Chapitre 29

Je me réveillais le lendemain matin de bonne humeur mais en voulant dire bonjour à Severus, sa place était vide.

Il sortit de la salle de bain à ce moment-là, déjà vêtu de son habituelle robe noire. A un détail près. Il portait, non pas son éternelle chemise blanche amidonée mais une belle chemise verte sombre.

Tiens, du changement ?

- Bonjour Lilith.

- 'jour Severus. C'est nouveau ça ? Demandai-je en pointant la chemise du doigt.

- Oui, tu aimes ?

- Beaucoup. J'ai hâte de te l'enlever...

Il rougit d'un coup.

- Tu t'en vas déjà ? Dis-je avec une pointe de regret

- Oui. J'ai... rendez-vous avec Dumbledore puis je dois surveiller la permanence. Ce qui est ton cas aussi.

- Ah oui, zut. J'avais oublié.

Je me levai puis m'apperçus que j'étais toujours nue. Severus me regarda, bouche bée et ses joues reprirent leur jolie couleur rouge. Je m'avançai vers lui et l'embrassai. Il y répondit mais il mit fin au baiser assez rapidement.

- Ne commence pas à me tenter... Ma résistance te concernant va en diminuant...

Je pouffai de rire et il ajouta plus bas, de sa sublime voix grave :

- Tu as un corps magnifique, j'ai hâte que tu sois majeure...

Ce fut à mon tour de rougir. Il rit brièvement devant mon embarras et me poussa vers la salle de bain.

- Je te retrouve tout à l'heure.

Je hochai la tête avant de fermer la porte. Je m'y adossai, toujours embarrassée par ce qu'il venait de me dire.

Ah ! 'Fallait qu'il m'allume avant le petit-déjeuner ! Il ne se rendait pas compte de l'effet qu'il me faisait !

Comme il était encore tôt, il n'y avait pas grand monde dans la grande salle en ce samedi matin. Pas de match de Quidditch, pas de sortie à Pré au Lard donc les élèves n'avaient aucun intérêt à se lever si tôt un week-end. Mes amis gryffondors n'étaient pas là mais je vis une silhouette que je connaissais. Mais j'hésitais à aller lui parler, la dernière fois, ça ne s'était pas bien fini... Elle me vit et me fit signe de la rejoindre.

- Bonjour Médusa, dis-je en m'asseyant. Comment vas-tu ?

- Bonjour Lilith. Ca faisait longtemps. Me répondit-elle avec un sourire. Je vais bien, juste un peu fatiguée avec les cours...

- Les...filles ne sont pas avec toi ?

- Non, ne t'inquiète pas. Céleste passe son temps avec John, je la vois pas beaucoup.

J'espérais pour elle qu'elle n'était pas au courant que c'était un mangemort.

- Et Emily dort encore. Ajouta ma camarade.

Devant ma tête, elle continua :

- Tu sais, je ne t'en veux pas pour Halloween. Je comprends tout à fait ta réaction. Tu avais déjà avec quelqu'un, non ?

Très perspicace la Médusa...

- Oui... Répondis-je. Mais nous n'avons juste pas envie de nous afficher. Tu n'en sauras pas plus... Désolée.

Elle secoua la tête.

- Tu fais ce que tu veux. Je suis contente de pouvoir discuter à nouveau avec toi.

- Céleste faisait barrage ? Devinai-je

- Oui. Elle t'en veux beaucoup.

- Hum, oui mais moi aussi. Elle m'a vraiment blessée ce soir là.

- Laisse-lui encore un peu de temps...

Je lui sourit puis m'attaqua à mon petit-déjeuner. Après quelques minutes, je proposai à Médusa :

- Ca t'intéresse de venir à une des soirées de Slughorn ?

- Pourquoi tu me demandes ça ?

- Tu dois savoir que je suis aussi son assistante. Je suis sûre que je peux glisser ton nom...

- J'adorais ! Mais ça ne va pas te créer des problèmes ?

- Pff, non ! Il m'adore !

Puis nous éclatâmes de rire.

- Ah, au fait, si tu veux je suis de perm' ce matin, viens me voir si tu as des soucis.

- D'accord, merci Lilith.

Nous nous séparâmes ensuite. Je remontai ranger un peu mon bureau qui était encore devenu un vrai bazar puis j'étudai les livres que j'avais sur la magie noire mais rien de probant en sortit. Je m'arrachai littéralement les cheveux et j'espérais sincèrement une réponse positive de Brocéliande.

Je descendis vers dix heures, saluant pour de faux Severus qui me donna quelques copies à corriger. Slughorn, qui passait par là, me donna carrément le soin de préparer les futurs cours pour le deuxième trimestre des premières années. Le tout en souriant.

Je vis Severus faire un rictus-sourire en coin, content de mon malheur.

- Vous êtes un sadique monsieur. Commentai-je

- Seulement avec ceux que j'apprécie. Répondit-il narquoisement en s'installant à la table des professeurs.

Je fus parcourue de frissons.

Oh quel vilain coquin !

Je me mis au travail une partie de la perm'. Les élèves allaient et venaient, plus ou moins en silence. Severus déambulait lentement entre les tables, telle une immense chauve-souris, s'amusant à terroriser les plus jeunes moufettes mais parfois indiquant la bonne réponse à ceux qui le méritaient.

Je me repris, je l'avais bien trop longuement observé et cela pouvait se remarquer. Lorsqu'il revint à la table et reprit son propre travail, il me fit signe de surveiller les cornichons. Médusa était là et me fit un petit signe de main. Un groupe mixte de quatrièmes années chuchotait et semblait en difficulté.

- Salut, je peux vous aider ? Proposai-je

Il me regardèrent comme si j'étais leur sauveur. Je m'assis entre deux élèves et les aidèrent du mieux que je pouvais. Je sentis un regard peser sur ma nuque et me retournai pour voir que Severus me dévorait des yeux, un rictus à peine dissimulé derrière sa main.

Depuis quand, mon cher professeur avait-il un panel de plus de deux ou trois expressions ? A force, on va le prendre pour un fou !

Une jeune serdaigle dut suivre mon regard et me demanda, pas rassurée :

- Pourquoi le professeur Rogue nous regarde comme ça ?

- Il me surveille, voir si je fais bien mon travail. Ne t'inquiète pas.

- Comment tu fais pour travailler avec lui ? fis un garçon de pouffsouffle. J'ai les jetons dès qu'il s'approche de moi !

- C'est un très bon maître des potions, je passe outre.

- J'y arriverai pas ! Tu es bien courageuse !

- J'ai connu pire comme prof'... Ca ne m'atteint plus. Bon, si on revenait à votre problème ?

La fin de la permanence sonna un peu plus tard, signalant que le déjeuner serait bientôt servi. Je rendis mes copies corrigées à Severus. Nos mains se touchèrent, bien plus longtemps que nécesaire.

Qu'est-il arrivé à mon professeur ?!

Slughorn passa juste à côté et me demanda si j'avais fini ma tâche.

- Pas encore monsieur. Lundi, si ça vous convient.

- Oui, oui, très bien !

- Ah, au fait monsieur, puis-je ajouter Miss Wright Médusa à la liste ?

- Bien sûr !

- Merci.

Il continua son chemin vers la grande salle.

Le déjeuner était déja bien avancé, je finissais une assiette de ragoût de boeuf quand plusieurs lettres firent leur apparition. Le courrier était déjà passé, je compris que c'était interne. Une des fameuses lettres dont l'enveloppe était violette se posa devant moi. Je sus immédiatement que c'était l'invitation de Slughorn pour son dîner.

En plus de moi, il y avait Médusa, Harry, Hermione, Ginny, Neville et un certain Cormac Mclaggen, pour le côté gryffondor. Blaise Zabini et les jumelles Carrow de ma maison, ainsi que Marcus Belby et Mélinda Bobbin. En tout cas, le vieux morse avait le sens du spectacle. Maintenant tout le monde savait qui était invité et bien sûr qui ne l'était pas...

J'ouvris l'enveloppe :

Ma chère Miss Bran,

J'ai l'honneur de vous inviter à dîner en charmante compagnie de certains de vos camades, le XX à partir de dix-huit heures trente dans mes appartements privés.

Amicalement votre.

Horace Slughorn

Ah ! Donc dans une semaine !

J'entendis vaguement un brouhaha de tous les côtés, certains manifestant leur joie, d'autres leur jalousie. Certains de ma maison me lancèrent des regards haineux dont Drago bien sûr.

Qu'ils aillent se faire foutre !

Je leur fis un doigt d'honneur en leur tirant la langue.

J'avais envie de faire la sieste donc je suis partie vers le stade de Quidditch après déjeuner. Visiblement, je n'étais pas la seule à vouloir profiter des derniers rayons de soleil avant que la grisaille du plein hiver batte son plein. Mes amis gryffondors me rejoignirent.

- Bravo, vous avez été invités !

- Ouais, eux mais pas moi ! Ronchonna Ron, en me poussant pour avancer

- Ronald ! S'écria Hermione

- Quoi ? C'est vrai ! Enfin pourquoi m'aurait-il invité ? Je ne suis que le gardien de l'équipe Gryffondor ! C'est sûr je ne suis pas un gémie ou l'élu !

- Ron... Je suis désolée pour toi, je t'avais mis sur la liste pourtant, lui expliquai-je

- Parce que tu es responsable de ça ?!

- En partie, disons... Slughorn m'a demandé de lui sélectionner des élèves prometteurs parmi les sixièmes et septièmes années, après il a dû faire un choix... Mais tu y étais !

Ron donna un coup de pied rageux dans une motte de terre.

- Il a bouffé un snargalouf ou quoi ? Demandai-je

- Ronald et moi, on s'est un peu disputé... Avoua Hermione

- Ah OK. Tu veux que j'essaye d'en parler à Slughorn ?

- Non, je ne veux pas de ta pitié ! Me cria Ron au loin

Ils me quittèrent pour aller chez Hagrid tandis que j'allais au niveau des gradins vides du stade.

Observer le ciel, les oiseaux et autres créatures, ressentir toute la nature autour de moi me rappela ô combien il est important d'honorer la vie elle-même. Je me dirigeai donc vers la forêt et enlevai mes chaussures et chaussettes pour y marcher pieds nus, au contact de l'herbe et de la mousse humide.

Une fois bien enfoncée et sûre de n'y voir plus personne, je cherchais une clairière et j'y entrepris de commencer un rituel vieux comme le monde, que ma grand-mère parternelle m'a appris. Je le faisais normalement à chaque équinoxe. Ma grand-mère était une sorcière très douce et très près de la nature, presque une shaman. Je trouvai un bâton et traçais un pentacle en chantonnant un très vieil air. Je sentis l'ambiance se charger en magie. Puis je trouvais quelques offrandes, principalement des baies tardives et des plantes comestibles et les mirent au centre du tracé. Ensuite à l'aide de ma baguette, je me coupais le bout du doigt, ajoutant mon sang aux offrandes. M'assurant encore une fois que j'étais seule, je me mis nue comme le voulait le rituel. Je frissonnai de froid mais aussi parce que la magie se concentrait autour de moi. A genoux au bord du pentacle, je récitais ma prière aux divinités.

Comme d'habitude, je ressentis cette douce présence invisible et cette impression de béatitude. J'avais parfois des visions, et cette fois-ci ne manqua pas. Elles me traversèrent tel un raz de marée si bien que je n'en compris pas le sens. Je vis une succession d'objets, le visage d'un homme sans nez et aux yeux rouges. Un éclair vert et quelqu'un qui tombait...