Chapitre 15

Severus interrompit le baiser et ferma les yeux. Il soupira.

- C'est oui alors ? Lui demandai-je timidement.

Mon cœur ne cessait de faire des montagnes russes, je crus qu'il allait me lâcher.

- Oui. Confirma-t-il en posant ma tête sur sa poitrine.

Je pouvais entendre son cœur battre lui aussi très vite. Il me caressa les cheveux et déposa un baiser sur le haut de mon crâne.

- J'espère ne jamais regretter cette décision. Inutile de te dire que personne ne doit être au courant.

- T'en fais pas. C'est pas comme si j'avais beaucoup d'amis ici. Soupirai-je

- Ne restons pas ici. Tu veux… monter chez moi ? On pourra discuter.

- Euh oui, oui bien sûr.

Je me demandais ce qu'il entendait par « discuter ».

Il enleva les sortilèges et sorti en premier après avoir jeter un coup d'œil aux alentours. J'attendis deux minutes puis sortis à mon tour. Je pressais le pas dans les couloirs mais ils étaient tous vides. Je m'arrêtai un instant sous les arcades et regardai le ciel clair de cette fin octobre. La lune brillait fort et il n'y avait aucun nuage. Les étoiles étincelaient. J'avais envie d'en profiter avec Severus.

Rien que de prononcer son prénom me remplissais d'une douce chaleur.

Je finis par toquer à sa porte.

- Je peux te proposer autre chose ? Lui dis-je précipitamment.

Il fronça les sourcils mais me laissa continuer.

- Il fait une nuit superbe. Viens avec moi à la tour d'astronomie. Y'a jamais personne et puis tout le monde est encore au banquet.

Il fit ce sourire si particulier et me prit la main. Nous ne dîmes rien le temps du trajet. Une fois en haut de la tour, nous avions une vue imprenable sur le lac, baigné par la clarté de la lune.

- C'est magnifique… murmura Severus. Je devrais venir ici plus souvent.

Je regardais son visage et c'est comme s'il avait trouvé la paix. Ses traits étaient détendus, j'avais l'impression de le revoir en train de dormir. Si beau.

Je vis un éclat briller, c'était une larme qui coulait sur sa joue. Il s'en rendit compte et l'essuya précipitamment. Je serrais sa main toujours dans la mienne.

- Pourquoi pleures-tu ?

Il ne répondit pas tout de suite. Au loin, nous entendîmes une chouette hululer.

- C'est la première fois depuis longtemps que je suis en paix avec moi-même.

Il se retourna vers moi et me prit l'autre main.

- Comme je te l'ai déjà dit, j'ai longtemps aimé une femme. En fait, c'est la seule que j'ai aimé jusque là. J'ai beaucoup souffert et fait de mauvais choix à cause de cet amour, ce souvenir d'amour plutôt. J'ai cru que je ne pourrai jamais aimer à nouveau et puis… Tu es apparue en ce jour pluvieux de septembre, dans ce wagon de train, faisant ta prétentieuse. Je me suis vite dit que j'avais en face de moi une deuxième Hermione Granger et que j'allais passer une année terrible avec deux miss-je-sais-tout. J'ai essayé de t'intimider mais ça n'avait pas l'air de te faire peur.

Il fit une pause. Je n'osais rien dire.

- Mais à partir du moment où tu as mentionné les potions, que ça avait l'air de te passionner, que tu en savais plus que les septièmes années, tu m'as intrigué. Et puis… J'ai essayé vainement de réfréner mes sentiments pour toi en me disant que c'était malsain, que j'avais un problème… Tu es quand même plus jeune que moi ! Que je ne te méritais pas… Quand Dumbledore a décidé que tu serais mon assistante, je me suis dit que je n'y arriverais pas… Encore plus quand tu es sortie avec Drago…

Il s'arrêta et rougit à l'évocation de ce souvenir.

Je compris soudainement.

- Oh ! Tu étais jaloux ?

Il détourna la tête comme un enfant pris la main dans le sac.

- Oui. Il y a des fois où je n'ai pas pu m'empêcher de… faire des choses que je n'aurais jamais fait.

- Comme rester dormir avec ton élève hum ?

- J'ai vraiment honte de ce jour-là. Je n'avais pas prévu de m'endormir avec toi.

Je me mis à rire.

- Oh Severus… Quel comique tu fais !

Pour ne pas être encore plus gêné, il s'adossa à la balustrade et regarda le paysage. Je collais mon épaule contre la sienne et dis :

- Je ne me suis pas rendue compte tout de suite que je t'aimais. C'est un sentiment qui m'était inconnu. Je n'ai jamais en de relations avant… Drago. Avant, il n'y avait que ma soif d'apprendre, encore et toujours plus. Pour me détendre, je m'envoyais en l'air avec des gars de mon école, rien de sérieux. Je n'en voyais pas l'intérêt…

Severus rougit encore une fois et n'osa pas me regarder.

- Tu es mignon quand tu rougis, tu parais moins pâle, le taquinai-je

Il ne répondit rien.

- Ne me dis pas que tu n'as jamais… ?

- Si, bien sûr que si ! Me coupa-t-il d'une voix forte. C'est juste que...ça fait longtemps.

Je l'obligeais à se tourner vers moi et je pris son visage entre mes mains.

- Je m'en fous ! Ce n'est pas important ! Allons-y à notre rythme…

Il me sonda avec son regard. Oh mais quel regard ! Il me faisait fondre. Je n'étais pas si sûre d'y aller mollo…

Je posais mes lèvres sur les siennes, si chaudes comparées aux miennes. Il enserra ma taille et posa sa main sur ma nuque pour approfondir le baiser. J'en frissonnai.

- Tu as froid ? Me demanda-t-il, soucieux.

- Non. Si, peut-être.

- Nous avons assez traîné ici. Viens chez moi.

Il me prit la main et nous descendîmes en silence. À la moitié des escaliers, nous entendîmes des bruits de pas. Il me lâcha la main et mis une certaine distance entre nous. Je vis son visage se fermer. J'étais impressionnée par sa performance.

- Bonsoir Severus, Miss Bran, fit le directeur. C'est une belle nuit n'est-ce pas ?

- Oui Dumbledore. Assez exceptionnelle pour que je donne un cours d'astronomie à Miss Bran. Répondit l'homme en noir.

- C'était très instructif, merci monsieur.

- Bien, bien...Commenta le vieil homme en continuant son ascension. Je vais en profiter moi aussi. Passez une bonne nuit.

Je le regardai s'éloigner en sifflotant.

- C'est moi ou il est sénile ?

- Non, un peu bizarre tout au plus… Ne te fie pas à son apparence de vieillard, il est plein de ressources.

Les élèves commençaient doucement à sortir de la grande salle, le ventre plein et l'esprit somnolent. Nous dûmes passer séparément dans les couloirs plus fréquentés. Je le retrouvais devant la cheminée qu'il venait juste de rallumer. Il m'invita à m'asseoir sur le canapé.

Hum… le fameux canapé. Si je l'avais embrassé ce jour-là, est-ce que cela aurait tout changé ?

Il me déposa un plaid tout doux vert émeraude sur les épaules et me tendit une tasse chaude de tisane.

- Tu aimes le vert. Affirmai-je en tripotant la couverture. Pourquoi tu n'en portes pas ?

- Pourquoi tu dis ça ?

Il avait l'air surpris.

- Tu portes toujours du noir, une touche de vert, je suis sûre que ça t'irait bien. Et puis… C'est ma couleur préférée.

- Tu crois ? J'ai tellement l'habitude, je ne sais pas trop…

- Si tu portes du vert foncé, ça se verra presque pas. Juste assez… pour me plaire.

Il piqua un fard comme un adolescent.

- Tu es adorable.

Il détourna le regard.

- Je ne suis pas sûr que c'est un qualificatif que j'ai envie d'entendre. Je suis beaucoup trop vieux pour ça…

Je ris malgré moi.

- Qu'as-tu envie d'entendre alors ? Lui susurrai-je au creux de l'oreille.

Son regard croisa le mien, il avait encore les joues très rouges. Il posa sa main sur ma nuque et écrasa ses lèvres sur les miennes. Je dus me mettre à califourchon sur lui pour ne pas tomber. Mes mains se posèrent contre son torse , glissèrent jusqu'à son cou. Je me collai à lui pour approfondir le baiser.

Oh putain ! Ce qu'il embrassait bien ! Il avait un don inné le salaud !

Mon sang n'en fit qu'un tour et mon brasier s'enflamma. Je rompis le baiser pour parcourir son cou et le mordiller un peu.

Oh comme j'en voulais plus !

- Je sais que j'ai dit qu'on irait à notre rythme… Mais j'ai vraiment envie de toi Severus… Tu embrasses comme un dieu… Et ta peau si pâle, j'ai envie de la mordre…

Je sentis son érection grandissante contre mon entrejambe, elle frottait mon clitoris à travers le tissu. Je mouillais déjà comme une folle. Je gémis malgré moi. Je le sentis se crisper sous moi. Il m'attrapa les fesses, les décollant juste assez pour je ne sois plus contre lui.

- Severus… S'il te plaît… Lai-laisse-moi continuer… Je t'en supplie…

Une partie de mon cerveau n'en revenait pas, jamais je n'avais supplié un amant comme ça, c'était plutôt l'inverse d'habitude. L'autre partie me hurlait de la plaquer au sol et de le chevaucher, qu'il soit consentant ou non. Je voulus l'implorer du regard, mais il avait le sien fermé et semblait faire la grimace, comme s'il essayait de se contenir.

Ah, donc j'étais pas seule à vouloir ?

C'est alors qu'on frappa à la porte. Nous suspendîmes nos gestes puis Severus m'indiqua d'aller dans la chambre que je laissais entrebâillée pour voir qui était-ce.

Il ouvrit la porte sur Mme Macgonagall qui semblait soulagée de la trouver là.

- Ah professeur Rogue ! J'ai besoin de vous pour inciter les derniers élèves qui traînent dans les couloirs à rentrer dans leurs dortoirs.

- Pourquoi devrais-je vous aider Minerva ? Rétorqua-t-il durement, j'ai une potion en cours, je suis un peu occupé…

- Mais enfin Severus ! Il y a aussi vos élèves !

Il soupira.

- J'arrive. Laissez-moi éteindre mon feu…

Il referma la porte alors que je sortais de la pièce d'à côté.

- Je ferais mieux de rentrer, lui dis-je.

Il hocha la tête. Alors que j'allais sortir, il me déclara :

- N'oublie pas, en dehors d'ici je ne suis que ton professeur.

- Oui, je sais. Ne t'en fais pas… professeur.

Il grimaça et sortit en premier pour voir si le couloir était vide. Il n'y avait personne. Je lui fis un petit geste de la main avant de me fondre parmi les élèves restants.