Makino triait les verres, derrière ce qu'il restait de son bar, séparant les intacts des brisés, perdue dan ses pensées. Une entrée fracassante la fit sursauter, la faisan lâcher son verre qui se brisa en mille morceaux à ses pieds.
Elle croisa les prunelles enflammées du garçon qui avait pris la mer quelques années plus tôt, le sourire aux lèvres.
– - Makino... Luffy...Où est Luffy... s'enquit , pâle comme la mort, le second commandant de la flotte de Barbe Blanche.
– - Suis moi, souffla la jeune femme en quittant son bar, se dirigeant à grands pas vers sa maison où Luffy avait été installé et soigné.
Ace la suivait, de plus en plus inquiet alors que son regard évaluait les dégâts occasionnés par le village. Ils avaient subi un massacre. C'était un miracle qu'aucun villageois ne soit mort. Il soupçonnait l'intervention de Dadan...
– - Nous avons du le recoudre, il avait une vilaine entaille. Il a quelques côtes de cassées ainsi que son bras gauche. Il s'est pris un méchant coups sur la tête, nous ne savons pas encore si cela aura des dommages sur sa mémoire...
Ace écoutait attentivement alors qu'ils marchaient vers la petite maison. Il sentait son corps se couvrir de flammèches impulsives. Il savait ses poings serrés à en blanchir ses phalanges... Il craignait de plus en plus l'état dans lequel il trouverait son petit frère...
Makino s'arrêta devant la maison, un air triste sur son visage habituellement souriant. Elle dit :
– - Je te laisse avec lui, Ace. Je serai au bar...
– - Il est revenu à lui ?
– - Non... Il est inconscient depuis... Depuis l'attaque... souffla-t-elle, le regard brillant, en se détournant.
Ace entra. La maison d'un étage était simple. Il y avait un lit, un canapé, une salle de séjour donnant sur la cuisine et quelques meubles.
Luffy avait été placé sur le lit. Son corps était couvert de bandages. Son visage était crispé par la douleur. Il avait mal...
Le grand frère s'avança, tremblant. Il tira un tabouret près du chevet de son précieux petit frère. Il n'avait que neuf ans... C'était leur bébé pleurnichard à lui et un enfant...Trop jeune pour faire face à la violence du monde... Trop pur pour subir la soif de pouvoir de quelques cloportes.
Il passa un main sur le front de son précieux frère, écartant quelques mèches. Il n'était pas fiévreux. C'était positif. Il n'y avait aucune infection...
– - Hey, Lu... Je suis là... Je vais prendre soin de toi... chuchota-t-il en posant ses lèvres sur son front. Je te protégerai...
Alors qu'il le veillait depuis quelques heures déjà, son frère sembla réagir. Enfin...La main de son petit frère fut secouée d'un léger spasme. Ace la saisit, le regard brillant d'espoir et d'inquiétude. Il devait se réveiller. Il était inconscient depuis une semaine déjà à en croire Makino! Il ne pouvait pas rester dans cet état ! Il voulait l'entendre rire, le voir courir, s'émerveiller de tout et rien... D'un peu de viande, d'un coucher de soleil, de la vue qu'ils avaient de la falaise...
– - A.. Ac.. Ace ... retentit la voix brisée et rauque de son petit frère qui luttait pour se réveiller.
– - Je suis là, Lu.. Allez, ouvres les yeux... Je suis là et je ne te laisse plus... l'enjoua le pirate.
Le petit garçon lutta encore un peu. Puis, dans un gémissement de douleur, il ouvrit brusquement les yeux, ses mains tentant de tâter l'origine de la douleur, l'immense bandage qui entourait son flanc. Ace se souvenait des propos de Makino : la plaie inquiétante au flanc droit... Il retint les mains de son petit frère pour l'empêcher de se blesser, tentant de capter son regard hagard et empli de douleur et de crainte :
– - Lu... Lu... Chhht... Calmes toi... Je suis là... Tu vas bien ... Regardes moi...
Le garçon sembla plus ou moins le comprendre, ses prunelles captant celles désespérées de son grand frère. Il lisait de la peur et de la douleur dans les prunelles de son petit frère. Il se détestait pour ne pas avoir été là pour lui...Pour avoir rompu sa promesse. Avoir échoué en tant que frère...
– - Ace ? T'es là, Ace ... hoqueta-t-il, ses yeux se gorgeant de larmes alors qu'il plongeait dans les bras de son frère qui l'emprisonna dans un câlin délicat, ne voulant pas ouvrir ses blessures :
– - Oui, je suis là Lu... Je suis là...
– - Ils ont voulu... Et Makino et le Maire allaient être tués ! Je... J'ai cru que... sanglotait-il de façon désordonnée, ses larmes échouant contre le torse de son aîné.
– - Chht... Calmes toi... Makino et le Maire vont bien. Tout le monde va bien...
– - J'ai cru qu'ils allaient me tuer ... Ace... Comme Porchemy... J'avais tellement mal... J'ai tellement mal...
Ace resserra sa prise sur son frère en l'entendant parler de cet épisode traumatisant qui avait été le début de leur relation. Il s'en était voulu toute leur enfance de ne pas avoir protégé le gamin pleurnichard qui le suivait partout.
Que Luffy compare cette attaque où il n'était pas là pour l'aider à celle de son enfance où il n'avait pas été là non plus, lui brisa le coeur et lui serra la gorge de culpabilité.
Il venait d'échouer dans son rôle de grand frère ...
– - Je sais, Lu.. Je sais... Je suis tellement désolé... Désolé petit frère...
Luffy pleura encore de longues heures, évacuant son stress, sa peur, sa douleur, son soulagement... Ace le berça, lui murmurant des mots rassurants et des promesses en lui caressant le dos avec douceur. Il finit par s'endormir dans les bras de Ace qui avait finit par s'asseoir sur le lit, ramenant le corps fragile contre son torse avant de le couvrir. Il ne se sentait pas prêt à se détacher de son précieux petit frère. Pas après ce long voyage durant lesquel il s'était imaginé les pires scénarios et les plus sombres façons de venger son petit frère. Parce que Fushia n'importait pas tant. Il avait grandi sur le Mont Corvo. Makino était leur grande sœur. Mais les villageois étaient des inconnus pour lui. Seul son précieux petit frère comptait. Et il était prêt à damner son âme pour son frère. En perdre un avait été une épreuve assez douloureuse.
Perdre Luffy, c'était perdre sa raison de vivre. Ce rayon de soleil qui dans la plus obscure part de son enfance l'avait sorti des ténèbres. Lui avait donné envie de vivre, d'avancer, ...Pour lui, pour ses frères, pour leur fratrie ...
