Chapitre un

Me voici donc à la gare de Londres, sur le quai neuf trois-quart en ce premier jour pluvieux de septembre. Ma malle à mes pieds, ma boite de transport animalier dessus (il y avait dedans mon petit Krokmou, mon python noir, qui ne semblait pas très heureux de changer de maison) et mes parents essayant de m'étouffer avec un gros câlin.

- Tu vas nous manquer chérie ! Me dit ma mère, tu reviens pour les vacances de Noël hein ? Ne me fais pas le coup de l'année dernière !

- Oui maman promis ! Mais seulement si tu me fais ta bûche de Noël !

- Allez petit poussin, ton train ne va pas tarder à démarrer ! Fit mon père en m'ébouriffant les cheveux une dernière fois.

Une fois mes affaires mise dans le local bagage, je partis en quête d'un wagon vide. A ce que j'avais compris, le voyage durait toute la journée. J'avais pris avec moi de quoi m'occuper l'esprit et le ventre. Je m'installai donc contre la vitre et fit un dernier signe de la main à mes parents, tandis que le train s'ébranlait et commençait sa longue route.

Je finis quand même par m'assoupir et fut réveillée brutalement par une secousse du train. Je jurai contre les services ferroviaires anglais en ramassant mon livre tombé au sol. C'est là que je remarquai une paire de chaussures cirées noires, mon regard remonta, vit un pantalon noir, puis une cape noire aussi, des mains pales, un torse d'homme couvert de noir (décidément, ce type aimait le noir!) puis le visage de mon voisin que je dévisageai sans vergogne. C'était un homme d'une quarantaine d'année, aux cheveux mi longs raides avec une mine assez sévère.

- Oh, pardon, dis-je en anglais en rougissant légèrement. Je ne voulais pas vous déranger.

L'inconnu me regarda bizarrement avant de hausser les épaules.

- Ce sont les services ferroviaires qui vous ont dérangé apparemment.

- Mince, vous m'avez entendu ?

- N'allez pas croire que parce que je suis anglais, je ne comprend pas le français. J'ai fait une partie de mes études en France, il y a longtemps…

- Dans quel établissement ? Demandai-je curieuse

- L'école de Brocéliande mais vous ne devez pas connaître.

Il fit une pause puis reprit :

- D'ailleurs, je ne me souviens pas de vous avoir déjà vu à mes cours…

- C'est normal, je suis nouvelle. Je m'appelle L…

- Lilith Bran. Coupa le professeur. Ah oui, Dumbledore nous a parlé de vous… L'élève surdouée française…

- Oui c'est moi. Vous avez fait quelle spécialisation à Brocéliande ?

- Potions avancée et études des sorts de niveau cinq et plus, surtout. Mais en quoi cela vous intéresse-t-il ?

- Alors vous êtes…

- M. Severus Rogue, professeur de potions, me coupa-t-il encore, visiblement agacé par cette conversation.

Quelle sale manie de toujours me couper ! Mais il avait de la chance, c'était l'une de mes matières préférées !

- C'est pas pour me vanter mais j'ai fini le cursus entier sur les potions de Brocéliande en deux ans. Je suis certainement autant qualifiée que vous dans ce domaine.

Et pan dans les dents !

- Eh bien nous verrons cela en cours. Si vous êtes si douée, mon cours devrait être un jeu d'enfant pour vous.

Il clôtura cet échange verbal en se mettant à lire. Je regardai vite fait la couverture de son livre avant de lui demander :

- Ce livre, vous le commencez ?

Il leva les yeux, soupira et répondit :

- Oui.

- Désolée de vous dire ça, mais vous avez gaspillé de l'argent. Vous devriez le jeter à la poubelle. Son auteur ne déblate que des âneries et ce sont surtout les divagations d'un coprophage. Il ne parle quasiment que d'excréments. Je ne sais pas qui a bien pu vous conseiller cet ouvrage !

- Parce que vous l'avez lu ?

- Oui, enfin jusqu'à la moitié avant de le jeter. Si vous voulez quelque chose de plus constructif, lisez donc ceci.

Je lui tendis mon propre livre.

- « Essais et propriétés technico-magiques des cinq éléments primaires et leurs dérivés sur les temporalités génériques et sub-spatiales ». Quel long titre ronflant ! Ajouta-t-il en me le rendant aussitôt.

- Oui certes mais ô combien passionnant ! Mais si préférez lire du caca, c'est vous qui voyez ! Enfin, après si vous êtes team caca dans les potions, cela vous plaira sûrement !

- Cessez donc de parler de caca Miss Bran !

J'explosai de rire quand il prononça le mot caca.

- En quoi est-ce drôle ? Demanda-t-il en me fusillant du regard

- Vous avez un visage si sérieux, le mot caca paraît tellement déplacé dans votre bouche !

Il grommela dans sa barbe avant de sortir un autre livre de sa cape. Il me regarda un instant, son geste pour ouvrir son ouvrage suspendu.

- Avez-vous un inconvénient à celui-ci ? Grinça-t-il

Je lus rapidement le titre et secouai la tête.

- Aucun monsieur ! J'avoue ne pas connaître celui-ci. De quoi parle-t-il ?

Il soupira encore avant de me répondre :

- Il parle des différentes applications du sang de dragons dans les potions.

Prise par ma soif de connaissance je me levai de mon siège et m'assis juste à côté de lui, le collant pour lire l'ouvrage.

- Je n'ai beaucoup étudié les dragons, on en a presque plus en France et comme c'est un ingrédient cher et rare, je n'ai étudié que ce que l'on sait déjà. Je n'ai pas pu expérimenté. Mais j'avais entendu qu'en fonction de la nature du dragon, de la saison et de la température ambiante, c'était un ingrédient très instable et que le résultat d'un breuvage pouvait changer du tout au tout.

- Vous m'impressionnez Miss Bran. Vous en savez déjà plus que la plupart des septièmes années. Et donc je suppose que vous avez un avis sur la question ?

- Bien sûr ! Mais sans sang de dragon, difficile de trancher, vous n'êtes pas d'accord ?

Je le vis poser son livre sur ses genoux et il sourit. Enfin, il essaya de sourire car apparemment ce n'était pas une action qu'il effectuait souvent.

- Vous devriez vous entraîner à sourire, vous me faites presque flipper là.

Il accentua son rictus, se rapprocha de moi et me murmura :

- Là ce n'est rien, vous devriez me voir en classe avec les premières années, ça vous donnerait envie de vous cacher dans un trou de souris.

Cela suffit à me faire frissonner mais… était-ce vraiment de la peur que je ressentais ? Du respect peut-être ?

Il s'écarta brusquement et lâcha :

- Si vous le voulez bien Miss Bran, j'aimerais un peu de tranquillité. Si j'ai choisi ce wagon, c'était pour cela à la base.

- Ah, oui bien sûr monsieur. Je vais moi-même me plonger dans ma lecture.

Je revins donc à ma place et ouvrit mon livre. Mais sans que je sache pourquoi je n'arrivais pas à me concentrer.

Je relevais mon nez au bout de quelques minutes pour observer M. Rogue. Il semblait si concentré sur son bouquin, un froncement de sourcils était apparu sur son front mais bizarrement ses traits semblaient plus détendus. Je le trouvais presque… attirant ? J'ai toujours eu des goûts plus que discutables que ce soit vestimentaire, musical ou bien en amour… C'est d'ailleurs à cause de ça que je n'ai presque pas d'amis, je suis trop bizarre pour les gens « normaux », même dans la société sorcière. Je me suis fait plus d'amis sur internet que dans la vraie vie !

J'ai vite piqué du nez, le train me berçant et la courte nuit eurent raison de moi.