Chapitre 24
C'est à moitié réveillée que je rejoignis le directeur sur l'embarcadère.
- Pardon, vous attendez depuis longtemps ? Lui demandai-je.
- Non Miss Bran, ne vous inquiétez pas.
Il commença à marcher et je le suivis. Nous prîmes le chemin qui longeait une partie du lac. Monsieur Dumbledore avait les mains derrière son dos et semblait attendre que je lui parle. Je n'y allais pas par quatre chemins et me lançai :
- Que savez-vous sur Voldemort ?
Il s'arrêta un instant et se tourna vers moi avec un léger sourire.
- Que voulez-vous savoir ? Questionna-t-il en retour.
- Tout ce que vous savez. J'ai lu vos livres d'histoire mais j'ai l'impression que tout n'y est pas.
Il reprit tranquillement sa marche.
- Je crains que cette balade ne soit pas suffisante...
- L'avez-vous connu avant qu'il devienne malfaisant ? Pendant ses études ?
- Oui. J'étais déjà directeur. Il devait être l'un des élèves les plus prometteurs de sa génération. Mais j'ai découvert trop tard qu'il était rongé par les ténèbres. J'aurais dû le voir plus tôt...
Il y avait du regret dans sa voix.
- J'aurais dû le surveiller après sa scolarité, reprit-il. Il s'est fait très discret pendant quelques années puis on a commencé à entendre parler d'un certain Lord Voldemort. Il avait un discours assez tranché sur les sorciers... Il amassait de plus en plus de partisans et puis... Des meurtres ont été commis. D'abord isolés puis de plus en plus fréquemment. Le ministère n'a pas jugé que c'était si important que cela, faisant l'autruche en espérant que cela se tasse... Alors j'ai décidé de créer une résistance, l'Ordre du Phénix, regroupant des volontaires, des sorciers et sorcières pour combattre Voldemort et ses partisans. C'était juste avant la naissance de Harry.
- Quel rapport avec Harry ?
- Oh, vous n'êtes pas au courant ? Dit le vieillard, surpris. Je pensais que vos camarades vous en aurait parlé.
- De quoi ? Ne me dites pas que... Fis-je, estomaquée, que les rumeurs sont vraies ?! Mon père me contait cette histoire pour m'endormir, comme quoi il serait l'élu et qu'il tuerait un vilain sorcier... Je n'y ai jamais cru ! Vous laisseriez un ado tuer un sorcier hyper-puissant ?!
- Harry est lié à Voldemort. Il a survécu au sortilège de la mort alors qu'il n'était qu'un bébé sans aucune magie.
- Vous plaisantez ! C'est impossible !
- Non Miss Bran. L'amour... C'est de la vieille magie blanche... L'amour d'une mère pour son fils protège de bien des maléfices... Voldemort a d'abord tué son père puis sa mère. C'est le dernier cadeau qu'elle lui a fait. Le sort a ricoché sur lui et a blessé très grièvement Voldemort. Il s'est replié pendant des années. Sa menace toujours présente car ses partisans lui étaient toujours fidèles. On ne l'a revu qu'il y a cinq ans.
Il fit une pause, le temps que j'intègre tout ça.
J'en revenais pas ! On pouvait survivre au sortilège de la mort ! Même si la condition est quasiment impossible à avoir. Mais attends... La mère de Harry c'est la femme que Severus aimait ! Quel choc ça a dû être pour lui !
- Voldemort a tenté à maintes reprises de tuer Harry, d'abord par des intermédiaires, n'ayant qu'un corps faible et mutilé. C'est lors de la coupe des trois sorciers qu'il a pu, grâce à la magie noire, se recréer une enveloppe charnelle.
- Oui, je me souviens de ça. Tous les journaux en avaient parlé et de l'élève mort à l'épreuve finale.
Dumbledore hocha la tête.
- Un très bon garçon ce Cédric... J'ai donc décidé de reformer l'Ordre du Phénix avec les anciens membres qui étaient encore en vie.
- Je suppose que Harry n'est pas resté les bras croisés ?
- Non en effet. Il est très courageux, peut-être un peu trop. Mais nous avons besoin de lui.
Je réfléchis un peu et dis :
- Et sinon le ministère dans tout ça ? Je veux dire, personne n'a rien fait pour l'arrêter et l'envoyer à Azkaban ? Ou le tuer ?
Dumbledore soupira et répondit :
- Hélas, il a des partisans jusque dans le ministère...
- Super, corruption quand tu nous tiens ! Bon, mis à part le fait que Harry lui ai échappé à cause d'une très vieille magie, quel lien a-t-il avec Voldemort ? Je ne comprends pas...
Il me sourit mais ne répondit rien.
Ah, ok, il veut se la jouer Père Fouras...
- Et que veut-il au final ? Demandai-je, après une énième réflexion.
- Dominer le monde. Faire que seuls les sorciers de sang-pur aient le droit de pratiquer la magie et que le reste du monde soit à ses pieds. Il tue des gens juste parce qu'ils sont des nés-moldus ou des sang-mélés. Ou tout ceux qui s'opposent à lui. Sans compter les moldus.
- Ah oui quand même. Ca va bien plus loin que le fait que je le croyais juste cinglé et gourou d'une secte...
- Il est très dangereux et puissant. Il ne faut pas le sous-estimer.
Nous fîmes quelques pas en silence dans le soleil d'après-midi.
A présent, je cernais mieux le personnage. Dans sa soif de pouvoir, il s'est servi de l'antique haine des moldus de certaines familles sorcières pour asseoir son pouvoir et avoir des yeux et des oreilles partout en Grande Bretagne. Moins ailleurs je pense. On en parlait pas beaucoup en France, nos préjugés sur les moldus sont moins encrés... Mais il devait avoir des partisans partout en Europe. Il en avait d'ailleurs ici même, des élèves facilement manipulables, déjà endoctrinés par leurs parents ou leur entourage.
- Vous semblez préoccupée par ce que je vous ai appris, Miss Bran.
- J'analyse la situation Monsieur.
- Je suppose que cette conversation n'a pas seul but votre instruction sur le sujet ?
- Non, en effet. Si je vous ai demandé plus sur le sujet, c'est que... Un élève m'a proposé de le rejoindre.
Dumbledore ne semblait pas surpris le moins du monde.
- Vous êtes une élève très douée et vous êtes une puissante sorcière en devenir. Cela ne m'étonne guère.
- Vous savez donc qu'il y a, parmi vos élèves, des convertis ?
Il hocha la tête.
- Et vous ne faites rien ? Demandai-je d'une voix glaciale, furieuse.
- Dison que je les surveille...
Je m'arrêtais et me plantai devant lui, ma colère augmentant.
- Vous les surveillez ?! Et c'est tout ? Mais... Il faut faire quelque chose ! Les convaincre ou leur enlever cet espèce de lavage de cerveau ! Même les emprisonner ! Vous ne pouvez pas les laisser se balader tranquillement dans l'école !
- Ils restent mes élèves. Je ne ferais rien qui puisse les mettre eux ou leurs camarades en danger. J'espère juste qu'avec un peu de temps et une bonne éducation, certains seront assez courageux pour changer de camp. Certains l'ont déjà fait.
- Et vous pensez que cela suffit ?! Que ferez-vous si l'un d'eux tue un autre élève au sein même de Poudlard ?! Juste parce que Voldemort lui a ordonné ?
- Si la situation devenait aussi extrême, c'est que j'aurais échoué en tant que directeur et professeur.
- Vous êtes, d'après ce qu'on raconte, le plus puissant sorcier et vous vous contenter de ne rien faire ! Même votre Ordre me paraît être fait en carton !
J'étais furieuse. Tout ce que je voyais en face de moi était un vieillard qui ferait mieux de rester chez lui et de laissez faire des personnes avec plus de niaque et ayant des solutions !
- Beaucoup pense comme vous, mais... Je ne reste pas inactif. Je cherche un moyen de vaincre Voldemort pour de bon cette fois-ci. Si vous avez des idées, je suis tout ouïe.
- Quoi ? Dois-je comprendre que vous me proposez de rejoindre votre Ordre ?!
- Peut-être. Vous y serez la bienvenue si tel est votre souhait.
Je grognais mais ne répondis rien. Le directeur s'arrêta et déclara le plus naturellement du monde :
- Si vous n'avez pas d'autres questions, je vais rentrer, c'est bientôt l'heure du thé.
Il fit demi-tour sans me regarder, me laissant en plan.
Quel vieil imbécile ! Certes j'ai appris beaucoup plus que je ne l'espérais mais je m'attendais pas à autant de fatalisme !
