Chapitre 25
Harry m'interpella en chemin vers l'école. Il revenait de chez Hagrid.
- Tu étais avec Dumbledore ?
- Oui. D'ailleurs, tu es libre là tout de suite ?
Il recula, surpris. J'éclatai de rire.
- Je ne vais pas te manger ! J'ai besoin de réponses surtout !
- Qu'est-ce que je pourrais bien t'apprendre ? Tu es une encyclopédie sur pattes version deluxe !
Je posai ma main sur son épaule et le poussai vers le lac.
- Trouvons un endroit tranquille. J'ai pas envie qu'on nous entende.
Il me lança un regard mi-étonné, mi-suspicieux. Nous nous installâmes sur une pierre plate puis je lui dis :
- Le directeur m'a laissé penser que toi et Voldemort, vous vous connaissiez bien. Tu peux m'en dire plus sur votre lien ? J'aimerais éclaircir certaines choses…
- Alors tu sais qu'il a tué mes parents ? Et qu'il essaye de me tuer depuis mon entrée ici ?
Je hochai la tête.
- Nous avons… une sorte de lien magique, poursuivit-il. Je peux voir certaines scènes à travers ses yeux comme si c'était moi qui les faisait et inversement. Ma cicatrice me fait mal quand il est dans le coin et… je parle fourchelang.
- Alors il est légilimens ?!
Je fis une pause puis m'exclamai :
- Toi aussi tu parles fourchelang ?! Tu es le premier que je croise !
- Comment ça, toi aussi ?
- Oui je parle la langue des serpents. Mais, bref, on y reviendra. C'est pas ce qui m'intéresse aujourd'hui. Continue.
- D'accord. Donc, l'année dernière il a réussi à me projeter une fausse image pour me piéger. Ce qui a carrément fonctionné.
- Tu as donc appris l'occlumancie ?
- Quoi ? Tu connais ça aussi ?
- Oui, c'est au programme de l'école de Brocéliande.
- Ah ok. Bref, Rogue a bien essayé de me l'apprendre mais...Comme tu le sais, on se déteste mutuellement. J'ai claqué la porte avant d'apprendre quoi que soit…
Ce peut-il que… ? Pensai-je soudainement
- Raconte-moi toutes tes aventures. Je veux tout savoir. Ordonnai-je. Je viens de penser à un truc.
Il me narra donc sans trop de détails ce qu'il lui était arrivé depuis ses onze ans. C'était… incroyable et effrayant. Harry avait un C.V aussi long qu'un Auror expérimenté !
- Et cette année ? Il s'est passé quelque chose ?
- Eh bien, je ne suis sûr de rien mais je t'ai déjà fait part de mes soupçons sur Drago…
- Tu crois vraiment que c'est un mangemort ?
- Pas encore. Je pense qu'il doit accomplir une mission. C'est une sorte de test après que son père ait failli l'année dernière. Tu n'as pas vu de tatouage sur son bras ?
- Non, répondis-je en secouant la tête. Mais, il est vrai qu'il a… beaucoup changé en peu de temps.
Je soupirai. J'avais beau dire que cela ne me regardait plus, je m'inquiétais pour Drago.
- Merci Harry. De m'avoir raconté. Tu devrais en faire un livre, tu deviendrais riche !
Il rit et secoua la tête.
- Oh non ! La célébrité ne m'intéresse pas ! Je veux juste… vivre normalement, autant que possible !
Je hochai la tête pour lui monter que j'étais d'accord avec lui.
Les rouages de ma pensée se mettaient doucement en marche et commençaient à s'aligner. Il va falloir que je demande à Severus l'accès à la réserve de la bibliothèque.
En parlant de livre justement…
- Juste une dernière question Harry. Tu t'es drôlement améliorer en potions, tu as fait comment ?
Il afficha un air surpris puis il fronça les sourcils avant de me répondre très rapidement :
- Oh, euh, ben tu sais, j'ai travaillé avec Hermione cet été car je veux devenir Auror. Donc voilà, j'ai pas de recette miracle !
Hum… Tu caches quelque chose Harry, je le sens.
- Ok. C'est bien, continue comme ça.
Il me quitta ensuite. Je remontais lentement vers le château, réfléchissant à tout ça. Est-ce que je trouverais ce que je cherche dans la bibliothèque de Poudlard ? Est-ce que Brocéliande accepterait que leur emprunte des livres si je leur demandais ? Il fallait que je parle à Ginny, la sœur de Ron. L'histoire avec ce basilic et le fantôme de Tom Jedusor m'intéressait beaucoup… J'irai peut-être dans cette chambre des secrets, je pourrais lancer un sort-souvenir… Ah ! Quelque chose m'échappait, comme si je l'avais sur le bout de la langue ! Ça me paraissait pourtant si important !
En entrant chez moi, Severus était parti. Je pris un de mes cahiers moldu et un stylo et notait en pagaille ce que le directeur et Harry m'avaient confié.
En pleine réflexion, Krokmou manifesta sa faim et son interrogation. Je le pris sur mes épaules et lui répondis que s'il avait une idée j'étais prenante. Il siffla pour me signifier qu'une fois le ventre plein, il pourrait mieux réfléchir. Et il voulait un cochon d'inde pour le dîner. Je le laissais s'installer dans mon cou puis descendis au niveau des cuisines. Je vis Dobby avant même d'y arriver.
- Bonsoir Dobby.
- Bonsoir Lilith Bran ? Que peut faire Dobby pour t'aider ?
- Mon serpent a faim et il veut un cochon d'inde, tu peux me trouver ça ?
- Oui Dobby le peut ! Mort ou vif ?
- Fraîchement mort.
- Dobby te rapporte ça après le dîner !
- Oui, bien sûr. Merci Dobby.
Et il disparut. Je me suis donc mise en route vers la grande salle. Mais Krokmou se plaignit d'attendre si longtemps. Je lui rétorquai que s'il avait demandé un rat comme d'habitude, ça n'aurait pas posé de problème car ils en ont en réserve. Là, il devait aller le chercher ailleurs. Il siffla d'impatience pendant que je le grondai.
Je ne mettais pas rendu compte que tout bruit autour de moi avait cessé. Je levai la tête et vis que tout le monde me regardait.
Qu'est-ce que j'avais encore fait ?!
Une élève de Serdaigle, Luna Lovegood, s'approcha de moi et me dit :
- Quel joli serpent tu as ! Tu lui parles souvent en fourchelang ? Est-ce qu'il te répond ?
- Euh oui. Sinon je vois pas l'intérêt de lui parler !
J'entendis une vague de murmures effrayés.
- Mais bordel c'est quoi votre problème ici ?!
Je me retournai vers des élèves, furieuse.
- Alors quoi, vous n'avez jamais vu personne parler fourchelang ? Ou bien vous avez peur que je vous mange ? Bonne nouvelle pour vous, je ne mange pas les humains !
- Que se passe-t-il ici ? Demanda Mme Macgonagall qui venait d'arriver.
- Il se passe que vous, les anglais, vous avez vraiment des préjugés pourris ! Répondis-je sans réfléchir.
Elle me fusilla du regard avant de rétorquer :
- Miss Bran ! Veuillez me suivre !
Ah, super ! J'allais encore être collée ! Je n'aurais jamais autant eu de retenues qu'ici ! Fichus anglais !
Je la rejoignis dans son bureau puis elle remarqua mon serpent. Elle fut surprise mais ne laissa rien paraître.
- Miss Bran, bien que vous soyez assistante, vous n'avez pas à répondre de cette façon à un professeur.
- Désolée, ce n'était pas contre vous en particulier.
- C'est ce que j'ai cru comprendre, en effet. Pouvez-vous m'expliquer la raison de cette colère contre les anglais ?
- Vous êtes bourrés de préjugés et les élèves ne disent rien en face à face. Ils préfèrent parler dans le dos des gens…
Elle soupira et répondit :
- Je ne peux pas vous donner tort mais est-ce que c'est une raison suffisante pour crier dans les couloirs ?
- Suffisante, non. Nécessaire, oui.
- Bon. Quel est donc le sujet de discorde ?
- Je parlais tranquillement à Korkmou, mon serpent, dis-je en le montrant du doigt, et une seule des élèves présents a eu le courage de demander pourquoi. Le reste chuchotait derrière moi en pensant que j'entendais rien !
Macgonagall soupira.
- D'accord, je comprend. Vous êtes talentueuse, à Serpentard et vous parlez fourchelang. Pour eux, vous ressemblez beaucoup à Vous-savez-qui… Ils ont peur. Vous n'aviez pas ce genre de problème dans vos anciens établissements ?
- Non. L'influence des mages noirs est moins présente. A Brocéliande, la tolérance est de mise car nous sommes originaires de beaucoup d'horizons différents. Vous êtes, désolée pour le mot, assez sectaire.
Elle agita la main pour balayer ma phrase.
- Je ne vous sanctionne pas cette fois-ci, Miss Bran, mais que cela ne se reproduise pas.
Elle me laissa sortir de son bureau. Je retournai dans la grande salle en maudissant ces crétins d'anglais et leur balai dans le cul. J'essayai d'entre discrètement mais avec cette immense porte en chêne massif, c'était difficile. Je me glissais au bout de la table des Serpentards et me servit à manger. J'entendis Krokmou siffler d'impatience et je ne fus pas la seule à l'entendre. Mes voisins de tablée me regardèrent d'un œil nouveau comme si j'avais retrouvé grâce à leurs yeux.
- Alors comme ça nous avons une fourchelang dans notre maison ! S'exclama un septième année. Cela redore un peu notre blason ! Tu aurais dû nous le dire plus tôt !
- J'en voyais pas l'intérêt…
- De qui tiens-tu ce don ?
- Du côté de mon père. Mon arrière-grand-père parlait fourchelang.
- Salazar Serpentard lui-même avait ce don, tu es peut-être une de ses descendantes ?!
Je faillis m'étouffer avec mon morceau de pain tandis qu'un rire mesquin que je connaissais retentit.
- Elle, une descendante de Salazar ? Ne me fais pas rire ! Elle fait honte à notre maison plutôt, à fréquenter les Gryffondors !
Bingo ! C'était Drago !
- Moi, au moins, je ne reste pas figée dans une bouse de dragon… Je m'ouvre aux autres et au modernisme.
- Arrête de croire que tu es meilleure que nous Bran ! Un jour, tu auras des problèmes à cause de ton orgueil !
- Mais JE SUIS LA MEILLEURE Malefoy ! M'exclamai-je en me levant d'un coup, encore furieuse. Regarde-toi, fils déchu d'un clan soit-disant noble, ton père se retrouve à Azkaban pour avoir trempé dans des trucs pas net ! Et que dire de ton parcours scolaire ! Tu étais dans l'équipe de Quidditch parce que ce même père avait acheté l'équipe ! Et tu me parles d'orgueil ?! Le mien est mérité au moins !
Drago était passé de blanc à un beau rouge violacé de colère.
- Espèce de sale petite… !
Il se leva et sortis sa baguette mais je fus plus rapide et le désarmai. Ça me démangeait de lui lancer un maléfice mais j'avais compris la leçon avec John. Je me rassis immédiatement après pour montrer que je ne voulais pas en faire plus. C'est alors que nous entendîmes un grondement sourd suivit d'un appel sans équivoque.
- Monsieur Malefoy, vous allez me suivre dans mon bureau !
Le directeur s'était levé et il était en colère. Drago redevint blanc et se leva pour le suivre.
