il le fallait pas qu'il tue. Sirius. Son ami. Il sentit le Loup se relâcher, sa conscience revenait. Le chien le regardait toujours. Il se battait pour lui. Son ami. Il se sentit soudain différent. Le mur s'effritait. Il se sentait différent. Plus humain.
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La lumière. A travers ses yeux clos, il pouvait la sentir. Et la douceur du tissu, les draps de l'infirmerie. Puis la douleur vint. De ses bras, de ses jambes, de son ventre. Elle le submergeait de toutes parts. Lancinante. Il gémit.
- Vous êtes réveillé, Mr Lupin ? demanda une voix douce.
Gémissement.
- Buvez ceci.
Il obéit. La potion était forte, un peu sucrée. Il retrouva son goût dans ses souvenirs. Et la douleur disparut peu à peu.
- Vous allez mieux ? demanda Mrs Pomfresh.
- Oui… Merci.
- Bien. Attendez encore un peu. Je viendrais vous chercher lorsque vous pourrez partir.
Remus reposa sa tête sur l'oreiller. Comme toujours, Mrs Pomfresh avait fait le nécessaire. Ses blessures ne se voyaient plus et la douleur avait maintenant presque disparu. Ne lui restaient en rappel de cette soirée qu'un visage fatigué et quelques courbatures. Et le souvenir de trois amis.
Lorsqu'il passa la porte de l'infirmerie, James, Sirius et Peter l'attendaient, le visage grave. Il les regarda un à un. Qu'allait-il leur dire ? Il n'eut pas le temps d'y songer. Il entendit une explosion de rire juste avant que trois corps lui sautent dessus.
- Vous saviez, dit Remus lorsqu'ils se furent isolés dans une salle vide.
- Oui. Depuis la deuxième année, répondit James.
- Vous saviez, et vous…
Les trois Maraudeurs le regardaient gravement.
- Et quoi, Remus ? s'emporta Sirius. Et on n'est pas partis ? Et on ne t'a pas quitté ? Non. Pourquoi l'aurait-on fait ?
- Tu es notre ami ! renchérit Peter.
- Je suis un monstre, souffla Remus les yeux baissés.
- Non ! cria Sirius. Tu n'es pas un monstre ! Enfonce-toi ça dans le crâne, Remus John Lupin ! Et aussi que nous ne nous détournerons pas de toi à cause de ça ! D'ailleurs c'est trop tard pour le décider. Je suis désolé de te l'apprendre mais on a choisi sans toi !
- Comment... Comment avez-vous fait ? Des animagi… Mais c'est extrêmement compliqué, et dangereux… et illégal !
- En effet, ce n'était pas de tout repos, et plutôt compliqué ! Mais on a eu presque trois ans pour y arriver ! Dangereux, ça l'aurait été si nous n'étions pas les meilleurs, dit James en prenant un air modeste.
- Je comprends mieux les progrès de Peter en Potions, murmura Remus.
L'intéressé lui sourit avec fierté.
- Mais ça valait la peine ! continua James. Tu as vu le résultat ? Que penses-tu de mon cerf, au fait ?
- Magnifique, murmura Remus.
- N'est-ce pas ? C'est autre chose que ce gros lourdaud-là !
- Eh, n'insulte pas mon chien ! se défendit Sirius. Au moins il est plus imposant qu'un rat !
- Sans doute, mais moins discret ! répliqua Peter. Et sans moi vous auriez eu bien des problèmes pour entrer !
- Ah oui, d'ailleurs comment avez-vous fait ? demanda Remus, un peu perdu.
- Peter a réussi à se glisser sous les branches du Saule Cogneur, et à appuyer sur le nœud qui commande l'entrée du souterrain, expliqua Sirius. C'est bien trouvé, hein ?
- Mais extrêmement dangereux, murmura Remus. Pourquoiavoir fait tout ça ? Pourquoi vous exposer inutilement à tant de difficultés ?
- Mais pour toi Remus ! dit Peter doucement.
La culpabilité étreignait son cœur. C'était de sa faute. Entièrement sa faute. Mais en même temps, n'était-ce pas une preuve d'amitié ? Une belle preuve d'amitié… pour lui. Non, ils n'auraient pas dû faire ça pour lui.
- Mais je… je ne vaux pas que vous couriez des risques aussi dangereux !
- Eh bien, on ne te demandera pas ton avis dans ce cas, répliqua Sirius avec un sourire espiègle.
- Tu ne comprends pas, Sirius ! Vous n'êtes pas déclarés, c'est totalement illégal. Vous êtes complètement inconscients ! Mais vous risquez Azkaban si on vous découvre, vous le savez, ça !
Et moi je me ferais renvoyé, et je serais de nouveau tout seul, ajouta-t-il mentalement presque malgré lui. C'était égoïste, il en était conscient, mais ne pouvait s'empêcher d'y penser.
- Calme-toi Remus ! répondit James. Tu crois que nous n'avons pas pesé tous les risques avant de nous décider ? Nous ne sommes pas tout à fait inconscients, tu sais, nous avons eu trois ans pour y penser ! Et pour décider que tu valais bien tout ça. Que notre amitié valait bien tout ça.
Remus ne pouvait plus rien leur dire. Il avait comme une boule dans la gorge. Et un nœud dans l'estomac. James avait prononcé le mot. Notre amitié. Alors il ne l'abandonnait pas, il ne lui en voulait pas et, plus que tout, il le considérait comme un ami.
- Pendant toutes ces années… commença-t-il d'un air coupable.
- Chut Remus ! le coupa Peter. Ça ne sert à rien d'y repenser. Tu avais le droit de nous le cacher, comme nous avons le droit de te venir en aide.
- Merci, dit-il simplement, incapable de plus.
- Mais de rien, Lunard mon ami, dit Sirius d'un ton léger.
- Lunard ? s'étonna James.
- Tu trouves que ça ne lui va pas ? répliqua Sirius faussement étonné.
- Mmm, si ! Qu'en dis-tu… Queudver ?
- Quoi ? Queudver ? T'as rien trouvé de plus moche ? s'exclama Peter en s'étranglant… de rire.
- Je trouve que ça te va rudement bien ! lui opposa James.
- Oh tu ne perds rien pour attendre toi ! répliqua Peter. Voyons… que dis-tu de… Cornedrue ? Oui, c'est ça ! C'est tout à fait toi !
- Ça me va ! répondit James en riant.
- A toi Lunard ! Trouve un surnom à Sirius…un surnom ridicule de préférence !
- Eh ! se défendit Sirius sans réussir à simuler la colère tant il riait.
Remus réfléchit quelques secondes. Comme c'était agréable de se retrouver au milieu des rires. Des rires d'amis.
- Patmol, ça te va ? dit-il. Parce je ne t'entendais pas venir…
- C'est très bien, répondit Sirius en lui souriant.
Les quatre Maraudeurs se regardèrent en silence. Quelque chose venait d'être scellé. Quelque chose d'encore plus fort que leur première rencontre, que leur première blague, que leur première soirée au QG. Un véritable lien.
- Bon, c'est pas tout mais dans dix minutes le cours commence ! annonça Peter, rompant le charme le premier.
- On t'a apporté de quoi grignoter, Lunard ! dit Sirius en sortant des tartines et du chocolat.
Remus le remercia et commença à manger tandis qu'ils quittaient la pièce.
- Tu sais, lui murmura James en sortant à son tour, la prochaine fois que tu as ne serait-ce qu'une minuscule envie de nous cacher quelque chose, souviens-toi que la véritable amitié… c'est lorsqu'on se dit tout.
Alors la véritable amitié commençait.
Elle commençait à vivre aujourd'hui.
Alors ? Comment l'avez-vous trouvé ? Personnellement, c'est un chapitre que j'aime beaucoup, l'un de ceux que j'ai adoré écrire.
J'ai eu beaucoup de mal pour la dernière phrase… Je voulais absolument la placer là parce que c'est un point important dans ma fic, mais j'avoue qu'elle est bien plus belle en anglais !
le chapitre V s'intitulera : Conseils et Insolences.(enfin pour l'instant, mais je vaispeut-être le changer).J'espère pouvoir le poster vendredi mais il n'est pas tout à fait terminé.Il sera du POV June pour mieux la connaître…
Je suis désolée je ne décris pas de cours de DFCM dans le prochain (qui est presque terminé)… mais je mets cette idée dans un coin de mon cerveau, promis (de toute façon je serais bien obligée et j'avais prévu de le faire !)
Merci pour vos review, continuez !(euh par contre, je ne vous ai pas répondu, j'avais pas trop le temps, mais j'essayerai de mieux faire cette semaine…)