Chapitre 26

Une fois encore la grande salle résonnait des murmures de ses élèves. Moi, je continuais à dîner, pas mécontente du sort de Drago.

Il revint vingt minutes plus tard, toujours aussi blanc, en me fusillant du regard. Je me contentai de l'ignorer, après tout il avait eu ce qu'il méritait.

A la fin du dîner, je proposais tranquillement à mes amis gryffondors de venir me voir nourrir Krokmou dans ma chambre. Si Hermion et Ron refusèrent, Harry semblait heureux de ma proposition.

Dobby nous attendait déjà, le cochon d'inde immobile sur la table basse toute propre pour l'occasion. J'expliquai alors avec plaisir comment faire quand l'intéressé siffla d'impatience et se jeta sur sa proie.

- C'est impressionnant. Commenta mon ami.

- Tu n'avais jamais vu un serpent se nourrir ?

- Non. Je n'ai vu des serpents que trois fois dans ma vie, tu sais.

Il fit une pause puis ajouta après une hésitation :

- C'est agréable de savoir que je ne suis pas le seul ici à parler aux serpents. Que ce don...n'est pas forcément maudit. J'ai d'ailleurs adoré ta façon de rembarrer Drago. Il a dû se faire des frisettes tellement il avait peur !

Je ris à sa pirouette de phrase.

- Eh bien, je n'aime pas qu'on me marche sur les pieds. Ex ou pas, il faut qu'il apprenne que tout n'est pas une question de position sociale ou d'argent.

- Je suis sûr que tu es aussi puissante que Rogue ou Macgonagall.

- Hum. Possible. Mais je vais pas tenter la gargouille !

Il se leva et me remercia pour ma démonstration avant de claquer la porte. Je remis mon python ensommeillé dans son terrarium avant de filer sous ma douche.

Lorsque j'en sortis, une simple serviette de bain enroulée autour de mon corps et les cheveux mouillés, j'eus la surprise de voir Severus tranquillement assis sur mon canapé. Une fraction de seconde, je songeai à sa petite branlette de cet après-midi. Puis je m'aperçus qu'il feuilletait mon cahier.

- Hé ! C'est pas poli de faire ça ! M'écriai-je en le lui arrachant des mains.

Il me sourit et répondit :

- Tu n'avais qu'à pas le laisser traîner… Donc, si tu as vu Albus cet après-midi, c'était pour en savoir plus sur le Lord noir.

- Oui, je voulais t'en parler aussi. Peut-être que ce que je recherche m'apparaîtra plus clairement… Je suis à deux doigts de trouver mais ça m'échappe à chaque fois ! Ça me saoule !

Je m'assis en face de lui dans le fauteuil. Il haussa un sourcil et soupira.

- Tu comptes rester en serviette toute la nuit ?

- Hein ? Ah oui, je reviens… Mais je suis sûre que tu préférerais me l'enlever toi-même… Si je la laissais tomber ici et maintenant, que ferais-tu ? Est-ce que tu détournerai le regard de mon corps nu ou au contraire, graverais-tu mes courbes dans ta mémoire afin de ne jamais les oublier ?

Il rougit violemment et détourna les yeux en jurant.

- Ça t'amuse de tenter un vieil homme ?

- Oh, tu n'es pas si vieux !

Je lui fis un bisou sur la joue. Il posa sa main sur le pan de serviette qui faisait office de fermeture. Il l'a tripota un instant avant de me repousser gentiment.

- Va t'habiller !

Je ris en allant dans la pièce adjacente. Je lui jetai ladite serviette au visage, me cachant grâce à la porte. Je vis un désir intense dans ses prunelles sombres. J'avais envie de me jeter nue sur lui et de lui faire mille et un tourments. Je soupirai de désespoir et enfilai juste une nuisette verte en coton brodée de dentelle. Je revins ensuite et m'installai à côté de lui, repliant mes jambes sous moi.

- Le directeur m'a appris pas mal de choses… Mais plus je réfléchis plus je me dis que c'est un vieil imbécile rêveur…

- Qu'est-ce qui t'as conduit à cette conclusion ?

- Si je te disais que quelqu'un m'a proposé de rejoindre Voldemort…

Il n'eut même pas l'air surpris.

- Si j'étais lui, tu serais un excellent choix. Tu as tout ce qu'il faut pour rejoindre ses partisans…

- Dumbledore m'a dit la même chose. Je lui ai demandé pourquoi les élèves qui étaient déjà convertis à sa cause, probablement déjà des criminels, n'étaient pas tués ou emprisonnés...

Severus soupira en se passant la main dans ses cheveux.

- J'ai déjà eu cette conversation avec lui… Je vois de quoi tu parles. Mais crois-moi, il faut lui faire confiance.

Je secouai la tête.

- Impossible. On ne change pas le monde juste avec de belles paroles et quelques actes isolés.

- Que proposes-tu ?

- J'ai rien de concret mais je vais pas rester inactive. S'il le faut, je le tuerai moi-même. Voldemort ne me fait pas peur.

- Tu ne te rends pas compte… C'est peut-être parce que tu n'as rien perdu de précieux dans cette guerre.

- Oh, je suis désolée Severus chéri. J'avais oublié la mère de Harry.

Je lui pris la main et l'embrassai. Il secoua la tête pour faire partir ses lambeaux de souvenirs.

- Je ne suis pas le seul a avoir perdu des êtres chers au sein de l'Ordre.

- Tu en fais partie ?

- Oui, juste après la mort de Lili. Je… Je m'en suis longtemps voulu pour sa mort.

Je lui caressai la joue pour lui montrer mon soutien. Il prit ma main et la baisa.

- Nous avons perdu beaucoup de membres tu sais. Mais… Un œil neuf sur la situation est peut-être une bonne chose.

- Il y a quand même quelque chose qui me chiffonne dans cette histoire… Je n'arrive pas à savoir quoi ! C'est agaçant !

Severus se leva, m'embrassa le front et déclara :

- Je vais te laisser réfléchir alors. Bonne nuit.

Je restais un peu dans mon salon à y songer mais la fatigue me rattrapa.

Je n'eus pas le temps d'y penser après avec les cours de défense des troisièmes année (une catastrophe d'ailleurs), Slughorn qui me donnait trois fois plus de travail que Severus (j'avais l'impression de retourner en début d'année!) et ma retenue avec John. Ma semaine fila à une vitesse !

Personne n'avait besoin de moi en ce vendredi après-midi alors je voulus aller à la réserve de la bibliothèque. Je croisais Severus, nous discutâmes en chemin mais mon bonheur fut interrompu par l'autre professeur de potions.

- Ah Miss Bran ! Je vous cherchais ! Bonjour Severus.

Celui-ci hocha la tête en guise de réponse.

- Que puis-je pour vous monsieur ? Demandai-je, bien que j'allais regretter ma question.

- Pourriez-vous faire quelques courses à Pré au Lard pour moi ? Je relance mes petits dîners et j'ai besoin de deux ou trois choses…

Il me tendit un bout de parchemin et une bourse pleine d'argent.

- Une élève seule ne peut pas y aller, c'est contraire au règlement Horace. Commenta froidement Severus.

- Eh bien, vous n'avez qu'à l'accompagner mon cher ! Je préviens Albus tout de suite .

Il lança un patronus de morse qui fila dans les couloirs.

Severus resta coit devant la proposition de son confrère.

- Je suis sûre que Monsieur Rogue à autre chose à faire que de me surveiller...Rétorquai-je pour l'aider.

- Il peut bien faire ça pour vous, jeune fille, vous êtes quand même son assistante ! Et puis, il n'avait qu'à pas traîner dans les couloirs tel un détraqueur !

Je me retins de rire de la comparaison peu flatteuse. Severus me regarda puis regarda Sulghorn et soupira.

- D'accord. A charge de revanche Horace !

Il me prit le bras et me traîna vers le sens opposé de l'autre professeur.

- On se retrouve devant la grande salle dans quinze minutes. Allez chercher votre cape. M'ordonna-t-il d'une voix très autoritaire.